Guide pratique des façades (pdf - 1,57 Mo)

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en
Anciens
Sommaire
1 - Préalables de la restauration
d’une façade
4
Prendre conSeil auPrèS deS ServiceS inStructeurS
4
S’entourer deS hommeS de l’art
4
leS démarcheS adminiStrativeS
4
2 - mieux comprendre sa façade
en centre ancien
6
Qu’eSt ce Qu’une façade ?
6
la façade danS le tiSSu urbain : rythme à reSPecter
6
comPoSition et vocabulaire
7
tyPologieS deS façadeS deS centreS ancienS
de charleville-mézièreS et PrinciPeS de reStauration
10
■ la pierre de taille
10
■ les appareillages mixtes
12
principe de restauration
14
15
17
■ le mœllonage
principe de restauration
18
■ le béton
■ les enduits
19
20
■ les peintures
22
QuelQueS règleS à reSPecter, leS erreurS à éviter
23
leS menuiSerieS et ferronnerieS
25
3 - glossaire
30
principe de restauration
-3-
1 - Préalables
à la restauration d’une façade
Prendre conSeil
auPrèS deS ServiceS inStructeurS
Avant de mettre au point votre projet, il vous est vivement recommandé
de prendre conseil auprès du service instructeur de la Ville pour être
informé sur la réglementation en vigueur. De même, il est conseillé de se
rapprocher du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine
le plus en amont possible, afin de gagner du temps et de faire évoluer le
projet de façon concertée si cela s’avère nécessaire. C’est un conseil de
professionnels gratuit.
ville de charleville-mézières
division de l’aménagement et de l’urbanisme
10 avenue Louis Tirman ✆ 03 24 33 89 00/ fax 03 24 37 51 66
Service départemental de l’architecture et du Patrimoine
unité départementale de la drac
1, rue Delvincourt
✆ 03 24 56 23 16 / fax 03 24 59 90 84
S’entourer deS hommeS de l’art
Pour élaborer votre projet, nous vous recommandons de faire appel à des
personnes spécialisées dans le ravalement des façades en centre
ancien. Ainsi, les architectes, maîtres d’œuvre, artisans pourront vous
aiguiller, vous accompagner dans votre démarche en vous apportant leur
savoir-faire. leS démarcheS adminiStrativeS
1 constitution du dossier
Nous vous rappelons que conformément à l’Article R421-17 du code de
l’urbanisme, toute modification (nettoyage, restauration, remplacement
de menuiseries,... ) de façade doit faire l’objet d’une demande de
déclaration préalable. Cette demande doit être complétée par les pièces suivantes :
- un plan de situation de terrain
- un plan masse de l’immeuble
- une représentation de l’aspect extérieur de la construction
faisant apparaître les modifications projetées (avant et après travaux). Un
soin particulier sera porté à la représentation détaillée des éléments de
modénatures qui constituent cette façade (décors, bandeau…). L’échelle de représentation recommandée est de 1/50e avec les détails
au 1/20e.
-4-
La demande de déclaration préalable et les pièces qui l’accompagnent
doivent être envoyées en deux exemplaires. Un exemplaire supplémentaire vous sera demandé si votre bâtiment se situe dans le périmètre de
protection des monuments historiques ou en secteur sauvegardé.
2 dépôt du dossier
Le dossier complet (demande de déclaration préalable et pièces à
fournir) doit être déposé directement à la mairie ou envoyé par lettre
recommandée avec accusé de réception.
3 délai d’instruction du dossier
La mairie dispose d’un délai d’un mois pour instruire le dossier s’il est
complet ou réclamer les pièces manquantes. Si votre bâtiment se situe en
secteur sauvegardé ou en périmètre de protection des monuments
historiques, le délai est de trois mois maximum.
4 réponse de l’administration
La décision de l’administration vous sera adressée par lettre
recommandée avec avis de réception.
5 absence de déclaration : les risques encourus
Si aucune déclaration de travaux n’est déposée, la personne encourt un
risque de procès verbal qui sera transmis au Procureur de la République.
Mascaron art déco quartier d’Arches.
-5-
2 - mieux comprendre
sa façade en centre ancien
Qu’eSt-ce Qu’une façade ?
Chacune des faces verticales extérieures en élévation d’un bâtiment est
une façade. On distingue:
• La façade principale, ou la façade sur rue. • La façade arrière, à l’opposé de la façade principale.
• Les façades latérales appelées le plus souvent pignons.
Tout en faisant partie d’un espace privé, les façades visibles du domaine
public participent à l’ambiance de l’espace public et “collectif” : la rue. les façades contribuent à la qualité du cadre urbain de CharlevilleMézières au même titre que le traitement de l’espace public.
