BISCH Michael - Société de Psychiatrie de l`Est

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Quelles pratiques de soins
intégrés addictologiques
en psychiatrie ?
Dr Michaël BISCH
Strasbourg,Le 29 novembre2014
Liens d’intérêt
Liens
organisation
Investigateur recherche
Ethypharm (ALPADIR)
Orateur/Participation à
congrès/Formation
Lundbeck, R&Bpharmaceuticals,
AstraZeneca, Sanofi
Le schéma trivarié
Produit
Individu
• facteurs de vulnérabilité
• cytotoxicité
• complications psychiatriques
• représentation sociétale
• forte exposition nationale
Environnement
• modèles externes
Les addictions se nourrissent des
souffrances humaines
Le « Double Trouble »
ou « trouble co-occurent »
Le concept de double diagnostic récent répond :
◦ À des impressions cliniques
◦ À une co-occurrence statistique
Les circuits de soins ont néanmoins été organisés
séparément.
Les enjeux thérapeutiques sont majeurs.
La nécessité d’une articulation des soins au sein
du même dispositif institutionnel
Définition du TCO
OMS (2005) :
« Co-occurrence chez un même individu,
d’un trouble lié à la consommation d’une
substance psychoactive et d’un autre
trouble psychiatrique »
Littérature qui fait état de leur fréquence élevée
depuis environ 30 ans
Tous « Double Trouble » ?
Sévérité du trouble
de l’usage d’alcool
2
1
3
4
Sévérité du trouble
psychiatrique
Tous « Double Trouble » ?
Les troubles de la personnalité (à
l’exception éventuelle du Tb
« Borderline ») ne sont, en règle
générale, pas pris en compte.
Les troubles induits par la consommation
des substances amènent à une confusion.
Définition du TCO
Le diagnostic de chaque trouble
-
doit pouvoir être porté indépendamment
(selon le DSM-IV)
-
Ne pas résulter d’un cluster de symptômes
de l’autre trouble
Modèles étiologiques du TCO
Quatre grandes hypothèses étiologiques :
1.Les troubles mentaux induisent ou perpétuent le trouble
de l’usage d’alcool :
Autorégulation symptomatologique
Exposition accrue du fait de cpt à risque
Désinhibition, impulsivité
2.Le trouble de l’usage d’alcool induit ou prolonge des
troubles psychiatriques
Toxicité de l’alcool
Environnement (exposition au stress)
Interactions G-E (phénomènes de sensibilisation au stress)
Modèles étiologiques du TCO
Quatre grandes hypothèses étiologiques :
3.Existence de mécanismes communs, génétiques ou
environnementaux
Ex : Dysfonctionnements familiaux, faible niveau
socioéconomique, faible étayage parental =>communs à la
dépression et à l’abus de substances
Héritabilité partagée (ex : 58 % pour psychopathie cannabis)
3.Hypothèse des biais méthodologiques à l’origine d’une
surestimation de la prévalence des TCO (« Biais de
Bergson »)
Épidémiologie des TCO
Prévalence : études en pop. Générale
ECA et NCS : 38% et 51% de trouble mental (vie
entière) chez les patients présentant un trouble
addictif (vie entière)
La moitié des sujets avec un trouble mental
côtent pour un trouble addictif vie entière
En population clinique, ces chiffres augmentent
encore (Biais de Bergson)
Épidémiologie des TCO
Troubles psychiatriques les plus concernés :
TBP type I (61%)
Schizophrénie (46%)
EDM (25%)
+ la personnalité antisociale (≠ double trouble)
Relation entre la sévérité clinique et la présence du
trouble addictif
ET
La force de l’association à un trouble psychiatrique
croît parallèlement à la sévérité de l’addiction
Épidémiologie des TCO
Relation temporelle
Les troubles addictifs sont le plus souvent
précéssifs à l’apparition d’un trouble
psychiatrique
Mais les signes prémorbides précèdent
généralement l’addiction de 5 à 10 ans
Épidémiologie des TCO
Relation temporelle
1.Tb
des conduites (Tb externalisés) dans l’enfance
sont fortement prédictifs d’addiction ultérieure
2.Données
contradictoires pour les troubles
internalisés
Alcool et troubles mentaux
Données épidémiologiques
- 52% des mésuseurs d’OH ont un TCO (vie
entière)
- Tb anxieux
- Tb humeur
- Schizophrénie
19%(OR 1,5)
13% (OR1.9)
3.8% (OR3)
=> EDM et troubles anxieux +++ chez les
femmes
Alcool et troubles mentaux
Données épidémiologiques
- Le trouble mental multiplie par trois l’incidence
de la dépendance alcoolique
Sur vie entière, prévalence du mésusage d’OH :
-
+
TBP 44%
Schizophrénie 34%
tb thymiques 22%
Tb anxieux 19%
comorbidité homotypique avec la cocaïne (OR43)
Particularités diagnostiques
L’alcool peut mimer toute la
psychiatrie
Exemple de l’Épisode Dépressif Caractérisé
H.J. AUBIN, Progress in Mind, 16 nov.2014
Alcool et épisode dépressif
caractérisé
ADDICTION
POP. GEN.
