Portrait de Marie-Antoinette Maupertuis Source

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PORTRAIT
ELLE PRÉSENTE SA « FEUILLE DE ROUTE » FIN MAI
Le nouveau visage du tourisme
Marie-Antoinette Maupertuis
Avec un parcours d'économiste, un goût certain pour la politique et une réelle
expérience des institutions européennes, «Nanette» Maupertuis avait le profil
idéal pour se retrouver un jour à la tête de l’Agence du Tourisme de la Corse.
Par Karine Casalta
C’est en effet parce qu’elle voulait rester à Corte
pour ses études qu’elle va renoncer à intégrer
Science-Po et bifurquer vers l’économie.
«Identifier des solutions dans un univers contraint
et rechercher des ressources dans cet univers,
m’ont tout de suite passionnée. Je ne me doutais pas à l’époque
que cela me permettrait de réfléchir un jour à un budget contraint!
Et puis l’économie couvre différents aspects de la vie sociale, c’est
passionnant!». Mais en 5e année alors qu’elle prépare son DEA,
la politique la rattrape. Partageant depuis longtemps les idées
d’autonomie portées par différents leaders de la mouvance nationaliste, elle devient l’attachée parlementaire de Max Simeoni, à
Bruxelles. De cette expérience, elle retient une connaissance du
mode de fonctionnement de l’institution bien utile aujourd’hui,
et deux questions qui vont particulièrement l’intéresser : «l’avenir
des régions périphériques dans le contexte de l’Europe », et « la
capacité des régions à développer des trajectoires de croissance.»
Des thématiques qu’elle ne manque pas d’approfondir depuis
dix ans à travers son parcours de recherche universitaire. « Je me
suis toujours dit, que ce n’était pas une fatalité d’être sur une île,
il n’y a pas de raison de ne pas trouver de solutions de croissance.»
La force de la connaissance
Professeur d’économie à l’université de Corse et directrice du
laboratoire CNRS de recherche en sciences humaines et sociales,
Marie-Antoinette Maupertuis a réalisé ainsi de nombreuses publications dans le domaine de l’économie territoriale, du tourisme,
ou encore de la qualité de vie des résidents. Sa réflexion aujourd’hui
sur l'économie insulaire et le tourisme en particulier est donc
nourrie et maîtrisée. Elle lui permet un propos précis, argumenté
et déterminé sur l'inflexion à donner pour atteindre l'objectif fixé
d’un "riacquistu economicu" pour lequel le tourisme doit être
un levier.
«Il est nécessaire de sortir de l'ultra spécialisation économique
pour s'orienter vers un modèle diversifié, on ne doit pas mettre
tous nos œufs dans le même panier, cela nous rend trop vulnérable.
Il ne faut pas se perdre non plus. Les îles qui ont réussi sont celles
qui ont joué sur deux ou trois secteurs principaux. On peut se
servir du tourisme, qui est notre principal secteur de développement comme un moteur pour passer à autre chose, développer
d’autres axes. Je crois beaucoup à la force de la connaissance.
Les régions comme nous ne s’en sortiront que si elles produisent
du raisonnement pour s’en sortir. La Corse ne doit pas être qu’une
belle fille, elle doit aussi être une fille intelligente.»
La trilogie d’une action
Une réflexion et un parcours de recherche qu’elle est fière
aujourd’hui de mettre au service de l’ATC. « Je dois passer de la
théorie à la pratique, et j’espère apporter quelque chose de
manière opérationnelle». Car une véritable politique touristique
est à mettre en œuvre : « l’idée est de passer d’une activité touristique à une économie du tourisme qui rapporte suffisamment à
la Corse pour aller vers d’autres trajectoires. C’est possible à
condition de s’organiser un minimum, car nous avons énormément
d’atouts, en terme d’environnement naturel, culturel, de positionnement géographique à proximité des différentes capitales
européennes. Il faut aussi pour cela être accessible, avec une
offre aérienne performante en avant et après saison, pour pouvoir
proposer de courts séjours à partir de ces grandes villes, et nous
permettre de nous émanciper de la seule clientèle continentale
française. On doit être innovant, offrir du contenu, développer
les activités culturelles, sportives, de pleine nature, en associant
l’ensemble des acteurs du secteur, nous permettra de rediriger
les flux au-delà du littoral et étendre la périodicité. Tous ces
éléments ont besoin d’être articulés pour attirer un tourisme de
qualité, économiquement rentable, écologiquement soutenable
et socialement vivable! »
De grands chantiers qui n’effraient pas cette personnalité à l’énergie débordante qui conjugue par ailleurs vie de famille en
Balagne,enseignement à Corte et depuis peu une mission de
représentation de la Corse à Bruxelles. « L’agenda n’est pas
toujours facile à gérer mais je suis une conseillère exécutive
heureuse de me rendre utile!» PDC
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