Ce sont ces qualités combinées qui donnent un espace urbain de qualité
propice à la vie urbaine, à l’attractivité du centre ville et à la valorisation
de votre bien immobilier.
Les façades arrières, donnant sur cour ou sur jardin, participent par leur
qualité, même si elle s’exprime dans un vocabulaire plus simple, à
l’ambiance de l’espace des intérieurs d’îlots.
la façade danS le tiSSu urbain :
un rythme à reSPecter
Dans le tissu urbain du centre
ancien, le rythme des parcelles
et des immeubles se traduit en
façade par des lignes de
mitoyenneté qui donnent un
rythme vertical à la rue et
marquent la limite de chacune
des façades. Ce découpage
vertical permet aux constructions d’épouser la topographie
des rues et révèle ainsi le
paysage sur lequel elles sont
fondées. Rue Monge -6-
comPoSition et vocabulaire :
1 la composition de la façade
Dans les constructions en maçonnerie traditionnelle, la façade joue un
rôle porteur dans le système constructif de l’édifice.
La nécessité de créer des ouvertures dans cet élément porteur a généré
toute une intelligence dans la gestion de la descente des charges et la
création de rythmes entre les pleins et les vides.
La façade est ainsi composée par des rythmes horizontaux et verticaux,
qui constituent en partie l’expression architecturale de l’édifice. Les décors plus ou moins développés apparaissent sur ces façades et
caractérisent le style de construction de l’édifice ; généralement,
la façade sur la rue sera la plus travaillée. les façades sont composées, organisées en niveaux et travées,
avec des ouvertures alignées :
Les tracés horizontaux sont soulignés par la présence de corniche,
bandeaux et niveau de soubassement travaillés (les façades se
composent de deux ou trois travées, parfois plus).
Les verticales sont marquées par la superposition des baies des étages
axées sur celles du rez-de-chaussée.
La façade est dessinée par un certain nombre d’éléments : le soubassement, les chaînes d’angle, les encadrements, les bandeaux… qui
définissent une architecture répondant à des règles de composition, de
symétrie, d’alignement et de proportions.
Exemples de composition
Schéma de composition d’un immeuble XVIIème
rue de la paix ----- niveaux
---- travées
-7-
Schéma de composition d’un immeuble
de la fin de XIXème siècle avenue d’Arches
Schéma de composition d’une maison mono familiale “art déco” rue de Montjoly
Schéma de composition d’une maison mono familiale type Reconstruction rue du rethelois
-8-
la baie et sa menuiserie :
Les proportions des baies varient suivant les époques de constructions des
édifices avec des règles de compositions différentes. Les dimensions des
baies répondent le plus souvent dans les constructions traditionnelles à un
rapport entre hauteur et largeur, elles sont généralement plus hautes que
larges. Nombre d’or Double carré
Années 20/30
Bandeau filant années 50
A partir des années 40, le style international va s’imposer progressivement
avec une fenêtre plus large (parfois en bandeau) qui se libère de la
contrainte de la descente de charge avec l’utilisation systématique du béton.
le dessin des menuiseries participe également à la composition de la
façade.
2 vocabulaire
Ci-dessous, une expression architecturale de la fin du XIXème assez riche en
modénature.
Toiture
Corniche
Moulure
Chambranle
(encadrement
de baie)
Bossage
Garde-corps
Pilastre
Trumeau
Agrafe
Balconnet
Appui
Balcon et
garde-corps
Bandeau
Console
Bossage
Niveau
RDC
Baie avec
arc surbaissé
à clef pendante
Porte
Baie
-9-
tyPologie de façadeS deS centreS
ancienS de charleville-mézièreS
et PrinciPeS de reStauration
Avant toute intervention sur une façade, trois éléments principaux sont à
identifier pour s’orienter vers des pratiques de restauration adaptées :
a - identifier les matériaux composant la façade (pierre, brique, béton,
bois, métal…)
b - connaître l’époque de construction ( XVIIème, XXème )
c - saisir l’approche stylistique qui guidera le parti de restauration.
1 la pierre de taille
Le terme pierre de taille désigne les blocs de pierre dont toutes les faces
sont dressées, c’est-à-dire taillées pour obtenir des plans plus ou moins
parfaits. La pierre de taille, le plus souvent en calcaire tendre, est très
facile à travailler, presque toutes les formes de traitement de surface sont
possibles.
La pierre de taille est soit consacrée à la totalité des murs pour les
bâtiments particulièrement soignés soit aux éléments structurants de la
façade (encadrements, linteaux, chaîne d’angle, arcs…).
