Le Soir Vendredi 24 juillet 2015 6 LASOCIÉTÉ Détecter le sida aussi aux festivals Kir approuve la résolution sur le génocide SANTÉ Les experts favorables au dépistage sur le terrain, sans médecin arménien VOTES À LA CHAMBRE Le député Emir Kir (PS), qui était absent lors d’une minute de silence pour le génocide, a voté la résolution. © ALAIN DEWEZ a Chambre a approuvé jeudi la résolution de la majorité parlementaire sur la commémoration du génocide arménien. Le texte a recueilli l’unanimité moins 8 abstentions dans l’opposition. Les députés qui se sont abstenus se sont justifiés en invoquant un texte trop faible. Le point central de ce débat qui a agité la classe politique francophone porte sur la reconnaissance par la Belgique du génocide qui s’est produit il y a un siècle. Les députés Stéphane Crusnière et Philippe Blanchart (PS), Benoît Hellings (Ecolo), Olivier Maingain (FDF), Benoît Dallemagne et Vanessa Matz (CDH) ainsi que Raoul Hedebouw et Marco Van Hees (PTB) se sont abstenus. L’attention s’est également portée sur le député et bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS), dont l’absence lors d’une minute de silence commémorant le génocide avait été décriée. L’homme était présent jeudi et a approuvé la résolution. L La pension à 67 ans, c’est voté ! La Chambre a également approuvé hier le relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans. Le vote s’est déroulé majorité contre opposition. Seul le PP s’est abstenu. Cette mesure constitue l’une des réformes les plus controversées de la coalition suédoise. Elle porte sur l’âge légal de la pension à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030. Elle relève à 50 ans à partir de 2025 l’âge minimum pour bénéficier de la pension de survie et à 55 ans à partir de 2030. Les conditions d’âge et de carrière pour partir en retraite anticipée passeront à 62,5 ans en 2017 et 63 ans en 2018. Une proposition de loi visant la SNCB a aussi été approuvée. Elle demande à la Cour des comptes d’enquêter sur le respect et la réalisation des objectifs contenus dans les contrats de gestion entre l’Etat et d’une part la SNCB et d’autre part Infrabel de 2008 à aujourd’hui. (b) ■ Contre l’avis des experts, la ministre de la Santé Maggie De Block ne veut pas ouvrir la porte aux non-médecins. Des associations de terrain disent être menacées de disparition. a vingtaine de scientifiques du Conseil supérieur de la santé qui ont rendu ce jeudi matin leurs avis sur le dépistage démédicalisé et décentralisé du sida ont été bousculés par l’opinion affichée, dans le Soir de jeudi, par la ministre de la Santé Maggie De Block. Celle-ci indiquait en effet ne pas envisager de modifier la loi pour permettre ce dépistage en Belgique, ni de dorénavant financer du dépistage en absence de médecins. Car, si les scientifiques formulent des conditions strictes qui doivent présider à l’emploi d’une telle technique (lire par ailleurs), ils prennent clairement parti pour que ce dépistage s’ajoute au screening actuel et demandent que la loi soit adaptée : « Pour la plupart des personnes, le dépistage médicalisé reste la meilleure solution, notamment pour la qualité du conseil donné par le médecin », explique le professeur Yves Van Laethem, infectiologue au centre de référence sida de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles et président du groupe de travail. L Des tests rapides de salive « Mais il est clair qu’il y a des gens qui passent à travers les mailles du filet, comme par exemple le public gay, les migrants ou les prostitués. Il y a aussi des occasions fortes de procéder à des dépistages, comme des festivals de musique, où se présenteront des jeunes qui ne franchiraient pas la porte d’un hôpital ou ne s’adresseront pas au généraliste familial », explique le spécialiste. « Pour ces publics, il est important de proposer d’autres modalités de dépistage, en faisant disparaître la blouse blanche. D’autant que des tests rapides, basés sur la salive ou une goutte de sang, permettent d’avoir une réponse adaptée à ce type de dépistage ». « Ce type de dépistage est d’ailleurs dans la ligne des recommandations de l’OMS, du centre européen des maladies (ECDC), mais aussi du plan sida adopté en octobre 2013 », souligne Katrien Fransen, directrice Pour les experts, le dépistage sans médecin est particulièrement utile par exemple lors des festivals de musique, où se présenteront des jeunes qui ne franchiraient pas la porte d’un hôpital ou ne s’adresseront pas au généraliste familial. © THOMAS BLAIRON. du centre de référence sida de l’Institut tropical d’Anvers. « Chaque jour, il y a plus de trois contaminations en Belgique, la lutte contre le virus passe donc par un meilleur dépistage. Utiliser des techniques spécifiques pour des publics est un moyen reconnu pour y arriver ». Pour ces spécialistes, la prise de position de Maggie De Block « n’est pas de bon augure ». « A titre personnel, je trouve qu’il n’est pas productif d’aller contre l’évidence scientifique partagée au niveau mondial », explique le professeur Yves Van Laethem. « Pour nous, c’est un peu comme envoyer un missile sur le bateau qui sort du port. Même le conseil de l’ordre des médecins soutient les initiatives de dépistage démédicalisé, s’il est pratiqué aux conditions que l’avis que nous rendons aujourd’hui expose ». Mettre la clé sous la porte ? Du côté des associations de terrain, si l’avis du CSS est accueilli positivement, c’est l’amertume : « On