• HOMMAGE 15 n Fondateur de Gerofinance Adieux émouvants à Pierre Félicité I l est d’usage, dans la tradition catholique, de peu exposer la biographie des défunts durant la cérémonie d’obsèques. A Genève, peut-être sous l’influence des cousins protestants, on évoque au contraire la trajectoire de vie terrestre du disparu. Lundi, à Sainte-Thérèse, le curé Gérard Barone l’a fait avec d’autant plus de profondeur et de tendresse qu’il était ami d’enfance de Pierre Félicité. On connaissait l’extraordinaire ténacité de l’homme d’affaires, du chef d’entreprise qui avait méthodiquement et intelligemment construit un petit empire immobilier et accompagné jusqu’au bout, malgré un état de santé de plus en plus difficile, son fils Jérôme dans les impressionnants développements des dernières années. Mais on ignorait que dès sa jeunesse, Pierre Félicité avait souffert de douleurs induites par une maladie dont jamais il ne se plaignait. On ne savait pas non plus que son exceptionnel dévouement à sa famille était dû, entre autres, au fait qu’il n’ait pas connu son père. Peu de gens étaient au courant de sa foi profondément ancrée, naturelle, généreuse, exigeante. Un style En plus de 50 ans d’immobilier, Pierre Félicité, son fils et ses collaborateurs ont beaucoup bâti, beaucoup géré, beaucoup ima- TIM Une émotion presque palpable et une église Sainte-Thérèse débordant de monde: famille, amis, collaborateurs, confrères de l'immobilier ont assisté lundi dernier à la messe de sépulture d'un régisseur et promoteur respecté, Pierre Félicité-Ivanes, décédé le 24 janvier à 83 ans. Distingué, discret, affable et imperturbable, ce grand professionnel avait fondé en 1962 la société de gestion d'immeubles et de biens Gerofinance, devenue au fil des années le groupe Gerofinance Dunand/ Régie de la Couronne. Mais c'était aussi un catholique fervent, profondément dévoué à sa famille, et un défenseur actif des professions immobilières. • Pierre Félicité-Ivanes, à côté de son fils Jérôme, en 2011. giné. Des milliers de loge-ments, d’innombrables copropriétés, mais aussi une vision prospective: des alliances, des coopérations, des participations. Sur le plan associatif, Pierre Félicité a assuré avec sérénité et efficacité la présidence de la Chambre genevoise immobilière, ainsi que de la Fédération romande TOUT L’IMMOBILIER • NO 843 • 6 FÉVRIER 2017 à l’époque où Genève en faisait encore partie. Il a contribué avec enthousiasme aux fameux «Quais de l’Immobilier», au début des années 90, et participé à l’aventure de «Tout l’Immobilier». Ce pionnier de la PPE était un fin négociateur, diplomate, précis, ferme sur ses principes, mais aussi tourné vers l’avenir: si son style à lui relevait en somme de la force tranquille, il a suivi et approuvé les initiatives d’entrepreneur «fonceur» de son héritier, qui a propulsé avec énergie le groupe dans le XXIe siècle: reprise de Dunant (2008), puis de la Régie de la Couronne (2011) et de Lacour, communication moderne, prises de participation dans des activités apportant une synergie (Edifea), entrée dans le réseau Barnes, alliance avec Claude Berda. Gardant son flegme, son élégance de gentleman et son humour jusque dans ses dernières conversations avec son ami Gérard Barone et avec ses enfants et petits-enfants, Pierre Félicité avait tenu à ce que ses obsèques intègrent une eucharistie et un chant à Marie: dans la foule venue prendre congé de lui, certains y étaient accoutumés, d’autres moins, d’autres pas du tout: mais tous ont partagé la triste beauté intemporelle de cet adieu calme et confiant. n Thierry Oppikofer