Année universitaire 2013 - 2014 L’ACCÈS AUX MUSÉES DES PERSONNES AUTISTES IMPLICATION SPATIALE COUQUET Zélia Mémoire présenté sous la direction de Mme Mathab Mazlouman, en vue de l'obtention du titre de master en architecture. Avant toute chose, je tiens à remercier, sans toutes les citer, les personnes qui m’ont aidée et soutenue et sans lesquelles mon mémoire aurait été bien différent. Merci, tout particulièrement… … à Edouard Bertaud et Ghislaine Lassiaz pour le si bon accueil qu’ils m’ont réservée. Egalement, pour les nombreuses explications qu’ils m’ont fournies au sujet de leurs missions respectives. Ils m’ont éclairée sur des aspects essentiels du sujet au commencement de mes recherches. … à Gaele Regnault et aux accompagnatrices de l’ULIS du collège Ste Marie de Meaux qui ont partagé avec moi leur point de vue sensible sur les troubles de leurs proches. Elles ont suscité chez moi l’envie de m’impliquer pleinement dans mon mémoire. … à Anahita Grisoni pour le temps qu’elle m’a consacrée tout au long de mon travail, ses conseils, son soutien. … à mes professeures référents pour leurs conseils avisés et, plus généralement, pour l’attention qu’elles m’ont portée tout au long de mon avancement. … à Cyril Kalfat, Naomi et Matthias Couquet, qui m’ont encouragée, sans relâche, à ne pas baisser les bras face à la complexité du sujet. SOMMAIRE 1 MÉTHODOLOGIE Page 7 INTRODUCTION Page 17 PARTIE 1 TROUBLES AUTISTIQUES : UN RAPPORT À L’ESPACE DIFFÉRENT QUI CONDITIONNE L’ACCESSIBILITÉ L’AUTISME Page 26 | LES TROUBLES AUTISTIQUES L’ORIGINE DU SYNDROME ET L’ÉTENDUE DES TROUBLES CONSÉQUENCE : UNE GRANDE HÉTÉROGÉNÉITÉ DE SITUATIONS | LA PRISE EN CHARGE L’ÉVOLUTION COMPLEXE ET LES PERSONNES IMPLIQUÉES LES DIFFÉRENTES MÉTHODES, SOCLE NÉCESSAIRE L’IMPORTANCE DES SORTIES CUTLURELLES LES LIEUX DE VIES Page 36 | PRÉSENTATION DE L’ADAPTATION PROGRESSIVE | DES BESOINS SPÉCIFIQUES EN TERMES D’ESPACE | LA RETRANSCRIPTION SPATIALE ACTUELLE DE CES BESOINS Livret iconographique : Lieux de vie | DES CONNAISSANCES ÉTABLIES SOLIDES 2 PARTIE 2 CADRE LÉGAL ET INSTITUTIONS MUSÉALES : L’ASPECT THÉORIQUE ET L’OBJET EXPLICITE IMPLIQUÉS DANS L’ACCESSIBILITÉ LE CADRE LÉGAL ET LES ACTIONS CONJOINTES Page 46 | L’APPARITION PROGRESSIVE D’UNE LÉGISLATION RELATIVE AUX HANDICAPS | LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005 LES GRANDS AXES DE LA LOI LE CONTENU DES ARTICLES SUR L’ACCESSIBILITÉ ÉLARGIE | LES PROJETS COMPLÉMENTAIRES LA COMMISSION CULTURE ET HANDICAP ET LES GUIDES MINISTÉRIELS AUTRES PROJETS | UN IMPACT PROBABLEMENT RESTREINT LA SITUATION DES MUSÉES Page 59 | PRÉSENTATION DES INSTITUTIONS MUSÉALES | LES PRINCIPALES MISSIONS ET CONTRAINTES | L’ORIENTATION ACTUELLE EN TERMES DE PROGRAMMATION ET DE CONCEPTION | LA GRANDE DIVERSITÉ DU CADRE BÂTI EXISTANT Livret iconographique : Evolution des lieux muséaux | UNE CAPACITÉ RELATIVE À S’INSCRIE DANS LA DÉMARCHE DE L’ACCESSIBILITÉ 3 PARTIE 3 ESPACE ET OFFRE : LA RÉALISATION DE L’ACCESSIBILITÉ AU SEIN DES INSTITUTIONS MUSÉALES L’ANALYSE DES LIEUX EXISTANTS Page 70 | LA NÉCESSITÉ DU BILAN PRÉALABLE DES ÉDIFICES | ÉTUDE SPATIALE DES MUSÉES L’ASPECT ARCHITECTURAL L’ASPECT SCÉNOGRAPHIQUE | UNE ADAPTATION SPATIALE LARGEMENT INSUFFISANTE Livret iconographique : Lieux muséaux existants LES ANALYSES COMPLÉMENTAIRES Page 85 | UNE OFFRE NAISSANTE MAIS HÉTÉROGÈNE DANS LES INSTITUTIONS EXISTANTES | ÉTUDE DE FUTURES INSTITUTIONS UN PROJET SOBRE UN PROJET EXTRAVAGANT | UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE QUI RESTE FAIBLE Livret iconographique : Lieux muséaux à venir CONCLUSION GLOSSAIRE, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE Page 103 Page 113-123-165 4 5 6 MÉTHODOLOGIE 7 Mon intérêt pour la situation actuelle des A partir de cet état de l’art sur l’autisme, personnes autistes en France a éclos des j’ai orienté mon sujet de mémoire vers discours et réflexions tenus par mon père, l’impact des troubles autistiques en termes pédopsychiatre à propos de son métier. d’espace et la manière dont il est possible Marquée d’adapter les lieux à ces derniers. par ses qu’intriguée, puis mentionner propos ayant entendu quelquefois d’accessibilité, j’ai autant le commencé terme à me questionner sur ce que cela impliqué pour eux. C’est pourquoi, l’autisme s’est imposé comme point de départ de mon mémoire quand il fallut en définir le thème Par suite, la rupture qu’introduit la loi du 11 février 2005, incluant pour la première fois l’autisme énonçant parmi le « d’accessibilité les handicaps concept de et nouveau tout à tous », renvoyait à mes questionnements subjectifs sur une accessibilité qui leur serait propre. J’ai ainsi précisé mon sujet autour de l’adaptation > Analyse de contenu choisi subjectivement m’était, à vrai dire, parfaitement inconnu. J’ai donc effectué de nombreuses recherches sur l’autisme afin de me constituer un champ de référence même lieux publics, à priori ouvert à tous, et plus particulièrement des Au commencement de ce dernier, l’objet avant des d’être en mesure de problématiser mon travail. musées dotés d’une mission pédagogique. La formulation d’hypothèses quant à la difficulté d’inclure concrètement autistes, semblablement aux les autres handicaps, a précédé la formulation de la question de recherche sur l’impact réel de la loi et donc la problématisation du sujet. L’analyse du contenu de textes concernant l’autisme, de témoignages journalistiques et autres, a été primordiale dans ma J’ai alors procédé à une recherche compréhension des particularités liées aux bibliographique et documentaire afférent à déficiences autistiques. Elle m’a également cet objectif. Il s’en est suivi une nouvelle permis des analyse de contenu de textes sur les personnes porteuses de ce handicap en institutions muséales afin de comprendre France par ailleurs qualifiée à plusieurs leurs missions, leurs possibilités d’actions, reprises de « catastrophique ». etc. Egalement celle de ce que prescrit d’objectiver la situation concrètement la loi d’une part et de ce 8 que permet le contexte dans lequel elle En ce qui s’inscrit d’autre part. institutions concerne les nouvelles muséales, dans le sens de musées ayant promulgation ouvert de la loi, après la certaines sont > Etude de cas également présentes dans Paris. Toutefois, Jai poursuivi le travail de recherche par superficielle du corpus, le temps ne m’a une étude de cas de plusieurs musées pas permis d’aller explorer les institutions constituant un ouvertes dernièrement comme le centre me refusant de procéder à une analyse corpus objectivé d’après plusieurs critères. Pompidou de Metz, le Mucem ou le Louvre Le présent travail porte principalement sur la question du lieu physique et de son aménagement. C’est pourquoi la teneur des expositions qui peut importer voire être déterminante au regard des troubles autistiques est relativement peu abordée. de Lenz... C’est pourquoi, j’ai préféré élargir la recherche à des futures institutions. Elles ne aucun nécessitaient déplacement conséquemment et permettaient en outre d’appréhender l’influence de la loi dans un espace temporel plus large. Par ailleurs, la comparaison des musées n’étant pas ce vers quoi tend l’analyse, c’est bien la diversité des situations que j’ai recherché. Par suite, la date de création des institutions constitue un second paramètre. Elles ont en effet été sélectionnées de manière à déployer la frise chronologique Un des paramètres ayant permis de définir le corpus Non est purement négligeable subordonné à cela ma spatiotemporel. dit, il propre était situation géographique et à la temporalité dans laquelle s’inscrit le mémoire. Je me suis alors concentrée sur la longue liste des institutions muséales parisiennes auxquelles je pouvais aisément accéder. En effet, Paris en accueille un très grand nombre, de toutes tailles, sur des thématiques variées et dont la plupart ont été créées autant que possible. Ainsi, des musées anciens paraissent intéressants pour observer la manière dont ils s’adaptent aux nouvelles contraintes légales. Des musées récemment construits ou rénovés me semblent également importants de par leur proximité questionnements temporelle que la avec les problématique soulève. Enfin, le corpus comprend des musées postérieurs à la promulgation de la loi qui ont du, à priori, intégrés directement les nouvelles normes. bien avant 2005. 9 La stratégie dans laquelle se sont inscrites il les différentes institutions au moment de ambition de créer un lieu pour leur création et à la politique prônée en tous les publics (entendu ici dans leur sein a importé dans l’élaboration du une assertion générationnelle) et sa corpus. Dès lors, ce sont des musées démarche « novateurs » que j’ai cherché à réunir, participative et interactive. La Cité toujours en gardant à l’esprit la notion de des Sciences étant un édifice de diversité. Pouvant concrètement s’exprimer très grandes dimensions, ce sont de manières variées, ces derniers intègrent ses salles destinées aux enfants, la dans Cité bon nombre de cas la notion d’innovation architecturale. Concrètement, le est précurseur d’éducation des enfants, corpus étudié est o qui ont été à la contemplation à des précédents, il accueille une grande quantité de Du musée le plus ancien au plus récent visiteurs (3 580 000 par an). En (en projet) : outre, il a été l’un des premiers musée des Arts et Métiers musées à être installé dans un datant de 1802 a été choisi pour bâtiment sa politique novatrice : une offre fonction bien différente : une gare spécifique aux datant de l’époque industrielle du aux 20ème est handicapés proposée mentaux et ayant siècle. à l’origine Classé une monument autistes. C’est un « petit musée » historique, une partie des salles a très été ancien. ailleurs historique été en Le bâtiment classé 1994 a par monument rénovée récemment pour le confort et la sécurité des visiteurs, présupposant dixit le site du musée. des contraintes particulières. o Le Centre Le Palais de la découverte (1938), quant associé à la musées Cité des sciences à Pompidou lui un modernes, (1977) est emblème peut-être des le (1986) depuis 2010 dans l’EPIC1 premier des « musées spectacle » 2. Unisciences, parait intéressant car Il est le deuxième musée le plus Établissement public à caractère industriel et commercial 1 scientifique est l’un des plus connus de Paris. l’opposé o son Le musée d’Orsay ouvert en 1986 Dédié Le part observées. composé de 9 musées. o de NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 2 10 fréquenté o de Paris (5 300 000 qui ont du intégrer les nouvelles visiteurs par an), le premier pour normes et ont eu le temps, à l’art moderne. Et d’ajouter que le priori, musée est né de la conviction que sur l’enjeu de l’accessibilité. Créé l'art le plus contemporain pouvait renouer avec le public le plus large à la condition que la puissance publique joue pleinement son rôle de médiateur. par une réellement agence renommée, Coop remplace le informés d’architecture Himmelb(l)au, il Muséum de Lyon fermé au public depuis juillet 2007. o Le musée des Beaux-arts de Reims Le musée du Quai Branly date de n’ouvrira qu’en 2018. De ce point 2006 et constitue, de ce fait, un de vue, sa situation est équivalente musée charnière aux vues de la à celle du cas précédent. L’actuel problématique. Novateur dans son musée architecture l’architecture Nouvel, conçue l’un des architectes de effectue une considérable d’accueil plus notre sur de par célèbres époque, des Beaux-arts, est contraignante aux dont apparue trop yeux des il conservateurs, dispose déjà d’une communication politique d’inclusion des personnes sa tous Jean les handicapées politique qui semble justifier, d’autant plus, sa présence au sein publics du corpus. handicapés. o d’être La Pinacothèque (2007/2011) est le premier musée privé à avoir ouvert ses portes dans Paris et ce après la promulgation de la loi de 2005. Parce institutions cette que sont dernière, il toutes les concernées par m’est apparue nécessaire que les musées privés A noter que les musées existants font tous parti, mis à part le musée des Arts et Métiers et la Pinacothèque, de la RECA3 qui présuppose d’une attention particulière de leur part à la problématique de l’accessibilité. soient représentés. Par ailleurs, il ne présente pas une architecture remarquable. o Le musée des Confluences sera ouvert en 2014. Il constitue un exemple des futurs musées français Réunion des établissements culturels pour l’accessibilité (initié en 2003) 3 11 Dans le cas de ces derniers, le problème Les données recueillies ont alors été triées majeur que j’ai rencontré réside dans le et fait qu’il est difficile d’effectuer des visites reformuler en compagnie de personnes présentant dont l’importance explicative du contexte des troubles autistiques. Je n’en ai réalisé était majeure. Au préalable, j’ai organisé qu’une seule... Les musées communiquent les musées selon une classification qui a peu à ce sujet et les visites programmées permis de les situer temporellement vis-à- sont visiblement vis de la loi, en rapport à leur contexte, peu nombreuses. C’est pourquoi, j’ai privilégié l’observation directe hiérarchisées les dans principales le but idées, d’en celles etc. des lieux et ai basé mon travail sur une grille d’analyse de l’espace élaborée par mes soins. Elle s’appuie à la fois sur les prescriptions légales recommandations textes de et contenues recherche sur sur les dans les Je tiens à préciser que malgré une étude rapport aussi approfondie que possible des textes le du champ de recherche sur l’autisme ma qu’entretiennent les autistes à l’espace. En outre, j’ai réalisé des croquis au sein des espaces muséaux qui retranscrivent connaissance des troubles est loin d’être exhaustive. des aspects ayant particulièrement attirée Et d’ajouter, que ma problématique, au- mon fait delà de la réflexion nécessaire qu’elle a intimement liés à l’analyse qui s’en est impliqué pour l’élaboration du travail ici suivie et expliqués à travers celle-ci. présenté, m’a permis d’effectuer d’autres attention. Ils sont de ce Au sujet de l’offre, je l’ai analysé grâce aux informations fournies par les sites des réflexions, plus personnelles, dont je me trouve aujourd’hui enrichie. musées ainsi que celles recueillies sur place ou dans mes échanges avec les responsables de médiation des institutions. Pour ce qui est des futurs musées, l’étude repose sur existent et les représentations leurs présentations qui en écrites, fournies par les institutions elles-mêmes, les architectes des projets ainsi que les articles trouvés à leur sujet afin de diversifier mes sources. 