Dernière région de métropole par sa population, la Corse a

Céreq, avril 2003. 1
Corse
Dernière région de métropole par sa population, la Corse a un espace géographique composé de
territoires enclavés. Mais près de 60% de la population vit désormais dans les aires urbaines
d’Ajaccio et de Bastia. L’économie de l’île est entraînée essentiellement par le tourisme et les
investissements publics. L’importance des travailleurs indépendants et des micro entreprises est
une particularité forte de la Corse. Il en va de même pour l’emploi public dont la part est la plus
forte de métropole. Le marché du travail, très saisonnier, génère beaucoup d’emplois
temporaires et un chômage de type récurrent. La Corse est une région très attractive mais les
échanges migratoires jouent un rôle important dans le vieillissement de la population.
L’appareil éducatif se caractérise avant tout par la faiblesse des taux de scolarisation des jeunes
et l’importance des sorties sans qualification. Les filières professionnelles sont particulièrement
peu développées, au niveau V comme au niveau IV. L’apprentissage est peu important. L’offre
de formation universitaire aussi. Néanmoins les filières professionnelles courtes se développent
dans le supérieur et tendent à réduire les départs massifs des jeunes bacheliers en cours
d’études. Lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, les jeunes formés en Corse sont très peu
mobiles géographiquement. Les parcours d’insertion sont particulièrement difficiles. Les
formations post-initiales jouent alors un rôle important.
Contexte
Plus qu'une île, la Corse est un archipel. Son cœur montagneux et abrupt la distribue en territoires
enclavés, séparés les uns des autres par des communications difficiles. Six ports et quatre aéroports
desservent 260 000 habitants ; c'est dire la discontinuité physique de cet espace géographique.
Largement en retard, l'urbanisation progresse rapidement : près de 60 % de la population vit désormais
dans les aires urbaines d'Ajaccio et de Bastia. L'économie de l'île est singulière : elle a longtemps
reposé sur l'activité, hors de Corse, d'une large fraction de ses élites qui demeuraient insérées dans de
puissantes solidarités familiales. L'île est toujours restée à l'écart de l'industrialisation et des mutations
agricoles du début du XXème siècle. Tourisme et investissements publics entraînent aujourd'hui
l'ensemble de l'activité. L'emploi est ainsi particulièrement fort dans l'hôtellerie-restauration, dans le
commerce et dans la construction. Il se développe aussi dans des industries agroalimentaires dopées
par la fréquentation touristique. L'importance des travailleurs indépendants et des micro entreprises
dans l'économie est également singulière. Il en va de même pour l’emploi public dont la part dans
l'emploi total est la plus forte de France, à l’exception de la Guyane et de la Réunion. Au sein de la
population active les indépendants et les employés sur-représentés tandis que les positions de
professions intermédiaires et d'ouvriers sont plus rares. Les cadres sont en revanche assez bien
représentés, leur part dans l'emploi est proche de la moyenne nationale ; toutefois, hors secteur public,
ils sont peu nombreux dans ce tissu économique marqué par la très petite entreprise.
La situation du marché du travail est légèrement défavorable. Entre 1990 et 2000, le taux de chômage
dans la région a toujours été légèrement supérieur au taux moyen de la métropole. La situation est
beaucoup plus difficile pour les femmes : leur taux de chômage dépasse toujours la moyenne nationale
de deux à trois points alors que leur taux d'activité demeure totalement atypique : il se situe 19 points
en dessous de la moyenne. Il se crée actuellement un peu moins d'emplois en Corse qu'en moyenne
nationale. Entre les deux derniers recensements, 8000 emplois ont été créés dans le secteur tertiaire
dont 5000 relèvent des "services administrés" et 3000 du "tertiaire marchand". L'emploi a également
progressé dans les transports et les industries agroalimentaires tandis qu'il déclinait dans l'agriculture
et la construction. L'influence du tourisme sur l'activité est particulièrement forte : le nombre de
contrats à durée déterminée à doublé en dix ans et les variations saisonnières se sont amplifiées sur le
marché du travail. D'ailleurs, la part des chômeurs de longue durée dans les DEFM est parmi les plus
faibles de France, proche de l'Alsace ou de la Franche Comté. De même, le marché du travail régional
ne semble pas plus difficile pour les jeunes. Leur part dans les DEFM situe la région dans une
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moyenne basse. Elle est conforme à leur faible poids dans la population active. Mais il est vrai qu'en
Corse les emplois jeunes sont particulièrement nombreux. Il en va de même pour les stagiaires du
programme régional de formation ou de l'AFPA.
