Avril 2014 2
D’abord, elle surveille l’« U6 », un vaste indicateur tenant
compte des chômeurs officiels, des travailleurs contraints
d’accepter un emploi à temps partiel et de ceux plus
faiblement liés à la population active (ils veulent travailler,
mais ne le font pas ou ne cherchent pas d’emploi à l’heure
actuelle). Cet indicateur, qui s’établit à 12,6 %, accuse une
baisse par rapport au sommet de 17,2 % atteint en avril
2010. Mme Yellen se préoccupe du fait que 5 % affirment
occuper sans le vouloir un poste à temps partiel, un chiffre
encore exceptionnellement élevé. Elle suit également le
chômage à long terme, le taux d’activité, les taux
d’embauche et de démission et la croissance des salaires.
Elle s’est arrêtée au taux de chômage à long terme
(période de chômage de plus de 27 semaines),
extrêmement élevé et parfois très difficile à faire
descendre. Entre-temps, la Fed a continué de réduire les
achats d’obligations réalisés dans le cadre du troisième
programme d’assouplissement quantitatif visant à relancer
l’économie, retranchant au programme encore dix milliards
de dollars en mars.
Entre autres brèves économiques, on a enregistré des
améliorations aux chapitres des permis de construction, de
la production industrielle, des prix à la consommation et du
déficit du compte courant. En revanche, les mises en
chantier, les ventes de logements existants et les nouvelles
demandes de prestations d’assurance chômage se sont
toutes légèrement détériorées. La confiance des
consommateurs américains a culminé à 82,3 en mars, du
jamais vu en six ans. Cet indicateur traduit un regain
d’optimisme à l’égard des perspectives d’emploi et de la
conjoncture économique.
Davantage de signes de croissance en Europe
Malgré le retard de deux données économiques
importantes – les prix à la consommation et l’indicateur
allemand ZEW de l’état d’esprit du milieu économique –,
beaucoup de chiffres sont encourageants. Le coût de la
main-d’œuvre a grimpé de 1,4 % sur 12 mois, les
commandes industrielles en Italie ont progressé, le nombre
de chômeurs a diminué au Royaume-Uni et la confiance
des consommateurs a gagné 3,4 points dans la zone euro,
passant de -12,7 en février à -9,3 en mars.
Le laborieux redressement interne des marchés de l’emploi
semble finalement en bonne voie. L’Espagne se démarque :
on y a appliqué des réformes de l’emploi ambitieuses et
radicales. Les périodes d’indemnité de départ ont été
raccourcies, de nouvelles mesures législatives ont été
adoptées pour faciliter les mises à pied et il est désormais
plus facile de modifier les conditions d’emploi à la suite
d’un revirement de la conjoncture. Bien que ces réformes
aient été éprouvantes, le coût de la main-d’œuvre a reculé
en Espagne par rapport au coût unitaire de la main-d’œuvre
dans d’autres pays de l’Europe. Les exportations ont
légèrement augmenté, ce qui laisse peut-être entrevoir
une amélioration de la compétitivité de l’Espagne.
La reprise de l’Europe semble s’accélérer, mais la
croissance reste molle et le risque de déflation persiste.
Dans ce contexte, la Banque centrale européenne pourrait
devoir envisager d’autres mesures de relance monétaire.
Ralentissement de la croissance en Chine
En mars, l’indice Markit/HSBC des directeurs d’achats de la
Chine a fléchi pour un cinquième mois d’affilée, passant de
48,5 en février à 48,1. Il s’agit d’un indicateur important, car
le chiffre de mars aurait dû renverser la tendance du fait de la
robustesse des nouvelles données, qui n’ont pas souffert
outre mesure du Nouvel an chinois. Le ralentissement est
attribuable à la diminution de la demande intérieure, même
si la demande externe venant des nouvelles commandes
d’exportation se raffermit graduellement depuis trois mois.
Comme le marché du travail affiche peu de signes de tension,
il est peu probable que les décideurs de Beijing adoptent
rapidement une politique de relance. La Chine compte
atteindre son objectif de croissance économique de 7,5 %
cette année, mais les observateurs sont en train de revoir à la
baisse la croissance du PIB prévue, en raison d’une baisse
marquée du volume de fret intérieur et de la production
d’électricité. Cette situation risque de nuire aux prix des
produits de base.
Graphique 1 : Confiance des consommateurs américains
selon le Conference Board