Corse Dernière région de métropole par sa population, la Corse a un espace géographique composé de territoires enclavés. Mais près de 60% de la population vit désormais dans les aires urbaines d’Ajaccio et de Bastia. L’économie de l’île est entraînée essentiellement par le tourisme et les investissements publics. L’importance des travailleurs indépendants et des micro entreprises est une particularité forte de la Corse. Il en va de même pour l’emploi public dont la part est la plus forte de métropole. Le marché du travail, très saisonnier, génère beaucoup d’emplois temporaires et un chômage de type récurrent. La Corse est une région très attractive mais les échanges migratoires jouent un rôle important dans le vieillissement de la population. L’appareil éducatif se caractérise avant tout par la faiblesse des taux de scolarisation des jeunes et l’importance des sorties sans qualification. Les filières professionnelles sont particulièrement peu développées, au niveau V comme au niveau IV. L’apprentissage est peu important. L’offre de formation universitaire aussi. Néanmoins les filières professionnelles courtes se développent dans le supérieur et tendent à réduire les départs massifs des jeunes bacheliers en cours d’études. Lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, les jeunes formés en Corse sont très peu mobiles géographiquement. Les parcours d’insertion sont particulièrement difficiles. Les formations post-initiales jouent alors un rôle important. Contexte Plus qu'une île, la Corse est un archipel. Son cœur montagneux et abrupt la distribue en territoires enclavés, séparés les uns des autres par des communications difficiles. Six ports et quatre aéroports desservent 260 000 habitants ; c'est dire la discontinuité physique de cet espace géographique. Largement en retard, l'urbanisation progresse rapidement : près de 60 % de la population vit désormais dans les aires urbaines d'Ajaccio et de Bastia. L'économie de l'île est singulière : elle a longtemps reposé sur l'activité, hors de Corse, d'une large fraction de ses élites qui demeuraient insérées dans de puissantes solidarités familiales. L'île est toujours restée à l'écart de l'industrialisation et des mutations agricoles du début du XXème siècle. Tourisme et investissements publics entraînent aujourd'hui l'ensemble de l'activité. L'emploi est ainsi particulièrement fort dans l'hôtellerie-restauration, dans le commerce et dans la construction. Il se développe aussi dans des industries agroalimentaires dopées par la fréquentation touristique. L'importance des travailleurs indépendants et des micro entreprises dans l'économie est également singulière. Il en va de même pour l’emploi public dont la part dans l'emploi total est la plus forte de France, à l’exception de la Guyane et de la Réunion. Au sein de la population active les indépendants et les employés sur-représentés tandis que les positions de professions intermédiaires et d'ouvriers sont plus rares. Les cadres sont en revanche assez bien représentés, leur part dans l'emploi est proche de la moyenne nationale ; toutefois, hors secteur public, ils sont peu nombreux dans ce tissu économique marqué par la très petite entreprise. La situation du marché du travail est légèrement défavorable. Entre 1990 et 2000, le taux de chômage dans la région a toujours été légèrement supérieur au taux moyen de la métropole. La situation est beaucoup plus difficile pour les femmes : leur taux de chômage dépasse toujours la moyenne nationale de deux à trois points alors que leur taux d'activité demeure totalement atypique : il se situe 19 points en dessous de la moyenne. Il se crée actuellement un peu moins d'emplois en Corse qu'en moyenne nationale. Entre les deux derniers recensements, 8000 emplois ont été créés dans le secteur tertiaire dont 5000 relèvent des "services administrés" et 3000 du "tertiaire marchand". L'emploi a également progressé dans les transports et les industries agroalimentaires tandis qu'il déclinait dans l'agriculture et la construction. L'influence du tourisme sur l'activité est particulièrement forte : le nombre de contrats à durée déterminée à doublé en dix ans et les variations saisonnières se sont amplifiées sur le marché du travail. D'ailleurs, la part des chômeurs de longue durée dans les DEFM est parmi les plus faibles de France, proche de l'Alsace ou de la Franche Comté. De même, le marché du travail régional ne semble pas plus difficile pour les jeunes. Leur part dans les DEFM situe la région dans une Céreq, avril 2003. 