ue au q x é v Lu t i r a L e n d de L a r é p s r u ub e L Li va sommaire I - la révolution française - La naissance d’une nation.. ... ..................................................................................................... 5 - La révolution en marche.. ...... ..................................................................................................... 8 - La révolution et les femmes. . .................................................................................................. 12 - Le partage du pouvoir............ .................................................................................................. 14 - La chute de la royauté............ .................................................................................................. 14 - L’avénement de la République.............................................................................................. 15 - La France en guerre................................................................................................................... 16 - Le gouvernement révolutionnaire��������������������������������������������������������������������������������������� 17 - La révolution inachevée......... .................................................................................................. 21 II - la révolution à puteaux - Les États Généraux et le cahier de doléances de Puteaux��������������������������������������������� 22 - L’avènement de la Mairie de Puteaux�������������������������������������������������������������������������������� 24 - La naissance de l’état civil.. ... .................................................................................................. 25 - La garde nationale................... .................................................................................................. 26 III - les fondements de la république - L’édification de la République.............................................................................................. 28 - L’idéal républicain................... .................................................................................................. 28 - Une devise, trois valeurs citoyennes����������������������������������������������������������������������������������� 29 - Liberté, Égalité, Fraternité... .................................................................................................. 30 - Les quatre principes de la République������������������������������������������������������������������������������ 32 - Principes fondamentaux de la République��������������������������������������������������������������������� 34 - Les devoirs du citoyen.............................................................................................................. 36 IV - les symboles DE LA RÉPUBLIQUE - Le drapeau tricolore. . .............. .................................................................................................. 38 - La Marseillaise de Rouget de Lisle������������������������������������������������������������������������������������� 40 - La Marianne.. ............................................................................................................................... 44 - Le coq........................................... .................................................................................................. 45 V - CITOYENNETÉ ET DROIT DE VOTE - La Naissance de la citoyenneté.............................................................................................. 46 - Le droit de vote......................... .................................................................................................. 47 Frise chronologique . . ........ .................................................................................................. 48 jeu de l’oie ......................................................................................................................................... 50 Lexique . . .............................................. .................................................................................................. 52 2 édito est un bien précieux. Un bien maintes fois attaqué, et que de nombreux hommes et de femmes ont défendu et défendent encore aujourd’hui, dussent-ils le payer de leur vie. Car cette conviction n’a hélas rien perdu de son actualité, dans ce monde qui, chaque jour, nous offre de tristes occasions de mesurer la valeur de notre liberté. Aujourd’hui encore, sur notre sol ou ailleurs dans le monde, les atteintes à la paix, à la Démocratie et aux Droits de l’Homme, mettent à l’épreuve notre vigilance et nous incitent à la lucidité. C’est la haute mission confiée à notre Défense Nationale. Rendons hommage à celles et ceux qui veillent au respect de l’ordre public républicain, à la préservation de notre sécurité quotidienne, sans lesquels, la Liberté, l’Egalité et la Fraternité ne seraient que de vaines incantations. Chères Putéoliennes, chers Putéoliens Chers enfants Tout le monde aime les histoires. Mais l’Histoire avec un grand H, est plus passionnante encore : c’est une succession d’histoires vraies qui sont arrivées à nos ancêtres. Tous menaient alors une vie bien différente de la nôtre, une vie que nous avons parfois du mal à imaginer et dont nous aurions perdu jusqu’au souvenir si l’Histoire ne se transmettait de génération en génération. Ainsi vivent les grands peuples, en conservant l’Histoire vivante. Si notre Histoire s’altérait, se perdait, s’oubliait, les hommes continuerait à vivre mais leur âme et leur cœur seraient vides. Il n’existe pas de grand peuple sans Histoire. Mais il n’existe pas plus d’Histoire sans grand peuple pour la vivre. 2016 a été décrétée « Année de la Marseillaise ». Chanter, jouer, écouter notre hymne national n’est pas une formalité protocolaire, c’est la voix de la Nation et de son Peuple. « Cela est divin et rare d’ajouter un chant éternel à la voix des Nations », disait Jules Michelet. Un chant éternel qui aura résonné au-delà de la Nation française et conquis tous ceux qui ont « une voix, un cœur et du sang dans les veines » comme l’écrivit Hector Berlioz dans ses mémoires. Depuis plus de 2 000 ans, nos ancêtres ont vécu et fait l’Histoire. 2 000 ans au cours desquels ils se sont battus, ont triomphé, ont souffert, ont cru, ont rêvé, ont plié, ont conquis. 2 000 ans au cours desquels notre pays a produit des Saints, des Chefs, des Rois, des Présidents et des Héros. 2 000 ans où l’esprit d’une civilisation seront nés des scientifiques, des penseurs, des artistes, des explorateurs parmi les plus illustres et les plus hardis que la Terre ait porté. La ville de Puteaux ne pouvait bien sûr rater cette occasion de mettre la République à l’honneur, et c’est à la jeunesse en particulier, que nous avons souhaité adresser notre démarche. Car c’est à elle que nous devons nous attacher de transmettre notre histoire. Et je suis fière que l’ensemble des initiatives civiques et républicaines qui font la force et la richesse notre Ville ait permis à Puteaux de remporter une distinction exceptionnelle : la « Marianne d’Or » de la Citoyenneté. Il me tenait à cœur de partager ce succès avec vous car il vous revient, vous qui aimez la France et ses valeurs. Partout où on invente, partout où on crée, partout où on imagine, partout où plus rien ne semble impossible, là sont les Français. Certes, à cette ingéniosité, à ce courage et à cette audace répondent parfois des aspects plus sombres, des souffrances, des trahisons, des lâchetés. L’Histoire d’un peuple est un tout, fait de grandes victoires, de règnes lumineux et de périodes obscures voire honteuses. Mais chaque fois, la France s’est relevée, a rassemblé ses forces et a su reprendre le cours de son destin extraordinaire. Les symboles de la République vivront encore aussi longtemps qu’ils se trouveront des voix pour les faire résonner au cœur de nos écoles, de nos villes et de notre pays. L’objectif de ce livret est de se réapproprier les symboles de la Nation : le drapeau tricolore, la Marianne incarnant la République française, la Marseillaise, l’hymne de la Liberté composé à Marseille par Rouget de Lisle, le 14 juillet comme double anniversaire de la prise de la Bastille et de la Fête de la Nation – une date devenue fête nationale, le coq, symbole du pays, et notre devise qui orne le fronton de chaque mairie : Liberté, Egalité et Fraternité. J’espère que vous serez heureux de parcourir ce livret et de découvrir une page de notre joli roman national. Pour le sénateur Victor Hugo, « le 14 juillet est une fête humaine, universelle, qui célèbre la chute de notre Bastille, mais aussi de toutes les Bastilles à travers le vaste monde […] Pour l’univers entier, le 14 juillet sera un mythe autour duquel les peuples se rassembleront. » Joëlle Ceccaldi-Raynaud Maire de Puteaux Notre fête républicaine célèbre la cohésion et la concorde nationales et consacre la conviction partagée que la démocratie 3 I - La Révolution française Avec 28 millions d’habitants, des terres abondantes où poussent le blé, l’avoine, la vigne ; avec l’armée la plus puissante d’Europe et son luxueux château de Versailles, la France des années 1780 suscite l’admiration. Pourtant, sous cette brillante façade, le royaume se fissure et la révolte gronde. En 1788, le pays est à la veille d’une révolution dont les répercussions se feront sentir bien au-delà des frontières de l’Europe. La société est divisée en trois ordres hiérarchisés en dignité : le clergé, la noblesse et le Tiers État. Le Roi, de droit divin, et de rares privilégiés (2% de la population française) détiennent tous les pouvoirs. C’est de la remise en cause de ces privilèges que naîtront les revendications populaires. L’abolition des privilèges, dans la nuit du 4 août 1789, met fin au système des ordres et aux inégalités juridiques entre les Français qui passent du statut de « sujet » à celui de « citoyen ». La notion de citoyenneté prend alors tout son sens contemporain. La souveraineté jusque-là détenue par le Roi est transférée à la Nation. «  faut espérer q’eu s jeu la finira ben tôt » Le Tiers État portant sur son dos le Clergé et la Noblesse Caricature sur les Trois Ordres - Eau forte coloriée, 1789 Paris Bibliothèque nationale de France LE SAVIEZ-VOUS ? Lors de la Révolution française, le rire est utilisé comme une arme politique. Pour discréditer ou ridiculiser un ennemi, rien de tel que la caricature. Facile à comprendre, à réaliser et à diffuser, la caricature connaît un véritable succès populaire lors des événements révolutionnaires. 