La construction en pierre de taille, coûteuse, a souvent symbolisé la
richesse et la puissance de son commanditaire. Les parements des
constructions en pierre de taille sont destinés à rester apparents : les
calepinages et les assises de pierre sont soigneusement réglés, les joints
entre les pierres doivent être très fins. Son appareillage doit être
exemplaire pour donner à la façade sa valeur esthétique. Les joints sont de faible épaisseur à la chaux grasse et au sable. Leur
couleur se rapproche de celle de la pierre (jamais de ciment, ni de joints
épais). En soubassement, au niveau des seuil, on peut retrouver des pierres plus
“dures” comme la pierre de Givet qui résiste mieux aux intempéries. - 10 -
1.1 - calcaire jaune :
Issu des carrières locales (Dom-Le-Mesnil).
La maçonnerie ainsi composée
donne un effet de masse. En vue de
loin, on ne distingue pas l’appareillage.
Dans l’exemple ci-contre, la
façade est rythmée verticalement par 2 travées et horizontalement par un soubassement
et des corniches intermédiaires
au niveau de chaque plancher.
Seuls quelques éléments de
décors sont présents : deux
mascarons situés sur le chaînage d’angle, des agrafes ornant
la clef des linteaux des baies. 6 rue des Liégeois
1.2 - calcaire blanc :
Ce type de calcaire n’est pas une
pierre issue des carrières locales. Elle
apparaît dans les constructions dès la
seconde moitié du XIXème siècle avec
le développement des moyens de
transport.
Ce calcaire, tendre et propice à la
sculpture et la création de motifs
complexes, rencontre l’expression
architecturale de l’époque.
10 cours Aristide Briand
- 11 -
L’utilisation de cette pierre est
très courante dans l’architecture
de style “Beaux Arts” de la fin
du XIXème siècle et début XXème.
Ci-contre, un exemple d’une
architecture néo-classique avec
une ordonnance monumentale
comprenant un niveau de
soubassement à bossage et un
étage noble avec des balcons.
Les façades sont très travaillées
avec une profusion de détails
architecturaux : balustrades,
frontons, consoles…
Nota : De nombreux édifices d’architecture de style “beaux-arts” à Charleville et
Mézières utilisent aussi la pierre de taille
de calcaire jaune. Exemple d’une architecture “art déco”
avec de très beaux bas reliefs en
calcaire blanc.
Détails des frontons
Avenue d’arches
2 les appareillages mixtes
Cet appareil mixte est représentatif des façades du centre ancien de
Charleville : la brique est associée à la pierre de taille.
2.1 - brique et pierre de taille
en calcaire jaune :
Sur ce type de façade la brique
rouge de fabrication artisanale,
assez fine (4 à 5 cm), est associée à
la pierre de taille en calcaire jaune.
Place Ducale
L’exemple de la place Ducale
illustre magistralement cette
architecture ordonnancée rouge
et or.
Le rythme de leur composition
obéit à une règle de quatre. 4
travées, 4 niveaux en incluant les
lucarnes. 2 rue Delvincourt
- 12 -
Beaucoup d’immeubles du XIXème
expriment cette modénature. Sur
cette exemple, la brique est peu
présente, l’ensemble des éléments
architecturaux sont en pierre de
taille (chainages, corniches... ). On
peut noter la présence d’un soubassement en pierre bleue (probablement de Givet).
L’organisation en travée de la
façade est très affirmée.
2.2 - brique et pierre de taille
en calcaire blanc :
Cet appareillage mixte est présent
dans le centre ancien de Charleville
et de Mézières pour les constructions postérieures à la seconde
moitié du XIXème siècle.
Ci-contre la travée centrale est d’inspiration “art nouveau”.
Boulevard Gambetta
2.3 - brique jaune et pierre
de taille en calcaire blanc :
Quelques édifices sont constitués
d’une brique jaune (ocre clair) de
forme régulière de façonnage industriel. On notera dans l’exemple ci-dessus le travail esthétique sur la couleur des briques Rue Kennedy
- 13 -
Principe de restauration des typologies :
pierre de taille et appareil mixte
le nettoyage :
Lors des travaux de ravalement, le nettoyage de la pierre doit s'effectuer avec précaution. le recours à des procédés abrasifs, comme le sablage, doit être exclu : il fait
disparaître le travail de surfaçage et de taille des pierres, il ronge les éléments de décor,
enfin il détruit le calcin, couche de protection naturelle de la pierre. L'application de
produit chimique est à éviter ; les décapants acides sont à proscrire. un simple
lavage à l'eau, ou la projection d'eau à basse pression (maximum 3 bars), s'avère
dans la plupart des cas efficace pour lutter contre l'encrassement superficiel de la
pierre. Même technique pour la brique. les protections :
Le badigeon : une protection réversible. Le badigeon à la chaux (matériau naturel) sur la pierre ou sur la brique par le phénomène de la carbonatation, vient faire durcir la couche superficielle du parement et la protège. Dans un soucis d’entretien et de conservation des bâtiments, il sera toujours préférable
de privilégier la technique du badigeon (matériau naturel à base de chaux) qui est
réversible à l’application d’un hydrofuge complètement étanche à l’air qui risque
d’interrompre les échanges physico-chimique en surface de la pierre et de la brique et
créer des désordres au droit des surfaces non traitées. Néanmoins si un badigeon est envisagé, attention aux colorations. En effet, des
colorations plus ou moins soutenues sont possibles. Autant pour les bâtiments XVIIème
(type place ducale), cette pratique était courante, liée à la recherche esthétique de
l’époque, pour les bâtiments post XVIIIème, les matériaux à l’origine n’ont pas été conçus
pour recevoir des badigeons. Le calcin, surface protectrice naturelle de la pierre, joue
ce rôle.
