Le naufrage d`Haïti, d`une riche colonie à une république misérable

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AESH
Bruno Lanz et Frédéric
Junod
Le naufrage d’Haïti, d’une riche colonie
à une république misérable
1. Introduction
Pour beaucoup d'entre nous, l'évocation d'Haïti nous transporte vers un monde que l'on imagine
paradisiaque. Mais la réalité est tout autre.
Corruption, violence extrême et extrême pauvreté, Haïti ne suscite aujourd’hui qu´un sentiment : celui
d´un naufrage.
Le 15 décembre 1492, Christophe Colomb, qui suivait depuis quelques jours la côte d´Haïti, aborda
dans un endroit si beau qu´il le nomma la vallée du Paradis. Cinq siècles plus tard, ceux qui l´ont visitée
parlent toujours de la splendeur d´Haïti. Cette splendeur tragique, marquée par une histoire faite d´une
exploitation de l´homme poussée à son point extrême, de révoltes, de pauvreté et de résistance envers et
contre tout, un pays “ accouché au forceps d´une violence inouïe ”.
Haïti représentait autrefois près des trois quarts du commerce des ports français de l'Atlantique. Une
activité basée sur la traite négrière et le commerce triangulaire. Elle était le plus beau fleuron des colonies
et était surnommée « la perle des Antilles».
Pourtant, après avoir été proclamé en 1804 le premier Etat noir indépendant, Haïti vit aujourd'hui un
revers de l'histoire.
Il est alors légitime de se demander quelles sont les raisons, les causes de la situation catastrophique
dans laquelle se trouve Haïti. Pourquoi la première nation noire indépendante, après avoir été la colonie
la plus florissante de la France se retrouve-t-elle maintenant dans un dénuement et une misère totale sans
moyens réels pour en sortir ?
C'est ce que nous allons essayer de montrer par un raisonnement historique en présentant tout d'abord la
situation actuelle du pays, puis en approfondissant les faits marquants de l'histoire même d'Haïti.
2. Situation géographique
Haïti est un pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l'île d'Hispaniola, bordé au Nord
par l'océan Atlantique, à l'Est par la République dominicaine, au Sud par la mer des Caraïbes et à
l'Ouest par le canal du Vent, qui la sépare de l'île de Cuba. L'île est coupée en deux par une chaîne de
montagne avec à l'Est la République Dominicaine et à l'Ouest Haïti.
Le pays s'étend sur 27 750 km2. Sa capitale, Port-au-Prince, est située au fond du golfe de la Gonâve.
On y parle français et créole qui sont les deux langues officielles. Si le catholicisme est la religion
officielle, le vaudou tient une place prépondérante dans la vie de la plupart des Haïtiens.
La population d'Haïti est estimée à 6,8 millions d'habitants. Environ 74% de la population vit en zone
rurale. La quasi-totalité des Haïtiens (95%) descendent d'esclaves noirs, le reste de la population étant
constitué de mulâtres.
3. Situation économique
Haïti est l'un des pays les plus pauvres du monde et une partie importante de sa population survit dans
des conditions très précaires.
Touchée à la fois par la sécheresse et les tempêtes, l'agriculture haïtienne n'est pas aussi performante
qu'elle le pourrait, la surpopulation des campagnes ayant entraîné l'épuisement des terres et une érosion
considérable. La plupart des fermes sont de petites exploitations familiales où l'on pratique la culture
vivrière (maïs, manioc, patates douces, haricots, riz, plantain), des exploitations plus importantes
fournissant les rares produits exportables : sucre de canne, café, sisal, cacao, noix de coco, tabac et
coton. La pêche reste extrêmement artisanale et le bois sert à la fabrication de produits artisanaux
(masques, sculptures) destinés essentiellement à l'exportation.
Le pays est très montagneux et alterne avec de basses plaines où sont produits notamment le café, la
canne à sucre et la banane qui, avec la bauxite, sont les principales ressources du pays. Les aléas de
l'histoire ainsi qu’une économie désastreuse entièrement dirigée par les Etats-Unis font qu'il n'a toujours
que peu de perspectives pour les années à venir.
