La moyenne arithmético-géométrique : applications et généralisations. John Boxall [email protected] Laboratoire de Mathématiques Nicolas Oresme, UFR Sciences, Université de Caen Basse-Normandie, France. le 2 avril 2008 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 1 / 320 Résumé. Résumé. Cette version est la dernière qui sera affichée avant l’examen. Je ferai quelques autres modifications et corrections après l’examen avant que le texte devient complètement définitif. Voir aussi à http ://math.unicaen.fr/master/Prog0708.html Rappel : Examen le mercredi 9 avril de 14h à 17h en salle S3 122. Oraux le jeudi 10 avril à partir de 10h30. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 2 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La moyenne arithmético-géométrique réelle. On note a, b deux réels strictement positifs. Leur moyenne arithmético-géométrique (abrégée AGM pour arithmeticgeometric mean en anglais), notée M(a, b) est, par définition, la limite commune des deux suites (an ) et (bn ) définies par an+1 = an + bn , 2 bn+1 = p an bn , avec les valeurs initiales a0 = a, b0 = b. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 3 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. Propriétés de base. Propriétés de base. Vérifions d’abord l’existence de M(a, b). Par symétrie, on peut supposer que 0 < b ≤ a. Alors 0 < b ≤ bn ≤ bn+1 ≤ an+1 ≤ an ≤ a pour tout n et donc (an )n∈N et (bn )n∈N convergent vers des limites ` et m vérifiant m ≤ `. Enfin (an + bn )/2 → (` + m)/2 d’où ` = lim(an+1 ) = (` + m)/2 et ` = m. On a (toujours sous la condition 0 < b ≤ a) : 0 ≤ an+1 − bn+1 = 1 (an − bn )2 1 √ √ 2 ≤ (an − bn )2 , 2 ( an + bn ) 8b d’où la convergence quadratique vers M(a, b) (voir la fiche 20). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 4 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. Propriétés de base. 2 Pour tout (a, b) ∈ (R× + ) , on a : M(a, a) = a, M(a, b) = M(b, a), M(ac, bc) = cM(a, b), c > 0, √ a+b , ab . M(a, b) = M 2 On pose M(x ) = M(1, x ) pour tout x > 0. On a alors M(1/x ) = M(x )/x . Proposition. La fonction x 7→ M(x ) est de classe C (∞) et strictement croissante sur R× + . Elle tend vers +∞ lorsque x → +∞ et vers 0 lorsque + x →0 . Pour la démonstration, voir l’exercice de la fiche 8. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 5 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. La formule de Gauss. Théorème. Pour tout a > 0, b > 0, on a : Z 2 π/2 dθ 1 p = M(a, b) π 0 2 2 a cos θ + b 2 sin2 θ Z +∞ dt 1 p = . 2 π −∞ (a + t 2 )(b 2 + t 2 ) Démonstration. L’égalité des deux intégrales se démontre par le changement de variable t = b tan θ.√Désignons la seconde intégrale par T (a, b) et notons A = (a + b)/2, B = ab les deux itérés AGM de a, b. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 6 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Dans l’intégrale Z Tr1 ,r2 (A, B) = r2 −r1 du p (A2 + u 2 )(B 2 + u 2 ) on effectue le changement de variable u = 21 (t − ab/t), où t > 0. Alors u est une fonction strictement croissante de t, de dérivée t 7→ 1 + ab/t 2 . On trouve que Z R dt p , Tr1 ,r2 (A, B) = 2 (a2 + t 2 )(b 2 + t 2 ) où , R > 0 et r1 = 12 ( − ab/), r2 = → 0+ et R → +∞, on conclut que 1 2 (R − ab/R). En faisant tendre T (A, B) = T (a, b). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 7 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Par conséquent, T (an , bn ) est indépendant de n. En posant m = M(a, b), on trouve ainsi par un argument de continuité que : Z +∞ h1 π t i+∞ dt = . arctan T (a, b) = T (m, m) = = 2 2 m m −∞ m −∞ m + t Exercice. Vérifier en détail l’ensemble des propriétés de M(a, b) mentionnées dans les fiches 4 à 8. (Le fait que M(x ) soit de classe C (∞) se démontre en dérivant sous le signe somme dans la formule de Gauss. De même, on voit que −M 0 (x )/M(x )2 < 0 pour tout x > 0 d’où M 0 (x ) > 0 et la croissance stricte de M.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 8 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. √ Exercice. Montrer que M( 1 − x 2 ) = M(1 + x , 1 − x ) pour tout x ∈ ]0, 1[ et que √ 1+x 2 x M(x ) = M 2 1+x pour tout x > 0. Exercice. Montrer que les fonctions x 7→ 1/M(x ) (x > 0) et x 7→ √ 1/M( 1 − x 2 ) (x ∈]0, 1[) sont solutions de l’équation différentielle linéaire (x 3 − x )f 00 (x ) + (3x 2 − 1)f 0 (x ) + xf (x ) = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 9 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Exercice. Soient a, b, c trois réels vérifiant 0 < c ≤ b ≤ a. √ √ √ √ (i) On pose A = (a+b +c)/3, B = ( ab + ac + bc)/3, C = 3 abc. Montrer que 0 < C ≤ B ≤ A. (ii) On définit trois suites (an ), (bn ), (cn ) par a0 = a, b0 = b, c0 = c et par √ √ √ p an + bn + cn an bn + an cn + bn cn an+1 = , bn+1 = , cn+1 = 3 an bn cn 3 3 pour tout n ≥ 0. Montrer que (an ) est décroissante et que (cn ) est croissante, puis que les suites (an ), (bn ) et (cn ) convergent vers une limite commune. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 10 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Intégrales elliptiques. L’intégrale T (a, b) est un exemple d’une intégrale elliptique, c’est-àdirepd’une intégrale qui fait intervenir les primitives de fonctions rationnelles en P(x ), P étant un polynôme de degré trois ou quatre sans racine double. Puisque la suite AGM converge quadratiquement, elle fournit un moyen de calcul numérique rapide de certaines intégrales elliptiques. R +∞ est une période de la courbe de genre En réalité, −∞ √ 2 dt 2 2 2 y2 x4 (a2 (a +t )(b +t ) 2 b )x 2 + a2 b 2 qui un = + + est isomorphe à la courbe elliptique y 2 = x (x −(a+b)2 )(x −(a−b)2 ). Des explications détaillées seront données plus tard. La convergence quadratique a l’avantage de permettre le calcul de leurs valeurs numériques très rapidement lorsque une très haute précision est demandée, ce qui a des applications, par exemple, en cryptographie. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 11 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Voici un très joli résultat qui est une application de la théorie des intégrales elliptiques et qui date des années 1970. Théorème (Brent, Salamin). √ Soit (an , bn ) la suite AGMp avec termes initiaux a0 = 1, b0 = 1/ 2. Pour tout n ≥ 0, on pose cn = an2 − bn2 . Alors : π = lim n→+∞ 1− 2a2 Pnn+1 k=0 2 kc2 k , la convergence étant quadratique. La démonstration fera intervenir d’autres intégrales elliptiques, que nous allons maintenant brièvement mentionner. Mais elle sera achevée plus tard, à l’issue d’une étude plus générale des intégrales et fonctions elliptiques (voir à partir de la fiche 222). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 12 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. On suppose toujours que a > 0 et que b > 0. On pose Z π/2 p a2 cos2 θ + b 2 sin2 θ dθ Z +∞ s 2 a + t2 = b2 dt, (b 2 + t 2 )3 −∞ S(a, b) = 2 0 où l’égalité des deux intégrales se démontre encore par le changement de variable t = b tan θ. La première formule montre que S(a, b) = S(b, a). On a S(a, a) = πa, et S(ac, bc) = cS(a, b) lorsque c > 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 13 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Proposition. Soit A = (a + b)/2, B = b. Alors √ ab les itérés AGM de a et de (i) T (A, B) = T (a, b), (ii) 2S(A, B) = S(a, b) + abT (a, b). Démonstration. Comme déjà indiqué, le (i) peut être démontré à l’aide de la substitution u = 12 (t − ab/t). Un argument semblable utilisant l’intégrale Z +∞ s 2 A + u2 S(A, B) = B 2 du (B 2 + u 2 )3 −∞ donne Z S(A, B) = 2ab 0 John Boxall (LMNO) +∞ p (a2 + t 2 )(b 2 + t 2 ) dt. (ab + t 2 )2 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 14 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Posons f (t) = (a2 + t 2 )(b 2 + t 2 ) afin d’alléger la notation. Alors 2S(A, B) − S(a, b) − abT (a, b) s p Z +∞ 2ab f (t) a2 + t 2 ab 2 p = − b − dt (ab + t 2 )2 (b 2 + t 2 )3 f (t) −∞ Z +∞ dt 2 2 2ab f (t) 2a +t p − b − ab , = (ab + t 2 )2 b2 + t 2 f (t) −∞ et il s’agit de montrer que cette intégrale s’annule. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 15 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Or, si on pose φ(t) = p t t − f (t), ab + t 2 b 2 + t 2 alors limt→±∞ φ(t) = 0 et un calcul montre que φ0 (t) = 2ab f (t) 1 2 2 2a +t p − b − ab (ab + t 2 )2 b2 + t 2 f (t) Par conséquent, Z +∞ dt h it=+∞ 2 2 2ab f (t) 2a +t p = φ(t) = 0. − b − ab t=−∞ (ab + t 2 )2 b2 + t 2 f (t) −∞ John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 16 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Corollaire. Pour tout a, b tels que 0 < b ≤ a, on a : 2 S(a, b) = a − ∞ X 2k−1 ck2 T (a, b), k=0 où cn2 = an2 − bn2 , n = 0, 1, 2, . . . Démonstration. On sait que 2S(ak+1 , bk+1 ) = S(ak , bk ) + ak bk T (ak , bk ) = S(ak , bk ) + ak bk T (a, b), et donc, si on pose ∆k = 2k ak2 T (a, b) − S(ak , bk ) , alors 2 ∆k+1 −∆k = 2k+1 ak+1 − 2k ak2 − 2k ak bk T (a, b) a + b 2 k k = 2k 2 − ak2 − ak bk T (a, b) = −2k−1 ck2 T (a, b). 2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 17 / 320 La formule de Gauss. La moyenne arithmético-géométrique réelle. En prenant la somme de k = 0 jusqu’à n : ∆n+1 = ∆0 − n X 2k−1 ck2 T (a, b) k=0 2 = −S(a, b) + a − n X 2k−1 ck2 T (a, b). k=0 Enfin, puisque T (a, b) = T (an , bn ), on a : n+2 Z 2 2 ) sin2 θ (an+1 − bn+1 π/2 ∆n+1 = 2 q 0 = John Boxall (LMNO) 2 2n+2 cn+1 Z 0 dθ an+1 cos2 θ + bn+1 sin2 θ π/2 sin2 θ dθ q . an+1 cos2 θ + bn+1 sin2 θ L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 18 / 320 La moyenne arithmético-géométrique réelle. La formule de Gauss. Ici, comme sin2 θ ∈ [0, 1], l’intégrale est majorée par 12 T (an+1 , bn+1 ) = 1 2 T (a, b). En outre, cn+1 = q 2 2 = − bn+1 an+1 1 2 (an − bn ) : on en tire que cn2 converge quadratiquement vers 0 et donc que 2n cn2 → 0. Par conséquent, ∆n → 0, ce qui démontre le corollaire. Remarque. La démonstration montre que ∆n → 0 quadratiquement, P et donc que a2 − nk=0 2k−1 ck2 T (a, b) converge quadratiquement vers S(a, b). Puisque l’AGM converge quadratiquement, le théorème de Gauss implique qu’on peut calculer T (a, b) et S(a, b) à l’aide de suites convergeant quadratiquement. Exercice. Montrer que le théorème de Brent-Salamin est équivalent à la formule T (a, b) 2S(a, b) − T (a, b) = 4π, √ √ où a = 1+ 12 2, b = 1− 12 2. Cet exercice sera utilisé dans la démonstration √ du théorème de Brent-Salamin. On remarquera que a1 = 1 et b1 = 1/ 2. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 19 / 320 Convergence quadratique. Convergence quadratique. Soit (xn )n∈N une suite à valeurs dans un espace vectoriel normé E et soit x ∈ E . On dit que (xn )n∈N converge (au moins) quadratiquement vers n x s’il existe α ∈]0, 1[ et M > 0 telles que ||x − xn || ≤ Mα2 pour tout n assez grand. Cette terminologie est entrée dans les habitudes, mais elle me semble mal choisie. Il me paraît plus normal de parler de convergence exponentielle (en base 2) et d’utiliser le terme convergence quadratique pour les suites 2 (xn ) vérifiant ||x − xn || ≤ Mαn pour tout n assez grand. Il est clair que toute suite convergente possède une suite extraite qui converge quadratiquement. La notion n’est donc intéressante que pour certaines suites particulières, par exemple celles qui sont définies par récurrence. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 20 / 320 Convergence quadratique. Proposition. Si la suite (xn )n∈N converge vers x et s’il existe C > 0 tel que ||x − xn+1 || ≤ C ||x − xn ||2 pour tout n assez grand, alors (xn ) converge quadratiquement vers x . En effet, on voit par récurrence sur n que si m ∈ N, alors ||x −xn+m || ≤ 2n C ||x − xm || pour tout n ≥ 1. Puisque (xn ) converge vers x , on peut choisir m de telle façon que ||x − xm || < 1/C , d’où la proposition. 1 C John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 21 / 320 Convergence quadratique. Si les hypothèses de la proposition sont vérifiées, alors log2 (||x − xn+1 ||) ≤ 2 log2 (||x −xn ||)+log2 C . Puisque xn → x , log2 (||x −xn ||) → −∞ lorsque n → +∞. On en tire que, à partir d’un certain rang, à chaque itération le nombre de bits de xn qui coïncident avec ceux de x est, au pire, à peu près doublé. De même, le nombre de chiffres de décimaux de xn qui coïncident avec ceux de x est, au pire, à peu près doublé à chaque itération. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 22 / 320 Convergence quadratique. Exercice. (i) Montrer que la notion de convergence quadratique est inchangée si l’on remplace une norme par une norme équivalente. Montrer que si (xn ) et (yn ) convergent quadratiquement (dans le même espace vectoriel normé), alors (λxn ) (où λ ∈ R) et (xn + yn ) convergent quadratiquement. (ii) Montrer que, si E et F sont deux espace vectoriels normés, si (xn ) est une suite dans E et si (yn ) est une suite dans F , alors (xn , yn ) converge quadratiquement (dans E × F ) si et seulement si (xn ) et (yn ) convergent quadratiquement. Rappelons que la convergence de la suite (xn ) vers x est dite (au moins) linéaire s’il existe α ∈]0, 1[ et M > 0 tels que ||x − xn || ≤ Mαn pour tout n assez grand. (iii) Montrer que si (xn ) est une suite et s’il existe α ∈]0, 1[ tel que ||x − xn+1 || ≤ α||x − xn || pour tout n assez grand, alors (xn ) converge linéairement vers x . Au cas où la suite (xn ) est définie par récurrence, donner une interprétation de ce résultat en termes du nombre de bits gagné en passant de xn à xn+1 comme valeur approchée de x . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 23 / 320 Convergence quadratique. Exercice. Soient a, b deux réels tels que 0 < b ≤ a. On définit deux suites (ap n ), (bn ) par a0 = a et b0 = b puis par an+1 = (an + bn )/2 et bn+1 = an+1 bn pour tout n ≥ 0. Montrer que (an ) et (bn ) convergent vers une limite commune mais que la convergence n’est pas quadratique en général. Exercice. On reprend l’exercice de la fiche 10. Montrer que la convergence de (an ), (bn ) et de (cn ) vers leur limite commune est quadratique. (Utiliser l’identité x 3 + y 3 + z 3 − 3xyz = 12 (x + y + z)((x − y )2 + (x − z)2 + (y − z)2 ).) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 24 / 320 Convergence quadratique. On constate aussitôt que la convergence des séries log(1 + x ) = x − + x 3 /3 − + · · · et arctan x = x − x 3 /3 + x 5 /5 − + · · · est linéaire et il en est de même pour la série pour (1 + x )α lorsque α ∈ R, α ∈ / N. x 2 /2 Ainsi, le calcul de π à l’aide de la formule de Machin π = 16 arctan 1 1 − 4 arctan 5 239 (ou des formules semblables) n’est que linéaire. La convergence de la série exponentielle e x = 1+x +x 2 /2!+x 3 /3!+· · · et les séries pour sin x et cos x est un peu plus rapide que linéaire, en raison de la factorielle dans les dénominateurs, mais elle est toujours loin d’être quadratique. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 25 / 320 La méthode de Newton. La méthode de Newton. Un procédé familier qui conduit à une suite qui converge quadratiquement est la méthode de Newton pour obtenir une valeur approchée d’une racine α d’une équation f (α) = 0. En gros, l’idée est que si x est une ap) proximation de α, alors x − ff 0(x (x ) devrait être une meilleure approximation de α. Si donc x0 est une première approximation, la suite (xn )n∈N définie par n) xn+1 = xn − ff 0(x (xn ) devrait converger vers α. Si cette suite est bien définie, on appelera ses termes les itérés de Newton de f issus de x0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 26 / 320 La méthode de Newton. Sous des hypothèses convenables, l’idée marche pour les fonctions d’une variable réelle ou d’une variable complexe. Quitte à translater par α, on peut supposer que α = 0. Définissons d’abord les fonctions b(x ), c(x ) sur un voisinage V de 0 par 1 f (x ) = ax + b(x )x 2 , 2 f 0 (x ) = a + c(x )x , b(0) = c(0) = f 00 (0), où a = f 0 (0) est supposé non-nul. Alors après un calcul : x− où u(x ) = John Boxall (LMNO) 2c(x ) − b(x ) f (x ) = x 2 + u(x )x 3 , f 0 (x ) 2a b(x )c(x ) c(x )2 b(x )x − 1 + . a(a + c(x )x ) 2a 2a2 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 27 / 320 La méthode de Newton. On peut utiliser cette formule pour obtenir des conditions explicites suffisantes pour garantir la convergence des itérés de Newton vers α. Supposons d’abord que f soit une fonction deux-fois dérivable d’une variable réelle. D’après la formule de Taylor, b(x ) et c(x ) sont alors de le forme f 00 (θx ) avec θ ∈]0, 1[. Supposons en plus que f 00 soit bornée : |f 00 (x )| ≤ M2 pour tout x ∈ V . Soit m1 > 0 une minoration de |a| = |f 0 (0)|. Si en plus x est très petit, par exemple |x | ≤ m1 2M2 , alors |u(x )| ≤ 3M22 , m12 d’où : 2 x − f (x ) ≤ 3M2 x 2 + 3M2 |x |3 ≤ 3M2 x 2 . f 0 (x ) 2m1 m1 m12 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 28 / 320 La méthode de Newton. On obtient une estimation semblable lorsque f est une fonction analytique sur le voisinage complexe V de α et les fonctions analytiques b et c vérifient |b(x )| ≤ M2 et |c(x )| ≤ M2 pour tout x ∈ V . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 29 / 320 La méthode de Newton. Théorème. On se place dans l’un des deux cadres suivants :— (i) On a α ∈ R et f est une fonction deux-fois dérivable sur un voisinage réel V de α. On suppose alors que f (α) = 0, que |f 0 (α)| ≥ m1 > 0 et que |f 00 (x )| ≤ M2 pour tout x ∈ V . (ii) On a α ∈ C et f est une fonction analytique sur un voisinage complexe V de α. On suppose alors que f (α) = 0, que |f 0 (α)| ≥ m1 > 0 et que les valeurs absolues des fonctions 2(f (x ) − f 0 (α)(x − α))/(x − α)2 et (f 0 (x ) − f 0 (α))/(x − α) sont majorées par M2 . Si x0 ∈ V vérifie |x0 − α| < de x0 satisfont l’inégalité m1 3M2 , |xn+1 − α| ≤ alors les itérés de Newton de f issus 3M2 |xn − α|2 m1 pour tout n. En outre, ils convergent quadratiquement vers α. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 30 / 320 La méthode de Newton. Un exemple familier de la méthode de Newton est le calcul d’une racine carrée. Soit A ∈ R× f (u) = u 2 − A. La méthode + . On utilise la fonction √ prévoit que si x est une approximation de A, alors x− 1 f (x ) A = x + f 0 (x ) 2 x en√devrait être une meilleure. Par conséquent, si u0 est suffisamment proche à A, alors la suite définie par un+1 = 21 un + A/un converge quadrati√ quement vers A. √ En raison de la formule bn+1 = an bn , le calcul des itérés d’une suite AGM fait intervenir le calcul de racines carrées. D’après ce qui précède, la méthode de Newton peut donc intervenir dans le calcul de M(a, b). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 31 / 320 La méthode de Newton. Exercice. Généraliser au calcul de la racine n-ième de A. Combien d’itérations sont √ nécessaires (en prenant 1 comme première approximation) pour calculer 3 2 à 1000 chiffres décimaux ? Exercice. Soit m ≥ 2 un entier. Détailler une méthode de calculer cos (2π/m) et sin (2π/m) en utilisant la méthode de Newton. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 32 / 320 La méthode de Newton. Localisation des solutions La méthode de Newton suppose que nous connaissions déjà une première approximation de la solution α de f (α) = 0. Afin de l’appliquer, il faut donc d’abord trouver cette première approximation. En pratique, dans le cas de fonctions f d’une variable réelle, supposées de classe C (2) comme auparavant, une étude des variations de f permet d’encadrer les zéros de f dans des intervalles sur lesquels f est monotone et change de signe. Si, par exemple, f est strictement croissante sur [a, b] et si f (a) < 0 et si f (b) > 0, alors on sait qu’il existe une unique solution α ∈ [a, b] de f (α) = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 33 / 320 La méthode de Newton. Si la méthode de Newton appliquée avec a ou b comme première : s’il est positif, approximation échoue, on détermine le signe de f a+b 2 a+b on sait que α ∈ [a, 2 ] alors que s’il est négatif, alors α ∈ [ a+b 2 , b]. En répétant, on obtient une suite d’intervalles contenant α dont chacun est de longueur la moitié du précédent. Alors les suites des deux extrémités de ces intervalles convergent vers α (mais pas quadratiquement), et, à partir d’un certain rang, fourniront des approximations initiales à laquelle la méthode de Newton est applicable. Des méthodes plus précises existent pour des familles particulières de fonctions, et notamment pour les polynômes. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 34 / 320 La méthode de Newton. Le problème est beaucoup plus compliqué pour les fonctions complexes. En théorie, si f est analytique, on peut par exemple calculer numériR f 0 (z) 1 quement 2πi γ f (z) dz, où γ est un lacet. On sait qu’il s’agit d’un entier, égal au nombre de zéros de f à l’intérieur de γ ; il suffit alors de le calculer numériquement à un demi près. En prenant les lacets bordant des zones de plus en plus petites, on arrive en principe à localiser les zéros. Mais le calcul numérique (même à petite précision) d’une intégrale est beaucoup plus coûteux que celui de la valeur d’une fonction. En cas désespéré, on peut appliquer Newton avec des valeurs initiales choisies au hasard. Mais même si on obtient ainsi un ensemble de zéros de f , il reste à prouver qu’on a obtenu tous les zéros. Je ne parlerai pas du cas où f 0 (α) = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 35 / 320 La méthode de Newton. Exercice. Si f est un polynôme, montrer que le polynôme f / pgcd (f , f 0 ) a les mêmes racines que f , mais avec multiplicité un. Cela permet de ramener le calcul des racines d’un polynôme quelconque à celles d’un polynôme à racines simples. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 36 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Notre première application de l’AGM est de montrer comment calculer le logarithme d’un nombre réel à l’aide de suites à convergence quadratique. Théorème. Il existe des constantes A > 0, B > 0 telles que, pour tout x ∈]0, 1], on ait : π + log(x ) − 2 log(2) ≤ x 2 (A + B| log(x )|). 2M(x ) 5 La démonstration montrera que l’on peut prendre A = 12 + 34 1− √1 ≤ 2 0, 64 et B = 12 1 − √1 ≤ 0, 15, mais ces valeurs peuvent être diminuées 2 en faisant plus attention aux détails. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 37 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. En prenant x = 1/2n , n > 0 un entier, on trouve après division par n + 2 que log(2) − π 1 ≤ A + Bn log(2) 2(n + 2)M(1/2n ) (n + 2)22n En admettant pour l’instant le théorème de Brent et de Salamin, ce résultat permet donc le calcul de log(2). Il y alors plusieurs méthodes d’utiliser le théorème pour calculer log(x ), n x ∈ R× + . Par exemple, si n ≥ 0 est un entier tel que x /2 < 1 on peut n remplacer x par x /2 dans l’inégalité du théorème, ce qui donne : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 38 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. log(x ) + x π x2 A + B log n . − (n + 2) log(2) ≤ x 2n 2M( 2n ) 2 2 La fonction exponentielle peut alors être calculée à l’aide de la méthode de Newton : on interprète e x comme solution de l’équation log(y ) − x = 0. La puissance x α de x > 0 peut alors être calculée comme e α log(x ) : on calcule d’abord log(x ), puis α log(x ) et enfin on résoud l’équation log(y ) − α log(x ) = 0. En ce qui concerne les fonctions circulaires et circulaires réciproques, un point de départ sera d’interpréter la fonction arctangente comme l’argument d’un nombre complexe, c’est-à dire commme la partie imaginaire du logarithme d’un nombre complexe. Cela nous conduira à étendre l’AGM aux nombres complexes, ce qui sera de toute façon nécessaire pour la suite du cours. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 39 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Démonstration du théorème de la fiche 37 Elle est élémentaire, et il suffit donc d’en donner les grandes lignes. On divise l’intégrale π = 2M(x ) ∞ Z 0 dt p (1 + t 2 )(x 2 + t 2) en deux morceaux, l’intégrale sur [0, 1] et l’intégrale sur [1, +∞[. Sur [1, +∞[, on écrit Z +∞ p 1 dt (1 + t 2 )(x 2 + t 2 ) = I1 + I2 , où Z I1 = 1 +∞ dt p t (1 + t 2 ) John Boxall (LMNO) Z et I2 = − 1 +∞ 1 1 dt p −√ x 2 + t2 (1 + t 2 ) t L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 40 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Sur [0, 1], on utilise la décomposition Z 1 Z 1 dt dt p √ = + I3 + I4 , x 2 + t2 (1 + t 2 )(x 2 + t 2 ) 0 0 où Z I3 = − 1 1− √ 0 1 1 + t2 dt t Z , I4 = 0 1 1− √ 1 1 + t2 1 t −√ 1 x 2 + t2 dt. La convergence en 0 des intégrales I3 et I4 est garantie par la remarque suivante, qui servira également dans le calcul des constantes A et B : on a 1 1 ≤ 1 − √ t 2 pour tout t ∈ [0, 1]. 0≤1− √ 2 1 + t2 √ Cela se démontre, par exemple, en remarquant que la √ fonction u 7→ 1/ 1 + u est concave sur [0, 1] et prend les valeurs 1 et 1/ 2 en 0 et en 1 ; son graphe est donc situé d’af√ √ au dessous du segment droit joignant les points fixe (0, 1) et (1, 1/ 2). En posant u = t 2 , on en tire l’inégalité 1/ 1 + t 2 ≤ 1 − 1 − √1 t 2 pour tout t ∈ [0, 1] et la remarque en découle. 2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 41 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. √ Rappelons qu’une primitive de t → 7 1/ x 2 + t 2 (x fixée) est donnée √ 2 2 par t 7→ log(t + x + t ). On en tire que Z 1 √ 0 dt x 2 + t2 = log(1 + p x 2 + 1) − log(x ). En outre, le calcul de I1 et de I3 peut se faire à l’aide du changement de variable t = 1/u. On trouve après calcul, que Z 0 1 √ dt x 2 + t2 John Boxall (LMNO) + I1 + I3 = log(1 + p x 2 + 1) − log(x ) + log(2). L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 42 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. L’étude de I2 et de I4 consiste en la majoration de leurs modules ; on note que x 2 + t 2 ≥ t 2 et donc que √ 12 2 ≤ 1t car t > 0. x +t Considérons le cas de I2 . On a √ 1 1 x 2 + t2 − t 0≤ −√ = √ t x 2 + t2 t x 2 + t2 x2 √ = √ t x 2 + t 2 ( x 2 + t 2 + t) x2 ≤ 3. 2t √ Puisque 0 ≤ 1/ 1 + t 2 ≤ 1/t, on trouve : Z |I2 | ≤ 1 John Boxall (LMNO) +∞ x2 x2 dt = . 2t 4 6 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 43 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. √ D’autre part, en utilisant l’inégalité déjà établie 0 ≤ 1 − 1/ 1 + t2 ≤ 2 1 √ 1− t lorsque t ∈ [0, 1], on trouve : 2 |I4 | ≤ = ≤ = Z 1 1 2 1 1 1− √ t −√ dt t 2 0 x 2 + t2 √ Z 1 1 t2 x 2 + t2 − t √ dt 1− √ 2 0 t x 2 + t2 Z 1 1 p 2 1− √ x + t 2 − t dt 2 0 p 1 1 p 1− √ 1 + x 2 − 1 + x 2 (log(1 + x 2 + 1) − log(x )) . 