Sur la brique, le badigeon va faire disparaître la couleur du joint. il est important pour l’utilisation de toutes ces techniques spécifiques d’être
conseillé par des artisans ou maîtres d’œuvres qui pourront attester d’une
expérience ou d’une connaissance en la matière.
le rejointoiement :
le regarnissage des joints doit être réalisé au mortier de chaux naturelle
(caeb/nhl < 3,5), au nu extérieur du parement.
Si les joints sont en bon état un nettoyage à basse pression est suffisant, si les joints sont
dégradés envisager, après dégarnissage, la reprise des joints au nu du parement avec un
mortier à base de chaux qui prendra la coloration de la pierre.
le remplacement :
les pierres abîmées sont remplacées en tiroir par des pierres de même nature et
avec une finition semblable (taille, ciselage).
Il est préférable d’utiliser des briques anciennes imparfaites et à défaut des briques
neuves réalisées manuellement de même module.
Les briques anciennes étaient fabriquées localement, manuellement, de dimensions
variables, plus fines (moins de 4 cm d’épaisseur) que les briques industrielles actuelles
(environ 6 cm).
la création de baies :
les baies créées doivent s’inscrire dans la composition d’ensemble de la façade,
dans la mesure du possible dans la continuité d’une travée.
Les modules de raccord avec la maçonnerie existante doivent se rapprocher le plus
possible des éléments constituant le parement. Si un traitement particulier de l’encadrement de baie existe sur un bâtiment (débords, décors, appareillage particulier,…) il doit
être reproduit pour les baies créées. Une création de baie réussie est une création non
perceptible dans un ensemble. - 14 -
3 le mœllonnage
Le mœllon est une pierre de dimension réduite, assez bien épannelée,
dont le parement est grossièrement dressé. les mœllons, sont très couramment utilisés dans les maçonneries
traditionnelles de charleville-mézières.
Le traitement des joints et la forme du mœllon varie selon les époques de
construction.
3.1 - Joints affleurants au
parement :
Constructions antérieures à
1914.
D’assises horizontales, les
joints sont exécutés au mortier
de chaux grasse et sable. Ils
épousent la forme du moellon.
Néanmoins dans ce type de
construction, la pierre de taille
est utilisée en soubassement,
en encadrement de baies, en
chaînage.
Maison de la fin du XIXème avec une belle maçonnerie de mœllons à joints affleurants Assises horizontales
3.2 - Joints saillants :
constructions années
1920 / 1930
Ce type de joint est saillant par
rapport au parement. Son
épaisseur permet de ratrapper
les irrégularités des assises. Deux formes d’appareillage,
sont présents sur cette catégorie de bâti.
Forme hexagonale
- 15 -
Ci-contre une construction de la
fin des années 20 en moellons à
joints saillants. Les linteaux,
soubassement, encadrements
de baie et attique sont traités en
béton de ciment avec de la
brique. Ce type de façade
caractérise bien la maison de
ville de l’entre-deux guerre à
Charleville-Mézières.
Rue de Montjoly
3.3 - Joints en creux : immeuble de la Reconstruction (post
39 /45).
Le joint est dit creux lorsqu’il se
trouve en retrait par rapport au
parement. Le liant utilisé dans
ce mortier est le ciment.
Les mœllons utilisés sont sciés
et forment ainsi des assises
très régulières.
Place Nevers
Les façades constituées par ce
types de mœllons sont de
composition simple et épurée.
