La Porte des Etoiles n°29 5
La préméditation
Fin août 1610, Galilée est de retour à Florence à la cour de Cosme II de Médicis.
À Venise, Galilée est trop occupé par ses charges pour se consacrer à son œuvre.
Il manque de temps. Il cherche donc à se rapprocher de la cour de Florence où il
pourra tout à loisir élaborer sa théorie héliocentrique du monde. La bonne nouvelle
tombe le 10 juillet 1610 quand il apprend qu’il est nommé mathématicien et
philosophe du Grand Duc de Toscane avec un traitement de mille écus florentins.
À Florence, Galilée reprend ses observations astronomiques. Il est grisé par ses
découvertes et il éprouve le besoin de les partager avec tous.
Son succès et la protection considérable que lui apporte son statut auprès des
Médicis ne suffisent pourtant pas à désarmer ses ennemis qui l’accusent de
supercherie et d’hallucination. Il faut donc qu’il frappe plus fort. Son but est
maintenant d’obtenir la consécration officielle de son travail à Rome. Ses
amis le pressent de s’y rendre afin d’écraser tous les sceptiques au nombre
desquels on trouve un certain Ludovico delle Colombe, personnage intriguant
et retors qui, pour appuyer sa polémique contre Galilée invoque désormais,
au côté des théories aristotéliciennes, l’autorité des Écritures et l’interdiction
faite par le concile de Trente d’en interpréter le texte. Face à ses détracteurs,
Galilée a beaucoup d’amis. En décembre 1610, il reçoit l’appui de Clavius,
une des principales autorités romaines qui lui montre une grande admiration
et qui consacre ainsi le triomphe scientifique de Galilée.
Galilée se sent prêt et quitte Florence
pour Rome à la fin de mars 1611. Dès
son arrivée, il se rend chez les pères
jésuites où il y rencontre Clavius. Il
apprend qu’ils observent depuis deux
mois les nouvelles “planètes médicéennes” et il compare avec eux
les positions qu’ils trouvent en tous points semblables. Les jésuites
cherchent à déterminer les périodes de ces planètes mais s’accordent à
dire que la tâche est difficile. C’est un triomphe pour Galilée qui obtient
la reconnaissance officielle de l’exactitude de ses observations.
Durant le mois d’avril 1611, Galilée est l’invité d’honneur des
cardinaux et des princes. Il est reçu par le souverain pontife, Paul V. Il
rencontre le cardinal Maffeo Barberini, le futur pape Urbain VIII qui
deviendra un de ses plus grands admirateurs. Il est reçu par le Prince
Cesi à l’Académie dei Lincei. Enfin, en mai 1611, le père jésuite Ode
Maelcote fait une communication intitulée “Le message céleste du
collège romain” signifiant ainsi le ralliement des jésuites aux thèses
galiléennes.
Un enquêteur aguerri : le cardinal Bellarmin
Roberto Francesco Bellarmino est un jésuite, archevêque de Capoue, cardinal et membre de l’inquisition
romaine. C’est lui qui a mené le procès de Giordano Bruno en 1600. Surnommé “le bastion de l’église”, il est
donc très sensible à ce qui touche la relation entre science et saintes écritures.
Alarmé par un manuscrit de Ludovico delle Colombe accusant Galilée d’introduire une hérésie nouvelle et
de donner une interprétation inexacte des écritures, le cardinal Bellarmin avait envoyé aux pères jésuites une
lettre afin de savoir exactement ce que la science pouvait réellement démontrer. Les jésuites lui avaient alors
répondu de façon claire et impartiale sur l’observation de nouvelles étoiles en particulier dans la Voie lactée, la
forme oblongue de Saturne, la croissance et la décroissance des phases de Vénus, l’aspect accidenté et inégal
Cosme II de Médicis
La Riposte de Galilée contre
Ludovico Delle Colombe
Christopher Clavius
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