115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 1 T EXTES Parmi les agents cancérogènes utilisés en milieu professionnel, un seul est interdit en France : l'amiante. Certains font l'objet de restrictions de limitation d'emploi et de mise sur le marché. Tous ont une utilisation réglementée dans l'entreprise. Certains agents chimiques cancérogènes font également l'objet notamment de valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes. La prévention des risques professionnels s’appuie sur une démarche dont les principes sont édictés par les articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail. Des textes spéciaux ont « décliné » et précisé ces principes généraux de prévention pour certains LES TRAVAUX DE L’INRS ET SES PARTENAIRES DE RÉFÉRENCE risques spécifiques. Ainsi, des obligations particulières sont définies : I pour les substances ou préparations chimiques faisant l’objet d’un classement cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction en catégorie 1 ou 2 (articles R. 4412-40 à R. 4412-93 du code du travail et circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006), ou pour les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l’arrêté du 5 janvier 1993 modifié ; I pour les rayonnements ionisants (articles R. 4451-1 à R. 4457-14 du code du travail) ; I pour les agents biologiques (articles R. 4421-1 à R. 4427-5 du code du travail). De plus, des dispositions spécifiques supplémentaires concernent certaines catégories de travailleurs : I les femmes enceintes, qui viennent d’accoucher ou qui allaitent, exposées ou risquant d’être exposées aux agents chimiques dangereux, aux rayonnements ionisants ou aux agents biologiques (articles D. 4152-3 à D. 4152-7, D. 4152-9 à D. 4152-11 du code du travail) ; I les jeunes travailleurs exposés à des agents chimiques dangereux ou aux rayonnements ionisants (articles D. 4153-25 à D. 4153-28, D. 4153-33, D. 4153-34, D. 4153-41 à D. 4153-47 du code du travail) ; I les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée et les salariés temporaires exposés à des agents chimiques dangereux (articles D. 4154-1 à D. 4154-6 du code du travail). LES PUBLICATIONS INRS Brochures I ED 835 Les maladies professionnelles. Guide d’accès aux tableaux du régime général et du régime agricole de la Sécurité sociale Cahiers de notes documentaires – Hygiène et sécurité du travail I ED 984 Valeurs limites d'exposition professionnelle aux agents chimiques en France I ED 976 Produits chimiques cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction. Classification réglementaire Revue Documents pour le médecin du travail I « De la génotoxicité à la cancérogenèse » (29e congrès national de médecine du travail, Lyon, 30 mai – 2 juin 2006), DMT, n° 109, 4e trimestre 2006 Autre ouvrage publié à l’initiative de l'INRS I Avis d’experts : Le risque cancérogène du plomb, sous la direction de Benoît HervéBazin. EDP Sciences, 2004 I Dossier « L'étiquetage des substances et des préparations chimiques dangereuses » I Base de données : Fiches toxicologiques. Synthèses techniques et réglementaires des informations sur les risques liés à un produit ou à un groupe de produits. I Base de données : Biotox I Base de données : Métropol I Base de données : Solvex I Base de données : CMR Dossiers de la revue Travail et sécurité I Dossier « Risque chimique : l’exposition aux cancérogènes », Travail et sécurité, n° 607, mai 2001 I Dossier « Cancers professionnels : barrer la route aux risques », Travail et sécurité, n° 644, octobre 2004 Sur le site www.inrs.fr I Dossier « Le risque cancérogène en milieu professionnel » I Dossier « Agir sur le risque chimique cancérogène en entreprise » Actualité À l’initiative du Ministère du travail, une campagne nationale de contrôle ciblée sur l’utilisation et la substitution d’agents CMR de catégorie 1 ou 2 a été réalisée en 2006. Les contrôles ont été effectués par les services de l’Inspection du travail et les services de prévention des CRAM et CGSS avec le soutien technique de l’INRS. Les résultats de cette campagne seront publiés dans la revue Hygiène et sécurité du travail de l’INRS en 2007. Une étude, intitulée « Substances chimiques présentant des risques CMR potentiels au poste de travail : identification des substances prioritaires et travaux de classification » a été réalisée par l'INRS pour le Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement dans le cadre des actions engagées au titre du « plan national santé au travail » (PST) 2005-2009. Elle visait à identifier des substances chimiques prioritaires « CMR » sur la base notamment d'une étude critique des différences de classification CIRC/UE en vue de réévaluations éventuelles du classement UE. Un premier outil « Agir sur le risque cancérogène en entreprise » (2006) est disponible sur le site internet de l’INRS. Expertise Dans le cadre de la directive 67/548, le ministère chargé du travail a choisi l'INRS pour représenter l'État français dans différents groupes de travail européens chargés d'étudier la classification et l'étiquetage des substances chimiques dangereuses. Dans ce cadre, une attention particulière est accordée aux substances cancérogènes. Pour les besoins de l’évaluation de risque établie dans le cadre du règlement européen, menée en collaboration avec l’INERIS, une structure commune aux deux organismes a été formée en 2005, le BERPC (Bureau d’évaluation des risques des produits et agents chimiques). Par ailleurs, l’INRS est agréé par les pouvoirs publics pour recevoir les déclarations des produits chimiques mis sur le marché français afin d'informer les utilisateurs professionnels sur les dangers qu'ils comportent. Dans le cadre du futur dispositif réglementaire européen pour les substances chimiques, baptisé REACH (Registration, Evaluation, Autorisation and restriction of CHemicals), qui introduit un système global de contrôle des substances chimiques, il est prévu de mettre un accent particulier sur le contrôle de la mise sur le marché des cancérogènes, puisque les substances CMR de catégorie 1 ou 2 font partie des substances pouvant être incluses dans la liste des substances soumise à autorisation. Recherche L'INRS conduit divers travaux expérimentaux pour mieux connaître ou caractériser le pouvoir cancérogène potentiel de certains agents chimiques : I tests de cancérogenèse in vitro, pratiqués sur des cellules animales ou humaines en culture et appliqués aux fibres et aux particules (silices...) et aux agents qui génèrent des radicaux libres ; I tests de mutagenèse in vitro, pratiqués sur des cellules issues de rat transgénique et appliqués aux fibres et aux particules ; I tests de mutagenèse in vivo pratiqués chez le rat transgénique sur les fumées de bitume et les fibres céramiques. L'INRS mène par ailleurs des études sur la surveillance biologique de l'exposition professionnelle à certains agents cancérogènes : métaux (chrome en particulier), amines aromatiques... et pour la mise au point d’un dispositif de recueil urinaire adapté à la surveillance de travailleurs exposés à des produits chimiques dont des agents cancérogènes comme les HAP, le benzène… Des travaux sont effectués en collaboration avec d'autres organismes, notamment : les CRAM et les instituts ou les services de médecine du travail ; le CNRS et l'INSERM ; la faculté de médecine de Nancy. L’INRS a organisé un colloque consacré au risque cancérogène : « Wood Dust » (poussières de bois) à Strasbourg en octobre 2006 et organise un colloque à Paris en mars 2007 « Pour en finir avec le cancer de la vessie en milieu professionnel ». Enfin, au cours des deux dernières décennies, plus de vingt études épidémiologiques ont été conduites sur les risques de cancers professionnels. Il s'agit le plus souvent d'études de mortalité concernant des populations (cohortes) définies en milieu professionnel. Elles ont permis d'analyser les risques inhérents au travail dans des domaines aussi divers que : les mines de fer et de potasse, d’or ; la production de fibres minérales artificielles, de fibres céramiques, de talc et de pâte à papier ; la sidérurgie ; la production d'aluminium, de cobalt et de métaux durs ; la fabrication d'électrodes ; la distillation des goudrons ; l'imprimerie ; le traitement des eaux usées. Un nouveau système d'étiquetage des produits chimiques dangereux – système général harmonisé, SGH – doit être adopté au niveau européen à l'automne 2008 ; il remplacera progressivement le système actuel. Pour en savoir plus, consulter le site de l'INRS www.inrs.fr. Les méthodes de prélèvement et d'analyses pour l'évaluation de l'exposition professionnelle aux substances toxiques et aux cancérogènes ont fait l'objet d'une compilation dans la base de données METROPOL, accessible à partir du site Internet de l'INRS. Existe également la base de données SOLVEX qui regroupe 300 000 données d’expositions professionnelles à des solvants (dont certains sont des cancérogènes) utilisés en milieu de travail et la base de données BIOTOX, qui donne des informations sur une centaine de substances (dont des cancérogènes) auxquelles le salarié est susceptible d'être exposé et pour lesquelles une biométrologie existe. D'autre part, la base COLCHIC collecte toutes les données d'exposition professionnelle obtenues sur le terrain par les laboratoires spécialisés de l'INRS et les laboratoires de chimie des CRAM. Elle recense actuellement 500 000 résultats pour environ 80o substances. Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : [email protected] • 5 Point des connaissances ED 5013 Point des connaissances ED 5013 • • 3e édition (2006) • réimpression août 2008 • 10 000 ex. • ISBN 978-2-7389-1547-4 La survenue des cancers professionnels dépend de nombreux facteurs. Les cancérogènes peuvent être des produits chimiques mais aussi des agents physiques, biologiques… Ces pathologies peuvent concerner une proportion importante de la population salariée. À la demande du président de la République, la lutte contre le cancer est retenue comme priorité nationale. L’amélioration de la connaissance et de la prévention des cancers professionnels constitue par ailleurs une action prioritaire de la branche accidents du travail/ maladies professionnelles (AT/MP) pour les années 2004-2007. Information scientifique Auteurs : G. Brasseur, M. Héry, A. Leprince, F. Pillière avec G. Dornier Mise à jour 2006 : Michel Héry, Florence Pillière Contacts e-mail : [email protected], [email protected] Avertissement ! ED 5013 LE POINT DES CONNAISSANCES SUR… • Dans l’industrie pétrolière Les cancers professionnels Un cancer est dit « professionnel » s'il est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité. S'agissant d'une affection multifactorielle, qui met également en jeu des facteurs environnementaux ou personnels (le tabac notamment), il est difficile d'évaluer avec précision la part attribuable aux facteurs professionnels. On estime toutefois que 4 à 8,5 % des cas de cancers sont d'origine professionnelle, 15 % dans le cas particulier du cancer du poumon. En 2004, près de 4 % des maladies professionnelles reconnues et indemnisées étaient des cancers. D'après les résultats de l'enquête SUMER 2002-2003, en France, 2 370 000 salariés seraient exposés dans leur travail à au moins un agent cancérogène, ce qui correspondrait à 3 600 000 situations d'exposition. À noter que les données des enquêtes SUMER 1994 et 2002-2003 ne peuvent être comparées, les conditions d'investigation étant différentes. ques ou physiques d'origine industrielle concernerait entre 1,4 à 2,6 millions de travailleurs sur l'ensemble du territoire national. Les agents cancérogènes, définis comme tels car ils sont capables de provoquer le cancer, de favoriser une survenue plus précoce des cancers ou d'en augmenter la fréquence d'apparition, peuvent être des agents chimiques, physiques ou biologiques. Les chiffres disponibles, issus notamment de la base internationale CAREX (Carcinogen Exposure), indiquent pour leur part que l'exposition à des agents cancérogènes chimiques, biologi- La classification qui a valeur réglementaire est celle de l'Union européenne, qui ne porte que sur des substances chimiques. Elle définit trois catégories de substances chimiques cancérogènes sur la base d'études épidémiologiques ou expérimentales. D'autres classifications existent, comme celle du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), qui évalue les dangers liés à des agents (produits chimiques, agents biologiques ou physiques) CLASSIFICATION 115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 2 mais aussi à des situations d'exposition ou des procédés industriels. Elle n'a pas valeur réglementaire mais dresse un état des lieux des connaissances sur le caractère cancérogène d'un agent donné. RISQUES POUR L’HOMME Repérer le danger Toute démarche de prévention nécessite une évaluation du risque dont la première étape consiste à repérer les dangers. Ce repérage n'est pas simple : dans certains cas complexes, des impuretés cancérogènes sont dissimulées dans des produits ou mélanges qui ne sont pas repérés comme tels. La formation de produits cancérogènes peut également survenir au cours de procédés industriels. D'autre part, des substances nouvelles apparaissent continuellement sur le marché, sans qu'une classification ait été établie et que l'on dispose de suffisamment de recul pour pouvoir les identifier en tant que cancérogènes. Comment procéder ? Le premier travail consiste à inventorier les agents cancérogènes utilisés ou susceptibles d'être rencontrés dans les activités de travail. L’étiquetage est une source d'information incontournable pour l'utilisateur de produits chimiques. Le risque cancérogène peut être repéré par les phrases de risque R45 « Peut provoquer le cancer » et R49 « Peut provoquer le cancer par inhalation » associées au symbole « Toxique » (cancérogènes de première et deuxième catégories) et la phrase de risque R40 « Effet cancérogène suspecté, preuves insuffisantes » associée au symbole « Nocif » (cancérogène de troisième catégorie). La fiche de données de sécurité (FDS), établie par le fabricant et devant être associée à toute substance ou préparation chimique dangereuse qui pénètre dans l'entreprise, vient compléter cette information. Elle renseigne sur les effets des substances désignées sur la santé et l'environnement, les moyens de s'en protéger et la conduite à tenir en cas d'urgence. L'employeur doit la transmettre au médecin du travail et informer le personnel de son contenu. La délimitation et la signalisation appropriée des zones, l'affichage des consignes de protection ainsi que la mise à disposition des notices ou fiches techniques des appareils s'ajoutent à l'information fournie par l'étiquetage pour la problématique de repérage des sources radioactives. Les classifications, enfin, constituent un outil indispensable pour l'identification du danger cancérogène. Elles évoluent en fonction des résultats des recherches en épidémiologie et toxicologie. Le potentiel 2 Point des connaissances ED 5013 cancérogène des substances utilisées dans l'industrie depuis longtemps est ainsi parfois identifié tardivement. Outre les produits chimiques, d'autres agents cancérogènes peuvent être retrouvés lors d'expositions professionnelles : les rayonnements ionisants, à l'origine de cancers clairement identifiés (leucémies, cancers bronchopulmonaires, sarcomes osseux) ou suspectés, ou encore des agents viraux comme les virus des hépatites, qui possèdent un potentiel oncogénique hépatique reconnu, alors même que leurs mécanismes d'action restent obscurs. COMMENT PROTÉGER LES HOMMES ? QUELLE DÉMARCHE DE PRÉVENTION METTRE EN PLACE ? Évaluer l’exposition Cette démarche impose de connaître les voies d'exposition en milieu professionnel : principalement l'inhalation (poussières, gaz, aérosols), mais aussi la pénétration cutanée et l'ingestion (par l'intermédiaire de mains souillées...). La quantification de l'exposition met en jeu différentes méthodes. Les visites de postes constituent un point de départ fondamental (recensement des tâches exposantes, précisions sur la durée, la fréquence, les quantités manipulées...), auxquelles s'ajoutent la métrologie d'atmosphère (au niveau des postes et des ambiances de travail ou des individus) et la biométrologie (pour évaluer l'imprégnation des salariés). Des renseignements sont également fournis par des méthodes qui s'appuient sur la documentation scientifique, les intitulés des emplois ou encore les matrices emploi/exposition. Les expositions sont le plus souvent multiples et variables dans le temps. Leurs durée et fréquence exactes sont généralement méconnues. Les temps de latence parfois très longs (20 à 50 ans) avant l'apparition de lésions cancéreuses justifient la nécessité de s'intéresser aux expositions anciennes. Gérer le risque Dans les activités susceptibles de présenter un risque d'exposition à une substance chimique cancérogène de catégorie 1 ou 21, le décret de 1992 T - Toxique introduit pour la première fois dans le code du travail des dispositions relatives à la prévention du risque cancérogène, quelle que soit la substance visée. L'employeur a pour obligation d'appliquer les principes généraux de prévention et mettre en œuvre les actions prioritaires telles qu'elles sont dictées par le décret CMR : I Évaluation des risques : nature, niveau et durée de l'exposition à l'agent cancérogène ou mutagène, afin de définir des mesures de prévention et des procédures et méthodes de travail appropriées. Substitution obligatoire de la substance dangereuse par un autre produit ou un autre procédé lorsque c'est techniquement possible. I I Travail en système clos lorsque c'est techniquement possible et qu'une substitution n'a pu être mise en place. Captage des polluants à la source lorsque la substitution et le travail en système clos ne sont pas applicables, et en particulier, lorsqu'il y a rupture du confinement (opérations de maintenance, échantillonnage, nettoyage). rité sociale peut tenir compte, en diligentant une enquête (circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006). Il existe des valeurs limites d'exposition professionnelle dont certaines sont des valeurs limites réglementaires contraignantes pour des agents tels que le benzène, l'amiante, le chlorure de vinyle, la silice, le plomb, les poussières de bois. I Danger nucléaire S’il s’agit d’exposition aux rayonnements ionisants, les principes fondamentaux de la radioprotection s’appliquent : I I Justification de l'utilisation des rayonnements ionisants par les avantages qu'elle procure. Limitation du nombre de travailleurs exposés ou susceptibles de l'être. I Optimisation des moyens de radioprotection, basée sur la notion ALARA (obtenir des expositions aussi basses que raisonnablement possible). Limitation des quantités d’un agent cancérogène ou mutagène présent sur le lieu de travail. I Mesures de protection collective ou lorsque l’exposition ne peut être évitée par d’autres moyens, mesures de protection individuelle. I I Installation de dispositifs de détection et de mesures de sécurité et d’hygiène (en particulier lors d'éventuelles ruptures du confinement des systèmes clos). Délimitation et balisage des zones à risques, étiquetage des récipients. I I Limitation des doses pour tous les travailleurs. I Évaluation des risques par l'analyse des postes de travail. I I Délimitation des zones dans les locaux de travail et contrôles techniques de radioprotection. Veille au respect des mesures de radioprotection. I I Désignation d'une personne compétente. I Formation et information des travailleurs exposés. I Suivi des salariés (suivi dosimétrique, suivi médical, classement des travailleurs). En milieu professionnel, la réglementation fixe des limites annuelles à 6 milliSieverts (mSv) ou 20 mSv/an en dose efficace, sur 12 mois consécutifs, suivant la catégorie de travailleurs exposés. Risque biologique S’il s’agit d’exposition à des agents biologiques classés cancérogènes ou suspectés de l'être, les obligations prioritaires de l'employeur sont les suivantes : I Évaluation des risques, qui doit prendre en compte le risque infectieux, mais également les risques immuno-allergiques et toxiniques. Dans le cas d'une utilisation délibérée, remplacement, si la nature de l'activité le permet, des agents biologiques dangereux par d'autres qui ne le sont pas ou qui le sont moins. I I Dans les cas où il y a un risque pour la sécurité ou la santé des travailleurs, toute exposition doit être évitée, ou si elle ne peut l'être, réduite en limitant le nombre de tra- vailleurs exposés ou susceptibles de l'être, en définissant des processus de travail et des mesures de contrôle technique ou de confinement, en effectuant une signalisation et en mettant en place des mesures de protection collective et individuelle. les salariés exposés (surveillance médicale renforcée) ou ayant été exposés (surveillance post-exposition) à des agents ou procédés cancérogènes font l'objet d'une surveillance médicale régulière pendant toute la durée de leur activité professionnelle. I Établissement des consignes de sécurité interdisant l'introduction de nourriture et de boisson, d'articles pour fumeurs, de cosmétiques et de mouchoirs autres que les mouchoirs en papier (éliminés comme des déchets contaminés). Les visites médicales périodiques sont un I Formation et information des travailleurs susceptibles d'être exposés. Dans le cadre de la médecine du travail, tous Une surveillance médicale, post-exposition pour les salariés toujours en activité, ou post-professionnelle pour