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Rapport d’observations définitives – SEM des remontées mécaniques de Megève
SYNTHESE
La chambre régionale des comptes d’Auvergne, Rhône-Alpes a procédé au contrôle de la
société d’économie mixte (SEM) des remontées mécaniques de Megève pour les exercices
2008-2009 à 2014-2015 en lien avec le contrôle de la commune de Megève pour avoir une
vision globale de la gestion du domaine skiable.
Cette société, maîtrisée à 63 % par la commune de Megève et à 24 % par la Société Française
des Hôtels de Montagne (SFHM – groupe Rothschild), exploite les remontées mécaniques et
le domaine skiable de Megève. Les parts communales ont été rachetées le 1er décembre 2015
par la société Mont Blanc et Compagnie, filiale de la Compagnie du Mont Blanc. La société a
dans cette perspective été restructurée, la commune de Megève ayant repris les actifs les
moins rentables, via sa SEM Megève Développement, créée pour l’occasion. La société des
remontées mécaniques bénéficie désormais d’un bilan apuré et d’un fort potentiel de
croissance.
La société a accumulé des performances financières médiocres au point de rencontrer des
difficultés de trésorerie durant les étés 2011 et 2012. Elle avait cependant redressé son chiffre
d’affaires à compter de la saison 2012/2013, grâce à une refonte de la grille tarifaire, et allégé
ses charges d’exploitation en transférant à la commune de Megève la gestion des parkings de
Rochebrune (2012) et du Mont d’Arbois (2015). Elle portait tout de même une masse salariale
supérieure de quatre points à la moyenne du secteur qu’elle aurait pu davantage maîtriser en
contenant la rémunération de ses directeurs, généreuse au regard des performances
économiques de l’entreprise, et en adoptant une politique d’augmentation et de promotion de
ses employés plus mesurée.
La société présentait un potentiel de chiffre d’affaires fort mais inexploité. Sa direction avait en
effet pris, avec le consentement des élus de Megève et de certains actionnaires privés, des
décisions de gestion hasardeuses, pesant sur ses résultats, voire contraires à l’intérêt de la
société, comme :
- la distribution massive de forfaits gratuits ou remisés à des fins autres que commerciales ;
- l’indemnisation des propriétaires fonciers peu transparente et parfois hors du cadre légal ;
- la gestion peu efficiente du patrimoine loué ;
- la construction et l’exploitation des parkings de Rochebrune et du Mont d’Arbois et du chalet
de la garderie du Mont d’Arbois, équipements déficitaires et accessoires à l’objet de la société,
finalement cédés à prix réduit aux deux principaux actionnaires que sont la commune et la
SFHM.
Ces décisions de gestion ont fortement limité la capacité d’investissement de la société et ont
augmenté le coût de son financement, au point que la commune de Megève et la SFHM ont
été contraintes de la recapitaliser et de lui accorder des facilités de trésorerie. La SEM a dû,
dans ce contexte, se limiter de maintenir en état le domaine skiable qu’elle exploitait en qualité
de concessionnaire (renouvellement des dameuses, neige de culture, etc.) mais n’a jamais
été en mesure, pendant la période sous revue, de moderniser ses équipements pourtant
vieillissants pour en accroître l’attractivité et la productivité. L’absence de plan
d’investissement contractuel la liant notamment à la commune de Megève ne l’incitait au
demeurant pas à investir, aucune remontée mécanique n’ayant été construite voire rénovée
depuis 2005.