12 13 14 L’ACCÈS AUX MUSÉES DES PERSONNES AUTISTES IMPLICATION SPATIALE 15 16 INTRODUCTION 17 Infirmité, mentale, un dans le déficience handicap champ physique peut être établi, Cependant, handicaps qui de par touchent les certaines tout personnes et parce que les lieux n’étaient pas aménagés en conséquence, elles ne porteur et le réduit « à une habitude et à pouvaient y accéder et s’en trouvaient une exclues. à part comme stationner.2 « attribut qui discrédite profondément » le personne social, ou entière, à un contaminé, un laissé pour compte. » En ces termes renommé Erving du Goffman, 20ème siècle, sociologue raconte le handicap . Et d’ajouter qu’il correspond à 1 la « situation de l’individu que quelque chose disqualifie et empêche d’être pleinement accepté par la société ». Bien loin d’être récente, cette définition semble malgré tout faire écho à une réalité tacite et toujours d’actualité : la manière dont nous percevons le handicap. Les législateurs prirent progressivement conscience de la nécessité d’affirmer le droit d’accès de chacun à l’espace public, duquel dépend en partie la citoyenneté des individus. Aussi, ils intervinrent pour rendre concrète la définition qui était déjà admise de ces lieux et promulguèrent la loi du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées3. Dès lors, les notions de handicap et d’accessibilité étaient inscrites dans la loi. Et bien qu’objectivement ce premier texte C’est au sein de l’espace public que la n’ait « société » qu’évoque E. Goffman prend d’impulser forme. La définition de cet espace est handicapés au sein du corps social. Elle venue initia également l’implication de nouvelles s’affirmer transformation conjointement en catégorie à sa eu que peu l’action telles d’impact, visant à que il permit inclure d’action, professions quand, dans les années 70, il devint un architectes, élément explicite des différentes politiques matérialiser les lieux publics ou de les urbaines en Europe. Ce concept désigne adapter. urbanistes, etc. celles les chargés des de ainsi les lieux physiques, quel que soit leur statut juridique (public ou privé), dans lesquels chacun peut à priori circuler ou GOFFMAN Erving, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Editions de 1 Minuit, 2010, 170 pages. PAQUOT Thierry, L'espace public, Paris, La Découverte, collection Repères, 2009, 125 pages. 3 Loi n°75-534 du 30 juin 1975 d’orientation en faveur des personnes handicapées, Article 49 : Les aménagements des espaces publics en milieu urbains doivent être tels que ces espaces soient accessibles aux personnes handicapées, abrogé par l’ordonnance n°20001249 du 21 décembre 2000, Article 4. 2 18 Ultérieurement, la signification prêtée au personnes aveugles, mais aussi, dans la terme handicap a évolué. Pour ce faire, il majorité a été redéfini, en France, dans la loi du malvoyantes ». 11 février 20054. D’après la définition qui recouvre, quant à lui, « l’ensemble des en article, troubles toute partielle est donnée « constitue limitation un par le 1er handicap d'activité restriction cas, Le pouvant ou les personnes handicap entraîner totale de moteur une la atteinte motricité, de notamment des membres supérieurs et ou participation à la vie en société subie inférieurs ». Il en va différemment des dans son environnement par une personne handicaps mentaux dont la définition reste en malheureusement raison ou […] des d'une altération substantielle, stérile. durable ou définitive d'une ou plusieurs définition fonctions physiques, sensorielles, mentales, d’autant que la terminologie psychiatrique cognitives (névrose, ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. » exhaustive « Aucune psychose…) n’est possible, est seulement maitrisée par les psychiatres. » 5 Une des sous catégories du handicap Le terme handicap s’en est trouvé amplifié mental se révèle encore compliquée par et intègre depuis un nombre accru de d’autres facteurs. En effet, si l’autisme est situations considérées comme défavorables méconnu aux individus qui en sont porteurs. également du corps médical. Un tiers des de la population, il est médecins français ne connaissent pas ce trouble qui constitue pourtant l’un des huit Néanmoins, cette définition générale ne peut effacer les distinctions essentielles qui existent entre les différents handicaps ne présentant ni les mêmes caractéristiques ni la même complexité. Par suite, le site Handicap.org définit que le handicap visuel « concerne Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, site internet : Legifrance.gouv.fr les 4 Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 handicaps que la CIH6 a réuni sous la terminologie des troubles envahissants du comportement (TED) dès 1980. L’autisme est trouble du ainsi défini comme développement un humain caractérisé par une interaction sociale et une communication anormales, associés à des comportements restreints et répétitifs. Par ailleurs, ce syndrome n’est pas rare. A travers le monde, le nombre de personnes touchées n’a cessé d’augmenter au cours 5 pages. Classification internationale des handicaps de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) 6 19 des soixante dernières années. La de sociabilité paraissent moins bien prévalence est passée d’une naissance sur déterminées. Il est vrai que ces handicaps deux mille à une sur cent cinquante et, recouvrent des désordres infiniment variés autistiques et qu’ils sont faiblement indentifiables au en France, les troubles 7 concernent environ 440 000 personnes ce regard des qui équivaut tout de même à la population distinguent d’une grande ville, Lyon par exemple. des autres, les physiques, personnes caractéristiques touchées visibles. qui par Toutefois, quand la seule solution envisagée à leur sujet Mais par la manière dont les concepteurs ont traduit spatialement les besoins qui résultent des différents handicaps, l’hétérogénéité des situations autant que leur complexité disparate se font sentir. au handicap visuel, sont solutionnés, entre par l’utilisation de sans incorporation distinction, une de pictogrammes dans la signalétique et de bandes dessinées pour les modes d’emplois, il semble que ce soit quelque peu modeste. En conséquence, la situation particulière Concrètement, les aménagements relatifs autre, est, bandes réfléchissantes sur les obstacles et une signalétique de grande taille. Le handicap des personnes autistiques présentant demeure reconnaissance handicap ignorée de n’implique des l’autisme nullement troubles et la comme qu’il soit aujourd’hui mieux compris. moteur est pris en compte grâce à des prescriptions techniques bien définies tel que la dénivellation des pentes et Reste que la promulgation de la loi du 11 l’aménagement de paliers de repos. Bien février que le chemin soit encore long avant que étape soit franchie. Le texte de loi a la soient institué deux conditions immuables pour aptes à les accueillir, la mise en place des permettre l’égalité des chances de toute aménagements semble réalisable. personne totalité des espaces publics Dans le cas de l’autisme et des handicaps mentaux en général, les adaptations prévues pour leur faciliter l’accès aux lieux 2005 MARMION Jean-François, Rencontre avec Jacques Hochmann. Autisme : deux siècles de polémiques, Sciences Humaines, version porteuse compensation des qu’une d’un nouvelle handicap : conséquences la du handicap et l’accessibilité de tout à tous. En outre, un objectif a été fixé pour 2015. Il exige l’intégralité 7 suppose de rendre des accessible bâtiments à recevant tous du public et, dans le cas des musées, l’offre culturelle qu’ils proposent. imprimable, juillet 2009, 29 pages. 20 L’accessibilité pour tous constitue donc du, à priori, intégrer la dimension nouvelle une obligation légale depuis 2005. conférée à l’accessibilité au petit nombre de musées conçus après 2005, l’intégralité des En parallèle, la situation des institutions muséales comporte de surcroît une particularité de taille au regard de la loi. Effectivement, elles se trouvent également concernées par la définition même qui a été donnée de leurs missions. La loi du 4 janvier 2002 a redéfini « le rôle et la position du musée face aux attentes de la société, en tant qu’acteur au service du musées se trouve désormais concernée et va devoir répondre à ce nouvel enjeu dans un futur proche. Ainsi, le parc immobilier dernières mesures personnes handicapées visé par d’inclusion représente les des un nombre conséquent d’édifices et c’est une large majorité des institutions qui doit aujourd’hui s’adapter aux nouvelles normes. développement et de la démocratisation culturels. »8 Cette spécification des missions allouées aux musées est venue rappeler les grands principes fondateurs qui en étaient à l’origine, renvoyant à leur vocation première de « bien public ». La problématique de l’accessibilité concerne donc les institutions muséales avec une intensité renforcée. Les questions auxquelles elles doivent répondre quant à l’intégration de tous au sein de leurs structures vont bien au-delà de celles sur l’environnement physique qui amalgament toutes les ERP9 de la boutique à l’hôtel. Par ailleurs, le nombre de musées a fortement augmenté en France depuis une trentaine d’années. Il en existe à présent environ dix mille. Et, si les concepteurs ont POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 9 Edifices recevant du public 8 21 La question de la considération Or, il s’agit d’un tout nouveau public, un portée à la population autiste est chose ensemble récente. En 2012, l’autisme est devenu identifié. Les débats houleux et durables Grande Cause nationale grâce à l’appel entre lancé par plus d’un millier d’associations longtemps tabou et le retard de la France du pour ont laissé la majorité de la population l’Autisme. Ce label, attribué par le premier ignorante sur qui ils sont et ce en quoi ministre, permet d’accroître sensiblement la consistent leurs syndromes. De ce fait, il visibilité de la cause bénéficiaire avec le est permis de supposer que les solutions lancement, entre autre, de campagnes de concrètes à mettre en place seraient mal sensibilisation. Il encourage également la définies en ce qui les concerne. rassemblement Ensemble multiplication des actions de la part des politiques. de personnes professionnels, encore le sujet mal resté Et par conséquent, les lieux d’exposition demeureraient en grande partie inadaptés C’est pourquoi, il semble que le label à Grande volonté constituent pas un ensemble homogène. Il manifeste de la part des pouvoirs publics faut effectivement prendre en compte la de disparité de situations dans lesquelles se Cause prendre marque à bras « une le corps » 10 des leurs besoins. Mais ces lieux ne problèmes passés depuis trop longtemps trouvent les musées. sous silence. Par ailleurs, l’Etat a lancé en l’adaptation du cadre bâti aux spécificités 2013 son troisième Plan Autisme qui court des troubles autistiques semble représenter jusqu’en 2017. un Aujourd’hui, ce n’est plus seulement une réforme de la prise en charge et de l’accompagnement pouvoirs publics l’inclusion des médical que les engagent pour réaliser autistes au sein de la société. L’investissement de l’état concerne enjeu musées Il n’empêche que fondamental pour véritablement rendre les accessibles. Il constituerait un aspect prépondérant et davantage nécessaire à celui d’une offre culturelle et d’un accompagnement adaptés qui n’en restent pas moins un réel enjeu. tous les aspects de la vie sociale et En outre, si les objectifs fixés par les citoyenne et les musées composent alors législateurs se matérialisent dans la mise une catégorie d’action à part entière dans en l’élaboration rendus dès à présent obligatoires, leur de la citoyenneté des personnes autistes. Communiqué de presse Lancement Grande Cause, Paris, Ensemble pour l’autisme, 20 10 décembre 2012, 1 page. œuvre réalisation prise de d’aménagements demanderait conscience avant des physiques tout une professionnels concernés quant à ce qu’ils impliquent concrètement. 22 Ainsi, le rôle de l’architecte se révèlerait société déterminant en tant que concepteur mais réalisation de leur citoyenneté, au même également de prescripteur. Le rôle des titre institutions compromise. semble puisqu’elles pareillement sont décisif les que personnes tout un autistes, chacun, la semble simultanément responsables de la programmation et de la définition de leur politique interne. La situation actuelle révèlerait pourtant une absence généralisée de compétences Dans ces conditions, dans quelle mesure autant qu’un manque de connaissances de la ces acteurs au sujet de l’accessibilité. d’améliorer loi du 11 février l’accessibilité 2005 des permet-elle personnes autistes aux institutions muséales ? L’évolution sociétale peut être intimement liée à la loi quand de nouvelles normes, préalablement imposées par la législation, sont peu à peu intégrées par la société. C’est pourquoi, la démarche du présent travail consiste à étudier l’impact que peut avoir la loi sur les institutions muséales et son application également de effective. définir, au Il importe regard des connaissances du champ de recherche sur l’autisme, si sa mise en pratique pourra véritablement présentant permettre des aux troubles personnes autistiques d’accéder aux lieux muséaux. Au-delà de palpables de l’observation l’obligation des effets légale que constitue l’accessibilité pour tous, un enjeu implicite se dégage. Il questionne la prise de conscience qu’elle permet sur ce que signifie ce concept. Car, sans une assimilation par les acteurs concernés du devoir moral d’inclure au sein de la 23 En premier lieu, il sera essentiel de comprendre, un temps soit peu, ce qu’est l’autisme et troubles diversifiés. prises en les particularités Les charges de ces méthodes ont de profondément évolué et prennent aujourd’hui mieux en compte leurs besoins. Elles semblent alors permettre une meilleure connaissance sur le rapport qu’entretiennent les autistes avec l’espace. Nous verrons ainsi que les centres créés en vue de les accueillir constituent un type architectural à part et fonctionnelle, sont contraintes par plusieurs facteurs internes ou extérieurs. Cela aboutira à une analyse des lieux et, dans une moindre mesure, de l’offre que proposent les musées. Cette analyse implique une étude des relations entre les différents acteurs concernés par la mise en accessibilité des institutions muséales. Elle se fera en distinguant les musées existants des édifices en construction afin de constater si une évolution se dégage. entière, adapté à leurs déficiences. Ces éléments factuels permettront d’envisager ce qu’implique la mise en place d’une accessibilité dans les institutions muséales conçue spécifiquement pour eux. Dans un second temps, il sera nécessaire d’expliciter de quoi dépend cette accessibilité. Il y a, d’une part, la place élémentaire qu’occupe le texte de loi puisque c’est par lui que les législateurs ont initiés l’idée de l’accessibilité pour tous. Il est de ce fait primordial d’en étudier le contenu pour préciser ce que la loi impose concrètement. Il s’agira également d’examiner dans quelle logique, c’est-à-dire dans quel contexte, s’inscrit. D’autre part, dépend de capacité la son elle application propre aux institutions muséales d’y répondre. Elle se trouve conditionnée par plusieurs paramètres car ces dernières, pourvues d’une certaine organisation administrative 24 PARTIE 1 TROUBLES AUTISTIQUES : UN RAPPORT À L’ESPACE DIFFÉRENT QUI CONDITIONNE L’ACCESSIBILITÉ Ce que veut dire et ce qu’implique une accessibilité spatiale pour les autistes 25 L’AUTISME l’intégration progressive des codes sociaux relationnels. Le journaliste spécialisé Daniel Goleman va jusqu’à parler de l’existence d’une | LES TROUBLES AUTISTIQUES « intelligence émotionnelle » présente à priori chez tout un chacun. 