1500 gravures satiriques seront publiées entre 1789 et 1792. 4 La Révolution française La naissance d’une Nation Les caisses de l’État sont vides. Le 8 août 1788, Louis XVI suit le conseil de son Ministre des Finances, Necker, et convoque les États Généraux : il veut faire voter aux représentants des trois ordres des impôts exceptionnels sans proposer de réformes politiques. Il déclenche ainsi la vive réaction du Tiers État qui, replié dans la salle du Jeu de Paume, se déclare Assemblée nationale le 20 juin 1789. Séance d’ouverture de l’Assemblée des États Généraux, 5 mai 1789 Louis Charles Auguste Couder - Château de Versailles La cérémonie d’ouverture des États Généraux eut lieu le 5 mai 1789 dans une vaste salle aménagée dans l’hôtel des Menus-Plaisirs, à Versailles. 1 118 députés représentaient les 3 ordres : clergé, noblesse et Tiers État. La mise en place des députés marquait la volonté de ne pas changer l’ordre ancien. Le roi prit d’abord la parole pour mettre en garde contre tout esprit d’innovation, puis Necker tint un long discours de trois heures, lu par son assistant, sur l’état des finances. Le roi leva la séance aussitôt après. La question du vote par ordre ou par tête, fondamentale pour la tenue de cette assemblée (la noblesse et le clergé étant majoritaires), ne fut pas tranchée. 5 La Révolution française Le Serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789 Huile sur toile attribuée à Jacques-Louis David - Musée Carnavalet, Paris Événement fondateur de la Révolution française constituant une étape symbolique dans la destruction de l’absolutisme, l’ouverture des États Généraux avait suscité une querelle de procédure : le Tiers État souhaitait la réunion des trois ordres ainsi que le vote par tête, le vote par ordre donnant nécessairement la majorité au clergé et à la noblesse. Face au refus du roi, le Tiers État se proclama Assemblée nationale et appela les deux autres ordres à le rejoindre. Louis XVI fit fermer la salle de réunion des députés. Ces derniers se portèrent alors dans la salle du Jeu de paume. Le 20 juin 1789, ils prêtèrent serment de ne jamais se séparer avant d’avoir rédigé une Constitution. 6 La Révolution française Necker, banquier genevois établi à Paris, avait exercé les fonctions de directeur du Trésor puis de directeur général des finances de 1777 à 1781. Alors que la guerre d’Amérique alourdit les charges, il réalise avec succès quelques réformes fiscales, mais se fait des ennemis en publiant, en 1781, dans son fameux Compte rendu au Roi, le montant des pensions versées aux courtisans, les « frelons », et en expérimentant un projet d’assemblées provinciales des trois ordres dans le but d’associer les Français à la gestion de leurs intérêts et de réduire le pouvoir des intendants. Contraint de démissionner en 1781, il est rappelé par le roi le 25 août 1788. C’est lui qui annonce la convocation des États Généraux et le doublement des députés du Tiers État, ce qui le rend très populaire. Son renvoi le 11 juillet 1789, sous la pression de la Cour, provoque Jacques Necker, directeur général des Finances Joseph Siffred Duplessis - Château de Coppet, Suisse une panique financière. Retiré à Bâle, il est rappelé après la prise de la Bastille et rentre à Paris sous les acclamations. Il se heurte alors à l’hostilité de Mirabeau, auquel il avait refusé l’accès au Conseil du roi, freine le mouvement réformateur et échoue à redresser la situation économique et financière. Dépassé par les événements qu’il avait contribué à provoquer, il démissionne en septembre 1790 et se retire en Suisse où il va s’employer à justifier sa politique par des essais. Il est le père de Madame de Staël. 7 La Révolution française LA RÉVOLUTION EN MARCHE Le refus du roi et des privilégiés de se soumettre, conduit à la préparation d’un coup de force royal, que les Parisiens déjouent par la prise de la Bastille le 14 juillet. Dans le même temps, dans les campagnes, les paysans prennent les armes et se soulèvent. À peine trois semaines plus tard, les privilèges sont abolis. C’est la chute de l’Ancien Régime. Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789. Anonyme, Château de Versailles Construite au XIVe siècle comme ouvrage de défense, la Bastille était devenue, au XVIIe siècle, une prison. La procédure expéditive des lettres de cachet, qui permettait d’enfermer quiconque sans autre forme de procès, en avait fait un symbole de l’arbitraire du pouvoir royal. La menace d’un complot aristocratique à la suite de la réunion des États Généraux, la nouvelle du renvoi du ministre Necker, le 11 juillet, dénoncé par Camille Desmoulins comme le « tocsin d’une Saint-Barthélemy des patriotes », suscitent une vive émotion dans le peuple parisien, alors que se profile le spectre de la disette et que le roi a massé des troupes autour de Paris. Une milice bourgeoise est constituée en même temps qu’est proclamée une « municipalité insurrectionnelle ». 8 La Révolution française La Prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 Jean-Baptiste Lallemand, huile sur toile - Musée Carnavalet, Paris Le 14, à la suite du refus du gouverneur des Invalides de mettre à la disposition des Parisiens ses stocks d’armes, une foule imposante escalade les fossés des Invalides et obtient par la force une douzaine de canons et 32 000 fusils. Les Parisiens sont armés, mais il leur manque encore de la poudre et des balles. Une rumeur atteste que la forteresse imprenable de la Bastille en détient. La foule s’y déplace et plusieurs délégations sont envoyées auprès du marquis de Launay, le gouverneur de la vieille prison d’Etat. Mais celui-ci refuse fermement de céder ses réserves de munitions. Une fusillade éclate suivie d’un assaut, et la Bastille capitule. Emeutiers, insurgés et autres gardes-françaises n’y trouvent qu’une poignée de prisonniers. Launay est massacré lors de son transfert à l’Hôtel de Ville. Cet événement révolutionnaire eut pour conséquences le renvoi des troupes de Paris, le rappel de Necker et la nomination de La Fayette à la tête de la garde nationale 9 La Révolution française La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen votée le 26 août 1789 jette les bases d’une France nouvelle fondée sur la souveraineté du peuple, l’égalité des droits et la liberté d’opinion. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, donne des droits aux Français émancipés de leur ancien cadre. Elle pose un certain nombre de principes philosophiques qui mettent l’Homme au cœur de ses préoccupations. Ces principes fondamentaux (liberté, égalité, fraternité, propriété, sûreté…) ont une vocation universelle et vont inspirer les constitutions de nombreuses démocraties en Europe puis dans le monde. Ce texte crucial a fait l’objet de vifs débats de l’Assemblée, entre le 20 et le 26 août 1789, qui adopte ainsi ses dix-sept articles. Le roi ne se résout à la promulguer, avec divers décrets de l’Assemblée, que le 3 novembre 1789, après les émeutes d’octobre. Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen « La Monarchie, tenant les chaînes brisées de la Tyrannie, et le génie de la Nation tenant le sceptre du Pouvoir, entourent le préambule de la Déclaration » Huile sur bois attribuée à Jean-Jacques François Le Barbier, dit l’Aîné Musée Carnavalet, Paris LE SAVIEZ-VOUS ? En 1789, la motion de La Fayette est la première présentée à l’Assemblée constituante en vue du projet de Déclaration des Droits de l’Homme. Le héros de l’indépendance américaine soumet un texte inspiré de la Déclaration américaine de 1776. Ce sera l’un des trois retenus par l’Assemblée, le 18 août, pour élaborer le projet définitif. 10 La Révolution française Fête de la Fédération nationale au champ de Mars, le 14 juillet 1790 Louis-Charles Auguste Couder - Musée Carnavalet, Paris L’année 1789 avait été particulièrement riche en événements. En moins de quatre mois, l’édifice de l’Ancien Régime s’était écroulé et le roi avait, sous la contrainte, fixé sa résidence dans la capitale. Au regard de cette « année sans pareille », 1790 offre, en apparence, une image moins mouvementée, la fête de la Fédération, organisée par l’assemblée constituante, ayant tendance à éclipser le reste de l’actualité. Fixée au 14 juillet, anniversaire de la prise de la Bastille, cette « Fédération de troupes de ligne» visait surtout à rassembler les gardes nationales ainsi qu’à mettre en scène l’adhésion des Français et de leur roi au projet constitutionnel. Sous ce nouveau nom, la milice bourgeoise a été réorganisée par La Fayette, pour mettre fin à la situation insurrectionnelle créée par la prise de la Bastille tout en conservant contre les troupes royales les forces d’une armée civique. Pour contrôler les éléments armés susceptibles de déclencher des émeutes, à Paris comme en province, il est décidé de réunir en un serment commun les gardes nationaux, désignés au terme d’une élection à deux degrés, et les troupes de ligne, représentées par les soldats les plus anciens. LE SAVIEZ-VOUS ? La fête nationale, établie le 14 juillet, ne célèbre pas uniquement la prise de la Bastille du 14 juillet 1789, mais aussi le 14 juillet 1790 ! Le 14 juillet 1789 entraîne l’abolition des privilèges et de la société d’ordres. Le 14 juillet 1790 célèbre, quant à lui, la Fête de la Fédération et l’unité nationale. 