Estimation Statistique de fonctions
d’appartenance d’ensembles flous : le cas des
fonctions trap´ezo¨ıdales croissantes
Florence Dupuis1,2and Alain Hillion1
1GET - ENST Bretagne
epartement Image et Traitement de l’Information
CNRS UMR TAMCIC
Technopˆole de Brest Iroise, CS 83818,
29238 BREST Cedex, France
(e-mail: florence.dupuis@enst-bretagne.fr,
alain.hillion@enst-bretagne.fr)
2ENIB
Technopˆole de Brest Iroise, CS 73862,
29238 BREST Cedex 3, France
(e-mail: florence.dupuis@enib.fr)
Abstract. Nous pr´esentons ici une m´ethode nouvelle de d´etermination des fonc-
tions d’appartenance floue appliqu´ee au cas des fonctions trap´ezo¨ıdales croissantes.
Pour l’estimation, nous consid´erons un mod`ele statistique reposant essentiellement
sur la notion de processus coh´erent. Nous donnons par cette m´ethode des es-
timateurs, ponctuels et par r´egion de confiance, des param`etres d’une fonction
d’appartenance trap´ezo¨ıdale croissante. Les r´esultats obtenus sont illustr´es par des
simulations.
Keywords: Fonction d’appartenance floue, Processus ”expert” coh´erent, Estima-
tion ponctuelle, Estimation par egion de confiance.
1 Introduction
En logique floue, la description d’un ensemble flou eel Apasse par la
connaissance de sa fonction A(x). Notre but est d’estimer des fonctions
d’appartenance de type trap´ezo¨ıdal croissant `a partir d’informations concer-
nant des points de l’ensemble R, appel´es points de contrˆole. Dans le domaine
de la reconstruction de fonction d’appartenance flou `a partir d’observations,
les m´ethodes principalement utilis´ees rel`event de l’analyse num´erique ou de
m´ethodes probabilistes [Shen et al., 2000]; [Tamaki et al., 1998]; [Cheng and
Chen, 1997]; [Civanlar and Trussell, 1986]; [Devi and Sarma, 1985]. Nous
utilisons ici une m´ethode statistique nouvelle pr´esent´ee dans [Dupuis and
Hillion, 2004].
1442 Dupuis and Hillion
2 Processus coh´erent
On consid`ere Aun sous ensemble flou de R. Pour l’´etude nous interrogeons
des experts sur un ensemble fini ordonn´e de points X={x1, . . . , xn/i, 1
in, xiR, x1< x2< ...xn}. Les xirepr´esentent les points de contrˆole
dont l’expert pense qu’ils appartiennent totalement ou pas du tout `a A.
Pour tout xR, on note X(x) la eponse binaire `a cette question.
D´efinition 1On d´efinit le processus coh´erent {X(x)}associ´e `a l’ensemble
flou A par (cf [Dupuis and Hillion, 2004]) un processus ”expert” {X(x)}xX
discret `a valeurs dans {0,1}, auquel on impose pour tout x,
E[X(x)] = A(x).
Si X(x) = 1, alors pour tout ytel que A(y)A(x),X(y) = 1.
Si X(x) = 0, alors pour tout ytel que A(y)A(x),X(y) = 0.
Dans le cas o`u la fonction d’appartenance est croissante, le processus coh´erent
associ´e sera n´ecessairement croissant. On peut alors calculer la loi de la
variable al´eatoire X(x(n)) = (X(x1), X(x2),...,X(xn)) `a valeurs dans =
0kn{0}k× {1}nk. On efinit les ´el´ements de par une suite α(n)=
(α1, α2,...,αn) o`u pour tout i, 1 in,αi= 0 ou 1, est la valeur eponse
`a la question: xiappartient-il `a l’ensemble flou A?” (par convention on pose
α0= 0 et αn+1 = 1 avec x0=−∞ et xn+1 = +, la fonction A(x) n’´etant
pas constante). On constate que seul l’instant de saut (Fig.1) du processus
”expert” intervient dans l’expression de la probabilit´e.
-
6
x1x2x3xZ1
xZxn
X(x)
x
1
0
Fig. 1. Exemple de trajectoire ”expert”. On visualise l’instant de saut ”Z”.
Th´eor`eme 1 Soit Z=inf1in+1{i/X(xi) = 1},α(n), si r(α) =
inf1in+1{i/αi= 1},
P[X(x(n)) = α(n)] = (A(xr(α))A(xr(α)1)) = P[Z=r(α)].(1)
emonstration.La suite {A(xi)}1inest croissante et par efinition du
processus coh´erent la suite {X(xi)}1inest ´egalement croissante. Soit Z=
inf1in+1{i/X(xi) = 1}. Par d´efinition de l’inf, pour tout k, 1 kn+1,
{Z=k}={0 = ... =X(xk1), X(xk) = ... = 1}.Donc, α(n)∈ {0,1}n,
si r(α) = inf1in+1{i/αi= 1}, P[X(x(n)) = α(n)] = P[Z=r(α)]1lα(n).
