"Le Soir", daté du 24 juillet 2015 - Infectio Saint

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Le Soir Vendredi 24 juillet 2015
LESBRÈVES
C
ontre toute attente, les médecins du Français Vincent
Lambert, au CHU de Reims, ont refusé de se prononcer, ce
jeudi, sur l’arrêt des soins de ce patient tétraplégique de 38
ans, en état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Ils
ont aussi annoncé vouloir saisir le procureur de la République
pour que soit désigné un représentant légal du patient, après
avoir eu vent de projets d’enlèvement, selon des membres de la
famille. La ministre de la Santé Marisol Touraine a apporté « tout
son soutien à l’équipe soignante ». (afp)
Vincent Lambert restera en vie
ROYAUME-UNI
Un migrant mort
au terminal britannique
d’Eurotunnel
Un migrant a été retrouvé mort
jeudi au terminal britannique
d’Eurotunnel à Folkestone à bord
d’un train de la compagnie. La
police britannique a précisé
« qu’il semblait être un adoles-
cent ». « Nous déplorons cet
événement », a déclaré la porte-
parole d’Eurotunnel, jugeant que
ce nouveau décès « rappelle, s’il
en était besoin, que toute tenta-
tive de passage est extrême-
ment dangereuse . Nous réité-
rons notre appel aux autorités
pour rétablir la situation à Ca-
lais », a-t-elle également dit.
Plusieurs migrants sont morts
ces dernières semaines à Calais,
alors qu’ils tentaient de rallier
l’Angleterre, notamment en es-
sayant de monter sur les na-
vettes Eurotunnel. (afp)
L
a Chambre a approuvé jeudi
la résolution de la majorité
parlementaire sur la commémo-
ration du génocide arménien. Le
texte a recueilli l’unanimité
moins 8 abstentions dans l’oppo-
sition. Les députés qui se sont
abstenus se sont justifiés en invo-
quant un texte trop faible. Le
point central de ce débat qui a
agité la classe politique franco-
phone porte sur la reconnais-
sance par la Belgique du génocide
qui s’est produit il y a un siècle.
Les députés Stéphane Crus-
nière et Philippe Blanchart (PS),
Benoît Hellings (Ecolo), Olivier
Maingain (FDF), Benoît Dalle-
magne et Vanessa Matz (CDH)
ainsi que Raoul Hedebouw et
Marco Van Hees (PTB) se sont
abstenus. L’attention s’est égale-
ment portée sur le député et
bourgmestre de Saint-Josse,
Emir Kir (PS), dont l’absence lors
d’une minute de silence commé-
morant le génocide avait été dé-
criée. L’homme était présent jeu-
di et a approuvé la résolution.
La pension à 67 ans, c’est voté !
La Chambre a également ap-
prouvé hier le relèvement de l’âge
de la retraite à 67 ans. Le vote
s’est déroulé majorité contre op-
position. Seul le PP s’est abstenu.
Cette mesure constitue l’une
des réformes les plus controver-
sées de la coalition suédoise. Elle
porte sur l’âge légal de la pension
à 66 ans en 2025 et à 67 ans en
2030. Elle relève à 50 ans à partir
de 2025 l’âge minimum pour bé-
néficier de la pension de survie et
à 55 ans à partir de 2030. Les
conditions d’âge et de carrière
pour partir en retraite anticipée
passeront à 62,5 ans en 2017 et 63
ans en 2018.