EDM
Trouble de l’usage
8.5 %
16.4%
Usage nocif
4.7 %
5.4%
Dépendance
3.8 %
11 %
Le double trouble alcool – EDM est spécifique de
l’alcoolodépendance
Hasin et al, 2007
Vulnérabilité génétique
Kendler et al., Am J Psychiatry. Jan 2011; 168(1): 29–39.
Vulnérabilité environnementale
Kendler et al., Am J Psychiatry. Jan 2011; 168(1): 29–39.
Alcool et épisode dépressif
caractérisé
Kessler et al., 1997, données NCS
Alcool et épisode dépressif
caractérisé
ENVIRONNEMENT
GENES
FEMMES
TROUBLE
PSYCHIATRIQUE
HOMMES
TROUBLE
DE L’USAGE
D’ALCOOL
Alcool et épisode dépressif
caractérisé
Les modifications neurobiologiques induites par
l’alcool sont semblables à celles des tb anxieux
et thymiques
⇒Environ 70 % de symptômes dépressifs à
l’admission
⇒Diminution dès le 4ème jour
⇒16% d’EDM à 3- 4 semaines (EDM
indépendant)
Exemple du Trouble bipolaire
Distinction à faire entre trouble addictif
indépendant primaire et secondaire
⇒Les patients ayant eu un trouble lié à l’alcool
avant leur premier épisode maniaque ont un
pronostic évolutif plus favorable
Strakowski et al, 2005
Exemple du trouble bipolaire
Pronostic :
◦
◦
◦
◦
◦
Âge de début plus précoce
Cycles rapides, mixte
Majoration des Sp maniaques
Altération du fonctionnement social ultérieur
Diminution de la réponse au lithium
Incidence du suicide accompli x2
Exemple de la schizophrénie
Facteurs de risque :
- Sexe masculin
- âge (jeunes adultes, adolescents)
- impulsivité
- traits antisociaux
=> Mêmes FDR qu’en pop. générale
Schizophrénie et addictions
Aspects thérapeutiques
◦ Selon certaines études, il y a peu de bénéfice
ajouté par la prise en charge addictologique
seule en hospitalisation
⇒l’évolution psychosociale des patients
schizophrènes stabilisés pour la pathologie
addictive s’avère meilleure que celle des
patients sans ATCD d’addiction
◦ Les traitements addictolytiques peuvent être
utilisés
DIXON et al.,
Schzophr Res,
1999
Schizophrénie et addictions
Psychothérapies : adaptations nécessaires
◦ Motivation au sevrage moindre
◦ Moindre capacité à modifier les habitudes de
consommation
◦ « accroche identificatoire » au statut de
toxicomane moins stigmatisante
Pourquoi une prise en charge
intégrée ?
En addictologie :
◦ un encadrement soignant insuffisant
◦ Des contrats de soins inadaptés
En psychiatrie :
◦ L’absence de support pour une prise en charge
addictologique spécifique
Pourquoi une prise en charge
intégrée ?
Lutter contre le syndrome de la porte tournante
Pourquoi une prise en charge
intégrée ?
Traitements séquentiels : conflits permanents
autour de la responsabilité première pour le suivi
et le traitement pharmacologique
Traitements parallèles : On demande au
patient de négocier avec deux traitements au sein
de deux systèmes.
mauvaise diffusion de l’information
Principes d’une thérapie intégrée
(après Rosental & Westreich, 1999)
Phase
d’instauration d’une alliance thérapeutique
Phase de développement d’une motivation vers
un comportement d’abstinence ou une réduction
de la consommation
Phase thérapeutique ciblée sur les troubles
(psychose & addiction)
Phase de stabilisation
Phase
de prévention de la récidive
Règles de prise en charge
◦ Adopter une perspective de soin à long terme,
en planifiant la continuité du lien
◦ Multidisciplinarité
◦ Step by Step
◦ Evaluation des dysfonctions cognitives pour la
personnnalisation des programmes
◦ Utiliser les réseaux de soutien
Passer de la prise en charge de deux
pathologies à la prise en soin d’un usager
Thérapie
individuelle
Traitement
psychiatrique
Activités
Groupe
PsychoExtra
compétences ergothérapie Éducation
hospitalières
Sociales
schizophrénie
SPORT
LOISIRS
TRAVAIL
Programme
Spécifique
ART
créativité
COGNITIONS
Groupe sport
APPRENTISSAGE
AVQ
Psychoéducation
D’après d’Amelio et al, 2006
Un programme spécifique
psychoéducation
objectifs
Information sur l’interaction (négative) du
mésusage & tb psychiatrique ; présentation des
stratégies et compétences de réduction de la
consommation et de réduction de récidives
nombre
10 séances
durée
setting
animation
co-animation
90 minutes / séance
groupe fermé
psychiatre
psychologue
Un plateau de soins intégrés ?
Addressage
synthèse
Sevrage hospitalier
+/- synthèse
PEC individuelle
• Le médecin qui adresse reste référent tout au long de la prise en
charge intégrée
•Une coordination est assurée par le médecin du plateau de soins
intégrés,
•Le contrat de soins comprend :
• une période de sevrage où débutent les soins spécifiques
• une période individualisée (sans forcément une date de sortie
programmée)
Un plateau de soins intégrés ?
Adressage : Nécessité d’un screening
addictologique en filière de soins psychiatriques
Intégration d’une information sur les données
actuelles sur la réduction des risques et des
dommages alcool
=> Consultations avancées d’addictologie en
CMP ?
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