Estimation des fonctions trap´ezo¨ıdales 1443
Puis d’apr`es la efinition du processus coh´erent, et ´etant donn´e que X(x(n))
est une suite croissante, on a la relation suivante pour tout k, 1 kn+ 1,
P[X(x0) = 0,...,X(xk1) = 0, X(xk) = 1,...,X(xn+1) = 1]
= P[X(xk1) = 0, X(xk) = 1]
=A(xk)A(xk1).
3 Estimation des param`etres
Une fonction de type trap´ezo¨ıdale croissante (Fig.2) est enti`erement efinie
par la donn´ee du param`etre θ= (θ1, θ2)R2avec θ1< θ2, tel que
-
6
θ1
θ2
A(x)
x
1
0
Fig. 2. Graphe d’une fonction trap´ezo¨ıdale croissante.
Si xθ1Aθ(x) = 0,
Si θ1< x θ2Aθ(x) = xθ1
θ2θ1
,(2)
Si θ2< x Aθ(x) = 1.
On se propose d’estimer θ1et θ2`a partir d’un m ´echantillon X1, X2, . . . , Xm
du processus ”expert”, m2. Si pour tout i, 1 im,Ziest le saut as-
soci´e au processus Xi, on note Z0
1, Z0
2,...,Z0
mces instants de saut r´eordonn´es,
i.e tels que min1jm(Zj) = Z0
1Z0
2... Z0
m=sup1jm(Zj) ,
(αj(n))1jmm, on eduit du th´eor`eme 1 l’expression de la vraisem-
blance Lθ(α1(n), α2(n),...,αm(n))
Pθ[Z0
1=r(α0
1)]Pθ[Z0
m=r(α0
m)]
(θ2θ1)m2
m1
Y
j=2
(xr(α0
j)xr(α0
j)1) (3)
pour θ1< xr(α0
2)xr(α0
m1)1< θ2, o`u les α0
1(n), α0
2(n),...,α0
m(n)sont les
α1(n), α2(n),...,αm(n)eordonn´es tels que r(α0
1)r(α0
2)...r(α0
m).
Proposition 1 Le param`etre θ= (θ1, θ2)est identifiable si et seulement s’il
y a plus de deux points de contrˆole compris entre θ1et θ2.
1444 Dupuis and Hillion
En effet, si on note FAθla loi du n uple X(x(n)) o`u Xest un processus
coh´erent de Aparam´etr´ee par θ. Soient θ= (θ1, θ2) et ϕ= (ϕ1, ϕ2)R2,
FAθ=FAϕ⇒ ∀k, 1kn, Aθ(xk) = Aϕ(xk).
i ) Si il y a moins d’un point de contrˆole entre θ1et θ2alors on peut trouver
plusieurs fonctions trap´ezo¨ıdales croissantes ayant les mˆemes valeurs aux
points de contole.
ii ) Si il y a plus de deux points de contole compris entre θ1et θ2:Jtels
que xJ1θ1< xJ< xJ+1 < θ2.
De plus, Aθ(xJ) = Aϕ(xJ)
Aθ(xJ+1) = Aϕ(xJ+1)est un syst`eme de Cramer (θ26=θ1,
xJ+1 6=xJ) de solution unique ϕ1=θ1,ϕ2=θ2.
Proposition 2 La statistique (min1jm(Zj), sup1jm(Zj)) est exhaus-
tive minimale compl`ete.
D’apr`es (3) et le th´eor`eme de factorisation, (Z0
1, Z0
m) est exhaustive. Soit
hune fonction d´efinie sur H={(x, y)N2, x < y}telle que, pour tout
θ= (θ1, θ2)R2, θ1< θ2, Eθ[h(Z0
1, Z0
m)] = 0. On montre par ecurrence
sur n que nN,kN, h(k, k +n) = 0. On en eduit que (Z0
1, Z0
m) est
exhaustive, compl`ete donc minimale.
On d´efinit les indices Jet Mdes points de contrˆole encadrant les
param`etres, par xJ1θ1< xJet xM1< θ2xM.
Proposition 3 L’estimateur du maximum de vraisemblance
ˆ
θ(m)
1,ˆ
θ(m)
2=min
1jm(xZj1),max
1im(xZj))converge p.s vers (xJ1, xM).