L’organisation spatiale actuelle du pays est le résultat d’un long processus qui a conduit à
l’approfondissement de déséquilibres flagrants à tous les niveaux. La croissance démographique
accélérée entraînant le problème de la dégradation des conditions de vie de la population, la faible
productivité agricole, le faible niveau d’industrialisation, le taux élevé d’analphabétisme (80 %), le souséquipement généralisé, l’inégale répartition des revenus (1 % de la population concentre 49 % des
revenus), le chômage endémique (70 %), la balance commerciale lourdement déficitaire, l’accentuation
de la pauvreté et du phénomène de bidonvilisation, sont autant de problèmes inhérents à la nature même
du sous-développement et dont la prise en compte permettra peut-être de mieux appréhender la
problématique de l’organisation spatiale en Haïti, en vue d’élaborer des Plans départementaux qui
tiennent mieux compte de la nécessité d’améliorer le cadre de vie de la population.
De l’autre côté de l’île, la République Dominicaine qui partage avec Haïti, l'île d'Hispaniola est le
deuxième pays des Caraïbes en surface après Cuba. La végétation riche et variée y est tropicale. Sa
population, composée à 73 % de métis, 16 % de blancs et 11 % de noirs, se concentre majoritairement
à l'Est. Depuis quelques années le pays a misé pour son développement sur le tourisme en complément
de ses richesses agricoles traditionnelles que sont le tabac, la canne à sucre ou le café. Le pays dispose
également de plusieurs zones franches pour une économie traditionnellement dépendante des USA.
Après une tentative de développement du tourisme à Haïti celui-ci est retombé au niveau zéro au début
des années 90. Donc, aucun touriste dans le pays. Les seuls "blancs" (occidentaux) en Haïti sont
généralement des coopérants ou des "humanitaires", des religieux dont beaucoup membres de sectes
protestantes - que les mauvaises langues disent financées par la CIA à des fins d'espionnage - ou du
personnel diplomatique.
Petite anecdote, on pourrait se demander si Haïti fait vraiment partie des Caraïbe ?! Il semble que cette
évidence n´en soit pas une pour les compagnies de téléphone américaines. En effet, Haïti ne fait pas
partie de la “ zone caraïbe ” et a un autre préfixe. Anecdotique peut-être, mais aussi une manière de
traduire la malédiction de ce pays. Comme si Haïti n´en finissait pas de payer l´audace d´avoir été la
première république indépendante noire du monde. Issue de plus, d´une révolte d´esclaves, un demisiècle avant l´abolition de l´esclavage aux Etats-Unis.
Port-au-Prince, la capitale, se déploie en amphithéâtre sur l´une des plus belles baies du monde. Mais
les quartiers de jadis sont submergés par les bidonvilles qui débordent des ravines et s´étalent sur la
côte. En cas de cyclone, c´est toute la montagne qui risque de glisser dans la mer en un grand fleuve de
boue, entraînant ses constructions sans fondations. Enfin, l'environnement est particulièrement dégradé
par la déforestation : on estime qu'il faudrait un minimum de cinquante ans pour revenir à une situation
d'équilibre. Pour certains spécialistes, la situation est irréversible...
Les entreprises étrangères ont fermé. Une timide réforme agraire n´a pas arrêté l´exode rural : au cours
mondial du riz, le paysan haïtien ne peut plus survivre avec sa production. Et comme si tout cela ne
suffisait pas, Haïti est totalement perméable et gangrené par la corruption et la toute-puissance des
narcotrafiquants et est la principale plaque tournante pour le commerce de la cocaïne à destination des
Etats-Unis et de l’Europe.
Mais nombreux sont aussi ceux qui, avec ou sans l´aide du gouvernement, soutenus par des ONG,
luttent pour recréer ce tissu de solidarité qui a fait la force du peuple haïtien.
Qu´a-t-on donc fait, au fil des siècles, des “ merveilles ” décrites par Christophe Colomb et quel
avenir leur est-il dévolu dans le nouveau partage du monde ? N´y a-t-il d´autre voie que cette
intégration économique américaine à marche forcée ?
C'est ce que l'on va voir maintenant en développant l'histoire propre d'Haïti, de sa découverte jusqu'à
nos jours.
