Après une année 2015, relativement décevante en termes
de performances de l’économie mondiale, 2016 s’annonce sur
une nouvelle ère de conjecture, légèrement moins optimiste
concernant la reprise de l’activité globale, matérialisée par une
prévision de croissance de 3,4% contre 3,5% à la même période
un an plus tôt. La faiblesse de la croissance dans les principaux
pays émergents pèsera surement sur l’expansion globale en
2016, même si l’activité économique devrait se raffermir quel-
que peu, soutenue principalement par l’amélioration de la situa-
tion dans les pays développés. Celle-ci est jugée, toutefois, in-
suffisante pour compenser les importantes pertes qui persistent
dans les principaux pays émergents, avec des ramifications en-
travant la croissance des pays en développement.
Cette moindre ambition des prévisionnistes témoigne de
la persistance des inquiétudes liées à l’évolution des indicateurs
macro-économiques dans les différentes zones économiques, en
première ligne desquelles les pays émergents qui s’érigent au-
jourd’hui en goulot pour une réelle croissance, avec de nom-
breux défis (ralentissement économique, baisse des capitaux et
dépréciation des monnaies) auxquels ils devraient effectivement
faire face, après avoir été les locomotives de l’économie mon-
diale au cours des dernières années de crise. Aujourd’hui, les
inquiétudes se concentrent tout particulièrement sur les BRIC
dont la morosité économique devrait se confirmer cette année.
En effet, en 2016, le ralentissement de l’économie chinoise de-
vrait se poursuivre, à 6,3% de croissance après 6,9% en 2015,
alors que la récession persisterait en Russie (-1,0% après- 3,7%)
et au Brésil (-3,5% après -3,8%), même si la conjoncture devrait
être favorable en Inde (7,5% après 7,3%).
En Afrique subsaharienne, la croissance devrait s’accélé-
rer en 2016, à 4,2% après 3,4 % en 2015, grâce principalement à
la stabilisation des prix des produits de base. Cependant, le ryth-
me de croissance varie d’un pays à l’autre, les niveaux de
consommation étant différenciés selon que le pays est exporta-
teur ou non de produits pétroliers. La croissance au Nigéria et en
Afrique du Sud, les deux plus importantes économies du conti-
nent, est respectivement attendue à 4,1% et 0,7%, en 2016, après
3,0% et 1,3% un an auparavant.
Toutefois, dans les pays avancés, le contexte économique
de 2016 se caractériserait par un retour progressif de la croissan-
ce économique. Ainsi, l'activité dans l’OCDE devrait progresser
globalement de 2,1% après 1,9% en 2015, quand bien même il
existerait une certaine disparité au sein de la zone, selon l’état
d’avancement des pays dans le cycle de reprise de l’activité. Aux
Etats-Unis, dans la zone euro et au Japon, les croissances sont
respectivement estimées, pour 2016, à 2,6%, 1,7% et 1,0% après
2,5%, 1,5% et 0,6%, l’année précédente.
CROISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE: moindre optimisme des prévisionnistes
Page 1 Point mensuel de conjoncture
DGPPE/DPEE/DSC - Point Mensuel de Conjoncture @février2016 N° 111
A ce début d’année 2016, la situation financière internatio-
nale est marquée par trois faits majeurs.
Aux Etats-Unis, après avoir pris la décision historique de
baisser son taux directeur à un niveau très faible, entre 0 et 0,25%,
et l’avoir couplé à une politique monétaire accommodante, consis-
tant essentiellement à racheter massivement et régulièrement des
titres dans le cadre d’un défunt programme appelé « Quantitative
Easing » (assouplissement quantitatif), la Réserve Fédérale Améri-
caine (Fed) débute 2016 par un relèvement de son taux de refinan-
cement, pour la première fois depuis presque 10 ans, d’un quart de
point, à 0,50%.
Pendant que la Fed attire les capitaux en faisant remonter
ses taux, la BCE poursuit son programme d’assouplissement quanti-
tatif, avec des taux négatifs. L’esprit de la mesure est d’acheter
1160 milliards d'euros de titres de dettes publiques et privées d'ici
septembre 2016. Toutefois, l’efficacité souhaitée de la politique
monétaire de la zone euro tarde à être perceptible véritablement sur
l’économie réelle.
En Chine, la Banque centrale adopte une politique monétaire
"prudente" afin de contrôler sa monnaie et ses marchés financiers
qui commencent à inquiéter les investisseurs du monde entier. En
effet, l’autorité monétaire chinoise a baissé, à nouveau, le cours
pivot du yuan, par rapport au dollar, pour la huitième fois consécuti-
ves, à 6,56 yuans pour un dollar, le plus bas niveau depuis cinq ans.
En zone euro, la politique d’assouplissement semble influer
sur le taux de change et situe davantage la monnaie unique en des-
sous de ses paires dans l’OCDE. Ainsi, en janvier 2016, face au
dollar et au yen, l’euro s’est déprécié de 6%, en glissement annuel,
contre 1,6% comparé à la livre sterling.
MARCHE FINANCIER ET MONETAIRE: divergence des politiques monétaires de la FED et de la BCE
Graphique 1: Evolution du cours de l’euro par rapport au dollar US
Source: Les Echos, DPEE
INFLATION: baisse mensuelle des prix à la consommation en janvier 2016 dans la zone OCDE
S’agissant de l'indice des prix à la consommation, il a
baissé de 0,1%, en rythme mensuel dans la zone OCDE, du fait
de la baisse de 1,8% des prix de l’énergie. Les prix des produits
alimentaires ont, pour leur part, progressé de 0,5%. L’inflation
hors produits alimentaires et énergie a reculé de 0,6%.
En variation annuelle, l’inflation dans la zone OCDE a progressé
de 1,2% sur la période, contre 0,9% en décembre. Parmi les pays
de l’OCDE, l’inflation annuelle s’est située à 1,4% aux Etats-
Unis, 0,3% au Royaume-Uni et 0,5% en Allemagne, contre, res-
pectivement 0,7%, 0,2% et 0,3%, un mois auparavant.
En France, elle est restée inchangée à son niveau de décembre
2015 (+0,2%) en dépit de l’augmentation de 0,3% des prix à la
consommation dans la zone euro (après +0,2% en décembre
2015). Au Japon, elle est nulle, après 0,2% le mois précédent.
Par ailleurs, l’inflation annuelle a décéléré en Chine (+1,8% en
janvier 2016 après +1,6%) et en Russie (+9,8% après +12,9%)
tandis qu’elle est restée stable au Brésil (+10,7%).