Une proposition de loi visant la
SNCB a aussi été approuvée. Elle
demande à la Cour des comptes
d’enquêter sur le respect et la réa-
lisation des objectifs contenus
dans les contrats de gestion entre
l’Etat et d’une part la SNCB et
d’autre part Infrabel de 2008 à
aujourd’hui. (b)
Kir approuve
la résolution
sur le génocide
arménien
VOTES À LA CHAMBRE
Le député Emir Kir (PS), qui
était absent lors d’une minute de
silence pour le génocide, a voté
la résolution. © ALAIN DEWEZ L
a vingtaine de scienti-
fiques du Conseil supé-
rieur de la santé qui ont
rendu ce jeudi matin leurs avis
sur le dépistage démédicalisé et
décentralisé du sida ont é
bousculés par l’opinion affichée,
dans le Soir de jeudi, par la mi-
nistre de la Santé Maggie De
Block. Celle-ci indiquait en effet
ne pas envisager de modifier la
loi pour permettre ce dépistage
en Belgique, ni de dorénavant fi-
nancer du dépistage en absence
de médecins. Car, si les scienti-
fiques formulent des conditions
strictes qui doivent présider à
l’emploi d’une telle technique
(lire par ailleurs), ils prennent
clairement parti pour que ce dé-
pistage s’ajoute au screening ac-
tuel et demandent que la loi soit
adaptée : « Pour la plupart des
personnes, le dépistage médicali-
sé reste la meilleure solution, no-
tamment pour la qualité du
conseil donné par le médecin »,
explique le professeur Yves Van
Laethem, infectiologue au centre
de référence sida de l’hôpital
Saint-Pierre à Bruxelles et pré-
sident du groupe de travail.
Des tests rapides de salive
« Mais il est clair qu’il y a des
gens qui passent à travers les
mailles du filet, comme par
exemple le public gay, les mi-
grants ou les prostitués. Il y a
aussi des occasions fortes de pro-
céder à des dépistages, comme des
festivals de musique, se pré-
senteront des jeunes qui ne fran-
chiraient pas la porte d’un hôpi-
tal ou ne s’adresseront pas au gé-
néraliste familial », explique le
spécialiste. « Pour ces publics, il
est important de proposer
d’autres modalités de dépistage,
en faisant disparaître la blouse
blanche. D’autant que des tests
rapides, basés sur la salive ou
une goutte de sang, permettent
d’avoir une réponse adaptée à ce
type de dépistage ».
« Ce type de dépistage est
d’ailleurs dans la ligne des re-
commandations de l’OMS, du
centre européen des maladies
(ECDC), mais aussi du plan sida
adopté en octobre 2013 », sou-
ligne Katrien Fransen, directrice
du centre de référence sida de
l’Institut tropical d’Anvers.
« Chaque jour, il y a plus de trois
contaminations en Belgique, la
lutte contre le virus passe donc
par un meilleur dépistage. Utili-
ser des techniques spécifiques
pour des publics est un moyen re-
connu pour y arriver ».
Pour ces spécialistes, la prise
de position de Maggie De Block
« n’est pas de bon augure ». « A
titre personnel, je trouve qu’il
n’est pas productif d’aller contre
l’évidence scientifique partagée
au niveau mondial », explique le
professeur Yves Van Laethem.
« Pour nous, c’est un peu comme
envoyer un missile sur le bateau
qui sort du port. Même le conseil
de l’ordre des médecins soutient
les initiatives de dépistage démé-
dicalisé, s’il est pratiqué aux
conditions que l’avis que nous
rendons aujourd’hui expose ».
Mettre la clé sous la porte ?
Du côté des associations de
terrain, si l’avis du CSS est ac-
cueilli positivement, c’est l’amer-
tume : « On a l’impression que la
ministre De Block vit sur une île
déconnectée des stratégies de lutte
contre le VIH. Le taux de dépis-
tage tardif chez les homosexuels
masculins est passé de 25 % en
2010 à 40 % en 2013. C’est la
preuve qu’il est primordial de dé-
velopper des stratégies complé-
mentaires au dépistage classique
en tenant compte des freins exis-
tants », explique Michaël Fran-
çois, qui dirige l’association Ex
æquo, qui mène un projet de dé-
pistage vers ce public spécifique.
L’association, qui recevait un
subside de l’Inami pour ce pro-
jet-pilote, a déjà licencier un
membre du personnel. Elle pour-
suit actuellement son projet,
mais en puisant sans les maigres
réserves de l’association : « Si
rien ne change, nous ne pourrons
plus payer les salaires en octobre.