La Corse appartient au trio de tête des régions les plus attractives, mais nombreux sont également les
corses qui la quittent et notamment les jeunes à l'entrée dans le supérieur. Le solde net de population
reste largement positif mais devient moins favorable depuis 1990. Or, de ce solde dépend le sens des
évolutions à venir. S'il s'annule, la population de la Corse pourrait diminuer car les décès vont
s'accroître du fait du vieillissement de cette région assez âgée. S'il se maintient la population va
continuer sa lente progression (20 000 insulaires de plus depuis 1982). Mais quel que soit le scénario
retenu, la population scolaire devrait poursuivre la diminution qui se manifeste aujourd'hui dans
l'enseignement du premier degré.
Formation initiale
La Corse se caractérise avant tout par la faiblesse des taux de scolarisation des jeunes de 16-19 ans ou
de 20-24 ans : près de 10 points séparent la Corse des taux observés en métropole. Les sorties sans
qualification atteignent ainsi dans la région 14% !
Les filières professionnelles sont particulièrement peu développées en Corse, au niveau V comme au
niveau IV. La faible part des orientations vers des CAP-BEP en fin de 3ème , comme celle des
bacheliers professionnels dans l’ensemble des bacheliers, manifestent clairement cette orientation de
l’appareil de formation secondaire. En outre, les filières professionnelles existantes transitent
principalement par la voie scolaire. L’apprentissage est un mode de formation dont l’utilisation par les
jeunes est parmi les faibles de France. En outre cet apprentissage est massivement centré sur le niveau
V : les apprentis représentent 37% des jeunes préparant un cap ou un bep et seulement 17% de ceux
préparant un diplôme de niveau IV. De plus, le nombre d’établissements utilisateurs de ces contrats a
diminué entre 1993 et 2000, alors que dans le même temps le nombre de contrats signés augmentait.
Cela semble traduire une intensification du recours à l’apprentissage par les entreprises d’accueil.
Peu de corses poursuivent des études après le bac dans leur région. Ils sont en revanche très nombreux
à s’inscrire dans les universités de métropole. Cette exportation de bacheliers a cependant eu tendance
à se réduire ces dernières années. Cette évolution tient vraisemblablement au développement de l’offre
de formation supérieure et notamment des filières professionnelles courtes. Les orientations vers les
IUT ont en particulier considérablement augmenté, essentiellement depuis 1998.
Formation post-initiale
La Corse se caractérise par un fort recours aux stages AFPA et aux stages du Conseil régional. Les
taux d’utilisation de ces mesures de formation post-initiale sont parmi les plus élevés de France. Pour
les stages AFPA, ce taux a d’ailleurs progressé tout au long des années 1990.
Les contrats en alternance sont en revanche faiblement mobilisés en Corse. Leur utilisation par les
jeunes est particulièrement faible. Il en va de même pour leur diffusion dans le tissu économique. Le
nombre de contrats d’adaptation comme le nombre de contrats de qualification ont même diminué
entre 1993 et 2000.Il faut dire que le tissu d’entreprises de la région s’y prête peu : sur les 18 000
établissements que compte la Corse, seuls 740 emploient plus de dix salariés et plus de 9 000
n'en emploient aucun.
Insertion des jeunes
La Corse se caractérise par un système d’enseignement supérieur très peu développé : la mobilité des
jeunes Corses est donc très forte après le baccalauréat. En revanche, ceux qui ne déménagent pas en
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cours d’étude ont plus de mal à quitter « l’Ile de Beauté » ensuite : ce sont les moins mobiles
géographiquement, encore moins qu’en Ile-de-France. Pourtant, l’accès au marché du travail est très
difficile pour les sortants du système scolaire: la durée moyenne d’accès au premier emploi est de loin
la plus longue (10 mois), les parcours de chômage ou inactivité sont très fréquents (38% des parcours)
et les taux de chômage en mars 2001 atteignent des niveaux inégalés. Par ailleurs, les emplois à durée
limitée sont très répandus pour les diplômés du supérieur. Les salaires sont également très faibles.
Dans une économie très tertiarisée, les contrats de travail sont d’une grande diversité : CDD, CDI,
contrats aidés, contrats saisonniers, emplois d’indépendant ou dans la fonction publique. La catégorie
socioprofessionnelle largement dominante est celle d’employé, ou de profession intermédiaire pour les
plus diplômés, ce qui s’explique par la très forte proportion de sorties sans qualification et par une
économie régionale largement orientée vers le tourisme. De ce fait, les temps partiels sont également
très développés. Fait remarquable, les missions d’intérim sont extrêmement rares.
