TOUT L’IMMOBILIER • NO 843 • 6 FÉVRIER 2017
HOMMAGE
Il est d’usage, dans la tradi-
tion catholique, de peu expo-
ser la biographie des défunts
durant la cérémonie d’obsèques.
A Genève, peut-être sous l’in-
fluence des cousins protestants,
on évoque au contraire la tra-
jectoire de vie terrestre du dis-
paru. Lundi, à Sainte-Thérèse,
le curé Gérard Barone l’a fait
avec d’autant plus de profondeur
et de tendresse qu’il était ami
d’enfance de Pierre Félicité. On
connaissait l’extraordinaire téna-
cité de l’homme d’affaires, du
chef d’entreprise qui avait mé-
thodiquement et intelligemment
construit un petit empire immo-
bilier et accompagné jusqu’au
bout, malgré un état de santé de
plus en plus difficile, son fils Jé-
rôme dans les impressionnants
développements des dernières
années. Mais on ignorait que dès
sa jeunesse, Pierre Félicité avait
souffert de douleurs induites par
une maladie dont jamais il ne se
plaignait. On ne savait pas non
plus que son exceptionnel dé-
vouement à sa famille était dû,
entre autres, au fait qu’il n’ait
pas connu son père. Peu de
gens étaient au courant de sa foi
profondément ancrée, naturelle,
généreuse, exigeante.
Un style
En plus de 50 ans d’immobilier,
Pierre Félicité, son fils et ses col-
laborateurs ont beaucoup bâti,
beaucoup géré, beaucoup ima-
giné. Des milliers de loge-ments,
d’innombrables copropriétés,
mais aussi une vision prospec-
tive: des alliances, des coopéra-
tions, des participations. Sur le
plan associatif, Pierre Félicité a
assuré avec sérénité et effica-
cité la présidence de la Chambre
genevoise immobilière, ainsi
que de la Fédération romande
à l’époque où Genève en fai-
sait encore partie. Il a contribué
avec enthousiasme aux fameux
«Quais de l’Immobilier», au dé-
but des années 90, et participé à
l’aventure de «Tout l’Immobilier».
Ce pionnier de la PPE était un fin
négociateur, diplomate, précis,
ferme sur ses principes, mais
aussi tourné vers l’avenir: si son
style à lui relevait en somme de
la force tranquille, il a suivi et
approuvé les initiatives d’entre-
preneur «fonceur» de son héri-
tier, qui a propulsé avec énergie
le groupe dans le XXIe siècle: re-
prise de Dunant (2008), puis de
la Régie de la Couronne (2011)
et de Lacour, communication
moderne, prises de participation
dans des activités apportant une
synergie (Edifea), entrée dans
le réseau Barnes, alliance avec
Claude Berda.
Gardant son flegme, son élé-
gance de gentleman et son
humour jusque dans ses der-
nières conversations avec son
ami Gérard Barone et avec ses
enfants et petits-enfants, Pierre
Félicité avait tenu à ce que ses
obsèques intègrent une eucha-
ristie et un chant à Marie: dans
la foule venue prendre congé de
lui, certains y étaient accoutu-
més, d’autres moins, d’autres
pas du tout: mais tous ont
partagé la triste beauté intem-
porelle de cet adieu calme et
confiant.
n
Thierry Oppikofer
15
n Fondateur de Gerofinance
Adieux émouvants
à Pierre Félicité
Une émotion presque palpable et une église Sainte-Thérèse débordant de monde: famille, amis,
collaborateurs, confrères de l'immobilier ont assisté lundi dernier à la messe de sépulture d'un
régisseur et promoteur respecté, Pierre Félicité-Ivanes, décédé le 24 janvier à 83 ans. Distingué,
discret, affable et imperturbable, ce grand professionnel avait fondé en 1962 la société de gestion
d'immeubles et de biens Gerofinance, devenue au fil des années le groupe Gerofinance Dunand/
Régie de la Couronne. Mais c'était aussi un catholique fervent, profondément dévoué à sa famille,
et un défenseur actif des professions immobilières.
Pierre Félicité-Ivanes, à côté de son fils Jérôme, en 2011.
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