Le Le président __ Dossier suivi par Martine AZARES, greffière [email protected] Tél. 05 90 21 27 11 Objet : notification du rapport d’observations définitives et de ses réponses Réf. contrôle n° 2015-0055 P.J. : 1 Lettre recommandée avec accusé de réception Monsieur le Directeur général, J’ai l’honneur de vous transmettre, ci-joint, le rapport comportant les observations définitives de la chambre régionale des comptes sur la gestion du centre hospitalier régional de la Martinique, de 2013 à 2016, cahier « Systèmes d’information hospitaliers ». La chambre n’a reçu aucune réponse écrite destinée à y être jointe à l’expiration du délai d’un mois prévu par l’article L. 243-5 du code des juridictions financières à partir du premier envoi de ce relevé d’observations. Je vous rappelle que ce document revêt un caractère confidentiel qu’il vous appartient de protéger jusqu’à sa communication au conseil de surveillance de l’établissement. Il conviendra de l’inscrire à l’ordre du jour de sa plus proche réunion, au cours de laquelle il donnera lieu à débat. Dans cette perspective, le rapport sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres. Dès la tenue de cette réunion, ce document pourra être publié et communiqué aux tiers qui en feraient la demande, dans les conditions fixées par la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d'amélioration des relations entre l'administration et le public et diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal. …/… Monsieur Nicolas ESTIENNE Directeur général Centre hospitalier régional universitaire de Martinique CS 90632 La Meynard 97261 FORT-DE-FRANCE CEDEX Parc d’activités La Providence – Kann’Opé – Bât. D BP 157 – 97181 LES ABYMES CEDEX Tél. 05 90 21 26 90 – Courriel : « [email protected] » Site internet : « www.ccomptes.fr/guadeloupe-guyane-martinique » En application de l’article R. 241-18, je vous demande d’informer le greffe de la chambre régionale des comptes de la date de la plus proche réunion du conseil de surveillance du centre hospitalier et de lui communiquer son ordre du jour. Enfin, je vous précise qu’en application des dispositions de l’article R. 241-23 du code précité, le rapport d’observations est transmis au directeur général de l’Agence régionale de santé et au directeur régional des finances publiques. Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur général, à l’assurance de ma considération distinguée. Yves COLCOMBET Président de la chambre régionale des comptes de la Martinique 2/2 Annexe à la lettre n° 0695 du 6 juillet 2016 RAPPORT D'OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LA GESTION DU CENTRE HOSPITALIER REGIONAL DE MARTINIQUE Cahier « Systèmes d’information hospitaliers » Année 2013 et suivantes Ordonnateur : - M. Nicolas ESTIENNE, à compter du 3 mars 2014. - M. Daniel RIAM, pour la partie précédente de la période sous revue. Rappel de procédure La chambre a inscrit à son programme 2015 l'examen de la gestion du centre hospitalier régional de Martinique à partir de l'année 2013. Par lettres en date du 30 janvier et du 11 février 2015, le président de la chambre en a informé, respectivement, M. Nicolas ESTIENNE, directeur général du centre hospitalier, ainsi que M. Daniel RIAM, directeur général du centre hospitalier jusqu'en mars 2014. L’entretien préalable à la clôture de l’instruction, prévu à l’article L. 243-1 du code des juridictions financières, s’est tenu : - le 23 octobre 2015, avec M. Nicolas ESTIENNE ; - le 18 mars 2016, par téléphone avec M. Daniel RIAM. Après avoir entendu le rapporteur, la chambre a arrêté, le 8 décembre 2015 et le 21 mars 2016, les observations provisoires qui ont été transmises : - le 13 décembre 2015 au directeur général en exercice du centre hospitalier régional de Martinique qui en a en accusé réception le 4 janvier 2016 ; - le 22 mars 2016 à l’ancien directeur général du centre hospitalier régional de Martinique qui en a en accusé réception le 2 avril 2015 ; La réponse de M. ESTIENNE a été transmise à la chambre le 9 mars 2016 et enregistrée au greffe le même jour. La réponse de M. RIAM a été transmise à la chambre le 15 avril 2016 et enregistrée au greffe le même jour. Dans sa séance du 21 avril 2016, la chambre a formulé les observations définitives ciaprès développées. CRC Martinique - Rapport d’observations définitives – CHR de Martinique Le rapport a été communiqué par lettre du 23 mai 2016 à M. Nicolas ESTIENNE, ordonnateur en fonctions ainsi qu'aux précédents ordonnateurs pour les parties les concernant. Les destinataires disposaient d'un délai d'un mois pour faire parvenir à la chambre leurs réponses aux observations définitives. La chambre n’a reçu aucune réponse dans le délai légal d’un mois. Ce rapport devra être communiqué par le directeur au conseil de surveillance de l’établissement lors de la plus proche réunion suivant sa réception. Il fera l’objet d’une inscription à l’ordre du jour, sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donnera lieu à un débat. Ce rapport sera, ensuite, communicable à toute personne qui en ferait la demande et mis en ligne sur le site internet des juridictions financières www.ccomptes.fr/guadeloupe-guyane-martinique. 2 SOMMAIRE 1. la contribution des systèmes d’information à la stratégie hospitaliere _______________ 9 Les principaux axes de la stratégie hospitalière _______________________________ 9 La fusion des centres hospitaliers ________________________________________ 9 Le plan de retour à l’équilibre sur la période 2012-2016 _______________________ 9 Le projet d’établissement est en cours de rédaction _________________________ 10 La stratégie SIH de l’hôpital _______________________________________________ 10 L’absence d’objectifs stratégiques pour le SIH _____________________________ 10 Le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens est muet sur le SIH _____________ 11 La création récente d’un conseil stratégique _______________________________ 11 La contribution du SIH au pilotage médico-économique et à la certification (qualité et certification des comptes) _______________________________________ 11 L’impact des projets nationaux en informatique sur la stratégie du CHRM ________ 12 2. Le déploiement des systèmes d’information ___________________________________ 13 Un état des lieux alarmant du SIH __________________________________________ 13 Un socle technique obsolète en cours de rénovation _________________________ 13 Une organisation des bases de données en silo et non sécurisées _____________ 13 Un réseau sous-dimensionné en débit et en couverture ______________________ 14 Des terminaux utilisateurs obsolètes _____________________________________ 14 Des problèmes électriques destructeurs pour le système d’information __________ 14 La mise à niveau du socle technique est partiellement engagée _______________ 14 L’informatique de gestion ________________________________________________ 15 Un système d’information de pilotage en silo _______________________________ 15 Le système d’information économique et financier __________________________ 15 Le système d’information dédié aux ressources humaines ____________________ 15 L’informatique médicale __________________________________________________ 16 L’informatique de parcours de soins _______________________________________ 17 L’interopérabilité des SIH _________________________________________________ 17 Les réseaux support du SIH ______________________________________________ 17 3. L’Organisation de la fonction informatique au sein de l’établissement _____________ 18 Le service de l’informatique du CHRM ______________________________________ 18 L’effectif du service ___________________________________________________ 18 La masse salariale du service informatique ________________________________ 19 La formation du personnel du service informatique __________________________ 19 Le recours à l’externalisation _____________________________________________ 20 Les marchés informatiques _______________________________________________ 22 Les conditions de fonctionnement (maintenance, sécurité, fiabilité, confidentialité, CNIL, auditabilité, gestion des habilitations) ___________________ 22 La maintenance _____________________________________________________ 22 La sécurité _________________________________________________________ 23 Les déclarations à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) _______ 23 La performance informatique _____________________________________________ 23 4. La contribution des systèmes d’information à l’efficience de l’établissement ________ 25 La prise en compte des utilisateurs ________________________________________ 25 3 Le pilotage du SIH par la performance ______________________________________ 25 La contribution à la production des soins ___________________________________ 26 Le département d’information médicale (DIM) ______________________________ 26 4.3.1.1. L’effectif en service au DIM ______________________________________ 26 4.3.1.2. Les missions du DIM ___________________________________________ 26 Le recueil automatisé _________________________________________________ 26 4.3.2.1. Le recueil automatisé des données administratives ___________________ 27 4.3.2.2. Le recueil automatisé des données médicales _______________________ 27 La contribution au pilotage de l’établissement _______________________________ 28 5. La mise en