12 L’ORIGINE DU SYNDROME ET L’ÉTENDUE DES TROUBLES Mais quand une absence d’échanges émotionnels subtils survient, il en résulte Le mot « autisme » vient du terme rapidement un défaut d’émotions chez la grec, autos, qui veut-dire « soi-même ». personne qui en souffre. Conséquemment, Monica Zilbovicius, experte en psychiatrie cela l’empêche d’établir des liens et de et communiquer neurobiologie, dans une conférence avec autrui. L’origine des donnée en 2008, résume l’autisme comme troubles étant et absence d’expériences émotionnelles qui se 11 précoce du développement de l’enfant » . juxtapose à la difficulté de mettre en Une de place une conscience de soi. Déclenchée du par une lésion du système nerveux central un « trouble définition mettre en global, concise qui avant dysfonctionnement sévère permet l’étendue qui différencie encore autistiques mal découle comprise, la de cette cause de foncièrement un enfant autiste d’un enfant l’autisme est donc physiologique et non normal. psychique. Dans un développement normal de l’esprit, l’intelligence se développe simultanément du sens moral et de la conscience de soi. Dès sa naissance, le nourrisson va faire l’expérience d’échanges émotionnels subtils, avec sa mère en premier lieu, et ces émotions seront fondamentales à son épanouissement intellectuel et global. En effet, les émotions organisent les fonctions les plus importantes de l’esprit. Elles « sont à l’origine de toute pensée créatrice » bien au-delà des réactions psychiques et des états subjectifs perçus ou ZILBOVICIUS Monica, Raisons de l’autisme, Paris, Colloque de rentrée du Collège de France, 2008. Source : autisme.info31.free.fr 11 de Par suite, dans l’ouvrage Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Stéphane Courteix donne une définition de personnes la manière autistes communément dont les perçoivent l’environnement qui les entoure. « De façon générale, les troubles envahissants du développement caractérisent par une constituer une relation répondre aux stimuli se incapacité affective provenant et à à de GREENSPAN Stanley, LIEFF Beryl, L’esprit qui apprend. Affectivité et intelligence, Paris, Edition 12 Odile Jacob, 1998, extrait 63 pages. 26 l’environnement. Ainsi, certaines situations hiérarchiser environnementales sensoriels explicative du contexte, les changements peuvent déclencher [chez les personnes ou la disparition d’éléments peuvent être autistes] source des et stimuli réponses au stress quant d’une à leur grande pertinence anxiété. Cela inattendues ou anormalement élevées, tant provoque chez ces personnes un besoin sur de stabilité de l’espace. un plan biologique, que comportemental, avec une difficulté voire une impossibilité à mettre en place des stratégies ou des mécanismes de régulation adaptés pour faire face à des situations perçues comme stressantes. » De manière générale, vient encore s’ajouter une forme d’incompréhension de la temporalité. « A la problématique touchant le référentiel spatial, se greffe donc une incapacité ou une grande difficulté pour la personne personnes d’accéder à la possibilité d’intégrer une autistes ont du mal à canaliser les divers temporalité, faite d’un avant, un pendant espaces et un après. »13 sensoriels, les Et visuel, olfactif, acoustique, tactile, etc., que l’on relie à priori spontanément. N’utilisant majoritairement qu’un seul canal sensoriel à la fois, sensoriels la est réception alors vécue des de stimuli manière chaotique. De ce fait, les forcer à focaliser leur attention sur une chose en particulier peut occasionner une grande confusion, source d’angoisse. En quelques mots, trop d’objets, de mouvements, de bruits, provoquent un stress important et une totale impossibilité de se concentrer. des problèmes conduisent à des comportements ritualisés et stéréotypés… de des obsessions. Pour Temple Grandin, autiste ayant écrit un livre sur son parcours, cette fixation de l’intérêt sur des éléments singuliers allant jusqu’à l’obsession leur l’excitation d’un hyperactif » . troubles autistiques d’une anomalie de la avec et leur besoin d’immuabilité de l’espace les 14 C’est pourquoi il est question dans les perception Cette vision spatio-temporelle particulière permet Se permet de « diminuer système fixer sur nerveux une chose à la personne de bloquer les autres stimuli qu’elle n’arriverait sinon pas à gérer. modulation sensorielle. Se juxtapose à cela une hyper sélectivité de l’environnement, une « pensée en détails », où l’attention se fixe éléments. exclusivement Ayant une sur certains perception d’un ensemble de détails sans possibilité de les COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Lyon, 13 LAF-ENSAL, 2009, 35 pages. 14 GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris, Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages. 27 Par ailleurs, il est souvent relevé une regard se promène en périphérie. Ils ne diminution de l’activité et de l’intérêt chez regardent pas les yeux des autres. La ces personnes. « Pourquoi faire quelque perception du regard, du visage, de la chose plutôt que rien. »15 Voilà plutôt la main manière de fonctionner des autistes, de mouvements humains à priori reconnus par haut niveau principalement, à l’inverse de tous, rattachée à une perception innée la tendance actuelle de notre société. Un des mouvements biologiques. Cela a une répertoire une véritable importance dans les échanges préoccupation persistante pour des parties sociaux : l’autiste ne comprend pas les d’objets ou un attachement à des objets mouvements inhabituels comme le ventilateur et son également n’est que très peu reconnue, tournoiement, des mouvements corporels elle répétitifs, restreint un d’activités, besoin ne du corps de sont ses provoque pairs. pas de voix connexions spécifiques sont des personne atteinte de troubles autistiques. phénomènes observés chez la plupart des De ce fait, les parents constatent souvent autistes. que, routines, quand ils le La des très des dans pourtant suivre précisément de et cerveau appellent leur de la enfant autiste, celui-ci ne répond pas mais si on fait un bruit, il réagit.16 Au-delà de la perception de l’environnement, c’est également dans l’appréhension des autres qu’une compréhension des situations fait défaut. Les personnes autistes ont en effet une vision périphérique très développée. C’està-dire qu’elles ne focalisent pas leur attention sur ce qu’il y a en face d’elles mais plutôt sur ce qui se passe de chaque côté, au-dessus, en-dessous. Ainsi, alors que dans les scènes sociales habituelles les personnes dites normales situent leur regard au niveau du regard des autres, chez les personnes autistes le Compte rendu thématisé de l’entretien au Centre du docteur Arnaud avec le docteur Bertaud et un accompagnateur, avril 2013 15 Pour Monica Zilbovicius cela expliquerait 90% des syndromes autistiques.17 Ce manque de réciprocité socio-émotionnelle engendre une capacité limitée à développer des contacts avec l’Autre. Les autistes se trouvent alors repliés dans cet espace décrit comme « clos retourné sur lui-même »18, leur comportement social s’en trouve limité. Leurs communications, réceptive, sont également expressive et altérées. Les autistes ont un retard notable, voire une ZILBOVICIUS Monica, Raisons de l’autisme, Paris, Colloque de rentrée du Collège de France, 2008. Source : autisme.info31.free.fr 17 Idem. 18 Idem. 16 28 absence, de langage sans compensation. CONSÉQUENCE : UNE GRANDE HÉTÉROGÉNÉITÉ Bien souvent, il est possible de noter des DE SITUATIONS anomalies l’accent, dans le le débit ton et de le leur voix, rythme. C’est pourquoi ces personnes présentent une grande difficulté à adapter leur discours en fonction des réactions de l’autre. Bien souvent ils se focalisent, comme pour leurs actions, sur un sujet particulier et présente un intérêt très limité dans la conversation. S’ajoute à ça un accès difficile à l’implicite, aux concepts abstraits, à l’imaginaire. En un mot, une compréhension des expressions au sens littéral. Des déficiences reconnues chez les communes personnes sont autistes, l’altération de la communication verbale et non verbale, interactions restreint, l’altération également sociales, un répétitif voir comportements Cependant, des existe de caractère stéréotypé et il multitude des en des activités... réalité symptômes qui une ne se manifestent ni de la même manière et ni avec la même intensité chez tous. C’est pourquoi les autismes ont été classifiés selon la gravité des troubles, grâce Néanmoins, bien que les manques dont ils souffrent soient nombreux, certaines compétences sont aussi particulièrement développées chez eux. C’est le cas notamment de la pensée visuelle. Temple Grandin évoque ouvrage « ma d’ailleurs pensée est dans son entièrement visuelle » et que pour se représenter des concepts abstraits ou bien des relations entre individus, elle se sert de « symboles visuels ».19 tendance grande dans Il au faut aussi noter une des règles, une respect méticulosité certaines et la activités persévérance ainsi qu’une pensée logique. à la spectre de manière il notion de l’autisme », clairement est les « troubles TSA. possible déficiences De du cette d’identifier de chaque personne. En ce qui concerne l’altération de la communication, certains ne vont même pas qu’on réellement comprendre ce essaie de leur dire quand d’autres vont répéter de manière stéréotypée les phrases entendues. Si dans le domaine des interactions sociales, certains peuvent ignorer totalement l’existence des autres, d’autres vont tenir compte de leur présence et cela peut aller, pour d’autres encore aux symptômes plus légers, jusqu’à un désir réel d’être avec les autres sans savoir GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris, Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages. 19 difficulté comment. vient Dans du ce fait cas-là, la qu’ils ne 29 comprennent pas les relations sociales, les physiques et, par conséquent, que cela règles de vie, la manière dont se mettent impliquerait une démarche singulière dans en place les échanges. Il en va de même la pour ce qui est du caractère restreint, comme l’oblige désormais la loi. mise en accessibilité de tout lieu, répétitif et stéréotypés des comportements. La plupart vont faire preuve d’un intérêt persistant pour insistance un objet. Mais si une inflexible pour réaliser des activités routinières va se manifester chez certains, d’autres vont être capable de s’adapter aux l’apprentissage circonstances d’un large grâce à répertoire de | LA PRISE EN CHARGE L’ÉVOLUTION COMPLEXE ET LES PERSONNES IMPLIQUÉES situations. Néanmoins, il restera toujours Par ailleurs, l’évolution des des difficultés face à l’inconnu et à la connaissances scientifiques sur les troubles nouveauté. qui influença les méthodes d’intervention, a permis de transformer profondément la prise en charge des personnes, enfants ou Il existe donc des sous catégories très contrastées que ce soit au niveau clinique avec une troubles sévérité ou conséquences activités très pour ce dans qui la quotidiennes, véritablement variable des est des limitation des la handicapante dimension de leurs déficiences. moins identifiable que celui constitué par d’autres handicaps en raison de l’absence d’un signe physique partagé et distinctif. difficulté comprendre de ce définir en et quoi de faire ils sont handicapés est réelle. Dans tous les cas, parce qu’il s’agit de troubles globaux, il faut garder à l’esprit que ce handicap diffère Elles se concentrent aujourd’hui davantage sur leur bien-être. Il faut rappeler que l’autisme était encore inconnu de la médecine au début du 20ème siècle. Les premières interrogations sur ce trouble survinrent lorsque fut observée une distinction entre les enfants nés idiots et En outre, cet ensemble de personnes est La adultes, atteints de troubles autistiques. intrinsèquement des handicaps ceux qui normaux le en devenaient. apparence Des qui enfants pourtant devenaient fous. Pendant une cinquantaine d’années, la démence précoce chez les enfants resta inexpliquée. Ce n’est qu’en 1943 que Léo Kanner mit un nom sur le trouble autistique, le qualifiant alors de « trouble inné du contact affectif ». Par suite, pour les psychanalystes, adeptes des théories freudiennes, la maladie était 30 causée par un problème relationnel entre place d’un dépistage de plus en plus tôt la mère et l’enfant. Liée à l’unique faute notamment d’une « mère froide », la culpabilisation considérablement leur espérance de vie des mères étaient la norme. Toutefois dès pour atteindre, de nos jours, le seuil des les années 1950, quand les connaissances trente cinq ans. scientifiques sur s’accrurent, les le développementales cerveau humain hypothèses neuro- furent privilégiées détriment de celles psychanalytiques. découverte miroirs, significative permettant des à au La 20 neurones l’homme de se mettre à la place d’autrui, entraina un tournant décisif dans la compréhension des troubles autistiques. Les personnes atteintes ne pas principes d’une réagissent « théorie selon de les l’esprit » normale. Par d’allonger Mais, depuis la découverte des troubles autistiques, des débats houleux quant à leur origine et les méthodes de prise en charge ont perduré entre partisans de la psychanalyste et partisans des méthodes médico-sociales. Et la France, perpétuant les prises en charge de type psychanalytiques a pris du retard dans ce domaine, vis-à-vis des pays anglo-saxons ou d’autres pays européens. voie de conséquence, l’intervention auprès des personnes autistes connut de grandes avancées dans les années 70. Les méthodes de thérapie se développèrent de manière importante programmes au moyen d’accompagnement de plus précoces et prolongés tout au long du cycle permit de vie. Elles suivirent une amélioration continue jusqu’à aujourd’hui qui impliqua une prise en compte accrue du confort de ces personnes21. La mise en Effectivement, ce n’est qu’en 2005 que le gouvernement lança un premier projet dédié à l’autisme, le Plan Autisme 20052007 qui n’eut pas de véritables retombées sur leur situation. Cependant, la loi du 11 février 2005 fut promulguée simultanément. Le texte de définition du handicap et code de l’action sociale et des familles, eut pour intérêt majeur d’introduire une mise à plat de tous les handicaps. Cette loi a fait sensiblement bouger les choses et l’effort a été depuis VINCENT Catherine, Autisme : le désarroi d’un pédopsychiatre, Lille, LeMonde.fr, 2 avril 2012. 21 IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse universitaire Septentrion, 1992, extrait : 60 pages. 