2 2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 44 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. On déduit de ce qui précède que : Z 0 +∞ dt p (1 + t 2 )(x 2 + t 2 ) = log(1 + p x 2 + 1) − log(x ) + log(2) + (x ), où |(x )| ≤ |I2 | + |I4 | ≤ p 1 p x2 1 + 1− √ 1 + x 2 − 1 + x 2 (log(1 + x 2 + 1) − log(x )) . 6 2 2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 45 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Afin √ de conclure, on rappelle que, si y ∈ [0, 1], alors 0 ≤ log(1+y ) ≤ y et 1 ≤ 1 + y ≤ 1 + 12 y . Rappelons que x ≤ 1. (Cette hypothèse n’a pas encore été utilisée.) √ En prenant d’abord y = y1 = 21 1 + x 2 − 1 puis y = x 2 , on voit que p 0 ≤ log(1 + x 2 + 1) − log(2) = log(1 + y1 ) ≤ y1 1 1 p = 1 + x 2 − 1 ≤ x 2. 2 4 √ En outre, dans l’estimation de (x ), on voit que 1 + x 2 ≤ 12 x 2 et √ √ on majore log(1 + x 2 + 1) par log(1 + 2) puis par 1 car x ≤ 1 et √ 1 + 2 = 2, 414 · · · < 2, 718 · · · = e. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 46 / 320 Calcul du logarithme à l’aide de l’AGM réelle. Enfin, donc Z +∞ p dt (1 + t 2 )(x 2 + t 2 ) 0 = − log(x ) + 2 log(2) + 1 (x ), où x2 + (x ) 4 x2 x2 1 1 x2 ≤ + + 1− √ + x 2 (1 + | log(x )|) 4 6 2 2 2 5 3 1 2 1 1 = + 1− √ x + 1 − √ x 2 | log(x )|. 12 4 2 2 2 1 (x ) ≤ John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 47 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La moyenne arithmético-géométrique complexe. Nous aurons besoin d’étendre l’AGM aux nombres complexes, ce qui nécessite un peu de soin en raison des choix de racines carrées. Définition. Soient (a, b), (A, B) deux couples de nombres complexes. On dit que (A, B) est un itéré AGM de (a, b) si A = (a + b)/2 et B 2 = ab. On dit que (A, B) est le bon itéré de (a, b) si |A − B| < |A + B|. Dans le cas contraire, on dit que (A, B) est un mauvais itéré de (a, b). Il est clair que (a, b) a au plus deux itérés : si (A, B) est l’un deux, l’autre sera (A, −B). L’unicité du bon itéré en découle immédiatement. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 48 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Propriétés de base. Si ab 6= 0, alors (a, b) a deux itérés distincts, correspondant aux choix de racine carrée de ab. Si (A, B) est un itéré AGM de (a, b), il est également un itéré AGM de (b, a). En plus, (A, B) est un bon itéré de (a, b) si et seulement s’il est le bon itéré de (b, a). Si (A, B) ∈ C2 , alors (A, B) est un itéré de (a, b) si et seulement si a et b sont les racines de x 2 − 2Ax + B 2 . Soit c ∈ C× et soit (A, B) un itéré de (a, b). Alors (cA, cB) est un itéré AGM de (ca, cb). C’est le bon itéré de (cA, cB) si et seulement si (A, B) est le bon itéré de (a, b). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 49 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Soit (a, b) ∈ C2 et soit (A, B) un itéré AGM de (a, b). Supposons que d’abord que a est réel et que a > 0. Si b ∈ R et si b ≤ 0, alors |A − B| = |A + B| et (a, b) ne possède pas de bon itéré. √ Si b ∈ R et si b > 0, alors le bon itéré est celui où B = ab. Si b ∈ / R, le bon itéré est celui où B est le même côté de l’axe réel que b (faire un croquis). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 50 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Lorsque a 6= 0, on réduit au cas a = 1 grâce aux propriétés mentionnées dans la fiche 49. On trouve : Ou bien a, 0, et b sont colinéaires avec 0 situé entre a et b. Il n’y a alors pas de bon itéré. Ou bien a et b sont situés dans un même demi-plan ouvert H limité par une droite passant par 0. Alors le bon itéré (A, B) est celui avec B ∈ H. Il est clair que A ∈ H (voir la figure de la fiche 52). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 51 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. b B A 0 H −B a John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 52 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Définition. Soit (a, b) ∈ C2 . On dit que la suite (an , bn )n∈N est une suite AGM associée à (a, b) si (a0 , b0 ) = (a, b) et si, pour tout n ∈ N, (an+1 , bn+1 ) est un itéré AGM de (an , bn ). On dit que la suite (an , bn )n∈N est une bonne suite AGM associée à (a, b) si (an+1 , bn+1 ) est le bon itéré de (an , bn ) pour tout n à un nombre fini d’exceptions près. Dans le cas contraire, on dit que (an , bn )n∈N est une mauvaise suite AGM. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 53 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Si a et b sont situés dans un même demi-plan ouvert H limité par une droite passant par 0, et si (a1 , b1 ) est le bon itéré de (a, b), alors a1 ∈ H et b1 ∈ H (voir la fiche 51). En répétant, on obtient ainsi une bonne suite AGM (an , bn ) associée à (a, b). En outre, an , bn ∈ H pour tout n. Si a, 0 et b sont colinéaires avec 0 situé entre a et b et si b 6= 0, −a, les deux itérés (a1 , ±b1 ) sont situés dans les deux demi-plans ouverts limités par la droite a0b. Alors il existe une bonne suite AGM associée à (a1 , b1 ) et donc à (a, b). Enfin si b = −a, alors a1 = 0 et donc bn = 0 pour tout n ≥ 2 ce qui est une mauvaise suite AGM. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 54 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Théorème. Soit (an , bn )n∈N une suite AGM complexe. (i) Les suites (an )n∈N et (bn )n∈N convergent vers une limite commune `. (ii) La limite ` est invariante par permutation de a et de b. (iii) Pour que ` 6= 0, il faut et il suffit que (an , bn )n∈N soit une bonne suite AGM. Démonstration. Il suffit de traiter le cas où ab 6= 0. En outre, une fois l’existence de ` est acquise, le point (ii) est une conséquence du fait qu’un itéré de (a, b) est également un itéré de (b, a). Il suffit donc de traiter les points (i) et (iii). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 55 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Remarquons d’abord que si (A, B) est un itéré de (a, b) et si R = max(|a|, |b|), alors |A| ≤ 21 (|a| + |b|) ≤ R et |B| ≤ R. Par conséquent, la suite (Rn ) définie par Rn = max(|an |, |bn |) est décroissante. Montrons ensuite que si l’on fait une infinité de mauvais choix d’itérés, alors la limite ` existe et vaut 0. Pour cela, il suffit de montrer que si (an+1 , bn+1 ) est un mauvais itéré de (an , bn ), alors Rn+3 ≤ 34 Rn . Ce sera une conséquence immédiate du lemme suivant. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 56 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Lemme. Soit (a, b) ∈ C2 , ab 6= 0. Soit (A, B) un mauvais itéré de (a, b), soit (A0 , B 0 ) un itéré quelconque de (A, B) et soit (A00 , B 00 ) un itéré quelconque de (A0 , B 0 ). Soit R = max(|a|, |b|). Alors |A00 | ≤ 34 R et |B 00 | ≤ 3 4 R. Démonstration. On peut supposer que |b| ≥ |a|, puis que = 1 et √ aiθ/2 iθ donc que b = Re avec R ≥ 1 et |θ| ≤ π. Alors B = − Re . Par conséquent : √ √ A+B Re iθ + 1 − 2 Re iθ/2 ( Re iθ/2 − 1)2 0 A = = = . 2 4 4 √ Puisque | 2θ | ≤ π2 , Re iθ/2 appartient au demi-plan <(z) ≥ 0. Donc √ √ R 0 | Re iθ/2 − 1| ≤ R + 1 puis |A0 | ≤ R+1 4 . On a alors |A | ≤ 2 lorsque R ≥ 1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 57 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Puisque (A0 , B 0 ) est un itéré (double) de (a, b), on a |B 0 | ≤ R. Par conséquent, |A0 | + |B 0 | 3R |A00 | ≤ ≤ 2 4 et p R 3R |B 00 | = |A0 | |B 0 | ≤ √ ≤ , 4 2 ce qui achève la démonstration du lemme. Pour conclure la démonstration du théorème, il suffit de montrer que si (an , bn )n∈N est une bonne suite AGM, alors la limite ` existe et est non-nulle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 58 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Quitte à supprimer un nombre fini de termes, il suffit de traiter le cas où tous les itérés sont bons. Lemme. Soit (a, b) ∈ C2 et soit (A, B) le bon itéré de (a, b). Alors |A − B| < 12 |a − b|. Afin de démontrer le lemme, on choisit α, β tels que α2 = a, β 2 = b et αβ = B. Puisque A ± B = 21 (α ± β)2 et (A, B) est le bon itéré, on a |α − β| < |α + β|, d’où |A − B| = |α − β||α + β| |a − b| |α − β|2 < = . 2 2 2 En revenant au théorème, le lemme implique que |an − bn | < pour tout n et donc que an − bn → 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. 1 2n |a − b| le 2 avril 2008 59 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Plus généralement, le lemme implique que |ar +n+1 − ar +n | = |ar +n − br +n | 1 ≤ n+1 |ar − br | 2 2 pour tous r , n ≥ 0 puis que |ar +k+1 − ar +1 | ≤ k X n=1 |ar +n+1 − ar +n | ≤ k X n=1 1 |ar − br | ≤ |ar − br | 2n+1 pour tous r ≥ 0, k ≥ 0. Il s’ensuit que (an ) est de Cauchy, donc convergente. Enfin bn = an − (an − bn ) converge vers la même limite, que l’on note `. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 60 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Il reste à voir que ` 6= 0. On suppose que a et b appartiennent au demi-plan H = {<(z) > 0}, de sorte que an , bn ∈ H pour tout n (voir la fiche 54). Lemme. Soit (a, b) ∈ H 2 . Si (A, B) est le bon itéré de (a, b), alors min(<(A), <(B)) ≥ min(<(a), <(b)). Ce lemme se démontre par un calcul facile. Elle implique que la suite min(<(an ), <(bn ))n∈N est croissante. Par conséquent, <(`) ≥ min(<(a), <(b)) > 0. Il s’ensuit que ` 6= 0 et le théorème est démontré. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 61 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Propriétés de base. Exercice. Démontrer le lemme de la fiche 61. (En ce qui concerne l’étude de <(B), on pourra √ supposer <(b) ≥ <(a) puis écrire a = Ra e iθ , b = Rb e iφ . Alors <(B) = Ra Rb cos θ+φ 2 et il s’agit de montrer que si <(b) <(B) <(a) ≥ 1, alors <(a) ≥ 1.) Exercice. Déduire de l’exercice précédent que si a et b sont situés le même côté d’une droite D passant par 0, et si (A, B) est le bon itéré AGM de (a, b), alors A et B sont plus éloignés de D qu’au moins un parmi a et b (dans le sens que leur distance perpendiculaire à D est plus grande). Par conséquent, la bonne suite AGM associée à (a, b) s’éloigne de D. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 62 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Convergence quadratique. Convergence quadratique des bonnes suites AGM. Théorème. Toute bonne suite AGM converge quadratiquement. On note comme précédemment (an , bn ) le n-ième itéré d’une suite AGM associée à (a, b) ∈ C2 . La condition que la suite soit bonne est nécessaire. Par exemple, si b = 0, alors (an , bn ) = ( 2an , 0) quelque soit n et la convergence n’est que linéaire lorsque a 6= 0. En ce qui concerne la démonstration du théorème, il suffit de considérer le cas où <(a) > 0 et <(b) > 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 63 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Convergence quadratique. Dans ce cas, on a : |an+1 − bn+1 | = |an − bn |2 |an − bn |2 ≤ 4|an+1 + bn+1 | 4<(an+1 + bn+1 ) et, en appliquant le lemme de la fiche 61 : <(an+1 + bn+1 ) ≥ 2 min(<(an+1 ), <(bn+1 )) ≥ 2 min(<(a), <(b)). Par conséquent, on trouve |an+1 − bn+1 | ≤ John Boxall (LMNO) |an − bn |2 . 8 min(<(a), <(b)) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 64 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Convergence quadratique. Il s’ensuit que |an+2 − an+1 | = |an+1 − bn+1 | ≤ C0 |an − bn |2 , 2 où 1/C0 = 16 min(<(a), <(b)). Ensuite, |an+3 − an+2 | ≤ |an+2 − bn+2 | ≤ 4C03 |an − bn |4 2 et, en général, |an+k+1 − an+k | ≤ John Boxall (LMNO) 1 4C0 (2C0 |an k − bn |)2 pour tout k ≥ 2. L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 65 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Convergence quadratique. P En écrivant |an+k+1 − an+1 | ≤ kr=1 |an+r +1 − an+r | on voit que si n est suffisamment grand, il existe C > 0 tel que |an+k+1 −an+1 | ≤ C |an −bn |2 pour tout k ≥ 1, puis que |` − an+1 | ≤ C |an − bn |2 ≤ C (|` − an | + |` − bn |)2 . D’autre part, |` − bn+1 | ≤ |` − an+1 | + |an+1 − bn+1 | d’où, quitte à modifier C , on trouve également une majoration de la forme : |` − bn+1 | ≤ C (|` − an | + |` − bn |)2 . Par conséquent, (an , bn ) converge quadratiquement vers (`, `), d’où le résultat. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 66 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La meilleure suite AGM. La meilleure suite AGM. Soit (a, b) ∈ C2 . On appelera l’unique suite AGM avec terme initial (a, b) dont tous les itérés sont bons la meilleure suite AGM de terme initial (a, b) lorsque celle-ci existe. Rappelons qu’elle existe sauf lorsque a, 0 et b sont colinéaires et 0 est situé entre a et b. On note alors M(a, b) la limite. On a alors M(ca, cb) = cM(a, b) lorsque c ∈ C× . En particulier, M(a, b) = aM(1, b/a) et b/a n’est pas réel et négatif. Ce sont des conséquences des propriétés de la fiche 49. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 67 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La meilleure suite AGM. Soit H un demi-plan ouvert borné par une droite passant par l’origine, soit (a, b) ∈ H 2 et soit (A, B) le bon itéré de (a, b). Il est clair que A est une fonction continue de (a, b). Il en est le même pour B, comme on le voit en remarquant que la condition que B ∈ H entraîne que arg(B) − 12 arg(ab) est une fonction continue de (a, b). Par conséquent, elle est constante sur H × H et, comme |B| est clairement une fonction continue de (a, b), il en est le même pour B = |B|e i arg(B) . On en tire par récurrence sur n que tous les bons itérés (an , bn ) de (a, b) sont des fonctions continues de (a, b). Par ailleurs il est facile d’adapter la démonstration du théorème pour montrer que la convergence de (an , bn ) vers M(a, b) est localement uniforme. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 68 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La meilleure suite AGM. Soit par exemple D un disque fermé de rayon R > 0 contenu dans H. Si a ∈ D, b ∈ D, alors |a−b| ≤ 2R et on en tire que |an −bn | ≤ 2R/4n pour tout n. Par conséquent, an −bn tend vers 0 uniformément sur D. En outre, on a |ak+r +1 − ar | ≤ |ar − br | ≤ 2R/4r pour tout k ≥ 0, r ≥ 0, ce qui entraîne que (an ) est uniformément de Cauchy sur D. Puisque bn = an − (an − bn ), l’affirmation en découle aussitôt. D’où le résultat suivant. Proposition. Soit H un demi-plan ouvert de C bordé par une droite passant par l’origine et soit (an , bn )n≥0 la meilleure suite AGM de terme initial (a, b) ∈ H × H. Alors, pour tout n ∈ N, an et bn sont des fonctions continues de (a, b) et la convergence de (an , bn )n≥0 vers M(a, b) est localement uniforme. Par conséquent, M(a, b) est une fonction continue de (a, b). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 69 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La fonction M(z). La fonction M(z). Comme dans le cas où z est réel et positif, on pose M(z) = M(1, z). Il existe un hyperplan H bordé par une droite passant par l’origine et contenant 1 et z si et seulement si z n’est pas réel et négatif. Le domaine de définition de M est donc égal à C dépourvu des réels négatifs : on notera ce domaine par D. Il est clair que D est simplement connexe. Théorème. (i) La fonction M est holomorphe sur D et ne s’y annule pas. (ii) Pour tout z ∈ C avec <(z) > 0, on a Z 1 1 +∞ dt p = . 2 M(z) π −∞ (1 + t )(z 2 + t 2 ) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 70 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La fonction M(z). Avant de donner la démonstration, voici quelques rappels sur les fonctions d’une variable complexe. Si z ∈ D, on note Z log(z) = 1 z dw w le logarithme principal de z, où le chemin d’intégration de 1 vers z est arbitraire. Alors z 7→ log(z) est une fonction holomorphe sur D. √ Si α ∈ R, on pose z α = e α log(z) et on note souvent z 1/2 par z. Alors √ 2 √ ( z) = z et, lorsque z est réel et positif, z est la racine carrée (positive) de z. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 71 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La fonction M(z). Soit Ω ⊆ C un domaine simplement connexe et soit f : Ω → D une fonction holomorphe. Alors f ne s’annule pas sur Ω et l’on a, pour tout z, z0 ∈ Ω Z z 0 f (w ) dw . log(f (z)) = log(f (z0 )) + z0 f (w ) En fixant z0 ∈ Ω, on en tire que la fonction z 7→ log(f (z)) est holomorphe sur Ω. En outre, on a e log(f (z)) = f (z) pour tout z ∈ Ω. Si α ∈ R, on voit alors que les fonctions z 7→ f (z)α = e α log(f (z)) , z 7→ p f (z) = f (z)1/2 . sont holomorphes sur Ω. Lorsque <(z) > 0, z 2 p n’est pas réel et négatif et donc (1+t 2 )(z 2 +t 2 ) ∈ D pour tout t ∈ R. Ainsi, (1 + t 2 )(z 2 + t 2 ) s’entend selon les définitions qui viennent d’être données. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 72 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La fonction M(z). Démonstration du théorème. (i) Nous savons déjà que M ne s’annule pas. Notons (an (z), bn (z)) la meilleure suite AGM de terme initial (1, z). Vérifions par récurrence sur n que les fonctions an (z) et bn (z) sont holomorphes, le cas n = 0 étant clair. Si an (z) et bn (z) sont holomorphes, il est clair que an+1 (z) l’est aussi. Le problème concerne bn+1 (z) et le choix de racine carrée. Mais nous savons déjà que bn+1 (z) est une fonction continue, et un choix continu de racine carrée est holomorphe. Enfin, la convergence de (an (z), bn (z)) vers M(z) est localement uniforme, ce qui suffit pour établir la holomorphie de M(z). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 73 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. La fonction M(z). p (ii) Nous avons déjà remarqué que (1 + t 2 )(z 2 + t 2 ) 6= 0 lorsque t ∈ R, et cette fonction est équivalente à t 2 lorsque t → ±∞, l’équivalence étant localement uniforme en z. Cela suffit pour assurer la convergence de l’intégrale ; le fait qu’elle représente une fonction holomorphe de zR est alors conséquence d’un argument standard de dérivation sous le signe . Enfin, la formule annoncée est déjà établie lorsque z est réel et strictement positif. Les deux côtés de la formule étant des fonctions holomorphes, on en tire leur égalité pour tout z avec <(z) > 0 par le principe de continuation analytique. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 74 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. Calcul des fonctions trigonométriques. Revenons au calcul des fonctions élémentaires par des méthodes à convergence quadratique. L’idée est de généraliser le théorème de la fiche 37 aux valeurs complexes. Théorème. Il existe des constantes A > 0, et B > 0 telles que, pour tout z ∈ C× vérifiant |z| ≤ 1 et | arg(z)| ≤ π/4, on ait π + log(z) − 2 log(2) ≤ |z|2 A + B log(|z|) 2M(z) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 75 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. Le théorème permet de calculer arctan t lorsque t ∈ R. En effet, grâce à la relation arctan(t) + arctan(1/t) = ±π/2, il suffit de traiter le cas où |t| ≤ 1. On choisit alors un nombre complexe z = x + iy avec x > 0 et y /x = t. Soit n ≥ 0 un entier tel que |z/2n | ≤ 1. Alors en remplaçant z par z/2n dans la formule du théorème, on trouve log(z) + |z|2 π − (n + 2) log(2) ≤ 2n A + B log(|z|/2n ) . z 2M( 2n ) 2 En prenant n assez grand, on obtient une approximation de log(z). Nous savons déjà calculer log(|z|), ce qui permet de retrouver arctan(t) à l’aide de la formule log(z) = log(|z|) + i arctan(y /x ). La fonction tangente peut alors être calculée à l’aide de la méthode de Newton : si θ ∈ [0, π/2[, on calcule tan θ comme solution de l’équation arctan(t) = θ. Les fonctions sin, cos, . . ., se calculent alors à l’aide des formules usuelles les liant à la fonction tangente. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 76 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. La démonstration du théorème suit essentiellement la même démarche que dans le cas réel, mais certains détails doivent être revus. Par la suite, I1 , I2 , I3 , I4 ont les mêmes sens que dans la démonstration du théorème de la fiche 37, sauf que x est remplacé par z. Les intégrales I1 et I3 ne font pas intervenir z, et leur étude est inchangée. En outre, pour les valeurs de z considérées, t 7→ log(t + √ une primitive de t 7→ 1/ z 2 + t 2 . Par conséquent, Z 1 0 dt = log(1 + p + I1 + I3 = log(1 + p √ z2 + t2 √ z 2 + t 2 ) est z 2 + 1) − log(z), d’où Z 0 1 √ dt z2 + t2 John Boxall (LMNO) z 2 + 1) − log(z) + log(2). L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 77 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. Par contre, il faudrait revoir les études de I2 et de I4 . Pour cela, on pose z = x +iy , où x , y ∈ R. L’hypothèse que | arg(z)| ≤ π/4 équivaut alors à 0 ≤ |y | ≤ x . En plus, on a x > 0. Par conséquent, on a z 2 + t 2 = (x 2 − y 2 + t 2 ) + 2xyi d’où |z 2 + t 2 |2 = (x 2 − y 2 + t 2 )2 + 4x 2 y 2 = (x 2 + y 2 )2 + t 4 + 2(x 2 − y 2 )t 2 ≥ (x 2 + y 2 )2 + t 4 = |z|4 + t 4 > t 4 . Il s’ensuit que |z 2 + t 2 | > t pour tout t ≥ 0. En utilisant la majoration √ 2 0 ≤ 1/ 1 + t ≤ 1/t, on trouve : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 78 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Z +∞ Calcul des fonctions trigonométriques. 1 1 −√ 2 2 2 t 1 + t z + t 1 Z +∞ 1 1 ≤ 2− √ 2 dt 2 t t z +t 1 √ Z +∞ 2 z + t2 − t = dt 2√ 2 t z + t2 1 Z +∞ z2 √ √ = 2 2 dt 2 2 2 t z + t (t + z + t ) 1 Z +∞ dt 2 ≤ |z| , 4 2t 1 |I2 | ≤ √ dt d’où l’estimation |I2 | ≤ |z|2 /6 comme dans le cas réel. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 79 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. En ce qui concerne I4 , on trouve, par le même genre de raisonnement : 1 |I4 | ≤ 1 − √ 2 Z 1 p z 2 + t 2 − t dt. 0 Afin de traiter cette intégrale, √ les conditions t > 0 et √ on remarque que 0 ≤ |y | ≤ x entraînent que | z 2 + t 2 + t| ≥ | z 2 + t 2 |, d’où : Z √ −1 1 − 1/ 2 |I4 | ≤ 0 Z ≤ 0 1 √ z2 dt z2 + t2 + t Z 1 z2 dt 2 √ √ 2 = |z| 2 2 z +t 0 | z + t 2| 1 Il a déjà été établi que |z 2 + t 2 |2 ≥ |z|4 + t 4 et il s’ensuit que : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 80 / 320 Calcul des fonctions trigonométriques. La moyenne arithmético-géométrique complexe. Z √ −1 1 − 1/ 2 |I4 | ≤ |z|2 1 dt √ 2 | z + t 2| 1 dt 0 2 Z ≤ |z| 0 p 4 |z 4 | 2 + t4 Z 1/|z| √ 4 = |z| 0 du , 1 + u4 où on a effectué le changement de variable t = |z|u. En écrivant, par exemple Z 0 1/|z| √ 4 du = 1 + u4 Z 0 1 √ 4 du + 1 + u4 Z 1 1/|z| du + u Z 1 1/|z| √ 4 1 1 − du, 1 + u4 u on obtient aussitôt une estimation de I4 de la forme |I4 | ≤ |z|2 C + D| log(|z|)| , avec des constantes C > 0, D > 0 qui peuvent être calculées explicitement. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 81 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. On obtient à nouveau donc une relation de la forme Z 0 +∞ dt p (1 + t 2 )(z 2 + t 2) = log(1 + p z 2 + 1) − log(z) + log(2) + (z), où |(z)| ≤ |z|2 C1 + D1 | log(|z|)| , où C1 > 0, D1 > 0 sont des constantes. Pour conclure, il reste √ à voir qu’il existe des constantes C2 > 0 et D2 > 0 telles que | log(1 + z 2 + 1) − log(2)| ≤ |z|2 C2 + D2 | log(|z|)| pour tout z avec |z| ≤ 1. En fait, il suffit d’établir √ une telle borne pour tout z avec |z| ≤ 1/2, car la fonction log(1 + z 2 + 1) − log(2) est bornée dans la couronne {z ∈ C | 1/2 ≤ |z| ≤ 1} John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 82 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. Soit ρ ∈]0, 1] qui sera choisi convenablement plus tard. Si |z| ≤ ρ, alors |1/(1 + z)| ≥ 1/(1 − ρ) et donc Z z ds ≤ |z| . | log(1 + z)| = 1 + s 1−ρ 0 √ En remplaçant z par 12 1 + z 2 − 12 , on trouve | log(1 + p 1p 1 z 2 + 1) − log(2)| = | log 1 + ( 1 + z2 − ) | 2 2 √ 1 + z 2 − 1 ≤ 2(1 − ρ) √ lorsque | 1 + z 2 − 1| ≤ 2ρ. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 83 / 320 La moyenne arithmético-géométrique complexe. Calcul des fonctions trigonométriques. En utilisant le développement de Taylor au voisinage de 0 et le fait que les coefficients binomiaux 1/2 sont majorés en module par 1/2, on voit r que p 1 |z|2 | 1 + z 2 − 1| ≤ 2 1 − |z|2 lorsque |z| < 1. √ Si donc |z| ≤ 1/2, alors | 1 + z 2 − 1| ≤ 2|z|2 /3 ≤ 1/6 et on peut prendre ρ = 1/12. Au total, donc √ p 1 + z 2 − 1| | 2|z|2 /3 4 | log(1 + z 2 + 1) − log(2)| ≤ ≤ = |z|2 2(1 − ρ) 2(1 − ρ) 11 lorsque |z| ≤ 1/2. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 84 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Polynômes de degré 3 ou 4 à racines simples. Soient α, β, γ trois réels deux-à-deux distincts et non nuls. Si b > a > max(0, α, β, γ), alors le changement de variable t = 1/u montre que b Z a Z dt p (t − α)(t − β)(t − γ) 1/a = 1/b du p u(1 − αu)(1 − βu)(1 − γu) . Notre étude d’intégrales elliptiques sera basée sur leur comportement par rapport aux changements de variable de la forme t = 1/u et, plus généralement, de la forme t = (au + b)/(cu + d). Ces remarques suggèrent que l’étude va faire intervenir des polynômes de degré 3, et qu’il pourrait être utile d’imaginer ceux-ci comme des polynômes de degré 4 à coefficient directeur 0, et dont la quatrième racine est « passée à l’infini ». Les fiches qui suivent ont pour but de donner un sens précis à tout cela. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 85 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. La droite projective. Soit k un corps commutatif. On note Pk la droite projective de k, c’est-à-dire l’ensemble des droites vectorielles du k-espace vectoriel k 2 . Une droite de Pk est engendrée par un élément (u, v ) 6= (0, 0) de k 2 . Si v 6= 0, alors elle est encore engendrée par (u/v , 1) et, si v = 0, (1, 0) est encore un générateur. Ainsi, on obtient une bijection entre les droites de Pk et l’ensemble k ∪ {∞} en envoyant la droite engendrée par (u, v ) sur u/v lorsque v 6= 0 et sur ∞ lorsque v = 0. La droite engendrée par (1, 0) sera appelée la droite à l’infini. Le groupe GL2 (k) des matrices inversibles d’ordre deux à coefficients dans k agit sur k 2 par a b (u, v ) = (au + bv , cu + dv ). c d John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 86 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. L’action transforme les droites vectorielles dans k 2 en des droites vectorielles de k 2 . Elle induit donc une action de GL2 (k) sur Pk . Cette action induit une action de GL2 (k) sur k ∪ {∞}. Explicitement, a b si α ∈ k ∪ {∞} et si ∈ GL2 (k), alors c d aα + b a b . (α) = c d cα + d Ici, le membre droit a son sens usuel lorsque α 6= ∞ et lorsque cα+d 6= 0. Lorsque α = ∞, α correspond à la droite engendrée par (1, 0), qui est transformée en celle engendrée par (a, c). