
World Climate
Négocier un accord global sur le climat avec le simulateur de politique climatique C-ROADS
Professeur John Sterman / MIT Sloan School of Management
CONFIDENTIEL : Briefing pour les prochaines négociations climatiques
A: Négociateurs des pays les moins développés (PMA) à la conférence de l'ONU sur le changement climatique
OBJET: Objectifs des négociations
Vous êtes à la tête de la délégation des pays les moins développés (Bangladesh, Pakistan, la plupart des pays d'Afrique, les pays les
plus pauvres d'Amérique du Sud et centrale, d'Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et les Etats insulaires du Pacifique, de l'océan
Indien et des Caraïbes) lors des prochaines négociations sur le changement climatique. Votre objectif est de réussir à obtenir le
meilleur accord pour les pays que vous représentez. Les classes éduquées, dans nos pays, pensent que le changement climatique est
réel et que les activités humaines y contribuent de manière significative.
Nous avons aussi intégré le fait que nous serons les plus sérieusement affectés par le changement climatique : les projections
d'élévation du niveau de la mer vont entraîner le déplacement de centaines de millions de personnes et certains pays, comme les îles
basses vont tout simplement disparaître. Beaucoup de nos habitants vivent dans la pauvreté et sont extrêmement vulnérables aux
sécheresses, maladies, inondations et aux bouleversements écologiques causés par le changement climatique. Le changement
climatique compromet jusqu'à notre survie comme nations. Cependant, en tant que plus pauvre pays du monde, nous n'avons pas les
moyens ni pour atténuer nos émissions, ni pour nous adapter au changement climatique.
Atteindre un accord, pour limiter le changement climatique, est primordial pour le futur de nos pays, mais nous sommes en grande
partie démunis car notre consommation d'énergie et nos émissions de gaz à effet de serre (GES) ne représente qu'une infime partie du
total à l'échelle mondiale. Nos peuples, comme tous les peuples, veulent vivre dans un environnement sain, mais nous souffrons
d'une grande pauvreté. Pour beaucoup d'entre nous, avec un environnement sain nous entendons avoir la possibilité de nourrir,
habiller et loger nos familles pour avoir une chance d'obtenir un emploi décent et être épargné par la malaria, la dengue, le choléra et
les autres maladies depuis longtemps éradiquées dans les pays riches.
Les nations développées nous pousserons à réduire nos émissions en GES car nos populations augmentent plus rapidement que les
leurs. Ils craignent que notre développement économique et notre croissance aillent détruire l'environnement. Ils vont donc chercher
à utiliser un accord global sur le climat pour ralentir notre croissance et nous empêcher de finalement jouir de la prospérité qu'ils
connaissent. Cependant, le taux d'émission par personne dans les pays riches est bien plus important que le nôtre (voir le graphique
au verso). Ainsi, tout accord, qui nous obligerait à ralentir notre développement, à payer l'énergie plus cher et à construire de
nouvelles infrastructures énergétiques très coûteuses, a des chances d'entraîner des émeutes et des révolutions.
Les pays développés ont initié la crise climatique et doivent prendre la responsabilité de leurs actions passées. Environ 75% du CO2
relâché par combustion d'énergies fossiles, depuis le début de la révolution industrielle, provient des pays développés. Ces pays ont
utilisé cette énergie pour construire leurs économies et enrichir leurs populations, souvent en exploitant nos ressources naturelles.
Nous sommes prêts à prendre notre part de responsabilité, mais les pays riches doivent s'accorder sur des actions significatives à la
hauteur de leur contribution passée à ce problème. Ils doivent, de plus, fournir l'aide financière et technologique nécessaire au
développement de nos économies sans carbone. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas payer le prix de leurs émissions passées.
Nous devons souligné le fait que le changement climatique va aussi heurter les pays développés et qu'il est aussi de leur intérêt de
faire plus. Les dernières études, dont le rapport bipartite « Risky Business », signé par des secrétaires au Trésor américain des deux
bords, montrent que les coûts de l'inaction sont élevés alors que la plupart des régions des Etats-Unis bénéficieraient d'une politique
de réductions des émissions. De son côté, le rapport du GIEC (AR5) souligne que le changement climatique frappe d'ores et déjà la
planète et que, sans réductions drastiques des émissions, les conséquences n'en seront que beaucoup plus graves.
Nous avons aussi l'opportunité de limiter nos émissions de GES à travers le programme REDD (Réduction des Emissions résultant
du Déboisement et de la Dégradation des forêts) en réduisant le taux de déforestation de nos territoires. Nos pays possèdent les
principales forêts tropicales et, malheureusement, la déforestation y est substantielle. Les programmes pour protéger les forêts et
séquestrer le carbone à travers la reforestation (en plantant des arbres dans des zones précédemment déforestées) peuvent (avec un
coût pour nos économies) significativement réduire notre contribution aux émissions en CO2. Nous devrions être rémunérés pour
limiter la déforestation et développer la reforestation pour compenser les émissions des pays développés.
Au verso de cette page, vous trouverez des données qui vous seront utiles dans vos négociations. Bonne chance !
Préparé par John Sterman,
[email protected], dernière modification août 2014 / www.climateinteractive.org/wolrdclimate