œuvre des projets de systèmes d’information ________________________ 29 Un nombre élevé de projets _______________________________________________ 29 Les projets réalisés _____________________________________________________ 29 La conduite de projet ____________________________________________________ 29 6. Le coût et le financement des systèmes d’information ___________________________ 31 La programmation pluriannuelle des dépenses informatiques __________________ 31 Les dépenses informatiques annuelles _____________________________________ 31 L’évaluation des gains financiers liés aux SIH _______________________________ 32 Glossaire_____________________________________________________________________32 4 SYNTHESE Avec un budget de 500 M€ et un déficit structurel de 100 M€, le centre hospitalier régional de la Martinique (CHRM) fait face au double enjeu de la mise en œuvre d’un plan de retour à l’équilibre et de l’amélioration de sa performance médicale, ces deux objectifs étant conditionnés par l’aboutissement de la fusion et de la réorganisation des établissements hospitaliers du centre de l’île. Alors que les systèmes d’information, constituent des leviers essentiels de telles réformes d’organisation, par leur caractère structurant, le système d’information hospitalier (SIH) du CHRM n’est pas, aujourd’hui, en mesure de jouer ce rôle. Il s’ajoute au contraire aux obstacles à surmonter, aux freins à desserrer. L’état des lieux du SIH existant est alarmant. Le socle technique constitué des réseaux, des bases de données et des postes de travail est périmé, engendrant des pertes de données et des arrêts d’applications touchant au cœur de métier médical. Il ne permet pas l’articulation attendue entre l’informatique de gestion et l’informatique médicale. L’informatique de gestion n’assure pas la facturation exhaustive des actes réalisés, entrainant des pertes de recettes pour le CHRM. Elle ne permet pas non plus d’élaborer automatiquement les indicateurs nécessaires au pilotage de l’établissement. L’informatique médicale, construite en silos, c’est-à-dire juxtaposant des applications fonctionnant sans relation entre elles, ne permet pas le partage des informations médicales entre les différents soignants, limitant la qualité des soins prodigués aux patients. Les origines de l’obsolescence du système d’information hospitalier sont multiples : l’absence de stratégie globale, un budget consacré au SIH insuffisant, des compétences en informatique inadaptées aux besoins, un personnel mobilisé principalement par les réparations d’urgences dans un cadre de pénurie. Fin 2014, le CHRM a lancé un projet de modernisation partiel de son socle technique avec une dotation exceptionnelle apportée par l’ARS de 3 M€. Néanmoins, les fonctions essentielles de la fusion des annuaires, de la fusion des messageries, de l’authentification unique et de la téléphonie sur internet, qui constituent la base de l’informatique de communication et d’organisation, ne sont pas financées. La rédaction du projet d’établissement et du schéma directeur des systèmes d’information, en cours, permettra de fixer des objectifs hiérarchisés et partagés par l’ensemble du personnel. Pour assurer une pérennité au nouveau système d’information en cours de déploiement, il reste à mettre en place une programmation pluriannuelle des dépenses informatiques avec un budget suffisant, à mettre en œuvre un processus par projet où la maîtrise d’ouvrage est fortement impliquée, et à acquérir les compétences nécessaires au maintien en condition opérationnelle et à l’évolution du socle technique et des applications métiers. Le choix entre l’externalisation de services auprès de la solution mutualisée du groupement de coopération sanitaire « Systèmes d’information de santé » (GCS SIS) et la réalisation interne doit être tranché à la lumière de la comparaison du retour sur investissement respectif des deux options. Le CHRM ne peut plus financer simultanément des solutions concurrentes, d’une part en interne, d’autre part au sein du CGS SIS. 5 L’augmentation des recettes du CHRM passe par une mise à niveau du SIH mais aussi par une implication forte de l’ensemble des personnels dans la codification des actes et des mouvements définie dans un processus métier standardisé. 6 RECOMMANDATIONS Recommandation n°1 Rédiger le schéma directeur des systèmes d’information sur la base des orientations stratégiques organisationnelles retenues par le projet d’établissement, dès qu’il sera connu. Recommandation n°2 Préparer la partie « système d’information » du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens, dans la perspective du renouvellement de celui-ci. Recommandation n°3 Poursuivre en toute première priorité la rénovation du socle technique pour les bases de données, le réseau et les postes d’utilisateurs. Recommandation n°4 Assurer l’interopérabilité des systèmes d’information hospitaliers avec la mise en œuvre d’un entrepôt de données. Recommandation n°5 ‘’Urbaniser’’ les différentes bases de données. Recommandation n°6 Acquérir des compétences en urbanisation des données, en architecture de réseau, en conduite de projet et en rédaction des marchés. Recommandation n°7 Mettre en œuvre le « Dossier informatisé du patient » et organiser le pilotage de ce chantier en mode projet au sein du CHRM, avec un chef de projet « métier » (médecin), un adjoint chef de projet « système d’information » du CHRM et un adjoint chef de projet du groupement de coopération sanitaire « Systèmes d’information de santé ». Recommandation n°8 Définir et mettre en œuvre une stratégie de sécurité informatique. Recommandation n°9 Utiliser le dispositif de collecte des informations sur la satisfaction des utilisateurs et exploiter les données recueillies pour améliorer la performance du service. Recommandation n°10 Hiérarchiser les projets en fonction de leur utilité et des retours sur investissement attendus, en intégrant les dépendances entre eux et la disponibilité des compétences requises. 7 Recommandation n°11 Adjoindre au dispositif de saisie de codage des entrées, des mouvements et des prescriptions médicales un régime de bonus/malus traduisant la qualité de la saisie, pour le personnel médical, non médical et administratif. Recommandation n°12 Hiérarchiser les projets en fonction de leur utilité et des retours sur investissement attendus, en intégrant les dépendances entre eux et les contraintes de disponibilité des compétences requises. Recommandation n°13 Mettre en place une programmation pluriannuelle des dépenses informatiques. La chambre invite l’établissement à indiquer, dans sa réponse au présent rapport, les suites qu’il entend donner à ces demandes et recommandations. 8 LA CONTRIBUTION DES SYSTEMES D’INFORMATION A LA STRATEGIE HOSPITALIERE 1. Les principaux axes de la stratégie hospitalière Les deux axes stratégiques du Centre Hospitalier Régional de Martinique (CHRM) sont l’achèvement de la fusion des établissements hospitaliers de la Martinique et la mise œuvre du plan de retour à l’équilibre (PRE). La fusion des centres hospitaliers Le 1er janvier 2013, les établissements hospitaliers de l’ile de la Martinique ont été fusionnés au sein du Centre Hospitalier Régional de Martinique. Les centres hospitaliers du Lamentin et de Trinité ont été agrégés au centre hospitalier universitaire de Fort-de-France. Le CHRM se compose des établissements suivants : - hôpital Pierre Zobda Quitman (PZQ) à Fort-de-France, - hôpital Mangot Vulcin au Lamentin, - hôpital Lamentin Bourg au Lamentin, - Maison de la femme, de la mère et de l’enfant sur le site de PZQ à Fort-deFrance, - hôpital Albert Clarac, - hôpital Louis Domergue à La Trinité, - centre Emma Ventura. A l’issue du processus de fusion, trois sites prodigueront l’ensemble des soins avec une réduction d’une centaine de lits, en relation avec le développement des soins ambulatoires. Fin 2016, le nouveau plateau technique, aux normes antisismiques, ouvrira ses portes sur le site de l’hôpital Pierre Zobda Quitman. Le CHRM assure l’ensemble des activités hospitalières : médecine, chirurgie, obstétrique, psychiatrie, soins de suite et de réadaptation, maison de retraite et unité de soins de longue durée. Le CHRM retrace l’ensemble des dépenses et des recettes des sites au sein d’un seul compte financier. Le plan de retour à l’équilibre sur la période 2012-2016 En 2012, à la veille de la fusion des trois centres hospitaliers, le budget général des trois établissements a dégagé un excédent comptable de 25 M€, grâce aux aides reçues, mais avec un résultat structurellement déficitaire de 76 M€. Le CHRM a engagé en œuvre un plan de retour à l’équilibre sur la période 2012-2016. 