11 La Révolution française LA RÉVOLUTION ET LES FEMMES La participation politique des femmes aux événements s’est affirmée durant la Révolution française. Tantôt dans la rue, tantôt dans les tribunes des clubs, sociétés ou assemblées, les femmes ont occupé le terrain de l’action militante à plusieurs reprises, en particulier du 31 mai au 2 juin 1793 et le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), journées insurrectionnelles qui virent respectivement la chute des Girondins et celle des robespierristes. Souvent surnommées péjorativement les « tricoteuses », en référence à l’occupation manuelle à laquelle elles continuent à se livrer dans les tribunes publiques, tout en participant activement aux délibérations politiques, ces militantes s’engagent sur tous les fronts : lutte contre la misère et la faim, contre la Gironde à la Convention. Parallèlement à ces combats, un mouvement de défense des droits de la femme se fait jour, soutenu par quelques personnalités qui, comme Olympe de Gouges, Etta Palm d’Aelders ou Théroigne de Méricourt, revendiquent la liberté de la femme et l’amélioration de sa condition sur les plans civil, social ou économique. Groupe de femmes du peuple de Paris allant chercher le roi Bibliothèque Nationale de France 12 La Révolution française Olympe de Gouges, portrait d’Alexander Kucharsky, fin du XVIIIe siècle collection privée, droits réservés Les combats d’Olympe anticipent tous ceux qui agiteront le XXe siecle. Figure méconnue de la Révolution française, humaniste et féministe avant l’heure, Olympe de Gouges fut de tous les combats : abolition de l’esclavage, justice sociale, droit au divorce, rejet de la peine de mort, égalité hommes femmes… Des combats qu’elle mènera avec passion et acharnement jusqu’à en perdre la tête. Victime de la terreur, elle fut guillotinée en 1793, juste après Marie-Antoinette. 13 La Révolution française Le partage du pouvoir Une France nouvelle voit ainsi le jour sous l’œil attentif de toute l’Europe. Les finances, l’administration, la justice et le clergé sont réorganisés. La Constitution, votée en 1791, établit une monarchie constitutionnelle : Louis XVI, qui perd une partie de son pouvoir, doit reconnaître la supériorité de la Nation souveraine. L’égalité devant l’impôt et l’accès de tous à toutes les fonctions publiques sont affirmées, tandis que les libertés Louis XVI signe la Constitution que la France assise d’opinion et d’expression sont définies. Cependant, sur les Droits de l’Homme présente à Sa Majesté 1791, estampe Bibliothèque Nationale de France nombreux Français dépossédés de leur pouvoir et de leur richesse (le roi, la noblesse, le clergé catholique) vont résister, tandis que d’autres quittent la France et trouvent refuge auprès des monarchies européennes qui s’inquiètent de la propagation des idées révolutionnaires. La guerre menace. La chute de la royauté A Paris, les divisions politiques s’accentuent : les Girondins défendent désormais le roi, craignant que sa condamnation ne soulève de terribles réactions à l’étranger, alors que les futurs Montagnards, alliés du petit peuple et menés par Robespierre, veulent son arrestation. Finalement, le 10 août 1792, les Parisiens attaquent les Tuileries et obtiennent de l’Assemblée qu’elle emprisonne le roi. C’est la chute de la royauté. La prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792. Jacques Bertaux - Château de Versailles 14 La Révolution française L’avènement de la République Succédant à l’Assemblée législative à bout de souffle, la Convention proclame la République le 21 septembre 1792 et l’abolition de la monarchie dès le lendemain. L’assemblée met sans tarder le roi en accusation et obtient sa condamnation à mort par guillotine le 21 janvier 1793. Quant à Marie-Antoinette, détestée par le peuple qui la rend responsable de leur misère, c’est cette même haine qui la conduira sur l’échafaud. Son procès est expéditif. Son accusateur, Fouquier-Tinville, veut faire témoigner le dauphin contre sa mère, alors accusée d’inceste. Marie-Antoinette ne répond pas à ces accusations. Pour sa défense, elle a une phrase maintenant entrée dans l’histoire : « Si je n’ai pas répondu c’est que la nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici ! » C’est la dernière fois qu’elle sera applaudie. On l’accuse également d’entente avec les puissances étrangères. La reine nie. Même si le dossier est incomplet, « la veuve Capet » doit être condamnée. Elle le sera pour haute trahison le 16 octobre 1793. La reine Marie-Antoinette dit « à le rose » Louise-Élisabeth Vigé-Lebrun - Musée du Petit Trianon, Versailles Louis XVI, roi de France et de Navarre Antoine-François Callet - Château de Versailles 15 La Révolution française La France en guerre Une fois le roi jugé et décapité, la République, acculée de toutes parts, doit « vaincre ou mourir ». La Patrie engagée dans une guerre contre l’Autriche, est déclarée en danger : la Convention annonce la levée de 300 000 hommes pour renforcer les armées. Cette mesure entraîne une révolte paysanne dans tout l’ouest de la France, et le 11 mars 1793 débute la guerre de Vendée, la plus impitoyable guerre civile qu’ait connue le pays. Chef vendéen, officier de la garde constitutionnelle du roi, Henri de La Rochejaquelein reçut son baptême du feu le 10 août 1792, devant les Tuileries. Rentré dans sa province natale, il refusa la conscription et, à partir d’avril 1793, combattit les armées républicaines. Il n’a qu’un seul mot d’ordre : « Mes amis, si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi ! » À la tête des milliers de paysans vendéens qui le rejoignirent, La Rochejaquelein remporta de nombreuses victoires. Le 20 octobre, il fut élu généralissime des armées catholique et royale. Battu au Mans, il quitte son armée, s’enfonçant alors dans le bocage vendéen. En butte aux critiques de ses anciens compagnons, il poursuivit la guérilla avant d’être tué par un soldat républicain le 29 janvier 1794. Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein Pierre-Narcisse Guérin 16 La Révolution française Le gouvernement révolutionnaire À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : sous la pression des sans-culottes, un gouvernement révolutionnaire est mis en place, et le 28 mars est constitué le Tribunal révolutionnaire pour juger « les traîtres à la patrie » et les opposants au nouveau régime républicain. Mais c’est l’hécatombe. Après avoir fait guillotiné les Girondins, les Montagnards s’entretuent également. Après les nobles et les insurgés, c’est au tour des révolutionnaires d’être les victimes de la Terreur. « Dansons la carmagnole Vive le son, vive le son Dansons la carmagnole Vive le son du canon ! » LE SAVIEZ-VOUS ? Chant révolutionnaire, anonyme et très populaire, la Carmagnole est l’hymne des sans-culotte à partir de 1792-1793. Elle symbolise la chute de la monarchie. Originaire du Piémont, cette ritournelle facile à retenir révèle l’évolution de l’état d’esprit des Français. MarieAntoinette et Louis XVI y sont désignés sous le nom de monsieur et madame Veto. La constitution de 1791 a en effet laissé au roi le pouvoir exécutif et un droit de veto sur l’adoption des lois : les sans-culotte l’accusent d’en abuser. La chanson stigmatise également la « trahison » du roi qui a pris la fuite pour être finalement arrêté à Varennes en 1791. Enfin, la Carmagnole dénonce l’attitude du roi face à la guerre : il s’est opposé à une levée en masse de 200 000 volontaires pour « sauver la patrie », ce qui a provoqué sa chute en 1792. 17 La Révolution française Georges Danton, 1792, peinture anonyme Musée Carnavalet, Paris Fils d’un procureur d’Arcis-sur-Aube, en Champagne, Danton devient avocat en 1787 avant de se rallier avec passion au mouvement révolutionnaire. Sa laideur et sa vigueur, sa vénalité aussi, le font surnommer le « Mirabeau de la canaille ». C’est à l’été 1792 que Danton se révèle. L’Assemblée législative est réduite à l’impuissance par les menées séditieuses de la Commune insurrectionnelle de Paris... Le pays est menacé d’invasion par les Prussiens et les Autrichiens. Le 21 juillet, un décret proclame « la Patrie en danger ». Mais le 10 août 1792, la monarchie est renversée et l’Assemblée législative décide de se saborder et de laisser la place à une assemblée constituante. Entre temps, elle fait entrer Danton au Conseil exécutif (le gouvernement), au poste de ministre de la Justice. Longwy capitule devant les Prussiens le 23 août. La Révolution semble perdue. Le 2 septembre, à Paris, mûs par le désespoir et la haine, des émeutiers commencent à massacrer des malheureux en attente de jugement dans les prisons... Mais le même jour, à la tribune de l’Assemblée, Danton galvanise les énergies et lance : « Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur des villes (...). Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne ou de remettre ses armes soit puni de mort (...). Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée ». 18 La Révolution française Maximilien de Robespierre, représenté en costume de député du Tiers État en 1789 Anonyme, Château de Versailles Homme politique français, Robespierre est l’une des figures de la Révolution Française et des démocrates à l’Assemblée constituante. Né en 1758 à Arras et recueilli par son grand-père, il fait de brillantes études au collège Louis le Grand et devient avocat en 1781 puis est élu député du Tiers État aux États Généraux de 1789. Son intransigeance lui vaut d’être surnommé « l’incorruptible ». Membre du club des Jacobins, il s’oppose à Lafayette et soutient la chute de la monarchie. il entre le 27 juillet 1793 au Comité de salut Public et participe à l’instauration d’un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur. Attaqué et isolé au sein de la Convention mais aussi au sein du gouvernement révolutionnaire par le Comité de sûreté générale, il prend la Convention à témoin de ces dissensions le 8 thermidor an II, sans toutefois parvenir à imposer ses vues. Le lendemain, empêché de parler par ses ennemis, il est arrêté. La Commune entre alors en insurrection et le fait libérer, mais la Convention le met hors la loi. Il est guillotiné le 10 thermidor. Sa mort entraîne, le démantèlement du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur. 19 La Révolution française Jean-Paul Marat assassiné dans sa baignoire, 13 juillet 1793 Jacques-Louis David, Château de Versailles Jean-Paul Marat est l’une des figures emblématiques de la Révolution dont il incarne l’« extrême gauche ». Sa célèbre phrase : « Rien de superflu ne saurait appartenir légitimement, tandis que d’autres manquent du nécessaire », traduit le fond de sa pensée sociale. Dès 1789, Marat élabora un projet de monarchie constitutionnelle. Mais c’est surtout son activité journalistique qui le rendit célèbre : sous le nom de « l’ami du peuple » (titre du journal qui succéda au Publiciste parisien, puis surnom personnel de Marat), il mena son combat politique contre le roi puis contre les girondins. Accusé par ces derniers le 14 avril 1793, triomphalement acquitté par le tribunal révolutionnaire le 24 avril, Marat reprit son siège à l’Assemblée nationale. Le 13 juillet 1793, alors qu’il prenait un bain pour soigner son eczéma, il fut assassiné par Charlotte Corday, lointaine descendante du poète Corneille, liée au milieu des Girondins. 