20 démultiplié. Le second Plan Autisme 2008-2010 a entre autre ébaucher la création de 4 100 places spécifiques. Mais les places restent encore aujourd’hui en projet et les 31 résultats globaux du plan sont très relatifs. Concrètement, quelque soit la gravité des Le bilan de ce plan a pointé « un retard troubles, l’amélioration de la qualité de vie important dans l’approche » des troubles de toute personne autiste nécessite un et « dans la mise en place de méthodes accompagnement d’accompagnement et éducatives adaptées. Parce que les déficiences imprègnent tous » Un diagnostic devrait pouvoir être établi les avant trente mois mais ne l’est rarement accompagnement requiert l’intervention de que vers six ans parce qu’un tiers des professionnels médecins ne sait tout simplement pas ce médecins, qu’est l’autisme. Les structures « manquent spécialisés, à la fois de financement et de ressources psychomotriciens, pour faire face aux besoins réels d'un communément accompagnement le catégories, et professionnels du champ médico-social.23 Conseil de qualité », économique, dixit social environnemental, etc.22 aspects L’étroite global de et particulier. leur de vie, divers cet horizons, psychologues, éducateurs orthophonistes, etc., regroupés professionnels intrication des qui sont sous deux de santé interventions et et leur coordination nécessitent d’autre part une communication approfondie entre les Si en 2013, la France accuse toujours un lourd retard, l’état a lancé son 3ème Plan Autisme qui court jusqu’en 2017 et l’autisme a également été promu Grande Cause nationale en 2012. Depuis la loi du 11 février 2005, conjointement à l’engagement de nombreuses associations et parents qui se battent pour les droits de leur proches autistes autant que pour la reconnaissance de leur humanité, tout simplement, les actions pour leur inclusion au sein d’améliorer de la leurs société et conditions la volonté de vie professionnels amenés à intervenir auprès de l’enfant. Par ailleurs, ces diverses aides de vie, présents avant tout pour accompagner et compenser les défaillances des personnes autistes, jouent un rôle fondamental. Cette dernière peut avoir tendance à « faire les choses pour les exprimer »24. C’est alors à l‘intervenant de mettre en place des méthodes de communication et de les partager avec la famille. Etat des connaissances. Autisme et autres troubles envahissants du développement : État des connaissances hors mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et recherche fondamentale, HAS, source : internet, semblent s’être intensifiées. 23 LETARD Valérie, Evaluation de l’impact du Plan Autisme 2008-2010, Paris, version janvier 2010, 222 pages. 24 CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir, documentaire 2012. 22 imprimable, 2011, 94 pages. 32 Effectivement, essentiel leur dans rôle est tout aussi l’accompagnement peuvent être prescrits intention, en personnes autistes. Elles ont longtemps été d’anxiété par vues comme des spectateurs impuissants, néanmoins de manière exceptionnelle et subissant la déficience. Aujourd’hui, elles temporaire26. de premier ordre. La mère est « thérapeute, enseignante, chauffeur »25. Ainsi, les familles participent à la mise en place des programmes de stimulation et à l’élaboration d’un mode de communication spécifique. Le de seconde des sont reconnues en tant que collaborateurs cas en dépression exemple, principal enjeu ils étant le ou sont d’établir une communication, adjointe à une éducation spécialisée, la recherche d’un mode pour interagir avec l’enfant, commun à tous les professionnels ainsi qu’à la famille, a provoqué un développement important des méthodes d’apprentissage de la communication verbales et non verbales. LES DIFFÉRENTES MÉTHODES, SOCLE NÉCESSAIRE les faits, il existe des modalités d’actions variées découlant de conceptions très diverses sur la stratégie et les pratiques à adopter. Cependant, que les approches éducatives et thérapeutiques soient privilégiées à celles exclusivement psychanalytiques médicales, dernières prétendre ces restaurer un ne ou peuvent fonctionnement normal ou améliorer le fonctionnement et la participation de la totalité des personnes autistes. De plus, qu’aucun guérit entre autre, il est important traitement l’autisme. collaboration entre professionnels et le programme Si de rappeler médicamenteux des ne psychotropes les se parents base et sur les une évaluation des personnes autistes pour en adapter la prise en charge. Avec l’idée d’une origine organique de l’autisme, c’est une vision globale de l’approche qui y est privilégiée toute au long de la vie. Le programme ABA est quant à lui fondé sur les théories comportementalistes. C’est une analyse appliquée du comportement avec un système de stimulations et de récompenses. IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse universitaire Septentrion, 1992. 25 existe, TEACCH qui insiste sur l’importance de la Dans bien Il récompensé L’effort et, comportements par adaptés positif le est plaisir, se les trouvent Recommandation de bonne pratique. Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012, 26 60 pages. 33 renforcés. Parce que ces enfants sont Au demeurant, dans le incapables de se développer par l’imitation, Autisme, le manque est pallié grâce à la répétition. accompagnateur médical évoque, au sujet Néanmoins, les professionnels peuvent également avoir recours à des méthodes plus particulièrement ciblées sur les défauts de langage et de communication. Les pictogrammes visuels sont et alors autres symboles largement utilisés, solutions documentaire d’espoir28, un de la prise en charge, le besoin de faire preuve d’une méthodologie inébranlable et d’abnégation auprès de ces personnes qui ont rarement déficiences conscience et des de leurs comportements inadaptés qu’elles engendrent. comme dans les systèmes BLIS-GRACH, MAKATON, etc. L’IMPORTANCE DES SORTIES CUTLURELLES Quelque soit la méthode privilégiée, le but est de faire acquérir des « compétences dissociées » : les thérapies enseignent des processus cognitifs.27 Et, elles s’appuient également entre sur les le partage et différentes l’échange personnes intervenants auprès de la personne car il est nécessaire que celle-ci soit, dans le même temps, mieux comprise pour progresser. Par ailleurs, l’accès à l’extérieur, à des lieux intégrante publics, de peut l’intervention faire auprès partie des autistes. Une offre culturelle variée présente des intérêts largement reconnus et observés par les soignants et autres intervenants. Il a été prouvé que les observations cliniques structurées, même annuelles, sont insuffisantes pour ajuster les objectifs visés par les interventions et suivre l’efficacité Ainsi, chaque personne autiste a besoin de ces dernières. De ce fait, elles doivent d'un traitement adapté à ses compétences être et à ses apprendre à informelle continue » du fonctionnement et mieux interagir et communiquer avec son de la participation de l’enfant dans ses entourage différents lieux de vie et au cours de difficultés pour et pour pouvoir espérer s’intégrer à la société. complétées par « l’observation sorties proposées par les professionnels. 29 CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir, documentaire 2012. 28 Etat des connaissances. Autisme et autres troubles envahissants du développement : État des connaissances hors mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et 29 GREENSPAN Stanley, LIEFF Beryl, L’esprit qui apprend. Affectivité et intelligence, Paris, Edition Odile Jacob, 1998, extrait 63 pages. 27 34 C’est pourquoi, une visite de musée peut En outre, c’est bien la démarche dans sa participer au programme établi pour un globalité enfant ou à l’observation précise de ces organisées, il y a un effet de groupe qui troubles. La visite permet d’identifier en favorise la création du lien social. L’idée peu de temps les problèmes rencontrés de « faire comme tout le monde » et par d’être une personne pour s’orienter, se concentrer et d’évaluer sa manière globale de se comporter dans un espace. Ainsi, dans Grandin visite son se au musée un des au milieu Temple social qui en autres visites est alors ressort, les sorties, d’une changeant les habitudes, peuvent avoir des Beaux-arts alors retombées positives sur le quotidien. Elles fascinée, concentration, visuellement, et j’ai susceptibles reconnaissance cette merveilleuse excursion » . autistes, Comme 30 créer du lien d’améliorer l’observation raconté à ma famille tous les détails de précédemment, de souvenir sont évoquer des Lors éprouvée par les personnes autistes. qu’elle était en classe de CM1, « j’étais stimulée importe. Au-delà du lien créé et de l’apprentissage autobiographie, rappelle qui visuelle participant développement. « et des la personnes ainsi Nous la à leur savons tous, représente les trois quarts du travail de parents, professionnels, amis et personnes thérapie. De ce point de vue, les visites de handicapées, que l’accès à la pratique musées peuvent constituer des « supports culturelle de relation » d’expression, car elles permettent de 31 est mobilisation sont, compétences » nul doute, des moments privilégiés, les visites d’expositions peuvent être également un outil de communication par l’intérêt potentiel provoqué chez l’autiste. support fantastique d’épanouissement, parler de choses différentes. Alors, si elles sans un et de de développement des évoque Alain Faure sur l’importance des sorties.32 Il y a possiblement un arrière plan idéologique dans la volonté exprimée par A. Faure de concrétiser un accès généralisé à la culture. Améliorer la qualité de vie réaffirmer recherche fondamentale, HAS, source : internet, janvier 2010, 222 pages. 30 GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris, Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages. 31 Compte rendu thématisé de l’entretien au Centre du docteur Arnaud avec le docteur Bertaud et un accompagnateur, avril 2013. des le personnes principe autistes d’égalité ou présent dans la devise française, quoi qu’il en soit, ces ambitions parallèles viennent appuyer Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 32 pages. 35 LES LIEUX DE VIES l’importance d’étendre l’accessibilité à tous dans les institutions muséales. Par ailleurs, bien que les autistes ne soient pas adaptés à la société actuelle, il | PRÉSENTATION est possible de les comprendre et ils sont PROGRESSIVE capables d’apprendre . Alors, établir, au DE L’ADAPTATION 33 sein des espaces muséaux, la coprésence des personnes dites « normales » et de celles présentant des troubles autistiques pourrait favoriser l’acceptation de leur différence par les premières et permettre aux secondes d’améliorer leur capacité à être en présence de l’Autre. Quant aux lieux destinés spécifiquement aux personnes autistes et à leur prise en charge, il s’agissait au départ exclusivement closes et d’institutions peu spécialisées, nombreuses. Un grand nombre d’autistes n’étaient alors pas pris en charge. Cette tendance à enfermer les personnes différentes fut progressivement abandonnée grâce, entre autre, méthodes de soin deuxième moitié à l’évolution entamée du 20 ème des dans la siècle. Ce phénomène fut particulièrement massif en Amérique. 34 milieu En des France, années ce n’est qu’au 2000 que l’Etat s’engagea dans cette voie, autorisant enfin l’établissement spécialisées de et structures prenant part éducatives à leur financement. Dans le but d’éviter le caractère artificiel d’un lieu isolé et la ségrégation des individus qui en découle, une intervention en milieu un temps soit peu urbanisé se trouve de nos jours privilégiée. Ce n’est IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse universitaire Septentrion, 1992. 34 CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir, documentaire 2012. 33 36 pas sans rapport avec la remise en question de l’institution psychiatrique. volontiers l’intervention en remplacée famille, un par milieu dit « ouvert ». En réalité, cette tendance se rencontre principalement compenser ses déficiences, entrainement au « vivre avec »37. Une habilité sociale est favorisée et permet des retombées positives sur l’apprentissage général de la personne autiste. fait des L’objectif immédiat émanant de la création insuffisantes qui de logements adaptés au mode de penser existent pour les familles et qui impliquent, et d’être des autistes et complémenté par par ailleurs, des démarches administratives un suivi adéquat, tend à une amélioration longues et complexes . de leur qualité de vie autant qu’à celle de alternatives largement du de relatives aux interactions sociales, par un Ainsi, l’intervention en milieu institutionnel s’avère permet 35 Cependant, quelques possibilités pour le logement des autistes et autres personnes avec TED existent. Du logement en milieu ordinaire avec un accompagnement spécialisé aux foyers de vie, l’accent est leur famille et de leurs proches. A long terme, l’objectif vise à les rendre progressivement plus autonomes pour leur vie future au sein de la société, capables autant que possible à s’y intégrer. mis sur la notion de « chez soi » et sur les droits et besoins de ces personnes qui relèvent désormais du droit commun. Ont été créés alternatifs possible, quelques comparables, à des communauté ordinaires. d’intervention est puisque l’enfant ou loin de vie autant lieux dit lieux de que vies Ce Finalement, la faculté au « vivre avec », en type « activateur » l’adolescent est sollicité plus fortement, inclus dans un milieu apparenté au milieu normal.36 Cela AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des 35 personnes avec TED, du chez soi au vivre ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous la DGCS, 2011, 168 pages. 36 IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse d’être innée chez les personnes présentant des troubles autistiques, peut donc être apprise dans une certaine mesure. Par surcroît, en prenant en compte les souffrances psychiques que peuvent faire naître un environnement inadapté et en y remédiant, il est effectivement possible d’espérer une diminution des troubles du comportement. En somme, compenser les universitaire Septentrion, 1992, extrait : 60 pages. 37 CONSTANT Jacques, La maison pour personnes autistes du département d’Eure et Loire, version téléchargeable, ANCRA, 2009, 36 pages. 37 déficiences des modes de percevoir par la obtenir un apaisement intérieur »39 Un des prévisibilité de l’environnement. enjeux étant de développer les comportements d’autonomie, la mise en place de repères fixes et quotidiens joue de ce fait un rôle prépondérant. Ils constituent un réel soutien à l’acquisition | DES BESOINS SPÉCIFIQUES EN TERMES de tous les autres apprentissages et des D’ESPACE comportements adaptés. Des compétences cibles ont été Quant à l’enjeu du bien-être à proprement établies pour répondre aux troubles de la parler modulation sensorielle, considérables chez types de stimulations lumineuses, certains les bruits, personnes autistes. recommandé Aussi, en il est psychologie des personnes etc., sensorielle » 40 autistes, créent une certains « jungle qui leur est insupportable. environnementale d’adapter l’environnement Ces sources de stress, le chaos alors à la fois physique et social de l’enfant ressenti, notamment adopter des comportements destructeurs pour que celui-ci soit contenant et sécurisant. Concrètement, la jusqu’à personne autiste « souffre de n’être qu’un corps, mais de ne pas l’habiter. Les espaces doivent l’amener à « habiter la maison de son corps », lui permettre de se rassembler. […] Les espaces doivent donc être conçus pour rendre l’environnement prévisible afin de [lui] éviter de vivre dans de trop fortes angoisses en lui donnant des repères qu’il n’a pas intériorisés. »38 temps est essentielle à leur rassérènement. l’environnement extérieur pour COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Lyon, 38 LAF-ENSAL, 2009, 35 pages. les l’automutilation, personnes comme à en témoigne T. Grandin dans son ouvrage.41 Associés à une souffrance manifeste de la personne, de tels comportements mettent à mal l’équipe soignante et la famille qui n’ont pas forcément de prise sur ces éléments et ne peuvent pas faire grandchose. Dans les faits, certaines institutions se retrouvent maltraitantes par manque d’attention à cette problématique ou de CONSTANT Jacques, La maison pour personnes autistes du département d’Eure et Loire, version téléchargeable, ANCRA, 2009, 36 39 Dès lors, la structuration de l’espace et du « Penser conduisent pages. 