Convection libre
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si elles ne sont pas toujours directement perceptibles par nos sens : c’est ainsi que
dans n’importe quelle salle d’habitation nous sommes entourés en permanence de
mouvements d’air ; celui-ci se réchauffe en montant le long des parois les plus
chaudes et se refroidit en descendant le long des parois les plus froides. La
diversité des situations est également plus grande en convection libre : par
exemple l’inclinaison d’une paroi, qui est souvent sans effet dans un écoulement
isotherme, devient ici un paramètre essentiel ; de même les effets de gravité sont
significatifs dans des enceintes fermées anisothermes (bâtiments, réacteurs
chimiques) ou en physique de l’environnement, du fait des écarts de température
entre la surface et l’ambiance.
Les domaines d’applications sont donc vastes, et concernent aussi bien
l’isolation des canalisations que le refroidissement des circuits électriques et
électroniques, la thermique du bâtiment et le confort humain, les panaches et la
dispersion des effluents, ou encore la thermique de l’atmosphère et des océans.
En ce qui concerne la mécanique des écoulements de convection naturelle on
observe que, puisque les gradients de masse volumique à l’origine du mouvement
sont eux-mêmes dus à des gradients de température, il y a là un couplage
structurel entre bilan de quantité de mouvement et bilan d’énergie, c’est à dire
entre champ de vitesse et champ de température.
D’autre part, une spécificité de la convection libre concerne les faibles niveaux
de vitesse atteints, avec pour conséquence immédiate des flux thermiques
également modestes. Il en résulte d’abord que la convection libre constitue soit un
obstacle lorsqu’on veut améliorer les échanges thermiques, soit une sorte
d’isolation naturelle lorsqu’on veut au contraire les réduire, et ensuite que les
échanges par rayonnement, souvent négligeables en convection forcée, pourront
être ici du même ordre de grandeur que les échanges convectifs.
Bien évidemment, les gradients de densité auxquels nous avons fait allusion se
produisent aussi en convection forcée mais là, justement, leurs effets sont à peu
près nuls. Les cas intermédiaires, où ces effets sont comparables à ceux de
l’écoulement forcé, constituent des situations de convection mixte (Ch. 6).
Ajoutons enfin que l’existence d’un gradient de masse volumique n’entraîne pas
automatiquement un mouvement de convection naturelle : ainsi, entre deux
plaques planes horizontales, si c’est la plaque supérieure qui est la plus chaude, le
transfert thermique reste en général purement conductif.
L’aspect le plus important des transferts en convection libre est (comme en
convection forcée) ce qui se passe au voisinage des parois. On y retrouve en
particulier des structures de couche limite dont nous allons parler bientôt. Mais
établissons déjà au préalable les équations générales auxquelles obéit le
phénomène.