Ce type d’architecture néo
pittoresque est né de la rencontre entre la nécessité de confort
moderne (bandeau de fenêtre,…) et l’intégration avec
l’architecture remarquable de la
place ducale (par le gabarit des
constructions, l’implantation
traditionnelle en front de rue et
les matériaux utilisés). Rue de Mantoue
Rue Kennedy
- 16 -
Principe de restauration de la typologie :
le moellonnage
le nettoyage :
Lors des travaux de ravalement, le nettoyage de la pierre doit s'effectuer avec
précaution. le recours à des procédés abrasifs, comme le sablage, l’hydrogommage haute pression doit être exclu. L'application de produit chimique est
délicate ; le temps d'action du produit doit être parfaitement maîtrisé, le décapant doit
être adapté à la pierre à traiter (les décapants acides sont à proscrire). un simple
lavage à l'eau, ou la projection d'eau sous pression (maxi 3 bars), s'avère dans la
plupart des cas efficace pour lutter contre l'encrassement superficiel de la pierre.
les protections :
les revêtements hydrofuges sont à éviter. Ils forment un film brillant inesthétique et
rendent étanche la surface de la maçonnerie créant à terme des désordres à la
périphérie de la surface d’application. Les maçonneries traditionnelles ont besoin de
“respirer”.
le rejointoiement :
Le type de joints va dépendre des caractéristiques stylistiques de la façade. Les
surfaces rejointoyées seront refaites à l’identique de la mise en œuvre initiale.
3.1 - (page 15) Pour les maçonneries antérieures à 1914, le regarnissage des joints doit
être réalisé au mortier de chaux naturelle (CAEB / NHL < à 3,5) à fleur du nu extérieur
du parement. Si les joints sont en bon état un nettoyage à base pression ou avec une projection de
micro fines est suffisant. Si les joints sont dégradés, après dégarnissage, la reprise des
joints doit être réalisée au nu du parement avec un mortier à base de chaux de la
couleur de la pierre.
3.2 - (page 15) Les constructions en mœllons des années 20 / 30, ont souvent des joints
saillants au ciment avec parfois des appareillages sous forme d’hexagone en soubassement. Pour le rejointement, il faudra se rapprocher le plus possible de la forme et de la
couleur du joint.
3.3 - (page 16) Les seuls joints à traiter en creux et avec un mortier de ciment correspondent aux constructions des années 40 / 50.
le remplacement :
Les pierres abîmées sont remplacées en tiroir par des moellons de même nature (sciés
ou taillés), de même dimension et de même finition que l’existant.
la création de baies :
les baies créées doivent s’inscrire dans la composition d’ensemble de la façade,
dans la mesure du possible dans la continuité d’une travée.
Les modules de raccord avec la maçonnerie existante doivent se rapprocher le plus
possible des éléments constituant le parement. Si un traitement particulier de l’encadrement de baie existe sur un bâtiment (débords, décors, appareillage particulier,…) il doit
être reproduit pour les baies créées. En réhabilitation, une création de baie réussie est
une création non perceptible dans un ensemble.
- 17 -
4 le béton
Le béton est défini comme étant un matériau de construction composite
fabriqué à partir de granulats (sable, gravillons) agglomérés par un liant.
4.1 - Panneaux préfabriqués de
revêtement de façade :
Plaques préfabriquées en béton
désactivé typique des architectures
50-60 à Charleville-Mézières.
Ce matériau a été très utilisé à partir
de la période de la Reconstruction. La
demande croissante de logements
due à la nécessité de reconstruire les
zones sinistrées et de répondre à
l’augmentation démographique
imposait aux bâtisseurs un rythme de
construction effréné. Photos du quartier de la Reconstruction
Secteur Nevers.
Le matériau de construction le plus
adapté à cette demande était le béton
en éléments préfabriqués. Ce
procédé permettait de construire vite
et à moindre coût. Les constructions
de cette époque incarnent la pensée
architecturale moderne. Les
bâtiments devaient être épurés,
fonctionnels, avec des formes
exprimant l’usage.
4.2 - brique rouge et béton : années
30-40. Détails du parement en brique
rouge industrielle. Le mortier de jointoiement est à base de ciment.
description
Ce type de bâtiment utilise déjà de manière importante le béton de ciment dans le
système constructif que ce soit en structure ou en façade.
On observe des nuances entre les teintes
de briques industrielles pour une
recherche esthétique.
Boulevard Gambetta
Promenade de Dülmen
- 18 -
Rue Duvivier
Principe de restauration :
le nettoyage :
Un simple lavage à l'eau ou la projection d'eau sous pression, s'avère
dans la plupart des cas efficace.
les protections / finitions :
Lorsque le béton est peint, en entretien, dans le respect des caractéristiques
initiales du bâtiment, il faudra envisager de repeindre après un nettoyage et
un décapage.
Les plaques préfabriquées en béton désactivé sont destinées à rester sans
revêtement ni peinture, il n’est donc pas autorisé d’apposer des peintures ou
des enduits sur ces revêtements. Un nettoyage est suffisant pour que le
bâtiment retrouve son élégance. Seuls les corniches, balconnets ou encadrements de baies peuvent être peints.
le remplacement / la reprise :
Pour une bonne restauration des surfaces en béton, il est important au préalable d’observer la constitution de ce
béton et de rechercher à s’approcher le
plus possible par la coloration et la
granulométrie des parties existantes.
ce travail ne peut être réalisé que
par des artisans spécialisés dans
les techniques de restauration des
bétons.