40 AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des personnes avec TED, du chez soi au vivre ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous la DGCS, 2011, 168 pages. 41 GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris, Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages. 38 latitude dans l’aménagement de leurs espaces. des aménagements permettant d’adapter l’environnement. Il Pour ces raisons, la nécessité de résoudre les problèmes troubles sensoriels autistiques est émanant des essentielle au confort de ces personnes. De plus, une adaptation des lieux a posteriori ne peut être toujours satisfaisante. C’est pourquoi, l’élaboration d’un environnement adapté ne dépend pas uniquement imputable aux d’une réflexion institutions et à est apparu que les composantes fondamentales autant qu’indispensables au confort des personnes autistes sont à introduire en amont de la conception d’un projet. Pour ce faire, un cahier des charges, à l’attention des architectes qui se lanceraient dans un projet de structures d’accueil, existe ainsi que des documents faisant autorité. 42 leurs Les recommandations se dégagent entre équipes éducatives et médicosociales, elle autre des travaux de Stéphan Courteix, implique également les concepteurs. architecte, docteur en psychologie clinique et expert en architecture médicosociale. Elles permettent d’entrevoir le rapport étroit entre le physique et le psychique et introduisent un concept d’accessibilité des | LA RETRANSCRIPTION SPATIALE ACTUELLE DE CES BESOINS espaces appliquée à l’autisme. C’est pourquoi, il s’agit moins d’une capacité Dès les années 70, des professeurs de l’Université de la Caroline du Nord avaient intégré des principes spatiaux dans l’élaboration d’une méthode d’intervention, d’accès physique que « d’une autre forme d’accessibilité, une accessibilité cognitive au cadre de vie des personnes avec contenance des TED. » 43 la méthode TEACCH. De nos jours, des En réponses concrètes, spatialement viables, espaces semble primordiale. D’une part ce ont émergé recherches concepteurs au sein effectués en des par collaboration travaux des équipes soignantes. D’où l’importance de la recherche dans le domaine lieu, la de certains avec premier de l’architecture sur ce sujet et l’intégration dans les projets d’instituts médicosociaux La conception architecturale. Référentiel départemental de bonnes pratiques pour l’accueil des personnes adultes atteintes d’autisme, CREI Rhône-Alpes, 2005, 40 pages. 42 AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des 43 personnes avec TED, du chez soi au vivre ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous la DGCS, 2011, 168 pages. 39 principe permet de mieux gérer les stimuli Subséquemment, sensoriels, d’autre part de mieux contrôler théories ont donné lieu à des recherches les interactions entre individus. Il avait par appliquées ailleurs été mis en avant par les créateurs d’affirmer que pour concevoir un lieu de de vie dans le respect des singularités liées à la méthode TEACCH. En effet, structurer l’environnement peut aider la l’autisme, personne sécurisants autiste à se focaliser sur qui les différentes permettent espaces mais thèses sans et aujourd’hui doivent excès, être permettre certaines caractéristiques de ce dernier qui une implication lui ménager des possibilités de retrait autant permettent d’adopter des comportements exploratoires. que de lien social et établir une dimension Plus récemment, Kévin Charras, docteur en psychologie44, a variable des personnes, également repris ce sensorielle entre stimulation et préservation. principe. Dans sa thèse, il formule ainsi Sur cette base encore abstraite, viennent l’hypothèse qu’un espace ouvert « et par se calquer des recommandations pratiques conséquent pas assez contenant, fréquenté et clairement énoncées dans un rapport par ne de l’ANCREAI datant de 2011, L’habitat des de nombreux comportant pas individus barrières personnes avec TED : du chez soi au vivre physiques, [peut] provoquer un excès de ensemble45. Saisi dans leur environnement stimulation qui, de par la confusion / global, il est recommandé que les unités désorientation provoquerait, de vie ne soient pas trop proches d’autres donnerait lieu à des comportements non- habitations, sans isoler le centre, et que organisés, une aggravation des troubles les lieux de vie soient séparés des lieux inhérents à la symptomatologie autistique d’activités. et un amoindrissement des comportements grandes, ce qui représente une capacité adaptatifs à la situation. » d’accueil de huit personnes environ. Par conséquent, si la contenance est, de Pour la conception des espaces, il est manière générale, une notion élémentaire recommandé pour chaussée autistiques, de qu’elle favoriser personnes assez et le rassérènement présentant elle est des encore des Elles de ne doivent privilégier permettant donc être le trop rez-de- d’éviter les troubles escaliers qui sont, pour certains individus, d’avantage une source d’angoisse potentielle. Il est quand la thématique des espaces collectifs est abordée. AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des 45 personnes avec TED, du chez soi au vivre ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous 44 Site du LAF de l’ENSAL : www.laf.archi.fr la DGCS, 2011, 168 pages. 40 primordial de bien limites Kiéthon46, porté par de nombreux parents privé/espace et conçu par l’architecte Lena Riaux, qui à proprement se situe dans le Médréac. L’architecte a est également entièrement basé le projet architectural sur important d’éviter les culs de sac ou les les spécificités autistiques pour permettre couloirs trop étroits ainsi que de prévoir la des cognitifs. (dedans/dehors, commun) parlé les qui penser les espace structurent espaces. recoins Il ou mezzanines « qui compensation Elle de a pris leurs en troubles compte leurs permettent d’être là tout en restant à particularités sensorielles dès les prémices distance ». Enfin, dans le but de prévenir du projet et a effectué un ajustement de les comportements dangereux, se taper la l’environnement tête de manière répétitive par exemple, il recommandations est préférable d’utiliser les arrondis. professionnels Au sujet du confort phonique et de la prévention de stimuli sonores agressifs, les lieux doivent être bien insonorisés. Par ailleurs, associant le confort thermique et l’absence d’objets éventuellement accompagner d’après existantes. peuvent les enfants comme œuvre des les recevoir personnes adultes, Les et méthodes et autistes, mettre en d’interventions adaptées sans que les lieux ne leur soient préjudiciables. dangereux, il est conseillé d’installer un Il en va de même pour le centre de la chauffage Frégate, situé dans le Var. par le sol. Pour la photosensibilité de certains individus, il est l’accent nécessaire d’homogénéiser les éclairages pluridisciplinaires et éducatives » d’atténuer les couleurs, tout en sur « des 47 prises Ayant en à mis charge orientation et non plus essentiellement différenciant les espaces par la possible psychanalytiques, la taille du centre a été présence d’un code couleur selon les lieux. réduite à une vingtaine de jeunes répartis Bien qu’énumérées succinctement, chacune en de ces remarques provient d’une réflexion L’organisation poussée sur les besoins singuliers des l’objet d’une réflexion approfondie à partir personnes des recommandations existantes. autistes. C’est ensuite à l’architecte de les intégrer au mieux à son projet. groupes structures centres recherches ont ainsi théoriques tel formalisés que spatiale cinq a personnes. également fait Malgré le lourd déficit de la France en atteintes Des de d’accueil d’autisme pour et de personnes troubles les l’espace Livert iconographique page suivante Communiqué de presse, Association AIDERA Var, 2006, 3 pages. 46 47 41 apparentés48, de bons exemples de mise possible d’adapter en application de ces principes ont été l’environnement aux troubles réalisés. Pour les concepteurs doivent ce faire, un temps soit peu autistiques. porter une attention accrue à certains principes généraux : la contenance, la structuration de l’espace et la sobriété notamment. Une réflexion basée sur les | DES CONNAISSANCES ÉTABLIES SOLIDES Pour autistes conclure, les entretiennent personnes notamment un rapport aux autres et à elles-mêmes qui sensations que procure l’espace l’emporte ainsi sur une application d’aménagements prédéfinis a posteriori de la conception des édifices. diffèrent de la norme. La diversité des troubles du spectre autistique vient encore complexifier la compréhension de ce handicap. Ce facteur constitue pourtant le premier pas vers l’acceptation de leur différence et, conjointement, vers la prise C’est pourquoi, rendre les lieux accessibles aux personnes autistes semble passer par l’élaboration d’une accessibilité cognitive et sensorielle à en compte véritable de leur situation. accessibilité Toutefois, troubles. l’utilisation de méthodes adaptées permet aux autistes niveau d’acquérir les répondrait de haut connaissances nécessaires pour vivre en étant autonomes et peut considérablement améliorer la qualité de vie de ceux plus profondément atteints. Cela peut possiblement faciliter leur inclusion dans et par la société. faire prévaloir purement que sur physique partiellement une qui à ne leurs Malgré le retard de la France dans ce domaine, l’état des connaissances actuelles confèrent aux concepteurs et à la société entière la capacité de les inclure. Et « le défi qui est aujourd’hui posé à la société est celui de la construction d’une accessibilité psychique Au sujet du rapport à l’espace, l’autisme et cognitive au « vivre ensemble » […] s’oppose dans l’acceptation des différences »49. fondamentalement handicaps, soulève moteurs de spécifiques. fait En aux autres principalement, des dépit de problématiques cela, il ASSOULINE Moïse, Autisme : soutenons la recommandation de l’HAS malgré les sectarismes, Paris, LeMonde.fr, 4 avril 2012 48 et est AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des 49 personnes avec TED, du chez soi au vivre ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous la DGCS, 2011, 168 pages. 42 Ayant à présent une vision plus claire de ce qu’implique l’accessibilité au regard de l’autisme, il est maintenant nécessaire d’observer ce que la loi du 11 février 2005 impose concrètement aux institutions muséales. C’est-à-dire ce que contient l’obligation légale de l’accessibilité pour tous. Cela suppose également de cerner la dynamique sociétale qui l’entoure, car le contexte dans laquelle s’inscrit la loi semble pouvoir impacter sur sa mise en application par les institutions. Néanmoins, la réalisation de l’accessibilité est également capacité intimement propre aux liée à institutions la de s’inscrire dans cette démarche. Aussi, elle dépend de leur logique organisationnelle interne, de la leurs espaces gestion autant fonctionnelle de que de leur possibilité de les modifier qu’il faudra de ce fait analyser. 43 44 PARTIE 2 CADRE LÉGAL ET INSTITUTIONS MUSEALES : L’ASPECT THÉORIQUE ET L’OBJET EXPLICITE IMPLIQUÉS DANS L’ACCESSIBILITÉ De quoi dépend la mise en accessibilité des musées 45 LE CADRE LÉGAL ET LES ACTIONS Quoi qu’il intronisa CONJOINTES en soit, l’obligation l’accessibilité des cette première légale loi d'aménager bâtiments ouverts au public, impliquant que, pour tous travaux | L’APPARITION PROGRESSIVE D’UNE LÉGISLATION RELATIVE AUX HANDICAPS Parce que le handicap peut de manière temporaire ou permanente, en parallèle également de l’accroissement des connaissances médicales à ce sujet, la du terme impliquait ont fait et l’objet de ce qu’il de réflexions marquées dans plusieurs pays et au sein des instances supranationales à partir des années 60. handicapées devaient d’intégrer au sein les de personnes la société correspond à la loi d'orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin 197550 et deux articles y exposaient déjà des dispositifs d’adaptation du cadre bâti et des transports. Mais ne renvoyant qu’à des décrets d’application sans réel pouvoir de contrainte, le texte eut peu d’impact et sa mise en application fut aussi laborieuse que limitée. prises en les secteurs, du logement à l’emploi. Et, à la fin des années 80, l’intégration des personnes handicapées déclinée dans de se trouvaient nombreux textes législatifs. Cependant, ces lois ne concernaient pas tous les handicaps. Les textes français comptaient seulement les quatre types de « traditionnels » : moteur, visuel, auditif et mentaux. Concernant le handicap mental, la loi restait extrêmement vague et l’autisme n’en faisait pas partie. La Déclaration des droits du déficient mental, adopté sous l’égide de l’Assemblée générale de l’ONU, avait pourtant posé en 1971 l’idée élémentaire de la nécessité d’inclure ces personnes au sein de nos sociétés. L’article premier exposait le fait que « le déficient mental doit, dans toute la mesure du possible, jouir des mêmes droits que les autres êtres humains. » Par ailleurs, au Classification Handicaps 51 Proposition d'une nouvelle méthodologie dans l'évaluation du handicap, Médias et handicapés, Paris, être diversifiées dans le but d’impacter sur tous handicaps En France, la première législation sur une nécessité handicapés compte. Par la suite, les mesures se sont vraisemblablement toucher n’importe qui, définition dans ces lieux, les spécificités des publics sujet de l’autisme, Internationale la des l’intégrait depuis 1980. 50 Maison de l'Unesco, septembre 1978, ADEP Documentation, 1980. 51 Ou CIH, établie par l’OMS 46 Ce n’est que vingt ans plus tard que conséquent, l’émergence d’un principe l’autisme apparut dans les textes législatifs d’accessibilité de tout à tous a motivé une français par la loi datant du 11 décembre adaptation de la législation. 1996. Dès lors, ces personnes eurent le droit de bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire tenant compte de leurs besoins dans le cadre d’une approche éducative, pédagogique, thérapeutique et sociale. Grâce 52 à l’investissement des associations et des familles, la loi permit « de faire sortir la problématique des personnes autistes et de leur familles de la sphère privée, familiale et médicale. »53 Malgré tout, le retard de la France pour ce qui est de la considération portée aux autistes demeure conséquent. Si leur cause semble aujourd’hui bénéficier d’une meilleure visibilité, devenue en 2012 Grande Cause nationale, la question se pose de savoir législateurs handicap à quel tiennent singulier point les de ce compte et, au | LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005 préalable, le comprennent. Plus concrètement, l’état français a amplifié sa politique concernant le handicap par la promulgation de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. D’après la définition qui en est donné dans le second article, « constitue un handicap […] toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs sensorielles, psychiques, fonctions mentales, d'un physiques, cognitives polyhandicap ou ou d'un trouble de santé invalidant. » 54 De manière générale, il semble que l’état ait pris d'adapter espaces population conscience de objectivement publics à la nécessité Ainsi, les différents d’introduire une mise à plat de tous les l'ensemble handicapée, de impliquant la de s’attacher aux particularités de tous. Par la loi a handicaps, en pour première la pour incluant intérêt majeur véritablement fois l’autisme, et et constitue de ce fait une rupture vis-à-vis des politiques antérieures. Source : www.vie-publique.fr PRADO Christel, Le coût économique et social de l’autisme, Paris, Les éditions des Journaux Officiels, 2012, 61 pages. 