Edmond MALLET (1842-1907) Fils de Narcisse Mallet et d’Angèle Chagnon, Edmond Mallet naît à Montréal le 17 novembre 1842. Il reçoit au baptême les prénoms de Joseph Narcisse Edmond. Il fait ses premières études chez les Frères des Écoles chrétiennes. En 1849, le jeune Mallet accompagne sa famille qui émigre vers les États-Unis et s’installe à Oswego, New York. Pendant sept ou huit ans, il poursuit ses études dans les écoles publiques de cette ville, et très jeune il fait déjà partie d’une compagnie de carabiniers. Il est membre de la paroisse Sainte-Marie à Oswego. Lorsque la Guerre de Sécession éclate en 1861, Edmond Mallet interrompt ses études de droit et s’engage dans les armées du Nord comme simple soldat. Il est promu sergent et souslieutenant après sa première bataille, soit celle de la Péninsule (Peninsular Campaign) en Virginie, comme membre du 8ème Régiment de Volontaires de 1’état de New York. Après une année de service, il en devient l’adjudant. Au cours de trois années et demie de service actif, il participe à vingt-deux batailles. Il est tour à tour adjudant, aide-de-camp de brigade, chef d’état-major de division et prévôt. Il est blessé presque mortellement à la bataille de Cold Harbor, Virginie en juin 1864, et on publie même la nouvelle de son décès dans les journaux d’Oswego. Il réussit à survivre, mais ses blessures et la maladie qui s’ensuit sont d’une rareté et d’une complexité telle qu’elles sont longuement décrites dans l’histoire médicale de la Guerre de Sécession. Parce qu’il a fait preuve de courage extraordinaire dans cette bataille, Mallet est promu aux grades de capitaine et de major le même jour par le Président Abraham Lincoln. Après la guerre, il reprend ses études de droit et accepte un poste au Ministère des Finances. À la même époque, il renoue avec la langue française, la religion catholique et tout l’héritage culturel canadien-français qu’il avait délaissés. Il en devient un propagateur enthousiaste, tant par l’action que par l’écrit. C’est dans cet esprit qu’il commence à collectionner des documents qui ont trait à l’histoire des Français et des Canadiens français en Amérique. Il rassemble un grand nombre de livres, revues, journaux et documents divers qu’il exploite lui-même en préparant des articles soit pour Le Travailleur, journal de Ferdinand Gagnon, soit pour La Revue canadienne, le Bulletin des Recherches historiques ou encore pour d’autres périodiques. Mallet écrit ses articles tantôt en français, tantôt en anglais. En 1876, le Président Ulysses S. Grant le nomme agent spécial du gouvernement américain auprès des Amérindiens de la région de Puget Sound sur les côtes du Pacifique. Il revient se fixer à Washington après avoir réussi dans cette mission délicate qui avait duré deux ans. Mallet poursuit alors sa carrière dans le haut fonctionnariat. Il sera promu au poste d’Inspecteur général des Affaires indiennes et ensuite, au Ministère de l’Intérieur, il devient Chef de Bureau, c’est-àdire gardien officiel des terres et forêts publiques. Il se sert de son influence notamment pour protéger les droits des Amérindiens, menacés de spoliation. Il occupera ce poste jusqu’à son décès survenu le 12 avril 1907. En 1908, la grande société fraternelle et culturelle de Woonsocket, Rhode Island, 1’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique (USJB), put acquérir la collection de livres et de documents réunis par Edmond Mallet pour en faire le noyau de ce qui est devenu la Bibliothèque Mallet, un important fond de livres et d’archives sur les francophones en Amérique. Cette Bibliothèque, qui se trouve aujourd’hui à Assumption College à Worcester, Massachusetts, reste comme monument permanent au patriote bibliophile et historien que fut Edmond Mallet. Mallet l’historien laissa une œuvre éparse et en partie inédite, fragments d’une vaste synthèse envisagée du rôle qu’avait joué la France dans le développement du continent nord-américain. I1 s’est surtout intéressé aux explorateurs, aux découvreurs, aux militaires et aux colons français en Amérique. Parmi ses inédits, se trouve une biographie partielle de Mgr Norbert Blanchet, le premier évêque du Nord-Ouest des États -Unis. Armand CHARTIER ŒUVRE - « Discours sur la situation des Canadiens aux États -Unis ». Convention nationale de Québec, 26 juin 1880. - « Catholic Grievances in Relation to the Administration of Indian Affairs: Being a Reply Presented to the Catholic Young Men’s National Union ». Eighth Annual Convention, Boston, 10-11 mai 1882. - « Louis Jolliet au Mississippi ». La Revue des Deux-France, 2 (1898), p. 217-20. - « Le Sieur de Vincennes, fondateur de 1’Indiana ». Bulletin des Recherches historiques, 3 (mars-avril 1897), p. 34-39, 50-55. - « Les Canadiens-Français et la guerre de l’Indépendance américaine ». Bulletin des Recherches historiques, 3 (octobre 1897), p. 156-157. - « Le Commandant Gosselin ». Bulletin des Recherches fistoriques, 4 (janvier 1898), - p. 6-10. - « Washington et Coulon de Villiers ». Bulletin de la Société historique franco-américaine (1906), p. 17-66. BIBLIOGRAPHIE - Belisle, Alexandre. Histoire de la presse franco-américaine et des Canadiens-Français aux États-Unis. Worcester, MA : L’Opinion publique, 1911, p. 409-12. - Catalogue de la Bibliothèque de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique. Collection Mallet. Woonsocket, RI : Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, 1917. 2e édition, 1935, xiii, 303 p. Notice biographique, p. vii-ix. - Dion-Lévesque, Rosaire. Silhouettes franco-américaines, Manchester, NH : Publications de 1’Association canado-américaine, 1957, p. 603-607. - Nadeau, Gabriel. « L’Œuvre historique d’Edmond Mallet : son œuvre écrite ». Bulletin de la Société historique franco-américaine, 1941, p. 49-60. - Charles Thibault : ses lettres au Major Mallet. Manchester, NH : les Éditions Lafayette, 1946, 36 p. Extraites du Bulletin de la Société historique franco-américaine (1944-1945). - Rocheleau-Rouleau, Corinne. « Silhouettes et cadres franco-américains, 1890-1900 ». Bulletin de la Société historique franco-américaine, 1942, p. 58-78 (surtout p. 72-78). - Rumilly, Robert. Histoire des Franco-Américains, Woonsocket, RI : Publications de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, 1958, passim. - Therriault, Sœur Mary-Carmel. La Littérature française de Nouvelle-Angleterre, Montréal et Québec : Fides, 1946. 325 p., passim. La Bibliothèque Mallet se trouve maintenant à la Bibliothèque d’Alzon, Assumption College, Worcester, Massachusetts.