– L’utilisation des pigments rétiniens pour étudier les relations de
parenté chez les vertébrés est également abordée dans l’exercice 8
(p. 306), qui permet de réinvestir la démarche mise en œuvre ici.
– Pour aller plus loin, il est possible de construire d’autres matrices
de dissimilitudes à partir de séquences peptidiques de pigments
rétiniens pour diverses espèces : ces séquences sont disponibles
sur le site GenBank (en anglais) : www.ncbi.nlm.nih.gov/protein.
L’alignement des séquences peptidiques et leur comparaison peu-
vent être effectués en ligne avec le logiciel ClustalW2 (en anglais) :
www.ebi.ac.uk/Tools/msa/clustalw2. Ces deux sources proposent
également de travailler sur des séquences nucléotidiques.
Exploitation des documents par les activités
➊ Doc. 1 (Comparer des images et des graphiques pour extraire
des informations et raisonner). La simulation de la vision d’une
même image par un chimpanzé et un saïmiri montre que la vision
des couleurs du premier, trichromate, est comparable à celle de
l’Homme alors que le saïmiri semble incapable de distinguer le vert
du rouge. Le spectre d’absorption des différentes longueurs d’onde
de la lumière visible par les cônes rétiniens montre l’existence de
trois types de cônes chez le chimpanzé (dont les propriétés sont
comparables à ce qui est observé chez l’Homme, voir le doc. 6,
p. 297) et seulement deux chez le saïmiri. Ceci confirme la dichro-
matie de ce dernier, incapable de distinguer le vert du rouge.
➋ Doc. 2 (S’informer à partir d’un tableau, mettre en relation des
informations pour proposer une explication). Le chimpanzé et les
autres primates de l’Ancien monde possèdent, comme l’Homme,
un gène codant l’opsine S sur le chromosome 7 et deux gènes
codant les opsines L et M sur le chromosome X : cela explique
qu’ils disposent de trois types de cônes permettant une vision
trichromate, comme l’Homme. En revanche, le saïmiri et les autres
primates du Nouveau monde ne possèdent que deux gènes codant
des opsines : un gène sur le chromosome 7 code pour l’opsine S et
un gène sur le chromosome X code une opsine M/L (selon l’allèle
dont dispose l’individu, l’opsine fabriquée présente un maximum
d’absorption proche de celui de l’opsine M ou de l’opsine L de
l’Homme). En conséquence, le saïmiri ne possède que deux types
de cônes, ce qui explique sa vision dichromate et son incapacité à
distinguer certaines couleurs.
NB : Le cas des primates du Nouveau Monde a été simplifié pour
faciliter l’approche par les élèves : puisqu’il existe trois allèles dif-
férents pour le gène de l’opsine M/L, les femelles (qui possèdent
deux chromosomes X) peuvent être hétérozygotes pour ce gène :
elles disposent alors de trois types de cônes différents et sont dans
ce cas trichromates. L’article « L’évolution de la vision de la couleur
chez les primates » de G. Jacobs et J. Nathans (Pour La Science
n° 389, mars 2010, pp. 34-41) fait le point sur ce sujet.
➌ Doc. 3 et 4 (Extraire des informations). Les séquences nucléo-
tidiques des gènes des opsines L et M sont comparées à celle du
gène de l’opsine S. On constate qu’un certain nombre de nucléo-
tides sont identiques dans les trois séquences et qu’il existe peu de
différences (3 sur la centaine de nucléotides présentée) entre les
séquences des gènes de l’opsine M et de l’opsine L (doc. 3). Les
ressemblances entre séquences de gènes suggèrent une origine
commune : ces gènes différents dériveraient d’un même gène
ancestral, qui aurait été dupliqué, chaque copie accumulant de
manière indépendante des mutations expliquant les différences
constatées aujourd’hui (doc. 4). En raison de leur origine com-
mune, ces gènes forment une famille multigénique.
➍ Doc. 5 (Extraire et mettre en relation des informations).
Comme dit précédemment, les ressemblances entre les séquences
des gènes des opsines des primates traduisent l’origine commune
de ces gènes. La comparaison des séquences protéiques de l’op-
sine S, qui reflètent les séquences nucléotidiques des gènes qui les
codent, permet donc d’établir des parentés : puisque les mutations
s’accumulent au cours du temps, plus il y a de différences entre
deux espèces, plus leur dernier ancêtre commun ayant transmis le
gène codant l’opsine S est éloigné. À l’inverse, plus les séquences
sont semblables, plus le lien de parenté entre espèces est étroit. La
matrice des différences permet d’identifier deux groupes d’espèces
qui présentent moins de 14 acides aminés différents entre les
séquences d’une espèce à l’autre : cebus, alouate et saïmiri d’une
part, Homme, gorille, bonobo, chimpanzé et macaque d’autre part.
Deux espèces appartenant chacune à l’un de ces deux groupes pré-
sentent au moins 23 différences dans la séquence protéique étu-
diée : le lien de parenté est donc plus étroit au sein de chacun de
ces deux groupes, qu’entre espèces de groupes différents. L’analyse
de cette matrice permet alors de construire l’arbre de parenté pro-
posé, où l’on constate la séparation de ces deux groupes au cours
de l’évolution. D’après le doc. 2, les espèces du groupe cebus/
saïmiri/alouate (primates du Nouveau monde) possèdent un gène
codant pour une opsine M/L sur le chromosome X, les espèces du
groupe Homme/bonobo/chimpanzé/gorille/macaque (primates
de l’Ancien monde) possèdent deux gènes codant les opsines M
et L sur le chromosome X, traduisant une duplication génétique
chez ces derniers. Celle-ci s’est donc probablement produite après
la séparation de ces deux groupes.
➎ en conclusion (Communiquer en rédigeant une synthèse).
La comparaison des gènes d’opsine (nombre de gènes d’opsines,
séquences d’un même gène) montre que le lien de parenté est plus
étroit entre l’Homme et les autres primates de l’Ancien monde,
qu’entre l’Homme et les primates du Nouveau monde. Au sein de
ce groupe, la comparaison des séquences du gène de l’opsine S
montre en outre que l’Homme est plus étroitement apparenté au
bonobo et au chimpanzé qu’au gorille ou au macaque.
Thème 6 – ChapiTre 1 23
SVT 1reS © Éditions Belin 2011