Est-ce vraiment le visage de la
lutte contre le sida que la Bel-
gique veut offrir, alors qu’elle af-
fiche déjà une des plus hautes
prévalences en Europe ? ». Pour
la Plate-forme de prévention Si-
da, dont deux projets auprès de
migrants et d’un public festif
sont également handicapés, il est
urgent de « mettre sur pied une
politique de financement qui
permette aux associations de dé-
velopper de telles initiatives ».
Du côté de la ministre De
Block, on confirme néanmoins
être décidé à ne plus financer que
du dépistage avec médecin. Les
Régions devront-elles prendre le
relais, au titre de la prévention ?
Au cabinet de Maxime Prévot,
ministre wallon de la santé, on ne
dit pas non, mais pas sans une
consultation préalable du monde
médical et des associations de
patients. Ni sans trancher la
prise en charge globale de ces pa-
tients en conférence interminis-
térielle de la santé. « Que le dé-
pistage des gens infectés soit dis-
socié de la politique de préven-
tion est une hérésie sanitaire, un
vrai handicap face à l’épidémie,
qui se traduit en infections sup-
plémentaires chaque année »,
souligne, amer, un des auteurs de
l’avis rendu jeudi.
FRÉDÉRIC SOUMOIS
tecter le sida aussi aux festivals
SANTÉ Les experts favorables au dépistage sur le terrain, sans médecin
Contre l’avis
des experts, la ministre
de la Santé Maggie
De Block ne veut pas
ouvrir la porte
aux non-médecins.
Des associations
de terrain disent être
menacées de disparition.
Pour les experts, le dépistage sans médecin est particulièrement utile par exemple lors des festivals de musique, où se présenteront
des jeunes qui ne franchiraient pas la porte d’un hôpital ou ne s’adresseront pas au généraliste familial. © THOMAS BLAIRON.
Une formation préalable stricte
des « dépisteurs »
L’avis des scientifiques rendu ce jeudi encadre
strictement toute formule de dépistage démé-
dicalisé. Ainsi, « il n’est plus question de multi-
plier les projets ici et sans une vue d’ensemble.
Il faut qu’un comité directeur examine les projets
avant leur lancement, qui rassemble des délé-
gués des organisations non gouvernementales,
mais aussi des centres de référence sida. Ces
expériences-pilotes doivent être standardisées et
les données doivent être centralisées par l’Insti-
tut de santé publique, qui collecte déjà les don-
nées sur l’épidémie du virus. Il faut que les résul-
tats des tests de dépistage soient scientifique-
ment robustes », explique le professeur Van
Laethem.
Les scientifiques mettent surtout l’accent sur
la formation préalable pour toute personne
qui pourrait ainsi pratiquer un dépistage sans
être médecin : « Que ce soit des professionnels
de la santé non-médecins ou des bénévoles
particulièrement au fait de ces questions, il est
essentiel qu’avant d’être lancé sur le terrain du
dépistage, chaque personne ait été formée en
détail sur la réalité du virus, sur les conseils à
donner, sur les limites des techniques de dépis-
tage, sur la manière de communiquer ce qui
reste une très mauvaise nouvelle. Il faut aussi
que cette formation soit continue, car les tech-
niques évoluent constamment et il est donc
essentiel que ceux qui procèdent au dépistage
soient au courant des derniers développements.
Cette formation devra être validée par un certifi-
cat émis par une structure médicale spéciali-
sée ».
Les experts soulignent aussi la nécessité
d’être formé aux questions éthiques et du
respect de la confidentialité et de la vie pri-
vée. Ils désirent que chaque nouvel acteur de
ce dépistage ait pu effectuer cinq dépistages
sous la supervision d’un agent plus expéri-
menté. « Savoir à temps qui est séropositif est
essentiel pour un jour gagner la lutte contre le
virus. Ce genre d’initiative est essentiel et il faut
donc s’entourer de toutes les garanties de sé-
rieux ».
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