4. Chronologie et explication de faits marquants
4.1. Haïti sous l'exploitation française jusqu'à son indépendance
Les premiers occupants de l’île étaient les Caraïbes (ou Caribs) et les Taïnos, ils vivaient de la pêche,
de la chasse et de l’agriculture. En 1492, la Santa Maria, la caravelle de Christophe Colomb, s’échoua
sur un récif proche de l’île que l’explorateur nomma Hispaniola. Christophe Colomb quitta l’île, laissant
39 de ses hommes sur place. Quand il revint l’année suivante, accompagné de 1500 hommes pour
continuer à chercher de l’or, ce fut pour découvrir que les colons étaient morts ou avaient été tués.
En 1496, les Espagnols établirent une colonie à l’endroit où se trouve présentement Saint-Domingue.
Les colons forcèrent les Taïnos à travailler pour eux. Les maladies, l’esclavage et les tueries décimèrent
les Taïnos ; en cinquante ans, la population passa de près d’un million à 500. Au XVIe siècle, les
Espagnols commencèrent à amener des esclaves africains pour travailler dans l’île.
Au commencement de l'actuelle Haïti est l'esclavage colonial. Les esclaves sont des ennemis
domestiques et il faut mettre en place un système de répression capable de les contenir et de prévenir
leur révolte. Hors de la ville coloniale, vivaient les plantations attachées directement à leur port
d'embarquement tout le long des côtes, entités closes sur elles-mêmes, autonomes et exerçant
souverainement un pouvoir absolu sur tous ceux qui s'y trouvaient. Cet isolement renforça la suprématie
du planteur sur sa plantation en ne groupant les esclaves qu'artificiellement. De plus, la colonie n'existe
que par et pour la métropole ; elle est simplement le lieu où transitent les produits à destination ou en
provenance du continent.
L'esclavage étant contre nature, il conduit à la résistance permanente et multiforme des esclaves dès les
premiers moments de la captivité. La première révolte armée dans l'île a lieu dès 1522, trois ou quatre
ans après l'introduction du premier contingent important d'esclaves.
En 1697 la partie Ouest de l'île fut cédée à la France par le traité de Ryswick, après que des boucaniers
français eussent commencé de l'occuper.
Très vite, au XVIIIe siècle, Haïti est devenue la plus prospère des colonies françaises grâce à ses
plantations de sucre et à ses nombreux esclaves noirs. A la fin de ce même siècle, la colonie française
comptait près de 600.000 habitants, dont 500.000 esclaves. La majorité de ces derniers étaient nés en
Afrique et avaient été introduits à une date récente à Haïti. Dans le même temps, la partie espagnole de
l'île, Santo Domingo, dépérissait et comptait à peine quelques dizaines de milliers d'habitants.
(chiffres esclavage)
Le sort de l'île fut bouleversé par la Révolution française. Le 28 mars 1792, l'Assemblée législative
établit une égalité de droit entre tous les hommes libres (à l'exception des esclaves). Ces demi-mesures
ne satisfèrent guère les esclaves de Haïti. Elles les poussent au contraire à la révolte dès 1791 sous la
conduite de l'un des leurs, un cocher de 48 ans nommé François Toussaint Louverture. Ce soulèvement
général marque la fin de l'isolement et de l'éclatement des plantations, et mena à l'abolition générale de
l'esclavage en 1793. Toussaint Louverture ne tarda pas à s'emparer de la plus grande partie de Haïti et
même à conquérir la partie espagnole de l'île.
Certains planteurs, mécontents, n'hésitèrent pas à appeler les Anglais à leur secours. Trois mois plus
tard, 7.500 soldats, venus de la Jamaïque voisine, débarquèrent en Haïti pour s'emparer de la capitale
Port-au-Prince. Toussaint Louverture, établi à Santo Domingo, décida de faire front commun avec les
révolutionnaires français qui avaient bien voulu libérer les esclaves. Il intervint avec ses troupes et les
Anglais furent bientôt battus et décimés par une épidémie de fièvre jaune à laquelle les noirs furent, eux,
presque insensibles. En octobre 1798, le chef noir Toussaint Louverture reçu leur reddition au nom de la
République française. Il prit dès lors en main le gouvernement de l'île et s'appliqua à rassurer les
planteurs. La prospérité ne tarda pas à revenir. Toussaint Louverture finit par proclamer l'indépendance
de Haïti, à la manière des Nord-Américains, quelques années plus tôt. En 1800, il devient président à
vie de la nouvelle République.
