
jour (Mb/j) en 2002 à 7,82 Mb/j en 2013.
L'effondrement de la production des grandes compagnies internationales est
avant causé par l'épuisement naturel de plusieurs grandes zones pétrolifères
dans lesquels les majors restent lourdement engagées. La mer du Nord figure
au premier rang de ces zones entrées depuis plus de dix ans en déclin
structurel rapide. Ailleurs, les contrats dits "de partage de production",
lesquels réservent une part croissante des extractions aux pays hôtes lorsque
les cours du baril augmentent, ont contribué à amplifier le recul des
extractions des majors ; toutefois, ces contrats semblent loin de permettre
d'expliquer l'ampleur du phénomène.
Créées il y a près d'un siècle, les majors n'ont jamais été dans une telle
situation, pour l'heure apparemment inextricable. Leur impasse pourrait
préfigurer un phénomène séculaire de bien plus vaste ampleur : SUITE.
L'année 2014 semble d'ores et déjà marquer un tournant :
Exxon, Shell, Chevron, BP et Total viennent toutes peu ou prou de s'engager
pour les années à venir dans des stratégies assez similaires de
désinvestissement, d'élagage de leurs productions les moins rentables. Les
majors n'ont pas d'autre choix, puisque leurs profits tendent à chuter, pris en
sandwich entre un déclin de leurs extractions et des coûts de production
toujours plus élevés : cercle vicieux.
La course sur le tapis roulant est de plus en plus une course de funambules.
Après 9 années d'effritement de sa production de brut, le groupe Total (la
première entreprise de l'Hexagone) se dit maintenant sur le point d'inverser la
tendance, après cependant avoir promis à ses actionnaires de réduire ses
vertigineux investissements...
La production mondiale totale d'or noir, elle, continue de croître lentement,
en premier lieu à cause du développement des pétroles non-conventionnels et
extrêmes, et en particulier grâce au boom du pétrole de schiste* aux Etats-
Unis, dans lequel de petits producteurs américains indépendants, et non les
majors, se sont taillés la part du lion.
[* Pétrole ou gaz "de roche-mère", à plus proprement parler.]
Sans les quelque 1,5 Mb/j fournis par le pétrole de roche-mère du Texas et du
Dakota du Nord, la production mondiale de pétrole serait sans doute de retour
à son niveau de 2005.