RCLA CJAL 3–1/2
aider `
a faire passer des concepts aspectuels plus appropri´
es, inspir´
es des th´
eories
´
enonciatives : les notions de d´
eroulement, de bornes et de rep´
erage par rapport
`
a une source ou un point d’arriv´
ee.
Temps grammatical versus temps chronologique : l’imparfait et le pass´
e
compos´
e ne sont pas des temps
En pr´
esence de temps du pass´
e au sens morphologique (tense), on a trop souvent
le tort de croire qu’on a affaire `
a du temps dans son d´
eroulement (time). Or
si l’emploi de ces marqueurs grammaticaux peut parfois faire r´
ef´
erence `
a la
temporalit´
e, la plupart du temps d’autres crit`
eres jouent un rˆ
ole tout aussi
important, sinon plus, notamment
L’aspect ;
L’ordre des proc`
es (ce crit`
ere est fondamental quant `
a l’emploi des temps
surcompos´
es, plus-que-parfait, pass´
e ant´
erieur, que nous laisserons de
cˆ
ot´
e dans cet expos´
e) ;
Les modalit´
es de l’´
enonciateur.
Il n’y a pas de fronti`
ere ´
etanche entre ces cat´
egories lors de l’emploi de mar-
queurs grammaticaux comme l’imparfait ou le pass´
e compos´
e. En fait, la plupart
du temps, il existe une pond´
eration entre les divers niveaux.
Le Goffic (1986, p. 55) proclame que l’imparfait n’est pas un temps du
pass´
e mais un temps inaccompli, certain, non pr´
esent . Par ailleurs, Franckel
(1989: 94) dit que, dans le cas du pass´
e compos´
e, le proc`
es fait l’objet d’une
construction par l’´
enonciateur de l’int´
erieur et de l’ext´
erieur d’un domaine avant
sa localisation temporelle. Pierre Le Goffic et Jean-Jacques Franckel sont tous
les deux adeptes de la th´
eorie des op´
erations ´
enonciatives d’Antoine Culioli qui
d`
es 1982 soulignait l’importance du rˆ
ole des repr´
esentations m´
etalinguistiques
en syntaxe et particuli`
erement celle de l’op´
eration de rep´
erage.
Or, ces ´
etudes linguistiques, bien que porteuses d’id´
ees tr`
es int´
eressantes,
sont rarement reprises par les concepteurs de grammaires et de manuels sco-
laires, trop souvent rebut´
es par le jargon qui entoure parfois les explications,
quitte `
a brouiller le message principal qui m´
eriterait pourtant d’ˆ
etre port´
e`
a la
connaissance du plus grand nombre.
S’il est vrai qu’une image vaut mieux qu’un long discours, il vaut peut-ˆ
etre
la peine de changer de m´
edium et d’afficher sur ´
ecran un certain nombre de
notions simples, avec une animation en cas de besoin. Ainsi, pour reprendre
l’id´
ee de base exprim´
ee plus haut par nos linguistes, je pr´
etendrai qu’il est
vrai que les temps du pass´
e ne renvoient pas toujours au pass´
e chronologique.
J’en veux pour preuve ces deux exemples qu’on projettera en pr´
eambule sur
un ´
ecran dans le but de d´
esamorcer certains acquis scolaires parfois fossilis´
es
chez les ´
etudiants de niveaux interm´
ediaires en franc¸ais :
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