ceux qui ont cessé toute activité est prévue par décret (article D. 461-25 du code de la Sécurité sociale). À cette fin, une attestation d’exposition est remise au travailleur à son départ. Elle doit être remplie par l’employeur et le médecin du travail (modèle d’attestation prévu par l’arrêté du 28 février 1995) ; en cas de désaccord entre médecin du travail et employeur, le médecin du travail peut délivrer à l’intéressé un certificat dont l’organisme de Sécu- 1. Ces dispositions concernent les substances ou préparations chimiques faisant l'objet d'un classement cancérogène en catégorie 1 ou 2 ainsi que les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l'arrêté du 5 Janvier 1993 modifié. DEUX CLASSIFICATIONS Classification de l’Union européenne 1re catégorie : substances que l'on sait être cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour établir l'existence d'une relation de cause à effet entre l'exposition de l'homme à de telles substances et l'apparition d'un cancer. » Exemples : benzène, amiante 2e catégorie : substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour justifier une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances peut provoquer un cancer. Cette présomption est généralement fondée sur des études appropriées à long terme sur l'animal ou d'autres informations appropriées. » Exemples : oxyde d’éthylène, benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 3e catégorie : substances préoccupantes pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles mais pour lesquelles les informations disponibles ne permettent pas une évaluation suffisante « Il existe des informations issues d'études 3 Point des connaissances ED 5013 adéquates sur les animaux, mais elles sont insuffisantes pour classer la substance dans la deuxième catégorie. » Exemples : laines minérales http://ecb.jrc.it Aucun agent biologique ni aucune toxine produite par un agent biologique ne figure dans cette classification. Classification du CIRC Groupe 1 : « L'agent ou le mélange est cancérogène pour l'homme. L'exposition à cet agent provoque des effets cancérogènes pour l'homme. » Exemples : benzène, amiante, poussières de bois, formaldéhyde, oxyde d’éthylène Groupe 2 : 2A : « L'agent ou le mélange est probablement cancérogène pour l'homme. Les conditions d'exposition impliquent un risque cancérogène probable pour l'homme. » Exemples : benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 2B : « L'agent ou le mélange est un cancérogène possible pour l'homme. » Exemples : cobalt et ses composés Classement par numéro de tableau Agents cancérogènes Types de cancer Numéro de TMP Benzène Leucémies, syndrôme myéloprolifératif, hypercytoses d’origine myélodysplasique 4 Rayonnements ionisants Sarcome osseux, cancer bronchopulmonaire primitif par inhalation , leucémies 6 Acide chromique, chromate de zinc, chromates et bichromates alcalins et alcalino-ferreux Cancer bronchopulmonaire primitif, cancer des cavités nasales 10 ter Amines aromatiques et leurs sels et la N-nitrosodibutylamine et ses sels Cancer de la vessie 15 ter Brais de houille, goudrons de houille, huiles de houille, suies de combustion du charbon Cancer bronchopulmonaire primitif, tumeurs malignes de vessie, épithéliomas primitifs de la peau 16 bis Arsenic et composés minéraux Maladie de Bowen, épithélioma cutané primitif, angiosarcome du foie Poussières ou vapeurs arsénicales Cancer bronchique primitif 20 bis Arseno-pyrites aurifères Cancer bronchique primitif 20 ter Silice Cancer bronchopulmonaire primitif, associé à des signes de silicose 25A Amiante Mésothéliome de la plèvre, du péritoine et du péricarde, autres tumeurs pleurales, dégénérescence maligne bronchopulmonaire 30 Amiante Cancer bronchopulmonaire primitif 30 bis Dérivés du pétrole Épithéliomas primitifs de la peau 36 bis Nickel Cancer de l'ethmoïde et des sinus de la face, cancer bronchique primitif 37 ter Fer, oxydes de fer Cancer bronchopulmonaire primitif 44 bis Hépatites à virus B et C Carcinome hépatocellulaire 45II Poussières de bois Carcinome des fosses nasales, de l’ethmoïde et des autres sinus de la face 47B Chlorure de vinyle monomère Angiosarcome 52 Cobalt et carbure de tungstène Cancer bronchopulmonaire primitif Bis(chlorométhyle)éther Cancer bronchique primitif 81 N-éthyl N’nitro N-nitrosoguanidine, N-éthyl N-nitrosourée, N-méthyl N’-nitro N-nitrosoguanidine, N-méthyl N-nitrosourée Glioblastome 85 Rôle du médecin du travail Son rôle essentiel est de prévenir toute altération de la santé en rapport avec le travail. Pour assurer cette mission, il dispose de deux moyens : la visite médicale et l'étude du poste de travail. Avant toute affectation à des travaux exposant à un agent avéré cancérogène, le salarié fait l’objet d’un examen préalable par le médecin du travail. Groupe 3 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) ne peut être classé du point de vue de sa cancérogénicité pour l'homme. » Exemple : laines minérales Groupe 4 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) est probablement non cancérogène pour l'homme. » exposition et post-professionnelle. L'examen clinique qui a lieu au cours de ces visites peut être complété par des examens de dépistage ou des examens biométrologiques permettant d'évaluer l'exposition individuelle. Les agents cancérogènes et les types de cancer figurant dans les tableaux de maladies professionnelles (TMP) du régime général de la Sécurité sociale Il n'existe, en France comme à l'étranger, aucune valeur limite réglementaire ou recommandée dans le domaine de l'exposition aux agents biologiques. Formation et information des travailleurs. I Suivi médical : surveillance médicale renforcée pendant toute la durée de l'activité professionnelle, constitution d'un dossier médical à conserver pendant 50 ans au moins pour chaque travailleur exposé à un agent cancérogène ou mutagène (comportant un double de la fiche d'exposition établie par l'employeur), établissement d'une fiche d'aptitude par le médecin du travail (renouvelée au moins une fois par an) avec attestation de non-contre-indication médicale à ces travaux. moment privilégié pour recueillir des informations sur les conditions d'exposition, informer sur l'exposition professionnelle et les mesures de prévention, évoquer les facteurs susceptibles de majorer le risque (tabagisme notamment) et expliquer les modalités et l'intérêt de la surveillance médicale, y compris les surveillances post- 20 http://www.iarc.fr Outre les agents d'origine chimique, le CIRC classe comme « agent cancérogène » dans l'un de ses quatre groupes, des agents biologiques, comme le virus d'Epstein-Barr (groupe 1) ou certains types de papillomavirus humains (groupe 1 ou 2A) ; les effets de certains agents biologiques comme les infections chroniques par les virus des hépatites B et C (groupe 1) ; des contaminants naturels produits par certains agents biologiques comme certaines aflatoxines (groupe 1 ou 2B) ou d'autres mycotoxines (groupe 2B ou 3). Enfin les rayonnements ionisants et non ionisants sont classés par le CIRC comme « agents cancérogènes » : les rayons X et gamma, radon (groupe 1) ; les UVA et UVB (groupe 2A). 70 ter ED 5013 Point des connaissances 4 115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 2 mais aussi à des situations d'exposition ou des procédés industriels. Elle n'a pas valeur réglementaire mais dresse un état des lieux des connaissances sur le caractère cancérogène d'un agent donné. RISQUES POUR L’HOMME Repérer le danger Toute démarche de prévention nécessite une évaluation du risque dont la première étape consiste à repérer les dangers. Ce repérage n'est pas simple : dans certains cas complexes, des impuretés cancérogènes sont dissimulées dans des produits ou mélanges qui ne sont pas repérés comme tels. La formation de produits cancérogènes peut également survenir au cours de procédés industriels. D'autre part, des substances nouvelles apparaissent continuellement sur le marché, sans qu'une classification ait été établie et que l'on dispose de suffisamment de recul pour pouvoir les identifier en tant que cancérogènes. Comment procéder ? Le premier travail consiste à inventorier les agents cancérogènes utilisés ou susceptibles d'être rencontrés dans les activités de travail. L’étiquetage est une source d'information incontournable pour l'utilisateur de produits chimiques. Le risque cancérogène peut être repéré par les phrases de risque R45 « Peut provoquer le cancer » et R49 « Peut provoquer le cancer par inhalation » associées au symbole « Toxique » (cancérogènes de première et deuxième catégories) et la phrase de risque R40 « Effet cancérogène suspecté, preuves insuffisantes » associée au symbole « Nocif » (cancérogène de troisième catégorie). La fiche de données de sécurité (FDS), établie par le fabricant et devant être associée à toute substance ou préparation chimique dangereuse qui pénètre dans l'entreprise, vient compléter cette information. Elle renseigne sur les effets des substances désignées sur la santé et l'environnement, les moyens de s'en protéger et la conduite à tenir en cas d'urgence. L'employeur doit la transmettre au médecin du travail et informer le personnel de son contenu. La délimitation et la signalisation appropriée des zones, l'affichage des consignes de protection ainsi que la mise à disposition des notices ou fiches techniques des appareils s'ajoutent à l'information fournie par l'étiquetage pour la problématique de repérage des sources radioactives. Les classifications, enfin, constituent un outil indispensable pour l'identification du danger cancérogène. Elles évoluent en fonction des résultats des recherches en épidémiologie et toxicologie. Le potentiel 2 Point des connaissances ED 5013 cancérogène des substances utilisées dans l'industrie depuis longtemps est ainsi parfois identifié tardivement. Outre les produits chimiques, d'autres agents cancérogènes peuvent être retrouvés lors d'expositions professionnelles : les rayonnements ionisants, à l'origine de cancers clairement identifiés (leucémies, cancers bronchopulmonaires, sarcomes osseux) ou suspectés, ou encore des agents viraux comme les virus des hépatites, qui possèdent un potentiel oncogénique hépatique reconnu, alors même que leurs mécanismes d'action restent obscurs. COMMENT PROTÉGER LES HOMMES ? QUELLE DÉMARCHE DE PRÉVENTION METTRE EN PLACE ? Évaluer l’exposition Cette démarche impose de connaître les voies d'exposition en milieu professionnel : principalement l'inhalation (poussières, gaz, aérosols), mais aussi la pénétration cutanée et l'ingestion (par l'intermédiaire de mains souillées...). La quantification de l'exposition met en jeu différentes méthodes. Les visites de postes constituent un point de départ fondamental (recensement des tâches exposantes, précisions sur