C'est plus que n'en put supporter Napoléon Bonaparte, qui gouvernait à ce moment-là la France avec le
titre de Premier Consul. Celui-ci caressait le désir de reconstituer un empire colonial aux Amériques et
décida pour commencer de restaurer à Haïti la souveraineté française... et l'esclavage. En février 1802,
une armée de 23.000 hommes débarquèrent. Après s'être emparé de Toussaint Louverture par
surprise(il mourut de froid dans le fort de Joux dans le Jura) la majorité des soldats et généraux périrent
victime de la fièvre jaune. Un renfort de 10.000 hommes fut expédié à Haïti, mais n'obtint pas de résultat
et dut se rendre au successeur de Toussaint Louverture, le général Jacques Dessalines qui
s'autoproclama empereur. L'ancienne colonie déclara son indépendance le 1er janvier 1804. Dépité, le
Premier Consul renonça au mirage colonial et dans la foulée vendit aux Etats-Unis les possessions
françaises de Louisiane.
4.2. Le "décollage manqué" (1804-1844)
Pour lever la menace française, Haïti, vainqueur de la glorieuse armée de Napoléon Bonaparte, dut
malgré tout accepter de payer d'importantes réparations à la France vaincue. En 1815 Charles X fit
connaître ses conditions : 150 millions de francs a payer en 5 termes. Haïti obtint un prêt de 30 millions
de la France pour le remboursement de la première tranche, mais n’en perçu que 24 (d'une manière
générale, les emprunts n'ont jamais été payés en entier alors que l'intérêt portait sur la somme totale!). Le
pays mettra plus d'un siècle à s'en acquitter, ce qui hypothéquera lourdement son développement
économique. La dépendance vis-à-vis de l'extérieur demeure, malgré l'indépendance politique et malgré
l'isolement dans lequel se retrouve Haïti.
Sur le plan intérieur, un nouveau système de servage, le caporalisme agraire, avait remplacé
formellement le système esclavagiste et fut repris par Toussaint Louverture en 1801, avant d'être remis
en application par Dessalines en 1804. Les successeurs de ce dernier le maintiendront. La grande
majorité des nouveaux citoyens libres fut exclue de toute forme d'accession à la propriété. Les groupes
sociaux qui avaient acquis le contrôle des circuits de commercialisation raffermirent leur pouvoir financier
et devinrent des factions dominantes en contrôlant les activités d'import-export de leurs régions. Les
masses ainsi opprimées assistèrent pendant longtemps, en spectateurs, aux jeux de coulisses pour
l'obtention du pouvoir entre les factions dominantes. Après l'assassinat de Dessalines, en 1806, le pays
se scinda en deux : au Nord Henri Christophe constitua une république, qu'il transforma bientôt en
royaume, au sud une république gouvernée par Alexandre Sabès, dit Pétion.
Le successeur de Pétion, Jean-Pierre Boyer, réunifia le Nord et le sud en 1820 puis conquit la
République Dominicaine en 1822. La réunification (ou plutôt l'occupation) des 2 parties de l'île dura 22
ans. Le 27 février 1844, la partie Est de l'île d'Haïti, connut un vaste mouvement révolutionnaire qui mit
fin à cette occupation mal digérée. En 1844, l'Est fit définitivement sécession, et devint république de
Saint-Domingue, tandis que l'Ouest devenait république d'Haïti.
L'armée, qui a joué le rôle principal dans la lutte pour l'indépendance, se perçoit comme la seule source
de légitimité politique et va par la suite dominer toutes les autres institutions. Sur les 22 chefs d'État que
connaît Haïti de 1804 à 1915, seuls quatre d'entre eux sont des civils. Il faut d'ailleurs noter que deux de
ces civils prennent le titre et l'uniforme de général une fois portés au pouvoir.
4.3. La faillite (1845-1915)
Ces temps de l'histoire d'Haïti furent difficiles, marqués par d'insolubles luttes de pouvoir entre les Noirs
et les mulâtres. Il faut savoir que la constitution Haïtienne excluait les blancs de l'île en grande partie à
cause de la crainte des mulâtres que leur caste soit reléguée au second plan par l'admission d'étrangers.
