Résumé
Dans « La littérature franco-ontarienne à la recherche d’une nouvelle voie : enjeux
du particularisme et de l’universalisme » (2002), Lucie Hotte signale que les artistes
francophones minoritaires, ayant longtemps puisé dans l’esthétique particulariste, optent
maintenant pour une esthétique de l’univeralisme. Jane Moss confirme l’hypothèse de
Hotte dans son article, « Francophone Theatre in Western Canada : Dramatic Tales of
Disappearing Francophones » (2009). Moss observe qu’au sein du théâtre francophone
dans l’Ouest canadien s’opère une transition quant à la représentation de l’identité
francophone minoritaire vers un courant postmoderne où les dramaturges, mettant de côté
les récits mémoriels nostalgiques, se penchent plutôt sur des thématiques plus universelles.
Tout de même, le questionnement identitaire demeure latent à travers ces pièces. Par
ailleurs, dans La distance habitée (2003) François Paré remarque que les énonciateurs
minoritaires retiennent souvent une mémoire de migration et d’itinérance; que cette
distance métaphorique les « habite »; et qu’ils se voient constamment forcés de négocier
cette « distance » entre eux et la communauté majoritaire où ils vivent. Partant du constat
du Moss, ce mémoire analyse l’énonciation de trois personnages/énonciateurs dans trois
monologues fransaskois contemporains, soit Il était une fois Delmas, Sask... mais pas deux
fois! d’André Roy, Elephant Wake de Joey Tremblay et Rearview de Gilles Poulin-Denis.
Nous examinerons leur identité complexe, riche et problématique. Pour analyser
l’énonciation de chacun des personnages, nous nous appuyons sur l’analyse de discours
telle que développée par Dominique Maingueneau. Ce faisant, nous visons à combler une
lacune importante dans la recherche sur le théâtre fransaskois.