QUAND NE PAS PRESCRIRE D`ANTIBIOTIQUES?

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ANTIBIOTHÉRAPIE PROBABILISTE AUX URGENCES
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QUAND NE PAS PRESCRIRE D’ANTIBIOTIQUES?
Karine Faure
Unité des Maladies Infectieuses
Service de Gestion du Risque Infectieux Vigilances et Infectiologie
INSERM U 1019 - CNRS UMR 8204
Politique pour le bon usage des antibiotique:
De quoi parle-t-on ?
 
L’ objectif principal
  Pour
l'administration, la tutelle (et la pharmacie)
  Diminution
  Pour
l'hygiéniste, le microbiologiste et l'épidémiologiste
  Diminution
  Pour
des coûts
des Bactéries Multi-Résistantes
le clinicien
  Amélioration
  Pour
le patient
  Guérir
 
de la prise en charge du patient
(et sortir) plus vite
Tous ces objectifs sont compatibles!
Ecosystème des antibiotiques
Médecine humaine
Communauté
Médecine
vétérinaire
Hôpital
Agriculture
Antibactériens en 2006: 1 milliard d’€
Ville
8ème en coût
3ème en quantité
763 M€
Hôpital
207 M€
 
Antiviraux:  
 
6,7 vs 7,6% (hôpital: N°3)
3% vs 0,5% (ville: N°11)
Source: AFSSAPS
 
Antifongiques
 
2,8 vs 1,2% (hôpital: N°11)
Bon usage des antibiotiques
 
Mieux utiliser = moins utiliser?
Réduire les doses?
  Réduire la durée?
  Réduire les indications?
 
NON!
Possible
Ah c’est là la solution!
Antibiotiques
 
Classe thérapeutique qui à:
 
 
 
 
 
Particularité: les résistances bactériennes
  Pour une même cible (la bactérie), l’efficacité sera variable selon:  
 
 
 
Le plus de prescripteurs
Le plus grand nombre de prescriptions
Le plus grand nombre de patients traités
Le plus grand nombre de molécules ou de combinaisons
l'époque
le site infecté la localisation géographique
Choix et conséquences complexes
  Multiplicité des situations cliniques/micro-organismes /molécules   Attentes de qualité des soins des patients
  Évolution rapide connaissances: impose mise à jour permanente
Facteurs intervenants dans la prescription ATB
  Mauvais diagnostic
  Méconnaissance des
recommandations
  Méconnaissance des pathologies
et des conséquences écologiques
lors de l’utilisation des antibiotiques
  Promotion et éducation par
l’industrie pharmaceutique
  Sévérité perçue de la maladie
+
Prescription
+
Demande du patient
-
-
  Éducation médicale
  Éducation de la population
  Tests de diagnostic rapide
  Régulation des remboursements
  Facilitation à l’accès des
recommandations
  Régulation de la promotion à la
population
  Régulation de la promotion
par l’industrie pharmaceutique
Monnet D CMI 2001
Paradoxe:
Peu d’échecs apparents de l’antibiothérapie
Taux d’échec = Nb tt donnés/nb d’échecs
  Plus on traite:
 
  D’infections
virales
  D’infections bactériennes bénignes évoluant
fréquemment spontanément vers la guérison
 
Moins on a de taux d’échec
  Mais
on a le même nombre absolu
  Pas vrai pour les infections sévères
Conséquences du mésusage
 
Echec du traitement
  Morbidité/mortalité
Toxicité
  Sélection de résistances
  Coût
 
Principaux effets secondaires des antibiotiques
 
Beta-lactamines
 
 
Aminoglycosides
 
 
Nephrotoxicité
Cyclines
 
 
Cartilage/tendinites/SNC (épilepsie)/photosensibilisation
Glycopeptides
 
 
Troubles gastrointestinaux/cholestase/Interaction med
Quinolones
 
 
Hypersensibilité/myelosuppression
Macrolides
 
 
Néphrotoxicité /ototoxicité/blocage neuromusculaire
Sulfamides
 
 
Allergie/Tb dig/convulsions (certaines)/clostridium (CS)
Phosensibilité/atteinte os-dents (enfants)
Linezolide
 
Thrombopénie/hépatotoxicité/neuropathies
Interactions médicamenteuses et antibiotiques
 
Induction enzymatique
  Rifampicine
 
et eostro-progestatifs
Inhibition enzymatique
  Antifongiques
azolés et cyclosporine
  Macrolides et nombreuses molécules
 
Analogies structurelles
  Linezolide
et antidépresseurs
Histoire de la résistance
 
Les débuts de l’antibiothérapie
  1928:
Découverte de la pénicilline
  1940-45: Utilisation importante de la pénicilline chez
les blessés du front
  1944: Découverte de la streptomycine
 
Les début de la résistance
  1944:
Résistance de S. aureus à la pénicilline
  1947: Résistance de M. tuberculosis à la streptomycine
  1986: PSDP
  1980-90: P. aeruginosa multirésistant
Escherichia coli
 