9 L’enjeu est de retrouver l’équilibre financier en réduisant le nombre des sites existants et en rationalisant les services de soins. Ce calendrier est ambitieux compte tenu de l’état de la situation financière : - financement du cycle d’exploitation par la dette à long terme ; - endettement supérieur aux capitaux permanents de plus de 70 M€ en 2011 ; - capacité d’autofinancement négative ; - allongement des délais de paiement des fournisseurs qui conduit à des ruptures d’approvisionnement aux conséquences potentiellement graves ; - impossibilité de faire appel à l’emprunt. Dans cette situation critique, des aides en trésorerie massives ont été accordées depuis 2012 par l’Etat pour payer les fournisseurs stratégiques, les salaires et charges sociales et les échéances bancaires. En 2014, le CHRM a reçu une dotation exceptionnelle de 94 M€ pour un budget de 500 M€, déficitaire de 100 M€. En 2015, cette dotation « exceptionnelle » a été renouvelée. Le projet d’établissement est en cours de rédaction La stratégie hospitalière du CHRM est en préparation. A cette fin, le CHRM a commencé la rédaction du projet d’établissement. Ce document sera communiqué à la chambre lorsqu’il sera arrêté. Le CHRM a parallèlement élaboré une « feuille de route 2015-2017 », approuvée par l’ARS et la Sécurité sociale mais sans valeur contraignante. La feuille de route a pour objectif d’actualiser le plan de retour à l’équilibre (PRE). Le système d’information hospitalier qui occupe une place très modeste dans ce document, est abordé sous les seuls angles de l’informatisation du dossier du patient et de la prise en charge médicamenteuse du patient par une prescription informatisée, afin de lever les réserves de la Haute autorité de santé (HAS) sur ces deux points. La stratégie SIH de l’hôpital L’absence d’objectifs stratégiques pour le SIH Le schéma directeur des systèmes d’information (SDSI) devait être élaboré en 2015 avec l’appui d’une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMOA). Il devait fixer des objectifs stratégiques pour le SIH qui constitue, aujourd’hui, un frein à la mise en œuvre des orientations stratégiques du CHRM du fait de son obsolescence. La rédaction du projet d’établissement est un prérequis pour la rédaction du SDSI. Il doit impérativement préciser la localisation des trois sites géographiques retenus ainsi que l’implantation des pôles, des directions et des services au sein des différents bâtiments. Recommandation n°1 Rédiger le schéma directeur des systèmes d’information sur la base des orientations stratégiques organisationnelles retenues par le projet d’établissement, dès qu’il sera connu. 10 Le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens est muet sur le SIH Le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM), dans son annexe 12 relative aux systèmes d’information, prévoyait l’élaboration en 2014 d’un avenant qui devait préciser les engagements du CHRM sur : - un projet mutualisé concernant les systèmes d’information clinique, - la mise en œuvre des prérequis « hôpital numériques », - la mise en concordance avec les orientations qualité/sécurité du contrat de bon usage du médicament, - la télémédecine. L’avenant n’a pas été élaboré. Le CPOM ne contient aucune directive pour le SIH. Dans l’attente de la rédaction du SDSI, le CHRM ne dispose pas de document fixant formellement les axes stratégiques pour les systèmes d’information. Recommandation n°2 Préparer la partie « système d’information » du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens, dans la perspective du renouvellement de celui-ci. La création récente d’un conseil stratégique Le conseil stratégique du système d’information (CSSI) a été créé le 30 avril 2014. Les membres sont nommés par la direction générale et par la commission médicale d’établissement (CME). Il a pour objectifs de : - définir la politique générale du système d'information et ses grandes orientations en conformité avec les objectifs du projet d'établissement ; - donner une meilleure cohérence aux décisions sur le système d'information en termes de potentialités, d'objectifs et de priorités ; - améliorer l'efficience des décisions pour qu'elles soient adaptées aux besoins des utilisateurs dans le cadre des contraintes réglementaires et des moyens ; - améliorer la communication sur les décisions concernant le système d'information. Le CSSI se réunit une fois par trimestre depuis sa création, sous la présidence du directeur général. Cette instance fonctionne et apporte de la cohérence dans les arbitrages au vu des comptes rendus fournis. La contribution du SIH au pilotage médico-économique et à la certification (qualité et certification des comptes) Le SIH contribue modestement au pilotage médico-économique alors qu’au niveau national, 82 % des CHU possèdent un système d’information de pilotage opérationnel (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH). Le service du contrôle de gestion transmet mensuellement à l’ARS un tableau de bord de suivi du PRE. Ce tableau de bord est constitué à partir de tableaux « Excel » retraités et synthétisés par le service du contrôle de gestion. Le SIH contribue très peu à leurs synthèses. Conscient de cette faiblesse, le CHRM est en train de définir des tableaux de bord qui seront mis en œuvre dans l’outil d’informatique décisionnelle « Business Object ». Ainsi chaque service pourra alimenter la base de données (infocentre) et consulter les tableaux de bord. 11 Le système d’information existant n’est pas adapté aux exigences de la certification des comptes. Le projet d’adaptation du SI débutera après la rédaction du SDSI et la réalisation d’un audit des comptes. La société Mazars accompagne le CHRM dans le projet de certification des comptes. Un état des lieux est en cours de réalisation. L’impact des projets nationaux en informatique sur la stratégie du CHRM A ce jour, les projets nationaux ne sont pas mis en œuvre par le CHRM qui concentre ses moyens sur la fusion des systèmes d’information des établissements regroupés et sur le maintien en condition opérationnelle de l’existant, dans un contexte de pénurie permanente. L’impact des projets nationaux sera intégré dans le futur SDSI. Le CHRM ne s’est ainsi pas engagé dans la mise en œuvre du plan « Hôpital numérique » et privilégie les chantiers post-fusion. Néanmoins, le CHRM renseigne les 32 indicateurs élaborés par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) pour suivre la maturité et l’usage des SIH dans le cadre du plan. Le taux global d’atteinte des indicateurs « Hôpital numérique » du CHRM est de 25 %, ce qui traduit un retard important par rapport aux autres établissements. La mise en œuvre de la facturation individuelle des établissements de santé (FIDES) nécessite des adaptations du SI du CHRM. Dans un premier temps, le CHRM doit choisir un logiciel de codage commun à tous les sites, avec un parc installé sous Cora pour les sites de Fort-de-France et sous Web100T pour les sites de La Trinité et du Lamentin. Dans un deuxième temps, le logiciel unique de codage et le logiciel de gestion administrative (GAM) « Evoluance » de la société Maincare devront être adaptés pour mettre en œuvre FIDES. Sur le plan régional, en 2009, l’ARS a décidé de créer le « groupement de coopération sanitaire – système d’information de santé de Martinique » (GCS SIS) pour assurer la prise en charge informatisée du patient sur le territoire de la Martinique, en utilisant une plateforme multiservice (15 établissements) pour un coût de 15 M€. La mise en œuvre d’un dossier médical régional partagé a été lancée en 2009, grâce au produit SQLI. Sa conception a été subordonnée à la double autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et de l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP). La délibération n°2011-071 de la CNIL du 10 mars 2011 a autorisé la création de ce traitement automatisé de partage d’informations médicales personnelles. L’ASIP, après un refus d’agrément pour non cloisonnement des bases de données, a donné son agrément en 2013. Le service de prise en charge informatisé du patient n’est donc disponible que depuis 2014. Le CHRM est, potentiellement, le contributeur et l’utilisateur le plus important du GCS SIS qui a donc vocation à fournir des moyens informatiques au CHRM. 12 LE DEPLOIEMENT DES SYSTEMES D’INFORMATION 2. Un état des lieux alarmant du SIH Face au double défi de la fusion des établissements hospitaliers et du plan de retour à l’équilibre, le CHRM s’est appuyé sur les états des lieux du système de facturation réalisés par l’Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) en juillet 2014 et sur celui du système d’information réalisé par la HAS en septembre 2014. Les audits réalisés constatent : - une absence de politique globale ; - une conduite non unifiée de la politique ; - une juxtaposition de logiciels inopérante car ceux-ci sont peu ou mal interfacé (résultante de la fusion avec, en héritage, des solutions logicielles disparates). Ces insuffisances ont des conséquences graves pour le CHRM : - une sécurité des systèmes d’information insuffisante, avec des risques élevés de pertes de données ou d’arrêt inopiné des applications ; - une tension au sein des équipes cliniques et informatiques ; - un encaissement des recettes défaillant en raison de l’état du SI ; - une mobilisation inefficace des équipes informatiques dont l’activité est polluée par l’activité « réparation ». Ce constat a conduit le CHRM à définir une stratégie rassemblant les objectifs suivants : - l’agrégation des données ; - la mise en œuvre d’un système de facturation performant ; - l’amélioration de la qualité des processus de prise en charge ; - l’utilisation des systèmes d’information comme outil d’accompagnement de la démarche de qualité. Un socle technique obsolète en cours de rénovation Le fonctionnement du système d’information nécessite la mise en œuvre d’un socle technique robuste constitué de l’infrastructure des bases de données, des réseaux et du poste de travail. Une organisation des bases de données en silo et non sécurisées Les bases