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 87 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Par conséquent, La droite projective. a b (∞) — c d et donc également a∞ + b — c∞ + d a lorsque c 6= 0 et ∞ lorsque c = 0 (auquel cas ad 6= 0 car la c matrice est supposée inversible). signifient De même, la matrice transforme la droite engendrée par (−d, c) en la aα + b a b droite à l’infini. Par conséquent, lorsque α = −d/c, (α) et c d cα + d signifient ∞ dans ce cas. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 88 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. Lemme. (i) La matrice a b c d ∈ GL2 (k) fixe la droite à l’infini si et seulement si c = 0. (ii) Les seules matrices de GL2 (k) fixant toutes les droites de Pk sont les matrices scalaires. a b Démonstration. (i) C’est clair, car (1, 0) = (a, c) et (a, c) c d engendre la droite à l’infini si et seulement si c = 0. a 0 (ii) Les matrices scalaires fixent toutes les droites, car (u, v ) = 0 a (au, av ) et (u, v ) et (au, av ) engendrent la même droite lorsque a 6= 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 89 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. a b Réciproquement, si fixe toutes les droites, alors elle fixe en c d particulier la droite à l’infini, et donc c = 0 d’après le (i). En outre, en utilisant le fait que la matrice fixe la droite engendrée par (0, 1), on voit que b = 0. a 0 transforme la droite engendrée Enfin, la matrice diagonale 0 d par (1, 1) en celle engendrée par (a, d), et ces deux droites coïncident si et seulement si a = d. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 90 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. Remarque. La démonstration de (ii) montre que, en fait, seules les matrices scalaires fixent les trois droites engendrées par (0, 1), par (1, 1) et la droite à l’infini. Les matrices scalaires forment un sous-groupe distingué S de GL2 (K ), et le groupe quotient GL2 (k)/S est appelé le groupe projectif linéaire (d’ordre deux) de k et noté PGL2 (k). La partie (ii) de la proposition entraîne que les actions de GL2 (k) sur Pk et sur k ∪{∞} induisent des actions de PGL2 (k) sur ces deux ensembles. En outre, le seul élément de PGL2 (k) qui fixe tous les éléments de Pk (ou de k ∪ {∞}) est l’élément neutre. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 91 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. Théorème. (i) L’action de PGL2 (k) sur Pk est triplement transitive. (ii) Le seul élément de PGL2 (k) qui fixe trois éléments distincts de Pk est l’élément neutre. Rappelons d’abord ce que cela signifie. En général, si Γ est un groupe agissant sur un ensemble X , l’action est dite transitive si, étant donnés x , y ∈ X , il existe γ ∈ Γ tel que γ(x ) = y . Si n ≥ 1 est un entier, l’action est dite n-fois transitive si l’action induite sur l’ensemble X {n} des n-tuples d’éléments de X deux-à-deux distincts est transitive. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 92 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. Démonstration. (i) On suppose que (u1 , v1 ), (u2 , v2 ), (u3 , v3 ) engendrent trois droites deux-à-deux distinctes D1 , D2 , D3 . Il suffit de trouver M ∈ GL2 (k) telle que M(0, 1) engendre D1 , M(1, 1) engendre D2 et M(1, 0) a b engendre D3 . Écrivons M = et cherchons des conditions sur les c d coefficients a, b, c, d. Puisque M(0, 1) engendre D1 , il existe p ∈ k × tel que (b, d) = p(u1 , v1 ) ; puisque M(1, 0) engendre r ∈ k × tel que (a, c) = D3 , il existe ru3 pu1 r (u3 , v3 ). Par conséquent, M = et donc M(1, 1) = (ru3 + rv3 pv1 pu1 , rv3 + pv1 ) doit être un multiple scalaire de (u2 , v2 ). Les droites engendrées par (u1 , v1 ) et par (u3 , v3 ) étant supposées distinctes, le déterminant u3 v1 − u1 v3 est non-nul et, par conséquent, il existe une unique solution (p, r ) du système ru3 + pu1 = u2 , rv3 + pv1 = v2 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 93 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. (ii) Si N est une seconde matrice telle que N(0, 1) engendre D1 , N(1, 1) engendre D2 et N(1, 0) engendre D3 on voit en suivant le même raisonne su3 qu1 × ment que dans la partie (i) qu’il existe q, s ∈ k tels que N = sv3 qv1 et N(1, 1) = (su3 + qu1 , sv3 + qv1 ) soit un multiple scalaire de (u2 , v2 ), par exemple égal à (tu2 , tv2 ). On en tire que (q, s) = t(p, r ) puis que N = tM est un multiple scalaire de M. Une autre démonstration serait d’appliquer la remarque de la fiche 91 à la matrice MN −1 . En effet, cette matrice fixe les droites engendrées par (0, 1), par (1, 1) et par (1, 0) et donc, d’après la remarque en question, il s’agit d’une matrice scalaire. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 94 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. La droite projective. Rappelons pour mémoire le résultat suivant, qui sera utilisé plus loin. Théorème. Soit k un corps commutatif. (i) Le groupe linéaire spécial SL2 (k) des matrices carrées d’ordre 2 et de déterminant 1 est engendré par les matrices 0 −1 1 b a 0 , b ∈ k, et , a ∈ k ×. 1 0 0 1 0 1/a (ii) Le groupe linéaire GL2 (k) est engendré par les matrices 0 −1 1 b a 0 , b ∈ k, et , a ∈ k ×. 1 0 0 1 0 1 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 95 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. Le birapport. Rappelons que k désigne un corps commutatif ; nous supposerons désormais qu’il posséde au moins 3 éléments. On note Rk l’ensemble des quadruplets (α, β, γ, δ) d’éléments de k ∪ {∞} deux-à-deux distincts. Par définition, le birapport de (α, β, γ, δ) ∈ Rk est donnée par B(α, β, γ, δ) = (α − γ)(β − δ) . (α − δ)(β − γ) Lorsque α, β, γ et δ appartiennent à k, B est un élément non nul de k bien définie car α, β, γ et δ sont supposés deux-à-deux distincts. En outre, B(α, β, γ, δ) 6= 1, car dans le cas contraire, (α − γ)(β − δ) = (α−δ)(β −γ) ce qui impliquerait après simplificaiton que (α−β)(γ −δ) = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 96 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. Pour comprendre ce que B(α, β, γ, δ) devrait signifier lorsque ∞ ∈ {α, β, γ, δ}, on suit la même démarche que dans les explications concernant a b le sens de (∞) : si α, β, γ et δ correspondent aux droites vectorielles c d engendrées respectivement par (u1 , v1 ), (u2 , v2 ), (u3 , v3 ) et (u4 , v4 ), alors B(α, β, γ, δ) = (u1 v3 − u3 v1 )(u2 v4 − u4 v2 ) . (u1 v4 − u4 v1 )(u2 v3 − u3 v2 ) Par exemple, afin de déterminer B(α, β, γ, ∞), on pose (u1 , v1 ) = (α, 1), (u2 , v2 ) = (β, 1), (u3 , v3 ) = (γ, 1) et (u4 , v4 ) = (1, 0) et on trouve B(α, β, γ, ∞) = John Boxall (LMNO) α−γ . β−γ L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 97 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. Après calcul, on trouve dans tous les cas que B(α, β, γ, δ) ∈ k − {0, 1}. En particulier, B(λ, 1, 0, ∞) = λ, λ 6∈ {0, 1, ∞}, ce qui montre la première partie du résultat suivant. Théorème. (i) Le birapport est une application surjective de Rk vers k − {0, 1}. (ii) Pour que deux éléments (α, β, γ, δ) et (α0 , β 0 , γ 0 , δ 0 ) aient le même birapport, il faut et il suffit qu’il existe M ∈ GL2 (k) tel que M(α) = α0 , M(β) = β 0 , M(γ) = γ 0 et M(δ) = δ 0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 98 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. La démonstration de la partie (ii) commence avec la vérification que B(M(α, β, γ, δ)) = B(α, β, γ, δ). Il suffit de le faire lorsque M fait partie des matrices génératrices de GL2 (k) indiquées dans le théorème de la fiche 95. Dans chaque cas, le calcul est aisé (mais un peu répétitif). Pour montrer la réciproque, on utilise le théorème de la fiche 92. Celuici implique qu’il existe N, N 0 ∈ GL2 (k) tels que N(β) = N 0 (β 0 ) = 1, N(γ) = N 0 (γ 0 ) = 0 et N(δ) = N 0 (δ 0 ) = ∞. Ces matrices sont uniques à multiplication par un scalaire près. Posons M = N 0 N −1 . Alors M(β) = β 0 , M(γ) = γ 0 et M(δ) = δ 0 : il reste à voir que M(α) = α0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 99 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. On a B(α, β, γ, δ) = B(N(α), N(β), N(γ), N(δ)) = B(N(α), 1, 0, ∞) = N(α) et, de la même manière, B(α0 , β 0 , γ 0 , δ 0 ) = N 0 (α). Par hypothèse, B(α, β, γ, δ) = B(α0 , β 0 , γ 0 , δ 0 ). On a donc N(α) = N 0 (α0 ), d’où M(α) = α0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 100 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. Le birapport B(α, β, γ, δ) n’est pas invariant par permutation des coordonnées α, β, γ et δ. On voit toutefois que B(α, β, γ, δ) = B(β, α, δ, γ) = B(γ, δ, α, β) = B(δ, γ, β, α), autrement dit, que B est stable par le sous-groupe distingué V = {e, (12)(34), (13)(24), (14)(23)} du groupe symétrique S4 . (Ici, e désigne l’élément neutre de S4 et (i j), 1 ≤ i < j ≤ 4 la transposition qui interchange la i-ème et la j-ème coordonnée.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 101 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Le birapport. En prenant un système de représentants de S4 suivant V (par exemple les éléments du sous-groupe de S4 qui fixent la quatrième coordonnée), on constate que si B(α, β, γ, δ) = λ, alors les valeurs prises par B lorsque α, β, γ et δ sont permutés sont : λ, 1/λ, 1 − λ, 1/(1 − λ), λ/(λ − 1) et (λ − 1)/λ. (Il suffit de faire le calcul lorsque (α, β, γ, δ) = (λ, 1, 0, ∞) — pourquoi ?) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 102 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Invariants. On note Pk l’ensemble des polynômes de degré 3 où 4 et à coefficients dans k, et dont toutes les racines sont simples. (On n’exige pas que les racines appartiennent à k.) Un élément de Pk s’écrit alors at 4 +bt 3 +ct 2 +dt+e, avec (a, b, c, d, e) ∈ k 5 et, si a = 0, alors b 6= 0. Soit P ∈ Pk et soit {α, β, γ, δ} ⊆ k ∪ {∞} l’ensemble de ses racines, ∞ étant considéré comme racine si et seulement si P est de degré 3. En prenant les racines dans des ordres différents, on obtient 24 éléments de Rk puis, comme nous venons de le voir, 6 valeurs (généralement distinctes) de leurs birapports. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 103 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Si λ est l’une de ces valeurs, les autres étant 1/λ, 1 − λ, 1/(1 − λ), (λ − 1)/λ et λ/(λ − 1), on trouve que les coefficients du polynôme f (x ) = (x − λ)(x − 1/λ)(x − (1 − λ))(x − 1/(1 − λ))(x − (λ − 1)/λ)(x − λ/(λ − 1)) ne dépendent que de P et non de l’ordre dans lequel on prend les racines. En fait, si l’on pose µ = µ(P) = µ(λ) = (λ2 − λ + 1)3 , (λ(λ − 1))2 on trouve après calcul que f (x ) = x 6 − 3x 5 − (µ − 6)x 4 + (2µ − 7)x 3 − (µ − 6)x 2 − 3x + 1 et que µ(λ) = µ(1/λ) = µ(1 − λ) = µ(1 − 1/λ) = µ((λ − 1)/λ) = µ(λ/(λ − 1)). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 104 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. On définit une action à droite de GL2 (k) sur Pk par at + b (P, M) 7→ (P · M)(t) = (ct + d)4 P , ct + d où M = ca db . Lemme. Si {α, β, γ, δ} est l’ensemble des racines de P, alors {M −1 (α), M −1 (β), M −1 (γ), M −1 (δ)} est l’ensemble des racines de P · M. Le résultat suivant découle alors des considérations précédentes : Théorème. On suppose que le corps k soit algébriquement clos (par exemple que k = C). Soient P, Q ∈ Pk . Pour que µ(P) = µ(Q), il faut et il suffit qu’il existe M ∈ GL2 (k) et c ∈ k × tels que Q = c(P · M). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 105 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. La constante c est nécessaire car un polynôme n’est déterminé par ses racines qu’à une constante multiplicative près. Étant donné µ ∈ k, les valeurs correspondantes de λ sont les racines du polynôme (x 2 − x + 1)3 − µ(x (x − 1))2 . Notons que si k n’est pas algébriquement clos, il n’est pas forcément possible de prendre pour M une matrice à coefficients dans k. En effet, les birapports formés avec les racines d’un polynôme P à coefficients dans k n’appartiennent pas, en général, à k. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 106 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Rappelons que, selon le théorème des fonctions symétriques, toute fonction polynôme des racines d’un polynôme qui est symétrique par permutation des racines est une fonction des coefficients du polynôme. Si P est un polynôme de degré 4, P(t) = at 4 + bt 3 + ct 2 + dt + e, et si α, β, γ et δ sont les racines de P, alors α + β + γ + δ = −b/a, αβ + αγ + αδ + βγ + βδ + γδ = c/a, αβγ + αβδ + αγδ + βγδ = −d/a, αβγδ = e/a, comme on le voit en comparant les coefficients après avoir développé P(t) = a(t − α)(t − β)(t − γ)(t − δ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 107 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Si en plus, P ∈ Pk , on voit que µ vaut (α − γ)2 (β − δ)2 − (α − γ)(β − δ)(α − δ)(β − γ) + (α − δ)2 (β − γ)2 (α − β)2 (α − γ)2 (α − δ)2 (β − γ)2 (β − δ)2 (γ − δ)2 3 Ici, le dénominateur est le discriminant de P, divisé par a6 . Il est invariant par permutation des racines et s’exprime donc en fonction des coefficients a, b, c, d et e. La formule précise n’est pas très éclairante : il suffit de dire qu’il s’agit d’un polynôme homogène de degré six. Notons le discriminant ∆(P). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 108 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Le numérateur est le cube d’un polynôme (α − γ)2 (β − δ)2 − (α − γ)(β − δ)(α − δ)(β − γ) + (α − δ)2 (β − γ)2 qui est, lui aussi, invariant par permutation des racines α, β, γ, δ. Après calcul, on trouve qu’il est égal à c 2 − 3bd + 12ae . a2 Par conséquent, en multipliant numérateur et dénominateur par a6 , on trouve : (c 2 − 3bd + 12ae)3 . µ(P) = ∆(P) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 109 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Cette formule reste valable lorsque P ∈ Pk est de degré trois, mais il faut faire attention au sens de ∆(P), qui est alors obtenu en substituant a = 0 dans la formule pour le discriminant d’un polynôme de degré 4. Mais, si P(t) = bt 3 + ct 2 + dt + e, b 6= 0 le discriminant ∆3 (P) vaut −27b 2 e 2 + 18bcde − 4bd 3 + c 2 d 2 − 4c 3 e alors que ∆(P) = b 2 ∆3 (P). Par conséquent, lorsque P ∈ Pk est de degré 3, on a : µ(P) = (c 2 − 3bd)3 . b 2 ∆3 (P) Exercice. Vérifier cette formule directement par un calcul avec les fonctions des racines d’un polynôme de degré 3. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 110 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. On a coutume de poser j(P) = j = 256µ = 256 (λ2 − λ + 1)3 ; (λ(λ − 1))2 j s’appelle alors l’invariant modulaire du polynôme P, et nous utiliserons désormais la fonction j plutôt que la fonction µ. Le facteur 256 = 28 conduit à une perte d’information en caractéristique deux mais, dans le contexte des courbes elliptiques sur un corps de caractéristique différente de deux, notre formule coïncide bien avec l’invariant j de la courbe elliptique d’équation y 2 = P(x ) lorsque P ∈ Pk est de degré 3. Par contre, en caractéristique deux, une équation de cette forme ne définit plus une courbe elliptique : de telles courbes et leur invariant j sont alors définis d’une manière différente. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 111 / 320 Polynômes de degré 3 et 4. Invariants. Exercice. (i) Vérifier que si P(t) = (a2 + t 2 )(b 2 + t 2 ), alors j(P) = 16 (a4 + 14a2 b 2 + b 4 )3 . a2 b 2 (a2 − b 2 )4 (ii) Lorsque k est algébriquement clos (et de caractéristique différente de deux), montrer que si j ∈ k, alors il existe a, b ∈ k tels que j = j(P). Exercice. Soit j ∈ k, k un corps de caractéristique différente de deux. (i) Vérifier que si j ∈ k, j 6= 0, 1728, et si P(t) = t 3 + 36t 1 t2 − − , 4 j − 1728 j − 1728 alors j(P) = j. (ii) Construire des polynômes unitaires P de degré trois à coefficients dans k vérifiant j(P) = 0, j(P) = 1728. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 112 / 320 Des intégrales elliptiques aux fonctions elliptiques Des intégrales elliptiques aux fonctions elliptiques En toute généralité, une intégrale elliptique est une intégrale de la forme Z z p R(w , f (w )), dw z0 où R est une fonction rationnelle et f un polynôme de degré 3 ou 4 sans racine multiple. Si f était de degré un ou deux, une telle intégrale s’exprimerait en termes des fonctions rationnelles, de logarithmes et de fonctions trigonométriques réciproques (arcsin, arccos et arctan). Ces fonctions réciproques sont bien moins agréables que les fonctions directes (exponentielle, fonctions sinus et cosinus, . . .). Les fonctions trigonométriques s’expriment en fonction de la fonction exponentielle grâce aux formules cos z = (e iz + e −iz )/2, sin z = (e iz − e −iz )/2i. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 113 / 320 Des intégrales elliptiques aux fonctions elliptiques Une propriété remarquable de la fonction exponentielle est sa périodicité : e z+2πi = e z pour tout z ∈ C. Les travaux des mathématiciens des dix-huitième et dix-neuvième siècles cherchant à comprendre les intégrales elliptiques ont revélés que ces intégrales s’expriment en termes de fonctions réciproques de fonctions à deux périodes indépendantes, appelées aujourd’hui fonctions elliptiques. Ce sont ces fonctions que nous allons maintenant étudier. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 114 / 320 Fonctions elliptiques Fonctions elliptiques Par définition, une fonction elliptique est une fonction méromorphe (sur C) possédant deux périodes complexes R-linéairement indépendantes. Si f est une fonction elliptique on note Per(f ) l’ensemble de ses périodes ; il s’agit d’un sous-groupe fermé du groupe additif des nombres complexes. Proposition. Soit f une fonction elliptique. Alors (i) ou bien Per(f ) = C et f est constante ; (ii) ou bien il existe une base (ω1 , ω2 ) du R-espace vectoriel C telle que Per(f ) = {mω1 + nω2 | (m, n) ∈ Z2 }. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 115 / 320 Fonctions elliptiques En général, on appelle réseau d’un R-espace vectoriel de dimension finie E tout sous-groupe du groupe additif de E engendré par une base de E. Dans ce langage, la proposition dit que si f est une fonction elliptique non constante, alors Per(f ) est un réseau de C. On montre plus généralement que si Ω est un réseau de E et si Ω0 est un sous-groupe fermé du groupe additif E contenant Ω, alors : — ou bien Ω est d’indice fini dans Ω0 , et alors Ω0 est un réseau ; — ou bien Ω0 /Ω est infini, et alors Ω0 contient une droite vectorielle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 116 / 320 Fonctions elliptiques Soit donc f une fonction elliptique. Par hypothèse, Per(f ) contient un réseau Ω de C. Dire que Per(f ) contient une droite vectorielle signifie qu’il existe ω ∈ C× tel que Rω ⊆ Per(f ). On voit aussitôt que f est alors constante sur Rω puis constante d’après le principe de prolongement analytique. Dans le cas contraire, Per(f ) contient Ω comme sous-groupe d’indice fini. Alors Per(f ) est un réseau. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 117 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Les propriétés de base des fonctions elliptiques. On fixe un réseau Ω de C et on note C(Ω) l’ensemble des fonctions elliptiques f telles que Per(f ) ⊇ Ω. Il est clair que C(Ω) est un sous-corps du corps des fonctions méromorphes sur C. Il est clair que les fonctions constantes appartiennent à C(Ω) et que C(Ω) est stable par dérivation. On appelle diviseur (associé à Ω) un élément du groupe abélien libre sur l’ensemble C/Ω. Ainsi, tout diviseur s’écrit de façon unique sous la forme P n x ∈C/Ω x [x ], où nx est un entier qui est nul pour tout x à un nombre fini d’exceptions près. Le groupe des diviseurs associés à Ω sera noté Div(C/Ω). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 118 / 320 Propriétés de base. Fonctions elliptiques On ne confondra pas le diviseur P X x ∈C/Ω nx [x ] avec l’élément nx x x ∈C/Ω du groupe C/Ω. En fait, on a un homomorphisme (appelé évaluation et noté s) de Div(C/Ω) P vers C/Ω qui est défini par suppression des crochets dans l’expression x ∈C/Ω nx [x ]. P Si D = x ∈C/Ω nx [x ] est un diviseur, l’entier nx s’appelle la multiplicité de x dans D. Le support de D est l’ensemble des x ∈ C/Ω de multiplicité non-nulle. On note supp(D) le support du diviseur D. Le diviseur D est dit positif si toutes ses multiplicités sont positives. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 119 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. P Par définition, le degré du diviseur D = x ∈C/Ω nx [x ] est l’entier P x ∈C/Ω nx , que l’on note deg(D). Alors deg est un homomorphisme de Div(C/Ω) vers le groupe additif Z. On note Div0 (C/Ω) le sous-groupe des diviseurs de degré zéro de Div(C/Ω). P Si P D = x ∈C/Ω nP x [x ] est de degré zéro, on appelle ordre de D l’entier positif nx ≥0 nx = − nx ≤0 nx . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 120 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Si f 6= 0 est une fonction méromorphe et si z ∈ C, on note ordz (f ) l’ordre du zéro ou du pôle (compté comme un zéro d’ordre négatif) en z. Par exemple, si f (z) = (z − 1)/z 2 , alors ord0 (f ) = −2, ord1 (f ) = 1 et ordz (f ) = 0 lorsque z 6= 0, 1. On remarque que ordz (1/f ) = − ordz (f ) et que, si g 6= 0 est une seconde fonction méromorphe, alors ordz (fg) = ordz (f ) + ordz (g) et ordz (f + g) ≥ min(ordz (f ), ordz (g)) lorsque g 6= −f . En particulier, ordz est un homomorphisme du groupe multiplicatif des fonctions méromorphes vers Z. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 121 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Supposons désormais que f ∈ C(Ω), f 6= 0. La périodicité de f implique que ordz+ω (f ) = ordz (f ) pour tout ω ∈ Ω. Ainsi, si x ∈ C/Ω et on pose ordx (f ) = ordz (f ), alors ordx (f ) ne dépend pas du choix du représentant z ∈ C de x et, d’après ce qui précède, f 7→ ordx (f ) est un homomorphisme du groupe multiplicatif C(Ω)× vers Z. Puisqu’une fonction méromorphe non nulle n’a qu’un nombre fini de zéros et de pôles dans un ensemble borné, on voit aussitôt que ordx (f ) = 0 pour tout x ∈ C/Ω à un nombre fini d’exceptions près. Par exemple, si (ω1 , ω2 ) est une base de Ω, alors l’homomorphisme canonique C → C/Ω envoie le parallélogramme {λ1 ω1 +λ2 ω2 | 0 ≤ λ1 , λ2 ≤ 1} sur C/Ω. Ce parallélogramme est borné est contient (au moins) un représentant de chaque zéro et pôle de f à addition d’un élément de Ω près. × P On peut ainsi associer à toute fonction f ∈ C(Ω) son diviseur div(f ) = x ∈C/Ω ordx (f )[x ]. Il est clair que f 7→ div(f ) est un homomorphisme de groupes. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 122 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Enfin, si z est un pôle de f et si resz (f ) désigne le résidu de f en z, alors resz+ω (f ) = resz (f ) pour tout ω ∈ Ω et, si x ∈ C/Ω, on définit le résidu en x de f , noté resx (f ), comme étant le résidu de f en n’importe quel représentant de x dans C. Théorème. Soit Ω un réseau de C. (i) Soit f ∈ C(Ω)× . Alors div(f ) = 0 si et seulement si f est constante. (ii) Si f ∈ C(Ω)× , alors div(f ) ∈ Div0 (C/Ω). P (iii) Si f ∈ C(Ω)× , alors x ∈C/Ω resx (f ) = 0. (iv ) Soit D ∈ Div0 (C/Ω). Pour qu’il existe f ∈ C(Ω)× telle que div(f ) = D, il faut et il suffit que s(D) = 0. Dans l’énoncé (iv ), s désigne l’homomorphisme évaluation (voir la fiche 119). Vu l’énoncé (ii), il est légitime de définir l’ordre d’un élément de C(Ω)× comme étant l’ordre de son diviseur. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 123 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Avant de commencer la démonstration, voici quelques conséquences. Corollaire. Soit Ω un réseau de C. (i) Toute fonction elliptique analytique est constante. (ii) Soient f , g ∈ C(Ω)× . Alors div(f ) = div(g) si et seulement si g est un multiple constant de f . (iii) Il n’existe pas de fonction elliptique d’ordre un. Démonstration du corollaire. (i) Une fonction analytique f n’a pas de pôle. Son diviseur étant de degré zéro, elle n’a pas de zéro non plus. Il s’ensuit que div(f ) = 0 puis que f est constante. (On pourrait également appliquer directement le théorème de Liouville.) (ii) C’est clair car div(f /g) = div(f ) − div(g). (iii) Une fonction elliptique d’ordre un aurait un unique pôle d’ordre un, dont le résidu serait forcément non-nul. Contradiction avec le (iii) du théorème. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 124 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. Commençons la démonstration du théorème. Fixons une base (ω1 , ω2 ) de Ω avec =(ω2 /ω1 ) > 0. Si α ∈ C, on note Πα le parallélogramme {α+λ1 ω1 +λ2 ω2 | 0 ≤ λ1 , λ2 ≤ 1}. C’est clairement un compact de C. (i) Il est clair que si f est constante, alors div(f ) = 0. Réciproquement, si div(f ) = 0, alors f n’a pas de pôles et, Π0 étant compact, elle est bornée sur Π0 . Par périodicité f est bornée sur C et le théorème de Liouville entraîne alors que f est constante. (ii) On peut choisir α de telle façon que le bord de Πα ne rencontre aucun zéro ni pôle de f . Alors le degré de f se calcule en divisant par 2πi l’intégrale de f 0 /f sur le bord de Πα (pris avec l’orientation usuelle). P Explicitement, si div(f ) = x ∈C/Ω nx [x ], alors : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 125 / 320 Fonctions elliptiques 2πi (∗) X Z α+ω1 nx = α x ∈C/Ω Z Propriétés de base. f 0 (z) dz + f (z) α+ω2 + α+ω1 +ω2 Z α+ω1 +ω2 α+ω1 f 0 (z) dz + f (z) Z α α+ω2 f 0 (z) dz+ f (z) f 0 (z) dz, f (z) les chemins d’intégration étant les segments droits. Ici, la périodicité entraîne que Z α+ω2 Z α+ω1 +ω2 0 Z α+ω1 0 f 0 (z) f (z) f (z) dz = − dz = − dz. f (z) f (z) α+ω1 +ω2 f (z) α+ω2 α Il s’ensuit que la première et la troisième intégrale du membre de droite de (∗) se simplifient. On voit de la même P manière que les deux autres intégrales se simplifient. On conclut que 2πi x ∈C/Ω nx = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 126 / 320 Fonctions elliptiques Propriétés de base. (iii) On utilise le même argument que le (ii) en considérant l’intégrale de f sur le bord de Πα . (iv ) Si D = div(f ), on montre que s(D) = 0 applique un argument 0 (z) semblable à celui donné dans le (ii) à l’intégrale de la fonction z 7→ z ff (z) sur les bords de Πα . Soit x ∈ C/Ω un zéro ou un pôle de f et soit z(x ) l’unique représentant de x dans l’intérieur de Πα . Alors : Z α+ω1 0 Z α+ω1 +ω2 0 X f (z) f (z) 2πi nx z(x ) = z dz + z dz+ f (z) f (z) α α+ω1 x ∈C/Ω (∗∗) Z α Z α+ω2 f 0 (z) f 0 (z) dz + z dz. + z α+ω2 f (z) α+ω1 +ω2 f (z) En faisant le changement de variable z = z + ω2 dans la troisième intégrale, on trouve : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 127 / 320 Fonctions elliptiques Z α+ω1 α f 0 (z) z dz + f (z) Propriétés de base. f 0 (z) dz = −ω2 z α+ω1 +ω2 f (z) Z α+ω2 Z α+ω1 α f 0 (z) dz. f (z) Ici, la fonction f n’a ni zéro ni pôle sur un domaine contenant le segment droit joignant α à α + ω2 : la fonction f 0 /f a donc une primitive log(f ) sur ce domaine qui vérifie e log(f (z)) = f (z). Puisque f est périodique, on voit que log(f (α + ω)) − log(f (α)) est un R α+ω R α+ω 0 (z) 0 (z) dz + α+ω12+ω2 z ff (z) dz multiple entier de 2πi. Par conséquent, α 1 z ff (z) est un multiple entier de 2πiω2 . De la même manière, la somme des deux autres intégrales dans la formule (∗∗) est un multiple entier de 2πiω1 . P En divisant par 2πi, on conclut que x ∈C/Ω nx z(x ) est de la forme mω2 + nω1 avec (m, n) ∈ Z2 , soit un élément de Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 128 / 320 Fonctions elliptiques Constructions de fonctions elliptiques. Constructions de fonctions elliptiques. Il reste à démontrer que si s(D) = 0, alors il existe f ∈ C(Ω)× avec div(f ) = D. Il s’agit là d’une question de construction de fonctions elliptiques ; pour l’instant, nous n’avons même pas démontré l’existence d’une fonction elliptique non constante ! Grosso modo, il existe trois grandes théories de fonctions elliptiques. Nous allons les passer en revue avant de terminer la démonstration du théorème. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 129 / 320 Fonctions elliptiques Constructions de fonctions elliptiques. La théorie de Weierstrass construit les fonctions elliptiques directement, en partant du principe que si φ est une fonction méromorphe judicieusement P choisie, la série ω∈Ω φ(z − ω) converge uniformément sur tout compact ne contenant pas ses pôles ; sa somme sera alors un élément de C(Ω). Cette théorie a l’avantage de mettre en évidence presque dès le début le lien avec les courbes elliptiques dont les points sont paramétrées par les fonctions de Weierstrass. La théorie de Jacobi est basée sur les fonctions thêta, qui sont des fonctions holomorphes qui, à défaut d’être périodiques, sont « quasi-périodiques », dans le sens qu’elles vérifient des relations de la forme θ(z+ω) = e φ(z,ω) θ(z), où φ est une fonction holomorphe qui ne s’annule pas sur C. Les fonctions thêta servent aussi à paramétrer des familles de courbes elliptiques. Elles sont également étroitement liées à l’AGM. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 130 / 320 Fonctions elliptiques Constructions de fonctions elliptiques. La théorie de Legendre est celle qui est la plus proche des intégrales elliptiques et donc de l’AGM. Mais c’est aussi celle qui utilise les notations les plus inextricables (au moins à mes yeux). Une partie du problème serait que la théorie a été développée avant que les notions d’action d’un groupe sur un ensemble ne soit bien dégagée, ce qui empêchait à l’époque un traitement aussi naturel que ceux disponibles aujourd’hui des transformations des intégrales elliptiques. Enfin, une pléthore de fonctions elliptiques particulières ont été introduites en connexion avec différents problèmes spéciaux. Il existe des livres longs de plusieurs centaines de pages parfois consacrés essentiellement à des formules liant les fonctions intervenant dans les différentes théories. En tout cas, une bonne maîtrise des propriétés de base des fonctions elliptiques et une connaissance d’un petit nombre de définitions, de constructions et de formules constitueront un acquis suffisant pour la suite. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 131 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Les fonctions elliptiques de Weierstrass On note encore Ω un réseau dans C. Lemme. Soit σ ∈ R. P (i) La série ω∈Ω, ω6=0 1 |ω|σ converge si et seulement si σ > 2. P 1 (ii) Soit ω0 ∈ Ω. La série ω∈Ω, ω6=ω0 |z−ω| σ converge normalement sur tout compact de C qui ne rencontre pas Ω − {ω0 }. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 132 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass P 1 On en tire que, lorsque k ≥ 3, la série ω∈Ω (z−ω) k représente une fonction fk analytique sur C − Ω. En outre, si ω0 ∈ Ω, on voit que fk (z) − 1 = (z − ω0 )k X ω∈Ω, ω6=ω0 1 (z − ω)k est holomorphe sur un voisinage de ω0 , que fk a un pôle d’ordre k en ω0 et la partie polaire du développement de Laurent de fk est 1/(z − ω0 )k . On remarque que fk est une fonction paire ou impaire selon la parité de l’entier k, et que fk0 = −kfk+1 . En outre, les résidus des pôles de fk sont nuls. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 133 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ℘ de Weierstrass La fonction ℘ de Weierstrass On définit alors la fonction ℘ de Weierstrass par la formule ℘0 (z, Ω) = ℘0 (z) = −2f3 (z) = −2 X ω∈Ω 1 . (z − ω)3 Puisque les résidus des pôles de f3 sont nuls, cette formule permet de définir la fonction ℘ à une constante près. En outre, les seuls pôles de ℘ sont les éléments de Ω, qui sont des pôles d’ordre deux ; leurs résidus sont encore nuls. La partie polaire du pôle de ℘ en 0 est 1/z 2 . En imposant alors la condition supplémentaire limz→0 ℘(z) − z12 = 0, ℘ est définie sans ambiguité. Il s’agit d’une fonction paire. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 134 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ℘ de Weierstrass Lemme. ℘ est une fonction elliptique. Démonstration. On sait déjà que ℘ est méromorphe. Soit ω ∈ Ω et soit f la fonction f (z) = ℘(z + ω) − ℘(z). Puisque f3 est une fonction elliptique, f 0 (z) = 0 pour tout z ∈ C. Par conséquent, f est constante. Enfin, ℘ est une fonction paire. Soit ω ∈ Ω tel que ω/2 ∈ / Ω. Alors f (z) = f (−ω/2) = ℘(ω/2) − ℘(−ω/2) = 0. Puisque fk = (−1)k (k − 2)℘(k−2) /2, nous n’utiliserons plus la notation fk . La fonction ℘ est une fonction elliptique d’ordre deux car, d’après ce qui précède, on a ord0 (℘) = −2 (dans C/Ω). En outre, ℘ est une fonction paire : son diviseur étant de degré 0, on conclut qu’il existe x ∈ C/Ω tel que div(℘) = [x ] + [−x ] − 2[0]. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 135 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ℘ de Weierstrass Nous utiliserons souvent les résultats des exercices suivant. Exercice. (i) Soit a ∈ C, a ∈ / Ω. Montrer que ℘(z) = ℘(a) si et seulement si soit z − a ∈ Ω soit z + a ∈ Ω. En déduire le diviseur de ℘ − ℘(a) lorsque 2a ∈ / Ω. (ii) Soit a ∈ C tel que a ∈ / Ω mais 2a ∈ Ω. Montrer que la fonction z 7→ ℘(z − a) est paire. En déduire que son diviseur est 2[x ] − 2[0], x étant la classe de a suivant Ω. (iii) Soit (ω1 , ω2 ) une base de Ω et soient x1 , x2 , x3 les classes de ω1 /2, ω2 /2 et de (ω1 + ω2 )/2 dans C/Ω. Montrer que div(℘0 ) = [x1 ] + [x2 ] + [x3 ] − 3[0]. (iv ) Déduire des questions (ii) et (iii) que ℘0 (z)2 = 4(℘(z) − e1 )(℘(z) − e2 )(℘(z) − e3 ), où ei = ℘(ωi /2) (i ∈ {1, 2, 3}) et ω3 = ω1 + ω2 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 136 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ℘ de Weierstrass Exercice. Soit k ≥ 2 un entier. On note L(k[0]) le C-espace vectoriel des fonctions de C(Ω) holomorphes en dehors de Ω et ayant un pôle d’ordre au plus k aux éléments de Ω. Montrer que (1, ℘, ℘0 , ℘00 , . . . ℘(k−2) ) est une base de L(k[0]) (et donc que dimC (L(k[0])) = k.) [Étudier les parties polaires des développements de Laurent en 0.] John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 137 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La structure du corps C(Ω) La structure du corps C(Ω) Soit encore Ω ⊆ C un réseau. Rappelons que C(Ω) désigne le corps des fonctions elliptiques dont le groupe de périodes contient Ω. Théorème. Toute fonction elliptique s’écrit de façon unique sous la forme z 7→ f (℘(z)) + ℘0 (z)g(℘(z)), où f et g sont des fonctions rationnelles. Démonstration. Puisque ℘ est paire et ℘0 impaire, il suffit de montrer que toute fonction elliptique paire est une fonction rationnelle de ℘. Soit donc f ∈ C(Ω) une fonction paire. Si x ∈ C/Ω appartient au support de div(f ), il en est le même pour −x , et les multiplicités de x et de −x sont les mêmes. On a x = −x ssi 2x = 0 et, mise à part x = 0, cette équation a 3 solutions dans Ω. Il s’agit des classes suivant Ω de ω1 /2, de ω2 /2 et de (ω1 + ω2 )/2, (ω1 , ω2 ) étant une base de Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 138 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La structure du corps C(Ω) Désignons ω1 + ω2 par ω3 afin d’alléger la notation, puis notons x1 , x2 et x3 les classes correspondantes. Le diviseur de f est alors de la forme n0 [0] + n1 [x1 ] + n2 [x2 ] + n3 [x3 ] + X nx ([x ] + [−x ]), x ∈S où x parcourt un ensemble fini d’éléments de l’ensemble S = C/Ω − {0, x1 , x2 , x3 } modulo la relation d’équivalence x ∼ y ssi x = ±y . Puisque f est paire, le développement de Laurent de f en 0 ne contient que des puissances paires de z. Par conséquent, n0 est pair. Le fait que f est paire et périodique entraîne que les fonctions z 7→ f (z −ωi /2) (i ∈ {1, 2, 3}) sont également paires, puis que n1 , n2 et n3 sont pairs. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 139 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass n3 + La structure du corps C(Ω) En P utilisant l’exercice de la fiche 136 et le fait que n0 = −(n1 + n2 + x ∈S 2nx ), on constate que la fonction n1 n2 n3 z 7→ (℘(z) − e1 ) 2 (℘(z) − e2 ) 2 (℘(z) − e3 ) 2 Y (℘(z) − ℘(ax ))nx , x ∈S où ax désigne un représentant de x et ei = ℘(ωi /2), a le même diviseur que f. On en tire que f est un multiple constant de cette fonction, qui est bien une fonction rationnelle de ℘. La démonstration de l’unicité de f et de g est laissée en exercice. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 140 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ζ de Weierstrass La fonction ζ de Weierstrass (à ne pas confondre avec la fonction dzêta de Riemann. . .) La fonction ℘ n’a que des pôles d’ordre deux aux points du réseau Ω. En outre, les résidus de ces pôles sont nuls. Par conséquent, ℘ possède une primitive sur C − Ω, uniquement déterminée à une constante additive près. La fonction dzêta de Weierstrass est l’unique fonction ζ vérifiant ζ 0 (z) = −℘(z), 1 = 0. lim ζ(z) − z→0 z Cette fonction a un pôle simple avec résidu 1 en tout point de Ω, et elle est holomorphe ailleurs. Elle est impaire. Il s’ensuit que ζ n’est pas une fonction elliptique. En effet, si elle était elliptique, la discussion qui précède montre qu’elle serait d’ordre un, alors qu’il n’existe pas de fonctions elliptiques d’ordre un d’après le corollaire de la fiche 124. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 141 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ζ de Weierstrass Proposition. Soit Ω ⊆ C un réseau et soit ζ la fonction dzêta associée. (i) Si ω ∈ Ω, il existe η(ω) ∈ C tel que ζ(z + ω) = ζ(z) + η(ω) pour tout z ∈ C. (ii) On a η(ω + ω 0 ) = η(ω) + η(ω 0 ) pour tout ω, ω 0 ∈ Ω. Démonstration. (i) Puisque ζ 0 = −℘, la fonction z 7→ ζ(z + ω) − ζ(z) est à dérivée nulle. Elle est donc constante. (ii) D’une part, on a ζ(z + ω + ω 0 ) = ζ(z) + η(ω + ω 0 ) et de l’autre part on a ζ(z + ω + ω 0 ) = ζ(z + ω) + η(ω 0 ) = ζ(z) + η(ω) + η(ω 0 ). On montre l’égalité cherchée en comparant ces deux formules. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 142 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction ζ de Weierstrass Exercice. (i) Soient a, b ∈ C. Montrer que z 7→ ζ(z − a) − ζ(z − b) est une fonction elliptique. (ii) Montrer plus généralement que si n ≥ 1 est un entier, et si (a1 , a2 , . . . , an ) ∈ Cn et (λ1 , λ2 , . . . , λn ) ∈ Cn , alors z 7→ λ1 ζ(z − a1 ) + λ2 ζ(z − a2 ) + · · · + λn ζ(z − an ) P est une fonction elliptique si et seulement si nk=1 λk = 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 143 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La relation de Legendre La relation de Legendre Théorème. Soit Ω ⊆ C un réseau et soit (ω1 , ω2 ) une base de Ω telle que =(ω2 /ω1 ) > 0. On pose η1 = η(ω1 ), η2 = η(ω2 ), où η est comme dans la proposition de la fiche 142. Alors η1 ω2 − η2 ω1 = 2πi. R Démonstration. Posons α = −(ω1 + ω2 )/2 et considérons γ ζ(z)dz, où γ parcourt le bord du parallèlogramme Πα avec l’orientation usuelle (voir la démonstration du théorème de la fiche 123). La fonction est ζ est holomorphe sur γ et a un unique pôle en z = 0 à l’intérieur du lacet. Il s’agit d’un pôle simple, de résidu 1. R Par conséquent, γ ζ(z) dz = 2πi. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 144 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass D’autre part, Z α+ω1 Z La relation de Legendre α+ω2 ζ(z) dz = −η2 ω1 , ζ(z) dz + α α+ω1 +ω2 comme on voit en substituant z = w + ω2 dans le deuxième intégrale et en appliquant la relation ζ(w + ω2 ) = ζ(w ) + η2 . De la même manière, on trouve que Z α+ω1 +ω2 Z α ζ(z) dz + α+ω1 Au total, donc, ζ(z) dz = η1 ω2 , α+ω2 R γ ζ(z) dz = η1 ω2 − η2 ω1 et le résultat en découle. Remarque. La relation de Legendre appliquée avec le réseau de base (1, i) est, en fait, la clé de la démonstration du théorème de Brent-Salamin (voir à partir de la fiche 222). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 145 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné P Rappelons que le diviseur D = est dit positif si nx ≥ 0 x nx [x ]P quelque soit x . Le degré de D est alors l’entier x nx . Si f est une fonction elliptique, son diviseur de pôles est le diviseur X div(f )∞ = − ordx (f )[x ], pôles de f la somme parcourant l’ensemble des pôles de f dans C/Λ. C’est un diviseur positif. P On définit de la même manière le diviseur de zéros de f par div(f )0 = zéros de f ordx (f )[x ], de sorte que div(f ) = div(f )0 − div(f )∞ . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 146 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Proposition. Soit D un diviseur positif de Div(C/Ω). Si D est de degré au moins deux, il existe une fonction elliptique dont le diviseur de pôles est D. La démonstration permet d’exprimer une telle fonction en termes des fonctions ζ et ℘ et ces dérivées, comme nous allons voir. P On écrit D = x nx [x ]. (i) Supposons d’abord que nx ≥ 2 pour x . Soit ax ∈ C un P tout (n −2) x représentant de x . Alors la fonction z → 7 (z − ax ) a D pour x℘ diviseur de pôles. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 147 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné (ii) Supposons qu’il existe x tel que nx = 1. Puisque D est supposé de degré au moins deux, supp(D) contient au moins deux éléments. Soit S un sous ensemble de supp(D) de cardinal au moins deux et contenant tous x de multiplicité un. Soit T le sous ensemble de supp(D) des points de multiplicité au moins P deux. On choisit une famille de nombres complexes {λx | x ∈ S} telle que x ∈S λx = 0. Enfin, pour tout x ∈ supp(D), on choisit un représentant ax ∈ C de x . Alors la fonction X X z 7→ λx ζ(z − ax ) + ℘(nx −2) (z − ax ) x ∈S x ∈T est une fonction elliptique de diviseur de pôles D, comme on le voit en appliquant le (ii) de l’exercice de la fiche 143. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 148 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Soit encore D ∈ Div(C/Ω) un diviseur positif. On note L(D) le Cespace vectoriel des fonctions elliptiques dont le diviseur des pôles div(f )∞ est majoré par D, c’est-à-dire celles telles que D − div(f )∞ est un diviseur positif. Par exemple, l’exercice de la fiche 137 montre que si D = k[0], k ≥ 2, alors L(D) est de dimension k. Exercice. Vérifier que L(D) est bien un espace vectoriel. Exercice. Montrer que si D = 0 ou si D = [x ], alors L(D) est égal à l’espace des fonctions constantes. Exercice. On suppose D = k[x ], avec k ≥ 2. Décrire une base de L(D) et donner sa dimension. Ces exercices sont des cas particuliers du résultat suivant. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 149 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Théorème. Soit D un diviseur positif. (i) Si deg(D) = 0 ou 1, alors L(D) est l’espace des fonctions constantes. (ii) On suppose deg(D) ≥ 2. Alors L(D) est de dimension deg(D). Une base de L(D) est donnée par les fonctions 1, ℘(z − ax ), ℘0 (z − ax ), · · · , ℘(n−2) (z − ax ), lorsque D = n[x ] (n = deg(D)) et par les fonctions 1, ζ(z − ax2 ) − ζ(z − ax1 ), · · · , ζ(z − axs ) − ζ(z − ax1 ), ainsi que les fonctions ℘(k) (z − ax ), x ∈ supp(D) tel que nx ≥ 2 et 0 ≤ k ≤ nx − 2 lorsque #(supp(D)) = s ≥ 2. Ici ax désigne un choix de représentant dans C de x ∈ supp(D). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 150 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Démonstration. Le (i) fait partie des exercices de la fiche 149. Pareil pour le cas D = n[x ] de (ii). En général, on montre qu’une fonction f ∈ L(D) appartient à l’espace engendré par les fonctions indiquées par récurrence sur le degré de D, l’inclusion réciproque étant claire. Lorsque deg(D) = 2, on a soit D = 2[x ] soit D = [x ] + [y ], avec x 6= y . Le premier cas est déjà fait. En ce qui concerne le deuxième, on remarque que si λ désigne le résidu en ax d’une fonction f ∈ L(D), alors le résidu de f en ay est −λ (car la somme des résidus est nulle). Par conséquent, la fonction z 7→ f (z) − λ(ζ(z − ax ) − ζ(z − ay )) est constante. Donc f appartient à l’espace engendré par 1 et par ζ(z − ax ) − ζ(z − ay ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 151 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné En général, si deg(D) > 2, deux cas se présentent. (a) Si nx = 1 pour tout x ∈ supp(D), on raisonne de la même manière que lorsque D = [x ]+[y ]. Si x 6= y ∈ supp(D) et si λ est le résidu de f en ax , alors la fonction z 7→ f (z)−λ(ζ(z −axs )−ζ(z −ax1 )) a ses pôles concentrés dans D −{xs }. Par l’hypothèse de récurrence, elle appartient donc à l’espace engendré par 1 et par ζ(z − axt ) − ζ(z − ax1 ) avec 2 ≤ t ≤ s − 1. (b) S’il existe x ∈ supp(D) avec nx ≥ 2, et si f ∈ L(D) a un pôle d’ordre au plus nx en x , alors il existe λ ∈ C tel que f (z) = 1 λ + O , (z − ax )nx (z − ax )nx −1 z → ax . Alors f (z) − (−1)nx λ(nx − 1)!℘(nx −2) (z − ax ) appartient à L(D − [x ]) et deg(D − [x ]) = deg(D) − 1. On peut donc à nouveau appliquer l’hypothèse de récurrence. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 152 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions elliptiques à diviseur de pôles donné Enfin, le fait que les familles de fonctions génératrices forment des familles libres se voit en comparant les parties polaires en les différents pôles dans une relation de dépendance linéaire éventuelle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 153 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass . . . Et pourtant nous n’avons toujours pas terminé la démonstration de la partie (iv ) du théorème de la fiche 123 ! Il est facile de déterminer le diviseur des pôles des fonctions elliptiques que nous venons de construire ; par contre, cette construction donne peu d’information concernant leurs zéros. Dans un monde idyllique, il existerait une fonction elliptique ayant juste un zéro simple au points de Ω et sans pôle ni zéro ailleurs. S’il existait une telle P fonction σ, on pourrait construire une fonction elliptique de diviseur D = x nx [x ] par la formule Y σ(z − ax )nx (∗) x ∈supp(D) par analogie avec la construction d’une fonction rationnelle ayant des zéros et pôles donnés. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 154 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Malheureusement, une telle fonction n’existe pas (pourquoi pas ?). Toutefois Weierstrass a montré comment construire une fonction holomorphe σ quasi-périodique (c’est-à dire vérifiant une relation σ(z + ω) = γ(ω, z)σ(z) pour tout z ∈ C et ω ∈ Ω, le facteur γ étant holomorphe et ne s’annulant pas sur C). La fonction (∗) ne sera donc pas en général une fonction elliptique, mais nous verrons qu’il sera possible de choisir les ax pour que cela soit le cas lorsque s(D) = 0, comme prévu par la partie (iv ) du théorème de la fiche 123. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 155 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Théorème. (i) Il existe une unique fonction σ holomorphe sur C et vérifiant σ 0 (z) = ζ(z), σ(z) σ(z) = z + O(z 2 ), z → 0. Elle a un zéro simple en tout point de Ω. On a σ(z) 6= 0 lorsque z ∈ / Ω. (ii) La fonction σ est impaire. (iii) Elle vérifie l’équation fonctionnelle ω σ(z + ω) = (ω)e η(ω)(z + 2 ) σ(z), z ∈ C, ω ∈ Ω, où η(ω) est définie dans la proposition de la fiche 142 et (ω) = 1 ou −1 selon que ω/2 ∈ Ω ou non. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 156 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Exercice. Compléter la démonstration de la partie (iv ) du théorème de la fiche 123 en vérifiant que, lorsque P s(D) = 0, on peut choisir les représentants ax de telle manière que x nx ax = 0, puis que si c’est le cas, la fonction (∗) de la fiche 154 est bien une fonction elliptique. Démonstration du théorème. (i) L’existence de σ est un cas particulier d’une construction standarde de la théorie des fonctions méromorphes, dont nous rappelons le principe. Le point est que tous les pôles de ζ sont simples et les résidus sont des entiers. Si on fixe un point z0 ∈ C où ζ n’a pas de pôle, l’intégrale Z z ζ(w ) dw , z un point de holomorphie de ζ, z0 dépend du choix de chemin d’intégration joignant z0 à z. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 157 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Toutefois, puisque tous les résidus de ζ sont des entiers, la valeur de l’intégrale est unique à un multiple entier de 2πi près. Par conséquent, l’exponentielle Rz ζ(w ) dw σ0 (z) = e z0 est bien définie, et holomorphe aux points de holomorphie de ζ. En outre, on a σ00 (z) = ζ(z)σ0 (z). n Si ζ a un pôle simple de résidu n ∈ Z en ω, et si limz→ω ζ(z) − z−ω = γ, alors on voit que limz→ω σ0 (z)/(z − ω)n = e γ 6= 0. Par conséquent, σ0 se prolonge en une fonction méromorphe en ω, et ordω (σ0 ) = n. Dans le cas où ζ est la fonction de Weierstrass, on a toujours n = 1, et σ0 est holomorphe sur C avec des zéros simples aux points de Ω. En particulier, il existe une constante C 6= 0 telle que σ0 (z) = Cz + lorsque z → 0. On voit alors que la fonction σ(z) = σ0 (z)/C possède les propriétés requises. O(z 2 ) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 158 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Afin de vérifier l’unicité de σ, on rappelle que la dérivée logarithmique 0 (z) dlog(f ) de la fonction méromorphe f 6= 0 est définie par dlog(f )(z) = ff (z) lorsque f (z) 6= 0. Les propriétés de base sont : (a) On a dlog(fg) = dlog(f ) + dlog(g) lorsque f 6= 0 et g 6= 0 sont méromorphes sur le même domaine. De même dlog(1/f ) = − dlog(f ). (b) On suppose que f soit méromorphe sur un ouvert connexe de C. Alors dlog(f ) = 0 si et seulement si f est constante. Nous venons de construire une fonction σ telle que dlog(σ) = ζ. Si τ est une seconde fonction holomorphe vérifiant τ 0 (z) τ (z) = ζ(z) et O(z 2 ) τ (z) = z + lorsque z → 0, alors dlog(σ) − dlog(τ ) = 0 et donc dlog(σ/τ ) = 0. Par conséquent, σ/τ est constante et la condition τ (z) = z + O(z 2 ) implique que τ = σ. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 159 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass (ii) D’après le principe de prolongement analytique, il suffit de montrer que σ(−z) = −σ(z) lorsque z appartient à un disque D centré à l’origine. On prend D suffisamment petit pour que la fonction φ(z) = ζ(z) − z1 se prolonge en une fonction holomorphe sur D. Alors φ restreinte à D est impaire. Par conséquent, les fonctions Z z Rz z 7→ φ(w ) dw et F (z) = e 0 φ(w ) dw 0 sont paires. Mais, il existe une constante C1 6= 0 telle que C1 σ(z) = zF (z) pour tout z ∈ D. Par conséquent, σ est impaire sur D, donc partout. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 160 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass (iii) Nous allons utiliser à nouveau la dérivée logarithmique. Soit ω ∈ Ω et soit f la fonction f (z) = σ(z + ω) . σ(z)e η(ω)z Alors dlog(f )(z) = ζ(z + ω) − ζ(z) − η(ω) = 0. On en tire que f est une constante, dont on note K (ω) la valeur. On a donc σ(z + ω) = K (ω)σ(z)e η(ω)z pour tout z ∈ C, ω ∈ Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 161 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass En particulier, en posant z = −ω/2, on trouve, σ étant impaire : −σ − ω ω ω ω η(ω)(− ω ) 2 . =σ = σ − + ω = K (ω)σ − e 2 2 2 2 / Ω, on sait d’après le (i) que σ − ω2 = Lorsque ω2 ∈ 6 0. On en tire que, η(ω)ω/2 dans ce cas, K (ω) = −e comme prévu. Lorsque ω2 ∈ Ω, il existe un entier r ≥ 1 ainsi que ω 0 ∈ Ω tels que 0 ω = 2r ω 0 et ω2 ∈ / Ω. Alors : σ(z + ω) = σ(z) = σ(z) r −1 2Y σ((z + kω 0 ) + ω 0 ) σ(z + kω 0 ) k=0 r −1 2Y 0 0 − e η(ω ) (z + kω ) + ω0 2 . k=0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 162 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Puisqu’il y a un nombre pair de termes dans le produit, on voit que 0 σ(z + ω) = σ(z)e η(ω )S , où S= r −1 2X k=0 (z + kω 0 ) + ω0 2r (2r − 1) 0 ω0 = 2r z + ω + 2r 2 2 2 = 2r z + 2r −1 (2r ω 0 ). Enfin, puisque ω = 2r ω 0 , on a η(ω) = 2r η(ω 0 ) : on en tire aussitôt que η(ω 0 )S = η(ω)(z + ω2 ) comme prévu. Exercice. Soit n ≥ 1 un entier. Montrer que z 7→ σ(nz) est une σ(z)n2 fonction elliptique. Quel est son ordre ? John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 163 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass Exercice (facultatif). Dans la plupart des cours sur les fonctions elliptiques de Weierstrass, les fonctions ℘, ζ et σ sont définies par les formules X 1 1 1 + + , z2 (z − ω)2 ω 2 ω6=0 1 X 1 1 z ζ(z) = + + + 2 , et z z −ω ω ω ℘(z) = ω6=0 σ(z) = z Y ω6=0 z z + 1− eω ω z2 2ω 2 , où les sommes et le produit parcourent les éléments non-nuls ω du réseau Ω. Démontrer que ces définitions sont équivalentes à celles connées précédemment. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 164 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La fonction σ de Weierstrass (Cela nécessite un peu de soin. Après l’étude des questions de convergence, il faut montrer que la fonction notée ℘ dans l’exercice vérifie ℘0 (z) = P −2 ω∈Ω (z − ω)−3 ) et limz→0 ℘(z) − z12 = 0. Cela suffit pour la caractériser comme étant égale à notre ℘. Ensuite, il faut effectuer des études semblabes de ζ et de σ.) Remarque. Bien que explicites, ses formules sont inutiles pour les calculs car leur convergence est beaucoup trop lente. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 165 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions quasi-périodiques Fonctions quasi-périodiques Nous avons déjà fait allusion à la notion de fonction quasi-périodique. Il s’agit d’une fonction f , méromomorphe sur C, qui vérifie une relation fonctionnelle de la forme f (z + ω) = f (z)φ(ω, z), z ∈ C, ω ∈ Ω, les fonctions φ(ω, z) étant holomorphe et ne s’annulant pas sur C. Elles s’appellent les facteurs d’automorphie de f . En général, le facteur d’automorphie φ(ω, z) dépend de l’élément ω de Ω. Exercice. Soient ω, ω 0 ∈ Ω et soit f quasi-périodique par rapport à Ω avec facteur d’automorphie φ(ω, z). Montrer que φ(ω + ω 0 , z) = φ(ω, z)φ(ω 0 , z + ω) = φ(ω 0 , z)φ(ω, z + ω 0 ). En déduire que les facteurs φ(ω, z) sont déterminées par les facteurs φ(ω1 , z), φ(ω2 , z) où (ω1 , ω2 ) est une base de Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 166 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions quasi-périodiques Il y a trois méthodes (au moins) de construire des fonctions elliptiques à partir de fonctions quasi-périodiques. La première est de remarquer que, si f et g sont deux fonctions quasipériodoques avec le même facteur d’automorphie, alors f /g est une fonction elliptique. Q La deuxième est de considérer le produit F (z) = ki=1 f (z − ai )ni , où (a1 , a2 , . . . , ak ) ∈ Ck et (n1 , n2 , . . . , nk ) ∈ Zk , f étant une fonction quasipériodique donnée. Sous certaines conditions, lorsqu’on calcule F (z + ω), le produit des facteurs d’automorphie se simplifie, et on trouve que F (z +ω) = F (z). C’est le cas lorsque f est la fonction σ (voir l’exercice de la fiche 157). Le dernière est de considérer des dérivées convenables de la dérivée logarithmique d’une fonction quasi-périodique f . On a alors dlog(f )(z+ω) = dlog(f )(z) + dlog(φ(ω, z)). Si dlog(φ(ω, z)) est un polynôme de degré d, alors sa d + 1-ième dérivée est nulle, et donc dlog(f )(d+1) est périodique. 0 À nouveau, ça marche lorsque f = σ, et ( σσ )0 = −℘ est périodique. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 167 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Fonctions quasi-périodiques Soit f 6= 0 une fonction quasi-périodique, avec facteurs d’automorphie φ(ω, z). Puisque les fonctions φ ne s’annulent pas, la relation f (z + ω) = f (z)φ(ω, z) implique que orda (f (z + ω)) = orda (f (z)) quelque soit a ∈ C. En outre, f ne peut posséder qu’un nombre fini de zéros et de pôles dans un parallélogramme Πα = {α + λ1 ω1 + λ2 ω2 | 0 ≤ λ1 , λ2 ≤ 1}. Par conséquent, on peut associer à f son diviseur X div(f ) = ordax (f )[x ], x ∈C/Ω ax étant un représentant de x dans C. Il est clair que les fonctions quasi-périodiques non-nulles (par rapport au même réseau) forment un groupe multiplicatif. L’application f 7→ div(f ) est alors un homomorphisme de groupe. Exemple. La fonction σ est quasi-périodique. On sait qu’elle a un zéro simple aux points de Ω, et ne s’annule pas ailleurs. Par conséquent, div(σ) = [0]. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 168 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition Formules d’addition Théorème. Pour tout z, w ∈ C avec z ∈ / Ω, w ∈ / Ω, on a σ(z − w )σ(z + w ) = − ℘(z) − ℘(w ) . 2 2 σ(z) σ(w ) Démonstration. Les conditions z, w ∈ / Ω garantissent que les deux membres de l’équation sont bien définis. On considère le fonction f (z) = σ(z − w )σ(z + w ) , σ(z)2 σ(w )2 avec w constant. Il s’agit d’une fonction elliptique (c’est un cas particulier de l’exercice de la fiche 157.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 169 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition Rappelons que div(σ) = [0]. On en tire que div(σ(z − w )) = [w ]. Par conséquent, div(f ) = [w ] + [−w ] − 2[0]. D’autre part, ℘ est une fonction elliptique d’ordre deux. La fonction z 7→ ℘(z) − ℘(w ) est donc également d’ordre deux. Elle s’annule en w et en −w . Supposons d’abord que 2w ∈ / Ω. Alors w et −w ont des images distinctes dans C/Ω, et on a div(℘(z) − ℘(w )) = [w ] + [−w ] − 2[0]. Par conséquent, f et z 7→ ℘(z) − ℘(w ) sont deux fonctions elliptiques avec le même diviseur, et leur quotient est une fonction elliptique sans zéros ni pôles. Or, on sait qu’une telle fonction elliptique est constante. Par conséquent, il existe C telle que σ(z − w )σ(z + w ) = C ℘(z) − ℘(w ) . σ(z)2 σ(w )2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 170 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition On établit que C = −1 en comparant les termes principaux des développements de Laurent au voisinage de 0. D’une part, on a ℘(z) − ℘(w ) = 1 1 +O 2 z z et de l’autre part, on a σ(z − w ) = σ(−w ) + O(z) = −σ(w ) + O(z) et σ(z + w ) = σ(w ) + O(z), d’où σ(z − w )σ(z + w ) = −σ(w )2 + O(z). Puisque σ(z)2 = z 2 + O(z 3 ), on conclut que 1 1 σ(z − w )σ(z + w ) =− 2 +O , 2 2 z σ(z) σ(w ) z d’où C = −1. L’argument qui précède suppose que 2w ∈ / Ω. On déduit que théorème reste vrai lorsque 2w ∈ Ω par un argument de continuité. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 171 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition Corollaire. Pour tout z, w ∈ C tels que z ∈ / Ω, w ∈ / Ω, z ± w ∈ / Ω, on a : ℘0 (z) , ℘(z) − ℘(w ) ℘0 (w ) ζ(z + w ) − ζ(z − w ) − 2ζ(w ) = − , et ℘(z) − ℘(w ) 1 ℘0 (z) − ℘0 (w ) ζ(z + w ) = ζ(z) + ζ(w ) + . 2 ℘(z) − ℘(w ) ζ(z + w ) + ζ(z − w ) − 2ζ(z) = Démonstration. La première formule se démontre en appliquant la dérivée logarithmique à la formule du théorème. La deuxième s’en déduit en interchangeant z et w et en rappelant que ζ est une fonction impaire. Enfin, la troisième s’obtient en prenant la somme des deux premières. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 172 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition Si l’on dérive encore la dernière de ces formules, on obtient des relations exprimant ℘(z + w ) en forme de fonction rationnelle en ℘(z) et ℘(w ) ainsi que ses dérivées : ℘(z + w ) = ℘(z) − ℘00 (z) 1 ℘0 (z)(℘0 (z) − ℘(w )) 1 + 2 ℘(z) − ℘(w ) 2 (℘(z) − ℘(w ))2 d’où, en interchangeant z et w : ℘(z + w ) = ℘(w ) + 1 ℘00 (w ) 1 ℘0 (w )(℘0 (w ) − ℘0 (z)) + . 2 ℘(z) − ℘(w ) 2 (℘(z) − ℘(w ))2 En prenant la somme des deux équations, on obtient une relation symétrique en z et w : 1 ℘00 (z) − ℘00 (w ) 1 ℘0 (z) − ℘0 (w ) 2 1 ℘(z + w ) = ℘(z) + ℘(w ) − + . 2 4 ℘(z) − ℘(w ) 4 ℘(z) − ℘(w ) Cette équation est une première forme de la formule d’addition pour la fonction ℘. Afin de la remettre dans sa forme habituelle, nous avons besoin de l’équation différentielle de ℘. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 173 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass L’équation différentielle de ℘. L’équation différentielle de ℘. D’après l’exercice de la fiche 136, on sait que ℘0 (z)2 = 4(℘(z) − e1 )(℘(z)−e2 )(℘(z)−e3 ) où, si (ω1 , ω2 ) est une base de Ω et si ω3 = ω1 +ω2 , ei désigne ℘(ωi /2). En particulier, ℘02 est un polynôme de degré trois en ℘. Nous allons maintenant démontrer par une autre méthode, que ℘02 est un polynôme de degré trois en ℘, et obtenir ainsi une seconde formule pour ce polynôme. Pour cela, on pose, k ≥ 3 étant un entier : Gk (Ω) = Gk = X ω∈Ω, ω6=0 1 . ωk (En fait, la définition n’est intéressante que lorsque k est pair, car Gk = 0 lorsque k est impair.) Gk s’appelle alors la série d’Eisenstein de poids k. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 174 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass L’équation différentielle de ℘. On a coutume de poser g2 = g2 (Ω) = 60G4 (Ω), g3 = g3 (Ω) = 140G6 (Ω). Théorème. Avec ces notations, on a ℘0 (z)2 = 4℘(z)3 − g2 ℘(z) − g3 . Corollaire. On a 4(℘(z)−e1 )(℘(z)−e2 )(℘(z)−e3 ) = 4℘(z)3 −g2 ℘(z)− g3 . La démonstration du théorème consiste en une étude du développement de Laurent de la fonction z 7→ ℘0 (z)2 − 4℘(z)3 + g2 ℘(z) + g3 en z = 0. En effet, les seuls pôles possibles de cette fonction sont les points de Ω. Il suffit donc de montrer qu’elle tend vers 0 lorsque z → 0 : elle sera alors une fonction elliptique sans pôles et donc constante, et enfin identiquement nulle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 175 / 320 L’équation différentielle de ℘. Les fonctions elliptiques de Weierstrass Rappelons que si ω 6= 0, le développement de Taylor en 0 de z 7→ 1/(z − ω) est : ∞ 1 1 X zk =− . z −ω ω ωk k=0 En dérivant deux fois, on trouve : ∞ 2 1 X k(k − 1)z k−2 =− . ω (z − ω)3 ωk k=2 Par conséquent : ∞ ℘0 (z) = −2 X ω∈Ω XX 1 2 1 = − + k(k − 1)z k−2 , (z − ω)3 z3 ω k+1 k=2 ω6=0 l’inversion des sommes étant possible grâce à la convergence absolue (voir la fiche 132). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 176 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass L’équation différentielle de ℘. Au total, donc, ∞ ℘0 (z) = − X 2 + k(k − 1)Gk+1 (Ω)z k−2 . z3 k=2 En utilisant la notation g2 et g3 et en tenant compte que Gk = 0 lorsque k est impair, on en tire que ℘0 (z) = − g2 g3 2 + z + z 3 + O(z 5 ) 3 10 7 z et donc que g2 g3 1 + z 2 + z 4 + O(z 6 ) 2 20 28 z 1 ℘(z) − z = 0). ℘(z) = (rappelons que limz→0 Afin de conclure la démonstration, il suffit de substituer ces développements dans l’expression ℘0 (z)2 − 4℘(z)3 + g2 ℘(z) + g3 et de constater que le résultat est O(z 2 ). Les détails sont omis. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 177 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass L’équation différentielle de ℘. Corollaire. La fonction ℘ est également solution des équations différentielles 2℘00 (z) = 12℘(z)2 − g2 (∗) et ℘000 (z) = 12℘(z)℘0 (z). On obtient la première équation en dérivant ℘0 (z)2 = 4℘(z)3 −g2 ℘(z)− g3 par rapport à z puis en divisant par ℘0 (z). La deuxième en en dérivant la première. L’intérêt de la deuxième équation est qu’elle est indépendante du réseau Ω. Mais c’est l’équation (∗) qui servira pour mettre la formule d’addition de ℘ dans se forme habituelle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 178 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Formules d’addition (suite) Théorème (formule d’addition pour la fonction ℘). Pour tout z, w ∈ C tels que z 6= 0, w 6= 0 et z ± w 6= 0 on a ℘(z + w ) + ℘(z) + ℘(w ) = 1 ℘0 (z) − ℘0 (w ) 2 . 4 ℘(z) − ℘(w ) Démonstration. D’après l’équation (∗) du corollaire de la fiche 178, on a − ℘00 (w ) = 6(℘(z)2 − ℘(w )2 ). Le théorème découle donc de la formule 1 ℘00 (z) − ℘00 (w ) 1 ℘0 (z) − ℘0 (w ) 2 1 ℘(z + w ) = ℘(z) + ℘(w ) − + . 2 4 ℘(z) − ℘(w ) 4 ℘(z) − ℘(w ) ℘00 (z) de la fiche 173 après simplification. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 179 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Le théorème ne s’applique pas lorsque w = z. En écrivant ℘0 (z) − ℘0 (w ) = (z − w )℘00 (z) + O(z − w )2 et ℘(z) − ℘(w ) = (z − w )℘0 (z) + O(z − w )2 puis en faisant tendre w vers z, on trouve : ℘(2z) + 2℘(z) = 1 ℘00 (z) 2 , 4 ℘0 (z) puis, en utilisant les équations différentielles ℘02 = 4℘3 − g2 ℘ − g3 et ℘00 = 6℘2 − g22 , on obtient le résultat suivant. Corollaire (formule de duplication). Pour tout z ∈ C tel que z, 2z 6= 0, on a : ℘(2z) = −2℘(z) + John Boxall (LMNO) 1 ℘00 (z) 2 (℘(z)2 + 14 g2 )2 + 2g3 ℘(z) = . 4 ℘0 (z) 4℘(z)3 − g2 ℘(z) − g3 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 180 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) On remarque que la formule de duplication exprime ℘(2z) comme fonction rationnelle de ℘(z). Avec la formule d’addition, elle permet de calculer ℘(nz) quelque soit l’entier n 6= 0. On pourrait déduire les formules d’addition et de duplication de ℘0 en dérivant celles de ℘. Mais il y a une manière plus élégante de procéder, que nous allons décrire. Soient u, v w ∈ C tels que u ∈ / Ω, v ∈ / Ω et u + v + w ∈ Ω. Si u±v ∈ / Ω, alors ℘(u) 6= ℘(v ) et le système linéaire ℘0 (u) = A℘(u) + B, ℘0 (v ) = A℘(v ) + B a donc une unique solution (A, B). Considérons donc la fonction f (z) = ℘0 (z) − A℘(z) − B. Elle a un pôle d’ordre trois en tout point de Ω et est holomorphe ailleurs ; elle est donc d’ordre 3. En outre, elle s’annule en u et en v , puis dans un troisième point w1 . On déduit du (iv ) du théorème de la fiche 123 que u + v + w1 ∈ Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 181 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Par conséquent, w1 = w (mod Ω) et ℘0 (w ) = A℘(w ) + B. On en tire que les éléments (℘(u), ℘0 (u), 1), (℘(v ), ℘0 (v ), 1) et (℘(w ), ℘0 (w ), 1) de C3 sont C-linéairement liés. On a donc démontré la première affirmation du théorème suivant : Théorème. Soient u, v , w ∈ C tels que ℘(u) ℘(v ) ℘(w ) u, v , w ∈ / Ω et u + v + w ∈ Ω. Alors ℘0 (u) 1 ℘0 (v ) 1 = 0. ℘0 (w ) 1 Réciproquement, si u, v , w ∈ C sont deux-à-deux distincts modulo Ω et si ce déterminant s’annule, alors u + v + w ∈ Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 182 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Afin de démontrer la réciproque, on remarque d’abord que si le déterminant s’annule, il existe (A, C , B) ∈ C3 , (A, C , B) 6= (0, 0, 0) tel que A℘(u) + C ℘0 (u) + B = A℘(v ) + C ℘0 (v ) + B = A℘(w ) + C ℘0 (w ) + B = 0. Si C = 0, alors A℘(u) + B = A℘(v ) + B = A℘(w ) + B = 0, ce qui est impossible car ℘ est d’ordre deux et u, v , w sont supposés deux-à-deux distincts (mod Ω). On peut donc supposer que C = −1. Alors u, v et w sont les trois zéros de f (z) = ℘0 (z) − A℘(z) − B, et donc u + v + w ∈ Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 183 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Le résultat ne fournit pas de renseignement lorsque v = u. Afin d’en déduire une formule analogue dans ce cas, on procède comme dans la démonstration de la formule pour ℘(2z). On obtient le résultat suivant. Corollaire. Soient u, w ∈ C tels que u, 0 ℘ (u) ℘(u) ℘(w ) John Boxall (LMNO) w∈ / Ω et u + 2w ∈ Ω. Alors ℘00 (u) 0 ℘0 (u) 1 = 0. ℘0 (w ) 1 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 184 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Formules d’addition (suite) Exercice. Montrer que, pour tout z, w ∈ C tels que z, w , z ± w ∈ / Ω, on a ℘(z + w ) − ℘(z − w ) = − ℘0 (z)℘0 (w ) . (℘(z) − ℘(w ))2 Exercice. Montrer que ζ(2z) = 2ζ(z) + Exercice. Montrer que 1 ℘00 (z) lorsque z, 2z ∈ / Ω. 2 ℘0 (z) σ(2z) = −℘0 (z) lorsque z ∈ / Ω. σ(z)4 Exercice. Soit, (ω1 , ω2 ) une base de Ω, soit ω3 = ω1 + ω2 et soit ei = ℘(ωi /2), (i = 1, 2, 3). Montrer que si i ∈ {1, 2, 3}, alors ℘ z+ 12ei2 − g2 ωi − ei ℘(z) − ei = = (ei − ej )(ei − ek ), 2 4 où g2 est comme dans l’équation différentielle de ℘ et j, k sont les deux éléments de {1, 2, 3} différents de i. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 185 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Rappelons que ℘0 (z)2 = 4℘(z)3 − g2 ℘(z) − g3 = 4(℘(z) − e1 )(℘(z) − e2 )(℘(z) − e3 ), où ei = ℘(ωi /2), i ∈ {1, 2, 3}, (ω1 , ω2 ) est une base de Ω et ω3 = ω1 + ω2 . Les nombres complexes g2 et g3 sont définis par X g2 = 60G4 (Ω), g3 = 140G6 (Ω), Gk (Ω) = ω∈Ω, ω6=0 1 , k ≥ 3. ωk On note PΩ le polynôme PΩ (t) = 4t 3 − g2 t − g3 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 186 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Lemme 1. Les nombres e1 , e2 , e3 sont tous distincts. Par conséquent, PΩ est à racines simples. Démonstration. Soient i, j ∈ {1, 2, 3}. On sait (voir l’exercice de la fiche 136) que le diviseur de ℘(z) − ei est 2[xi ] − 2[0], xi étant la classe de ei dans C/Ω. On en tire que ℘(z) − ei ne s’annule pas en ωj /2 lorsque j 6= i. Cela veut dire que ej 6= ei . Lemme 2. Soient u, v ∈ C−Ω. Alors (℘(u), ℘0 (u)) = (℘(v ), ℘0 (v )) si et seulement si u − v ∈ Ω. Démonstration. Il est clair que si u − v ∈ Ω, alors (℘(u), ℘0 (u)) = (℘(v ), ℘0 (v )). Réciproquement, si ℘(u) = ℘(v ), alors u ± v ∈ Ω d’après l’exercice de la fiche 136. Mais si v ≡ −u (mod Ω), alors ℘0 (v ) = −℘0 (u) et, si on suppose ℘0 (u) = ℘0 (v ), on en tire que ℘0 (u) = 0. Il s’ensuit que 2u ∈ Ω et donc que u + v ≡ u − v (mod Ω). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 187 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Soit k un corps commutatif et soit E un k-espace vectoriel. L’espace projectif associé à E est l’ensemble des droites vectorielles de E . En particulier, lorsque E = k n+1 (n ≥ 1 un entier), on obtient l’espace projectif de dimension n sur k, que l’on note Pnk . Lorsque n = 1, on retrouve la droite projective déjà utilisée. Une autre manière de décrire Pnk est comme l’ensemble des classes d’équivalence de l’ensemble k n+1 −{0} pour la relation x ' y si et seulement s’il existe λ ∈ k × tel que y = λx . La droite vectorielle engendrée par x = (x0 , x1 , . . . , xn ) ∈ k n+1 sera notée [x ] ou [x0 , x1 , . . . , xn ]. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 188 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Soit f ∈ k[X0 , X1 , . . . Xn ] un polynôme homogène de degré d en n + 1 indéterminées. Alors f (λx ) = λd f (x ) pour tout x = (x0 , x1 , . . . , xn ) ∈ k n+1 et pour tout λ ∈ k × . On en peut donc pas parler de la valeur de f sur la droite engendré par x . Par contre, f s’annule sur cette droite si et seulement s’il s’annule en x . Par conséquent, on peut parler du lieu d’annulation (ou des zéros) dans Pnk d’un polynôme homogène en n + 1 indéterminées. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 189 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 On suppose désormais que k = C. Soit par exemple f un polynôme de la forme f (X , Y , Z ) = Y 2 Z − (4X 3 − g2 XZ 2 − g3 Z 3 ), où le polynôme 4t 3 − g2 t − g3 est supposé sans racine multiple. Le lieu d’annulation de f dans le plan projectif complexe P2C est l’ensemble des points complexes d’une courbe elliptique, que nous noterons Ef ou E . Soit [x , y , z] ∈ P2C un point de E . Si z = 0, on voit que x = 0 et on peut donc supposer que y = 1. Il y a donc un unique point de E avec z = 0, que l’on appelle le point à l’infini et note O ou OE . Si [x , y , z] est un point de E avec z 6= 0, on peut supposer que z = 1, puis identifier [x , y , 1] avec le point (x , y ) ∈ C2 de la courbe affine d’équation y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 . Par abus de langage, on désigne souvent la courbe elliptique E par l’équation affine y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 190 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Soit donc Ω un réseau. On définit une application Θ : C → P2C par Θ(w ) = [℘(w ), ℘0 (w ), 1], w∈ / Ω, et par Θ(w ) = O lorsque w ∈ Ω. Il est clair que Θ est périodique par rapport à Ω. Par passage au quotient, on obtient donc une application C/Ω → P2C , qui sera également désignée par Θ. Théorème. L’application Θ : C/Ω → P2C qui vient d’être décrite est un bijection de C/Ω sur l’ensemble des points complexes de la courbe elliptique E d’équation y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 . Démonstration. Le lemme 1 montre que y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 est bien une courbe elliptique. Le lemme 2 implique que Θ est injective, car Θ(w ) 6= O lorsque w ∈ / Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 191 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Montrons la surjectivité. Soit [x , y , z] un point de E . Si z = 0, alors [x , y , z] = O, le point à l’infini, qui est égal à Θ(0). Si z 6= 0, on suppose z = 1, et il s’agit de montrer qu’il existe w ∈ C tel que ℘(w ) = x et ℘0 (w ) = y . Si x ∈ C, la fonction w 7→ ℘(w ) − x a un pôle d’ordre deux en 0 ; elle a donc deux zéros, ce qui signifie qu’il existe w tel que ℘(w ) = x . On a alors également ℘(−w ) = x . La relation y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 ainsi que l’équation différentielle ℘02 = 4℘3 − g2 ℘ − g3 impliquent que ℘02 (w ) = ℘02 (−w ) = y 2 et on en tire que soit y = ℘0 (w ) soit y = ℘0 (−w ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 192 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass La courbe elliptique y 2 = 4x 3 − g2 x − g3 Le théorème permet d’identifier C/Ω avec l’ensemble E (C) des points complexes de E . En transportant la loi de groupe de C/Ω vers E (C) à l’aide de Θ, on munit la courbe elliptique de la structure d’un groupe abélien. Le théorème de la fiche 182 montre alors que cette loi de groupe sur E (C) est la loi habituelle : la somme de trois points est nulle si et seulement s’ils sont colinéaires. L’élément neutre est Θ(0), le point à l’infini. En plus, on a gratuitement l’associativité de la loi sur E (C) ; elle se déduit par transport de celle du groupe C/Ω. Par abus de langage, on appelle parfois C/Ω une courbe elliptique. L’invariant j du polynôme PΩ (t) = 4t 3 − g2 t − g3 peut être également appelé indifféremment l’invariant j du réseau Ω, de E ou de C/Ω. On le note alors j(Ω) ou j(E ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 193 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Le cas réel Soit encore Ω ⊆ C un réseau. Nous dirons que Ω est réel s’il est stable par conjugaison complexe. Lorsque c’est le cas, Ω ∩ R est un réseau de R que nous noterons Ω0 . Lemme. Soit Ω ⊆ C un réseau réel. Alors Gk (Ω) (k ≥ 3), g2 , g3 , ℘0 (t), ℘(t), ζ(t), σ(t) (t ∈ R − Ω0 ) sont réels. Si ω ∈ Ω0 , alors η(ω) ∈ R. P k Démonstration. La somme Gk (Ω) = ω6=0 1/ω se décompose en somme de couples de nombres complexes conjugués ; elle est donc stable par conjugaison complexe. On en tire que Gk (Ω) et donc g2 , g3 sont réels. Un argument semblable montre que ℘0 (t) est réel lorsque t ∈ R − Ω0 . La fonction t 7→ ℘(t) ayant donc une dérivée réelle et étant Ω0 périodique, elle diffère d’une constante d’une fonction réelle. La normalisation limz→0 (℘(z) − 1/z 2 ) = 0 entraîne que ℘(t) est alors réelle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 194 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Soit ω0 le générateur positif de Ω0 . On voit que ζ(t) est réel lorsque t ∈] − ω0 , 0[∪]0, ω0 [ en remarquant que le développement de Laurent de ζ en 0 est à coefficients réels, puis en appliquant le principe de continuation analytique. (Les coefficients sont des multiples rationnels des Gk (Ω), qui sont réels.) En prenant t ∈] − ω0 , 0[, on en tire que η(ω0 ) = ζ(t + ω0 ) − ζ(t) est réel, puis que η(ω) est réel quelque soit ω ∈ Ω0 . Il s’ensuit que si t ∈]nω0 , (n + 1)ω0 [, n ∈ Z, alors ζ(t) = ζ(t − nω0 ) + nη(ω0 ) est réel. La démonstration que σ(t) est réel lorsque t ∈ R est laissée en exercice. Exercice. Montrer plus généralement que, si Ω ∈ C est un réseau réel, alors ℘0 (z) = ℘0 (z), ℘(z) = ℘(z), ζ(z) = ζ(z) et σ(z) = σ(z) quelque soit z ∈ C − Ω, et que η(ω) = η(ω) pour tout ω ∈ Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 195 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Par périodicité, il suffit de considérer la fonction t 7→ ℘(t) sur l’intervalle ]0, ω0 [. Proposition. La fonction t 7→ ℘(t) tend vers +∞ lorsque t → 0+ et lorsque t → ω0− . Elle est strictement décroissante sur ]0, ω0 /2[ et strictement croissante sur ]ω0 /2, ω0 [, avec un unique minimum en t = ω0 /2. On a ℘0 (t) < 0 lorsque t ∈]0, ω0 /2[ et ℘0 (t) > 0 lorsque t ∈]ω0 /2, ω0 [. Démonstration. Les développements ℘(z) = 1 + O(1), z2 ℘0 (z) = − 2 + O(1), z3 au voisinage de 0 impliquent que ℘(t) → +∞ lorsque t → 0 et que ℘0 (t) < 0 sur un intervalle ]0, α[ avec α convenable. On a ℘0 (z) = 0 si et seulement si 2z ∈ Ω mais z ∈ / Ω. On en tire aussitôt que l’unique point d’annulation de ℘0 (t) sur ]0, ω0 [ est t = ω0 /2. Puisque ω 0 est continue, on en tire que ℘0 (t) < 0 pour tout t ∈]0, ω0 /2[ et donc que ℘ est strictement décroissante sur cet intervalle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 196 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel On sait que ℘(z) = ℘(ω − z) pour tout z ∈ C, ω ∈ Ω, ce qui implique que la courbe de ℘(t) est symétrique par rapport à t = ω0 /2. Les autres affirmations de la proposition en découlent aussitôt. Corollaire. Soit a ∈ [ω0 /2, ω0 [. Alors Z +∞ dt p = ω0 − a. 4t 3 − g2 t − g3 ℘(a) Par conséquent, si on pose e0 = ℘(ω0 /2), alors Z +∞ dt p ω0 = 2 4t 3 − g2 t − g3 e0 Démonstration. Il suffit d’effectuer la substitution t = ℘(u), ce qui est justifié par la proposition, puis d’itiliser l’équation différentielle ℘02 = 4℘3 − g2 ℘ − g3 . La dernière affirmation découle du cas a = ω0 /2. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 197 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Corollaire. Soient a < b deux éléments de [ω0 /2, ω0 [. Alors Z ℘(b) ℘(a) t dt p 4t 3 − g2 t − g3 = ζ(a) − ζ(b). En particulier, Z ℘(b) e0 t dt p = 12 η(ω0 ) − ζ(b). 3 4t − g2 t − g3 La démonstration est la même que celle du corollaire précédent, en rappelant que ζ 0 (z) = −℘(z). La deuxième affirmation est le cas a = ω0 /2 de la première, en rappelant que η(ω) = 2ζ(ω/2) pour tout ω ∈ Ω tel que ω/2 ∈ / Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 198 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel On peut effectuer une étude semblable sur l’axe imaginaire, dont les détails étant laissés en exercice. On pose Ω00 = Ω ∩ iR et on note ω00 le réel positif tel que iω00 engendre Ω00 . Alors ℘0 (is) ∈ iR, ℘(is) ∈ R, ζ(is) ∈ iR, η(ω00 ) ∈ iR et σ(is) ∈ iR pour tout s ∈ R − iΩ00 . Grâce à la périodicité, on se limitera à s ∈]0, ω20 [. Proposition. La fonction s 7→ ℘(is) tend vers −∞ lorsque s → 0+ et lorsque s → ω00 − . Elle est strictement croissante sur ]0, ω20 [ et strictement décroissante sur ]ω00 /2, ω00 [, avec un unique maximum en ω00 /2. On a i℘0 (is) > 0 sur ]0, ω20 [ et i℘0 (is) < 0 sur ]ω00 /2, ω00 [. On pose e00 = ℘(iω00 /2). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 199 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Pour tout a ∈]0, ω00 /2], on a, en effectuant la substition s = ℘(iv ), Z ℘(ia) ds p −∞ −(4s 3 − g2 s − g3 ) = a. Par conséquent, ω00 Z e00 =2 −∞ ds p −(4s 3 − g2 s − g3 ) . De même, si b ∈]0, ω00 /2] et si a < b, alors Z ℘(ib) ℘(ia) Z e00 ℘(ia) John Boxall (LMNO) s ds p = i(ζ(ia) − ζ(ib)), et 3 −(4s − g2 s − g3 ) s ds p = i(ζ(ia) − 12 η(iω00 )). 3 −(4s − g2 s − g3 ) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 200 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel La seule différence avec l’étude sur l’axe réelpest le changement de variable s = ℘(iv ). D’après la proposition, on a −(4s 3 − g2 s − g3 ) = i℘0 (iv ). Puisque s 0 (v ) = i℘0 (iv ), on trouve bien, par exemple Z ℘(ia) Z a 0 ds i℘ (iv ) p = dv = a. 0 3 −(4s − g2 s − g3 ) 0 i℘ (iv ) −∞ Lemme. On a e00 ≤ e0 . Démonstration. Rappelons que e0 = ℘(ω0 /2) et que e00 = ℘(ω00 /2). Si on avait e00 > e0 , les deux propositions qui précèdent montreraient qu’il existerait (au moins) quatre complexes z vérifiant ℘(z) = (e0 + e00 )/2 : deux réels dont un appartenait à l’intervalle ]0, ω0 /2[ et l’autre à l’intervalle ]ω0 /2, ω0 [, et deux imaginaires purs de la forme iy , avec y ∈]0, ω00 /2[ pour l’un et y ∈]ω00 /2, ω00 [ pour l’autre. Mais ℘ est une fonction elliptique d’ordre deux, d’où une contradiction. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 201 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Le résultat suivant permet notamment de savoir si le polynôme 4t 3 − g2 t − g3 est à racines réelles ou non. Théorème. On suppose encore que le réseau Ω ⊆ C soit stable par conjugaison complexe et on reprend les autres notations qui viennent d’être introduites. On note Ω0 le réseau Ω0 + Ω00 de C, dont une base est (ω0 , iω00 ). (a) On a Ω0 ⊆ Ω et l’indice de Ω0 dans Ω est au plus deux. (b) Les conditions suivantes sont équivalentes. (i) Ω0 = Ω (ii) (ω0 , iω00 ) est une base de Ω. (iii) On a e00 < e0 . (iv ) Le polynôme PΩ (t) = 4t 3 − g2 t − g3 a trois racines réelles, dont e00 et e0 . La troisième racine appartient à l’intervalle ]e00 , e0 [. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 202 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel (c) Les conditions suivantes sont équivalentes. (i) On a [Ω : Ω0 ] = 2. (ii) (ω0 , 12 (ω0 + iω00 )) est une base de Ω. (iii) On a e00 = e0 . (iv ) Le polynôme PΩ a une racine réelle e0 et une paire de racines conjuguées complexes. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 203 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Démonstration. (a) Il est clair que Ω0 ⊆ Ω, et l’égalité 2ω = (ω + ω) + (ω − ω), ω ∈ Ω, montre que 2Ω ⊆ Ω. Puisque [Ω : 2Ω] = 4, il suffit de montrer que Ω0 6= 2Ω. Or, si on avait Ω0 = 2Ω, alors ω0 appartiendrait à 2Ω, et donc ω0 /2 ∈ Ω, ce que contredit la définition de ω0 . Puisque les conditions (iv ) de (b) et de (c) s’excluent mutuellement, il suffit de montrer que (i)⇒(ii)⇒(iii)⇒(iv ) dans chacun des deux cas (b) et (c). (b) Il est clair que (i)⇒(ii). Ensuite, (ii) entraîne que les classes de ω0 /2 et iω00 /2 modulo Ω sont différentes : on en tire que ℘(ω0 /2) 6= ℘(iω00 /2) et l’inégalité e00 < e0 découle donc du lemme de la fiche 201, d’où le (iii). On déduit ce qui précède que PΩ a au moins deux racines réelles ; sa troisième racine est donc également réelle. En outre, les propositions des fiches 196 et 199 montrent respectivent que PΩ (t) > 0 lorsque t > e0 et que PΩ (t) < 0 lorsque t < e00 , d’où le (iv ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 204 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel (c) Il y a trois réseaux contenant Ω0 comme sous-groupe d’indice deux, ω +iω 0 ω0 soit Ω1 = Z ω20 + Ziω00 , Ω2 = Zω0 + Z 0 2 0 et Ω3 = Zω0 + Zi 20 . La possibilité Ω = Ω1 est exclut par la démonstration de (a), et un argument semblable exclut la possibilité Ω = Ω3 . D’où le (ii). On en tire que les classes de ω0 /2 et de iω00 /2 suivant Ω sont les mêmes, ce qui entraîne que e00 = e0 . Comme dans le cas (b), on voit que PΩ (t) > 0 lorsque t > e0 et PΩ (t) < 0 lorsque t < e0 . Par conséquent, PΩ n’a qu’une seule racine réelle. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 205 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Le cas réel Corollaire. Soient g2 , g3 deux réels tels que le polynôme P(t) = 4t 3 − g2 t − g3 soit à racines simples. On note respectivement e0 et e00 la grande et la plus petite des racines réelles (de sorte que e00 = e0 si P n’a qu’une seule racine réelle). On pose Z +∞ ω0 = 2 e0 dt p 4t 3 − g2 t − g3 , ω00 = 2 Z e00 −∞ ds p −(4s 3 − g2 s − g3 ) . Soit Ω le réseau de base (ω0 , iω00 ) lorsque P a trois racines réelles et de base (ω0 , ω0 +iω00 ) 2 lorsque P n’a qu’une seule racine réelle. Alors Ω est l’unique réseau tel que g2 = g2 (Ω) et g3 = g3 (Ω). Remarque. On peut montrer que si g2 , g3 sont deux complexes tels que le polynôme 4t 3 − g2 t − g3 soit à racines simples, alors il existe un unique réseau Ω tel que g2 = g2 (Ω), g3 = g3 (Ω). On raisonne d’une manière semblable que dans le cas réelle après une étude de la racine carrée complexe de 4t 3 − g2 t − g3 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 206 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Rappelons les deux intégrales elliptiques Z +∞ 2 Z +∞ dt t + a2 dt 2 p p , S(a, b) = b , T (a, b) = 2 2 P(t) P(t) −∞ −∞ t + b où P(t) = (t 2 + a2 )(t 2 + b 2 ). Nous allons les transformer en intégrales faisant intervenir des racines carrées de polynômes de la forme 4t 3 − g2 t − g3 . On suppose 0 < b < a. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 207 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Les racines ±ia, ±ib de P sont alignées sur l’axe imaginaire. La transformation t = −iz les ramènent sur l’axe réel. Lemme. On a Z T (a, b) = 2 b a du p −(u 2 − a2 )(u 2 − b 2 ) . Démonstration. Le changement de variable t = −iz transforme le chemin d’intégration en l’axe imaginaire de −i∞ à +i∞. √ La fonction z 7→ z − a possède une racine carrée holomorphe z − a sur C dépourvu de la partie de l’axe réel situé à droite de z = a. On a √ √ limy →0+ ( x + iy − a) = − limy →0− ( x + iy − a) lorsque x > a. De même, la fonction z 7→ z − b possède une racine carrée holomorphe z − b sur √ C dépourvu de la partie de√l’axe réel situé à droite de z = b et + limy →0 ( x + iy − b) = − limy →0− ( x + iy − b) lorsque x > b. √ John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 208 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Par conséquent, p la fonction z 7→ (z − a)(z − b) possède une racine carrée holomorphe (z − a)(z − b) sur C dépourvu de l’intervalle [b, a] de l’axe réel, car p p lim+ (x + iy − a)(x + iy − b) = + lim (x + iy − a)(x + iy − b). y →0 y →0− p De même façon, la fonction z 7→ (z + a)(z + b) a une racine carrée (z + a)(z + b) holomorphe sur C dépourvu de l’intervalle [−a, −b]. Par conséquent, z 7→ (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) possède une racine carrée holomomorphe sur C dépourvu de la réunion des deux intervalles [b, a] et [−a, −b]. En outre, la fonction z 7→ (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) est réelle et positive sur l’axe imaginaire p On note (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) la racine carrée qui est réelle et positive sur l’axe imaginaire. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 209 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Avec ces conventions, on a Z +i∞ dz p T (a, b) = −i . 2 (z − a2 )(z 2 − b 2 ) −i∞ Soit donc R > a et soit γR le lacet formé du demi-cercle de DR centre 0 et passant de −iR à iR dans le demi-plan {<(z) > 0} suivi de la partie de l’axe imaginaire descendant de iR à −iR. p (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) = O(1/z 2 ) lorsque |z| → +∞, l’intéPuisque 1/ p 2 grale de 1/ (z − a2 )(z 2 − b 2 ) sur DR tend vers 0 lorsque R → +∞. Par conséquent Z +i∞ Z dz dz p p =− . (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) −i∞ γR John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 210 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Le lacet γR peut être déformée en une ellipse contournant l’intervalle [b, a] p puis l’approchant depuis le haut et le bas. Si u ∈ [b, a] et si f (z) = (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ), alors q lim+ f (u + iy ) = i −(u 2 − a2 )(u 2 − b 2 ) = − lim+ f (u − iy ). y →0 y →0 (C’est sûrement vrai au signe près et le signe est déterminé par le fait que T (a, b) est positif.) Cela achève la démonstration du lemme. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 211 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Proposition 1. Soient 0 < b < a deux réels. On pose g2 = 3(a4 +14a2 b 2 +b 6 ), g3 = −(a6 −33b 2 a4 −33b 4 a2 +b 6 ), e0 = (a2 + 6ab + b 2 )/2, e = (a2 − 6ab + b 2 )/2 et e00 = −(a2 + b 2 ), de sorte que 4t 3 − g2 t − g3 = 4(t − e0 )(t − e)(t − e00 ), Alors √ Z T (a, b) = 2 6 +∞ e0 e00 < e < e0 . dt p 4t 3 − g2 t − g3 , Démonstration. Elle est élémentaire à partir du lemme. Les changea2 −5b 2 ments de variable successifs u = v + b, v = 1/w , w = x − 6b(a 2 −b 2 ) et t x = 3(a2 −b 2 )b permettent de conclure. Exercice. Expliquer le choix de ces changements de variable. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 212 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) On aimerait traiter S(a, b) de la même manière, mais la fonction u 7→ 2 2 √ u −a est équivalente à une constante fois u 7→ 1/(u − 2 2 2 2 2 (u 2 −b )( −(u −a )(u −b )) b)3/2 lorsque u → b + , ce qui conduit à une intégrale divergente en b. À la place du lemme, il faut donc écrire : Z a 2 Z u − a2 du 2 2 p S(a, b) = 2b + ib F (z) dz 2 2 −(u 2 − a2 )(u 2 − b 2 ) b+r u − b γb,r où 0 < r < a − b et γb,r est le cercle de centre b et de rayon r pris avec l’orientation habituelle, et F (z) = John Boxall (LMNO) 1 z 2 − a2 p . z 2 − b 2 (z 2 − a2 )(z 2 − b 2 ) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 213 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Les mêmes changements de variable u = v + b, . . ., montrent que Z a 2 du u − a2 2 p 2b = 2 2 −(u 2 − a2 )(u 2 − b 2 ) b+r u − b Z R (t − e0 )(t − e) dt 2 p =− √ , 0 3 t − e 6 e0 4t − g2 t − g3 0 où R > e0 et R → +∞ lorsque r → 0. R L’intégrale γb,r F (z)dz se traite en utilisant les changements de variable analogues mais dans le plan complexe. Le changement de variable z = z1 + b transforme γb,r et γ0,r . Ensuite, le changement z1 = 1/z2 transforme γ0,r en le cercle γ0,1/r pris dans le sens inverse. Enfin les changements z2 = z3 − a2 −5b 2 6b(a2 −b 2 ) et z3 = à l’origine en les cercles centrés en John Boxall (LMNO) w tranforment 3(a2 −b 2 )b 2 2 (a − 5b )/2. L’AGM : applications et généralisations. les cercles centrés le 2 avril 2008 214 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Avec un peu de soin, on trouve donc Z Z dw i (w − e0 )(w − e) 2 p ib F (z) dz = √ , 0 3 w − e0 6 γc,R−c 4w − g2 w − g3 γb,r p où 4w 3 − g2 w − g3 est la racine carrée de 4w 3 − g2 w − g3 holomorphe sur C dépourvu de [e00 , e] ∪ [e0 , +∞[ et dont la limite est positive lorsque w approche un point de l’intervalle ]e0 , +∞[ par le haut. Enfin, c = (a2 − 5b 2 )/2. Notons R − c par R, afin de simplifier la notation. Sur le cercle γc,R , on a (w − e0 )(w − e) 1 1 p = √ + Ψ(w ), 0 3 w − e0 2 w −c 4w − g2 w − g3 où la fonction Ψ est O(R −3/2 ) lorsque R → +∞. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 215 / 320 Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Les fonctions elliptiques de Weierstrass On a donc (w − e0 )(w − e) dw p = 0 w − e0 6 γc,R 4w 3 − g2 w − g3 Z dw i √ + O(R −1/2 ) = √ 2 6 γc,R w − c Z i √ lorsque R → +∞. Puisque Z γc,R √ dw √ = R w −c Z 2π iθ e− 2 0 √ 4 R dθ = , i nous avons démontré la proposition suivante. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 216 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Proposition 2. Avec les notations de la proposition précédente, on a √ Z R dt (t − e0 )(t − e) 2 R 2 p + √ S(a, b) = lim −√ . R→+∞ t − e00 6 e0 6 4t 3 − g2 t − g3 Théorème. Soit a > b > 0 deux réels. On reprend les notations utilisées dans les deux propositions précédentes et on note Ω le réseau de base (ω0 , iω00 ), où Z +∞ ω0 = 2 e0 dt p , 3 4t − g2 t − g3 ω00 Z e00 =2 −∞ ds p . 3 −(4s − g2 s − g3 ) On note η la fonction de Weierstrass associé à (voir la fiche 142). Alors √ T (a, b) = John Boxall (LMNO) 6ω0 , 1 S(a, b) = √ 2η(ω0 ) + (e0 + e)ω0 . 6 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 217 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) √ Démonstration. L’équation T (a, b) = 6ω0 découle de la proposition 1. Considérons donc S(a, b). On pose t = ℘(u) dans la limite de la proposition 2 et on applique la proposition de la fiche 196 ainsi que ses corollaires. Alors e0 = ℘ ω20 . On définit ρ ∈] ω20 , ω0 [ par ℘(ρ) = R, de sorte que ρ → ω0− lorsque R → +∞. Il s’ensuit que Z R e0 (t − e0 )(t − e) dt p = 0 t − e0 4t 3 − g2 t − g3 ρ Z ω0 2 (℘(u) − e0 )(℘(u) − e) du. ℘(u) − e00 L’intégrale à droite se traite en écrivant (e00 − e0 )(e00 − e) (℘(u) − e0 )(℘(u) − e) 0 = ℘(u) + (e − e − e) + . 0 0 ℘(u) − e00 ℘(u) − e00 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 218 / 320 Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Les fonctions elliptiques de Weierstrass D’après le dernier exercice de la fiche 185, on a (℘(u) − e00 )(℘(u + 12e00 2 − g2 iω 0 )= = (e00 − e0 )(e00 − e). 2 4 Par conséquent, Z ρ ω0 2 (℘(u) − e0 )(℘(u) − e) du = ℘(u) − e00 Z ρ Z ρ Z ρ = ω ℘(u) du + (e00 − e0 − e) ω du + ω ℘ u + 0 2 Z = 0 2 ρ ω0 2 ℘(u) + ℘ u + h = − ζ(u) − ζ u + John Boxall (LMNO) iω00 du 2 i iω00 ρ 2 ω0 /2 0 iω00 2 − e00 du Z2 ρ − (e0 + e) ω0 2 − (e0 + e) ρ − L’AGM : applications et généralisations. du ω0 . 2 le 2 avril 2008 219 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Il s’ensuit que 2 −√ 6 √ (t − e0 )(t − e) dt 2 R p + √ = t − e00 6 4t 3 − g2 t − g3 e0 p Z ρ 2 ℘(ρ) 2 (℘(u) − e0 )(℘(u) − e) = −√ ω du + √ 0 ℘(u) − e0 6 20 6 0 p iω ω0 + iω00 2 ω0 = √ ζ(ρ) + ℘(ρ) + ζ ρ + 0 − ζ −ζ + 2 2 2 6 ω0 . + (e0 + e) ρ − 2 Z R Pour conclure, il reste à faire tendre ρ vers ω0− . p p On a ζ(ρ) + ℘(ρ) = ζ(ρ − ω0 ) + η(ω) + ℘(ρ − ω0 ) et, en utilisant les formules ζ(z) = z1 + O(z 3 ), ℘(z) = z12 + O(z 2 ) lorsque z → 0, on trouve p que limρ→ω− (ζ(ρ − ω0 ) + ℘(ρ − ω0 )) = 0. 0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 220 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Expressions pour T (a, b) et S(a, b) Par conséquent, p iω 0 ω0 + iω00 ω0 2 −ζ + lim √ ζ(ρ) + ℘(ρ) + ζ ρ + 0 − ζ 2 2 2 ρ→ω0− 6 ω 0 + (e0 + e) ρ − = 2 iω 0 ω0 + iω00 ω0 ω0 2 −ζ + (e0 + e) , = √ η(ω0 ) + ζ ω0 + 0 − ζ 2 2 2 2 6 et on conclut en les relations η(ω + ω 0 ) = η(ω) + η(ω 0 ) lorsque ω, utilisant ω 1 0 ω ∈ Ω et ζ 2 = 2 η(ω) lorsque ω ∈ Ω, ω ∈ / 2Ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 221 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Démonstration de la formule de Brent-Salamin Démonstration de la formule de Brent-Salamin Elle est facile à partir des formules pour T (a, b) et S(a, b) que nous venons d’obtenir. √ √ On choisit a = 1 + 21 2, b = 1 − 12 2. Il s’agira alors d’une application de la formule de Legendre (voir la fiche 144). D’après l’exercice de la fiche 19, il suffit de montrer que T (a, b) 2S(a, b) − T (a, b) = 4π. On a e0 = 3, e = 0 et e00 = −3. Par conséquent, Z ω0 = 2 3 +∞ √ dt 4t 3 − 36t , ω00 Z −3 =2 −∞ √ ds 36s − 4s 3 et le changement de variable s = −t montre que ω 0 = ω. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 222 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Démonstration de la formule de Brent-Salamin Notons Ω le réseau de base (ω0 , iω0 ) = ω0 (1, i) a la particularité d’être stable par multiplication par i. Lemme. On a η(iω0 ) = −iη(ω0 ). Par conséquent, ω0 η(ω0 ) = π. Démonstration. Puisque Ω est stable par multiplication par i, on a X X ℘0 (iz) = −2 (iz − ω)−3 = −2 (iz − iω)−3 ) = ω∈Ω =i X ω∈Ω −3 (z − ω) 0 = i℘ (z). ω∈Ω En dérivant, on voit alors que ℘(iz) = −℘(z) puis que ζ(iz) = −iζ(z) puis que η(iω) = −iη(ω) quelque soit ω ∈ Ω. La relation ω0 η(ω0 ) = π découle alors de la formule de Legendre η(ω2 )ω1 − η(ω1 )ω2 = 2πi (voir la fiche 144), appliquée avec ω1 = ω0 , ω2 = iω0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 223 / 320 Les fonctions elliptiques de Weierstrass Démonstration de la formule de Brent-Salamin √ Appliquons donc le théorème de la fiche 217. On a T (a, b) = 6ω0 et S(a, b) = √1 2η(ω0 ) + 3ω0 . 6 La relation T (a, b) 2S(a, b)−T (a, b) = 4π est alors une conséquence immédiate de la relation ω0 η(ω0 ) = π évoquée par le lemme. Remarques. 1.) Nous avons présenté la formule de Brent-Salamin comme une application de la formule de Legendre pour les fonctions elliptiques de Weierstrass. On peut également établir une formule de Legendre pour les intégrales elliptiques et ainsi donner une démonstration plus directe de la formule de Brent-Salamin. Par ailleurs, cela permet d’en obtenir des généralisations. C’est la présentation que l’on trouve le plus souvent dans la littérature. 2.) Le réseau Ω = ω0 (1, i) utilisé dans la démonstration a la propriété remarquable d’être stable par multiplication par i. C’est un cas particulier d’une propriété remarquable, la multiplication complexe. Le chapitre qui suit indique, pour la plupart sans démonstration, certaines de des propriétés remarquables des réseaux et courbes elliptiques à multiplication complexe. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 224 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Multiplication complexe et cryptographie Dans ce chapitre, nous allons décrire certains propriétés des réseaux et courbes elliptiques à multiplication complexe et leurs liens avec la cryptographie. Les démonstrations sont pour la plupart omises. Soient Ω, Ω0 deux réseaux. On note respectivement E et E 0 les groupes de quotient C/Ω et C/Ω0 , que l’on confond parfois avec les courbes elliptiques associées. On appelle homomorphisme de E vers E 0 toute application C-linéaire φ de C vers lui-même qui vérifie φ(Ω) ⊆ Ω0 . Une application C-linéaire φ : C → C est de la forme φ(z) = λz pour un unique λ ∈ C. La condition φ(Ω) ⊆ Ω0 signifie que λω ∈ Ω0 quelque soit ω ∈ Ω. Le nombre complexe λ est uniquement déterminé par φ. On en tire aussitôt que homomorphismes de E vers E 0 forment un groupe, isomorphe à un sous-groupe du groupe additif C, que l’on note Hom(E , E 0 ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 225 / 320 Multiplication complexe et cryptographie L’élément φ ∈ Hom(E , E 0 ) est appelé une isogénie lorsque λ 6= 0, ce qui équivaut à φ 6= 0. Un endomorphisme de E est un élément de Hom(E , E ). En utilisant la composition d’applications comme multiplication, on voit que Hom(E , E ) est muni de la structure d’un anneau unitaire, l’unité étant l’application identique. On note cet anneau End(E ). Tout entier relatif n induit un élément [n]E de End(E ), multiplication par n. On confond souvent [n]E l’entier n s’il n’y a pas de risque de confusion. Par conséquent, End(E ) est un anneau unitaire. En outre, il est isomorphe à un sous-anneau de C, donc commutatif et intègre. Si l’on considère E et E 0 comme des courbes elliptiques, un élément de Hom(E , E 0 ) est un homomorphisme de groupes E → E 0 qui est donné par des fonctions rationnelles en les coordonnées. Réciproquement, tout homomorphisme de groupes de cette forme provient d’un élément de Hom(E , E 0 ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 226 / 320 Multiplication complexe et cryptographie On dit que E (ou le réseau Ω) est à multiplication(s) complexe(s) si End(E ) contient des éléments qui ne sont pas de la forme [n]E , n ∈ Z. Exemple. Soit Ω le réseau de base (1, i). Si ω ∈ Ω, alors iω ∈ Ω. Par conséquent, Ω est à multiplication complexe et End(E ) contient un anneau isomorphe à l’anneau de Gauss Z[i]. Nous verrons un peu plus loin qu’en fait End(E ) est isomorphe à l’anneau de Gauss. 2πi/3 = (−1 + √ Un autre exemple est le réseau de base (1, ρ), où ρ = e i 3)/2. En effet, ce réseau est stable par multiplication par ρ. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 227 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Corps de nombres et entiers algébriques Rappelons qu’un nombre complexe α est dit un nombre algébrique s’il existe un polynôme f (X ) ∈ Q[X ] tel que f (α) = 0. Quitte à diviser f par son coefficient directeur, on peut supposer f unitaire. On dit que α est un entier algébrique si α est racine d’un polynôme unitaire à coefficients entiers. Par exemple, tout entier relatif est un entier algébrique. Le nombre complexe i est un entier algébrique, car racine de X 2 + 1. On peut montrer que certains nombres, par exemple e et π, ne sont pas algébriques. Un nombre complexe qui n’est pas algébrique est dit transcendant. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 228 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Un corps de nombres est un corps K qui est un Q-espace vectoriel de dimension finie. Par exemple, Q est un corps de nombres. Un autre exemple est Q(i), l’ensemble des nombres complexes de la forme a + bi, avec a, b ∈ Q. Si f (X ) ∈ Q[X ] est un polynôme irréductible, alors l’idéal I de Q[X ] engendré par f (X ) est maximal et, par conséquent, l’anneau quotient K = Q[X ]/I est un corps, qui est un Q-espace vectoriel de dimension égale au degré de f . Par conséquent, K est un corps de nombres. Si α ∈ C est une racine de f , alors l’homomorphisme d’anneaux Q[X ] → C défini par l’évaluation d’un polynôme P et α est un homomorphisme d’anneaux, de noyau I. Par conséquent, son image est un sous-corps de C qui est isomorphe à K . On note l’image Q(α). Exercice. Montrer que tout élément de Q(α) s’écrit de manière unique sous la forme P(α), où P(X ) ∈ Q[X ] est de degré au plus deg(f ) − 1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 229 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Soit encore K un corps de nombres. La dimension de K en tant que K -espace vectoriel est appelé le degré de K . Il est noté [K : Q]. Un élément de K est dit un entier de K (ou entier) s’il est racine d’un polynôme unitaire à coefficients entiers. Lorsque K ⊆ C, un élément de K est entier si et seulement s’il est un entier algébrique. Le résultat suivant résume quelques propriétés de base des entiers d’un corps de nombres. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 230 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Théorème. Soit K un corps de nombres de degré d. (i) Les entiers de K constituent un sous-anneau de K , de corps de fractions K . On note OK l’anneau des entiers de K . (ii) Le groupe additif de OK est isomorphe au groupe additif Zd . (iii) Tout idéal premier non-nul de OK est maximal. (iv ) Si P est un idéal maximal de OK , alors l’anneau quotient OK /P est un corps fini. On appelle ordre dans K tout sous-anneau unitaire de OK dont le corps de fractions est égal à K . Par exemple, OK est toujours un ordre, appelé parfois l’ordre maximal, car par définition il contient tous les autres. Dans l’anneau de Gauss Z[i] (qui est l’anneau des entiers de Q(i)), l’ensemble {a + 2bi | (a, b) ∈ Z2 } est un ordre de Q[i]. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 231 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Théorème. Soit K un corps de nombres de degré d et soit O un ordre de K . (i) Le groupe additif de O est isomorphe à Zd . (ii) Le groupe OK /O est d’ordre fini. (iii) Tout idéal premier non-nul est maximal. (iv ) Si P est un idéal maximal de OK , alors l’anneau quotient O/P est un corps fini. Exemple. Soit α ∈ OK tel que K = Q(α). Alors Z[α], le sous-anneau de K engendré par α, est un ordre. Un ordre de cette forme est dite monogène. En général, il existe des ordres dans K qui en sont pas monogènes : il existe même des corps de nombres dont l’ordre maximal n’est pas monogène. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 232 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Un corps quadratique est un corps de nombres de degré deux. Si K est un corps quadratique et si α ∈ K − Q, alors α est racine d’un polynôme f à coefficients rationnels et irréductible de degré deux. On dit que K est réel ou imaginaire selon que les racines de f sont réelles ou non. Théorème. Soit Ω ⊆ C un réseau et soit E = C/Ω la courbe elliptique associée. Si E est à multiplication complexe, alors End(E ) est un ordre dans un corps quadratique imaginaire. Démonstration. Elle repose sur le lemme suivant. Lemme. Soit φ ∈ End(E ), φ ∈ / Z. Alors φ est un entier algébrique dans un corps quadratique imaginaire. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 233 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Admettons momentanément le lemme et concluons la démonstration du théorème. Puisque E est à multiplication complexe, End(E ) contient un élément φ ∈ / Z. D’après le lemme, le corps K = Q(φ) est un corps quadratique imaginaire. Soit ψ ∈ End(E ). Si ψ ∈ / Q, alors K 0 = Q(ψ) est encore un corps quadratique imaginaire. En fait, K 0 = K , car dans le cas contraire, un argument standard de théorie de corps montrerait que φ + ψ serait de degré 4 sur Q. Donc End(E ) ⊆ K et, puisque φ est un entier algébrique, End(E ) est contenu dans l’anneau des entiers de K . Enfin, le corps de fractions de End(E ) est K . Par conséquent, End(E ) est un ordre de K . D’où le théorème. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 234 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Corps de nombres et entiers algébriques Revenons à la démonstration du lemme. On sait qu’il existe λ ∈ C tel que φ(z) = λz. Par hypothèse, λ ∈ / Z. Soit (ω1 , ω2 ) une base de Ω. Par hypothèse, λω1 ∈ Ω et λω2 ∈ Ω. Il existe donc une matrice A = ca db à coefficients entiers telle que λω1 = aω1 + bω2 , λω2 = cω2 + dω2 . Soit χ(X ) = X 2 − (a + d)X + ad − bc le polynôme caractéristique de A. Alors χ(λ) = 0 ce qui implique que λ est un entier algébrique. Puisque λ ∈ / Z et χ est de degré deux, χ(X ) est irréductible. Donc Q(λ) est un corps quadratique. Si λ était réelle, alors λ serait irrationnel et donc (λ − a)ω1 = bω2 serait une relation de R-dépendance linéaire entre ω1 et ω2 , en contradiction avec l’hypothèse que (ω1 , ω2 ) soit une base d’un réseau. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 235 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné Courbes elliptiques à nombre de points donné Les courbes elliptiques sur un corps fini ont de nombreuses applications en cryptographie, comme expliqué dans le cours de Denis Simon. Les deux résultats suivants résument une partie des propriétés importantes des courbes elliptiques sur un corps fini. Théorème (Hasse). Soit k un corps fini à q éléments et soit E une courbe elliptique sur k. Si N désigne l’ordre du groupe des points de E rationnels sur k, alors p |q + 1 − N| ≤ 2 q. Théorème (Deuring). Soit k un corps fini √ à q éléments et soit N un entier premier à q et vérifiant |q + 1 − N| ≤ 2 q. Alors il existe une courbe elliptique sur k dont le groupe des points rationnels sur k est d’ordre n. (En fait, le résultat complet de Deuring traite également le cas où N n’est pas premier à q.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 236 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné Il existe des algorithmes de comptage des points d’une courbe elliptique (algorithme de Schoof, SEA, . . .). Ici, nous serons plutôt intéressé par le problème posé par le théorème√de Deuring : étant donné un entier N premier à q et vérifiant |q+1−N| ≤ 2 q, construire explicitement une courbe elliptique sur k dont l’ordre du groupe des points est N. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 237 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné Afin de simplifier la discussion, nous allons supposer que la caractéristique de k est différente de 2, de sorte que toute courbe elliptique sur k possède un modèle de la forme y 2 = x 3 + ax 2 + bx + c, où a, b et c ∈ k et le polynôme x 3 + ax 2 + bx + c est à racines simples. Si E est une courbe elliptique sur k, on note j = j(E ) son invariant j, c’est-à-dire l’invariant j du polynôme x 3 + ax 2 + bx + c. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 238 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné √ Soit donc N un entier premier à q et vérifiant |q + 1 − N| ≤ 2 q. Supposons pour un instant qu’on connaît une courbe elliptique E sur k dont le groupe des points est d’ordre N. La démonstration du théorème de Hasse fait intervenir un polynôme√de la forme P(X ) = X 2 −aq (E )X +q, où l’entier aq = aq (E ) vérifie |aq | ≤ 2 q. L’entier N est alors la valeur de P en 1 et l’on a aq = q + 1 − N. √ L’hypothèse que N soit premier à q implique qu’en fait |aq | < 2 q, et donc que le discriminant ∆ = aq2 − 4q de P est strictement négatif. Or, si l’entier N est donné, on pose aq = q + 1 − N puis ∆ = aq2 − 4q. Sans connaître la courbe E , on peut donc associer à N le polynôme P, puis p son discriminant ∆, et enfin le corps de nombres K = Q(i |D|) de degré deux (un tel corps est appelé un corps quadratique imaginaire). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 239 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné Or, le polynôme P apparaît dans la théorie des courbes elliptiques comme le polynôme caractéristique d’un endomorphisme π de E , appelé l’endomorphisme de Frobenius de E , et que nous noterons π. Explicitement, π transforme le point à coordonnées (x , y ) de E (avec x , y dans une clôture algébrique de k) en le point à coordonnées (x q , y q ). Ainsi, l’anneau des endomorphismes End(E ) de E contient l’anneau Z[π] qui est isomorphe à un ordre dans le corps quadratique K . Autrement dit, la courbe elliptique est à multiplication complexe par K . En outre, l’ordre Z[π] est déjà déterminé par l’entier N. Puisqu’on peut montrer que End(E ) est toujours isomorphe à un sous-anneau de OK , on a l’encadrement Z[π] ⊆ End(E ) ⊆ OK . Le groupe quotient des groupes additifs OK /Z[π] est un groupe fini, et il n’y a donc qu’un nombre fini (explicite) de possibilités pour End(E ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 240 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné Soit O un ordre dans un corps quadratique imaginaire. Alors il existe des réseaux Ω tel que l’anneau des endomorphismes End(E ) de la courbe elliptique E = C/Ω est isomorphe à O. (Par exemple, O peut lui-même être considéré comme un réseau de C.) Théorème. Soit Ω un réseau à multiplication complexe de C. Alors j(Ω) est un entier algébrique. Soit F le corps de nombres Q(j(Ω)) et soit p la caractéristique de k. Soit P un idéal maximal de OF contenant p ; alors le corps quotient OF /P est un corps fini k 0 de caractéristique p. Et la classe j de j(Ω) dans k 0 est l’invariant j d’une courbe elliptique sur k 0 (voir l’un des exercices de la fiche 112). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 241 / 320 Multiplication complexe et cryptographie Courbes elliptiques à nombre de points donné En général, en cherchant parmi les différentes courbes elliptiques d’invariant j pour les différentes valeurs de j on trouve la courbe cherchée. Pour tester si le groupe de points d’une courbe elliptique est d’ordre N, on peut utiliser l’algorithme de Schoof ou SEA. Mais il est souvent utile de prendre des points P au hasard sur la courbe et voir si NP est l’origine de la courbe. Nous ne connaissons pas de méthode pour trouver une courbe elliptique avec un nombre de points donné qui ne passe pas par la caractéristique zéro. Il existe une théorie très riche de la multiplication complexe, qui permet notamment de donner une description très précise du corps de nombres engendré par j(Ω) lorsque Ω est à multiplication complexe. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 242 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires et fonctions thêta. À partir de maintenant, nous allons étudier la variation des fonctions que nous avons introduites aves le réseau Ω. Nous désignons donc par z 7→ ℘(z, Ω) la fonction ℘ de Weierstrass associée au réseau Ω, et les notations ζ(z, Ω), σ(z, Ω), η(ω, Ω) auront une signification analogue. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 243 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Soient Ω, Ω0 ⊆ C deux réseaux. On dit que Ω et Ω0 sont homothètes (ou isomorphes) s’il existe λ ∈ C× tel que Ω0 = λΩ. Proposition. Soit Ω ⊆ C un réseau et soit λ ∈ C× . Alors 1 ℘(z, Ω), λ2 1 ζ(λz, λΩ) = ζ(z, Ω), λ σ(λz, λΩ) = λσ(z, Ω), 1 η(λω, λΩ) = η(ω, Ω), λ 1 Gk (λΩ) = k Gk (Ω), (k ≥ 3), λ j(λΩ) = j(Ω). ℘(λz, λΩ) = John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 244 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. La démonstration est facile et laissée en exercice. On a coutume de poser ∆(Ω) = g2 (Ω)3 − 27g3 (Ω)2 , où g2 (Ω) = 60G4 (Ω), g3 (Ω) = 140G6 (Ω) comme auparavant. On appelle ∆(Ω) le discriminant de Ω. Alors ∆(Ω) est la seizième du discriminant du polynôme 4t 3 − g2 t − g3 . Par conséquent, ∆(Ω) 6= 0. En utilisant la proposition, on trouve que ∆(λΩ) = 1 ∆(Ω). λ12 Enfin, un calcul aisé montre que j(Ω) = 123 g2 (Ω)3 , ∆(Ω) ce qui entraîne que j(λΩ) = j(Ω). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 245 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Ces formules montrent que, pour calculer ℘, ζ, . . ., il suffit de savoir le faire pour des réseaux ayant une base de la forme (1, τ ), où τ ∈ C. Ici, (1, τ ) est une base d’un réseau si et seulement si τ ∈ / R et, quitte à remplacer τ par −τ , on peut supposer =(τ ) > 0. La variable τ sert également dans l’étude des familles paramétrées de courbes elliptiques, munies éventuellement de structures supplémentaires (point d’ordre N . . .). On note H le demi-plan supérieur {τ ∈ C | =(τ ) > 0}. Si τ ∈ H, on note Ωτ le réseau de base (1, τ ). D’après la proposition, on a, par exemple, ℘(z, Ω) = 1 z ℘ , Ωω2 /ω1 , 2 ω1 ω1 lorsque (ω1 , ω2 ) est une base de Ω telle que =(ω2 /ω1 ) > 0. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 246 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Théorème. Soient τ , τ 0 ∈ H. Pour que les réseaux Ωτ et Ωτ 0 soient homothètes, il faut et il suffit qu’il existe une matrice aτ + b a b ∈ SL2 (Z) telle que τ0 = . c d cτ + d (Rappelons que, si A est un anneau commutatif unitaire, SLn (A) désigne le groupe multiplicatif des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans A et de déterminant 1.) Démonstration. Rappelons d’abord que, si M = l’homographie de P1 (C) associée M(τ ) = a b c d ∈ GL2 (C), aτ + b cτ + d tranforme H en lui-même si et seulement si M est le produit d’un scalaire et d’une matrice réelle de déterminant positif. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 247 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Si donc la matrice envisagée dans l’énoncé du théorème existe, alors (cτ +d, aτ +b) est une base de Ωτ et, par conséquent, Ωτ 0 = (cτ +d)−1 Ωτ . Supposons réciproquement qu’il existe λ ∈ C× tel que Ωτ 0 = λΩτ . p q r s Ωτ 0 : il existe donc une matrice N = Alors (λ, λτ ) est une base de 0 ∈ GL2 (Z) telle que λ = r τ + s, λτ = pτ 0 + q. On a donc τ= pτ 0 + q = N(τ 0 ), rτ0 + s d’où τ 0 = N −1 (τ ). A priori, N −1 est de déterminant ±1. Mais le fait que τ 0 et τ appartiennent à H entraîne que le déterminant est en fait +1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 248 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Formes modulaires Rappelons que H désigne le demi-plan supérieur ouvert {τ ∈ C | =(τ ) > 0} et que, si τ ∈ H, Ωτ désigne le réseau de base (1, τ ). Le groupe multiplicatif GL+ 2 (R) des matrices carrées inversibles d’ordre deux à coefficients réels et de déterminant positif opère sur H par aτ + b a b , où M = . M(τ ) = c d cτ + d Si τ ∈ H, on pose Gk (τ ) = Gk (Ωτ ), g2 (τ ) = g2 (Ωτ ), g3 (τ ) = g3 (Ωτ ), ∆(τ ) = ∆(Ωτ ), j(τ ) = j(Ωτ ). Ce sont des fonctions holomorphes sur P H, comme on voit en rappelant que, d’après la définition, on a Gk (τ ) = (m,n)∈Z2 −{(0,0)} (mτ + n)−k . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 249 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Proposition. On a Gk (M(τ )) = (cτ + d)k Gk (τ ) quelque soit M = a b c d ∈ SL2 (Z). aτ + b , alors Ωτ 0 = (cτ + d)−1 Ωτ , comme cτ + d déjà remarqué. Par conséquent, Démonstration. Si τ 0 = Gk (M(τ )) = Gk (Ωτ 0 ) = (cτ + d)k Gk (Ωτ ) = (cτ + d)k Gk (τ ) d’après la proposition précédente. On a alors g2 (M(τ )) = (cτ + d)4 g2 (τ ) et g3 (M(τ )) = (cτ + d)6 g3 (τ ). Corollaire. On a ∆(M(τ )) = (cτ + d)12 ∆(τ ) a b quelque soit M = ∈ SL2 (Z). c d John Boxall (LMNO) et j(M(τ )) = j(τ ) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 250 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Définition. Soit k ∈ Z. Une forme modulaire de poids k (sur SL2 (Z)) est une fonction holomorphe f : H → C qui vérifie les deux conditions suivantes. a b (i) Pour tout M = ∈ SL2 (Z), on a f (M(τ )) = (cτ + d)k f (τ ) c d quelque soit τ ∈ H. (ii) f possède un développement de Fourier de la forme X f (τ ) = cn q n , q = q(τ ) = e 2πiτ , n∈N où cn ∈ C et la série est supposée convergente sur un demi-plan de la forme {τ ∈ H | =(τ ) > y0 }. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 251 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Expliquons la condition (ii). En appliquant la condition (i) avec la matrice M = 1 1 , on voit 0 1 que f est de période 1. Fixons d’abord y > 0 : la fonction d’une variable réelle fy (x ) = f (x +iy ) possède donc un développement de Fourier Z 1 X 2πinx fy (x ) = cn (y )e , cn (y ) = f (t + iy )e −2πint dt. 0 n∈Z Si l’on pose w = t + iy , alors on trouve Z 2πny cn (y )e = f (w )e −2πinw dw [iy ,iy +1] et l’intégrale à droite est indépendante de y , comme on, le voit en considéR rant γ f (w )e −2πinw dw lorsque γ est un lacet en forme de rectangle avec sommets iy , iy + 1, iy 0 + 1, iy 0 et en remarquant que les intégrales sur les cotés opposées [iy + 1, iy 0 + 1] et [iy 0 , iy ] se simplifient en raison de la périodicité. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 252 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Par conséquent, si l’on pose τ = x + iy , on trouve que Z X f (w )e −2πinw dw f (τ ) = f (x + iy ) = cn e 2πinτ , où cn = n∈Z [iy ,iy +1] est indépendant de y . La condition (ii) signifie alors que cn = 0 lorsque n < 0. Puisque e 2πiτ → 0 lorsque =(τ ) → +∞, la condition (ii) peut également être interprétée comme disant que « f est analytique à l’infini ». Elle implique, en particulier, que lim=(τ )→+∞ f (τ ) existe ; la limite sera en fait c0 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 253 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires La proposition montre que Gk , g2 , g3 , ∆ et j vérifient la condition (i) de la définition d’une forme modulaire. Il faudra alors montrer que Gk , et donc encore g2 , g3 et ∆, vérifient également la condition (ii). En fait, un calcul plus soigné permet de déterminer les coeffcients cn explicitement. Voici l’esquisse de l’argument, qu’on pourra compléter en exercice. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 254 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires On peut supposer que k est pair. Alors, en séparant les termes avec m = 0 et en remarquant que ((−m)τ + (−n))k = (mτ + n)k , on trouve : X Gk (τ ) = (m,n)6=(0,0) Ici, P+∞ n=1 n −k +∞ +∞ n=1 m=1 n∈Z X 1 XX 1 1 = 2 + 2 . (mτ + n)k nk (mτ + n)k est la valeur en k de la fonction dzêta de Riemann. Afin de traiter la somme double, on rappelle d’abord la formule classique : +∞ 1 X 1 1 cos πz = + + , π sin πz z z +n z −n n=1 valable pour tout z ∈ C − Z, la convergence étant localement uniforme sur l’ouvert de C en question. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 255 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires D’autre part, π cos πz e πiz + e −πiz 1 + e 2πiz = πi πiz = −πi sin πz e − e −πiz 1 − e 2πiz et donc, lorsque z ∈ H : +∞ +∞ n=1 r =1 X 1 1 X 1 1 + e 2πiz + + = −πi = −πi 1 + 2 e 2πirz . 2πiz z z +n z −n 1−e En dérivant k − 1 fois et en réarrangeant, on en tire que : +∞ X n∈Z John Boxall (LMNO) k X 1 k (2πi) = (−1) r k−1 e 2πirz . (k − 1)! (z + n)k r =1 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 256 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Le calcul se termine en replaçant z par mτ dans cette formule puis en prenant la somme de m = 1 à +∞. Il s’ensuit que : +∞ +∞ (2πi)k X X k−1 2πimr τ Gk (τ ) = 2ζ(k) + 2(−1) r e . (k − 1)! k m=1 r =1 En rappelant que k est paire et en réarrangeant, on obtient le résultat suivant : Théorème. Soit k ≥ 4 un entier pair. On note ζ de la fonction dzêta P k−1 de Riemann et, si n ≥ 1 est un entier, on pose σk−1 (n) = d|n d , la somme portant sur les diviseurs d ≥ 1 de n. Alors +∞ Gk (τ ) = 2ζ(k) + 2(−1)k/2 (2π)k X σk−1 (n)e 2πinτ . (k − 1)! n=1 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 257 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Remarques. (i) Rappelons que, lorsque k ≥ 2 est un entier pair, la valeur ζ(k) est un multiple rationnel de π k (voir la fiche 260). Le théorème implique donc que les coefficients du développement de Fourier de la fonction modulaire Gk /ζ(k) sont rationnels. En outre, l’apparition de la fonction dzêta et de la fonction σk−1 portant sur les diviseurs d’un entier suggère l’importance des séries d’Eisenstein en théorie des nombres. (ii) Il est clair qus σk−1 (n) ≤ nk . On en tire que la convergence de la série de Fourier de Gk est linéaire, donc nettement meilleure que celle de la série définissante de Gk . On en tire que les fonctions g2 , g3 , ∆ et j peuvent également être calculées à l’aide de séries à convergence linéaire. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 258 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires (iii) La fonction (∗) (z, τ ) 7→ ℘01 (z, τ ) = −2 X (m,n)∈Z2 1 (z + mτ + n)3 est de période 1, à la fois en z et en τ . Des calculs analogues permettent de l’écrire comme somme de séries faisant intervenir des puissances de e 2πiz et de e 2πiτ , qui convergent beaucoup plus vite que la série (∗). Mais on peut faire encore mieux. . . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 259 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires Exercice. (i) Expliquer pourquoi la fonction z 7→ z/(e z −1) se prolonge en une fonction holomorphe en 0. Trouver le rayon de convergence de son développement en série entière au voisinage de 0. Les coefficients Br de ce développement sont connus au nom des nombres des Bernouilli. Explicitement, les coefficients Br sont définis par ∞ X Br z = zr . z e −1 r! r =0 (ii) Calculer B0 . Vérifier que la fonction z 7→ e zz−1 + 12 z est paire. En déduire que B1 = −1/2 et que Br = 0 lorsque r ≥ 3 est impair. P −1 (iii) En utilisant l’égalité e zz−1 (e z − 1) = z, montrer que r`=0 B` r` = 0 lorsque r ≥ 2. En déduire que B2 = 1/6 et que Br est un nombre rationnel quelque soit l’entier r . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 260 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Formes modulaires On reprend la formule +∞ 1 X 1 1 cos πz − = + π sin πz z z +n z −n n=1 déjà évoquée. (iv ) En utilisant les formules cos z = (e iz + e −iz )/2 et sin z = (e iz − exprimer les coefficients du développement en série entière au voisinage de 0 de +∞ X 1 1 + z 7→ z +n z −n e −iz )/2, n=1 en fonction des nombres de Bernouilli. (v ) En déduire que ∞ k−1 B X 1 2k 2k (−1) = (2π) . 2 · (2k)! n2k n=1 quelque soit l’entier k ≥ 1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 261 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions modulaires Fonctions modulaires Par contre, la fonction j ne vérifie pas la condition (ii) de la définition d’une forme modulaire. En effet, en utilisant l’exercice de la fiche 260, on trouve que ζ(4) = π 4 /90 et ζ(6) = π 6 /945. Puisque ∆(τ ) = (60G4 (τ ))3 − 27(140G6 (τ ))6 , on déduit du théorème de la fiche 257 que lim =(τ )→+∞ ∆(τ ) = 0, alors que lim=(τ )→+∞ G4 (τ ) = 2ζ(4) = π 4 /45. Par conséquent, j(τ ) n’est pas borné lorsque =(τ ) → +∞. En fait, on peut montrer que les seules fonctions holomorphes bornées f : H → Cqui vérifient f ((aτ + b)/(cτ + d)) = f (τ ) pour tout τ ∈ H et a b pour tout ∈ SL2 (Z) sont les fonctions constantes. c d John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 262 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions modulaires On se trouve ainsi dans une situation analogue que pour les fonctions elliptiques : toute fonction elliptique holomorphe est constante. Comme pour les fonctions elliptiques, la solution est d’autoriser les fonctions méromorphes. Définition. Une fonction modulaire sur SL2 (Z) est une fonction méromorphe f sur H qui vérifie les deux conditions suivantes : a b (i) Pour tout ∈ SL2 (Z) on a c d f aτ + b = f (τ ) pour tout τ ∈ H. cτ + d (ii) f est « méromorphe à l’infini », dans le sens qu’elle possède un développement de Fourier de la forme X f (τ ) = cn q n , q = q(τ ) = e 2πiτ . n≥n0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 263 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions modulaires La fonction j rentre bien dans ce nouveau cadre. Nous savons déjà qu’elle vérifie la condition (i). Afin de montrer qu’elle vérifie la condition (ii), on note que ∆(τ ) = (60G4 (τ ))3 − 27(140G6 (τ ))2 = π 12 (4096q − 98304q 2 ) + O(q 3 ), et que 123 g2 (τ )3 = π 12 (4096 + 2949120q) + O(q 2 ), où l’on a encore écrit q = e 2πiτ . (On rappelle que ζ(4) = π 4 /90 et ζ(6) = π 6 /945.) Ces séries convergent sur le disque ouvert {q ∈ C | |q| < 1}. Par conséquent, 1 j(τ ) = + 744 + O(q), q la série convergeant sur un disque épointé centré en 0. (En fait, elle converge sur le disque épointé de rayon un, car ∆(τ ) 6= 0 quelque soit τ ∈ H, et j est alors holomorphe sur H.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 264 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions modulaires Exercice. Montrer que les fonctions modulaires sur SL2 (Z) forment un corps. Remarque. On peut montrer que toute fonction modulaire sur SL2 (Z) sécrit comme fonction rationnelle en j. Ce résultat est analogue au fait que toute fonction elliptique s’exprime sous la forme f (℘) + ℘0 g(℘), f et g étant des fonctions rationnelles (voir la fiche 138). Exercice. Montrer que les coefficients du développement de Fourier de j sont rationnels. (un peu plus difficile : montrer qu’ils sont entiers. Les coefficients sont liés aux degrés de certaines représentations du groupe fini simple appelé « le monstre ».) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 265 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Fonctions thêta Une autre manière de construire des formes modulaires est à l’aide de fonctions thêta. Par définition, la fonction thêta de Jacobi est la fonction définie sur C × H par X 2 θ(z, τ ) = e πin τ +2πinz . n∈Z 2 Puisque τ ∈ H, le terme e πin τ domine le terme e 2πinz ce qui garantit la convergence quelque soit la valeur de z. La série converge absolument sur C×H. Elle convergence uniformément sur tout compact de C×H et θ est une fonction holomorphe sur ce domaine. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 266 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Proposition. (i) On a θ(−z, τ ) = θ(z, τ ) pour tout (z, τ ) ∈ C × H. (ii) On a θ(z + m, τ ) = θ(z, τ ) pour tout (z, τ ) ∈ C × H et pour tout m ∈ Z. (iii) On a θ(z +mτ, τ ) = e −πim et pour tout m ∈ Z. 2 τ −2πimz θ(z, τ ) pour tout (z, τ ) ∈ C×H Démonstration. Le (i) se voit en remplaçant n par −n dans la somme définissant θ. Le (ii) est également immédiat. Montrons le (iii). Les manipulations qui suivent se justifient facilement à l’aide de la convergence absolue. On a : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 267 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. θ(z + τ m, τ ) = X = X = X e πin Fonctions thêta 2 τ +2πin(z+τ m) n∈Z e πi(n 2 +2nm)τ +2πinz n∈Z e πi(n+m) 2 τ +2πi(n+m)z−πim2 τ −2πimz n∈Z = e −πim 2 τ −2πimz X e πi(n+m) 2 τ +2πi(n+m)z . n∈Z Lorsque n parcourt Z, n + m le parcourt aussi. La proposition montre que z 7→ θ(z, τ ) est une fonction quasi-périodique associée au réseau Ωτ de base (1, τ ). En particulier, on peut lui associer un diviseur div(θ) ∈ Div(C/Ωτ ), que nous allons bientôt déterminer. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 268 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta R2 . Soit (a, b) ∈ Ilest utile d’introduire la fonction thêta de Riemann avec caractéristiques ba : X a 2 θ (z, τ ) = e πi(n+a) τ +2πi(n+a)(z+b) . b n∈Z En particulier, θ(z, τ ) = θ 00 (z, τ ). La proposition suivante montre que, en fait, la fonction θ qu’une réécriture de la fonction θ. a b n’est Proposition. Pour tout (z, τ ) ∈ C ∈ H, on a : a 2 θ (z, τ ) = e πia τ +2πia(z+b) θ(z + τ a + b, τ ). b La démonstration a est laissée en exercice. On déduit facilement de cette proposition que θ b est également une fonction quasi-périodique associée à Ωτ . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 269 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Proposition Soit (a, b) ∈ R2 . Alors (i) θ ba (z + m, τ ) = e 2πima θ ba (z, τ ) et 2 (ii) θ ba (z + mτ, τ ) = e −πim τ −2πim(z+b) θ ba (z, τ ) quelque soit m ∈ Z. À nouveau, la démonstration est laissée en exercice. Il s’agit d’un exercice de réarrangement des termes de la série qui se justifie facilement en raison de la convergence absolue. La proposition montre que θ ba est une fonction quasi-périodique associé au réseau Ωτ de base (1, τ ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 270 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Les cas où a, b ∈ {0, 1/2} seront particulièrement importants par la suite et nous écrirons alors θ2a,2b (z, τ ) pour θ ba . On a ainsi quatre fonctions θ0,0 , θ0,1 , θ1,0 et θ1,1 . En particulier, θ0,0 = θ. Proposition. Fixons τ ∈ H. Les fonctions z 7→ θ0,0 (z, τ ), z 7→ θ0,1 (z, τ ) et z 7→ θ1,0 (z, τ ) sont paires, alors que la fonction z 7→ θ1,1 (z, τ ) est impaire. Le cas de θ0,0 = θ a déjà été remarqué. Les autres cas se démontrent de la même manière. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 271 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Théorème. Soit (a, b) ∈ R2 . La fonction z 7→ θ ba (z, τ ) a un unique zéro simple modulo Ωτ , et son diviseur est [−(aτ + b + 12 (τ + 1)]. Démonstration. Puisque z 7→ θ1,1 (z, τ ) est impaire, on a θ1,1 (0, τ ) = 0 quelque soit τ ∈ H. D’après la proposition de la fiche 269, on déduit que z 7→ θ ba (z, τ ) s’annule lorsque z = −(aτ + b + 12 (τ + 1)). Pour conclure, il suffit de démontrer, pour un choix convenable de (a, b), que θ ba a un unique zéro dans un parallèlogramme Πα = {α + λ1 + λ2 τ | 0 ≤ λ1 , λ2 ≤ 1}. Prenons donc (a, b) = (0, 0) afin de simplifier les calculs, en utilisant la proposition de la fiche 267. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 272 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Fonctions thêta Il suffit de montrer Z γ θ0 (z, τ ) dz = 2πi, θ(z, τ ) γ étant le bord du parallèlogramme muni de l’orientation usuelle et θ0 désignant la dérivée de θ par rapport à z. Grâce à la périodicité, on a Z α 0 Z α+1+τ 0 θ (z, τ ) θ (z, τ ) dz = − dz. θ(z, τ ) α+1 α+τ θ(z, τ ) Par contre, Z α+1 α θ0 (z, τ ) dz + θ(z, τ ) θ0 (z, τ ) dz α+1+τ θ(z, τ ) Z α+1 0 θ (z, τ ) θ0 (z + τ, τ ) − dz = θ(z, τ ) θ(z + τ, τ ) α Z α+1 0 θ (z, τ ) θ0 (z, τ ) = − − 2πi dz θ(z, τ ) θ(z, τ ) α Z α+τ (en utilisant θ(z + τ, τ ) = e −πiτ −2πiz θ(z, τ )), ce qui vaut 2πi. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 273 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ Comparaison entre θ1,1 et σ Soit τ ∈ H et soit σ(z, τ ) la fonction σ de Weierstrass associée au réseau Ωτ de base (1, τ ). Les fonctions z 7→ θ1,1 (z, τ ) et z 7→ σ(z, τ ) sont des fonctions quasipériodiques associées à Ωτ . Elles sont toutes les deux impaires et de diviseur [0]. Il est donc naturel de les comparer. D’après la proposition de la fiche 270, on a θ1,1 (z + 1, τ ) = −θ(z, τ ), θ1,1 (z + τ, τ ) = −e −πiτ −2πiz θ1,1 (z, τ ). Puisque θ1,1 et impair, dlog θ1,1 est impair et θ1,1 ayant un zéro simple en 0, on voit que 1 dlog θ1,1 (z, τ ) = + O(z), z où la fonction O(z) dépend de τ . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 274 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ En outre, dlog θ1,1 (z + 1, τ ) = dlog θ1,1 (z, τ ) , dlog θ1,1 (z + τ, τ ) = −2πi + dlog θ1,1 (z, τ ) . d dlog θ1,1 (z, τ ) est une En dérivant encore une fois, on voit que − dz fonction elliptique qui vérifie − d 1 dlog θ1,1 (z, τ ) = 2 + O(1). dz z D’autre part, on a − John Boxall (LMNO) d 1 dlog σ(z, τ ) = ℘(z) = 2 + O(z 2 ). dz z L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 275 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ d d Par conséquent, la fonction dz dlog θ1,1 (z, τ ) − dz dlog σ(z, τ ) est une fonction elliptique sans pôle, donc constante par rapport à z. Il existe donc une fonction φ : H → C telle que θ (z, τ ) d 1,1 dlog = φ(τ ) dz σ(z, τ ) pour tout z ∈ C, puis dlog θ 1,1 (z, τ ) σ(z, τ ) = φ(τ )z. (Il n’y a pas de constante d’intégration car le membre gauche est une fonction impaire.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 276 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ 1 2 Puisque φ(τ )z = dlog e 2 φ(τ )z , on en tire que 1 2 θ1,1 (z, τ ) = ψ(τ )e 2 φ(τ )z σ(z, τ ), où ψ : H → C est une nouvelle fonction. On peut déterminer la fonction φ en comparant les relations de quasipériodicité θ1,1 (z + 1, τ ) = −θ1,1 (z, τ ), 1 σ(z + 1, τ ) = −e η(1)(z+ 2 ) σ(z, τ ). On en tire que φ(τ ) = η(1) (ce qui dépend du réseau Ωτ et donc de τ !). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 277 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ La fonction ψ, quant à elle, peut être interprétée de diverses façons. En faisant tendre z vers 0 et en rappelant que σ(z, τ ) = z + O(z 2 ), on 0 (0, τ ). voit que ψ(τ ) = θ1,1 En substituant z = 12 , z = τ2 et z = 1+τ 2 , on trouve d’autres formules pour ψ(τ ) en termes de θ0,1 (0, τ ), θ1,0 (0, τ ) et θ0,0 (0, τ ) ainsi que des valeurs de la fonction σ aux mêmes points. La comparaison de ces formules permet de démontrer quelques identités remarquables, telle la formule dérivée de Jacobi 0 θ1,1 (0, τ )3 = −πθ0,0 (0, τ )θ0,1 (0, τ )θ1,0 (0, τ ). Les détails sont omis. En résumé, nous avons démontré le résultat suivant. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 278 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Comparaison entre θ1,1 et σ Théorème. Pour tout (z, τ ) ∈ C × H, on a 1 0 θ1,1 (z, τ ) = θ1,1 (0, τ )e 2 η(1) σ(z, τ ). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 279 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Les thêta constantes Par définition, les trois thêta constantes sont les fonctions sur H données par X 2 θ0,0 (τ ) = θ0,0 (0, τ ) = e πin τ , n∈Z θ0,1 (τ ) = θ0,1 (0, τ ) = X 2 (−1)n e πin τ , n∈Z θ1,0 (τ ) = θ1,0 (0, τ ) = e πiτ 4 X e πin(n+1)τ . n∈Z (Il serait inutile d’ajouter θ1,1 (τ ) = θ1,1 (0, τ ) car, la fonction z 7→ θ1,1 (z, τ ) étant impaire, le membre de droite est identiquement nul.) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 280 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Les thêta constantes vérifient une myriade d’identités, dont les suivants méritent une mention particulière dans ce cours, en raison de leur lien avec l’AGM. Théorème (formules de duplication). Pour tout τ ∈ H, on a θ0,0 (2τ )2 = 12 θ0,0 (τ )2 + θ0,1 (τ )2 , θ0,1 (2τ )2 = θ0,0 (τ )θ0,1 (τ ), θ1,0 (2τ )2 = 1 2 θ0,0 (τ )2 − θ0,1 (τ )2 . Démonstration. Le principe est le même dans les trois cas ; je me limiterai donc à la première formule. La convergence des séries doubles étant absolue, les manipulations qui suivent se justifient en appliquant le théorème de Fubini. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 281 / 320 Les thêta constantes Formes modulaires et fonctions thêta. On a θ0,0 (τ )2 = X e πim 2τ X m∈Z e πin 2τ n∈Z X = e πi(m 2 +n2 )τ (m,n)∈Z2 et θ0,1 (τ )2 = X (−1)m e πim 2τ X m∈Z = X (−1)n e πin 2τ n∈Z m+n πi(m2 +n2 )τ (−1) e . (m,n)∈Z2 Par conséquent, X θ0,0 (τ )2 + θ0,1 (τ )2 = 2 2 1 + (−1)m+n e πi(m +n )τ (m,n)∈Z2 =2 X e πi(m 2 +n2 )τ , (m,n)∈Λ où cette dernière somme parcourt le sous-groupe Λ de Z2 formé des couples d’entiers (m, n) avec m et n de la même parité. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 282 / 320 Les thêta constantes Formes modulaires et fonctions thêta. Or, l’application (m, n) 7→ m+n m−n 2 , 2 est une bijection de Λ sur Z2 , et si l’on pose p= m+n , 2 q= m−n , 2 alors m2 + n2 = 2(p 2 + q 2 ). Par conséquent, θ0,0 (τ )2 + θ0,1 (τ )2 = 2 X e 2πi(p 2 +q 2 )τ = θ0,0 (2τ )2 ; (p,q)∈Z2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 283 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Corollaire. Soit τ ∈ H. Alors la suite (an , bn ) ∈ C2 définie par an = θ0,0 (2n τ )2 , bn = θ0,1 (2n τ )2 est une bonne suite AGM. Démonstration. Le théorème montre qu’il s’agit bien d’une suite AGM. En écrivant X 2 θ0,0 (v ) = 1 + e πin v , n6=0 θ0,1 (v ) = 1 + X 2 (−1)n e πin v , v ∈ H, n6=0 on voit que θ0,0 (v ) → 1 et θ0,1 (v ) → 1 lorsque =(v ) → +∞. Par conséquent, si τ ∈ H est fixé, les suites θ0,0 (2n τ ) et θ0,1 (2n τ ) convergent également vers 1 lorsque n → +∞. D’après le (iii) du théorème de la fiche 55, on en conclut que (an , bn ) est une bonne suite AGM. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 284 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Nous allons voir que, lorsque =(τ ) est assez grand, il s’agit de la meilleure suite AGM. L’essentiel de la démonstration se trouve dans le lemme suivant √ Lemme. Soit √ τ ∈ H. Si =(τ ) > log(2√ 2 + 1)/π ≈ 0, 4273 . . . , alors |θ0,0 (τ ) − 1| < 1/ 2 et |θ0,1 (τ ) − 1| < 1/ 2. Démonstration. Posons y = =(τ ). Alors X πin2 τ X −πn2 y ≤ |θ0,0 (τ ) − 1| = e e n6=0 n6=0 ≤2 X n≥1 John Boxall (LMNO) e −πny = 2e −πy . 1 − e −πy L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 285 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Un calcul facile montre que 2e −πy 1 <√ −πy 1−e 2 si et seulement si √ log(2 2 + 1) y> , π ce qui achève la démonstration du cas de θ0,0 . Le cas de θ0,1 se traite de la même manière. √ Théorème. Soit τ ∈ H. On suppose que =(τ ) ≥ log (2 2 + 1)/π. Alors la suite an = θ0,0 (2n τ )2 , bn = θ0,1 (2n τ )2 est la meilleure suite AGM de terme initial θ0,0 (τ )2 , θ0,1 (τ )2 . Par conséquent, on a θ0,1 (τ )2 1 = . M 2 θ0,0 (τ ) θ0,0 (τ )2 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 286 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Démonstration. L’hypothèse implique que √ =(2n τ ) = 2n =(τ ) > log(2 2 + 1)/π quelque soit n. Le lemme montre donc que, quelque soit n, θ0,0 (2n τ√) et θ0,1 (2n τ ) sont situés dans le disque ouvert de centre 1 et de rayon 1/ 2. Cela implique que | arg(θ0,0 (2n τ ))| ≤ π , 4 | arg(θ0,1 (2n τ ))| ≤ π 4 puis que an et bn se trouvent dans le demi-plan ouvert {z | <(z) > 0} quelque soit n. On déduit que (an+1 , bn+1 ) est toujours le bon itéré de (an , bn ). Puisque an → 1 et bn → 1, on a M(θ0,0 (τ )2 , θ0,1 (τ )2 ) = 1 et la dernière formule alors est une conséquence des arguments à partir de la fiche 67. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 287 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Voici une autre formule liant les trois thêta constantes ; elle est encore due à Jacobi. Théorème. Pour tout τ ∈ H, on a θ0,1 (τ )4 + θ1,0 (τ )4 = θ0,0 (τ )4 . Démonstration. Cette formule se déduit des formules de duplication en remplaçant τ par τ /2. En effet, on a : θ0,1 (τ )4 + θ1,0 (τ )4 = θ0,0 = τ 2 τ 2 2 θ0,1 2 1 θ0,0 4 τ 2 2 2 1 θ0,0 τ2 − θ0,1 4 τ 2 2 = θ0,0 (τ )4 . 2 + + θ0,1 τ 2 2 2 Ainsi, comme les fonctions elliptiques paramètrent les courbes elliptiques, les thêta constantes paramètrent la « quatrième courbe de Fermat », dont l’équation projective est x 4 + y 4 = z 4 . John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 288 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Nous allons maintenant montrer que les thêta constantes sont liées aux formes modulaires. Proposition. Pour tout τ ∈ H, on a θ0,0 (τ + 1) = θ0,1 (τ ), θ0,1 (τ + 1) = θ0,0 (τ ), πi θ1,0 (τ + 1) = e 4 θ1,0 (τ ). Démonstration. On a θ0,0 (τ + 1) = X = X e πin 2 (τ +1) = n∈Z X 2 e πin τ e πin 2 n∈Z n πin2 τ (−1) e = θ0,1 (τ ). n∈Z Les autre formules se démontrent de la même manière. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 289 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Théorème. Pour tout τ ∈ H, on a −1 r τ θ0,0 = θ0,0 (τ ), τ i r −1 τ θ1,0 (τ ), θ0,1 = τ i −1 r τ θ1,0 = θ0,1 (τ ). τ i r τ désigne la racine carrée holomorphe sur H qui est positive i lorsque τ est imaginaire pur. Ici, Le trois identités sont des cas particuliers d’un résultat plus général, à savoir le théorème suivant. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 290 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Théorème. Pour tout (z, τ ) ∈ H, on a z2 e −πi τ θ z 1 − ,− = τ τ r τ θ(z, τ ). i En effet, on obtient la première identité en prenant z = 0 et la seconde en prenant z = 12 . Enfin, la troisième découle de la seconde par la substitution τ = −1/τ . La démonstration de ce théorème est une application classique de la formule de Poisson X X f (n) = fˆ(n), n∈Z n∈Z où f : R → C est une fonction à décroissance rapide et Z ˆ f (u)e −2πiuv du f (v ) = R sa transformation de Fourier. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 291 / 320 Les thêta constantes Formes modulaires et fonctions thêta. πiu En effet, si l’on pose P f (u) = e est clair que θ(z, τ ) = n∈Z f (n). 2 τ +2πiuz , avec (z, τ ) ∈ C × H fixé, il En outre, lim|u|→+∞ |u|α f (k) (u) = 0 quelque soit α ∈ R et k ∈ N, ce P P qui suffit largement pour justifier l’égalité n∈Z f (n) = n∈Z fˆ(n). Calculons donc fˆ(v ). On a Z 2 ˆ f (v ) = e πiu τ +2πiuz−2πiuv du R =e −πi (z−v )2 τ Z e πiτ (u+ z−v 2 ) τ du R =e −πi (z−v )2 τ Z 2 e πiτ (u+λ) du, R où λ = (z − v )/τ est indépendant de u. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 292 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes 2 En intégrant w 7→ e πiτ w sur le bord du parallèlogramme de sommets −R, R, R + λ, −R + λ et en faisant tendre R vers +∞, on voit que Z Z 2 πiτ (u+λ)2 e du = e πiτ u du. R R Lorsque τ = iy avec y > 0, on a vu en Licence que Z Z r τ −1 1 πiτ u 2 −πyu 2 . e du = e du = √ = y i R R R p 2 Les fonctions τ 7→ R e πiτ u du et τ 7→ τi étant holomorphes sur H, on déduit par prolongement analytique que r Z (z−v )2 (z−v )2 τ −1 −πi −πi πiτ u 2 ˆ τ τ f (v ) = e e du = e . i R John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 293 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Au total, donc r r r τ τX τ Xˆ θ(z, τ ) = f (n) = f (n) i i i n∈Z = X n∈Z (z−n)2 e −πi τ = e −πi n∈Z = z2 e −πi τ θ z2 τ X e −πin 2 1 z τ −2πin τ n∈Z z 1 − ,− , τ τ ce qui achève la démonstration du théorème. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 294 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Soit f : H → C la fonction définie par f (τ ) = θ0,0 (τ )8 + θ0,1 (τ )8 + θ1,0 (τ )8 . Nous allons montrer que f est une forme modulaire de poids 4 pour SL2 (Z). D’après la proposition de la fiche 289, on a f (τ + 1) = θ0,0 (τ + 1)8 + θ0,1 (τ + 1)8 + θ1,0 (τ + 1)8 πi 8 = θ0,1 (τ )8 + θ0,0 (τ )8 + e 4 θ1,0 (τ )8 = f (τ ) quelque soit τ ∈ H. De même, le théorème de la fiche 290 implique que f − 1 = τ 4 f (τ ) τ quelque soit τ ∈ H. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 295 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Proposition. Soit k ≥ 1 un entier. Soit f : H → C une fonction vérifiant (a) f (τ + 1) = f (τ ) pour tout τ ∈ H, 1 = τ k f (τ ) pour tout τ ∈ H. (b) f − τ Alors aτ + b f = (cτ + d)k f (τ ) cτ + d a b pour tout τ ∈ H et pour tout ∈ SL2 (Z). c d Démonstration. Le point essentiel est que les matrices 0 −1 engendrent le groupe SL2 (Z). 1 0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. 1 1 0 1 le 2 avril 2008 et 296 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Si M = a b c d Les thêta constantes ∈ SL2 (Z), on pose γM (τ ) = (cτ + d)k . Afin de montrer la proposition, il suffit de montrer que si f (M(τ )) = γM (τ )f (τ ) pour tout M appartenant à une famille génératrice de SL2 (Z), alors cette même relation est vraie quelque soit M ∈ SL2 (Z). Pour cela, il suffit de voir que si M, N ∈ SL2 (Z), et si f (M(τ )) = γM (τ )f (τ ) et si f (N(τ )) = γN (τ )f (τ ) quelque soit τ ∈ H, alors f (MN(τ )) = γMN (τ )f (τ ), f (M −1 (τ )) = γM −1 (τ )f (τ ) quelque soit τ ∈ H. Il s’agit alors d’un calcul facile qui fait usage de l’identité γMN (τ ) = γM (N(τ ))γN (τ ). Les détails sont omis. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 297 / 320 Les thêta constantes Formes modulaires et fonctions thêta. Revenons à la fonction f (τ ) = θ0,0 (τ )8 + θ0,1 (τ )8 + θ1,0 (τ )8 . En appliquant la proposition, on voit que f vérifie la condition (i) de la définition d’une forme modulaire de poids 4 (voir la fiche 251). Vérifions donc la condition (ii). Soit k ≥ 1 un entier. Si n ≥ 1 est un entier, on note Rk (n) le nombre de représentantions de n comme somme de k carrés d’entiers et Sk (n) le nombre de représentations de n comme somme d’entiers de la forme m(m + 1). (Les représentations obtenues par permutation ou par changement de signe sont considérées comme distinctes. On remarque que Rk (n) = Sk (n) = 0 lorsque n < 0.) On a alors θ0,0 (τ )k = ∞ X Rk (n)e πinτ , θ0,1 (τ )k = n=0 ∞ X (−1)n Rk (n)e πinτ n=0 et θ1,0 (τ )k = e πikτ 4 ∞ X Sk (n)e πinτ . n=0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 298 / 320 Les thêta constantes Formes modulaires et fonctions thêta. Par conséquent, X θ0,0 (τ )k + θ0,1 (τ )k = 2 Rk (n)e πinτ = 2 n≥0 n pair ∞ X Rk (2n)e 2πinτ n=0 (en remplaçant n par 2n) et k θ1,0 (τ ) = πikτ e 4 ∞ X Sk (2n)e 2πinτ n=0 car un entier de la forme m(m + 1) est toujours pair. En prenant k = 8, on en tire que f (τ ) = 2 ∞ X n=0 = ∞ X R8 (2n)e 2πinτ +e 2πiτ ∞ X S8 (2n)e 2πinτ n=0 (2R8 (2n) + S8 (2n − 2))e 2πinτ . n=0 John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 299 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes On en tire aussitôt que f vérifie bien la condition (ii) de la fiche 251. Remarques. 1.) On peut montrer que, si k ∈ Z, le C-espace vectoriel des formes modulaires de poids k pour SL2 (Z) est de dimension finie et, en particulier, de dimension un dans le cas k = 4. Mais nous connaissons deux formes modulaires de poids 4, à savoir f et la série d’Eisenstein G4 . Il existe donc une constante C telle que f (τ ) = CG4 (τ ) quelque soit τ ∈ H. La valeur de C peut être calculée en comparant les coefficients des séries de Fourier de f et de G4 . On a alors ∞ X n=0 ∞ 16π 4 X (2R8 (2n) + S8 (2n − 2))e 2πinτ = C 2ζ(4) + σ3 (n)e 2πinτ . 3 John Boxall (LMNO) n=1 L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 300 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes Prenons n = 1. On a σ3 (1) = 1, alors que R8 (2) = 112 et S8 (0) = 28 , comme on voit en calculant directement les coefficients de e 2πiτ de θ0,0 (τ )8 et de θ1,0 (τ )8 . En comparant les coefficients de e 2πiτ de f et de CG4 , on trouve que 90 16π 4 C , soit C = 4 . 2 × 112 + 28 = 3 π (Ceci permet alors, en comparant les coefficients constants de retouver 4 la formule ζ(4) = π90 .) On en tire alors la formule 2R8 (2n) + S8 (2n − 2) = 480σ3 (n) = 480 X d 3, d |n d≥1 valable pour tout n ≥ 1, reliant les fonctions arithmétiques R8 (2n), S8 (2n − 2) et σ3 (n). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 301 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes 2.) Soit Γ un sous-groupe d’indice fini de SL2 (Z) et soit k un entier (ou juste un réel). La fonction holomorphe f : H → C est une forme modulaire de poids k pour Γ si a b k f (M(τ )) = (cτ + d) f (τ ), M= c d seulement lorsque M appartient à Γ, et lorsque la fonction τ 7→ f (S(τ )) possède un développement de Fourier dans un sens convenable lorsque S parourt un système de représentants des classes de SL2 (Z) suivant Γ. Dans ce sens étendu, les thêta caractéristiques deviennent elles-mêmes des formes modulaires (de poids 12 ) sur des sous-groupes convenables de SL2 (Z). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 302 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. Les thêta constantes De même, la fonction θ0,0 (τ )4 = modulaire, de poids 2 cette fois. P∞ n=0 R4 (n)e πinτ est une fonction En utilisant les formes modulaires convenables, on peut montrer R4 (n) ≥ 1 quelque soit l’entier naturel n (et, en fait, donner une formule explicite pour R(n)). C’est le théorème des quatre carrés, qui affirme que tout entier naturel est somme de quattre carrés d’entiers naturels. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 303 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. L’AGM : le dernier mot. L’AGM : le dernier mot. On pose κ(τ ) = θ1,0 (τ )2 , θ0,0 (τ )2 κ0 (τ ) = θ0,1 (τ )2 . θ0,0 (τ )2 Nous allons esquisser une méthode, proposée par Régis Dupont, qui permet de calculer pour certaines τ ∈ H les valeurs de κ(τ ) et de κ0 (τ ) à l’aide de l’AGM et la méthode de Newton. La formule θ0,1 (τ )4 + θ1,0 (τ )4 = θ0,0 (τ )4 entraîne alors que κ(τ )2 + κ0 (τ )2 = 1. √ En outre, on a M(κ0 (τ )) = θ 1(τ )2 si =(τ ) > log(2 2 + 1)/π (voir le 0,0 lemme de la fiche 285). En appliquant le théorème de la fiche 290, on voit que −1 −1 κ = κ0 (τ ), κ0 = κ(τ ), τ τ John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 304 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. L’AGM : le dernier mot. √ On en tire que, si à la fois =(τ ) > log(2 2 + 1)/π et =( −1 τ ) > √ log(2 2 + 1)/π : M(κ(τ )) = M(κ0 ( −1 τ )) = = i τ θ0,0 (τ )2 = 1 2 θ0,0 ( −1 τ ) i M(κ0 (τ )). τ Nous avons donc démontré le lemme suivant : √ Lemme. Soit τ ∈ H tel que =(τ ) > log(2 2 + 1)/π et =( −1 τ ) > √ log(2 2 + 1)/π. Alors iM(κ0 (τ )) τ= . M(κ(τ )) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 305 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. L’AGM : le dernier mot. Remarquons que, si τ est imaginaire pur, alors θ0,0 (τ ), θ0,1 (τ ) et θ1,0 (τ ) 2 sont réels, et donc que κ(τ ) et κ0 (τ ) sont réels et positifs. L’identité p κ(τ ) + 0 2 0 0 κ (τ ) = 1 montre alors que κ(τ ), κ (τ ) ∈]0, 1[ et que κ(τ ) = 1 − κ (τ )2 . p Par prolongement analytique, la relation κ(τ ) = 1 − κ0 (τ )2 est valable sur un domaine D ⊆ H contenant les nombres imaginaires purs. Fixons τ √ ∈ D comme dans le lemme et considérons la fonction fτ (z) = iM(z) − τ M( 1 − z 2 ). D’après le lemme, on a fτ (κ0 (τ )) = 0. On aimerait donc calculer κ0 (τ ) comme racine de fτ à l’aide de la méthode de Newton. Cela peut être justifié ; on trouvera une étude beaucoup plus détaillée dans la thèse de Régis Dupont. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 306 / 320 Formes modulaires et fonctions thêta. L’AGM : le dernier mot. Remarque. L’un des intérêts de savoir calculer rapidement κ(τ ) et κ0 (τ ) est que cela permet de calculer rapidement j(τ ). En effet, on peut montrer que j(τ ) = 28 (λ(τ )2 − λ(τ ) + 1)3 (λ(τ )(1 − λ(τ )))2 et λ(τ ) désigne soit κ(τ )2 soit κ0 (τ )2 . Ainsi, j(τ ) peut être calculé, au moins pour certaines valeurs de τ , à l’aide de l’AGM et la méthode de Newton, donc comme limite d’une suite quadratiquement convergente. En fait, la méthode peut être adaptée pour calculer j(τ ) quelque soit le choix de τ ∈ H, mais cela nécessiterait une discussion des domaines fondementaux de SL2 (Z) et de ses sous-groupes, alors que nous sommes déjà à la fiche 307 ! John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 307 / 320 Suites de Borchardt. Suites de Borchardt. Bien qu’il n’ait publié ses résultats qu’à partir de 1880, Borchardt a proposé dès 1858 une généralisation des suites AGM à certaines suites de 2g nombres réels, g ≥ 1 étant un entier quelconque. Ici, nous nous limiterons à une présentation brève du cas g = 2. Par contre, nous travaillerons dans le cadre complexe. Les démonstrations seront omises. On en trouve un bon nombre dans la thèse de Régis Dupont. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 308 / 320 Suites de Borchardt. Définition. Soit (a, b, c, d) ∈ C4 . Un itéré de Borchardt de (a, b, c, d) est un quadruple (A, B, C , D) ∈ C4 tel que A = (a + b + c + d)/4, B = (αβ + γδ)/2, C = (αγ + βδ)/2, D = (αδ + βγ)/2. Ici, α, β, γ et δ sont des choix de racine carrée de a, b, c, d (c’est-à-dire α2 = a, . . .). On dit que (A, B, C , D) est le bon itéré de Borchardt si |αi − αj | < |αi + αj | pour tout i, j, où {α1 , α2 , α3 , α4 } = {α, β, γ, δ}. Dans tout autre cas, on parle d’un mauvais itéré de Borchardt. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 309 / 320 Suites de Borchardt. Propriétés de base. Propriétés de base. Si (α, β, γ, δ) est un choix de racines carrées de (a, b, c, d), alors (α, β, γ, δ) et (−α, −β, −γ, −δ) définissent le même itéré de Borchardt. En général, donc, un élément de C4 possède 8 itérés de Borchardt distincts. Soit (a0 , b 0 , c 0 , d 0 ) une permutation de (a, b, c, d). Si (A, B, C , D) est un itéré de Borchardt de (a, b, c, d), alors l’itéré de Borchardt de (a0 , b 0 , c 0 , d 0 ) obtenu en utilisant les mêmes choix de racines carrées est de la forme (A, B 0 , C 0 , D 0 ), (B 0 , C 0 , D 0 ) étant une permutation de (B, C , D). John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 310 / 320 Suites de Borchardt. Propriétés de base. Définition. Soit (a, b, c, d) ∈ C4 . La suite (an , bn , cn , dn )n∈N est appelée une suite de Borchardt associée à (a, b, c, d) si (a0 , b0 , c0 , d0 ) = (a, b, c, d) et si, pour tout n ∈ N, (an+1 , bn+1 , cn+1 , dn+1 ) est un itéré de Borchardt de (an , bn , cn , dn ). On dit que la suite (an , bn , cn , dn )n∈N est une bonne suite de Borchardt associée à (a, b, c, d) si (an+1 , bn+1 , cn+1 , dn+1 ) est le bon itéré de (an , bn , cn , dn ) pour tout n à un nombre fini d’exceptions près. Dans le cas contraire, on dit que (an , bn , cn , dn )n∈N est une mauvaise suite de Borchardt. On parle de la bonne suite de Borchardt associée à (a, b, c, d) si tous les itérés sont bons. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 311 / 320 Suites de Borchardt. Propriétés de base. Théorème. Soit (an , bn , cn , dn )n∈N une suite de Borchardt associée au quadruple (a, b, c, d). (i) Les suites (an )n∈N , (bn )n∈N , (cn )n∈N et (dn )n∈N convergent vers une limite commune `. (ii) La limite ` est invariante par permutation de a, b, c et d. (iii) Pour que ` 6= 0, il faut et il suffit que (an , bn , cn , dn )n∈N soit une bonne suite de Borchardt. (iv ) Une bonne suite de Borchardt converge quadratiquement. La démonstration se calque sur celle des résultats analogues concernant l’AGM. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 312 / 320 Suites de Borchardt. Fonction thêta de Riemann Fonction thêta de Riemann Soit g ≥ 1 un entier et soit Ω ⊆ Cg un réseau. Lorsque g > 1, il n’y a pas de généralisation satisfaisante de la théorie de Weierstrass qui permettrait de construire des fonctions méromorphes Ω-périodiques sur Cg . En général, lorsque g > 1, les seules fonctions Ω-périodiques sur Cg sont des constantes. Par contre, la théorie des fonctions thêta se généralisent bien au cas g > 1, ce qui permet de construire des fonctions fonctions méromorphes Ω-périodiques sur Cg lorsque Ω vérifient des conditions bien précises. La fonction thêta de Riemann est la fonction définie Cg × Hg par X t t θ(z, T ) = e πi nTn+2πi nz . n∈Zg Ici, on identifie les éléments de Zg , Rg et Cg avec des matrices à une colonne et g lignes. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 313 / 320 Suites de Borchardt. Fonction thêta de Riemann En outre, Hg désigne l’espace des matrices carrées complexes d’ordre g, symétriques et à partie imaginaire définie positive. Cela signifie qu’un élément T ∈ Hg s’écrit T = X + iY , où X et Y sont des matrices réelles symétriques, et Y est définie positive. Ainsi, la forme quadratique u 7→ t uYu sur Rg est définie positive, ce qui entraîne la convergence de la série. En outre, la convergence est uniforme sur tout compact de Cg × Hg , ce qui implique que θ est une fonction holomorphe sur Cg × Hg . Plus généralement, si a ∈ Rg , b ∈ Rg , on définit la fonction thêta de Riemann avec caractéristiques ba par X a t t θ (z, T ) = e πi (n+a)T (n+a)+2πi (n+a)(z+b) . b g n∈Z Comme dans le cas g = 1, ces fonctions ne sont pas vraiement nouvelles : John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 314 / 320 Suites de Borchardt. Fonction thêta de Riemann Rg . Proposition. Soient a, b ∈ Alors a t t θ (z, T ) = e πi aTa+2πi a(z+b)θ(z+Ta+b) . b Proposition. Soient a, b ∈ Rg . Alors t (i) θ ba (z + m, T ) = e 2πi ma θ ba (z, T ) et t t (ii) θ ba (z + Tm, T ) = e −πi mTm−2πi m(z+b) θ ba (z, T ). Les démonstrations se calquent sur le cas g = 1. Soit Ω le réseau de Cg engendré par les colonnes de la matrice identité d’ordre g et les colonnes de T . La deuxième proposition montre qu’on puisse construire des fonctions méromorphes Ω-périodiques sur Cg en prenant des dérivées partielles des fonctions a ∂ ∂zk θ b (z, T ) , (1 ≤ k ≤ g). z 7→ θ ba (z, T ) John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 315 / 320 Suites de Borchardt. Fonction thêta de Riemann Nous sommes particulièrement interessés par le cas où les coefficients de a et de b appartiennent à {0, 12 }, ce qui donne 22g fonctions différentes. La fonction θ ba sera alors notée θ2a,2b . Lemme. Soient p, q ∈ {0, 1}g . Alors t θp,q (−z, T ) = (−1) pq θp,q (z, T ). t Ainsi, la fonction z 7→ θp,q (z, T ) est paire ou impaire selon que (−1) pq vaut 1 ou −1. On dit que la caractéristique p/2 (ou, par abus de langage, (p, q)) est q/2 t paire ou impaire selon que (−1) pq vaut 1 ou −1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 316 / 320 Suites de Borchardt. Thêta constantes et suites de Borchardt. Thêta constantes et suites de Borchardt. Soient p, q ∈ {0, 1}g . On pose θp,q (T ) = θp,q (0, T ). θp,q (T ) est la thêta constante associée à (p, q). t (Ainsi, θp,q ≡ 0 lorsque (−1) pq = −1.) Théorème (formules de duplication). Pour tout p, q ∈ {0, 1}g , on a θp,q (2T ) = 1 2g X t (−1) pr θ0,r (T )θ0,s (T ), r +s≡q (mod 2) la somme portant sur les 2g couples (r , s) avec r , s ∈ {0, 1}g qui vérifient r + s ≡ q (mod 2). La démonstration est une adaptation de celle du cas g = 1. Au minimum, on vérifiera en exercice que l’énoncé se réduit à celui de la fiche 281 lorsque g = 1. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 317 / 320 Suites de Borchardt. Thêta constantes et suites de Borchardt. Nous nous limiterons désormais au cas g = 2. Il y a alors 16 caractéristiques au total, dont 10 sont paires et les 6 restantes sont impaires. Fixons donc T ∈ H2 et prenons p = 00 dans la formule de duplication. Posons donc θq = θ(0),q afin d’alléger la notation. 0 On trouve alors 1 θ(0) (T )2 + θ(1) (T )2 + θ(0) (T )2 + θ(1) (T )2 , 0 0 1 1 0 4 1 θ(0) (2T )2 = θ 0 (T )θ(0) (T ) + θ(1) (T )θ(1) (T ) , 1 1 0 1 2 (0) 1 2 θ(1) (2T ) = θ 0 (T )θ(1) (T ) + θ(0) (T )θ(1) (T ) , 0 0 1 1 2 (0) 1 θ(1) (2T )2 = θ(0) (T )θ(1) (T ) + θ(1) (T )θ(0) (T ) . 1 0 1 0 1 2 θ(0) (2T )2 = John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 318 / 320 Suites de Borchardt. Thêta constantes et suites de Borchardt. Ces formules montrent que (an , bn , cn , dn ) = θ(0) (2n T )2 , θ(0) (2n T )2 , θ(1) (2n T )2 , θ(1) (2n T )2 0 1 0 1 est une suite de Borchardt qui, pour certains choix de T , se trouve être la meilleure suite de Borchardt. Remarque. Lorsque g = 2, les fonctions thêta sont intimement liées à la théorie des courbes possédant une équation de la forme y 2 = P(x ), P étant un polynôme de degré 5 ou 6 sans racine multiple. Le groupe projectif opère sur l’ensemble des ces polynômes de façon analogue à l’action que nous avons étudié sur l’ensemble des polynômes de degré 3 ou 4 sans racine muliple. Les invariants de cette action peuvent être exprimés en terme des fonctions thêta et les suites de Borchardt peuvent donc servir au calcul de ses invariants. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 319 / 320 Une très courte bibliographie. Une très courte bibliographie. J. M. Borwein, P. B. Borwein. Pi and the AGM. John Wiley, 1987. E. T. Whittaker, G. N. Watson. A course in modern analysis. Cambridge University Press, souvent réédité depuis 1927. Régis Dupont. Moyenne arithmético-géométrique, suites de Borchardt et applications. Thèse soutenue en avril 2006, disponible à : http ://www.lix.polytechnique.fr/Labo/Regis.Dupont/ . On trouvera de nombreuses autres références bibliographiques à la fin de cette thèse. John Boxall (LMNO) L’AGM : applications et généralisations. le 2 avril 2008 320 / 320