la durée, la fréquence, les quantités manipulées...), auxquelles s'ajoutent la métrologie d'atmosphère (au niveau des postes et des ambiances de travail ou des individus) et la biométrologie (pour évaluer l'imprégnation des salariés). Des renseignements sont également fournis par des méthodes qui s'appuient sur la documentation scientifique, les intitulés des emplois ou encore les matrices emploi/exposition. Les expositions sont le plus souvent multiples et variables dans le temps. Leurs durée et fréquence exactes sont généralement méconnues. Les temps de latence parfois très longs (20 à 50 ans) avant l'apparition de lésions cancéreuses justifient la nécessité de s'intéresser aux expositions anciennes. Gérer le risque Dans les activités susceptibles de présenter un risque d'exposition à une substance chimique cancérogène de catégorie 1 ou 21, le décret de 1992 T - Toxique introduit pour la première fois dans le code du travail des dispositions relatives à la prévention du risque cancérogène, quelle que soit la substance visée. L'employeur a pour obligation d'appliquer les principes généraux de prévention et mettre en œuvre les actions prioritaires telles qu'elles sont dictées par le décret CMR : I Évaluation des risques : nature, niveau et durée de l'exposition à l'agent cancérogène ou mutagène, afin de définir des mesures de prévention et des procédures et méthodes de travail appropriées. Substitution obligatoire de la substance dangereuse par un autre produit ou un autre procédé lorsque c'est techniquement possible. I I Travail en système clos lorsque c'est techniquement possible et qu'une substitution n'a pu être mise en place. Captage des polluants à la source lorsque la substitution et le travail en système clos ne sont pas applicables, et en particulier, lorsqu'il y a rupture du confinement (opérations de maintenance, échantillonnage, nettoyage). rité sociale peut tenir compte, en diligentant une enquête (circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006). Il existe des valeurs limites d'exposition professionnelle dont certaines sont des valeurs limites réglementaires contraignantes pour des agents tels que le benzène, l'amiante, le chlorure de vinyle, la silice, le plomb, les poussières de bois. I Danger nucléaire S’il s’agit d’exposition aux rayonnements ionisants, les principes fondamentaux de la radioprotection s’appliquent : I I Justification de l'utilisation des rayonnements ionisants par les avantages qu'elle procure. Limitation du nombre de travailleurs exposés ou susceptibles de l'être. I Optimisation des moyens de radioprotection, basée sur la notion ALARA (obtenir des expositions aussi basses que raisonnablement possible). Limitation des quantités d’un agent cancérogène ou mutagène présent sur le lieu de travail. I Mesures de protection collective ou lorsque l’exposition ne peut être évitée par d’autres moyens, mesures de protection individuelle. I I Installation de dispositifs de détection et de mesures de sécurité et d’hygiène (en particulier lors d'éventuelles ruptures du confinement des systèmes clos). Délimitation et balisage des zones à risques, étiquetage des récipients. I I Limitation des doses pour tous les travailleurs. I Évaluation des risques par l'analyse des postes de travail. I I Délimitation des zones dans les locaux de travail et contrôles techniques de radioprotection. Veille au respect des mesures de radioprotection. I I Désignation d'une personne compétente. I Formation et information des travailleurs exposés. I Suivi des salariés (suivi dosimétrique, suivi médical, classement des travailleurs). En milieu professionnel, la réglementation fixe des limites annuelles à 6 milliSieverts (mSv) ou 20 mSv/an en dose efficace, sur 12 mois consécutifs, suivant la catégorie de travailleurs exposés. Risque biologique S’il s’agit d’exposition à des agents biologiques classés cancérogènes ou suspectés de l'être, les obligations prioritaires de l'employeur sont les suivantes : I Évaluation des risques, qui doit prendre en compte le risque infectieux, mais également les risques immuno-allergiques et toxiniques. Dans le cas d'une utilisation délibérée, remplacement, si la nature de l'activité le permet, des agents biologiques dangereux par d'autres qui ne le sont pas ou qui le sont moins. I I Dans les cas où il y a un risque pour la sécurité ou la santé des travailleurs, toute exposition doit être évitée, ou si elle ne peut l'être, réduite en limitant le nombre de tra- vailleurs exposés ou susceptibles de l'être, en définissant des processus de travail et des mesures de contrôle technique ou de confinement, en effectuant une signalisation et en mettant en place des mesures de protection collective et individuelle. les salariés exposés (surveillance médicale renforcée) ou ayant été exposés (surveillance post-exposition) à des agents ou procédés cancérogènes font l'objet d'une surveillance médicale régulière pendant toute la durée de leur activité professionnelle. I Établissement des consignes de sécurité interdisant l'introduction de nourriture et de boisson, d'articles pour fumeurs, de cosmétiques et de mouchoirs autres que les mouchoirs en papier (éliminés comme des déchets contaminés). Les visites médicales périodiques sont un I Formation et information des travailleurs susceptibles d'être exposés. Dans le cadre de la médecine du travail, tous Une surveillance médicale, post-exposition pour les salariés toujours en activité, ou post-professionnelle pour ceux qui ont cessé toute activité est prévue par décret (article D. 461-25 du code de la Sécurité sociale). À cette fin, une attestation d’exposition est remise au travailleur à son départ. Elle doit être remplie par l’employeur et le médecin du travail (modèle d’attestation prévu par l’arrêté du 28 février 1995) ; en cas de désaccord entre médecin du travail et employeur, le médecin du travail peut délivrer à l’intéressé un certificat dont l’organisme de Sécu- 1. Ces dispositions concernent les substances ou préparations chimiques faisant l'objet d'un classement cancérogène en catégorie 1 ou 2 ainsi que les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l'arrêté du 5 Janvier 1993 modifié. DEUX CLASSIFICATIONS Classification de l’Union européenne 1re catégorie : substances que l'on sait être cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour établir l'existence d'une relation de cause à effet entre l'exposition de l'homme à de telles substances et l'apparition d'un cancer. » Exemples : benzène, amiante 2e catégorie : substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour justifier une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances peut provoquer un cancer. Cette présomption est généralement fondée sur des études appropriées à long terme sur l'animal ou d'autres informations appropriées. » Exemples : oxyde d’éthylène, benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 3e catégorie : substances préoccupantes pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles mais pour lesquelles les informations disponibles ne permettent pas une évaluation suffisante « Il existe des informations issues d'études 3 Point des connaissances ED 5013 adéquates sur les animaux, mais elles sont insuffisantes pour classer la substance dans la deuxième catégorie. » Exemples : laines minérales http://ecb.jrc.it Aucun agent biologique ni aucune toxine produite par un agent biologique ne figure dans cette classification. Classification du CIRC Groupe 1 : « L'agent ou le mélange est cancérogène pour l'homme. L'exposition à cet agent provoque des effets cancérogènes pour l'homme. » Exemples : benzène, amiante, poussières de bois, formaldéhyde, oxyde d’éthylène Groupe 2 : 2A : « L'agent ou le mélange est probablement cancérogène pour l'homme. Les conditions d'exposition impliquent un risque cancérogène probable pour l'homme. » Exemples : benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 2B : « L'agent ou le mélange est un cancérogène possible pour l'homme. » Exemples : cobalt et ses composés Classement par numéro de tableau Agents cancérogènes Types de cancer Numéro de TMP Benzène Leucémies, syndrôme myéloprolifératif, hypercytoses d’origine myélodysplasique 4 Rayonnements ionisants Sarcome osseux, cancer bronchopulmonaire primitif par inhalation , leucémies 6 Acide chromique, chromate de zinc, chromates et bichromates alcalins et alcalino-ferreux Cancer bronchopulmonaire primitif, cancer des cavités nasales 10 ter Amines aromatiques et leurs sels et la N-nitrosodibutylamine et ses sels Cancer de la vessie 15 ter Brais de houille, goudrons de houille, huiles de houille, suies de combustion du charbon Cancer bronchopulmonaire primitif, tumeurs malignes de vessie, épithéliomas primitifs de la peau 16 bis Arsenic et composés minéraux Maladie de Bowen, épithélioma cutané primitif, angiosarcome du foie Poussières ou vapeurs arsénicales Cancer bronchique primitif 20 bis Arseno-pyrites aurifères Cancer bronchique primitif 20 ter Silice Cancer bronchopulmonaire primitif, associé à des signes de silicose 25A Amiante Mésothéliome de la plèvre, du péritoine et du péricarde, autres tumeurs pleurales, dégénérescence maligne bronchopulmonaire 30 Amiante Cancer bronchopulmonaire primitif 30 bis Dérivés du pétrole Épithéliomas primitifs de la peau 36 bis Nickel Cancer de l'ethmoïde et des sinus de la face, cancer bronchique primitif 37 ter Fer, oxydes de fer Cancer bronchopulmonaire primitif 44 bis Hépatites à virus B et C Carcinome hépatocellulaire 45II Poussières de bois Carcinome des fosses nasales, de l’ethmoïde et des autres sinus de la face 47B Chlorure de vinyle monomère Angiosarcome 52 Cobalt et carbure de tungstène Cancer bronchopulmonaire primitif Bis(chlorométhyle)éther Cancer bronchique primitif 81 N-éthyl N’nitro N-nitrosoguanidine, N-éthyl N-nitrosourée, N-méthyl N’-nitro N-nitrosoguanidine, N-méthyl N-nitrosourée Glioblastome 85 Rôle du médecin du travail Son rôle essentiel est de prévenir toute altération de la santé en rapport avec le travail. Pour assurer cette mission, il dispose de deux moyens : la visite médicale et l'étude du poste de travail. Avant toute affectation à des travaux exposant à un agent avéré cancérogène, le salarié fait l’objet d’un examen préalable par le médecin du travail. Groupe 3 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) ne peut être classé du point de vue de sa cancérogénicité pour l'homme. » Exemple : laines minérales Groupe 4 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) est probablement non cancérogène pour l'homme. » exposition et post-professionnelle. L'examen clinique qui a lieu au cours de ces visites peut être complété par des examens de dépistage ou des examens biométrologiques permettant d'évaluer l'exposition individuelle. Les agents cancérogènes et