52 53 Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 54 pages. 47 LES GRANDS AXES DE LA LOI focalise sur les aménagements à mettre Par suite, le texte propose trois axes principaux de réformes, le dernier concernant l’adaptation de l’environnement aux déficiences des individus handicapés. compensation des handicaps. Cela implique concevoir chacun pour les aides leur nécessaires garantir la à libre détermination de leur projet de vie et favoriser ainsi la pratique de la citoyenneté par tous. L’objectif principal, de pallier aux préjudices causés par le handicap, est le maintien ordinaire permettant par là en milieu même une présence au sein de la société. d’égalité des chances entre citoyens et de non discrimination entre individus. C’est pourquoi elle implique tous les secteurs nécessaires à leur épanouissement, de la scolarité, en passant par l’emploi et le logement, jusqu’à la culture. Allant plus loin que le premier axe de réforme, c’est ici une participation active à la vie sociale qui doit être mise en place. une mise en accessibilité des espaces sans ils théoriques. En effet, l’enjeu y est expliqué que plus l’environnement immédiat d’une personne est adapté à ses besoins, moins celle-ci se trouvera en situation de handicap et, autres comme étant dans une telle situation. En ce qui concerne l’accès à la culture, la loi définit clairement l’enjeu majeur qu’il représente au regard d’une accessibilité élargie. Les articles 41, 42 et 43 de la loi se concentrent alors s’adressent aux ERP muséales font 55 sur ce sujet et dont les institutions parties. Néanmoins, une distinction est pratiquée entre les édifices légales dès leur ouverture au public et le bâti existant dont la mise en accessibilité ne peut cependant excéder dix ans. D’après la loi, l’intégralité des bâtiments publics devraient donc être accessibles à tous d’ici 2015. Comme précisé dans le texte, article 41, des dérogations exceptionnelles peuvent être accordées en cas d’impossibilité technique avérée ou si les travaux à réaliser s’avéraient contraire Les deux premiers points supposent déjà resteraient Il neufs qui doivent répondre aux contraintes Deuxièmement, la loi réaffirme le concept laquelle place. conséquemment, sera considérée par les En premier lieu, elle instaure le principe de de en purement décisif de à la conservation architectural. du patrimoine Toutefois, celles-ci s’accompagnent alors obligatoirement de mesures de substitution. donner à tous les handicapés la possibilité de participer à la vie sociale est corrélée à leur accès réel aux lieux publics. Par conséquent, le dernier axe de réforme se 55 Etablissements recevant du public 48 La loi a également été complétée par deux phrases à ce type de handicap alors plusieurs décrets. Le premier, n°2006-555 que le terme « fauteuil roulant » apparait du 17 mai 2006, est relatif à l’accessibilité quant des établissements recevant du public, des Toutefois, il ne faut pas conclure que rien installations ouvertes au public et des ne bâtiments d’habitation et modifie le code davantage accessible. de la construction et de l’habitation. Le second, du 1er août 2006 fixe les dispositions, prises pour l’application des articles R. 111-19 à R. 111-19-3 et R. 11119-6 du code de la construction et de l’habitation, relatives à l’accès des personnes handicapées aux établissements recevant du public ouvertes au et aux installations public lors de leur construction ou de leur création. Il précise les dispositions à mettre en place pour que les édifices auxquels il est destiné répondent aux objectifs du texte de loi. à lui permet de de nombreuses leur rendre fois… l’espace Les contrastes de couleurs qui doivent structurer l’espace afin de rendre le cheminement repérable par les malvoyants peuvent aider les autistes à se repérer. Mais quand le choix de la teinte n’a pas réellement d’influence sur les premiers, dans le cas des personnes présentant des troubles autistiques, ils peuvent constituer un code couleur structurant l’espace. Il en va de même pour les mains-courantes qui, si elles sont indispensables aux handicapés visuels, permettent de rassurer les personnes autistes. De manière générale, le guidage grandes lignes sont rédigées, il transparait l’accessibilité des espaces est transversal à qu’aucun ces deux types de handicaps. Néanmoins, n’est effectivement écarté des mesures établies. le texte ne pour de Finalement, de par la manière dont ces handicap obligatoire concept précise pas établir que c’est effectivement le cas. LE CONTENU DES ARTICLES SUR L’ACCESSIBILITÉ ÉLARGIE L’indication sur la nécessité de signaler les obstacles potentiels à travers le parcours de Seulement, à la lecture des articles visite ou d’éviter l’installation de mobilier pouvant gêner ce parcours est de loi précédemment cités et des décrets également qui sont venus les compléter, il semble non-voyants. que les obligations concernant le handicap modification brutale de parcours ou la mental perception d’un obstacle peut provoquer soient très faibles. En effet, l’ensemble des textes ne destinent que une associée réaction aux Pourtant, malvoyants l’apparition d’angoisse violente et d’une chez 49 certains autistes inattendues et peuvent ces être réactions difficiles à à ceux des autres handicaps. Le décret du 1er août 2006 évoque, entre autre, que les contrôler. Alors, cette disposition légale portes nécessiterait repérées par les personnes malvoyantes et de leur être adressée en premier lieu. pareillement indispensable pour rendre les espaces accessibles aux autistes, un grand d’entre hypersensibilité eux aux présentant contrastes une lumineux. Les zones d'ombres, les éblouissements, sont pouvoir être extrêmement angoissants des autistes, l’importance de matérialiser la limite entre l’intérieur et l’extérieur, l’aspect immatériel que donnent de trop importantes surfaces vitrées aux lieux et qui peut leur être préjudiciable, etc. ne sont mentionnés nulle part. et En conséquence, les bénéfices sensoriel et peuvent provoquer, comme dans le cas cognitif qui peuvent ressortir de certaines précédent, des réactions inattendues. Mais prescriptions ne sont pas évoqués. De ce c’est toujours en rapport avec le handicap fait, en termes d’espaces, l’accessibilité se visuel que l’éclairage est mentionné. trouve inscrite au sein du texte de loi En alors doivent ne pas créer de gêne visuelle. Dans le cas Quant à la maitrise de l’éclairage, elle est nombre vitrées ce qui concerne les dispositifs de repérage et la signalétique directionnelle, il dans son sens le plus palpable, c’est-àdire un accès essentiellement physique. est vrai que la simplification de cette Simultanément, parce que l’attention des dernière par l’utilisation de pictogrammes législateurs se focalise sur la signalétique facilite le parcours des autistes puisque, en ce qui concerne la catégorie entière du plus aisément compréhensible, elle évite handicap mental, il est permis de supposer les longues déambulations pouvant devenir que ce qui cause leurs handicaps autant angoissantes pour ces personnes. que la variété des troubles ne sont pas réellement intégrer à la loi. Il résulte que de nombreux aménagements prévus pour d’autres types de handicap s’appliquent à la situation des autistes. Il n’en reste pas moins que ce n’est pas à eux que se destinent les adaptations prescrites. D’autant Néanmoins, les législateurs ont élaboré dans le même temps un questionnaire pour en faciliter l’application. Ce document « d’évaluation de l’accessibilité aux personnes handicapées », doit servir aux experts indépendants dans la détermination des travaux à accomplir et que tous les aspects des déficiences autistiques ne s’assimilent pas leur vérification présentes dans ultérieure. le cadre Les légal normes y sont 50 reprises selon les thématiques des abords législation telle que définit actuellement. du bâtiment, des circulations verticales et C’est pourquoi, l’intégralité des dispositions horizontales, l’offre ne semble guère inciter les concepteurs à culturelle avec un chapitre distinct pour ce inclure, dans leur projet de création ou de qui réhabilitation, des paramètres communication. Cette organisation s’avère répondraient qu’aux besoins plus claire et davantage précise que le des autistes. est des de services, de l’information et de la qui ne spécifiques texte de loi. Avec cela, sa présentation sous forme de QCM présente distinctions l’avantage entre les d’effacer les catégories de handicaps puisqu’il n’est plus spécifié à qui sont destinées les normes. D’autant que les questions qui énumèrent les handicaps prennent en compte toutes les catégories. La distinction de considération flagrante qui était apparue à la lecture du texte légal se trouve ici atténuée. Concrètement, il ressort de la loi qu’il n’y a pas d’accessibilité spécifiquement du pensée cadre en bâti conséquence des troubles autistiques. Dans le sens où, la mise en accessibilité des lieux ne pourra leur être bénéfique que de manière indirecte. Ainsi, prise isolément, la loi ne semble pouvoir prétendre à une réelle inclusion des personnes autistes au sein des espaces muséaux. Cela n’enlève rien cependant à l’absence d’attention que révèle la loi sur le fait qu’il serait nécessaire de prendre en compte certaines particularités liées aux troubles | LES PROJETS COMPLÉMENTAIRES Toutefois, très hétérogènes des handicapés mentaux. En outre, cette absence permet d’émettre l’hypothèse que la loi n’encourage probablement pas les institutions, encore moins les concepteurs, à faire un effort supplémentaire en direction de ces personnes. Hormis, les rampes d’accès ou une étude approfondie de l’éclairage et des revêtements d’action s’avère de peu sols, leur contrainte liberté par la l’impact de la loi ne dépend pas uniquement de son contenu. Il est indéniable que ses effets reposent en partie sur la manière dont elle est exécutée, sa mise en application plus ou moins approfondie. De ce fait, il semble justifier de responsables penser que de mettre la les en acteurs œuvre nécessitent d’être accompagner dans leur démarche. Le questionnaire d’évaluation de l’accessibilité aux personnes handicapées, 51 par exemple, ne tient pas compte « accessibilisation » portée par le concept uniquement du cadre bâti mais également de de la formation spécifique du personnel à handicapées l’accueil l’environnement existant. des publics en situation de handicap, les éventuels partenariats mis en place avec des associations ou dans un cadre scolaire et la politique générale de l’institution à propos de l’accessibilité. normalisation. Les devaient personnes se plier à Aujourd’hui, « l’intérêt porté au concept de qualité de vie montre que nous assistons à une évolution basée sur une réflexion poussée, amorcée à partir du concept de Par ailleurs, la dynamique générale dont la normalisation. » loi est partie prenante semble également actuelle à l’individualisation accentuée des pouvoir à individus implique une réflexion morale sur s’engager dans une démarche de mise en le fait que « l’individu handicapé s’adapte accessibilité à la société et la société s’adapte [en encourager de les leurs institutions structures. La nouvelle réglementation s’inscrit en effet dans un certain contexte qui englobe l’évolution conceptuelle du sens prêtée au handicap et de la nécessité de les inclure jusqu’aux actions concrètes de reliées à la loi ou découlant l’état d’autres acteurs investis dans l’évolution sociétale… 56 En effet, la tendance retour] à l’individu handicapé. »57 Quant à l’intérêt accru qu’expriment les pouvoirs publics pour la problématique de l’inclusion des handicapés dans l’espace public à proprement parlé, il provient en partie de la signification récente donnée au terme de handicap. Jusqu’ici, les textes Dès lors, l’environnement de la législation présentaient ce peut être plus ou moins favorable à la travers notions réalisation de l’accessibilité pour tous et d’incapacité.58 La personne handicapée, de donc de celle destinée aux autistes. manière les générale, dernier de était uniquement à déficience et perçue comme IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse universitaire Septentrion, 1992. 57 Idem. 58 Loi n°75-534 du 30 juin 1975 d’orientation en faveur des personnes handicapées, Article 49 : Les aménagements des espaces publics en milieu urbains doivent être tels que ces espaces soient accessibles aux personnes handicapées, abrogé par l’ordonnance n°20001249 du 21 décembre 2000, Article 4. 56 Dans ces conditions, l’évolution de la signification du terme accessibilité n’est pas négligeable. La réflexion sur l’accessibilité est effectivement influencée par une inversion de l’interprétation de cette notion. Si la notion d’accessibilité est apparue en France dès les années 60, il s’agissait d’avantage d’une 52 inapte à assurer par elle-même ce que intitulée Culture et Handicap. Elle a pour requiert la vie sociale. attribution Cependant, dans la classification de l’OMS de 200159, handicap la signification du terme évolue. Celle-ci devient une limitation dans la possibilité de participer à la vie sociale et de jouir de sa citoyenneté et prend également en compte la capacité des individus touchés à y participer leur pleinement est si adapté. l’environnement Cette modification sémantique a profondément transformé la manière de percevoir le handicap. handicapés ne sont dès lors Les plus de se concentrer sur la problématique de l’accès des personnes handicapées aux lieux culturels et doit, avec le concours associations des principales d’handicapés, du milieu culturel et artistique et des personnes handicapées elles-mêmes et des ministères chargés de la culture et des personnes handicapées, proposer des mesures concrètes. Parmi les huit associations se trouvent l’UNAPEI60, c’est pourquoi le cas de l’autisme fait cette fois l’objet d’une réelle attention. seulement l’objet de soins médicaux mais En 2002, la commission a défini un plan des citoyens à part entière. De surcroît, d’action61 qui vise avant tout à assurer à toute personne se trouve concernée par le toute principe de l’accessibilité qui constitue une adapté au sein des équipements culturels condition immuable à l’inclusion de tous pour faciliter son accès à l'art et à la dans et par la société. culture personne et, généraliser dans LES GUIDES MINISTÉRIELS Ainsi, c’est une réflexion globale qui s’est amorcée au sein de l’état français au sujet du handicap et de l’accessibilité. Il est de ce fait possible de comprendre ce concept comme étant en devenir, voué à évoluer. Plus initié, cette l’information institutions LA COMMISSION CULTURE ET HANDICAP ET handicapée à ces un accueil optique, livrée par personnes. à les Elle ambitionne de développer conjointement l’information des institutions sur les enjeux de l’accessibilité et la formation des acteurs concernés, en premier lieu ceux chargés de fonctions d'accueil, de transmission et de médiation. Pour finir, elle souhaite également inscrire la culture dans les projets d'établissement des institutions médico-sociales et développer concrètement, dès 2001, le gouvernement une a commission Union Nationale des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales 60 Pistes d’action validées par la Commission nationale Culture-Handicap, Paris, DGCS, 2002, 61 International classification of functioning, disability and health, Genève, OMS, 2001. 