20 La Révolution française La révolution inachevée Lassés par sa dictature, de nombreux députés de la Convention se liguent contre Robespierre et ses proches, et une nouvelle Constitution entre en vigueur le 26 octobre 1795. Elle met en place un nouveau régime, le Directoire, avec à sa tête les révolutionnaires de la première heure, bourgeois modérés partisans de la propriété privée. Bonaparte, héros de la campagne d’Italie, s’empare du pouvoir le 9 novembre 1799, mettant fin à dix ans de chaos. Napoléon dans son cabinet de travail Jacques-Louis David 1812 National Gallery of Art Washington, États-Unis Napoléon Bonaparte est né en Corse en 1769 et a suivi en France des études dans le but de devenir ingénieur et artilleur. S’étant engagé dans l’armée, il s’éleva du rang de sous-lieutenant dans l’artillerie à celui de général à la tête de l’armée française en Italie (1796-1797) et en Égypte (1798-1799). De retour en France, il s’empara du pouvoir et devint premier consul. En 1804, il s’autoproclama empereur des Français. La guerre contre la Grande-Bretagne reprit en 1803, d’autres pays y prirent part et ces luttes de pouvoir durèrent jusqu’en 1814. Napoléon abdiqua en 1814, fut condamné à l’exil sur l’île d’Elbe, mais revint en France en février 1815. Son règne ainsi que les guerres napoléoniennes prirent fin le jour de sa défaite à Waterloo, le 16 juin 1815. 21 II - La révolution à puteaux Les Etats généraux et le cahier de doléanceS de Puteaux Dans le système politique du royaume de France, les États Généraux désignent les assemblées convoquées par ordre du roi dans des conditions exceptionnelles (crise politique ou financière, guerre ou question diplomatique majeure) et réunissant les trois ordres (ou états) de la société. L’institution a été créée en 1302 par le roi Philippe le Bel, mais par la suite les rois se sont bien gardés de les convoquer de manière régulière afin de ne pas remettre en cause leur pouvoir. Pour réunir les États Généraux, on organisait des élections par ordre et dans chaque circonscription administrative et judiciaire (bailliage) afin de désigner des députés. Parallèlement, le roi invitait ses sujets à présenter leurs doléances sous forme de cahiers, où se mêlaient des considérations générales sur les réformes et des revendications propres à chaque ville ou village. De nombreux cahiers étaient l’œuvre de notaires, qui étaient souvent les seuls à savoir écrire. Enfin, ces cahiers étaient présentés au roi par les députés de chaque ordre lors de l’assemblée générale des Etats. Les cahiers de doléances de 1789 présentent évidemment un intérêt particulier ; ils constituent un « sondage » d’une valeur unique sur l’état de l’opinion publique en France à la veille de la Révolution. Ainsi, le 24 janvier 1789, le roi Louis XVI publie un règlement en 51 articles qui précise les modalités de convocation des assemblées, d’élection des députés et la procédure pour la rédaction des cahiers de doléances. 22 Cahier de plaintes, doléances et remontrances des habitants de la paroisse de Puteaux La révolution à puteaux Invitée à formuler ses récriminations afin de les soumettre aux futurs Etats généraux, la population de Puteaux rédige le 14 avril 1789 un « Cahier de plaintes, doléances et remontrances des habitants de la paroisse de Puteaux ». Sous la plume notamment de Guillaume Nézot, futur maire de la ville, on y relève, comme presque partout en France, la volonté de réformer l’impôt, de supprimer certains privilèges et de réduire les inégalités. On notera également un passage prophétique au sein de l’article 3 relatif à la culture de la vigne sur le territoire de Puteaux, avec la mention de nombreuses plaintes d’exploitants locaux lourdement taxés et en état de concurrence déloyale face à l’ouverture d’un marché « national » contre lequel rien ne les protège : « Demande la suppression des droits d’aide qui exposent les vignerons à des vexations révoltantes qui les ruinent ; les droits d’aide sont d’autant plus accablants pour la malheureuse paroisse de Puteaux que presque tout le territoire est planté de vignes qui produit du vin …dont la vente est presque impossible, attendu que les marchands de Paris ne veulent pas en acheter, que les entrées coutent aussi cher pour ce …vin que pour le meilleur de Bourgogne, Champagne et autres ». En effet, alors que Puteaux comptait, sur une superficie totale d’environ 320 hectares, près de 150 hectares de vignes vers 1780, la commune n’en comptera plus que 3 en 1901. Les raisons de cette disparition ont été multiples : maladies comme le phylloxera, l’oïdium ou le mildiou, rôle de l’industrialisation et de l’urbanisation mais aussi concurrence des autres productions nationales notamment celles du sud de la France. 23 La révolution à puteaux L’AVÈNEMENT DE LA MAIRIE DE PUTEAUX Le 14 décembre 1789, l’Assemblée constituante vote une loi créant les municipalités (ou communes) désignées comme la plus petite division administrative en France. Toutes ces communes ont le même statut, avec un Conseil municipal élu par les habitants et un maire. À Puteaux, l’élection du 1er maire a lieu le 7 février 1790. Réunis en l’église Notre-Dame de Pitié, la population élit Guillaume Nézot par 44 voix face à l’Abbé Louis-Eustache Noël, curé de Puteaux nommé en 1788. Selon la loi, une maison commune -la mairie- doit alors accueillir les réunions de ce Conseil municipal ainsi que l’administration municipale. À Puteaux, pour désigner ce local, on trouve le terme, dans le premier registre de délibérations datant de 1790 de : « la salle d’Assemblée » ou « notre salle municipale » mais nous ne connaissons pas sa localisation. À partir de 1791 la commune installe ses services municipaux dans le presbytère situé rue Benoît Malon (ancienne rue Poireau). Puis, en novembre 1794, la municipalité, par manque de place et de moyens financiers pour effectuer une construction, s’installe dans la maison curiale, à l’angle de la rue Fortin et des quais, devenue quelques années auparavant propriété communale. Le Conseil municipal reste dans ce bâtiment jusqu’en 1841, date à laquelle la mairie s’installe dans une propriété située au 19 quai National (aujourd’hui quai de Dion-Bouton). Page de garde du registre des délibérations du Conseil municipal Déclaration du Conseil municipal, signature de Guillaume Nézot, 1790 24 La révolution à puteaux LA NAISSANCE DE l’état civil À partir de la Révolution française, l’état civil devient laïque et les registres passent sous la responsabilité de la commune. Les prêtres doivent alors remettre à la mairie leurs registres des baptêmes, des mariages et des sépultures (BMS) qui sont remplacés par des registres des naissances, mariages et décès (NMD), le mariage civil étant institué et célébré dans les mairies. À Puteaux, l’abbé Noël, nommé curé en 1788, transmet ces registres à la mairie le 4 décembre 1792. Après avoir prêté serment à la constitution civile du Clergé le dimanche 16 janvier 1791, ce dernier devient officier public de la maison commune. C’est dans ce contexte que nous retrouvons sa signature sur les registres d’état civil comme sur les registres paroissiaux. Registre des baptêmes, des mariages et des sépultures, 1790 Serment civique Délibération du Conseil municipal du 28 février 1790 25 La révolution à puteaux LA GARDE NATIONALE La Garde nationale est le nom donné lors de la Révolution française à la milice de citoyens formée dans chaque ville, à l’instar de la garde nationale créée à Paris en 1789. À Puteaux, la Garde nationale est créée le 2 mai 1790. Chaque garde nationale se devait d’avoir un drapeau permettant de se rassembler et de s’identifier. Ainsi, le Conseil municipal en date du 3 juin 1790, décida l’acquisition d’un drapeau décrit ainsi : « Le drapeau de taffetas blanc (toile de soie) sur lequel sont peints les ornements suivants : - Sur le côté droit : un écusson de France couronné, un rosier, un aurore dessin où est écrit Garde nationale de Puteaux, autres ornements - Sur le côté gauche du drapeau : un puits avec au-dessus l’astre du jour dans lequel on trouve l’œil de surveillance. Du côté droit du puits on trouve une charrue et une gerbe de blé et du côté gauche un cep de vigne garni de son fruit ». En 1793, après la mort de Louis XVI, les signes de la royauté disparaissent. En l’An II, le drapeau de la Garde nationale de Puteaux est détruit et, à la place, un arbre de la liberté est planté. Délibération du Conseil municipal en date du 3 juin 1790 concernant l’acquisition d’un drapeau pour la Garde nationale 26 La révolution à puteaux Plantation d’un arbre de la liberté Jean-Baptiste Lesueur, gouache sur carton - Musée Carnavalet, Paris 27 III - Les fondements de La république Apparue en France dès 1792, la République a mis près de cent ans à s’imposer. Que signifie donc le terme « république » et sur quels principes la République française est-elle fondée ? L’édification de la République La République apparaît en France trois ans après le début de la Révolution de 1789 ; la monarchie est alors discréditée et les armées françaises reculent sur tous les fronts. Proclamée le 21 septembre 1792, jour de la victoire de Valmy, la Ire République connaît quatre Constitutions successives avant de disparaître, en 1804, lorsque Napoléon Bonaparte devient empereur des Français. Cette fragilité des institutions républicaines se retrouve lors de la brève expérience de la IIe République (1848-1852). La IIIe République, plus durable puisqu’elle s’étend de 1870 à 1940, n’est dotée d’une Constitution qu’en 1875 ; elle disparaît dans les circonstances tragiques du désastre militaire de juin 1940. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la France opte à nouveau pour le régime républicain. Depuis le début de la Ve République, en 1958, ce choix n’a plus été remis en question. L’idéal républicain Le mot république vient du latin res publica qui signifie « la chose publique ». L’utilisation de ce terme sous-entend l’existence d’un espace public, commun à tous les membres de la collectivité. Cet espace est régi par des lois qui s’appliquent également à tous. Pour les penseurs de l’Antiquité et du Moyen-Âge, la République est d’abord un État régi par des lois. Le régime républicain implique donc une soumission des individus à la Loi ; c’est l’intérêt public qui prime sur les intérêts particuliers. À partir de la Révolution française, la République est pensée comme une association politique librement consentie par les membres de la collectivité. La contrepartie de cette adhésion des individus à l’idéal républicain, c’est la vocation de la République à rechercher le bien commun. Soumission de chacun à la Loi dans le souci du bien de tous, tel est donc aujourd’hui l’idéal républicain. Dans le débat politique actuel, le mot république sous-entend toujours république démocratique, puisque, dans l’histoire de France, les régimes républicains se confondent avec les progrès de la démocratie. Il faut donc garder à l’esprit que les valeurs républicaines (comme la liberté ou l’égalité) sont partagées pour la plupart par toutes les démocraties du monde, mêmes celles qui ne sont pas formellement des républiques – ainsi il en va des monarchies parlementaires comme l’Espagne ou le Royaume-Uni. 28 Les fondements de La république Une devise, trois valeurs citoyennes Les valeurs fondamentales de la République française - Liberté, Égalité, Fraternité - apparaissent pour la première fois dans un cadre officiel, lors d’un discours de Robespierre le 5 décembre 1790 à l’Assemblée nationale constituante. En avril 1792, au cours de la fête de la Liberté, elles sont adoptées comme devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité, ou la mort ». La devise est alors inscrite sur les façades de tout édifice public dès 1793, rappelant ainsi à la population les principes fondamentaux de la Révolution. La dernière partie « ou la mort », trop associée à la Terreur, est vite abandonnée. Plusieurs fois boudée puis ré-adoptée durant la IIe République (1848-1852), la devise est définitivement adoptée comme symbole officiel de la République le 27 février 1848, grâce à Louis Blanc. Durant la IIIe République, elle est réinscrite sur le fronton des édifices publics à l’occasion du 14 juillet 1880. Le régime de Vichy la remplace par la devise « Travail, Famille, Patrie » et au milieu du XXe siècle elle s’inscrit durablement dans l’histoire de la république française avec la constitution de 1946. Depuis elle fait partie intégrante de notre patrimoine national. Reconnue comme un Droit de l’Homme par la Déclaration du 26 août 1789, la Liberté est la valeur fondamentale qui fait passer l’homme de la position de sujet au statut de citoyen. La Liberté se décline: liberté de penser, de conscience, d’opinion, d’expression, d’aller et de venir, d’association… Si elle est une garantie accordée à tous dans notre pays, elle impose également des responsabilités. C’est un droit qui n’est jamais acquis définitivement mais au contraire préservé par son utilisation régulière et respectueuse d’autrui. Cette devise apparaît sous la Révolution mais n’est adoptée qu’en 1848 dans le préambule de la Constitution de la IIe République (1848-1852) L’égalité est également reconnue par la Ire République mais étendue aux femmes (droit de vote) seulement à partir de 1944 ; il s’agit là de l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction d’origine, de race ou de religion. La fraternité, enfin, est apparue dans la devise républicaine en 1848 mais il a fallu attendre 1946 pour voir affirmée, dans le préambule de la Constitution de la IVe République, l’existence de droits économiques et sociaux (aide à ceux qui ne peuvent vivre décemment, droit de grève…). La fraternité est une valeur qui signifie que l’on doit s’entraider, se respecter et respecter son alter ego. 29 Les fondements de La république Liberté, Égalité, Fraternité Héritage du siècle des Lumières, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité « est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française. Souvent remise en cause, elle finit par s’imposer sous la IIIe République. Elle est inscrite dans la constitution de 1958 et fait aujourd’hui partie de notre patrimoine national. Liberté D’opinion et d’expression • Extrait de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » D’entreprendre • Extrait de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « La liberté consi!e à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. » De se syndiquer • Extrait du préambule de la Constitution de 1946 « Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix. » De culte • Extrait de la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État « La République assure la liberté de conscience et elle garantit la liberté de culte. » 30 Les fondements de La république égalité Fraternité Devant la loi Nous sommes tous égaux devant la loi sans distinction d’origine ou de religion (principe inscrit dans la Constitution de 1958). La solidarité est un principe fondateur du bien vivre ensemble : Entraide La loi du 22 mai 1946 pose le principe de la généralisation de la sécurité sociale à l’ensemble des citoyens. Devant le suffrage Une personne, une voix. Famille • Extrait du préambule de la Constitution de 1946 « La nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. » Égalité des sexes • Extrait du préambule de la Constitution de 1946 « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme. » Engagement citoyen Tout jeune âgé de 16 à 25 ans peut exercer une mission d’intérêt général dans le cadre du service civil volontaire. Égalité des chances • Extrait de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « Tous les citoyens, étant égaux à ses yeux [la loi], sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. » Solidarité • Extrait du préambule de la Constitution de 1946 « Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’exi!ence. » 31 Les fondements de La république Les quatre principes de la République Une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale » Ces principes complètent ou précisent les valeurs exprimées par la devise de la République française. Dans l’article 1er de la Constitution de 1958, la France est qualifiée de « République indivisible, laïque, démocratique et sociale » : « Indivisible » implique que l’intégrité du territoire et l’unité politique du pays doivent être maintenues ; ce principe est apparu dès l’origine de la République et s’est cristallisé durant la Terreur révolutionnaire (1793-1794) « Laïque » veut dire que l’État et ses fonctionnaires respectent toutes les religions, mais sans en privilégier aucune ; ce principe s’est définitivement imposé au moment de la Loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 « Démocratique » signifie que la souveraineté appartient au peuple et qu’elle ne peut être que déléguée aux représentants du peuple ; c’est ici la principale conquête de la Révolution de 1789 « Sociale » montre l’attachement de la République à la protection des plus humbles ; c’est là un thème qui a cheminé longtemps avant de s’imposer comme principe fondateur au moment de la Libération (1944). UNITÉ ET INDIVISIBILITÉ DE LA RÉPUBLIQUE LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ 32 Les fondements de La république La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix Musée du Louvre, Paris Vision nouvelle de l’allégorie de la Liberté, c’est une fille du peuple, vivante et fougueuse, qui incarne la révolte et la victoire. Coiffée du bonnet phrygien, les mèches flottant sur la nuque, elle évoque la révolution de 1789, les sans-culottes et la souveraineté du peuple. Le drapeau, symbole de lutte, faisant un avec son bras droit, se déploie en ondulant vers l’arrière, bleu, blanc, rouge. Du sombre au lumineux, comme une flamme. Son habit, dont la double ceinture flotte au vent, n’est pas sans rappeler les drapés antiques. La nudité relève du réalisme érotique et l’associe aux Victoires ailées. Le profil est grec, le nez droit, la bouche généreuse, le menton délicat, le regard de braise. Femme exceptionnelle parmi les hommes, déterminée et noble, la tête tournée vers eux, elle les entraîne vers la victoire finale. Le tableau, image de l’enthousiasme romantique et révolutionnaire, glorifie le peuple citoyen « noble, beau et grand ». Historique et politique, il témoigne du dernier sursaut de l’Ancien Régime et symbolise la Liberté. Réaliste et novateur, le tableau fut rejeté par la critique, habituée à voir célébrer le réel par des concepts. Le régime de Louis-Philippe, dont elle saluait l’avènement, le cacha au public. 33 Les fondements de La république Principes fondamentaux de la république La République est fondée sur de grands textes qui expriment les valeurs de la France. En voici quelques extraits : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. » • La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la rési!ance à l’oppression. » « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. » • La Charte de l’environnement de 2004 « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. » « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement. » • Le préambule de la Constitution de 1946 « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. » • Le Code civil « Article 1382 : Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. » « Article 1383 : Chacun est responsable du dommage qu’ il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence. » • La Constitution de 1958 « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » 34 Les fondements de La république La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen 35 Les fondements de La répubLique les devoIrs du CItoyen respect de la loi payer des impôts le principe de l’impôt est prévu par la déclaration des droits de l’homme et du Citoyen du 26 août 1789 : « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés » (art. 13). La participation à l’effort commun est indispensable pour financer et faire vivre nos services publics : police, justice, éducation, hôpitaux, ramassage des ordures... Une société sans impôt impliquerait d’accepter une société dans laquelle tout service serait privé, éventuellement fort coûteux et inégalitaire en fonction des revenus ou de la localisation géographique de chacun. les citoyens doivent respecter les lois pour deux raisons essentielles : Tout d’abord parce qu’ils en sont indirectement les auteurs : l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 précise que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants (les parlementaires) et par la voie du référendum. Ensuite parce qu’il s’agit de permettre une vie en société organisée et d’éviter le développement de la loi «du plus fort». L’obligation pour tous les citoyens de respecter les lois est la meilleure assurance que la liberté, les droits et la sécurité de chacun d’eux soient garantis de manière effective. Le non respect des lois constitue toujours une faute qui, le cas échéant, peut conduire à de lourdes sanctions pénales. 