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13/01/2016
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les leçons de 2008 ont été tirées selon vous, mais la planète avec une croissance d’à peine 2,5 %
flirterait avec une récession qui nous pend au nez. C’est ce qu’on lit, qu’on entend. Est-ce que
c’est vrai ?
FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
Les chiffres de croissance pour 2016 sont plutôt supérieurs dans l’ensemble à ce 2,5 que vous
avez cité. Quand on regarde la zone euro et la France, qui nous intéresse le plus directement, nous
aurons plus de croissance en 2016 qu’en 2015.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui reste faible.
FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
En zone euro, nous devrions être autour de 1,7 % après 1,5 % en 2015. C’est un progrès mais cela
n’est pas encore assez. En France, nous devrions avoir 1,4 %. Et au milieu de cela, la Chine se
transforme, c’est vrai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et en 2017, la Banque de France avait prévu 1,6. Vous confirmez ces chiffres ? On verra si cela
permet de lutter ou pas contre le chômage.
FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
Sur 2017, nous aurons le temps d’actualiser la prévision mais nous sommes en Europe et en
France dans un mouvement de reprise qui est incontestable, qui tient bon malgré les attentats de
novembre dernier mais qui n’est pas suffisant. Il faut amplifier cette reprise pour pouvoir gagner
contre le chômage.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez parlé des attentats, monsieur le gouverneur de la Banque de France. Est-ce qu’il y a un
effet du terrorisme sur l’activité économique française ?
FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
Notre analyse -nous avons publié hier une note sur la situation en décembre- est qu’il y a eu un
effet temporaire de ralentissement. Mais cet effet est en train de s’effacer et cela ne devrait pas
modifier notre prévision à 1,4 % en 2016.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En Chine, les principales bourses dégringolent, en particulier celle de Shanghaï. On dit que les
capitaux fuient ; la croissance annuelle, qui était de 9 %, descend à 7 et ça c’est officiel, mais elle
serait plutôt tombée à 3-4. Est-ce que la peur, c’est que la Chine exporte sa crise vers nous ?
FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
Qu’est-ce qui se passe en Chine ? Il y a une transformation complète du modèle chinois, d’un
modèle avant tout tourné vers les exportations -vous vous souvenez qu’on se plaignait d’ailleurs
que la Chine inondait le monde- vers un modèle plus tourné vers la consommation intérieure, vers
la demande des ménages chinois. Un modèle qui soit aussi moins polluant. C’est plutôt une
bonne chose et cela devrait se traduire par une croissance en 2016 qui restera élevée, probable-
ment entre 6 et 7 %. À l’intérieur de cette transformation, la Bourse de Shanghaï par exemple a
été très mal gérée. Il y a eu sur-spéculation jusqu’à l’été dernier ; elle avait beaucoup trop monté.