59 6 pages. 53 leurs jumelages avec les institutions Concrètement, l’ouvrage reprend les culturelles pour favoriser leur ouverture à thématiques définies par la loi auxquelles l'environnement culturel. s’ajoutent un chapitre sur la sécurité et Plus tard, ce sont les différents guides de l’accessibilité publiés par le ministère de la Culture et donnent de le la Communication plus de qui renseignements concrets sur la manière de procéder à l’élaboration d’une accessibilité pour tous. Au sujet du handicap mental, le 3ème guide, Equipements culturels et handicap mental62, parut en 2010, porte intégralement sur leur cas. l’utilisation des services. Au sujet de l’aménagement spatial, il insiste sur la notion de chaine de déplacement qui comprend des thématiques variées allant de « se repérer et s’orienter » à « se reposer », y compris « être en sécurité », etc. et sur le niveau de performance qui doit être atteint. Le fait différentes thématiques développées au regard que ces soient ici des déficiences mentales et que l’autisme soit la première des déficiences évoquée présente l’intérêt majeur d’expliciter ce qui devait être lu Se voulant pédagogique, le guide se trouve être le premier document lié à l’accessibilité qui donne un point de vue général sur l’autisme et rappelle aussi que les sorties dans les musées peuvent tenir une place importante dans l’apprentissage social des personnes autistes et avoir des retombées positives sur leur quotidien. D’une autre façon, il est intéressant de noter que rendre accessible un lieu y est défini expressément en termes de qualité d’usage. Par ailleurs, il insiste lourdement sur l’importance d’une implication de la part du personnel des musées qui apparait comme essentielle à la réalisation de l’accessibilité pour tous. Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 62 pages. entre les lignes du texte de loi. Néanmoins, le guide développe davantage la question de l’offre et de l’accueil que celle de l’espace avec des indications précises sur la signalétique directionnelle et un grand nombre d’informations sur les outils pédagogiques. Basé sur des exemples existants, il permet cela dit aux musées de se projeter plus facilement sur les aménagements qu’ils pourraient mettre en place. Du reste, il examine longuement la manière d’accueillir les autistes notamment. Il préconise alors d’élaborer un protocole d’accueil dans le cadre d’un projet à long terme et devant faire l’objet d’une préparation, un « cycle de visite » pour créer un lien entre individu et espace. Bien que la méthode présentée soit assez 54 rigide, il faut reconnaître l’ambition des d’établir « un programme en concertation, auteurs en amont du projet architectural » n’est d’encourager les institutions muséales à s’engager dans l’accueil des pas expliciter outre mesure. personnes autistes, entre autre, et donc, de sa volonté de créer un état d’esprit d’ouverture et de tolérance au sein des AUTRES PROJETS institutions.63 S’inscrivant également dans le contexte de la réforme sur l’accessibilité et Par conséquent, le guide du ministère constitue un outil probant, didactique de surcroît, pour aider les musées dans leur mise en conformité avec la loi d’ici 2015. Il les encourage, de plus, à aller plus loin. Effectivement, le guide vient compléter la loi en précisant certains besoins entrant en résonance avec la loi, d’autres actions d’origine publique ou privée sont apparu depuis une dizaine d’années. Au sein du secteur culturel, ces projets additionnels semblent accroître la visibilité du public handicapé et donc sa prise en compte par les institutions. spécifiques des handicapés mentaux restés A la suite de la promulgation de la loi, absents du texte légal. Cependant, il est des formations en médiation des publics nécessaire de relativiser son apport en ce handicapés ont commencé à émerger et qui concerne une adaptation spécifique semblent des espaces. Cette thématique demeure CIPAC , entre autre, propose des cycles peu les de conférences et autres formations sur le connaissances sur l’implication spatiale des thème de l’accessibilité. En 2013, elle a de troubles, ce abordée et, établies de dans ce le fait, champ de aujourd’hui se multiplier. La 64 fait programmé des formations sur recherche sur l’autisme, sont peu mises à l’apprentissage des obligations légales et profit. la familiarisation avec les différents types Au demeurant, il semble que le guide s’adresse presque exclusivement aux de handicaps65. Ce type d’actions indépendantes permet institutions, existantes bien d’avantage que d’émettre l’hypothèse futures, et donc trop peu aux concepteurs d’inclure les chargés de réhabiliter ou de concevoir les quelles quel soient, insufflée par la loi, espaces. s’ancre peu à peu dans les mentalités. La mention d’une nécessité MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 pages. 63 que personnes la nécessité handicapées La fédération [française] des professionnels de l’art contemporain 65 Source, le site du CIPAC. 64 55 Elles semblent pouvoir aider réellement le s’impliquer dans l’accessibilité pour pouvoir personnel des institutions à préserver leur mention T&H67 par la suite. mettre en place l’accueil ces personnes et à leur proposer des actions de médiation spécifiques. Outre la commission Culture et Handicap, le ministère de Communication la a Culture aussi et de encouragé la les Plus institutionnel, le label Tourisme et institutions sous sa tutelle à proposer des Handicap , créé en 2001, s’attache quant actions à lui à identifier les sites présentant un accessibilité. Pour ce faire, il a créé, en confort d’usage suffisant à l’accueil des 2003, une mission intitulée Réunion des différentes établissements culturels pour l’accessibilité, 66 personnes handicapées. concrètes Relevant du ministère du Tourisme, il est la RECA68. aussi chargé de diffuser des informations originellement fiables, musées, descriptives et objectives pour leur mise en Le projet qui ne réunissait une petite comprend dizaine aujourd’hui de 23 concernant l’accessibilité et de sensibiliser établissements publics. Parmi les travaux les professionnels du tourisme et de la en cours, se trouve la mise en conformité culture. des édifices et de l’offre culturelle avec la Basé sur la volonté des institutions et non sur une contrainte pesant sur ces dernières, l’officialité du label et le crédit dont il bénéficie, peuvent également être loi de 2005. Mais, un des groupes de travail cherche également des solutions spécifiques pour améliorer l’accueil du public présentant un handicap mental. profitable pour accroître la considération L’augmentation que présents au sein de la RECA extériorise porte les musées aux personnes de dans en problématique de l’accessibilité. Néanmoins, accessibilité concrète de leur structures. l’effort concernant le handicap mental se Par ailleurs, il est attribué pour une durée focalise encore une fois sur leur accueil et de cinq ce qui implique que les sites non ayant obtenu la labellisation continuent de d’espaces. de mise Label Tourisme & Handicap : un symbole qui garantit à tous accueil, accessibilité et confort, sur leurs institutions musées l’intérêt démarche des nombre handicapées et les encourager à s’inscrire une accru du besoins en pour la termes 66 Paris, Ministère de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, 2013, 12 pages. Tourisme et Handicap Source, le site du MCC sur la page dédiée au RECA 67 68 56 | UN IMPACT PROBABLEMENT RESTREINT En conclusion, la loi, se consacrant en majeure partie à l’aménagement du cadre bâti, n’en présente que modifications restreintes. Elle se grandement imprécise au sujet handicap ailleurs révèle mental et l’autisme n’est pas mentionné. principalement visuels des et actions les qui mise en en vue desquelles cet établissement ou cette installation a été conçu. » L’objectif fixé est clair : les conditions d’accès de toute personne handicapée aux institutions muséales doivent dès par aujourd’hui présenter une qualité d’usage donc équivalente à celles des personnes valides moteurs, et cette obligation légale inclue à présent sont handicapés auditifs de Ce du prestations bénéficient des accessibilité des les autistes. édifices muséaux, certaines étant toutefois également favorables aux personnes autistes. loi, la multiplication des actions engagées Subséquemment, l’application seule de la loi du 11 février 2005 ne semble pouvoir aboutir à une prise en compte réelle et consciente des besoins émanant des troubles autistiques et qui tendrait à leur retranscription spatiale au sein des institutions muséales. le niveau d’accessibilité à atteindre par la définition du concept qui est donnée. Le décret du 17 mai 2006 explique qu’est « considéré comme accessible aux personnes handicapées tout bâtiment ou aménagement permettant, dans des conditions normales de fonctionnement, à des personnes handicapées, avec la plus grande autonomie possible, de circuler, aux locaux et équipements, d’utiliser les équipements, de se repérer, de communiquer et à l’initiative de l’état ou d’autres acteurs à la suite de sa promulgation, au-delà de démontrer opère, qu’une présente prise de l’intérêt conscience majeur de favoriser l’information des institutions sur l’enjeu donc que sur représente ce l’accessibilité qu’implique l’accueil et des personnes handicapées. Il n’en reste pas moins que la loi formule d’accéder Par suite, malgré les manques du texte de de bénéficier Il semble alors que ces actions soient plus aptes à porter la réforme de l’accessibilité que ne l’est la loi, telle que définit actuellement. A cet égard, le guide du ministère de la Culture et de la Communication dédié au handicap mental représente une aide précieuse pour faire connaître les déficiences autistiques. En effet, les personnes autistes sont « souvent mal appréhendées par les médiateurs des établissements culturels, des 57 ces derniers se trouvent désarmés, en s’inscrire dans cette démarche. Ainsi, il est termes [entre autre] de communication » . maintenant nécessaire d’observer quelles 69 Dès lors, il semble qu’en raison de la diversité et de la complexité de leurs déficiences, la capacité concernés d’en des tenir acteurs compte est en sont les composantes principales, les contraintes qui pèsent sur elles et par là les facteurs qui vont influer sur leur capacité d’action. conditionnée par la connaissance qu’ils en ont. Cependant, le guide comme l’intégralité des actions se focalisent sur l’adaptation de l’offre et de l’accueil. C’est pourquoi, la question de formation l’information des pourtant dans et de la concepteurs qui figure le loi, parait texte de délaissée au profit de celle des acteurs présents directement dans les institutions alors même que particulièrement possèdent le spatialement les ce sont tout concepteurs pouvoir de l’accessibilité qui retranscrire aux édifices muséaux. Les effets de la loi et dans une moindre mesure l’impact du contexte global dans lequel elle s’inscrit, semblent être à relativiser. Mais la concrétisation de l’accessibilité destinée aux personnes autistes dépend aussi, et en grande partie, de la capacité propre aux institutions muséales de Source, le site du MCC sur la page dédiée au RECA 69 58 LA SITUATION DES MUSÉES public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public. La définition conduit alors à | PRÉSENTATION DES INSTITUTIONS MUSÉALES Le musée représente de nos jours une institution centrale et incontestée de la culture occidentale. En France, plus de 1200 institutions muséales se trouvent regroupées sous l’appellation « Musée de France ». Créé en 2002 avec l’entrée en vigueur de regroupe la des loi du musées 4 janvier, dont les elle statuts juridiques diffèrent, dépendants de l’État, d’une autre personne morale de droit public ou d’une personne morale de droit privé à but non lucratif.70 inclure toutes les institutions quelle que soit leur vocation. Par ailleurs, tous les institutions et quels que soient les critères retenus pour leur en attribuer ce statut, peuvent être réparties en plusieurs catégories. Si un classement existe suivant leur taille, c’est aussi en fonction de leur thématique qu’il est possible de subdiviser leur grande famille. En effet, musées d’art, ancien ou contemporain, naturelles, musée d’histoire de qu’il sciences s’agisse de l’Histoire ou de l’histoire plus modeste d’une région, d’anthropologie, ne sont apparus ni de la même manière, ni à la Ce nombre augmente fortement lorsqu’on même époque. Ils ne constituent donc pas observe Selon un genre « musée » qui serait homogène certaines expertises, il y aurait en réalité et n’impliquent également pas forcément la 2200 et leur nombre atteint 10000 dans le même Guide Tout concernent pas non plus les mêmes types Il y de visiteurs, selon leurs classes sociales, aurait les « vrais » musées et ceux ayant leurs âges, etc. et sont loin d’engendrer le avant tout une vocation marchande. même volume de passage. dépend d’autres Dexia datant évidemment statistiques. de 2001 . des critères. 71 organisation spatiale. Ils ne Toutefois, au sens de la loi, un musée correspond à toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt Source : statistique-publique.fr et Statistiques de la culture édition 2, Paris, MCC, 2013, 16 pages. 71 POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 70 Quoi qu’il en soit, l’intégralité des institutions muséales se trouve aujourd’hui contrainte par la loi du 11 février 2005 et donc par l’ensemble des mesures relatives à la mise en accessibilité pour tous de leurs espaces et de leurs offres. 