Attention à la restauration des bétons : dans l’exemple ci-dessus on observe
une différence de couleur inesthétique
entre la partie d’origine et les parties restaurées.
4.2 - (page 18) Pour les parties en brique, qui peuvent varier par leur coloration,
il sera préférable d’utiliser des briques anciennes de même nature que
l’édifice ou à défaut des briques neuves qui s’approchent des caractéristiques
des parements existants (briques de façonnage industriel).
la création de baies :
Les baies créées doivent s’inscrire dans la composition d’ensemble de la
façade, dans la mesure du possible dans la continuité d’une travée.
Les modules de raccord avec la maçonnerie existante doivent se rapprocher
le plus possible des éléments constituant le parement. Si un traitement
particulier de l’encadrement de baie existe sur un bâtiment (débords, décors,
appareillage particulier,…) il doit être reproduit pour les baies créées. Une
création de baie réussie est une création non perceptible dans un ensemble. - 19 -
5 les enduits
Les enduits sont des revêtements épais que l’on applique sur le matériau
constitutif de la façade. 5.1 - enduit à base chaux ou de silicate pour les pignons :
les bâtiments anciens de charleville-mézières se caractérisent par
des maçonneries apparentes, les enduits sont particulièrement
rares.
Ils sont recommandés pour le revêtement des pignons quand
l’appareillage de la maçonnerie est très hétéroclite.
En accord avec les caractéristiques des centres anciens de CharlevilleMézières, pour appliquer sur une maçonnerie traditionnelle (pierre ou
brique) les enduits traditionnels à la chaux ou au silicate sont vivement
conseillés.
Les enduits anciens à la chaux ou au silicate, contrairement aux enduits
modernes, ont la particularité de faire corps avec ces supports non
rigides et de laisser “respirer” les murs : cette “perméabilité” à l'air et à la
vapeur d'eau est indispensable à la bonne conservation des maçonneries
anciennes. Les enduits modernes, généralement à base de ciment, adjuvantés de
produits artificiels, et souvent retenus parce que “prêts à l'emploi”, sont
inappropriés : ils donnent un aspect “standard” uniformisant les constructions. tous les enduits au ciment sont à proscrire sur les maçonneries
traditionnelles en pierre et brique.
La chaux naturelle se décline en chaux hydraulique naturelle (NHL) et en
chaux aérienne (CAEB / CL), cette dernière étant réservée aux finitions. 5.2 - une finition en accord avec le centre ancien pour les bâtiments
modernes :
Les constructions contemporaines
sont souvent recouvertes d’enduit sur
un support à base de parpaings ou de
voiles béton. La finition de surface de ces enduits ne
peut être que finement talochée ou
brossée.
- 20 -
les finitions interdites :
ecrasée :
Donne un aspect méditerranéen
aux constructions qui n'est pas
en accord avec les caractéristiques du centre ancien.
Projetée : Comme son nom
l'indique tout simplement appliqué
à l'aide d'une machine à projeter
et donne l’aspect d’un crépis.
Il faut éviter de dresser systématiquement l'enduit lorsque la façade
présente certaines irrégularités. L'enduit doit au contraire accompagner
les mouvements de la façade. Les marquages lissés des chaînes
d'angles et des encadrements doivent suivre les dispositions d'origine.
les baguettes d'angle en Pvc utilisées pour les arêtes de mur et
d'encadrement sont à éviter.
La nature du liant, les sables, la granulométrie, l'épaisseur, la mise en
oeuvre et l'exécution sont autant d'éléments qui vont intervenir dans
l'aspect de l'enduit, sa texture, sa teinte. C'est la nature et la qualité de
l'enduit qui déterminent l'apparence d'une façade et l'image d'un édifice.
De nombreux bâtiments en pierre sont revêtus d'un enduit alors que leur
caractéristique propre voudrait qu'il soient en pierre apparente.
Dans la cadre du ravalement on cherchera à faire réapparaître la
maçonnerie (piochage de l’enduit) qui sera mise à nue et restaurée si son
état le permet.
Exemples de façades avec des enduits inappropriés. Dans ces cas il apparaîtrait nécessaire de faire réapparaître la maçonnerie.
- 21 -
6 les peintures
6.1 - les peintures de type organique :
Les revêtements pelliculaires de type organique ne sont pas en accord
avec les caractéristiques du centre ancien de Charleville-Mézières, en
particulier avec les maçonneries traditionnelles (brique et pierre). Ce type
de revêtement s'applique sur des surfaces en enduits ciment ou sur des
surfaces béton coulées en place en bon état. On les retrouve essentiellement dans l'architecture à partir des années 50 et sur certains éléments
de modénatures de façades en brique et en béton des années 30-40. ce
type de revêtement ne s'applique jamais sur des éléments
préfabriqués en béton.
les peintures dites organiques ne sont pas adaptées aux maçonneries traditionnelles en pierre et brique. Ils ne laissent pas respirer la
maçonnerie et provoquent des désordes en périphérie de leur surface
d'application.