1 moyenne basse. Elle est conforme à leur faible poids dans la population active. Mais il est vrai qu'en Corse les emplois jeunes sont particulièrement nombreux. Il en va de même pour les stagiaires du programme régional de formation ou de l'AFPA. La Corse appartient au trio de tête des régions les plus attractives, mais nombreux sont également les corses qui la quittent et notamment les jeunes à l'entrée dans le supérieur. Le solde net de population reste largement positif mais devient moins favorable depuis 1990. Or, de ce solde dépend le sens des évolutions à venir. S'il s'annule, la population de la Corse pourrait diminuer car les décès vont s'accroître du fait du vieillissement de cette région assez âgée. S'il se maintient la population va continuer sa lente progression (20 000 insulaires de plus depuis 1982). Mais quel que soit le scénario retenu, la population scolaire devrait poursuivre la diminution qui se manifeste aujourd'hui dans l'enseignement du premier degré. Formation initiale La Corse se caractérise avant tout par la faiblesse des taux de scolarisation des jeunes de 16-19 ans ou de 20-24 ans : près de 10 points séparent la Corse des taux observés en métropole. Les sorties sans qualification atteignent ainsi dans la région 14% ! Les filières professionnelles sont particulièrement peu développées en Corse, au niveau V comme au niveau IV. La faible part des orientations vers des CAP-BEP en fin de 3ème , comme celle des bacheliers professionnels dans l’ensemble des bacheliers, manifestent clairement cette orientation de l’appareil de formation secondaire. En outre, les filières professionnelles existantes transitent principalement par la voie scolaire. L’apprentissage est un mode de formation dont l’utilisation par les jeunes est parmi les faibles de France. En outre cet apprentissage est massivement centré sur le niveau V : les apprentis représentent 37% des jeunes préparant un cap ou un bep et seulement 17% de ceux préparant un diplôme de niveau IV. De plus, le nombre d’établissements utilisateurs de ces contrats a diminué entre 1993 et 2000, alors que dans le même temps le nombre de contrats signés augmentait. Cela semble traduire une intensification du recours à l’apprentissage par les entreprises d’accueil. Peu de corses poursuivent des études après le bac dans leur région. Ils sont en revanche très nombreux à s’inscrire dans les universités de métropole. Cette exportation de bacheliers a cependant eu tendance à se réduire ces dernières années. Cette évolution tient vraisemblablement au développement de l’offre de formation supérieure et notamment des filières professionnelles courtes. Les orientations vers les IUT ont en particulier considérablement augmenté, essentiellement depuis 1998. Formation post-initiale La Corse se caractérise par un fort recours aux stages AFPA et aux stages du Conseil régional. Les taux d’utilisation de ces mesures de formation post-initiale sont parmi les plus élevés de France. Pour les stages AFPA, ce taux a d’ailleurs progressé tout au long des années 1990. Les contrats en alternance sont en revanche faiblement mobilisés en Corse. Leur utilisation par les jeunes est particulièrement faible. Il en va de même pour leur diffusion dans le tissu économique. Le nombre de contrats d’adaptation comme le nombre de contrats de qualification ont même diminué entre 1993 et 2000.Il faut dire que le tissu d’entreprises de la région s’y prête peu : sur les 18 000 établissements que compte la Corse, seuls 740 emploient plus de dix salariés et plus de 9 000 n'en emploient aucun. Insertion des jeunes La Corse se caractérise par un système d’enseignement supérieur très peu développé : la mobilité des jeunes Corses est donc très forte après le baccalauréat. En revanche, ceux qui ne déménagent pas en Céreq, avril 2003. 