les types de cancer figurant dans les tableaux de maladies professionnelles (TMP) du régime général de la Sécurité sociale Il n'existe, en France comme à l'étranger, aucune valeur limite réglementaire ou recommandée dans le domaine de l'exposition aux agents biologiques. Formation et information des travailleurs. I Suivi médical : surveillance médicale renforcée pendant toute la durée de l'activité professionnelle, constitution d'un dossier médical à conserver pendant 50 ans au moins pour chaque travailleur exposé à un agent cancérogène ou mutagène (comportant un double de la fiche d'exposition établie par l'employeur), établissement d'une fiche d'aptitude par le médecin du travail (renouvelée au moins une fois par an) avec attestation de non-contre-indication médicale à ces travaux. moment privilégié pour recueillir des informations sur les conditions d'exposition, informer sur l'exposition professionnelle et les mesures de prévention, évoquer les facteurs susceptibles de majorer le risque (tabagisme notamment) et expliquer les modalités et l'intérêt de la surveillance médicale, y compris les surveillances post- 20 http://www.iarc.fr Outre les agents d'origine chimique, le CIRC classe comme « agent cancérogène » dans l'un de ses quatre groupes, des agents biologiques, comme le virus d'Epstein-Barr (groupe 1) ou certains types de papillomavirus humains (groupe 1 ou 2A) ; les effets de certains agents biologiques comme les infections chroniques par les virus des hépatites B et C (groupe 1) ; des contaminants naturels produits par certains agents biologiques comme certaines aflatoxines (groupe 1 ou 2B) ou d'autres mycotoxines (groupe 2B ou 3). Enfin les rayonnements ionisants et non ionisants sont classés par le CIRC comme « agents cancérogènes » : les rayons X et gamma, radon (groupe 1) ; les UVA et UVB (groupe 2A). 70 ter ED 5013 Point des connaissances 4 115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 2 mais aussi à des situations d'exposition ou des procédés industriels. Elle n'a pas valeur réglementaire mais dresse un état des lieux des connaissances sur le caractère cancérogène d'un agent donné. RISQUES POUR L’HOMME Repérer le danger Toute démarche de prévention nécessite une évaluation du risque dont la première étape consiste à repérer les dangers. Ce repérage n'est pas simple : dans certains cas complexes, des impuretés cancérogènes sont dissimulées dans des produits ou mélanges qui ne sont pas repérés comme tels. La formation de produits cancérogènes peut également survenir au cours de procédés industriels. D'autre part, des substances nouvelles apparaissent continuellement sur le marché, sans qu'une classification ait été établie et que l'on dispose de suffisamment de recul pour pouvoir les identifier en tant que cancérogènes. Comment procéder ? Le premier travail consiste à inventorier les agents cancérogènes utilisés ou susceptibles d'être rencontrés dans les activités de travail. L’étiquetage est une source d'information incontournable pour l'utilisateur de produits chimiques. Le risque cancérogène peut être repéré par les phrases de risque R45 « Peut provoquer le cancer » et R49 « Peut provoquer le cancer par inhalation » associées au symbole « Toxique » (cancérogènes de première et deuxième catégories) et la phrase de risque R40 « Effet cancérogène suspecté, preuves insuffisantes » associée au symbole « Nocif » (cancérogène de troisième catégorie). La fiche de données de sécurité (FDS), établie par le fabricant et devant être associée à toute substance ou préparation chimique dangereuse qui pénètre dans l'entreprise, vient compléter cette information. Elle renseigne sur les effets des substances désignées sur la santé et l'environnement, les moyens de s'en protéger et la conduite à tenir en cas d'urgence. L'employeur doit la transmettre au médecin du travail et informer le personnel de son contenu. La délimitation et la signalisation appropriée des zones, l'affichage des consignes de protection ainsi que la mise à disposition des notices ou fiches techniques des appareils s'ajoutent à l'information fournie par l'étiquetage pour la problématique de repérage des sources radioactives. Les classifications, enfin, constituent un outil indispensable pour l'identification du danger cancérogène. Elles évoluent en fonction des résultats des recherches en épidémiologie et toxicologie. Le potentiel 2 Point des connaissances ED 5013 cancérogène des substances utilisées dans l'industrie depuis longtemps est ainsi parfois identifié tardivement. Outre les produits chimiques, d'autres agents cancérogènes peuvent être retrouvés lors d'expositions professionnelles : les rayonnements ionisants, à l'origine de cancers clairement identifiés (leucémies, cancers bronchopulmonaires, sarcomes osseux) ou suspectés, ou encore des agents viraux comme les virus des hépatites, qui possèdent un potentiel oncogénique hépatique reconnu, alors même que leurs mécanismes d'action restent obscurs. COMMENT PROTÉGER LES HOMMES ? QUELLE DÉMARCHE DE PRÉVENTION METTRE EN PLACE ? Évaluer l’exposition Cette démarche impose de connaître les voies d'exposition en milieu professionnel : principalement l'inhalation (poussières, gaz, aérosols), mais aussi la pénétration cutanée et l'ingestion (par l'intermédiaire de mains souillées...). La quantification de l'exposition met en jeu différentes méthodes. Les visites de postes constituent un point de départ fondamental (recensement des tâches exposantes, précisions sur la durée, la fréquence, les quantités manipulées...), auxquelles s'ajoutent la métrologie d'atmosphère (au niveau des postes et des ambiances de travail ou des individus) et la biométrologie (pour évaluer l'imprégnation des salariés). Des renseignements sont également fournis par des méthodes qui s'appuient sur la documentation scientifique, les intitulés des emplois ou encore les matrices emploi/exposition. Les expositions sont le plus souvent multiples et variables dans le temps. Leurs durée et fréquence exactes sont généralement méconnues. Les temps de latence parfois très longs (20 à 50 ans) avant l'apparition de lésions cancéreuses justifient la nécessité de s'intéresser aux expositions anciennes. Gérer le risque Dans les activités susceptibles de présenter un risque d'exposition à une substance chimique cancérogène de catégorie 1 ou 21, le décret de 1992 T - Toxique introduit pour la première fois dans le code du travail des dispositions relatives à la prévention du risque cancérogène, quelle que soit la substance visée. L'employeur a pour obligation d'appliquer les principes généraux de prévention et mettre en œuvre les actions prioritaires telles qu'elles sont dictées par le décret CMR : I Évaluation des risques : nature, niveau et durée de l'exposition à l'agent cancérogène ou mutagène, afin de définir des mesures de prévention et des procédures et méthodes de travail appropriées. Substitution obligatoire de la substance dangereuse par un autre produit ou un autre procédé lorsque c'est techniquement possible. I I Travail en système clos lorsque c'est techniquement possible et qu'une substitution n'a pu être mise en place. Captage des polluants à la source lorsque la substitution et le travail en système clos ne sont pas applicables, et en particulier, lorsqu'il y a rupture du confinement (opérations de maintenance, échantillonnage, nettoyage). rité sociale peut tenir compte, en diligentant une enquête (circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006). Il existe des valeurs limites d'exposition professionnelle dont certaines sont des valeurs limites réglementaires contraignantes pour des agents tels que le benzène, l'amiante, le chlorure de vinyle, la silice, le plomb, les poussières de bois. I Danger nucléaire S’il s’agit d’exposition aux rayonnements ionisants, les principes fondamentaux de la radioprotection s’appliquent : I I Justification de l'utilisation des rayonnements ionisants par les avantages qu'elle procure. Limitation du nombre de travailleurs exposés ou susceptibles de l'être. I Optimisation des moyens de radioprotection, basée sur la notion ALARA (obtenir des expositions aussi basses que raisonnablement possible). Limitation des quantités d’un agent cancérogène ou mutagène présent sur le lieu de travail. I Mesures de protection collective ou lorsque l’exposition ne peut être évitée par d’autres moyens, mesures de protection individuelle. I I Installation de dispositifs de détection et de mesures de sécurité et d’hygiène (en particulier lors d'éventuelles ruptures du confinement des systèmes clos). Délimitation et balisage des zones à risques, étiquetage des récipients. I I Limitation des doses pour tous les travailleurs. I Évaluation des risques par l'analyse des postes de travail. I I Délimitation des zones dans les locaux de travail et contrôles techniques de radioprotection. Veille au respect des mesures de radioprotection. I I Désignation d'une personne compétente. I Formation et information des travailleurs exposés. I Suivi des salariés (suivi dosimétrique, suivi médical, classement des travailleurs). En milieu professionnel, la réglementation fixe des limites annuelles à 6 milliSieverts (mSv) ou 20 mSv/an en dose efficace, sur 12 mois consécutifs, suivant la catégorie de travailleurs exposés. Risque biologique S’il s’agit d’exposition à des agents biologiques classés cancérogènes ou suspectés de l'être, les obligations prioritaires de l'employeur sont les suivantes : I Évaluation des risques, qui doit prendre en compte le risque infectieux, mais également les risques immuno-allergiques et toxiniques. Dans le cas d'une utilisation délibérée, remplacement, si la nature de l'activité le permet, des agents biologiques dangereux par d'autres qui ne le sont pas ou qui le sont moins. I I Dans les cas où il y a un risque pour la sécurité ou la santé des travailleurs, toute exposition doit être évitée, ou si elle ne peut l'être, réduite en limitant le nombre de tra- vailleurs exposés ou susceptibles de l'être, en définissant des processus de travail et des mesures de contrôle technique ou de confinement, en effectuant une signalisation et en mettant en place des mesures de protection collective et individuelle. les salariés exposés (surveillance médicale renforcée) ou ayant été exposés (surveillance post-exposition) à des agents ou procédés cancérogènes font l'objet d'une surveillance médicale régulière pendant toute la durée de leur activité professionnelle. I Établissement des consignes de sécurité interdisant l'introduction de nourriture et de boisson, d'articles pour fumeurs, de cosmétiques et de mouchoirs autres que les mouchoirs en papier (éliminés comme des déchets contaminés). Les visites médicales périodiques sont un I Formation et information des travailleurs susceptibles