de données de l’informatique de gestion et de l’informatique médicale sont construites dans une logique de silo qui limite le partage de l’information entre les différents métiers. Les serveurs supportant les applications et les données ne sont pas doublés. En cas de panne, le service n’est plus disponible pour l’utilisateur et des données peuvent être perdues. Dans le fonctionnement quotidien, les serveurs anciens ne disposent pas de la mémoire vive et de la puissance de processeur suffisantes pour faire fonctionner les applications « métiers » avec des délais de réponse compatibles avec les besoins des 13 utilisateurs. L’accueil de nouvelles applications est difficile car les serveurs sont saturés. Le CHRM n’a pas pu fournir la liste des serveurs, leur date d’acquisition et la date prévisible de leur renouvellement, révélant ainsi l’absence d’inventaire des équipements en service et de planification de leur renouvellement. Un réseau sous-dimensionné en débit et en couverture Les réseaux déployés ne fournissent pas les débits suffisants pour permettre le transport fluide des données entre les bases de données et le poste des utilisateurs. En outre, les établissements fusionnés ne sont pas interconnectés par des liens à haut débit (fibre optique) qui sont nécessaires au partage des données entre les sites. Au sein du site de PZQ, les liens entre les bâtiments ne sont pas réalisés en fibre optique. Le réseau n’est pas conçu de bout en bout en tenant compte du fait que le débit réel global est toujours celui du lien offrant plus faible débit. Des terminaux utilisateurs obsolètes Le CHRM dispose d’environ 3 000 postes de travail (PC pour « Personal Computer ») dont un millier sont en panne. La dotation du CHRM est supérieure à la dotation moyenne des CHU qui est de 2 386 PC (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH). Il n’existe pas de plan de renouvellement des PC. Compte tenu de la durée de vie de trois ans des ordinateurs, le CHRM devrait planifier l’acquisition de 800 à 1 000 PC chaque année. Des problèmes électriques destructeurs pour le système d’information Les coupures de courant électrique récurrentes et les fréquentes variations de tension en région Martinique engendrent des dommages au matériel informatique (PC, imprimantes, scanners…). Pour autant, il n’existe aucun suivi en la matière. La mise à niveau du socle technique est partiellement engagée Pour rénover le socle technique du SIH, le CHRM estimait le coût à 4,5 M€ en 2012. Fin 2014, une dotation de 3 M€ a permis de lancer une partie de la mise à niveau du socle technique du SIH. Trois projets destinés à sécuriser le SIH avancent en parallèle : - remplacement de 1 000 postes de travail obsolètes ou défectueux ; - mise en œuvre de deux salles de serveurs distantes en mode actif/actif avec virtualisation du stockage et des serveurs applicatifs (doublage des installations et des fonctionnalités) ; - mise en œuvre d’un réseau privé à haut débit par location de fibres noires et utilisation de la technologie Multiprotocol Label Switching (MPLS) entre les différents sites. En revanche, les actions suivantes restent à réaliser pour une mise à niveau totale du SIH : - la fusion des annuaires, - l’authentification unique ou Single Sign-On (SSO), - la fusion des messageries, 14 - la téléphonie sur le protocole internet (IP). L’existence d’un socle technique solide constitue un préalable à la construction d’un SIH performant, à l’image des fondations d’une maison. Il est le support de l’informatique de gestion, de l’informatique médicale et de l’informatique de parcours de soins. Recommandation n°3 Poursuivre en toute première priorité la rénovation du socle technique pour les bases de données, le réseau et les postes d’utilisateurs. L’informatique de gestion Un système d’information de pilotage en silo La construction en silo des bases de données, évoquée supra, nuit au système de l’informatique de gestion. Les informations sont réparties au sein de plusieurs bases de données ou infocentres organisées par domaine fonctionnel permettant de stocker les données de gestion. L’établissement annonce des études pour constituer un infocentre global qui est un préalable à la constitution d’indicateurs transversaux de suivi de l’activité de l’établissement. Aujourd’hui, le service chargé du contrôle de gestion est fortement mobilisé pour constituer chaque mois les indicateurs à partir de tableaux Excel. Le système d’information économique et financier Les logiciels « métiers » sont en nombre limité, facilitant leur soutien et leur interopérabilité. La comptabilité analytique est assurée par le logiciel « Medifin » de l’éditeur Provalcare qui produit les comptes de résultats analytiques (CRéA) en combinaison avec « Microsoft Excel ». Depuis la fusion des trois hôpitaux, les CRéA ne sont plus diffusés vers les pôles qui ne peuvent donc plus les exploiter. En matière de bureautique, le CHRM a fait le choix de la suite Microsoft qui est un produit solide et compatible avec de nombreux logiciels et matériels du marché. Le logiciel « MCK-PH » de l’éditeur Maincare assure le service de la paie. La facturation, la gestion économique et financière (GEF), les achats et la gestion de stock sont assurés par des modules spécifiques du logiciel « Evoluance GAM, Evoluance GEF » de l’éditeur Maincare. L’exhaustivité de la facturation nécessite la mise en place et l’exploitation de contrôles embarqués réalisés par le système d’information. A ce jour, les contrôles sont réalisés manuellement et, donc, de manière très limitée. Les points les plus sensibles de la facturation sont l’introduction des données, la saisie des renseignements administratifs et le codage des actes prodigués. Le futur SDSI définira le processus de contrôle automatisé à mettre en place. Le système d’information dédié aux ressources humaines La gestion du temps de travail, des absences, des congés, du compte épargne-temps (CET), le suivi des heures supplémentaires et la gestion des gardes et des astreintes sont assurés par l’application « Gestor – GTMED » de l’éditeur GFI. En l’absence de 15 dispositif de pointage, le temps de travail est vérifié par le responsable hiérarchique, avec les aléas associés. La gestion du personnel est assurée par le logiciel « Evoluance RH » de l’éditeur Maincare qui permet le suivi des effectifs, de la formation et des carrières. Il permet de tenir les dossiers administratifs des agents et de produire le bilan social. En revanche, la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences (GPMC) n’est pas assurée par cet outil. L’utilisation de logiciels d’un nombre restreint d’éditeurs, reconnus sur le marché, pour les différents métiers de l’informatique de gestion présente l’avantage de permettre une interopérabilité et un partage des informations aisé. En revanche, le partage de données entre applications d’éditeurs différents n’est pas toujours mis en œuvre. L’informatique médicale Le système d’information médicale informatisé est mis en place dans moins de 25 % des services du CHRM. Le SI des services cliniques est fondé sur plusieurs outils différents communiquant partiellement. Les informations peuvent, parfois, être partagées au sein d’un même pôle ou d’un même service mais pas entre les pôles. Par exemple, un cardiologue et un ophtalmologue ne peuvent pas partager des informations médicales relatives à un patient. La communication entre les différentes applications médicales est réalisée par une intégration d’applications d’entreprise ou « EAI » (Enterprise Application Integration) qui permet une mise à jour au fil de l’eau grâce à un serveur central. Son bon fonctionnement nécessite le réseau à haut débit et les serveurs performants qui font défaut aujourd’hui. Des services conservent un fonctionnement manuel ; ainsi : - les prescriptions informatisées ; d’analyses médicales et d’imagerie - le circuit du médicament est partiellement informatisé ; le logiciel de prescription n’est pas connecté au système de gestion de stock pour les sorties physiques des stocks ; - la gestion des transferts entre les établissements n’est pas informatisée ; - le courrier lié à la sortie des patients n’est pas informatisé. ne sont pas Chaque service spécifique (urgences, Samu, réanimation, dialyse, radiothérapie) possède un dossier de patient spécifique. L’échange des données cliniques entre les différents services du CHRM est très limité. Le dossier médical reste encore sur support papier. L’informatisation du dossier médical a vocation à permettre l’échange des données médicales entre toutes les applications médicales spécifiques existantes. Le dossier médical informatisé (DMI) n’est pas mis en œuvre au sein du CHRM. Au niveau national, 53 % des CHU ont achevé le déploiement du DMI et 43 % sont en cours de déploiement (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH). Toutefois, au sein du CHRM, le SI clinique est en cours d’évolution avec la mise en œuvre du dossier médical informatisé grâce à un logiciel du marché fourni par le GCS SIS Martinique. 