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certain, des règles de comportement, des objectifs crédibles autour desquels construire sa
vie ». Ces paroles de notre Saint-Père sont prophétiques : l’urgence de l’éducation existe
réellement parce que la tentation de renoncer à éduquer l’a emporté chez beaucoup.
Je voudrais souligner, avant de vous laisser la parole, quelques pistes importantes du
document de travail que l’on vous a remis. Ce document, j’en suis bien convaincu, est marqué
par l’imperfection : toutes les dimensions de l’éducation humaine ne sont pas développées.
J’attache une grande importance à ce Forum qui nous permettra d’élargir notre document de
travail et je puis vous assurer que je vais écouter avec grand intérêt tout ce que vous allez
nous dire et qui va nous enrichir.
Il est très important de faire connaître aujourd’hui aux parents et aux éducateurs les
fondamentaux de l’éducation chrétienne, qui sont aussi, de fait, les fondamentaux de toute
éducation humaine. Nous ne pouvons contraindre personne à accepter nos fondamentaux,
mais nous ne devons pas avoir peur d’en témoigner : ils ne nous appartiennent pas, ils sont
liés à la Révélation dont nous devons être les témoins. Les hommes du monde entier ont, eux
aussi, droit à connaître ces fondamentaux qui leur permettront d’atteindre la vraie liberté des
enfants de Dieu.
Le premier de ces fondamentaux révèle que l’homme n’est pas le fruit du hasard et de
la nécessité mais qu’Il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’éducation doit donc
rechercher l’imitation du Christ qui est, dans sa nature humaine, la vraie image de Dieu parce
qu’Il est le Fils unique de Dieu devenu le Fils de l’homme par son Incarnation.
Il est absolument nécessaire de rappeler que « l’homme historique » est marqué par les
conséquences du péché originel. Le Catéchisme dit : « Ignorer que l'homme a une nature
blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l'éducation, de la
politique, de l'action sociale (cf. CA 25 ) et des mœurs » (CCE 407).
Il est très important d’annoncer que l’homme historique a été « racheté » par le Christ
et qu’Il est appelé à la vie éternelle en Dieu. L’éducation chrétienne, c’est un fait, est
« christocentrique », tourné vers le Christ qui est l’alpha et l’oméga de toute éducation
chrétienne.
L’éducation humaine ne peut pas ignorer la complexité de la personne humaine dans
l’unité de son âme spirituelle et de son corps. L’homme n’est ni ange ni bête !
L’éducation doit embrasser toutes les dimensions de l’être humain : les sens,
l’affectivité, l’imagination, l’intelligence, la mémoire, la volonté, le cœur.
Le grand but de l’éducation est la liberté des enfants de Dieu par la perfection de
l’amour. L’éducateur doit aider l’éduqué à découvrir qu’Il a été créé par Dieu qui est Amour
en vue de l’Amour. Il vient de l’Amour et il va vers l’Amour. Mais il est bien difficile de faire
comprendre cela à ceux qui n’ont pas eu des parents procréateurs qui les ont engendrés dans
un acte d’amour… Ayons beaucoup de compassion mais, en même temps, témoignons de
notre Dieu Amour !
Dans notre document de travail, nous avons également souligné l’importance et la
nécessité de l’unité et de la complémentarité entre le père et la mère dans l’éducation des
enfants. Cette unité et cette complémentarité – homme/femme – doivent aussi se retrouver au-
delà du cadre de la Famille : l’humanité et l’Eglise ont besoin de cette unité et de cette
complémentarité pour relever le défi de l’urgence de l’éducation.
Le dernier point que je voudrais souligner est cette conviction réaliste : il n’existe pas
d’éducation sans souffrance et sans amour tant chez l’éducateur que chez l’éduqué. Je
pense que vos témoignages vont confirmer cela. Ils seront importants pour l’après-Forum, car
la société et l’Eglise ont besoin d’entendre vos convictions d’éducateurs mais aussi vos
souffrances de parents, d’enseignants, de directeurs d’école, de catéchistes, de prêtres et de
consacrés. Mais notre Forum ne veut pas en rester au niveau de la souffrance. Il veut au
contraire rappeler, à la suite du Père et de la Mère de notre Famille religieuse, que l’éducation
est une belle et grande mission, qui ne se réalise pas sans effort, c’est vrai, sans souffrance et
sans amour, mais qui trouve sa joie, sa grande joie, à faire grandir un être créé à l’image et à
la ressemblance de Dieu en vue de son vrai Bonheur éternel. Notre Père nous rappelait
souvent ces trois maîtres mots : patience, persévérance et confiance, mais il nous donnait