Leçon n○
Démonstration.
Appelons « essentiellement insécable » (e.i.) un ensemble
X∈
Utel que si
Y⊆X
est
dans U, alors rg Y<rg Xou rg(X∖Y)<rg X.
Montrons que tout ensemble de rang
n
est alors union disjointe nie d’ensembles e.i. de rang
n
. Si en
eet
X∈
Un’est pas tel, alors il n’est pas essentiellement insécable, donc existent
X⊆X
et
X=X∖X
dans Ude rang
n
. L’un au moins, et l’on peut supposer que c’est
X
, n’est pas essentiellement insécable :
d’où
X=X,⊔X,
. Réitérant, on trouve que les
X,...,,
sont dans U, de rang
n
, disjoints, et inclus
dans X: ce qui contredit la dénition de rg(X)=n.
Supposons à présent que
X=⊔d
i=Xi=⊔e
i=Yi
sont deux décompsitions en essentiellement insécables
de même rang, et que
d>e
. Comme
X=⊔e
i=(X∩Yi)
est essentiellement insécable, il existe un unique
i
tel que
rg(X∩Yi)=n
. Recommençant on dénit une fonction
{
,...,d}→{
,...,e}
; par essentielle
insécabilité des Yielle est injective : contradiction.
Le nombre de composantes e.i. est donc bien déterminé ; on voit alors sans peine que c’est le degré.
Remarque.
Attention, l’entier
deg A
est bien déterminé, mais les «composantes essentiellement insécables»
ne le sont qu’à « petite intersection » près, par opposition aux composantes irréductibles dans la topologie
de Zariski. Mais la décomposition topolgique n’a de sens qu’en manipulant des fermés, alors que nous
avons généralisé les constructibles.
Proposition. Les objets considérés sont dénissables.
— Si Aest ni, alors deg A=∣A∣.
— Si B⊆Aont même rang, alors deg B≤deg A.
— Si A,Bsont disjoints de même rang, deg(A∪B)=deg A+deg B.
—deg(A×B)=deg A×deg B.
—
Si
f∶A→B
et
rg f(A)=rg A
, alors
deg f(A)≤deg A
avec égalité sitôt que
f
est injective, mais la
réciproque est fausse.
De manière générale, tout ce qui est intuitif est vrai.
6.2. L’approche modèle-théorique : le rang de Morley
La formalisation par univers rangés est en fait une axiomatisation du cas le plus favorable d’une
construction modèle-théorique fondamentale.
Dénition.
Soit Mune L-structure
ω
-saturée. On dénit sur l’ensemble des parties dénissables (à
paramètres) de Mune fonction
RM
, le rang de Morley, à valeurs dans
On ∪{±∞}
(ordinaux transnis,
plus deux symboles) :
—RM(φ)≥ ssi φ(M)≠∅;
— RM(φ)≥α+
ss’il existe une innité de parties dénissables à paramètres
ψi
disjointes telles que
ψi(M)⊆φ(M)et RM(ψi)≥α;
— RM(φ)≥αpour αun ordinal limite ssi RM(φ)≥βpour tout β<α.
Remarques.
—
Exemple : si
K⊧ACF
est
ω
-saturé (on sait que pour un corps algébriquement clos, cela équivaut à :
de degré de transcendance inni sur son corps premier), alors
RM(φ)=dimZar(φ(K))
, dimension
de Zariski du constructible associé (admis ; [Marker, §.]).
—
En revanche en général la récurrence donnant
RM(φ)
n’a pas de raison de s’arrêter : on pose alors
RM(φ)=+∞, c’est-à-dire au-delà des ordinaux (c’est beaucoup).
—
On n’a pas supposé l’élimination des imaginaires, si bien que
RM
n’est en général déni que sur
les dénissables, pas sur les interprétables.
— Si N⪰Msont ω-saturées, on peut voir que RM(φ)est le même calculé dans Met dans N.
—
Si en revanche Mn’est pas
ω
-saturé, la dénition littérale donne le « rang de Cantor » de
φ
. Pour
déterminer le rang de Morley on monte à M
∗⪰
Mqui est
ω
-saturé :
RM(φ)
ne dépend pas du
choix de M∗.