16 L’informatisation du dossier médical, en phase de test dans le service de médecine interne 3D pendant quatorze mois, a été arrêtée sur la demande des médecins qui ont été confrontés à un dysfonctionnement pouvant entraîner des erreurs dans les soins prodigués au patient. Le GCS SIS a pris les mesures nécessaires pour limiter les risques d’erreurs et le personnel du CHRM a pris l’attache du CHU de Guadeloupe qui met en œuvre le même produit. Cependant le projet demeure aujourd’hui bloqué. L’informatique de parcours de soins L’informatique de parcours est en phase de réflexion au sein du CHRM. Une démarche d’informatisation des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) est pilotée par le président de la CME. Au niveau national, 72 % des CHU ont achevé l’informatisation des réunions de RCP (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH). L’interopérabilité des SIH Le logiciel d’intégration d’applications d’entreprise (EAI) Cloverleaf assure l’interopérabilité partielle entre l’informatique de gestion, l’informatique médicale et l’informatique de parcours. Au sein du CHRM, un patient est identifié par l’identifiant permanent du patient (IPP). Après la fusion, seul l’IPP de l’hôpital Pierre Zobda Quitman a été conservé. Les IPP du Lamentin et de La Trinité ont été abandonnés sans reprise des données. Recommandation n°4 Assurer l’interopérabilité des systèmes d’information hospitaliers avec la mise en œuvre d’un entrepôt de données. Recommandation n°5 « Urbaniser » les différentes bases de données. Les réseaux support du SIH Les réseaux-support du SIH sont constitués des trois réseaux des centres hospitaliers avant leur fusion. Ils ne sont pas interconnectés et possèdent des débits insuffisants pour répondre aux besoins des utilisateurs. La modernisation des réseaux est en cours et devrait être opérationnelle avant la fin du premier semestre 2016. 17 L’ORGANISATION DE LA FONCTION INFORMATIQUE AU SEIN DE L’ETABLISSEMENT 3. Le service de l’informatique du CHRM Le service de l’informatique est rattaché à la direction des finances, du système d’information, de la gestion administrative du patient et du contrôle de gestion. Il regroupe les trois anciens services informatiques des établissements fusionnés. En 2015, une organisation en mode « projet » a été mise en place au sein de la direction des systèmes d’information. Dans ce but, le nouvel organigramme comporte trois secteurs : - l’ingénierie de projet, - l’infrastructure de réseau, - l’assistance et l’accompagnement des utilisateurs. L’effectif du service Le service informatique compte 52 personnes réparties entre trois filières. La filière technique compte 44 ingénieurs et techniciens. Les filières administrative et « soignant » comptent, respectivement, 6 et 2 personnes. Effectif du service informatique en ETP postérieurement à la fusion Effectif du service informatique en ETP rémunérés Filière technique 2013 2014 43,5 45,30 15,12 4,41 10,71 14,75 2,25 12,50 39,15 % 39,18 % 16,06 17,30 2,91 2,91 CDI 6,83 8,02 CDD 2,58 2,32 3,00 4,39 Adjoint administratif titulaire 2,00 2,73 Adjoint administratif CDI (statut 20) 0,00 0,50 Adjoint administratif CDD (statut 30) 1,00 1,00 Adjoint administratif CDD (statut 40) 0,00 0,16 2,00 2,00 Aide-soignant titulaire 1,00 1,00 ASH titulaire 1,00 1,00 48,50 51,69 9,41 17,03 10,34 17,75 Titulaires Ingénieurs dont ingénieurs hospitaliers dont ingénieurs hospitaliers en chef proportion d’ingénieurs dans l’effectif de la filière technique Techniciens supérieurs hospitaliers Techniciens Contractuels Filière administrative Filière « soignants » (agents en reclassement) TOTAL GENERAL dont contractuels dont total ingénieurs (titulaires + contractuels) Source : CHRM 18 Les données de chaque établissement, antérieures à la fusion, ont été perdues. Les ingénieurs représentent presque 40 % de l’effectif de la filière technique du service informatique. Ils sont au nombre de 17 dont six seulement sont officiellement qualifiés : quatre sont diplômés d’une école d’ingénieur et deux d’une école d’ingénieur en informatique. Les techniciens et techniciens supérieurs sont 27 dont 6 sont titulaires d’un bac + 2 en informatique. L’ancienneté moyenne du personnel du service informatique est de 20 ans. Le chef de service est le plus ancien, avec 39 années d’ancienneté. Le CHRM consacre 1,06 % de son effectif en équivalent-temps plein (ETP) au SIH. Les CHU consacrent en moyenne 0,85 % de leurs ETP au SIH (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH). L’effectif du service informatique est donc adapté mais les compétences présentent des lacunes. En outre, les responsables du service SI éprouvent des difficultés à diriger une équipe qui revendique une cogestion systématique, fondée sur le rapport de force, ce qui nuit à la performance de l’hôpital et au service rendu aux usagers. La masse salariale du service informatique La masse salariale du service informatique qui représente 1,4 % de la masse salariale de l’hôpital est supérieure à celle constatée en moyenne dans les CHU qui atteint 1,1 % de la masse salariale totale. La Martinique est la région qui présente la part de la rémunération consacrée au SIH la plus élevée de France (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH) ; cette proportion n’est, à l’évidence, pas corrélée à la performance du service. Masse salariale du service informatique postérieurement à la fusion 2013 2014 289 439 € 293 028 € Part dans la masse salariale totale de l'établissement 1,39 % 1,40 % Coût moyen de l'ETP du service 5 926 € 5 741 € Coût moyen de l'ETP du personnel non médical de l'établissement 4 324 € 4 837 € Données RH Masse salariale du service informatique (moyenne annuelle) Source : CHRM Le CHRM n’est pas capable de reconstituer la masse salariale des trois services informatiques avant la fusion des trois établissements. L’effet du regroupement des établissements sur la masse salariale consacrée au système d’information n’est donc pas mesurable. La formation du personnel du service informatique Le nombre d’heures de formation suivies par le personnel du service informatique baisse de 79,1 % sur la période observée. 19 Nombre d’heures de formation du service « système d’information » 2013 Nombre d’heures de formation * Nombre d’heures de formation prévu pour 2015 Source : CHRM 2 774 2014 2015 1 584 580* Le personnel se forme principalement à Windows 8, Mac OS, Oracle, Business Object et MS Project. Ces formations sont orientées sur le maintien en condition opérationnelle des applications déployées. En revanche, les formations à l’urbanisation des données, à l’architecture de réseau, à la conduite de projet et à la rédaction de marchés, pour la partie du cahier des clauses techniques particulières (CCTP), sont inexistantes alors que la mise à niveau du système d’information nécessite des compétences dans ces différents domaines. Recommandation n°6 Acquérir des compétences en urbanisation des données, en architecture de réseau, en conduite de projet et en rédaction des marchés. Le recours à l’externalisation Les activités externalisées répertoriant les fonctions confiées à des prestataires externes n’ont pas été cartographiées. Néanmoins, le CHRM a recours à de nombreuses externalisations qui concernent principalement des opérations d’AMOA destinées à la conception des organisations ou des systèmes pour pallier le manque de compétence en interne, en dépit du nombre important d’ingénieurs hospitaliers. Les externalisations d’AMOA récentes sont : - la tentative de la récupération des données PACS suite à l’inondation de la salle des serveurs ; - le déménagement de la salle du serveur du site du Lamentin ; - l’administration d’Oracle ; - la mission d’analyse des solutions d’impression pour l’établissement ; - la gestion du projet d’annuaire des systèmes d’informations ; - la réalisation de la fusion des domaines Windows ; - l’accompagnement de la refonte de l’infrastructure ; - l’accompagnement de la fusion des télécoms ; - l’élaboration du schéma directeur ; - l’installation des postes des utilisateurs. En outre, le CHRM a prévu d’externaliser l’hébergement des deux plates-formes qui seront mises en œuvre dans le cadre de la refonte du SIH. La première plate-forme sera hébergée par la société MédiaServ dans une salle aux normes antisismiques, mutualisée, située à l’arrivée d’un des deux câbles sous-marins reliant l’île de la Martinique au réseau mondial. Cette salle, à la pointe de la technologie actuelle, héberge les serveurs de nombreux opérateurs, acteurs économiques et administrations de l’île ainsi que le GCS SIS. 20 La deuxième plate-forme sera hébergée dans une salle louée à la société Bull, en attendant l’installation du futur plateau technique en cours de construction sur le site de PZQ. Le plan d’origine du plateau technique ne prévoit pas de salle pour une plateforme informatique. Le coût supplémentaire pour sa construction est estimé entre 600 000 € et 1 000 000 €. Avant de décider cet investissement, il est nécessaire de comparer le retour sur investissement (ROI) de la construction d’une plate-forme au sein du CHRM dont le coût de construction et de maintenance sera assumé exclusivement par l’hôpital avec ses contraintes budgétaires et la location d’une salle mutualisée ou les coûts de maintien en condition opérationnelle seront partagés entre plusieurs acteurs économiques. Enfin, le financement, dans le cadre du plan « hôpital numérique », du dossier informatique du patient, pour 14,8 M€, a été subordonné par l’ARS à la création du GCS SIS, pour mettre en œuvre une plate-forme de santé au profit de tous les établissements de soins de l’île de la Martinique. Le GCS SIS propose les services suivants à ses adhérents : - dossier médical du patient pour les médecins, les soignants, les secrétariats, les pharmaciens ; - programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI - outil de codage Web100T) ; - gestion des rendez-vous (Ultragenda) ; - gestion des blocs opératoires (Orline) ; - gestion de l’anesthésie (Diane) ; - serveur d’identité régional (annuaire local et SSO) ; - messagerie sécurisée. Les plates-formes supportant ces services bénéficient d’un plan de reprise d’activité informatique (PRAI) qui garantit une disponibilité optimale des applications et une sécurité élevée des données sauvegardées, répondant donc aux besoins du CHRM. Le GCS SIS est armé par 12 personnes dont 4 issues du CHRM, une de la clinique Sainte-Marie et sept contractuels qui assurent une permanence 24H00/24H00. Le directeur du GCS SIS est un cadre détaché du service informatique du CHRM ainsi que la personne chargée du pilotage des SI au sein de l’ARS. Le CHRM, membre du GCS SIS, finance à hauteur de 1,8 M€ le fonctionnement annuel des plates-formes, indépendamment de l’utilisation des services proposés. Le CHRM commence à déployer les produits de gestion des rendez-vous (Ultragenda), et de gestion des blocs opératoires (Orline) ; il utilise l’outil de codage Web100T sur les sites du Lamentin et de La Trinité. Au niveau national, 85 % des CHU ont déployé un outil de gestion des rendez-vous et 65 % ont mis en œuvre la gestion des blocs opératoires (source DGOS : Atlas 2015 des SIH). Pour les autres services, le CHRM utilise ses propres produits qui sont en partie redondants avec ceux proposés par le GCS SIS. La chambre observe que le CHRM, bien que sous contrainte budgétaire, finance deux fois les mêmes services, en interne et à travers le GCS SIS. Si l’ARS est satisfaite de l’action du GCS SIS, le CHRM considère qu’il constitue un écran perturbant ses relations avec les éditeurs de logiciels. L’échec du déploiement au CHRM du dossier informatisé du patient trouve en partie sa source dans la 21 constitution et le fonctionnement de l’équipe de projet chargée de la déployer au sein du CHRM. L’ancien directeur général indique que « l’opposition [entre le personnel du CHRM et du GCS SYS] s’impacte (sic) même sur les analyses comparatives des carrières dans chacune des deux structures, débat attisé par des pressions syndicales ». Depuis plusieurs années le CHRM bénéficie d’un partenariat avec le groupement d’intérêt public « Santé et informatique Limousin-Poitou-Charentes » (GIP SILPC) qui lui apporte un appui régulier sur des applicatifs Mc Kesson, utilisés pour l’informatique de gestion. Recommandation n°7 Mettre en œuvre le « Dossier informatisé du patient » et organiser le pilotage de ce chantier en mode projet au sein du CHRM, avec un chef de projet « métier » (médecin), un adjoint chef de projet « système d’information » du CHRM et un adjoint chef de projet du groupement de coopération sanitaire « Systèmes d’information de santé ». Les marchés informatiques Le CHRM gère 228 marchés relatifs au SIH dont 106 marchés ont été conclus après procédure adaptée et 92 négociés sans concurrence. Un nombre important de ces marchés a pour objectif la maintenance de serveurs et de systèmes (robots de sauvegarde, pare-feu…) qui constituent, au sens du code des marchés publics, des prestations homogènes (article 27 du code des marchés publics). Ils sont attribués au même prestataire pour une durée courte (annuelle ou biannuelle) et renouvelés. Ces marchés auraient dû donner lieu à des appels d’offres ouverts pour permettre une mise en concurrence réelle conformément au code des marchés publics. L’étude du marché adapté pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour l’élaboration d’une stratégie des systèmes d’information fait ressortir un CCTP de huit pages qui décrit insuffisamment l’existant pour permettre aux soumissionnaires de proposer une réponse adaptée au besoin. En outre, les critères de sélection des offres ne sont pas assez détaillés, rendant difficile leur dépouillement et le choix d’une solution pertinente à un juste prix. Le CHRM utilise le contrat cadre national de l’Etat avec Microsoft pour acquérir les licences de logiciels bureautiques. Pour les postes de travail, il fait appel à l’UGAP. La régularité de la procédure des marchés est développée dans le cahier consacré à l’étude spécifique de la passation et de l’exécution de l’ensemble des marchés du CHRM. Les conditions de fonctionnement (maintenance, sécurité, fiabilité, confidentialité, CNIL, auditabilité, gestion des habilitations) La maintenance Le CHRM assure la maintenance des produits développés en interne qui sont peu nombreux. Les logiciels des éditeurs sont maintenus par les différents fournisseurs. Toutefois, la DSI assure l’assistance aux utilisateurs et le recueil des besoins d’évolutions et des corrections. Compte tenu de la vétusté du parc informatique, le 22 personnel est fortement mobilisé par les réparations. Pour autant, aucun suivi du temps passé en intervention n’est réalisé. La dimension réduite du marché martiniquais, l’éloignement et le décalage horaire avec la métropole accroissent les difficultés de maintenance. La sécurité La politique de sécurité n’est pas mise en œuvre au sein du CHRM. Au niveau national, 89 % des établissements de santé ont mis en œuvre une politique de sécurité (source : DGOS - Atlas 2015 des SIH – prérequis P3 des indicateurs « hôpital numérique »). Les professionnels de santé utilisent un code « utilisateur » associé à un mot de passe pour accéder aux informations médicales. Toutefois, de nombreux comptes et mots de passe génériques sont utilisés dans les services au mépris des règles de sécurité élémentaires. En outre, aucune politique de changement de mot de passe ou de mise en veille automatique n’est définie au sein du CHRM. Pour le dossier de soin informatisé, le personnel de santé utilisera la carte professionnelle de santé (CPS). Le CHRM ne bénéficie pas d’un plan de reprise d’activité informatique (PRAI). L’interruption des applications « métiers » est le quotidien des utilisateurs et le risque de pertes de données est réel. Des données médicales ont été perdues lors de l’inondation de la salle hébergeant les serveurs. Aujourd’hui, seules les applications hébergées par le GCS SIS bénéficient d’un PRAI. Il n’existe pas de procédure centralisée des habilitations pour accéder aux données médicales et aux données administratives du patient. Le projet « Annuaire SI », prévu pour 2016 traitera ce sujet. La sécurité relative à l’identité du patient (identito-vigilance) est mise en œuvre depuis 2002 par une cellule gérée par le DIM. Au niveau régional, le GCS SIS a mis en place une cellule chargée de l’identito-vigilance. Un responsable « sécurité du système d’information » a été embauché en septembre 2015 pour élaborer et mettre en œuvre la politique de sécurité du CHRM. Recommandation n°8 Définir formellement et mettre en œuvre une stratégie de sécurité informatique. Les déclarations à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) Deux personnes de la DSI et du DIM assurent le suivi, au sein d’un tableau Excel, des 197 déclarations auprès de la CNIL. La performance informatique Le service informatique n’assure pas le suivi de son activité. Aucune procédure d’évaluation et aucun tableau de bord n’est mis en place. Dans ces conditions, la performance informatique ne peut pas être évaluée. 23 Une astreinte est mise en œuvre le week-end mais pas la nuit en semaine. L’état des interventions n’est pas tenu. 24 4. LA CONTRIBUTION DES SYSTEMES D’INFORMATION A L’EFFICIENCE DE L’ETABLISSEMENT La prise en compte des utilisateurs La prise en compte des besoins des utilisateurs n’a été formalisée qu’en 2014 avec la création du conseil stratégique du système d’information (CSSI) qui arbitre entre les différents besoins, et la création de comités de pilotage (Copil) chargé du suivi des projets. Cependant, le pilotage formel en « mode projet » où un chef de projet « métier » chargé de la rédaction du cahier des charges fonctionnel (expression du métier) est désigné, de même qu’un chef de projet technique chargé de la rédaction des spécifications techniques après accord du CSSI, n’est pas encore pratiqué. Le soutien aux usagers ordinaires est mis en œuvre grâce au numéro d’assistance téléphonique 9700, armé par cinq agents dont trois sans compétence en informatique. La cellule d’assistance aux utilisateurs utilise, depuis six mois, le logiciel GLPI pour la gestion des tickets d’incidents. Néanmoins les fonctionnalités « statistique » et « mesure de la satisfaction du client » ne sont pas mises en œuvre. Le degré de satisfaction des utilisateurs est donc inconnu. Le pilotage du SIH par la performance La performance de la fonction informatique et de sa contribution au service global assuré par le CHRM ne font pas partie des paramètres suivis par le SIH. Aucun indicateur n’est mis en œuvre pour mesurer l’impact des systèmes d’information sur la qualité et la productivité des fonctions médicales et administratives. En amont du lancement d’un projet, le retour sur investissement n’est pas évalué. Après la réalisation d’un projet, les gains en performance par rapport aux évaluations initiales ne sont pas mesurés. A minima, la mise en œuvre des fonctionnalités demandées est contrôlée lors de la vérification de service régulier (VSR) qui a pour objectif de vérifier la tenue en charge de l’application. La vérification des fonctionnalités demandées devrait intervenir en amont de la VSR, lors de la vérification d'aptitude au bon fonctionnement (VABF) ou « recette fonctionnelle ». La chambre observe les lacunes du dispositif de contrôle de la satisfaction des utilisateurs et de réponse à leurs besoins qui constitue un élément central en matière de pilotage de service informatique. Recommandation n°9 Utiliser le dispositif de collecte des informations sur la satisfaction des utilisateurs et exploiter les données recueillies pour améliorer la performance du service. 