a l’impression que la ministre De Block vit sur une île déconnectée des stratégies de lutte contre le VIH. Le taux de dépistage tardif chez les homosexuels masculins est passé de 25 % en 2010 à 40 % en 2013. C’est la preuve qu’il est primordial de développer des stratégies complémentaires au dépistage classique en tenant compte des freins existants », explique Michaël François, qui dirige l’association Ex æquo, qui mène un projet de dépistage vers ce public spécifique. L’association, qui recevait un subside de l’Inami pour ce projet-pilote, a déjà dû licencier un membre du personnel. Elle poursuit actuellement son projet, mais en puisant sans les maigres réserves de l’association : « Si rien ne change, nous ne pourrons plus payer les salaires en octobre. Est-ce vraiment le visage de la lutte contre le sida que la Belgique veut offrir, alors qu’elle affiche déjà une des plus hautes prévalences en Europe ? ». Pour Une formation préalable stricte des « dépisteurs » L’avis des scientifiques rendu ce jeudi encadre strictement toute formule de dépistage démédicalisé. Ainsi, « il n’est plus question de multiplier les projets ici et là sans une vue d’ensemble. Il faut qu’un comité directeur examine les projets avant leur lancement, qui rassemble des délégués des organisations non gouvernementales, mais aussi des centres de référence sida. Ces expériences-pilotes doivent être standardisées et les données doivent être centralisées par l’Institut de santé publique, qui collecte déjà les données sur l’épidémie du virus. Il faut que les résultats des tests de dépistage soient scientifiquement robustes », explique le professeur Van Laethem. Les scientifiques mettent surtout l’accent sur la formation préalable pour toute personne qui pourrait ainsi pratiquer un dépistage sans être médecin : « Que ce soit des professionnels de la santé non-médecins ou des bénévoles particulièrement au fait de ces questions, il est essentiel qu’avant d’être lancé sur le terrain du FRÉDÉRIC SOUMOIS dépistage, chaque personne ait été formée en détail sur la réalité du virus, sur les conseils à donner, sur les limites des techniques de dépistage, sur la manière de communiquer ce qui reste une très mauvaise nouvelle. Il faut aussi que cette formation soit continue, car les techniques évoluent constamment et il est donc essentiel que ceux qui procèdent au dépistage soient au courant des derniers développements. Cette formation devra être validée par un certificat émis par une structure médicale spécialisée ». Les experts soulignent aussi la nécessité d’être formé aux questions éthiques et du respect de la confidentialité et de la vie privée. Ils désirent que chaque nouvel acteur de ce dépistage ait pu effectuer cinq dépistages sous la supervision d’un agent plus expérimenté. « Savoir à temps qui est séropositif est essentiel pour un jour gagner la lutte contre le virus. Ce genre d’initiative est essentiel et il faut donc s’entourer de toutes les garanties de sérieux ». FR.SO LESBRÈVES Vincent Lambert restera en vie UNE ENTRÉE GRATUITE C ontre toute attente, les médecins du Français Vincent Lambert, au CHU de Reims, ont refusé de se prononcer, ce jeudi, sur l’arrêt des soins de ce patient tétraplégique de 38 ans, en état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Ils ont aussi annoncé vouloir saisir le procureur de la République pour que soit désigné un représentant légal du patient, après avoir eu vent de projets d’enlèvement, selon des membres de la famille. La ministre de la Santé Marisol Touraine a apporté « tout son soutien à l’équipe soignante ». (afp) à PLANCKENDAEL ROYAUME-UNI à l’achat d’une entrée payante ! Demain dans Le Soir Photo : Geert Maes max. Valeur (a dit pas non, mais pas sans une consultation préalable du monde médical et des associations de patients. Ni sans trancher la prise en charge globale de ces patients en conférence interministérielle de la santé. « Que le dépistage des gens infectés soit dissocié de la politique de prévention est une hérésie sanitaire, un vrai handicap face à l’épidémie, qui se traduit en infections supplémentaires chaque année », souligne, amer, un des auteurs de l’avis rendu jeudi. ■ CINQ DÉPISTAGES SOUS SUPERVISION € 25 dulte) la Plate-forme de prévention Sida, dont deux projets auprès de migrants et d’un public festif sont également handicapés, il est urgent de « mettre sur pied une politique de financement qui permette aux associations de développer de telles initiatives ». Du côté de la ministre De Block, on confirme néanmoins être décidé à ne plus financer que du dépistage avec médecin. Les Régions devront-elles prendre le relais, au titre de la prévention ? Au cabinet de Maxime Prévot, ministre wallon de la santé, on ne Un migrant mort au terminal britannique d’Eurotunnel Un migrant a été retrouvé mort jeudi au terminal britannique d’Eurotunnel à Folkestone à bord d’un train de la compagnie. La police britannique a précisé « qu’il semblait être un adolescent ». « Nous déplorons cet événement », a déclaré la porteparole d’Eurotunnel, jugeant que * ce nouveau décès « rappelle, s’il en était besoin, que toute tentative de passage est extrêmement dangereuse . Nous réitérons notre appel aux autorités pour rétablir la situation à Calais », a-t-elle également dit. Plusieurs migrants sont morts ces dernières semaines à Calais, alors qu’ils tentaient de rallier l’Angleterre, notamment en essayant de monter sur les navettes Eurotunnel. (afp) 6