Les peintures organiques les plus répandues (acrylique, vinylique,
époxydique...), sont dérivées de produits pétrochimiques. Ces peintures
contiennent un liant (généralement une résine synthétique) qui lors du
séchage va former un film imperméable qui n'est pas adapté aux
maçonneries traditionnelles et conduit à leurs dégradations prématurées.
Ces exemples de maçonneries traditionnelles sont de manière inapropriées revouvertes de peinture alors qu’elles devraient garder leurs parements en pierres naturelles.
6.2 - les peintures dites minérales ou laits de chaux :
Une peinture minérale est une peinture dont le liant principal est d'origine
minéral (chaux, silicate). les laits de chaux sont à utiliser sur des
enduits à base de chaux ou des maçonneries traditionnelles en
brique et pierre (dans la limite du respect des caractéristiques architecturales de l’édifice). Le phénomène de carbonatation va permettre de
faire durcir la couche superficielle du parement et ainsi la protéger, tout
en laissant respirer la maçonnerie.
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QuelQueS règleS à reSPecter,
leS erreurS à éviter
1 Préservation des décors des façades
Tous les décors présents sur les façades doivent être conservés car ils
participent à la qualité des façades de la ville.
Linteau sculpté au-dessus d’une baie.
Mascaron
Fronton sculpté de bas reliefs.
2 les éléments qui parasitent la lecture
de la façade
2.1 - les raccordements :
Les divers raccordements (électriques, gaz, eau…) d’un bâtiment ne
doivent pas être visibles depuis la rue. Ils doivent dans la mesure du
possible passer à l’intérieur de la construction.
Si les raccordements ne peuvent être occultés, ils doivent être placés sur
les débords de la toiture ou sur les bandeaux pour en atténuer l’impact.
Le parcours vertical du réseau de raccordement doit suivre la limite
latérale du bâti.
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2.2 - les coffrets de raccordements :
Les coffrets de raccordements doivent être placés dans des locaux
techniques. A défaut, ils doivent être suffisamment encastrés dans la
façade pour être cachés par un portillon en bois ou en métal peint situé
au nu de la façade. Coffrets non intégrés
2.3 - les antennes de télévision et paraboles :
Les antennes comme tous les réseaux aériens perturbent la lisibilité des
architectures. la pose d’antennes et paraboles est interdite à la vue
de l’espace public.
Il est donc conseillé, dans la mesure du possible, de les placer sous la
couverture du bâtiment, de sorte qu’elles ne soient pas visibles depuis la
rue.
2.4 - Sortie de ventilation / évacuation des fumées :
Tous composants participant à la ventilation du bâti ne doivent pas être
perceptibles sur les façades donnant sur rue ou sur cour. Ils doivent être
placés à l’intérieur du bâtiment.
Pas de “ventouses” en façade. Privilégier les conduits en toiture, si possible en réutilisant les conduits et souches existantes.
2.5 - les appareils de climatisation :
Les appareils de climatisation sont interdits en façades.
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leS menuiSerieS et ferronnerieS
Nous rappellerons quelques règles élémentaires pour une bonne
intégration des menuiseries dans l’ensemble que constitue la façade.
1 Préserver les menuiseries existantes de qualité
Certaines portes en bois ou en ferronnerie de notre
centre ancien sont remarquables, il est indispensable de les conserver dans une logique de protection
et de mise en valeur.
Si certaines réparations semblent nécessaires, il
sera judicieux de faire intervenir un artisan dont la
qualification sera en adéquation avec la complexité
du travail à accomplir.
2 Privilégier l’utilisation du bois
Détail d’ébénisterie
d’une porte rue Colette
Si le remplacement des menuiseries s’avère indispensable notamment
pour améliorer la performance thermique et acoustique du logement, il
faudra privilégier l’emploi de matériaux conformes à la conception initiale
de l’édifice : principalement le bois à peindre, mais aussi l’acier.
3 respecter le dessin
et le fonctionnement des menuiseries
• le dessin de la menuiserie (présence ou pas de petits bois, cintrage,...)
participe à la composition d’ensemble de la façade, en cela il doit être
conforme au dessin originel.
• le profil de la menuiserie devra être en accord avec l’époque de
construction de l’édifice.
• la menuiserie sera positionnée en feuillure (côté intérieur de
l’ébrasement de la baie).
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4 les couleurs
Une gamme de couleurs plus soutenues sera privilégiée pour les portes, une gamme plus claire pour les fenêtres. (Attention de ne pas utiliser
systématiquement le blanc).
