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1.1 L'Ancien Régime et le premier Empire3
A la manière des nobles ou des représentants du clergé de cette époque, les
militaires entrent en loges à titre individuel. Je tiens à vous rassurer : rien
n’a changé depuis ! Les premières loges françaises sont militaires et
écossaises, dès 16494 à Saint-Germain en Laye; elles sont à la fois opératives
(transmission du savoir en génie et en artillerie) et spéculatives. Les
premiers militaires français arrivent en loge vers 16885.
L’émergence de la Franc-maçonnerie militaire est liée au phénomène
associatif au sein des unités et la mobilité des régiments pendant les guerres.
Il faut se souvenir aussi que depuis ses origines, la Franc-Maçonnerie - au
même titre que les associations à caractère secret - était étroitement
surveillée, à toutes les périodes de son histoire: Ancien Régime, Révolution,
Empire ou République et dans tous les pays.
Dans les formations militaires, la Franc-Maçonnerie, phénomène associatif
idéal, devra obéir à certaines conditions. Le colonel, « chef de corps »
responsable, protège les Francs-Maçons, surtout s'ils appartiennent à la
Haute Noblesse. Au XVIlle siècle, les militaires maçons fréquentent les loges
de leur garnison. Cependant, les régiments se déplacent sans cesse : il est
donc très difficile au militaire, officier, sous-officier, soldat, de s'agréger à
une loge civile à domicile fixe, à cause de ces mouvements continuels. Il
devient inévitable de constituer des ateliers ambulants. Au début, on compte
une loge pour trois régiments puis rapidement chaque régiment crée sa loge;
chacune de ces loges aura sa personnalité propre et subira l'influence des
officiers qui l'encadrent, mais aussi du régiment lui-même, plus ou moins
fortuné, ce qui provoqua l'apparition de loges composées uniquement
d'officiers, d'autres moins nombreuses de bas officiers ou de grades
mélangés. A la veille de la Révolution de 1789, on dénombre 69 loges
militaires parmi les 629 loges identifiées.
Après la désagrégation du GODF sous la Révolution, les loges militaires
trouveront un nouvel élan sous le Consulat et surtout sous l'Empire: elles
seront un instrument important entre les mains de Napoléon, en particulier
pour entretenir l’état d’esprit républicain et napoléonien dans son armée et
dans les conquêtes européennes. En 1805, Joseph Bonaparte est Grand
Maître et une grande partie de la famille et des proches de l'Empereur
reçoivent la lumière. En 1805, on compte: 3032 Officiers Maçons, 1458
3 Pierre CHEVALLIER Histoire de la franc-maçonnerie. Tome 1 : la maçonnerie école de l’égalité (1725-1799) Ed Fayard 2000
4 vérifier la date et la source
5 A. Bauer, « GRAND O », p95