nombre de rues pavées.
Bien que l’industrie de l'élevage du renard ait permis dans une large mesure aux Insulaires de
passer au travers de la dépression, elle commença peu à peu à perdre du terrain. L’industrie de
l'élevage du renard de l'Î.-P.-É., qui avait permis à tant d’Insulaires de faire de l’argent et
contribué à faire de Summerside une ville de réputation internationale, allait inévitablement vers
sa perte. À cause d’une surproduction immense, le marché des peaux devint saturé; par
conséquent, en dix ans, le prix des peaux chuta dramatiquement, passant de 25,40 $ la peau en
1946 à aussi peu que 7,30 $ en 1955. Après la chute des prix, ce fut la chute des fermes et du
nombre de renards. En 1946, il y avait 99 269 renards répartis sur plus de 3 729 fermes; en 1955,
il ne restait plus que 3 293 animaux en captivité répartis sur 189 fermes.
En 1975, l’industrie a connu une brève renaissance, ce qui fit dire à plusieurs qu’elle connaîtrait
de nouveau la gloire des années vingt. De nombreux jeunes agriculteurs achetèrent des couples
reproducteurs à fort prix et continuèrent leur élevage jusqu’à ce que l’industrie ne s’effondre de
nouveau. Certains se mirent en affaires durant ce second boom et en sortirent suffisamment
rapidement pour faire de l’argent. Toutefois, nombre d’autres s’accrochèrent à l’industrie dans
l’espoir de la voir renaître de ses cendres et demeurer, mais ne réussirent qu’à obtenir des
résultats désastreux. L’industrie n’a jamais connu de troisième souffle et nombreux sont ceux qui
sont restés avec des cheptels de renards valant plusieurs milliers de dollars qu’ils ne pouvaient
vendre. Ce fut pour plusieurs, la fin.
De nombreux facteurs entrèrent en jeu et menèrent cet empire jadis puissant vers sa perte, un
empire qui avait vu le jour à l'Î.-P.-É. D’abord et avant tout, il fallait blâmer la surproduction de
peaux à l’échelle mondiale. Ensuite, le caractère changeant et volage de l’industrie de la mode
qui avait jeté son dévolu sur les animaux à poils courts tels le vison. Enfin, les activistes à la
défense des droits des animaux commencèrent à se manifester et, les progrès constants en
matière de chauffage ont, ensemble, contribué à faire de la fourrure du renard une commodité du
passé. Lorsque les éleveurs commencèrent à se rendre compte qu’il n’y avait plus d’avenir dans
l’industrie, nombre d’entre eux abbatirent la totalité de leur cheptel en vue de récolter les peaux
dans l’espoir de faire un peu d’argent. D’autres ouvrirent simplement les abris, laissant
s’échapper leurs renards dans les bois. Très peu d’entre eux se risquèrent à reprendre en élevant
du vison, par crainte peut-être que l’histoire ne se répète.
Aujourd’hui à l'Île-du-Prince-Édouard, l’industrie de l'élevage du renard subsite, mais de toute
puissante qu’elle a jadis été, elle est devenue très modeste. On trouve encore des expositions de
renards lors desquelles on attribue des prix aux plus beaux spécimens et à leurs éleveurs.
Toutefois, on ne saurait les comparer à celles de l’époque glorieuse de l’industrie. Très peu
d’éleveurs ne font que l’élevage de renards. Généralement, les éleveurs de renards ont également
du bétail ou des volailles qui les aident à combler le manque à gagner causé par le peu d’intérêt
que suscite le renard. On trouve un peu partout dans l’île les vestiges de fermes d’élevage du
renard et des emplacements devenus des lieux historiques. Ces endroits ont joué un rôle
important dans le développement de l’industrie. Aujourd’hui à l'Î.-P.-É., il reste encore des
familles ayant fait fortune dans l’élevage du renard et d’autres qui ont tout perdu dans les années
1970, ayant présumé que l’industrie se relèverait et connaîtrait la même gloire que dans les
années vingt. On trouve encore des vestiges de fermes d’élevage qui sont tombées en