Les couleurs trop vives sont interdites.
Gamme non
exhaustive
5 les occultations
Les occultations doivent être conformes à la conception initiale de
l’édifice. Voici quelques repères:
• bâti du XVIIème et XVIIIème : volets en bois intérieurs repliables dans
l’ébrasement de la fenêtre
• bâti XIXème volets en bois extérieur • bâti XXème jusque dans les années 60 : volets en bois, persiennes
métalliques ou volets roulants en bois intégré au linteau des baies suivant
le type de construction (non visible).
les caissons de volets roulants, et qui plus est en Pvc, sont
interdits dans le centre ancien.
Les persiennes métalliques existantes sont à conserver
et à repeindre. Elles participent à la qualité de la façade.
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Les caissons de volets roulants sont interdits.
6 les ferronneries
Les ferronneries existantes sont à conserver. Elles font partie intégrantes
des décors des façades.
Ferronneries sur le vitrage d’une
porte d’entrée.
Soupiraux et garde-corps.
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notes
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3 - glossaire
appareil irrégulier : appareil constitué d’éléments de grosseur variable et de
forme irrégulière, mais taillés en vue de la pose.
appareil mixte : appareil formé de matériaux de nature différente.
appui : surface horizontale inférieure d’une baie ne descendant pas jusqu’au sol.
attique : étage ou série d’éléments continus qui marquent la terminaison d’une
façade.
badigeon : lait de chaux généralement additionné d’un colorant que l’on applique
sur un parement.
baie : ouverture de fonction quelconque, ménagée dans une partie construite, et
son encadrement.
balcon : étroite plate-forme à garde-corps, en surplomb devant une ou plusieurs
baies.
balconnet : garde-corps en faible saillie devant une baie.
chaîne d’angle : elle forme la rencontre des deux murs en angle.
calpinage : art de composer par le dessin un assemblage d’éléments en
particulier pour la pierre de taille pour constituer un élément architectural
complexe (arcs, voûtes,…).
colonne engagée : support vertical construit contre un mur et ayant l’apparence
d’une colonne qui serait partiellement noyée dans le mur.
corbeau : De pierre, de bois ou de métal, de section verticale, carrée ou
rectangulaire, partiellement engagée dans un mur et portant une charge par sa
partie saillante.
corniche : Couronnement allongé d’une élévation, formé de moulures en
surplomb les unes sur les autres.
elévation : Face verticale ou ensemble de faces verticales d’un bâtiment ou d’un
corps de bâtiment.
emmarchement : Il est formé de quelques marches très longues ou étendues sur
le périmètre complet d’un soubassement.
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Encorbellement : surplomb allongé porté par une suite de supports.
Enduit : revêtement en plâtre, en mortier, en ciment, en stuc, que l’on
étend en couches minces.
Epaufrure : éclat accidentel sur l’arête d’une pierre ou d’une brique.
Joint : espace entre deux éléments, généralement rempli de mortier.
Linteau : bloc de pierre, pièce de bois ou de métal couvrant une baie. Il
reçoit la charge des parties au-dessus de la baie et il la reporte sur les
deux points d’appuis.
Loggia : pièce à l’étage, ouverte sur l’extérieur : ses baies n’ont pas de
menuiserie.
Mascaron : en architecture, un mascaron est un ornement représentant
généralement une figure humaine parfois effrayante dont la fonction était,
à l’origine, d’éloigner les mauvais esprits afin qu’ils ne pénètrent pas dans
la demeure.
Modénature : proportion et disposition de l’ensemble des éléments (modules de
constructions : briques, pierres,…) qui caractérisent une façade dans l’optique
d’une recherche esthétique.
Niveau : partie horizontale d’une élévation définie par une baie ou par
une rangée de baies réelles ou feintes, notamment des niches. Seules
les lucarnes qui sont au nu de l’élévation constituent un niveau : les
autres ne font pas partie de l’élévation.
Ordonnance : partie d’élévation caractérisée par sa composition rythmé
Oriel : ouvrage formant avant-corps sur la hauteur de plusieurs étages.
Parement : surface visible d’une construction en pierre.
Soubassement : partie massive d’un bâtiment, construite au sol et ayant
pour fonction réelle ou apparente de surélever les parties supérieures.
Tirant : pièce de bois ou de métal neutralisant deux poussées
divergentes en réunissant les parties auxquelles elles s’appliquent.
Travée : Composition verticale marquée par l’alignement des baies.
Trumeau : pan de mur entre deux baies au même niveau.
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Les façades en Centres Anciens
Moulure : ornement allongé et en relief.
Les façades en Centres Anciens
Conception et réalisation Ville de Charleville-Mézières
Ne pas jeter sur la voie publique - Janvier 2010
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