d'être exposés. Dans le cadre de la médecine du travail, tous Une surveillance médicale, post-exposition pour les salariés toujours en activité, ou post-professionnelle pour ceux qui ont cessé toute activité est prévue par décret (article D. 461-25 du code de la Sécurité sociale). À cette fin, une attestation d’exposition est remise au travailleur à son départ. Elle doit être remplie par l’employeur et le médecin du travail (modèle d’attestation prévu par l’arrêté du 28 février 1995) ; en cas de désaccord entre médecin du travail et employeur, le médecin du travail peut délivrer à l’intéressé un certificat dont l’organisme de Sécu- 1. Ces dispositions concernent les substances ou préparations chimiques faisant l'objet d'un classement cancérogène en catégorie 1 ou 2 ainsi que les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l'arrêté du 5 Janvier 1993 modifié. DEUX CLASSIFICATIONS Classification de l’Union européenne 1re catégorie : substances que l'on sait être cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour établir l'existence d'une relation de cause à effet entre l'exposition de l'homme à de telles substances et l'apparition d'un cancer. » Exemples : benzène, amiante 2e catégorie : substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l'homme « On dispose de suffisamment d'éléments pour justifier une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances peut provoquer un cancer. Cette présomption est généralement fondée sur des études appropriées à long terme sur l'animal ou d'autres informations appropriées. » Exemples : oxyde d’éthylène, benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 3e catégorie : substances préoccupantes pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles mais pour lesquelles les informations disponibles ne permettent pas une évaluation suffisante « Il existe des informations issues d'études 3 Point des connaissances ED 5013 adéquates sur les animaux, mais elles sont insuffisantes pour classer la substance dans la deuxième catégorie. » Exemples : laines minérales http://ecb.jrc.it Aucun agent biologique ni aucune toxine produite par un agent biologique ne figure dans cette classification. Classification du CIRC Groupe 1 : « L'agent ou le mélange est cancérogène pour l'homme. L'exposition à cet agent provoque des effets cancérogènes pour l'homme. » Exemples : benzène, amiante, poussières de bois, formaldéhyde, oxyde d’éthylène Groupe 2 : 2A : « L'agent ou le mélange est probablement cancérogène pour l'homme. Les conditions d'exposition impliquent un risque cancérogène probable pour l'homme. » Exemples : benzo[a]pyrène, trichloroéthylène 2B : « L'agent ou le mélange est un cancérogène possible pour l'homme. » Exemples : cobalt et ses composés Classement par numéro de tableau Agents cancérogènes Types de cancer Numéro de TMP Benzène Leucémies, syndrôme myéloprolifératif, hypercytoses d’origine myélodysplasique 4 Rayonnements ionisants Sarcome osseux, cancer bronchopulmonaire primitif par inhalation , leucémies 6 Acide chromique, chromate de zinc, chromates et bichromates alcalins et alcalino-ferreux Cancer bronchopulmonaire primitif, cancer des cavités nasales 10 ter Amines aromatiques et leurs sels et la N-nitrosodibutylamine et ses sels Cancer de la vessie 15 ter Brais de houille, goudrons de houille, huiles de houille, suies de combustion du charbon Cancer bronchopulmonaire primitif, tumeurs malignes de vessie, épithéliomas primitifs de la peau 16 bis Arsenic et composés minéraux Maladie de Bowen, épithélioma cutané primitif, angiosarcome du foie Poussières ou vapeurs arsénicales Cancer bronchique primitif 20 bis Arseno-pyrites aurifères Cancer bronchique primitif 20 ter Silice Cancer bronchopulmonaire primitif, associé à des signes de silicose 25A Amiante Mésothéliome de la plèvre, du péritoine et du péricarde, autres tumeurs pleurales, dégénérescence maligne bronchopulmonaire 30 Amiante Cancer bronchopulmonaire primitif 30 bis Dérivés du pétrole Épithéliomas primitifs de la peau 36 bis Nickel Cancer de l'ethmoïde et des sinus de la face, cancer bronchique primitif 37 ter Fer, oxydes de fer Cancer bronchopulmonaire primitif 44 bis Hépatites à virus B et C Carcinome hépatocellulaire 45II Poussières de bois Carcinome des fosses nasales, de l’ethmoïde et des autres sinus de la face 47B Chlorure de vinyle monomère Angiosarcome 52 Cobalt et carbure de tungstène Cancer bronchopulmonaire primitif Bis(chlorométhyle)éther Cancer bronchique primitif 81 N-éthyl N’nitro N-nitrosoguanidine, N-éthyl N-nitrosourée, N-méthyl N’-nitro N-nitrosoguanidine, N-méthyl N-nitrosourée Glioblastome 85 Rôle du médecin du travail Son rôle essentiel est de prévenir toute altération de la santé en rapport avec le travail. Pour assurer cette mission, il dispose de deux moyens : la visite médicale et l'étude du poste de travail. Avant toute affectation à des travaux exposant à un agent avéré cancérogène, le salarié fait l’objet d’un examen préalable par le médecin du travail. Groupe 3 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) ne peut être classé du point de vue de sa cancérogénicité pour l'homme. » Exemple : laines minérales Groupe 4 : « L'agent (le mélange ou le mode d'exposition) est probablement non cancérogène pour l'homme. » exposition et post-professionnelle. L'examen clinique qui a lieu au cours de ces visites peut être complété par des examens de dépistage ou des examens biométrologiques permettant d'évaluer l'exposition individuelle. Les agents cancérogènes et les types de cancer figurant dans les tableaux de maladies professionnelles (TMP) du régime général de la Sécurité sociale Il n'existe, en France comme à l'étranger, aucune valeur limite réglementaire ou recommandée dans le domaine de l'exposition aux agents biologiques. Formation et information des travailleurs. I Suivi médical : surveillance médicale renforcée pendant toute la durée de l'activité professionnelle, constitution d'un dossier médical à conserver pendant 50 ans au moins pour chaque travailleur exposé à un agent cancérogène ou mutagène (comportant un double de la fiche d'exposition établie par l'employeur), établissement d'une fiche d'aptitude par le médecin du travail (renouvelée au moins une fois par an) avec attestation de non-contre-indication médicale à ces travaux. moment privilégié pour recueillir des informations sur les conditions d'exposition, informer sur l'exposition professionnelle et les mesures de prévention, évoquer les facteurs susceptibles de majorer le risque (tabagisme notamment) et expliquer les modalités et l'intérêt de la surveillance médicale, y compris les surveillances post- 20 http://www.iarc.fr Outre les agents d'origine chimique, le CIRC classe comme « agent cancérogène » dans l'un de ses quatre groupes, des agents biologiques, comme le virus d'Epstein-Barr (groupe 1) ou certains types de papillomavirus humains (groupe 1 ou 2A) ; les effets de certains agents biologiques comme les infections chroniques par les virus des hépatites B et C (groupe 1) ; des contaminants naturels produits par certains agents biologiques comme certaines aflatoxines (groupe 1 ou 2B) ou d'autres mycotoxines (groupe 2B ou 3). Enfin les rayonnements ionisants et non ionisants sont classés par le CIRC comme « agents cancérogènes » : les rayons X et gamma, radon (groupe 1) ; les UVA et UVB (groupe 2A). 70 ter ED 5013 Point des connaissances 4 115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 1 T EXTES Parmi les agents cancérogènes utilisés en milieu professionnel, un seul est interdit en France : l'amiante. Certains font l'objet de restrictions de limitation d'emploi et de mise sur le marché. Tous ont une utilisation réglementée dans l'entreprise. Certains agents chimiques cancérogènes font également l'objet notamment de valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes. La prévention des risques professionnels s’appuie sur une démarche dont les principes sont édictés par les articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail. Des textes spéciaux ont « décliné » et précisé ces principes généraux de prévention pour certains LES TRAVAUX DE L’INRS ET SES PARTENAIRES DE RÉFÉRENCE risques spécifiques. Ainsi, des obligations particulières sont définies : I pour les substances ou préparations chimiques faisant l’objet d’un classement cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction en catégorie 1 ou 2 (articles R. 4412-40 à R. 4412-93 du code du travail et circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006), ou pour les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l’arrêté du 5 janvier 1993 modifié ; I pour les rayonnements ionisants (articles R. 4451-1 à R. 4457-14 du code du travail) ; I pour les agents biologiques (articles R. 4421-1 à R. 4427-5 du code du travail). De plus, des dispositions spécifiques supplémentaires concernent certaines catégories de travailleurs : I les femmes enceintes, qui viennent d’accoucher ou qui allaitent, exposées ou risquant d’être exposées aux agents chimiques dangereux, aux rayonnements ionisants ou aux agents biologiques (articles D. 4152-3 à D. 4152-7, D. 4152-9 à D. 4152-11 du code du travail) ; I les jeunes travailleurs exposés à des agents chimiques dangereux ou aux rayonnements ionisants (articles D. 4153-25 à D. 4153-28, D. 4153-33, D. 4153-34, D. 4153-41 à D. 4153-47 du code du travail) ; I les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée et les salariés temporaires exposés à des agents chimiques dangereux (articles D. 4154-1 à D. 4154-6 du code du travail). LES PUBLICATIONS INRS Brochures I ED 835 Les maladies professionnelles. Guide d’accès aux tableaux du régime général et du régime agricole de la Sécurité sociale Cahiers de notes documentaires – Hygiène et sécurité du travail I ED 984 Valeurs limites d'exposition professionnelle aux agents chimiques en France I ED 976 Produits chimiques cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction. Classification réglementaire Revue Documents pour le médecin du travail I « De la génotoxicité à la cancérogenèse » (29e congrès national de médecine du travail, Lyon, 30 mai – 2 juin 2006), DMT, n° 109, 4e trimestre 2006 Autre ouvrage publié à l’initiative de l'INRS I Avis d’experts : Le risque cancérogène du plomb, sous la direction de Benoît HervéBazin. EDP Sciences, 2004 I Dossier « L'étiquetage des substances et des préparations chimiques dangereuses » I Base de données : Fiches toxicologiques. Synthèses techniques et réglementaires des informations sur les risques liés à un produit ou à un groupe de produits. I Base de données : Biotox I Base de données : Métropol I Base de données : Solvex I Base de données : CMR Dossiers de la revue Travail et sécurité I Dossier « Risque chimique : l’exposition aux cancérogènes », Travail et sécurité, n° 