Bien sûr le développement des îles des caraïbes ne passait que par l'entreprise des européens ce qui
explique la stagnation de Haïti par rapport au développement des autres îles à cette époque.
Encore dépendante de la France financièrement, Haïti ne parvenait pas à se stabiliser politiquement. Les
problèmes agraires engendrèrent, dès 1844, une grande jacquerie, qui fut durement réprimée. En 1849,
Faustin Soulouque, un Noir, se proclama empereur (Faustin Ier) et se lança dans une sévère répression
contre les mulâtres. Il régna en despote sur le pays pendant dix ans, avant d'être renversé, en 1859, par
le mulâtre Nicolas Geffrard, qui restaura la république et gouverna le pays jusqu'en 1867. Cette période
fut celle de la reconnaissance de Haïti par les états européens et les Etats-Unis.
Jusqu'en 1910, le pays, gouverné exclusivement par des mulâtres, connut une période de relative
prospérité mais les emprunts contractés par le gouvernement en 1874 et 75 furent une catastrophe
financière. Initialement prévu pour solder la dette de l'Indépendance, financer des travaux publics et les
innombrables exigences d'indemnisation de l'étranger, Haïti ne perçu pas la moitié des 60 millions de
francs souscrits. Tout le monde eut sa part sauf le paysan haïtien qui lui, aura à les payer. Il s'agissait
dorénavant pour les banquiers de contrôler les douanes, et donc les recettes de l'état, pour garantir leurs
prêts. Les États-Unis, déjà présents en République dominicaine, commencèrent alors à s'intéresser à
Haïti car ils avaient entrepris le contrôle de leur sphère d'influence et le Canal de Panama donnait une
importance géographique à ce pays. De plus la nation de Haïti était vouée au mépris raciste des
Américains et à la crainte de la voir annexée par un pays européen. Les USA occupèrent donc
militairement Haïti le 28 juillet 1915 sans grande résistance des soldats haïtiens.
4.4. L'occupation et l'influence américaine
Sous l'occupation américaine, Haïti revint temporairement à la stabilité, mais au prix de révoltes sociales
qui allaient favoriser l'arrivée au pouvoir des militaires. Washington mit en place un gouvernement soumis
à ses volontés et s'engagea en contrepartie à fournir au pays une assistance politique et économique. En
1918, les Américains réprimèrent dans le sang une révolte paysanne (plus de 15 000 morts). L'hostilité
de la population à l'égard de l'occupant grandit, et conduisit finalement, en août 1934, au départ des
Américains. Haïti n'en avait cependant pas fini avec l'influence américaine.
La fin de l'occupation, ajoutée aux conséquences de la crise économique mondiale, engendra le retour à
l'instabilité. Arrivé au pouvoir par un coup d'État en août 1945, Dumarsais Estimé fut renversé en
novembre 1949 par une junte militaire. Le pouvoir resta entre les mains de l'armée jusqu'en septembre
1957, date à laquelle François Duvalier (dit "Papa Doc"), un ancien membre du gouvernement Estimé,
fut élu président. Élu avec le soutien des Noirs, qui voyaient en lui le moyen de lutter contre les élites
mulâtres, Duvalier imposa d'emblée une politique extrêmement répressive en interdisant par exemple
tous les partis de l'opposition et reçut du Parlement l'autorisation de gouverner par décrets. Le régime
Duvalier s'appuyait sur une milice paramilitaire, les Volontaires de la Sécurité nationale, surnommés les
"tontons macoutes", qui sema la terreur dans les rangs de l'opposition et parvint à étouffer toute
résistance. Duvalier prononça la dissolution du Parlement le 8 avril 1961 et les États-Unis suspendirent
leur aide en signe de désapprobation. En 1964, il se proclama président à vie et engagea, avec les
tontons macoutes, une campagne sanglante contre les opposants (2 000 exécutions en 1967). Duvalier
désigna son fils, Jean-Claude, comme successeur et a sa mort, le 21 avril 1971, Jean-Claude Duvalier
accéda donc à la présidence de la République. Il avait 19 ans (d'où son surnom de "Baby Doc"). Il
commença par appliquer mot pour mot la politique de son père, avant d'amorcer une timide libéralisation
du régime. La répression et l'extrême pauvreté dans laquelle le régime maintenait la population
provoquèrent, à partir de la fin des années 1970, l'exode de la population haïtienne, vers la Floride et les
Bahamas notamment.