36 Les fondements de La répubLique les devoIrs du CItoyen service national Depuis la levée en masse des Français de 1792, afin de défendre « la Patrie en danger » et de renforcer l’armée française, le devoir de défense du territoire est lié à la citoyenneté. Tout Français de sexe masculin est donc susceptible d’être mobilisé afin de défendre le territoire national, ou, plus largement, de se battre pour son pays (y compris sur un théâtre d’opération extérieur à la France). La personne mobilisée, refusant de se rendre là où elle a été affectée, ou quittant le combat, peut être poursuivie pour fait de désertion, aujourd’hui sanctionnée par la réclusion criminelle à perpétuité. En France, la conscription et le service national ont été réformés par la loi du 28 octobre 1997. Ils ont fait place à une journée d’appel de préparation à la défense pour les garçons et les filles âgés de 18 ans afin de les sensibiliser aux enjeux et à l’organisation de la défense. « L’appel sous les drapeaux » peut cependant être rétabli si la défense de la nation le justifie. fraternité les devoirs d’un citoyen envers les autres sont de nature juridique et morale : Chaque citoyen doit respecter les droits des autres : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 établit que « l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits » (art. 4). Mais les devoirs des citoyens les uns envers les autres ne se limitent pas à des obligations juridiques. Ils reposent également sur une dimension morale : il s’agit de faire preuve de civisme et de civilité pour rendre supportable la vie en société. La politesse, le respect, la capacité à venir en aide à une personne en difficulté sont des éléments capitaux pour une citoyenneté vécue au quotidien. 37 iV - Les symboles DE LA RÉPUBLIQUE L’article 2 de la Constitution de la Ve République définit les principaux symboles et le principe de gouvernement de la République française. Il dispose que : « La langue de la République est le français. L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L’hymne national est «La Marseillaise ». La devise de la République est « Liberté, Egalité, Fraternité ». Son principe est « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » Le drapeau tricolore Le drapeau tricolore est aujourd’hui le seul emblème national de la France. Avant d’être drapeau, le tricolore fut cocarde. Le blanc représentant la monarchie, le bleu et le rouge, la ville de Paris, signe de « l’alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». Le succès de la cocarde tricolore, symbole du patriotisme, est alors assuré. À l’automne 1790, l’Assemblée constituante décide que tous les vaisseaux de guerre et navires de commerce français porteront un pavillon aux trois bandes verticales : rouge près de la hampe, blanc au centre et cette bande sera plus large que les autres, bleu enfin. Le sens vertical des couleurs s’impose. Le drapeau tricolore ne prend sa forme définitive que le 15 février 1794 lorsque la convention nationale décrète que le pavillon national « sera formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ». 38 Les symboles DE LA RÉPUBLIQUE Juillet 1830 ou Aux Ténèbres enfin succède la clarté ... Léon Coignet, Bibliothèque nationale de France, Paris Au cours de la Révolution, l’emblème tricolore devient le support d’un nombre croissant de souvenirs et de fidélités. Le 13 juillet 1789, La Fayette unit le blanc de la monarchie aux couleurs de Paris pour donner une cocarde à la garde nationale qui vient d’être créée. Le 17 juillet, le roi accepte d’arborer les trois couleurs. Elles tiennent ensuite une place privilégiée dans la fête de la Fédération et symbolisent désormais l’unité de la nation. Le grand épisode guerrier de la bataille de Valmy les situe au cœur de l’épopée militaire qui allait hanter l’imagination française. En revenant sur le trône, les Bourbons reprennent le drapeau blanc. Mais en juillet 1830, les révolutionnaires avancent derrière des drapeaux tricolores qu’ils plantent sur les monuments conquis. Lorsqu’il monte sur le trône le 31 juillet, le duc d’Orléans proclame : « La nation reprend ses couleurs. » LE SAVIEZ-VOUS ? Le drapeau tricolore français est également un héritage de la Révolution: Le blanc représente la couleur traditionnelle de la monarchie Le rouge et le bleu, les couleurs de la ville de Paris. Les 3 couleurs réunies sont des symboles d’unité et de concorde. La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 a consacré ce drapeau comme emblème de la Nation. Depuis 1830, il devient, sans interruption, le drapeau national. 39 Les symboLes de La répubLique la MarseIllaIse de rouGet de lIsle Menée par l’enthousiasme révolutionnaire sur les barricades des Trois Glorieuses, La Marseillaise, oubliée jadis, puis revenue en grâce, fédère la République combattante. Ce poème qui « concrétise la colère et l’espoir des hommes, leur élan et leur foi dans l’avenir », est avant tout le chant de ralliement des Héros de la Liberté. le souffle de la Marseillaise traverse l’histoire avec un enthousiasme inégalé, cet élan, cette même force fédératrice qui fait naître dans le cœur des citoyens français l’amour sacré de la patrie. La Marseillaise a scandé les grands moments de notre Histoire et résonne encore aujourd’hui, au fil des épreuves que nous traversons, et au cœur des joies qui nous rassemblent. À travers ses paroles, sa mélodie, son rythme, c’est un pays tout en entier qui se raconte, une République que l’on honore. Le 20 avril 1792, la France en révolution entre en guerre contre l’Europe des monarques coalisés. Quelques jours plus tard, le maire de Strasbourg, le baron de Dietrich, lors d’une soirée en compagnie de militaires qu’il avait coutume d’organiser, constate avec regret que la France révolutionnaire ne possède pas un hymne national capable de galvaniser ses soldats et les volontaires engagés afin de défendre la « patrie en danger ». Touché par la remarque du baron, le capitaine du génie Claude-joseph rouget de lisle, poète et musicien à ses heures, compose dans la nuit du 25 au 26 avril les paroles et la musique du Chant de guerre pour l’armée du rhin. Le chant est bientôt adopté par les fédérés marseillais qui en montant à Paris vont le populariser et l’imposer comme chant patriotique et révolutionnaire. Ils lui donnent aussi son nom, Hymne des Marseillais puis La Marseillaise, laquelle devient chant national par le décret du 14 juillet 1795 (26 messidor an III) qui ne sera toutefois définitivement appliqué qu’à partir du 14 février 1879. 40 Les symboles DE LA RÉPUBLIQUEs Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois (1849). Isidore Pils - Peinture à l’huile, Musée historique, Strasbourg LE SAVIEZ-VOUS ? Interdit sous l’Empire et sous la Restauration, il est repris lors des révolutions de 1830 et 1848 avant d’être à nouveau proscrit sous le second empire. Lors de la proclamation de la République, en septembre 1870, la Marseillaise est de retour. Chantée par les insurgés de la Commune de Paris, elle redevient hymne national le 14 février 1879. Elle est enseignée dans toutes les écoles françaises et est officiellement déclarée « hymne national » par les constitutions de 1946 et de 1958. Devant la multiplication des incivilités qui consistent à siffler la marseillaise à l’occasion de rencontres de football, le législateur a créé un délit d’outrage au drapeau français et à l’hymne national sanctionné par six mois d’emprisonnement et à 7 500 euros d’amende eu égard à l’article 433-5-1 du Code pénal. 41 2016 • Année de la REFRAIN Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Marchons, marchons ! Qu’un sang impur... Abreuve nos sillons ! I Allons ! Enfants de la Patrie ! Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie, L’étendard sanglant est levé ! (Bis) Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Égorger vos fils, vos compagnes Marseillaise UNITÉ ET INDIVISIBILITÉ DE LA RÉPUBLIQUE LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ IV Tremblez, tyrans et vous, perfides, L’opprobre de tous les partis ! Tremblez ! Vos projets parricides Vont enfin recevoir leur prix. (Bis) Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros, La terre en produira de nouveaux Contre vous tout prêt à se battre. REFRAIN V REFRAIN Français, en guerriers magnanimes Portons ou retenons nos coups ! Épargnons ces tristes victimes, A regret, s’armant contre nous ! (Bis) Mais ce despote sanguinaire ! Mais ces complices de Bouillé ! Tous ces tigres qui, sans pitié, Déchirent le sein de leur mère ! II REFRAIN Que veut cette horde d’esclaves, De traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves, Ces fers dès longtemps préparés ? (Bis) Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage ! Quels transports il doit exciter ; C’est nous qu’on ose méditer De rendre à l’antique esclavage ! VI Amour sacré de la Patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs ! Liberté ! Liberté chérie, Combats avec tes défenseurs ! (Bis) Sous nos drapeaux que la Victoire Accoure à tes mâles accents ! Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire ! REFRAIN REFRAIN III COUPLET DES ENFANTS Quoi ! Des cohortes étrangères Feraient la loi dans nos foyers ! Quoi ! Des phalanges mercenaires Terrasseraient nos fiers guerriers ! (Bis) Dieu ! Nos mains seraient enchaînées ! Nos fronts sous le joug se ploieraient ! De vils despotes deviendraient Les maîtres de nos destinées ! Nous entrerons dans la carrière, Quand nos aînés n’y seront plus ; Nous y trouverons leur poussière Et la trace de leurs vertus. (Bis) Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager leur cercueil Nous aurons le sublime orgueil De les venger ou de les suivre. REFRAIN REFRAIN 42 Les symboles DE LA RÉPUBLIQUE La marche des Marseillois, W. Holland, 1792 - The British Museum, Londres 43 Les symboles DE LA RÉPUBLIQUE La Marianne Même si la Constitution de 1958 a privilégié le drapeau tricolore comme emblème national, Marianne incarne aussi la République Française. Les premières représentations d’une femme à bonnet phrygien, allégorie de la Liberté et de la République, apparaissent sous la Révolution française. Symbole de liberté, le bonnet phrygien était porté par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome. Dès la IIIe République, les statues et surtout les bustes de Marianne se multiplient, en particulier dans les mairies. Plusieurs types de représentation se développent, selon que l’on privilégie le caractère révolutionnaire ou le caractère « sage » de la Marianne : le bonnet phrygien est parfois jugé trop séditieux et remplacé par un diadème ou une couronne rouge flottant dans les airs. Le Buste de Marianne 2015 Sculpture de Jean-Marie Pigeon, d’après un dessin de Florence Cestac LE SAVIEZ-VOUS ? La femme à bonnet phrygien est au départ un emblème de la Liberté pour les révolutionnaires. Elle devient peu à peu, une représentation de la République. Le nom de Marianne, lui apparaît à la même période, dans le Languedoc pour désigner la Révolution. Le nom et la représentation féminine ne finiront par ne faire plus qu’un. Pendant longtemps, elle a un double visage: tantôt guerrière, le sein nu, portant le bonnet des esclaves affranchis dans la Grèce et la Rome antique, et les emblèmes révolutionnaires, tantôt sereine, couronnée de lauriers de la victoire ou d’épis de blé symboles d’abondance, incarnant l’ordre républicain et l’obéissance à la Loi. 44 Les symboles DE LA RÉPUBLIQUE Le Coq Le coq apparaît dès l’Antiquité sur des monnaies gauloises. Il devient symbole de la Gaule et des Gaulois à la suite d’un jeu de mots, le terme latin « gallus» signifiant à la fois coq et gaulois. Disparu au haut Moyen-âge, on le retrouve en Allemagne dès le XIVe siècle pour évoquer la France. À partir du XVIe siècle, le Roi de France est parfois accompagné de cet oiseau sur les gravures, monnaies. La Révolution française en a fait un plus large usage. On le trouve notamment représenté sur des assiettes et sur le sceau du Directoire. Proposé comme emblème à Napoléon Ier par une commission de conseillers d’Etat, il fut refusé pour la raison suivante : « le coq n’a point de force, il ne peut être l’image d’un empire tel que la France ». À partir de 1830, il est à nouveau très apprécié. Par une ordonnance du 30 juillet 1830, le coq gaulois doit figurer sur les boutons d’habit et doit surmonter les drapeaux de la garde nationale. Naturellement dédaigné par Napoléon III, il devient un symbole quasi officiel sous la IIIème République : la grille du parc du Palais de l’Elysée construite à la fin du XIXème siècle est ornée d’un coq et la pièce d’or frappée en 1899 également. Si la République française lui préfère aujourd’hui le symbole de la Marianne, il figure toutefois sur le sceau de l’Etat, qui est celui de la Seconde République : la liberté assise tient un Coq sur un canon avec gouvernail sur lequel est représenté le coq. Il est surtout utilisé à l’étranger pour évoquer la France, notamment comme emblème sportif. 45 V - CITOYENNETÉ ET DROIT DE VOTE La NAISSANCE DE LA CITOYENNETÉ C’est dans la Grèce du 5e siècle avant JC que naissent la démocratie et la notion de citoyen. Tous les citoyens y sont libres et égaux devant la loi et disposent du droit de participer à la gestion des affaires publiques de la cité telles que : la guerre, la paix, les travaux d’infrastructures, les finances et les lois. Tout citoyen peut être désigné pour accomplir des fonctions publiques ou accéder à des magistratures. Mais cette citoyenneté ne concerne alors qu’une minorité de la population. Les femmes, les étrangers et les esclaves en sont exclus. Affichette de la Révolution française, entre 1789 et 1794 Eau forte, anonyme - Musée Carnavalet, Paris « Ici on s’honore du titre de Citoyen. » Cette phrase, écrite sur quelques écriteaux et affichettes, fleurissait dans les lieux publics durant la Révolution française, à la fin du XVIIIe siècle. Cette sentence toute solennelle. Le terme de « citoyen », lors de ce bouleversement politique de l’Histoire de France, s’oppose alors à la nomination de « sujet » et instaure une égalité car ainsi, tout homme peut être appelé citoyen sans hiérarchisation contrairement aux titres de noblesse. Deux siècles plus tard, la signification du terme a beaucoup évolué. Aujourd’hui, le citoyen français jouit de droits civils et politiques et s’acquitte en contrepartie d’obligations envers la société. Le citoyen majeur désigne une personne âgée de plus de 18 ans, née de parents français ou étrangers naturalisés. Il est détenteur d’une partie de la souveraineté politique. Pour pouvoir voter, chaque citoyen a l’obligation d’être inscrit sur la liste électorale de son lieu de résidence. Il a donc la possibilité de s’exprimer lors des scrutins locaux ou nationaux. Mais l’histoire du vote en France a été un long chemin jonché de combats souvent sanglants. 46 CITOYENNETÉ ET DROIT DE VOTE LE DROIT DE VOTE Sous la monarchie constitutionnelle, au début de la Révolution française, de 1789 à 1792, le vote était restreint. Seuls les hommes de plus de 25 ans payant un impôt direct avaient le droit de voter pour des électeurs plus riches qui, à leur tour, élisaient des députés. Ce suffrage était alors appelé censitaire. En 1799, avec le Consulat, tous les hommes de plus de 21 ans ont le droit de vote. Le système d’élections y était très complexe et l’on peut dire que, ajouté à la discrimination envers les femmes, ce suffrage n’avait d’universel que le nom. Après la chute de l’Empire en 1815, la Restauration rétablit le suffrage censitaire. En 1848, c’est le retour de la République et avec elle, le rétablissement du suffrage universel, qui reste toujours masculin. Le vote devient alors secret. En 1944, les femmes françaises ont le droit de voter. La France est l’un des derniers pays d’Europe à avoir accordé le droit de vote et d’éligibilité aux femmes, juste avant l’Italie, la Belgique, la Grèce et la Suisse. Les femmes useront de ce droit pour la première fois aux élections municipales du 29 avril 1945. Enfin, plus proche de nous dans le temps, deux années sont à retenir. La première, 1974, la majorité légale et donc le droit de vote passent de 21 à 18 ans. La seconde, 1992, le traité de Maastricht crée la citoyenneté européenne. Ainsi, dans chaque pays de l’Union européenne, le droit de vote aux élections municipales est étendu aux citoyens originaires de l’Union européenne. 47 FRISE CHRONOLOGIQUE 1789 1790 1791 1792 1793 • 5 mai : ouverture des États Généraux. • 17 juin : le Tiers Êtat se proclame Assemblée nationale. • 20 juin : serment du Jeu de paume. • 9 juillet : instauration de l’Assemblée nationale constituante, • 14 juillet : prise de la Bastille. • 4 août : abolition des privilèges. • 15 janvier : création de 83 départements remplaçant 34 provinces, 40 gouvernements militaires et 135 diocèses. • 19 juin : abolition de la noblesse héréditaire. • 12 juillet : vote de la Constitution civile du clergé. • 27 novembre : instauration du serment civique des prêtres • 20-25 juin : fuite du roi et de sa famille. • 17 juillet : la Garde nationale tire sur la foule, rassemblée au Champs de Mars, qui réclame la déchéance du roi(100 morts). • 1er septembre : première séance de l’Assemblée nationale législative. • 3 septembre : vote de la nouvelle Constitution. Les députés seront élus au suffrage censitaire. • 14 septembre : Louis XVI accepte la nouvelle Constitution. • 20avril : déclaration de guerre au « roi de Bohême Hongrie ». • 25 avril : Rouget de Lisle compose « La Marseillaise» • 20 juin : les sans-culottes attaquent les Tuileries et coiffent Louis XVI du bonnet rouge. Chute de la royauté. • 11 juillet : l’Assemblée déclare «la patrie en danger»; les volontaires affluent. • 3 août : manifeste du duc de Brunswick qui menace de détruire Paris si la vie du roi est mise en péril. • 2-6 septembre : terrorisés par l’avance des troupes prussiennes, les sans-culotte massacrent les détenus des prisons. • 20 septembre : victoire de Valmy. • 21 septembre : première séance de la Convention et abolition de la royauté. Proclamation de la République : la Convention se partage entre les girondins, modérés et proches de la grande bourgeoisie, qui siègent à droite, et les montagnards et les jacobins, plus autoritaires et plus proches de la petite-bourgeoisie, qui siègent à gauche, avec au centre la Plaine ou le Marais. • 21 janvier : exécution du roi Louis XVI. 24 février : levée de 300 000 hommes. • 9 mars : début de la révolte vendéenne. • 10 mars : mise en place d’un tribunal révolutionnaire. • 6 avril : formation du Comité de salut public dominé par Danton. • 2 juin : chute des girondins. • 24 juin : deuxième Constitution (an II) qui abolit le suffrage censitaire et instaure le suffrage universel pour les citoyens du sexe masculin. La France est gouvernée par le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale. • 5 septembre : début de la Terreur, Robespierre concentre tous les pouvoirs entre ses mains. 48 FRISE CHRONOLOGIQUE 1794 1795 1796 1797 1798 • 19 janvier : envoi en Vendée des « Colonnes infernales du général Turreau. • 4 février : abolition de l’esclavage. • 24 mars : condamnation à mort d’Hébert et de ses compagnons. • 6 avril : exécution des « Indulgents » Danton, Desmoulins, Fabre d’Églantine. • 10 juin : la «Grande Terreur ». • 26 juin : victoire des Français sur les Autrichiens à Fleurus. • 28 juillet : exécution de Robespierre et de ses amis. Les girondins reviennent au pouvoir. Une nouvelle Constitution qui renforce le pouvoir de la bourgeoisie est rédigée. Le suffrage censitaire est rétabli. • 17 février : le Vendéen Charette de La Contrie signe un traité de paix avec la Convention. • Avril et mai : émeute des « ventres creux » à Paris. • 16 mai : la République batave devient une alliée de la France. • 27 juin : débarquement anglais à Quiberon repoussé par le général Hoche à la tête des troupes républicaines. • 5 octobre : Bonaparte, appelé par la Convention, écrase l’insurrection royaliste à Paris. • 26 octobre : séparation de la Convention et instauration du Directoire. • 29 mars : exécution de Charette de La Contrie qui avait repris les armes. • Avril : début de la campagne d’Italie sous le commandemenl de Bonaparte. • 10 mai : échec de la « conspiration des Égaux » menée par Babeuf. • 27 mai : exécution de Babeuf. • 15 juillet : le Directoire déclare la pacification des départements de l’Ouest. • 4 septembre : coup d’État antiroyaliste. • 18 octobre : signature du traité de Campo-formio; fin de la campagne d’Italie. Création de la République cisalpine (Milan) et de la République figure (Gênes). • 15 février : proclamation de la République romaine et déposition du pape. • 12 avril : naissance de la République helvétique. • Juillet : début de la campagne d’Égypte par Bonaparte. • 1er août : défaite navale française à Aboukir en Égypte et victoire de l’amiral Nelson. • 5 septembre : loi instituant la conscription. 