Mieux prédire les éruptions volcaniques ? COMMUNIQUÉ DE PRESSE - GRENOBLE – 23 JANVIER 2008 www.cnrs.fr/alpes L’analyse de 18 mois d’enregistrements sismologiques sur le volcan du Piton de la Founaise (île de la Réunion) montre qu’il serait possible de prédire les éruptions volcaniques sur ce volcan avec une précision accrue. Une nouvelle méthode de surveillance en temps-réel basée sur l’écoute du bruit de fond sismique vient en effet d’être développée par des chercheurs du laboratoire de géophysique interne et tectonophysique de Grenoble (LGIT1) en collaboration avec des équipes de l’Institut de Physique du Globe de Paris et de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise. Ces travaux financés par l’Agence Nationale pour la Recherche (05-CATT-010-01, PRECORSIS et ANR-06-CEXC-005, COHERSIS) viennent d’être publiés dans la revue Nature Geoscience du 20 janvier. Le volcan du Piton de la Fournaise sur l'île de la Réunion est un des volcans les plus actifs avec en moyenne une éruption de type effusive tous les 10 mois. Le réseau dense de capteurs sismologiques opéré par l'Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise permet d'enregistrer de nombreux séismes locaux d'origines volcano-tectonique mais aussi le bruit de fond sismique principalement issu de l'interaction entre la houle et le plancher océanique. Dans un article précédent, cette même équipe de chercheurs (LGIT, IPGP, OVPF) avait obtenu une image de l’intérieur de l’édifice volcanique à partir de l’inversion des ondes sismiques associées à ce bruit de fond. En répétant ces mesures continuement dans le temps, ces mêmes chercheurs ont pu identifier des variations extrêmement petites des propriétés physiques de l’édifice volcanique plusieurs jours avant le début d’une éruption. Ces précurseurs ont été observés de manière systématique pour 6 éruptions du Piton de la Fournaise, y compris pour la dernière d’avril 2007. Cette éruption d’une intensité extraordinaire était marquée par un précurseur de grande amplitude. Une première analyse semblait donc indiquer que cette nouvelle méthode pourrait à la fois permettre de mieux prédire l’occurrence d’une éruption mais aussi son intensité, paramètre essentiel pour la prévention des risques volcaniques. Cette nouvelle méthode de surveillance continue et en temps-réel pourrait s’appliquer à tous les volcans et notamment à ceux qui présentent un risque accru comme les volcans explosifs Indonésiens ou situés en Amérique du sud. Hormis la volcanologie, le nouveau procédé devrait intéresser d’autres domaines. Ainsi, l’application de cette méthode à l’étude des failles générant de grands tremblements de terre devrait permettre d’améliorer la prévention du risque sismique. Il est de plus probable que l’industrie applique cette nouvelle méthode pour notamment surveiller des gisements de gaz, de pétrole ou de stockage de CO2. 1 LGIT : laboratoire de géophysique interne et de tectonophysique (UJF/CNRS/IRD/LCPC/UdS) Fig. 1 : Variations de vitesses sismiques au sein de l’édifice volcanique du Piton de la Fournaise, 9 et 3 jours avant l’éruption de juin 2000 Contacts : Presse Pascale Natalini – service communication CNRS T : 04 76 88 79 59 [email protected] Chercheurs Michel Campillo – LGIT T : 04 76 82 80 36 [email protected] Olivier Coutant – LGIT T : 04 76 82 80 29 [email protected] Sources : Towards forecasting volcanic eruptions using seismic noise Florent Brenguier, Nikolai M. Shapiro, Michel Campillo, Valérie Ferrazzini, Zacharie Duputel, Olivier Coutant & Alexandre Nercessian Nature Geoscience (2008); doi:10.1038/ngeo104