Icompte-rendu _ diagnostic optique
ment de diagnostic dans le cadre du dépistage de
populations de patients (y compris les patients avec
ou sans antécédents de dysplasie/de carcinome à
cellules squameuses de la cavité buccale).
Une autre étude utilisant l'imagerie par fluores-
cence quantitative sur 56 patients présentant des
lésions buccales et 11 volontaires, a permis de diffé-
rencier des tissus sains d’une dysplasie et d’un can-
cer invasif, avec une sensibilité de 95,9 % et une spé-
cificité de 96,2 % dans le kit de formation, et avec
une sensibilité de 100 % et une spécificité de 91,4 %
dans le kit de validation. Des cartes de probabilité des
lésions valident qualitativement l'évaluation cli-
nique ainsi que l'histologie (Roblyer et al. 2009).
D'avantage d'essais cliniques sont nécessaires pour
différentes populations afin de permettre d'évaluer
pleinement l'utilité clinique de cette technologie
prometteuse. D'autres appareils utilisant une
gamme de techniques spectroscopiques souvent
combinées à d'autres technologies, sont en phase de
développement. Parmi eux : le système FastEEM4,
l'Identafi (Remicalm) et le PS2-buccal (Schwarz et al.
2009 ; McGee et al. 2008 ; Lane et al. 2006 ; De Veld
et al. 2005 ; Wagnieres et al. 1998 ; Ramanujam et al.
2000 ; Culha et al. 2003 ; Choo-Smith et al. 2002 ; Bi-
gio et al. 1997 ; Farrell et al. 1992). Des essais cli-
niques sont toujours à un stade relativement pré-
coce, mais les premiers résultats sont encoura-
geants. La technologie Identafi combine l'imagerie
anatomique à la fluorescence, aux fibres optiques et
à la microscopie confocale pour recenser et délimi-
ter précisément la lésion dans la zone qui est exami-
née. Lors d’un test de dépistage sur 124 sujets pour
différencier entre les sites néoplastiques et non
néoplastiques de la cavité buccale, une sensibilité de
82 % et une spécificité de 87 % ont été déterminées.
Les résultats variaient entre les profondeurs
d'échantillonnage et les tissus kératinisés versus les
tissus non kératinisés (Schwarz et al. 2009). Parmi
les plus grandes difficultés des diagnostics par spec-
troscopie figurent le ratio signal/bruit souvent
faible, la difficulté d'identifier la source précise des
signaux, la quantification des données et la diffi-
culté d'établir des jalons et des critères en matière de
diagnostic, particulièrement vu la vaste gamme de
types de tissus présents dans la cavité buccale. La
profondeur de pénétration des tissus est une limite
inhérente à la technologie. La mutagénicité poten-
tielle provoquée par la lumière UV dans la structure
clinique figure également au nombre des préoccu-
pations.
C. Photosensibilisants
Lorsque des photosensibilisants topiques ou sys-
témiques sont administrés, leur capacité à s'accu-
muler dans les cellules cancéreuses et à émettre une
fluorescence sous des longueurs d'onde spécifiques
peut servir à identifier et à délimiter les zones mi-
croscopiques de changements (Kennedy et al. 1992;
Cassas et al.2002). Cette approche permet de carto-
graphier en 3D la surface épithéliale et la limite
sous-épithéliale, de contrôler les surfaces étendues
et elle donne l'option d'une photodestruction de la
lésion photosensibilisée. Parmi certains agents pro-
metteurs pour la photodétection figurent l'acide
aminolévulinique (Levulan), l'hexyl aminolévulinate
(Hexvix), l'aminolévulinate de méthyle (Metvix), le
méta-tétra (hydroxyphényl) chlorine, ainsi que le
porfimère sodique (Photofrin ; Ebihara et al. 2003 ;
Leunig et al.1996, 2000, 2001 ; Chang & Wilder-
Smith, 2005). Dans une étude clinique en aveugle
réalisée sur 20 patients présentant des néoplasmes
buccaux, la sensibilité de diagnostic avec l'aide du
diagnostic visuel par fluorescence non assistée ou
de la microscopie par fluorescence se rapprochait de
93 %. La spécificité de diagnostic était de 95 % pour
le diagnostic visuel et s’améliorait jusqu’à 97 %
grâce à la microscopie par fluorescence (Chang &
Wilder-Smith, 2005). Une étude récente utilisant
des agents fluorescents ciblés à facteur de crois-
sance épidermique par application topique sur des
lésions de la muqueuse buccale, combinés à l'ima-
gerie in vivo, a donné des résultats encourageants
concernant la détection de lésions, la délimitation
de la marge et comme étant un instrument possible
de guidage complémentaire pour la biopsie (Nitin et
al. 2009). En fonction du photosensibilisant et de
son mode d'application (systémique versus to-
pique), les limitations comprennent la photosensi-
bilisation systémique au cours de périodes prolon-
gées, les questions relatives à la pénétration, le be-
soin d'une détection par fluorescence spécialisée et
d’un équipement de cartographie, et le manque de
spécificité en cas d'inflammation ou de cicatrice sur
le tissu.
D. Tomographie par cohérence optique (TCO)
La tomographie par cohérence optique (TCO) a
d'abord été présentée comme technique d'imagerie
dans les systèmes biologiques en 1991 (Huang et al.
1991). La nature non invasive de cette méthode
d'imagerie, associée à une profondeur de pénétra-
tion de 2 à 3 mm, une haute résolution (5-15 µm),
une visualisation d'images en temps réel et la capa-
cité d'obtenir des images en coupe transversale ainsi
que des images tomographiques en 3D, offrent
d'excellentes conditions préalables pour le dépis-
tage buccal in vivo et le diagnostic. La TCO a souvent
été comparée à l'imagerie par ultrason. Ces deux
technologies utilisent des signaux rétrodiffusés ré-
fléchis par différentes couches dans le tissu pour re-
construire les images de structure ; la dernière me-
surant le son plutôt que la lumière. L'image fournie
par TCO est une représentation 2D de la réflexion op-
tique dans l'échantillon d’un tissu. Les images en
12 I laser
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