2 cours d’étude ont plus de mal à quitter « l’Ile de Beauté » ensuite : ce sont les moins mobiles géographiquement, encore moins qu’en Ile-de-France. Pourtant, l’accès au marché du travail est très difficile pour les sortants du système scolaire: la durée moyenne d’accès au premier emploi est de loin la plus longue (10 mois), les parcours de chômage ou inactivité sont très fréquents (38% des parcours) et les taux de chômage en mars 2001 atteignent des niveaux inégalés. Par ailleurs, les emplois à durée limitée sont très répandus pour les diplômés du supérieur. Les salaires sont également très faibles. Dans une économie très tertiarisée, les contrats de travail sont d’une grande diversité : CDD, CDI, contrats aidés, contrats saisonniers, emplois d’indépendant ou dans la fonction publique. La catégorie socioprofessionnelle largement dominante est celle d’employé, ou de profession intermédiaire pour les plus diplômés, ce qui s’explique par la très forte proportion de sorties sans qualification et par une économie régionale largement orientée vers le tourisme. De ce fait, les temps partiels sont également très développés. Fait remarquable, les missions d’intérim sont extrêmement rares. Céreq, avril 2003. 3 Tableau de synthèse relatif à l'accès des jeunes à la formation professionnelle et à l'emploi en Corse 1993 2000 Taux de variation (ou année la plus proche) * (ou année la plus proche) * Corse Métropole Corse Métropole annuel moyen Corse Métropole I. Le contexte économique et social Population totale 249 729 56 625 026 260 149 58 520 688 Taux de var. annuel de la pop. dû au solde migratoire Part des moins de 25 ans dans la population totale Pib par habitants (Euros courants / habitants) 0,4 0,0 34,0 27,2 30,9 -0,9 -1,1 23 500 3,9 3,2 -1,4 -2,5 0,5 0,5 14 220 18 830 18 550 11,6 11,5 10,5 9,6 Part du chômage de longue durée 27,5 34,6 23 30,6 Taux d'activité des femmes 0,4 29,6 Taux de chômage (BIT) Population active 0,5 99 543 25 341 950 104 525 26 542 481 28,9 76,2 46,7 0,1 0,4 68,8 29,1 80,1 48,1 Part de l'emploi tertiaire 72,6 0,7 0,8 Part de l'emploi public 26,3 19,1 27,8 20,2 0,9 0,9 Part de l'emploi dans les étbs de moins de 10 salariés 12,7 8,3 16,6 9,5 6,9 3,4 Part des cadres et des pr.intellectuelles dans la PAO 8,5 11,7 10,2 13,1 2,0 1,3 Taux de scolarisation des 16-19 ans (y.c. apprentissage) 72,4 85,8 74,7 84,4 0,5 -0,3 Taux de scolarisation des 20-24 ans (y.c. apprentissage) 19,5 29,7 24,7 35,2 4,0 2,9 Proportion observée de bacheliers 52,9 54,7 59,8 61,9 1,5 1,6 14,0 7,5 II. Indicateurs globaux sur la formation initiale Proportion de jeunes sortis sans qualification (niv. VI et Vbis) Part des inscrits dans l'enseignement supérieur 7,9 14,3 9,3 15,3 2,4 1,0 Part des CAP-BEP dans les accès au niveaux V 42,1 46,4 44,5 47,2 1,1 0,3 Part des bach. prof. dans l'ensemble des bacheliers 12,0 13,1 12,2 18,5 0,2 5,1 Part des STS-IUT parmi nouveaux bac. entrant dans le sup. 34,1 31,4 38,7 35,8 1,8 1,9 1,6 1,5 2,6 2,9 8,4 11,6 Part des apprentis parmi les jeunes préparant un diplôme de niv. V 37,0 29,0 part des apprentis parmi les jeunes préparant un dipl. de niv. IV 17,0 26,0 -15,3 5,3 III. La formation professionnelle des jeunes Taux d'accès à l'apprentissage chez les jeunes 16-25 ans Taux d'accès aux contrats de qualification chez les 16-25 ans 1,9 1,1 Taux d'accès aux stages des Conseils rég. chez les jeunes chômeurs Taux d'accès aux stages AFPA chez les 16-25 ans IV. L'insertion des jeunes formés dans la région Part des demandeurs d'emploi parmi les jeunes 16-24 ans 0,7 1,5 24,8 21,7 0,9 0,3 1,6 0,4 10,1 4,9 11,9 7,6 11,0 7,6 -0,9 0,0 Part des jeunes accédant rapidement et durablement à l'emploi - niveau secondaire - diplômés du supérieur Taux de chômage après 3 ans de vie active - niveau secondaire - diplômés du supérieur Salaire médian corrigé des temps partiel - niveau secondaire - diplômés du supérieur 35,6 56,0 51,0 74,2 28,8 13,3 9,3 4,7 1 040 1 080 1 230 1 520 * Avertissement… S'agissant d'indicateurs de structure dont les évolutions ne peuvent être que très lentes, le millésime précis de l'information importe assez peu. Les données utilisées, très diverses, proviennent de sources dont les calendriers de disponibilité sont par construction différents. Le lecteur se reportera utilement à l'annexe pour la chronologie précise de chaque série. L'enquête insertion ne portant que sur 267 jeunes, les résultats sont à prendre avec précaution, Céreq, avril 2003. 4