607, mai 2001 I Dossier « Cancers professionnels : barrer la route aux risques », Travail et sécurité, n° 644, octobre 2004 Sur le site www.inrs.fr I Dossier « Le risque cancérogène en milieu professionnel » I Dossier « Agir sur le risque chimique cancérogène en entreprise » Actualité À l’initiative du Ministère du travail, une campagne nationale de contrôle ciblée sur l’utilisation et la substitution d’agents CMR de catégorie 1 ou 2 a été réalisée en 2006. Les contrôles ont été effectués par les services de l’Inspection du travail et les services de prévention des CRAM et CGSS avec le soutien technique de l’INRS. Les résultats de cette campagne seront publiés dans la revue Hygiène et sécurité du travail de l’INRS en 2007. Une étude, intitulée « Substances chimiques présentant des risques CMR potentiels au poste de travail : identification des substances prioritaires et travaux de classification » a été réalisée par l'INRS pour le Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement dans le cadre des actions engagées au titre du « plan national santé au travail » (PST) 2005-2009. Elle visait à identifier des substances chimiques prioritaires « CMR » sur la base notamment d'une étude critique des différences de classification CIRC/UE en vue de réévaluations éventuelles du classement UE. Un premier outil « Agir sur le risque cancérogène en entreprise » (2006) est disponible sur le site internet de l’INRS. Expertise Dans le cadre de la directive 67/548, le ministère chargé du travail a choisi l'INRS pour représenter l'État français dans différents groupes de travail européens chargés d'étudier la classification et l'étiquetage des substances chimiques dangereuses. Dans ce cadre, une attention particulière est accordée aux substances cancérogènes. Pour les besoins de l’évaluation de risque établie dans le cadre du règlement européen, menée en collaboration avec l’INERIS, une structure commune aux deux organismes a été formée en 2005, le BERPC (Bureau d’évaluation des risques des produits et agents chimiques). Par ailleurs, l’INRS est agréé par les pouvoirs publics pour recevoir les déclarations des produits chimiques mis sur le marché français afin d'informer les utilisateurs professionnels sur les dangers qu'ils comportent. Dans le cadre du futur dispositif réglementaire européen pour les substances chimiques, baptisé REACH (Registration, Evaluation, Autorisation and restriction of CHemicals), qui introduit un système global de contrôle des substances chimiques, il est prévu de mettre un accent particulier sur le contrôle de la mise sur le marché des cancérogènes, puisque les substances CMR de catégorie 1 ou 2 font partie des substances pouvant être incluses dans la liste des substances soumise à autorisation. Recherche L'INRS conduit divers travaux expérimentaux pour mieux connaître ou caractériser le pouvoir cancérogène potentiel de certains agents chimiques : I tests de cancérogenèse in vitro, pratiqués sur des cellules animales ou humaines en culture et appliqués aux fibres et aux particules (silices...) et aux agents qui génèrent des radicaux libres ; I tests de mutagenèse in vitro, pratiqués sur des cellules issues de rat transgénique et appliqués aux fibres et aux particules ; I tests de mutagenèse in vivo pratiqués chez le rat transgénique sur les fumées de bitume et les fibres céramiques. L'INRS mène par ailleurs des études sur la surveillance biologique de l'exposition professionnelle à certains agents cancérogènes : métaux (chrome en particulier), amines aromatiques... et pour la mise au point d’un dispositif de recueil urinaire adapté à la surveillance de travailleurs exposés à des produits chimiques dont des agents cancérogènes comme les HAP, le benzène… Des travaux sont effectués en collaboration avec d'autres organismes, notamment : les CRAM et les instituts ou les services de médecine du travail ; le CNRS et l'INSERM ; la faculté de médecine de Nancy. L’INRS a organisé un colloque consacré au risque cancérogène : « Wood Dust » (poussières de bois) à Strasbourg en octobre 2006 et organise un colloque à Paris en mars 2007 « Pour en finir avec le cancer de la vessie en milieu professionnel ». Enfin, au cours des deux dernières décennies, plus de vingt études épidémiologiques ont été conduites sur les risques de cancers professionnels. Il s'agit le plus souvent d'études de mortalité concernant des populations (cohortes) définies en milieu professionnel. Elles ont permis d'analyser les risques inhérents au travail dans des domaines aussi divers que : les mines de fer et de potasse, d’or ; la production de fibres minérales artificielles, de fibres céramiques, de talc et de pâte à papier ; la sidérurgie ; la production d'aluminium, de cobalt et de métaux durs ; la fabrication d'électrodes ; la distillation des goudrons ; l'imprimerie ; le traitement des eaux usées. Un nouveau système d'étiquetage des produits chimiques dangereux – système général harmonisé, SGH – doit être adopté au niveau européen à l'automne 2008 ; il remplacera progressivement le système actuel. Pour en savoir plus, consulter le site de l'INRS www.inrs.fr. Les méthodes de prélèvement et d'analyses pour l'évaluation de l'exposition professionnelle aux substances toxiques et aux cancérogènes ont fait l'objet d'une compilation dans la base de données METROPOL, accessible à partir du site Internet de l'INRS. Existe également la base de données SOLVEX qui regroupe 300 000 données d’expositions professionnelles à des solvants (dont certains sont des cancérogènes) utilisés en milieu de travail et la base de données BIOTOX, qui donne des informations sur une centaine de substances (dont des cancérogènes) auxquelles le salarié est susceptible d'être exposé et pour lesquelles une biométrologie existe. D'autre part, la base COLCHIC collecte toutes les données d'exposition professionnelle obtenues sur le terrain par les laboratoires spécialisés de l'INRS et les laboratoires de chimie des CRAM. Elle recense actuellement 500 000 résultats pour environ 80o substances. Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : [email protected] • 5 Point des connaissances ED 5013 Point des connaissances ED 5013 • • 3e édition (2006) • réimpression août 2008 • 10 000 ex. • ISBN 978-2-7389-1547-4 La survenue des cancers professionnels dépend de nombreux facteurs. Les cancérogènes peuvent être des produits chimiques mais aussi des agents physiques, biologiques… Ces pathologies peuvent concerner une proportion importante de la population salariée. À la demande du président de la République, la lutte contre le cancer est retenue comme priorité nationale. L’amélioration de la connaissance et de la prévention des cancers professionnels constitue par ailleurs une action prioritaire de la branche accidents du travail/ maladies professionnelles (AT/MP) pour les années 2004-2007. Information scientifique Auteurs : G. Brasseur, M. Héry, A. Leprince, F. Pillière avec G. Dornier Mise à jour 2006 : Michel Héry, Florence Pillière Contacts e-mail : [email protected], [email protected] Avertissement ! ED 5013 LE POINT DES CONNAISSANCES SUR… • Dans l’industrie pétrolière Les cancers professionnels Un cancer est dit « professionnel » s'il est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité. S'agissant d'une affection multifactorielle, qui met également en jeu des facteurs environnementaux ou personnels (le tabac notamment), il est difficile d'évaluer avec précision la part attribuable aux facteurs professionnels. On estime toutefois que 4 à 8,5 % des cas de cancers sont d'origine professionnelle, 15 % dans le cas particulier du cancer du poumon. En 2004, près de 4 % des maladies professionnelles reconnues et indemnisées étaient des cancers. D'après les résultats de l'enquête SUMER 2002-2003, en France, 2 370 000 salariés seraient exposés dans leur travail à au moins un agent cancérogène, ce qui correspondrait à 3 600 000 situations d'exposition. À noter que les données des enquêtes SUMER 1994 et 2002-2003 ne peuvent être comparées, les conditions d'investigation étant différentes. ques ou physiques d'origine industrielle concernerait entre 1,4 à 2,6 millions de travailleurs sur l'ensemble du territoire national. Les agents cancérogènes, définis comme tels car ils sont capables de provoquer le cancer, de favoriser une survenue plus précoce des cancers ou d'en augmenter la fréquence d'apparition, peuvent être des agents chimiques, physiques ou biologiques. Les chiffres disponibles, issus notamment de la base internationale CAREX (Carcinogen Exposure), indiquent pour leur part que l'exposition à des agents cancérogènes chimiques, biologi- La classification qui a valeur réglementaire est celle de l'Union européenne, qui ne porte que sur des substances chimiques. Elle définit trois catégories de substances chimiques cancérogènes sur la base d'études épidémiologiques ou expérimentales. D'autres classifications existent, comme celle du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), qui évalue les dangers liés à des agents (produits chimiques, agents biologiques ou physiques) CLASSIFICATION 115678 DEP.qxd 28/08/08 10:05 Page 1 T EXTES Parmi les agents cancérogènes utilisés en milieu professionnel, un seul est interdit en France : l'amiante. Certains font l'objet de restrictions de limitation d'emploi et de mise sur le marché. Tous ont une utilisation réglementée dans l'entreprise. Certains agents chimiques cancérogènes font également l'objet notamment de valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes. La prévention des risques professionnels s’appuie sur une démarche dont les principes sont édictés par les articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail. Des textes spéciaux ont « décliné » et précisé ces principes généraux de prévention pour certains LES TRAVAUX DE L’INRS ET SES PARTENAIRES DE RÉFÉRENCE risques spécifiques. Ainsi, des obligations particulières sont définies : I pour les substances ou préparations chimiques faisant l’objet d’un classement cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction en catégorie 1 ou 2 (articles R. 4412-40 à R. 4412-93 du code du travail et circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006), ou pour les travaux ou procédés figurant sur une liste établie par l’arrêté du 5 janvier 1993 modifié ; I pour les rayonnements ionisants (articles R. 4451-1 à R. 4457-14 du code du travail) ; I pour les agents biologiques (articles R. 4421-1 à R. 4427-5 du code du travail). De plus, des dispositions spécifiques supplémentaires concernent certaines catégories de travailleurs : I les femmes enceintes, qui viennent d’accoucher ou qui allaitent, exposées ou risquant d’être exposées aux agents chimiques dangereux, aux rayonnements ionisants ou aux agents biologiques (articles D. 4152-3 