25 La contribution à la production des soins Le département d’information médicale (DIM) 4.3.1.1. L’effectif en service au DIM Le responsable du département d’information médicale est un médecin qui n’exerce pas d’activité médicale et qui n’est pas membre du comité de direction. Il dirige une équipe de trois médecins, de 13 techniciens d’information médicale (TIM) et de six infirmiers diplômés d’Etat (IDE) dont un référent CNIL, un référent fonctionnel, un biostatisticien et un informaticien. Chaque TIM qui travaille en binôme, est responsable d’un pôle sur un site1. Le ratio effectif du DIM/effectif MCO est de 0,55 %. Des procédures existent au sein du DIM mais aucun manuel n’a été élaboré. 4.3.1.2. Les missions du DIM Le DIM est chargé de trois missions. En premier lieu, il mène des actions pour une amélioration quantitative et qualitative du codage grâce à la mise en œuvre de formations et d’informations auprès des acteurs de la chaîne de codage. En deuxième lieu, le DIM contribue à l’amélioration de la facturation en agissant au différentes étapes du processus (qualité des mouvements, chaînage, rejets…). Enfin, le DIM assume un rôle de support stratégique comme invité permanent du directoire, de la CME, du comité stratégique qui assure le suivi des projets et du groupe d’impulsion qui assure le suivi du PRE. Deux types de relations existent entre le DIM et la DSI. Classiquement, le service informatique est un fournisseur du DIM pour l’accès au système d’information comme des autres services du CHRM. Pour le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), le DIM assure la gestion fonctionnelle des logiciels dédiés et le service informatique est responsable des aspects techniques. Cette organisation se retrouve dans le cadre des autres projets communs. Une réunion mensuelle a été formalisée entre le DIM et le DSI. En outre, des réunions bimensuelles regroupant le DIM, la DSI, le bureau des entrées et la direction des affaires financières (DAF) traitent des problématiques liées au bureau des entrées. Le recueil automatisé Le recueil des données administratives et médicales est réalisé à plusieurs étapes des processus de prise en charge du patient et de la facturation. 1 Trois sites correspondant aux trois anciens centres hospitaliers de Fort-de-France, du Lamentin et de La Trinité 26 4.3.2.1. Le recueil automatisé des données administratives A l’admission, une planche d’étiquettes de codes-barres est octroyée par le bureau des entrées à chaque patient qui présente la planche d’étiquettes dans chaque service médical où il est admis. Dans chaque service de soin, la lecture du code barre par un lecteur évite les erreurs de saisie. Ce système présente plusieurs failles. Sur le site de La Trinité, le bureau des entrées est fermé la nuit. Les patients qui arrivent après 18 heures ne sont pas pris en compte dans le système d’information de gestion administrative des malades (GAM). Les patients transférés d’un site à un autre donnent lieu à deux entrées, ce qui provoque des doublons dans le système d’information. Les mouvements des patients au sein des différents services ne sont pas systématiquement enregistrés dans l’outil « GAM ». Normalement, la saisie des mouvements des patients relève de la responsabilité des soignants. Dans la pratique, les cadres de santé ou les secrétariats se substituent aux soignants. La nuit, les soignants sont seuls et les saisies ne sont pas réalisées. Enfin, les nombreuses pannes de réseau et de postes de travail affectent les saisies des entrées. La saisie se fait en mode dégradé par la suite, dans des délais parfois longs (semaines ou mois), en fonction de la disponibilité des agents. De manière générale, le logiciel GAM, d’utilisation complexe, n’est pas maîtrisé par l’ensemble des utilisateurs du bureau des entrées ; des actions inadéquates engendrent des dysfonctionnements en aval du processus. Ces dysfonctionnements constatés par les agents chargés de la saisie ne font l’objet d’aucun recensement ni correction. 4.3.2.2. Le recueil automatisé des données médicales Pour le codage de soins, plusieurs systèmes existent en étroite association avec l’application métier sous-jacente : les actes du bloc opératoire de l’établissement de La Trinité sont codés avec le logiciel « OPTIM » ; les actes de radiologie sont codés avec le logiciel métier « XPLORE » ; les actes d’endoscopie sont codés avec l’application métier « HERMES ». Le codage des soins n’est pas étendu à tous les services et les données ne sont pas partagées. Un projet est en cours pour généraliser la saisie des actes externes et de bloc opératoire avec l’appui de l’ANAP. Les échanges de données entre les divers outils métiers et la GAM sont réalisés par des interfaces qui provoquent des rejets lorsque les utilisateurs n’ont pas saisi les informations au format prévu. Après un travail entre le bureau des entrées, le DIM et la DSI, le taux de rejet est passé de 12 % à 4 % en deux ans. Pour les médicaments, les trois pharmacies à usage intérieur (PUI) des centres hospitaliers de Fort-de-France, du Lamentin et de La Trinité utilisent le logiciel PHARMA qui s’appuiera sur une base commune en avril 2016. Le budget annuel 2015 du médicament, de 45 M€ dont 17 M€ de rétrocessions, représente un enjeu financier fort pour le CHRM. La pharmacienne contrôle une fois par semaine la cohérence entre les données de PHARMA et les titres édités. Elles traitent manuellement les incohérences. La facturation des rétrocessions connaît des difficultés. La fermeture, à partir de 12 heures, du bureau des entrées de la pharmacie est un frein au codage de 27 la délivrance des médicaments. Enfin, le logiciel PHARMA ne permet pas au pharmacien de contrôler la prescription des médicaments pour chaque patient. Les données PMSI transmises à l’ARS sont contrôlées par le logiciel de détection des atypies de l’information médicale (DATIM) et corrigées avant leur envoi. Outre les tests « qualité » réalisés avec la DATIM, le CHRM utilise les logiciels « OVALIDE », les testeurs de « CORA » et « WEB100T ». Les tests sont réalisés avant et après groupage pour renforcer les contrôles, notamment les atypies de codage. Le DIM dénombre en moyenne 500 dossiers non chaînés par mois. Une enquête manuelle est réalisée par le DIM pour mettre en cohérence les informations issues de la GAM et les données médicales (PMSI). Le taux d’exhaustivité du recueil des séjours dans le PMSI est inférieur à 100 % en raison d’insuffisances multiples dans la chaîne de recueil de l’information. La saisie immédiate des informations est difficile à cause des lenteurs applicatives, des pannes informatiques, du manque de PC, des outils indisponibles, du manque de disponibilité des ressources humaines pour coder (pourtant surabondantes lorsque l’on examine l’effectif payé) et de l’absence de procédure cohérente et systématique d’enregistrement des mouvements des malades dans les services. Les défaillances du système d’information et l’absence de procédure standardisée de codage empêchent la facturation des actes prodigués aux patients, privant le CHRM de recettes. Recommandation n°10 Définir le processus de collecte, de centralisation et de correction des dysfonctionnements de saisie de codage ; y associer les acteurs « métiers’ », le département de l’information médicale et la direction des systèmes d’information. Recommandation n°11 Adjoindre au dispositif de saisie de codage des entrées, des mouvements et des prescriptions médicales un régime de pénalité/intéressement traduisant la qualité de la saisie par l’ensemble du personnel de la chaîne, médical, non médical et administratif. La contribution au pilotage de l’établissement A ce jour, le SIH ne contribue pas au pilotage de l’établissement. Le service du contrôle de gestion est en phase d’élaboration de tableaux de bord pour la direction générale et pour les pôles. Dans un deuxième temps, le service chargé du contrôle de gestion en concertation avec les référents de chaque secteur mettra en place avec la DSI le recueil informatique des données nécessaires et l’élaboration automatique d’indicateurs. Les tableaux de bord existants, élaborés manuellement, sont diffusés mensuellement à la direction générale et partiellement aux différents pôles par le biais des cadres administratifs. 