En 1986, un soulèvement populaire renversa Jean-Claude Duvalier, mais ce ne fut pas pour autant la fin
de la dictature. Après une suite de coups d'état et de prise de pouvoir, les pays de l'ONU décrétèrent
des sanctions contre le gouvernement en place. Mais la situation des civils et la lenteur des négociations
poussa les Etats-Unis à intervenir militairement en 1994 en vue de rétablir une république.
L'histoire de Haïti ne fut donc qu'une suite d'exploitations extérieures comme intérieures, ne profitant à
chaque fois qu'a un groupe très limité de personnes. Les inégalités créées entraînèrent le pays dans un
cercle vicieux où les propriétaires ont tous les pouvoirs et où un rééquilibrage des richesses serait
synonyme de perte de pouvoir et de retour à une condition médiocre.
5. Etude comparative entre Haïti, la République Dominicaine et la Jamaïque
En comparant diverses données entre ses trois pays on remarque par opposition à Haïti que la
République Dominicaine et la Jamaïque, qui sont entre autre devenu indépendant plus tard on su tenir
beaucoup mieux le coup. La raison principale est que ces deux pays on réussi développer leur tourisme
afin de construire un tissu social qui tienne et qui préserve le mieux possible la richesse première de ces
îles : leur beauté.
Taille en km2
Population en millions
Mortalité infantile / 1000 enfants nés vivants
Espérance de vie
Indépendance
1962
% population en dessous du seuil de pauvreté
Haïti
27750
6.8
97.1
49.2
1er janvier 1804
Rép. Dominicaine
48730
8.4
35.93
73.2
27 février 1844
Jamaïque
10990
2.6
14.61
75.2
le 6 août
80%
25%
34.20%
Chômage
70%
13.80%
15.50%
6. Conclusion
Dans un contexte de mondialisation croissante, il ne faut pas oublier les pays qui restent en marge,
auxquels on tourne souvent le dos. Haïti fait partie de ces pays qui sont depuis longtemps tombés dans
un gouffre, où pauvreté rime avec corruption et qui ne survivrait pas sans l’aide internationale. Pourtant il
reste ce goût amer que la première nation noire qui à voulu crier son indépendance n’y a jamais vraiment
accédé complètement. Elle fut délaissée par le commerce international malgré sa situation géographique
et alors qu’elle possédait beaucoup d’avantages comparatifs lors de sa colonisation par la France, elle
se retrouve sans rien aujourd’hui. On peut alors se questionner sur la responsabilité des Etats-Unis,
pourquoi ils n'ont pas réussit à leur départ de faire en sorte qu'il reste une certaine infrastructure, ainsi
qu'une organisation cohérente et stable. Mais pour trouver les principaux responsables il faut plutôt se
tourner vers les successeurs de Toussaint Louverture, dont les incompétences ont affaibli de plus en plus
le peuple et son économie, sans jamais remplacer le schéma propriétaires-travailleur soumis imposé lors
de la colonisation. Et peut-on se relever après un régime de dictature, la réponse est certainement oui
mais après une répétition de tels régimes, cela est déjà beaucoup moins sûr !
Ces pays comme Haïti signent une fois de plus l´échec de ce libéralisme sans justice sociale de manière
plus éclatante encore que les pays de l´Est, montrant l´échec de la planification communiste. On peut en
penser ce qu´on veut. Mais, avec toutes leurs disparités, ce sont bien de maux identiques que sont
frappés ces pays : tissu social disloqué, précarité de l´emploi, essor de l´économie informelle,
hémorragie des forces vives vers d´autres rives-mirages, gangrène de la corruption et toute-puissance
des narcotrafiquants...
7. Références
Barros Jacques, Haïti de 1804 à nos jours, L’Harmattan
Site de la CIA odci.gov
Site officiel Hispaniola.com
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