Pour maximiser la vraisemblance (3), on ´etudie la quantit´e
Pθ[Z0
1=r(α0
1)]Pθ[Z0
m=r(α0
m)]
(θ2θ1)m2=ϕ(θ12,xr(α0
1),xr(α0
m))
(θ2θ1)mo`u ϕ(θ1, θ2, xr(α0
1), xr(α0
m))
vaut
xr(α0
1)xr(α0
1)1xr(α0
m)xr(α0
m)1si θ1< xr(α0
1)1< xr(α0
1)
xr(α0
m)1< xr(α0
m)< θ2
xr(α0
1)θ1xr(α0
m)xr(α0
m)1si xr(α0
1)1θ1< xr(α0
1)
xr(α0
m)1< xr(α0
m)< θ2
xr(α0
1)xr(α0
1)1θ2xr(α0
m)1si θ1< xr(α0
1)1< xr(α0
1)
xr(α0
m)1< θ2xr(α0
m)
xr(α0
1)θ1θ2xr(α0
m)1si xr(α0
1)1θ1< xr(α0
1)
xr(α0
m)1< θ2xr(α0
m)
.
Cette quantit´e est maximum sur le bord de l’ensemble de d´efinition, i.e si et
seulement si θ1=xr(α0
1)1et θ2=xr(α0
m).
Estimation des fonctions trap´ezo¨ıdales 1445
La convergence presque sˆure de ˆ
θ(m)
1,ˆ
θ(m)
2vers les extr´emit´es du support
de la fonction de epartition de Zest assur´ee par les th´eor`emes de conver-
gence des valeurs extrˆemes [Embrechts et al., 1997].
Dans le cas o`u le pas varie avec la taille de l’´echantillon, on peut
obtenir un esultat plus pr´ecis :
Th´eor`eme 1 Sous l’hypoth`ese pm=o(1
m), o`u pmest le pas entre deux points
de contrˆole,
m ˆ
θ(m)
1θ1
θ2θ1
,θ2ˆ
θ(m)
2
θ2θ1!converge en loi vers (T1, T2),(4)
o`u T1et T2sont deux variables al´eatoires ind´ependantes de mˆeme loi expo-
nentielle de param`etre 1.
emonstration.Comme dans la th´eorie asymptotique des variables
extrˆemes connue dans [Galambos, 1978], les estimateurs ˆ
θ(m)
1et ˆ
θ(m)
2sont
asymptotiquement ind´ependants. D’autre part, si on note Ent la partie
enti`ere, pour tout t, y R, FZt+y
m= PθhZpmEnt ht
pm+y
mpmii.
En cons´equence, avec l’hypoth`ese pm=o(1
m), pour tout y1R,
1FZθ1+y1
mm
m+11ey1
θ2θ1, d’o`u le r´esultat de conver-
gence.
Corollaire 1 On note, α[0,1],kα=ln(1 1α). Sous l’hypoth`ese
du th´eo`eme 1, on en d´eduit l’intervalle de confiance asymptotiquement min-
imum en volume, de seuil de confiance 1α, pour (θ1, θ2):
ˆ
θ(m)
11
m(ˆ
θ(m)
2ˆ
θ(m)
1)kα,ˆ
θ(m)
1׈
θ(m)
2,ˆ
θ(m)
2+1
m(ˆ
θ(m)
2ˆ
θ(m)
1)kα(5)
emonstration.
Soit ˆ
Cm=hˆ
θ(m)
11
m(ˆ
θ(m)
2ˆ
θ(m)
1)k, ˆ
θ(m)
1i×hˆ
θ(m)
2,ˆ
θ(m)
2+1
m(ˆ
θ(m)
2ˆ
θ(m)
1)k0i
tel que Pθh(θ1, θ2)ˆ
Cmi1α. On d´efinit Cpar Pθ[(θ1, θ2)ˆ
Cm] =
Pθmˆ
θ(m)
1θ1
θ2θ1,θ2ˆ
θ(m)
2
θ2θ1C. D’apr`es le th´eor`eme 1, on obtient la con-
vergence Pθ[(θ1, θ2)ˆ
Cm]
m+P [(T1, T2)C]. Le minimum du volume
de ˆ
Cm, i.e kk0n’est pas atteint dans le domaine (1 ek)(1 ek0)>1α.
Sur le bord du domaine, la m´ethode des multiplicateurs de Lagrange donne
comme condition k=k0avec ktel que Pθ[(θ1, θ2)ˆ
Cm] = 1 α, d’o`u le
esultat.
Remarque 1 Si le contole ´etait continu, on aurait T=inf{xR/X(x)6=
X(0)}le saut ”continu”. Les variables Zet Tsont li´ees par les relations suiv-
antes : xZ1< T xZet i, 1in+ 1,Pθ[Z=i] = Pθ[xi1< T xi].
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