28 LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE SYSTEMES D’INFORMATION 5. Un nombre élevé de projets Le plan d’action relatif au SI du CHRM présenté en avril 2014 recense 23 projets stratégiques, 24 projets cliniques et 13 projets techniques qui sont menés simultanément par le service informatique. Ce plan est très ambitieux, voire irréaliste au regard des ressources et des compétences disponibles. En outre, les priorités des projets ne sont pas clairement décrites, les applications médicales et les applications de gestion ne peuvent correctement fonctionner que si le socle technique qui constitue les fondations du système d’information, est modernisé. Les projets réalisés Trois grands projets précédemment décrits sont en cours de réalisation par le CHRM : - le dossier informatisé du patient ; - IMAG (le projet IMAG a pour objectif de constituer une base de données d’imagerie interrégionale entre la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane ; le GCS SIS a conclu un marché compétitif avec l’aide de plusieurs AMOA (juridique, marché, technique) ; le chef de projet fonctionnel du CHRM a exprimé ses besoins métiers en matière d’imagerie) ; - la rénovation des infrastructures. La conduite de projet La conduite de projet a été formalisée en 2014 par le CHRM par la définition d’une équipe projet-type intégrant un chef de projet fonctionnel ou métier assisté d’un chef de projet système d’information. A ce jour, seul le projet IMAG fonctionne conformément à la procédure décrite cidessus, avec succès. Néanmoins, cette réussite provient essentiellement des qualités du médecin responsable du service d’imagerie qui possède des compétences médicales et l’expérience de la conduite de projets informatiques. Le projet du dossier informatisé du patient a donné lieu à la mise en place d’un site pilote au sein du service de médecine interne 3D du CHRM, sans la constitution d’une équipe projet active au sein du service. L’accompagnement mis en place par le GCS n’a pas été utilisé. Après plusieurs mois de test, le produit a été rejeté par le personnel médical et soignant. De manière générale, le CHRM ne constitue pas pour chaque projet une équipe de maîtrise d’ouvrage bien identifiée, faute d’organisation et de compétence pour exprimer le besoin « métier » auprès du service informatique, responsable de la maîtrise d’œuvre. La mise en œuvre d’une démarche de type ITIL (IT Information Library) permettrait au CHRM de se doter d'outils et de documents leur permettant d'améliorer la qualité de ses systèmes d’information. Pour la conduite de projets, la mise en œuvre d’un processus de projet définissant les acteurs, les phases et les livrables est nécessaire pour réussir. 29 Recommandation n°12 Hiérarchiser les projets en fonction de leur utilité et des retours sur investissement attendus, en intégrant les dépendances entre eux et la disponibilité des compétences requises. 30 6. LE COUT ET LE FINANCEMENT DES SYSTEMES D’INFORMATION La programmation pluriannuelle des dépenses informatiques La mise en œuvre du SDSI ne fait pas l’objet d’une programmation pluriannuelle. Le suivi se limite au réalisé de chaque année, sans aucune analyse. En 2015, le CHRM évaluait grossièrement son besoin de financement pour le système d’information, hors masse salariale, à 3 600 000 €. Le CHRM n’a pas pu fournir d’évaluation du budget annuel minimal nécessaire au maintien en condition opérationnelle de son futur socle technique rénové. Recommandation n°13 Mettre en place une programmation pluriannuelle des dépenses informatiques. Les dépenses informatiques annuelles Le budget moyen en dépense d’investissement SIH est de 1 451 091 € sur la période avec un fort investissement en 2013, de l’ordre de 2,8 M€. Au niveau national, le budget consacré par les CHU au système d’information hors personnel se situe en moyenne à 2 % du budget total de l’hôpital. Avec un budget de 500 M€, le budget « système d’information » du CHRM devrait être de l’ordre de 10 M€. Le budget du CHRM consacré au système d’information est dix fois inférieur au budget national moyen « système d’information ». Cette sous-dotation budgétaire explique en partie la vétusté de son socle technique et le retard dans la mise œuvre de l’informatique de gestion et de l’informatique médicale. 31 Dépenses d'investissement pour le SIH Libellé du compte CA 2011 REPORTS 2014 CA 2012 CA 2013 CA 2014 440 630,65 826 935,97 56 834,57 55 379,89 361 831,80 695 286,03 112 716,23 798 300,38 305 673,66 78 583,84 28 413,44 Audit et achat licence ORACLE Licences système 10 374,77 Licences diverses 483 275,03 Informatisations des laboratoires-CHRM SIH CHRM 221 434,00 SIH IMAGERIE Opération urgence PACS Matériel informatique divers Mat. informat. : postes de trav, serveurs, impri. 509 481,28 92 876,00 9 760,90 2 731,29 121 960,34 55 417,57 2 767,33 123 589,86 196 884,99 56 587,61 54 285,46 150 313,82 Mat. Informatique : systèmes centraux 98 473,24 Equipements réseaux et communications 71 923,93 9 426,68 Prestations informatiques COSIH 35 239,94 6 697,16 SECURITE ARCHITECTURE COSIH Total immobilisations 512 364,39 37 303,54 813,75 74 301,52 111 813,45 734 164,43 877 804,77 2 790 984,76 1 401 413,93 1 006 316,42 Source : CHRM En 2014, le CHRM a bénéficié d’un budget de 3 M€ de la part de l’ARS pour rénover son infrastructure (bases de données, réseaux et postes de travail). Il reste à rénover la messagerie, les annuaires, le système d’authentification, la téléphonie, pour un coût d’1,5 M€. L’évaluation des gains financiers liés aux SIH Le CHRM n’est pas en mesure d’évaluer les gains produits par l’informatisation ou le changement des logiciels. 32 GLOSSAIRE __ ALD : Affection de longue durée AMOA : Assistance à maîtrise d’ouvrage AMOE : Assistance à maîtrise d’œuvre ANAP : Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé ARH : Agence régionale de l’hospitalisation ARS : Agence régionale de santé ASIP : Agence des systèmes d’information partagés de santé ATIH : Agence technique de l’information sur l’hospitalisation AVC : Accident vasculaire cérébral CAMSP : Centre d’aide médico-sociale précoce CAREST : Centre d’autoformation et de ressources pour l’enseignement des sciences et de la technologie CCAM : Classification commune des actes médicaux CCTP : Cahier des clauses techniques particulières CET : Compte épargne temps CHU : Centre hospitalier universitaire CHS : Centre hospitalier spécialisé CHT : Communauté hospitalière de territoire CME : Commission médicale d’établissement CNIL : Commission nationale de l’informatique et des libertés COPERMO : Comité interministériel de performance et de modernisation de l’offre de soins COPIL : Comité de pilotage CPOM : Contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens CREA : Comptes de résultats analytiques CSIRMT : Commission des soins infirmiers, de rééducation et médicotechnique CSP : Code de la santé publique CSSI : Conseil stratégique du système d’information DAF : Direction des affaires financières DATIM : Détection des atypies de l’information médicale DIM : Département d’information médicale DGOS : Direction générale de l’offre de soins DMP : Dossier médical personnel DMS : Durée moyenne de séjour DREES : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques 33 DRG : Diagnosis Related Groups EAI : Enterprise application integration EHPAD : Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ENC : Echelle nationale des coûts EPRD : Etat prévisionnel des recettes et des dépenses ETP : Equivalent temps plein FIDES : Facturation individuelle des établissements de santé FINESS : Fichier national des établissements sanitaires et sociaux GAM : Logiciel de gestion administrative des malades GCS Uni HA : Groupement de coopération sanitaire « Union des hôpitaux pour les achats » GCS SIS : Groupement de coopération sanitaire « Systèmes d’information de santé » de Martinique GHM : Groupe homogène de malades GHS : Groupe homogène de séjours GIP : Groupement d’intérêt public GPMC : Gestion prévisionnelle des métiers et des compétences GREF : Gestion des ressources économiques et financières GRH : Gestion des ressources humaines HAS : Haute autorité de santé HC : Hospitalisation complète IDE : Infirmier diplômé d’Etat IFSI : Institut de formation en soins infirmiers IGAS : Inspection générale des affaires sociales IPP : Identifiant permanent du patient IRC : Insuffisance rénale chronique ITIL : Information Technology Infrastructure Library MCO : Médecine-chirurgie-obstétrique MERRI : Missions d’enseignement, recherche de référence et d’innovation MIGAC : Missions d’intérêt général et aide à la contractualisation MPLS : Multiprotocol label switching ONDAM : Objectif national des dépenses d’assurance maladie OQOS : Objectif quantifié de l’offre de soins PGFP : Plan global de financement pluriannuel PMSI : Programme de médicalisation des systèmes d’information PRAI : Plan de reprise d’activité informatique PRE : Plan de retour à l’équilibre 34 PUI : Pharmacies à usage intérieur RHS : Résumé hebdomadaire de séjour RIA : Rapport infra-annuel ROI : Return on investment RTC : Retraitement comptable RSA : Résumé de sortie anonyme RSS : Résumé de sortie standardisé RUM : Résumé d’unité médicale SAE : Statistique annuelle des établissements de santé SAMU : Service d’aide médicale urgente SDIS : Service départemental d’incendie et de secours SDSI : Schéma directeur du système d’information SIOS : Schéma interrégional d’organisation sanitaire SILPC : Santé et informatique Limousin Poitou Charentes SMUR : Service médical d’urgence et de réanimation SROS : Schéma régional d’organisation sanitaire SSO : Single Sign-On SSR : Soins de suite et de réadaptation T2A : Tarification à l’activité TIM : Technicien d’information médicale UM : Unité médicale VABF : Vérification d'aptitude au bon fonctionnement VSR : Vérification de service régulier 35