à D. 4152-7, D. 4152-9 à D. 4152-11 du code du travail) ; I les jeunes travailleurs exposés à des agents chimiques dangereux ou aux rayonnements ionisants (articles D. 4153-25 à D. 4153-28, D. 4153-33, D. 4153-34, D. 4153-41 à D. 4153-47 du code du travail) ; I les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée et les salariés temporaires exposés à des agents chimiques dangereux (articles D. 4154-1 à D. 4154-6 du code du travail). LES PUBLICATIONS INRS Brochures I ED 835 Les maladies professionnelles. Guide d’accès aux tableaux du régime général et du régime agricole de la Sécurité sociale Cahiers de notes documentaires – Hygiène et sécurité du travail I ED 984 Valeurs limites d'exposition professionnelle aux agents chimiques en France I ED 976 Produits chimiques cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction. Classification réglementaire Revue Documents pour le médecin du travail I « De la génotoxicité à la cancérogenèse » (29e congrès national de médecine du travail, Lyon, 30 mai – 2 juin 2006), DMT, n° 109, 4e trimestre 2006 Autre ouvrage publié à l’initiative de l'INRS I Avis d’experts : Le risque cancérogène du plomb, sous la direction de Benoît HervéBazin. EDP Sciences, 2004 I Dossier « L'étiquetage des substances et des préparations chimiques dangereuses » I Base de données : Fiches toxicologiques. Synthèses techniques et réglementaires des informations sur les risques liés à un produit ou à un groupe de produits. I Base de données : Biotox I Base de données : Métropol I Base de données : Solvex I Base de données : CMR Dossiers de la revue Travail et sécurité I Dossier « Risque chimique : l’exposition aux cancérogènes », Travail et sécurité, n° 607, mai 2001 I Dossier « Cancers professionnels : barrer la route aux risques », Travail et sécurité, n° 644, octobre 2004 Sur le site www.inrs.fr I Dossier « Le risque cancérogène en milieu professionnel » I Dossier « Agir sur le risque chimique cancérogène en entreprise » Actualité À l’initiative du Ministère du travail, une campagne nationale de contrôle ciblée sur l’utilisation et la substitution d’agents CMR de catégorie 1 ou 2 a été réalisée en 2006. Les contrôles ont été effectués par les services de l’Inspection du travail et les services de prévention des CRAM et CGSS avec le soutien technique de l’INRS. Les résultats de cette campagne seront publiés dans la revue Hygiène et sécurité du travail de l’INRS en 2007. Une étude, intitulée « Substances chimiques présentant des risques CMR potentiels au poste de travail : identification des substances prioritaires et travaux de classification » a été réalisée par l'INRS pour le Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement dans le cadre des actions engagées au titre du « plan national santé au travail » (PST) 2005-2009. Elle visait à identifier des substances chimiques prioritaires « CMR » sur la base notamment d'une étude critique des différences de classification CIRC/UE en vue de réévaluations éventuelles du classement UE. Un premier outil « Agir sur le risque cancérogène en entreprise » (2006) est disponible sur le site internet de l’INRS. Expertise Dans le cadre de la directive 67/548, le ministère chargé du travail a choisi l'INRS pour représenter l'État français dans différents groupes de travail européens chargés d'étudier la classification et l'étiquetage des substances chimiques dangereuses. Dans ce cadre, une attention particulière est accordée aux substances cancérogènes. Pour les besoins de l’évaluation de risque établie dans le cadre du règlement européen, menée en collaboration avec l’INERIS, une structure commune aux deux organismes a été formée en 2005, le BERPC (Bureau d’évaluation des risques des produits et agents chimiques). Par ailleurs, l’INRS est agréé par les pouvoirs publics pour recevoir les déclarations des produits chimiques mis sur le marché français afin d'informer les utilisateurs professionnels sur les dangers qu'ils comportent. Dans le cadre du futur dispositif réglementaire européen pour les substances chimiques, baptisé REACH (Registration, Evaluation, Autorisation and restriction of CHemicals), qui introduit un système global de contrôle des substances chimiques, il est prévu de mettre un accent particulier sur le contrôle de la mise sur le marché des cancérogènes, puisque les substances CMR de catégorie 1 ou 2 font partie des substances pouvant être incluses dans la liste des substances soumise à autorisation. Recherche L'INRS conduit divers travaux expérimentaux pour mieux connaître ou caractériser le pouvoir cancérogène potentiel de certains agents chimiques : I tests de cancérogenèse in vitro, pratiqués sur des cellules animales ou humaines en culture et appliqués aux fibres et aux particules (silices...) et aux agents qui génèrent des radicaux libres ; I tests de mutagenèse in vitro, pratiqués sur des cellules issues de rat transgénique et appliqués aux fibres et aux particules ; I tests de mutagenèse in vivo pratiqués chez le rat transgénique sur les fumées de bitume et les fibres céramiques. L'INRS mène par ailleurs des études sur la surveillance biologique de l'exposition professionnelle à certains agents cancérogènes : métaux (chrome en particulier), amines aromatiques... et pour la mise au point d’un dispositif de recueil urinaire adapté à la surveillance de travailleurs exposés à des produits chimiques dont des agents cancérogènes comme les HAP, le benzène… Des travaux sont effectués en collaboration avec d'autres organismes, notamment : les CRAM et les instituts ou les services de médecine du travail ; le CNRS et l'INSERM ; la faculté de médecine de Nancy. L’INRS a organisé un colloque consacré au risque cancérogène : « Wood Dust » (poussières de bois) à Strasbourg en octobre 2006 et organise un colloque à Paris en mars 2007 « Pour en finir avec le cancer de la vessie en milieu professionnel ». Enfin, au cours des deux dernières décennies, plus de vingt études épidémiologiques ont été conduites sur les risques de cancers professionnels. Il s'agit le plus souvent d'études de mortalité concernant des populations (cohortes) définies en milieu professionnel. Elles ont permis d'analyser les risques inhérents au travail dans des domaines aussi divers que : les mines de fer et de potasse, d’or ; la production de fibres minérales artificielles, de fibres céramiques, de talc et de pâte à papier ; la sidérurgie ; la production d'aluminium, de cobalt et de métaux durs ; la fabrication d'électrodes ; la distillation des goudrons ; l'imprimerie ; le traitement des eaux usées. Un nouveau système d'étiquetage des produits chimiques dangereux – système général harmonisé, SGH – doit être adopté au niveau européen à l'automne 2008 ; il remplacera progressivement le système actuel. Pour en savoir plus, consulter le site de l'INRS www.inrs.fr. Les méthodes de prélèvement et d'analyses pour l'évaluation de l'exposition professionnelle aux substances toxiques et aux cancérogènes ont fait l'objet d'une compilation dans la base de données METROPOL, accessible à partir du site Internet de l'INRS. Existe également la base de données SOLVEX qui regroupe 300 000 données d’expositions professionnelles à des solvants (dont certains sont des cancérogènes) utilisés en milieu de travail et la base de données BIOTOX, qui donne des informations sur une centaine de substances (dont des cancérogènes) auxquelles le salarié est susceptible d'être exposé et pour lesquelles une biométrologie existe. D'autre part, la base COLCHIC collecte toutes les données d'exposition professionnelle obtenues sur le terrain par les laboratoires spécialisés de l'INRS et les laboratoires de chimie des CRAM. Elle recense actuellement 500 000 résultats pour environ 80o substances. Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : [email protected] • 5 Point des connaissances ED 5013 Point des connaissances ED 5013 • • 3e édition (2006) • réimpression août 2008 • 10 000 ex. • ISBN 978-2-7389-1547-4 La survenue des cancers professionnels dépend de nombreux facteurs. Les cancérogènes peuvent être des produits chimiques mais aussi des agents physiques, biologiques… Ces pathologies peuvent concerner une proportion importante de la population salariée. À la demande du président de la République, la lutte contre le cancer est retenue comme priorité nationale. L’amélioration de la connaissance et de la prévention des cancers professionnels constitue par ailleurs une action prioritaire de la branche accidents du travail/ maladies professionnelles (AT/MP) pour les années 2004-2007. Information scientifique Auteurs : G. Brasseur, M. Héry, A. Leprince, F. Pillière avec G. Dornier Mise à jour 2006 : Michel Héry, Florence Pillière Contacts e-mail : [email protected], [email protected] Avertissement ! ED 5013 LE POINT DES CONNAISSANCES SUR… • Dans l’industrie pétrolière Les cancers professionnels Un cancer est dit « professionnel » s'il est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité. S'agissant d'une affection multifactorielle, qui met également en jeu des facteurs environnementaux ou personnels (le tabac notamment), il est difficile d'évaluer avec précision la part attribuable aux facteurs professionnels. On estime toutefois que 4 à 8,5 % des cas de cancers sont d'origine professionnelle, 15 % dans le cas particulier du cancer du poumon. En 2004, près de 4 % des maladies professionnelles reconnues et indemnisées étaient des cancers. D'après les résultats de l'enquête SUMER 2002-2003, en France, 2 370 000 salariés seraient exposés dans leur travail à au moins un agent cancérogène, ce qui correspondrait à 3 600 000 situations d'exposition. À noter que les données des enquêtes SUMER 1994 et 2002-2003 ne peuvent être comparées, les conditions d'investigation étant différentes. ques ou physiques d'origine industrielle concernerait entre 1,4 à 2,6 millions de travailleurs sur l'ensemble du territoire national. Les agents cancérogènes, définis comme tels car ils sont capables de provoquer le cancer, de favoriser une survenue plus précoce des cancers ou d'en augmenter la fréquence d'apparition, peuvent être des agents chimiques, physiques ou biologiques. Les chiffres disponibles, issus notamment de la base internationale CAREX (Carcinogen Exposure), indiquent pour leur part que l'exposition à des agents cancérogènes chimiques, biologi- La classification qui a valeur réglementaire est celle de l'Union européenne, qui ne porte que sur des substances chimiques. Elle définit trois catégories de substances chimiques cancérogènes sur la base d'études épidémiologiques ou expérimentales. D'autres classifications existent, comme celle du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), qui évalue les dangers liés à des agents (produits chimiques, agents biologiques ou physiques) CLASSIFICATION