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Tableau de synthèse relatif à l'accès des jeunes
à la formation professionnelle et à l'emploi en Corse
1993 2000 Taux de variation
(ou année la plus proche) *(ou année la plus proche) * annuel moyen
Corse Métropole Corse Métropole Corse Métropole
I. Le contexte économique et social
Population totale 249 729 56 625 026 260 149 58 520 688 0,5 0,4
Taux de var. annuel de la pop. dû au solde migratoire 0,4 0,0
Part des moins de 25 ans dans la population totale 29,6 34,0 27,2 30,9 -0,9 -1,1
Pib par habitants (Euros courants / habitants) 14 220 18 830 18 550 23 500 3,9 3,2
Taux de chômage (BIT) 11,6 11,5 10,5 9,6 -1,4 -2,5
Part du chômage de longue durée 27,5 34,6 23 30,6
Population active 99 543 25 341 950 104 525 26 542 481 0,5 0,5
Taux d'activité des femmes 28,9 46,7 29,1 48,1 0,1 0,4
Part de l'emploi tertiaire 76,2 68,8 80,1 72,6 0,7 0,8
Part de l'emploi public 26,3 19,1 27,8 20,2 0,9 0,9
Part de l'emploi dans les étbs de moins de 10 salariés 12,7 8,3 16,6 9,5 6,9 3,4
Part des cadres et des pr.intellectuelles dans la PAO 8,5 11,7 10,2 13,1 2,0 1,3
II. Indicateurs globaux sur la formation initiale
Taux de scolarisation des 16-19 ans (y.c. apprentissage) 72,4 85,8 74,7 84,4 0,5 -0,3
Taux de scolarisation des 20-24 ans (y.c. apprentissage) 19,5 29,7 24,7 35,2 4,0 2,9
Proportion observée de bacheliers 52,9 54,7 59,8 61,9 1,5 1,6
Proportion de jeunes sortis sans qualification (niv. VI et Vbis) 14,0 7,5
Part des inscrits dans l'enseignement supérieur 7,9 14,3 9,3 15,3 2,4 1,0
III. La formation professionnelle des jeunes
Part des CAP-BEP dans les accès au niveaux V 42,1 46,4 44,5 47,2 1,1 0,3
Part des bach. prof. dans l'ensemble des bacheliers 12,0 13,1 12,2 18,5 0,2 5,1
Part des STS-IUT parmi nouveaux bac. entrant dans le sup. 34,1 31,4 38,7 35,8 1,8 1,9
Taux d'accès à l'apprentissage chez les jeunes 16-25 ans 1,6 1,5 2,6 2,9 8,4 11,6
Part des apprentis parmi les jeunes préparant un diplôme de niv. V 37,0 29,0
part des apprentis parmi les jeunes préparant un dipl. de niv. IV 17,0 26,0
Taux d'accès aux contrats de qualification chez les 16-25 ans 1,9 1,1 0,7 1,5 -15,3 5,3
Taux d'accès aux stages des Conseils rég. chez les jeunes chômeurs 24,8 21,7
Taux d'accès aux stages AFPA chez les 16-25 ans 0,9 0,3 1,6 0,4 10,1 4,9
IV. L'insertion des jeunes formés dans la région
Part des demandeurs d'emploi parmi les jeunes 16-24 ans 11,9 7,6 11,0 7,6 -0,9 0,0
Part des jeunes accédant rapidement et durablement à l'emploi
- niveau secondaire 35,6 56,0
- diplômés du supérieur 51,0 74,2
Taux de chômage après 3 ans de vie active
- niveau secondaire 28,8 13,3
- diplômés du supérieur 9,3 4,7
Salaire médian corrigé des temps partiel
- niveau secondaire 1 040 1 080
- diplômés du supérieur 1 230 1 520
* Avertissement…
S'agissant d'indicateurs de structure dont les évolutions ne peuvent être que très lentes, le millésime précis de l'information importe assez peu. Les
données utilisées, très diverses, proviennent de sources dont les calendriers de disponibilité sont par construction différents. Le lecteur se reportera
utilement à l'annexe pour la chronologie précise de chaque série. L'enquête insertion ne portant que sur 267 jeunes, les résultats sont à prendre avec
précaution,
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