
traitements exigeant un environnement médical et soignant. L’accentuation
de la diminution des séjours hospitaliers a été rendue possible grâce aux
avancées des techniques médicales et chirurgicales (progrès de l’anesthésie,
chirurgies moins invasives et requérant moins de soins postopératoires),
grâce à la diversification et la multiplication de nouveaux dispositifs médi-
caux (pompes par exemple) et à la standardisation de certains traitements qui
permettent de laisser sortir plus rapidement les patients.
En revanche, la grande brièveté des séjours s’accompagne de restructura-
tions organisationnelles. Comme le mentionnent les travaux nord-améri-
cains (Lapointe, 2000 ; Bourgeault, 2001) les établissements ont regroupé
les patients non seulement selon la spécialité médicale, voire le même type
de traitements ou de stade de développement de la maladie, mais aussi selon
le temps de séjour programmé. Aujourd’hui, certaines réorganisations des
activités médicales et soignantes peuvent être entreprises sur le seul critère
de la durée de prise en charge. Selon le poids relatif des hospitalisations de
très court séjour ou des prises en charge ambulatoires, les patients sont
accueillis dans des lits ou places réservées à cet effet au sein d’un service
continuant à assurer des hospitalisations classiques ou au contraire sont réu-
nis dans des services spécialement redéfinis. Ces derniers sont consacrés
alors à des hospitalisations de semaine, et fermés en fin de semaine, ou à des
hospitalisations de jour. Les entrées des patients sont programmées en
fonction du temps de séjour anticipé, et la gestion des patients s’effectue en
flux tendus. Cette forme de « séjour » est proposée pour un certain nombre
d’interventions chirurgicales et pour des traitements médicaux, comme cer-
taines chimiothérapies anticancéreuses par exemple.
Ce raccourcissement de la durée de séjour a pour corollaire une augmenta-
tion des flux de patients soignés dans un même service. Chacun de ces
patients a besoin, à peu près au même moment, de soins spécialisés et des
surveillances qui y sont liées. La mise en forme de séjours très courts du
patient, déterminée sur des critères médicaux et techniques, tend à gommer
la variabilité des situations personnelles des patients et de leurs réactions à
la maladie et aux traitements. Et dans la mesure où l’autorisation d’ouver-
ture de « places » destinées à des prises en charge ambulatoires a souvent
été accordée en échange de la fermeture de lits d’hospitalisation, notam-
ment en médecine, le nombre limité de lits disponibles pèse sur les possibi-
lités d’aménager la durée de séjour anticipée des patients. Pour bon nombre
d’infirmières, l’attention aux problèmes personnels et sociaux du patient,
l’aide à leur apporter constituent une dimension centrale des soins (Acker,
1997) mais les tâches qui en découlent requièrent du temps, un temps qui
s’inscrit parfois difficilement dans le temps prédéfini du séjour du patient.
La standardisation des séjours et leur brièveté font naître des tensions inhé-
rentes à la gestion de la singularité à grande échelle d’une part (Minvielle,
2000), au besoin de mettre en œuvre des actions de soins non seulement
dans le cadre prévu du traitement médical mais aussi en fonction des
besoins d’un patient, tels que les évaluent les infirmières d’autre part.
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RFAS No1-2005