Bulletin de l`observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise

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Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise / Institut de Physique du Globe de Paris
14 route nationale 3 - 27ème km - 97418 La Plaine des Cafres, La Réunion – FRANCE,
téléphone 02 62 27 52 92; répondeur téléphonique : 0262 27 54 61
http://ipgp.jussieu.fr, http://ovpf.univ-reunion.fr/
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Bulletin de l’observatoire
volcanologique du Piton de la Fournaise
mars-août 2007
suite
Activité volcanique du Piton de la Fournaise
Le Piton de la Fournaise est un volcan bouclier basaltique. Il est l’actuel centre actif du point
chaud qui a créé les Trapps du Deccan en Inde il y a 65 Ma, ainsi que le tracé volcanique des
Laquedives (Laccadives), Maldives, Chagos et Mascareignes. Le Piton de la Fournaise est
probablement le volcan avec le plus grand nombre d’éruptions par an dans le monde, avec
22 éruptions entre 1998 et 2005 et une moyenne d’une phase éruptive tous les 9 mois.
L’activité du Piton de la Fournaise est surveillée 24h/24 par l’observatoire volcanologique par
plusieurs réseaux de surveillance et de recherche. Si nous savons aujourd’hui prévoir les
éruptions à long terme (plusieurs semaines), il est encore impossible de prédire le moment
précis.
Il est néanmoins indispensable de se renseigner via la presse de l’état de l’activité du volcan
avant les randonnées et de suivre les indications de l’ONF sur le terrain, en particulier
l’interdiction d’accès au cratère Dolomieu par arrêté préfectoral en raison de risques
d'effondrement à tout moment des parois et des cavités sous le cratère. Ce risque est d'autant
plus important depuis la dernière éruption du 2 avril 2007 et l'effondrement du Dolomieu, qui
ont profondément changé la stabilité du massif. Le bord du Dolomieu est devenu encore plus
instable et certaines parties risquent de s'effondrer à tout moment.
Des informations complémentaires existent sur :
http://ovpf.univ-reunion.fr
http://www.ipgp.jussieu.fr/pages/03.php
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Eruption du 30 mars 2007
Le 30 mars à 22h50, après une crise sismique de 145 minutes, une intrusion se dirige
d’abord vers le NE, ensuite vers le SE. Finalement une fissure éruptive s’ouvre à 1900 m
d’altitude sur le flanc est-sud-est du volcan, à proximité du deuxième « Formica Léo ». Elle
forme une petite coulée d’environ 1 km et s’arrête le
lendemain matin à 9h15.
La sismicité sous le Dolomieu continue
inlassablement avec des dizaines de séismes par jour.
C’est un signe fort d’une activité souterraine à venir.
L’observatoire volcanologique reste sur ses gardes et
annonce d’autres
événements éruptifs
et même un possible
effondrement au
sommet.
Le volume de la coulée est inférieur à 1x10
6
m
3
.
Carte de la coulée du 30 mars 2007
Eruption du 2 avril 2007 et effondrement du Dolomieu
Depuis l’éruption du 2 août 2006 au 1
er
janvier 2007, le volcan était en inflation
continue, malgré les deux éruptions du 18
février et 30 mars, qui n’ont que peu influencé
cette mise sous pression du volcan. La sismicité
avant et après l’éruption du 30 mars s’élevait
entre 100 et 200 séismes par jour.
Le 2 avril au matin, après une « crise
sismicité sommitale le 2 avril 2007
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sismique » de 46 heures, une intrusion sous le Dolomieu est enregistrée, elle se dirige d’abord
vers le NE, ensuite vers le SE. A 10h le trémor apparaît, situé sur les cartes de trémor loin au
sud dans le Grand Brûlé. Le point actif est localisé à 590 m d’altitude et à 300 m seulement du
rempart de l’enclos. Le danger d’une éruption hors enclos est présent. A 15h15 et 17h15 deux
coulées traversent la route nationale. A 21h25 la première atteint la mer. Les coulées sont très
massives et la situation pour les habitants au village du Tremblet devient insupportable. La
chaleur d’une coulée large de plusieurs centaines de mètres, fait enflammer les arbres du
rempart ; la pluie acide provoquée par un gazage de SO
2
venant du cône éruptif et de HCl
formé par la réaction « explosive » de la lave et l’eau de mer et transporté par le panache irrite
les voies respiratoires et la peau et toute la faune autour.
Malgré un débit de lave très important, donc une sortie de magma facile, l’observatoire
volcanologique enregistre toujours des centaines de séismes de forte magnitude sous le
Dolomieu et évoque la possibilité de la formation d’un « pit crater* » dans le Dolomieu.
