
santé (Afssaps) a proposé en 2002 une réactualisation
des recommandations concernant l’antibiothérapie des
infections respiratoires basses de l’adulte [4], en accord
avec les consensus émis par la Société de pathologie
infectieuse de langue française (SPILF) [5] et la Société de
pneumologie de langue française (SPLF) [6].
Par ailleurs, l’Agence nationale d’accréditation et d’éva-
luation de la santé (Anaes) s’attache à veiller au bon
usage des antibiotiques et encourage les établissements
de santé à évaluer la prise en charge anti-infectieuse à
l’hôpital [7, 8]. Dans cette optique, nous avons réalisé une
enquête de pratiques de l’antibiothérapie dans un service
de pneumologie du centre hospitalier universitaire de
Strasbourg. Le premier objectif était de confronter l’utilisa-
tion des antibiotiques dans cette unité de soins aux recom-
mandations émises par les référentiels français. Le second
était d’évaluer l’adaptation des antibiothérapies docu-
mentées et probabilistes mises en place au vu, respective-
ment, des résultats microbiologiques et de l’évolution
clinique.
Méthode
Déroulement de l'étude
Une étude prospective a été menée au mois de mars 2004
dans le service de pneumologie des Hôpitaux Universitai-
res de Strasbourg (Hôpital Lyautey) pour laquelle les
prescripteurs ont été informés. Tous les patients admis et
traités par antibiothérapie au cours d’une infection bron-
chopulmonaire ou de la plèvre ont été inclus dans l’étude.
Chaque diagnostic posé et chaque antibiothérapie pres-
crite ont été validés par un médecin senior (chef de
clinique ou professeur d’université – praticien hospitalier)
lors des visites quotidiennes dans le service. Les analyses
microbiologiques et les antibiogrammes ont été réalisés
par le laboratoire de bactériologie de l’établissement à
partir de divers prélèvements biologiques (crachats, sang,
liquide pleural, liquide broncho-alvéolaire). Les antibio-
thérapies documentées étaient jugées adaptées si la poso-
logie était correcte et si le ou les micro-organismes étaient
sensibles à au moins une des molécules employées. Les
traitements probabilistes étaient jugés adaptés si l’évolu-
tion était favorable sans modification d’antibiothérapie
et/ou si la documentation ultérieure confirmait le choix
thérapeutique.
Patients
Pour chaque patient ont été recueillies les données suivan-
tes : les renseignements administratifs du patient, la durée
du séjour, les motifs d’hospitalisation, l’indication de
l’antibiothérapie, les comorbidités, les signes de gravité,
les critères prédictifs d’un risque élevé de PSDP dans un
contexte de pneumonie, l’origine du patient (entrée di-
recte, transfert d’un autre service ou d’un autre établisse-
ment), l’antibiothérapie prescrite (un relais per os n’étant
pas considéré comme un changement de traitement), le
suivi thérapeutique (documentation microbiologique, mo-
tif d’une éventuelle modification de traitement) et l’évolu-
tion du traitement.
Recommandations des sociétés savantes
Le traitement antibiotique était déclaré conforme s’il cor-
respondait aux recommandations des référentiels à la fois
pour la molécule prescrite et pour la dose. Pour les
pneumopathies communautaires de l’adulte requérant une
hospitalisation et les exacerbations aiguës de bronchite
chronique, l’Afssaps [4], la SPILF [5], et la SPLF [6] ont
émis des recommandations qui sont résumées dans le
tableau 1. Pour les autres infections bronchopulmonaires,
il n’existe pas de recommandations particulières au re-
gard de l’antibiothérapie. Le choix thérapeutique doit être
discuté individuellement en tenant compte de la nature des
facteurs de risque, de l’état clinique et des germes poten-
tiellement responsables [4].
Résultats
Durant le mois de mars 2004, 96 patients ont été admis,
dont 24 patients (5 femmes et 19 hommes) ont été traités
par une antibiothérapie à visée pulmonaire. La moyenne
d’âge des patients traités était de 71 ans (extrêmes : 46 –
90 ans) dont 18 patients âgés de plus de 65 ans. La
durée moyenne de séjour atteignait 16 jours (extrêmes : 4
– 47 jours), mais en occultant les 4 séjours de plus d’un
mois (prolongation de séjour indépendante de l’antibio-
thérapie), elle se réduisait à 11 jours (4 – 22 jours), durée
inférieure à celles précédemment rapportées [9, 10].
Deux patients sur 24 présentaient une allergie aux antibio-
tiques, l’un à la pénicilline, et l’autre à la pristinamycine et
à la cloxacilline.
Différents diagnostics justifiaient la mise en place de
l’antibiothérapie : 10 cas de pneumopathie, 9 cas d’exa-
cerbation aiguë de bronchite chronique (EABC), 3 cas de
surinfection bronchique, 1 cas de pleurésie et 1 cas
d’opacité pulmonaire. Dix-neuf patients (79 %) présen-
taient au moins 1 signe de gravité, le plus fréquent étant
une hypoxémie (12 patients) (figure 1). Tous les 24
patients présentaient un ou plusieurs facteurs de comorbi-
dité (figure 2), notamment des antécédents pulmonaires
(dont 12 patients avec une insuffisance respiratoire chro-
nique) et un âge supérieur à 65 ans. Toutes les antibiothé-
rapies ont été réévaluées en moins de 24 heures au vu des
résultats des cultures ou au bout de 48 heures au vu de
l’évolution clinique en cas de traitement non documenté.
De plus, le relais injectable/per os a été réalisé dans les
24 heures lorsque la forme orale était disponible. La
posologie et le rythme d’administration des antibiotiques
étaient toujours conformes aux Autorisations de mise sur le
marché. L’évolution sous antibiothérapie a été favorable
pour l’ensemble des patients.
Pour les 10 cas de pneumopathies, 20 traitements au total
ont été mis en place ou poursuivis au service de pneumo-
logie (tableau 2), dont 18 probabilistes et 2 documentés.
Parmi ces patients, on dénombrait :
– 3 admissions directes du domicile, dont 2 avec antibio-
thérapie instaurée en ville et modifiée à l’admission ;
– 6 admissions après séjour aux urgences inférieur à
24 heures dont : 4 avec antibiothérapie instaurée aux
urgences et modifiée à l’admission ; 2 avec antibiothéra-
pie instaurée en ville dont l’une modifiée à l’admission et
l’autre poursuivie au service de pneumologie ;
– un transfert d’un service de réanimation avec antibiothé-
rapie instaurée en réanimation et poursuivie au service de
pneumologie.
La durée moyenne de séjour pour les pneumopathies était
de 10,8 jours. Chaque patient présentait au moins un
facteur de prédiction de PSDP (figure 3). La documenta-
tion microbiologique a été recherchée dans 9 cas sur 10,
C. Schaller, et al.
J Pharm Clin, vol. 24, n° 4, décembre 2005
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