1799 • Novembre : départ des Français de Rome et disparition de la République romaine. • 25 juillet : victoire des armées françaises a Aboukir. • 9 et 10 novembre : coup d’état du 18 brumaire de Bonaparte. Début du Consulat et fin de la République sinon en droit, du moins en fait. Bonaparte, Premier consul d’un nouveau régime (Constitution de l’an VIII), détient le pouvoir. 49 Jeu de L’oie 50 51 Lexique A putés élus pour une législature de 5 ans. Elle peut être dissoute par le Président de la République, selon l’article 12 de la Constitution. Son rôle est triple : vote de la loi, contrôle de l’action gouvernementale, modification de la Constitution. Ancien Régime ncadré par la Renaissance et la RévoluE tion française, l’Ancien Régime est l’ensemble des institutions et gouvernements de la France durant cette période. L’Ancien Régime se caractérise par une monarchie absolue et de droit divin et une inégalité sociale fondée sur des privilèges de naissance pour la Noblesse et le Clergé. Il n’y a pas de constitution écrite et c’est le roi qui incarne l’État. Bien que symbolisée par la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, l’abolition de l’Ancien Régime s’est déroulée en plusieurs étapes : - abolition des droits féodaux et des privilèges le 4 août 1789, - Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, le 26 août 1789, - abolition de la monarchie et proclamation de la République, le 21 septembre 1792. C Cahier de doléances es cahiers sont rédigés séparément et avec L des conditions différentes selon les trois ordres. Tous condamnent la Monarchie absolue mais les cahiers du Tiers État revendiquent l’égalité d’accès aux fonctions publiques, l’égalité fiscale, le vote de l’impôt par les représentants élus de la population. S’y ajoutent la suppressions des impôts et privilèges de la noblesse et du clergé catholique et beaucoup demandent la liberté d’opinion et d’expression des idées. Citoyen Historiquement, un citoyen est un membre Assemblée nationale Dans les états disposant d’un système lé- d’une cité-Etat grecque, disposant du droit de suffrage dans les assemblées publiques afin de participer, par son engagement actif, à la vie publique et politique de sa cité. Pendant la Révolution française, le terme «citoyen» a été réutilisé par opposition au «sujet» (du roi). Il permet de désigner tout homme sans notion de hiérarchie. La Constitution de 1791 déclare citoyen tout individu né en France d’un père français. Seuls ont le droit de voter les citoyens actifs qui doivent payer une contribution au moins égale à trois journées de travail. De nos jours, un citoyen est une personne qui relève de la protection et de l’autorité d’un Etat, dont il est un ressortissant. Il bénéficie des droits civiques et politiques et doit accomplir des devoirs envers l’État. gislatif bicamériste (à deux chambres), l’Assemblée nationale désigne parfois la chambre basse, par opposition à la chambre haute, le Sénat. En France, dans le cadre de la Constitution de la Ve République, l’Assemblée nationale est l’assemblée élue au suffrage universel qui dispose, avec le Sénat, du pouvoir législatif. Les deux chambres forment le Parlement. En cas de désaccord entre elles sur un projet de loi, c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot. En outre, elle a seule le pouvoir de renverser le gouvernement. L’Assemblée nationale, dont le siège est au palais Bourbon, est composée de 577 dé- 52 Lexique Constitution Texte qui détermine la forme du Dictature La dictature est un régime politique gouvernement d’un pays. À partir de 1791, chaque régime de la France est défini par une Constitution. « Toute Société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » (art. 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 1789). Une constitution est la loi fondamentale d’un Etat qui définit les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation et les séparations du pouvoir politique (législatif, exécutif, judiciaire). Elle précise l’articulation et le fonctionnement des différentes institutions qui composent l’Etat. La constitution se situe au sommet du système juridique de l’État dont elle est le principe suprême. Toutes les lois, décrets, arrêtés et traités internationaux doivent être conformes aux règles qu’elle définit. D arbitraire et coercitif dans lequel tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme. Le pouvoir n’étant ni partagé, ni contrôlé, les libertés individuelles n’étant pas garanties, la dictature doit donc s’imposer et se maintenir par la force en s’appuyant sur l’armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste, sur un groupe religieux ou social. E États Généraux G Girondins J Jacobins L Lumières Démocratie n régime démocratique est l’expression U de la souveraineté du peuple sans qu’il y ait de distinctions à la naissance, la comprétence ou la richesse. Les citoyens élisent des représentants qui votent des lois et contrôlent l’action des membres du gouvernement. Les fondements de la démocratie sont : - la liberté des individus ; - la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) ; - la consultation régulière du peuple (élection et référendum) ; - la pluralité des partis politiques ; - l’indépendance de la justice. 53 ssemblée constituée des représentants des A trois ordres qui composent la population du royaume de France : le clergé, la noblesse et le Tiers État. Au moment de leur convocation par Louis XVI en 1789, ils ne s’étaient plus réunis depuis 1614. embres du « parti » de la Gironde créé M en 1791. Souvent inscrits au Club des jacobins, ils sont journalistes, avocats ou négociants. Ils s’opposent à la Montagne. I ndividus souhaitant un État fort centralisé et appartenant à la société révolutionnaire établie à Paris dans un ancien couvent de moines jacobins. ouvement philosophique qui inspire les M idées, révolutionnaires en remettant en cause l’absolutisme intellectuel et religieux de l’Ancien Régime et en dénonçant l’intolérance. M Montagnard R République La république Député de gauche siégeant à la Convention sur les plus hauts rangs (la Montagne), menés par Robespierre et Danton. N est un système politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui exerce le pouvoir politique directement ou par l’intermédiaire de représentants élus. Ceux-ci reçoivent des mandats pour une période déterminée et sont responsables devant la nation. Par ses représentants, le peuple est la source de la loi. L’autorité de l’Etat, qui doit servir le « bien commun », s’exerce par la loi sur des individus libres et égaux. Nation Une nation est une communauté humaine ayant conscience d’être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu’entité politique, la nation, qui est un concept né de la construction des grands Etats européens, est une communauté caractérisée par un territoire propre, organisée en État. En France, depuis la Révolution, la nation est un ensemble de citoyens détenant la puissance politique (souveraineté). Il y a superposition entre la nation, le peuple et l’État auquel la nation délègue sa souveraineté. « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation » (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen). P S Sans culottes T Terreur Privilèges n privilège est un droit spécial, excepU tionnel ou exclusif qui est accordé à une personne ou à un groupe. Pendant la Révolution française, l’Assemblée a aboli les privilèges seigneuriaux la Nuit du 4 août 1789 et les a remplacés par le droit commun : « L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal. Elle décrète que, dans les droits et les devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la main-morte réelle ou personnelle, et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité ». e mot désigne les républicains parisiens C les plus fervents qui portent, plutôt que la culotte qu’ils jugent trop aristocratiquie, le pantalon et une veste courte, la carmagnole. ors de cette période sanglante, sont créés L le Comité de salut public, celui de la sûreté générale, le Tribunal révolutionnaire et des Comités de surveillance. Les Girondins sont les premiers touchés. Le trop grand nombre d’exécution provoquera la chute de Robespierre. Tiers État Sous l’Ancien Régime, tous les individus qui n’appartiennent ni au clergé, ni à la noblesse ; c’est à dire la très grande majorité des Français qui ne bénéficie d’aucun privilège. 54 Crédits photographiques : Agence Roger-Viollet Agence photographique de la Réunion des musées nationaux Gallica Bibliothèque Nationale de France Prêt à titre gracieux Musée virtuel Olympe de Gouges 2.0 / Société des Amis d’Olympe de Gouges p.15 RMN-Grand Palais / Gérard Blot Textes illustrant les visuels : www.histoire-image.org. Remerciements à : Musée du Louvre Le Grand Palais Ministère de la Culture Ministère de l’Intérieur Musée Carnavalet Château de Versailles Office National des Anciens Combattants Serge Diloy, producteur du Musée virtuel Olympe de Gouges et trésorier de l’association des Amis d’Olympe de Gouges et Fanny Hubert pour sa relecture historique attentive Le service Communication : Alexandre Nedjar, directeur Sophie Maloiseaux, coordination éditoriale Jean-Luc Manenti, Carole Zunino, maquette et illustrations Le service Culture : Anne-Bernade Séguéla et Lucie Merlini Le service Archives : Christelle Laverrière Le service Évènementiel : Morgane Najafi, Jocelyn Hourlier « La liberté ne naît pas d’un vide mais d’un héritage qu’il nous faut chérir et transmettre » Hannah Arendt 55