Dans la journée du 5 avril, le trémor augmente fortement et le lendemain des
intensifications cycliques des signaux sismiques sous le sommet apparaissent.
Malheureusement les conditions météorologiques sont très mauvaises et le Piton de la
Fournaise se cache dans un brouillard épais. Les premières images de la caméra de l’OVPF au
sommet montrent vers 15h dans l’après-midi que les prévisions étaient justes. La plus grande
partie nord-ouest du Dolomieu est effondrée profondément. De denses panaches de cendres
sont expulsés à chaque cycle d’effondrement et
obturent la vision de la caméra. Le 10 avril une
équipe de l’OVPF se dirige au sommet pour
nettoyer les panneaux solaires des stations de
surveillance, couverts d’une couche
centimétrique de poussière afin d’assurer le
fonctionnement des stations au sommet et une
surveillance de l’activité du volcan. Elle
constate que la totalité du fond du Dolomieu
s’est affaissée de 330 m.
Entre temps l’éruption dans le Grand Brûlé
atteint un rythme impressionnant. A certains
moments il y a eu plusieurs dizaines de coulées
d’une intensité et d’une fluidité exceptionnelles
sur une largeur de plusieurs centaines de mètres. Les fontaines de laves atteignent jusqu’à 200
m de hauteur et des cheveux de Pelé en grande quantité sont formés. On les retrouve sur toute
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l’île. Les laves échantillonnées par les membres
de l’OVPF sont de plus en plus riches en
olivine, à la fin elle représente des olivines
nappées de lave. Le panache de SO
2
est
tellement dense et important qu’il est même
observé de l’espace et s’étire sur toute la partie
ouest de l’Océan Indien.
Le 10 avril l’éruption s’arrête pour
quelques heures, mais reprend dans la soirée.
Au front de la coulée au contact avec l’eau de
mer, des explosions formidables ont lieu. La
lave est fragmentée et des particules millimétriques sont transportées par le panache dans un
rayon de 1 à 2 km et, avec la pluie acide, détruisant toute végétation.
Les coulées de laves se massent contre le rempart
du Tremblet jusqu’à 60 m de hauteur, du jamais vu au
Piton de la Fournaise.
Après une phase de coulées intenses et
intermittentes, le trémor éruptif disparaît le 1
er
mai,
mais l’épaisse coulée de lave reste chaude encore pour
de longues semaines et en profondeur pendant des mois
encore.
Au sommet, le Dolomieu est maintenant profond de
330 m, des éboulements de la paroi coupent le cratère
de la Soufrière en deux et entraînent une station sismique, la caméra du sommet disparaît à
son tour dans un autre éboulement, ainsi qu’une partie du Bory.
La coulée de lave du 2 avril a couvert 3,6 km
2
dans la Grand Brûlé et produit un volume
de l’ordre de 100 à 120 x 10
6
m
3
. Elle se range parmi les plus grandes coulées de lave
historiques. Seule les coulées de 1931 de 130 x 10
6
m
3
, de 1977 de 100 x 10
6
m
3
et de 1998 de
60 x 10
6
m
3
sont comparables. Une plate-forme en mer de 0,45 km
2
s’est formée. Elle a
englouti 1,4 km de la route nationale et malheureusement toute une forêt primaire en bord de
mer proche du Tremblet.
En même temps le Dolomieu s’est affaissé de 330 m, créant un cratère immense. Son plus
bas niveau se trouve maintenant à environ 50 m en dessous de l’enclos nord et nord-ouest.
schéma de l’effondrement du
Dolomieu
H. Douris, CDDV
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La suite « éruption sommitale éruption proximale éruption distale effondrement » a
déjà été observée en 1986, mais jamais avec la même ampleur.
Elle s’explique par la fragilisation de la colonne du massif entre la chambre magmatique
et le Dolomieu depuis les dix années d’activité intense et les 25 éruptions, qui après cette
dernière éruption distale dans le Grand Brûlé n’est plus soutenue par la pression hydrostatique
sous le massif. La colonne s’est affaissée et est tombée dans la chambre magmatique,
intensifiant par l’éruption latérale. Aussi, la rapidité de l’effondrement n’a pas été observée
préalablement. La moitié du Dolomieu s’était affaissée au fur et à mesure d’environ 150 m
entre 1931 et 1935, cette fois ci, l’effondrement a eu lieu en 24h.
Panache vu du Pas de Bellecombe
Th Staudacher Carte des coulées du
OVPF/IPGP 2 avril 2007
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