Présence ou non d’une antibiothérapie dans les 6 mois
Amoxicilline
Co-Amoxiclav
Ac nalidixique
Ciprofloxacine
β-lactamine
oui
non
41
64
41
67
84
87
94
94
Quinolone
oui
non
54
60
59
62
63
91
78
97 ONERBA - JNI - Nice juin 2005
Pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline
(Tous types de prélèvements, tous âges confondus, 48 920 souches étudiées)
1984-1997, P. Geslin ; 2001-2004, ORP-CNRP : E. Varon, L. Gutmann
Diapositive P. Choutet
L’histoire est-elle tracée ?
SASM – SARM – GISA/VISA
  Pneumocoque – PSDP – PRP – FQ
  M. tuberculosis – MDR – XDR
  Entérobactéries – céphalosporinases – BLSE –
carbapénémases
  Méningocoque, gonocoque, salmonelle, E. coli, P.
aeruginosa …
 
De quoi a-t-on peur? Conséquences de l’inadéquation de l’antibiothérapie
Quel est le risque … de ne pas en prescrire?
Définition du risque
 
Le patient à « risque infectieux »
  L’immunodéprimé,
le patient en choc septique, le patient
porteur de BMR, …
 
Définir le type de risque
  Infections
plus fréquentes
  Infections plus graves
  Infections à des pathogènes particuliers
  Pas d’infection mais risque « épidémiologique »
 
Définir les situations à risque
  Liées
au patient (susceptibilité individuelle)
  Liées à l’environnement
  Liées à la situation
Bactériémie: Mortalité et ATB inadéquate
 
843 bactériémies/fongémies /12 mois (02/92 - 01/93)
 
Analyse multivariée du pronostic
ATB adéquat (A) ou inadéquat (I)
% DC
RR DC
Initiale
empirique
Après connaissance
HC +
Après résultats
ATBgramme
A
A
A
10,5 %
(65/620)
1,0
I
A
A
13,3 %
(6/45)
1,27
I
I
A
25,8 %
(8/31)
2,46
I
I
I
33,3 %
(3/9)
3,18
Weinstein et al. CID 1997;24:584-602
Infections sévères en réanimation
Etude prospective: 2000 patients dont 655 avec une ATB
 
Mortalité liée à l’infection
 
 
 
Défaillances viscérales plus nombreuses
 
 
2.5+/-1.5 vs 0.9+/-1.4 (p<0.0001)
Durée de séjour en réanimation accrue
 
 
patients avec ATB adéquate = 17.7%
patients avec ATB inadéquate = 42.0% (RR = 2.37 ; p<0.001)
10.2+/-10.2 vs 7.1+/-8.2 j (p<0.0001)
Durée de ventilation accrue
 
11.1+/-10.6 vs 7.6 +/- 9.2 j (p<0.0001)
Kollef, Chest 1999;115:462-74
Péritonites post-opératoires
 
100 patients  
26 HC+
 
Documentation bactériologique: 250 espèces bactériennes  
 
 
BGN = 53% - Cocci Gram + = 32%
100/250 bactéries = résistances non naturelles
ATB probabiliste
 
adéquate n = 46
12 DC (26%)  
inadéquate n = 54 27 DC (50%) Montravers, Clin Infect Dis 1996;23:486-94
Que peut-on faire ?
 
 
 
Définir les situations d’urgence absolue
Définir les situations d’urgence relative
Etablir des arbres décisionnels
 
Définir la place de nouveaux outils d’aide au diagnostic
Avoir recours à un référent en antibiothérapie
 
Evaluer les pratiques
 
HAS
En pratique
Prise en charge d’une fièvre en urgence
 
Urgence au traitement anti-infectieux? … pas si
fréquent
  Méningite
– Purpura fulminans
  DermoHypodermite Bactérienne Nécrosante
  Choc septique
  Paludisme
  Encéphalite herpétique
 
Prélèvements +++
Faut - il prescrire une antibiothérapie ?
  Y-a-t’il
  La
une infection ?
fièvre ne signe pas l’infection
  L’infection
 
est-elle bactérienne ?
Savoir ne pas prescrire d’antibiotique
  Infection
des VR
  rhinopharyngites
  angine
: intérêt des tests diagnostics rapides
  bronchite
  Escarres,
ulcères chroniques
  IU sur SAD
  Syndrome viral
Eliminer les diagnostics différentiels non infectieux
Groupe Transversal Sepsis ADARPEF,GFRUP,SAMU,SFAR,SFMU,SPILF,SRLF
Chez l’enfant
2005
2005
Hors morsures
Impact des formations ciblées: pré thérapeutique
 
Antibiothérapie des bactériuries et IU
 
Etude avant-après controllée
 
Contrôle: envoi du guide de prescription
 
Intervention: 1h de cours/discussion par infectiologue (78% présence)
Pavese et al. ICHE 2009;30:596-9.
Conclusion: mésusage des antibiotiques
 
Risque individuel
Perte de chance si traitement efficace retardé
  Risque de sélection de résistances
  Risque toxique
 
 
Risque collectif
Sélection et diffusion de résistances
  Coût pour le système de santé
 
 
Equilibre: attention aux interprétations simplistes
Ce n'est pas "MAL" de prescrire beaucoup d'ATB si on a
beaucoup de patients ayant une infection bactérienne
  Ce n'est pas "BIEN" de ne pas prescrire d'antibiotiques si on a
beaucoup d'infections bactériennes
 
Conclusion: mise en place d’une politique 1. 
2. 
Bien connaître les situations d’urgence à l’antibiothérapie
Bien poser les diagnostics
• 
• 
3. 
4. 
Arbres décisionnels
Nouveautés dans les examens complémentaires?
Protocoles de traitement
Abstention si infection incertaine et/ou foyer inconnu
MERCI !
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