59 | LES PRINCIPALES MISSIONS ET CONTRAINTES une certaine parcours » 73 disposition, voire un . Bien loin de l’axiome initiateur du Dès lors, les enjeux autour de l’espace projet, l’exposition d’œuvres d’art et sa muséal se révèlent fondamentaux tant du nécessaire destination point l’institution muséale pourvoir d’éléments vers le public, nécessite de de se stabilité garantissant sa pérennité autant que sa légitimité. Selon de vue l’institution de en la définition elle-même que de de sa position vis-à-vis des visiteurs. Et si les espaces matérialisent certains aspects des autres facteurs de stabilité, ils Michael l’Association Conforti, des Directeurs présidant se trouvent en conséquence conditionnés Musées par eux, par la priorité donnée à certaines de d’Art, il existe ainsi quatre facteurs de problématiques stabilité indispensables au fonctionnement auxquels procède l’institution. La réalisation de toute institution muséale. Une structure de administrative muséal et nécessitant un professionnelle code éthique et organisationnel, une conscience de ce que représente incluant la son collection contexte, sa ambition, sociale entre autre, constituent s’observe premiers dans caractère manifeste le facteurs. lieu de manière Le dernier puisque essentiellement son physique tangible « les desseins initiaux »72 d’une institution. Effectivement, sans que le visiteur soit en contact direct avec cette dernière, l’espace lui en dévoile les valeurs et la politique. Il influence tout particulièrement l’usager car ce lieu dans lequel il évolue lui « impose POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 72 au semble par sein de alors les choix l’espace dépendre essentiellement de l’importance qui lui est, par elle, accordée. méthode missions de l’établissement, reflet de son trois l’accessibilité donc permanente, d’acquisition, etc., et une définition des les et Il n’est pas négligeable de rappeler que les enjeux sociaux ne sont pas inconnus aux musées qui sont eux-mêmes nés d’un bouleversement sociétal relativement récent au regard créations de l’Histoire. s’étaient Les amorcées premières avec la sécularisation émergeante à l’époque des Lumières, vers la fin du 18ème siècle. Une origine révolutionnaire qui associait à la confiscation des biens de l’Église, l’affirmation des droits de l’Homme. Dès les premiers balbutiements, le musée fut donc pensé comme un instrument de POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 73 60 diffusion des connaissances qui répondait conserver, à leurs collections » une demande sociale apparemment impérieuse. les institutions muséales furent jugées trop élitistes et conceptuels, elles entamèrent une réorientation vers le public. Dès le milieu des années 90, une explosion de la fréquentation des groupes scolaires est Le étudier et enrichir mais aussi « rendre leurs collections accessibles au public le Par la suite, quand, dans les années 80, avérée. restaurer, pourcentage de jeunes se plus large ; concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture ; contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion »76. Néanmoins, si le public tient une position rendant aux musées, par exemple, affleure centrale depuis les 70% quand quelques années l’institution plus tôt il était quatre fois plus faible. moins Ainsi, ce lieu « qui était essentiellement un contingentent. Il est vrai qu’au cours du bastion aristocratique […] est devenu de siècle nos jours un lieu de rencontre pour les étaient dotées de missions bien définies et gens de la rue. » clairement affichées dans l’orientation de 74 a souligné l’UNESCO au sein des muséale, que il missions n’en d’autres passé, les reste pas éléments la institutions leurs l’œuvre. présentation, étude et conservation des direction du public a donc conduit, au œuvres de muséales qui se réjouissait de la démocratisation à Leur capacité à redéfinir leur mission en politiques de développement : principalement.77 Un aspect pédagogique, l’autre plus scientifique. moins en partie, à faire d’elles aujourd’hui Cependant, à partir des années 90, leur les lieux culturels les mieux considérés et situation les plus fréquentés. contexte culturel global en pleine mutation, quand s’est les frontières divertissement, Cette dernière a de plus été réaffirmée en France à travers la loi du 4 janvier 200275. Le second article du texte de loi explique les attributions des musées qui doivent « BOURDIEU Pierre, DARBEL Alain, L’amour de l’Art, les musées d’art européens et leur public, complexifiée. entre enjeux Dans culture social un et et économique, se sont floutées, la définition de leurs missions a souffert d’un manque de clarté. Elles doivent désormais compter avec les contraintes que des lois de plus en plus nombreuses renforcent, la 74 Paris, Les Editions de Minuit, 1966, 230 pages. 75 Loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, source : legifrance.gouv.fr POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 77 NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 76 61 principale dernièrement étant celle sur l’accessibilité. Egalement avec les aspects pédagogique, communicationnel publique et à la position d’autorité qu’elles occupent. De fait, leur gestion s’est profondément provoquant compliquée, simultanément PROGRAMMATION ET DE CONCEPTION et budgétaire qu’elles ont à conjuguer à la notoriété | L’ORIENTATION ACTUELLE EN TERMES DE une démultiplication des professions au sein de leur administration. D’un autre côté, la priorité semble être plutôt de créer des lieux attractifs. En un mot : capter les foules par la diversité des activités proposées car « les musées sont […] passés en quelques décennies du statut de austères, élite, à sanctuaires introvertis celui et patrimoniaux réservés d’institution omniprésente, ouverte nouvelles fonctions afin de répondre à Concrètement, l’objectif est de fournir au cette évolution, comme celles des chargés public des activités complémentaires, et de médiation des publics, de la pédagogie c’est pourquoi cafés et autres boutiques et sont devenus indispensables. celles l’accessibilité, liées aux notamment, visiteurs, les pour multiples éléments précédemment cités viennent à présent interférer dans la lecture de leur mission d’accueil du public. c’est principalement la place qui est présentement débattue par les mais aussi par les théoriciens du musée. Par ailleurs, aux vues de leur capacité antérieure à intégrer l’évolution sociétale […]. »78 la fonction d’exposition, les programmes se sont complexifiés tout en étant élargis et s’avèrent alors moins contraignants pour accordée au public de manière générale professionnels monde Ne tournant plus exclusivement autour de les Toutefois, le une Aussi, malgré le fait qu’aient éclos de de sur à concernant la démocratisation de la culture et d’après l’état d’esprit actuel qui, du moins dans le concepteurs. s’associent aux Mais en parallèle, nouveaux éléments programmatiques des équipements spécialisés de la billetterie aux vitrines mouvement, munies etc. En de informatisée capteurs conséquence, de la rénovation ou la conception d’un musée demande des savoir-faire pointus et diversifiés qui rendent de surcroît ce projet coûteux. discours, tend vers une tolérance et une Au sujet du cas spécifique des nouveaux attention musées, accrue aux personnes handicapées, le musée devrait donc être les concepteurs semblent bénéficier d’une liberté d’action augmentée réellement capable de s’engager dans la démarche de l’accessibilité pour tous. NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 78 62 et les « projets [récents] ont fréquemment vertigineuse. »82 C’est donc également un dérapé vers une forme d’emphase, où la retour au monumental qui l’emporterait en notion d’« archi-sculpture » et la tendance matière d’accès. « déconstructiviste » se sont exprimées pleinement. »79 Même s’il apparaît que quelques architectes expriment plutôt une « ligne architecturale minimaliste […], d’une manière générale, nombre de projets ont été l’occasion d’une « gesticulation architecturale », favorisée en grande partie par les nouveaux outils informatiques de conception ainsi que par des techniques et des matériaux de construction de plus en plus performants. »80 dans l’espace muséal, elle se traduit en particulier par une réflexion autour des oscillant d’accueil entre monumental ou, et la d’orientation, réhabilitation bien au contraire, du la fermeture des immenses espaces au profit d’une circulation plus banale jugée moins intimidante pour les visiteurs »81. Néanmoins, il semble que l’ « exultation formelle n’a pas uniquement porté sur les volumes extérieurs et les façades, mais a contaminé aussi les halls d’entrée, les circulations et les espaces d’exposition, qui affichent volontiers que la considération portée au public par les une monumentalité musées est surtout empreinte de l’ambition de les divertir et, que celle qui leur est accordée par les concepteurs se placent derrière leurs intentions purement conceptuelles et esthétiques. Le confort d’usage des visiteurs n’apparait pas être de Quant à la position occupée par le public « espaces Il est possible ainsi d’émettre l’hypothèse première élémentaire nécessité dans alors le qu’il concept est de l’accessibilité pour tous. En outre, au regard de l’obligation légale qui le définit, le respect de la loi « implique une mobilisation des maîtres d’ouvrage et une vigilance dans le respect des cahiers des charges maîtres d’œuvre. » 83 soumis aux Alors, si l’architecte pourrait concevoir des espaces avec une conscience amplifiée de la future présence des usagers handicapés, il ne peut le faire sans le concours du maître d’ouvrage par le programme qu’il lui impose. Dans le contexte actuel, il semble pourtant que l’attention de ces derniers est en grande partie dirigée vers d’autres enjeux que celui de l’accessibilité pour tous. NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 79 80 Idem 81 POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 83 Culture et handicap. Guide pratique de l’accessibilité, Paris, MCC, 2007, 247 pages. 82 63 Pour le reste, les nouveaux musées se grande majorité de ces dernières et de trouvent de plus en plus intégrés aux toutes enjeux urbains, notamment professions qui peuvent la intervenir autour d’elles, des journalistes revitalisation de zones oubliées, autrement jusqu’aux pouvoirs publics. Cela concerne appelé Les en premier lieu les futurs musées mais institutions sont de ce fait devenues des influence également la manière dont les avatars institutions « effet de la dans les Guggenheim ». position culturelle d’une existantes Avec, en orientent prime, la leurs région, à petite échelle, jusqu’à celle d’un politiques. pression pays, à l’échelle mondiale. économique et la concurrence entre les institutions, le principal enjeu serait avant tout, pour elles, d’être les plus attractives Il est vrai que l’architecture de publique manière générale participe à la construction de l’identité de la société pour laquelle elle est conçue. Utilisée pour diffuser un référentiel commun, elle serait le signifiant d’un projet politique, culturel et social, qui en serait le signifié. C’est pourquoi un intérêt particulier est attaché au choix de son emplacement dont le prestige donne l’importance parallèle, univers attribuée ces de une édifices signes indication au projet. renvoient qui de donne à devraient permettre à tous ses membres de les fréquenter et de se les approprie, mais la prise en compte des handicapés par les politiques et le concept d’accessibilité pour tous, demeurent jeune au regard de celui de monument public… un politique voire idéologique. Cela permet cette future de la société, les édifices muséaux une matérialisant dans le réel un imaginaire également Considérés comme un socle pour l’identité En dimension solennelle à l’espace public en d’expliquer possibles. | LA GRANDE DIVERSITÉ DU CADRE BÂTI EXISTANT Effectivement, cet aspect du lieu « exultation formelle » vers laquelle les concepteurs muséal, orientent leurs projets. illustrer le prestige de ce qu’il contient C’est pourquoi, l’importance accordée au caractère de « monument public » des institutions muséales semblent aujourd’hui sensiblement détourner de l’enjeu social qu’elles représentent l’attention d’une devant par son architecture autant que ce qu’il incarne, n’est pas nouveau. Dès le 18ème siècle, la création des premiers musées d’art conduisit à la recherche d’une forme spécifique afin de promouvoir cette nouvelle institution. La retranscription spatiale de sa position, au 64 sein de la société et dans l’espace urbain, faiblement modifiables, il semble qu’il ne fut alors inspirée par des typologies de faille présupposer de leur inadaptation ou première importance qui en affirmaient le réciproquement de leur adaptation. caractère public et permettaient d’éblouir autant qu’impressionner les visiteurs par leur apparence solide et majestueuse, par leur magnificence. Néanmoins, au cours des siècles suivants, les concepteurs ont profondément transformé leur démarche de conception. Du « musée « temple » ou « palais » vers le musée « machine », « hangar », « magasin », « entrepôt » ou « usine », puis vers le musée « forum », « centre commercial » ou « parc d’attraction » [les variations attestent] de cette évolution constante des finalités que l’on prête aux musées. » 84 En outre, si certains espaces muséaux ont été conçus lors d’un projet global de création d’une institution, bon nombre d’entre elles ont intégré des édifices plus anciens et conçus pour une pourquoi, le « cadre bâti » mentionné par le texte de loi rassemble des lieux hétéroclites qui retranscrivent les changements successifs de paradigme, l’évolution des théories architecturales et des ambitions associées aux musées à travers leur histoire. Toutefois, bien que les édifices existants soient, par ce fait même, fortement Une contraints et donc des 18 typologies siècle ème prédominantes s’apparente au du palais. Traditionnellement, un plan à cour centrale bordé galeries qui bénéficient d’un éclairage zénithal . L’espace du musée, 86 temple des muses, se tourne alors vers un intérieur protégé du monde environnant. Il est intéressant de noter que dans ces lieux que les architectes voulaient à la fois monumental et paisible, le principe d’intériorité rappelant celui de contenance, se rapproche de ce que les spécialistes de l’autisme évoquent comme étant bénéfique à l’apaisement d’individus présentant des troubles autistiques. A toute autre fonction. C’est Pour prendre quelques exemples85 : noter également que la zénithale, permettant une lumineuse homogène, semble facteur tout l’accessibilité aussi aux ambiance être favorable lieux personnes autistes. lumière un pour d’exposition des Cela étant dit, par d’autres caractéristiques, les proportions et les nombreux parallèle concepteurs entre et décors les la notamment, le intentions des structuration d’un Livret iconographique page suivante POULOT Dominique, Musée et muséologie, Paris, La découverte, 113 pages. 85 NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 84 86 65 espace bénéfique aux personnes autistes A l’inverse, l’idée naissante à cette même s’arrête là. époque que le musée devait s’ouvrir sur la Au milieu du 20ème siècle, les architectes modernes métamorphosent le style architectural des musées pour en faire des lieux fonctionnels, cette manière, flexibles, les vides87. stimuli De sensoriels provenant du lieu sont limités avec comme conséquence de permettre une meilleure focalisation de l’attention des visiteurs. La complexité pouvant être source de stress pour les autistes, les modernes cherchant une harmonie basée sur la théorie du « less is more », les deux axiomes se ville afin d’encourager les passants à le fréquenter se augmentation formalise de la par une transparence en façade. « Le musée n’a pas de façades » et « le visiteur ne verra que l’intérieur du musée » énonçait Le Corbusier89. Mais une ouverture trop importante sur l’extérieur, effaçant la limite dedans/dehors peut être préjudiciable aux personnes autistes ayant besoin d’une lisibilité accentuée des espaces. C’est pourtant une tendance qui s’avère être toujours d’actualité. rejoignent. En outre, l’introduction du nombre d’or Par suite, certaines intentions spatiales, comme instrument de mesure donnant aux influencées espaces des dimensions adaptées à l’être concepteurs ont imaginé au fil des siècles humain, semblent être pareillement retenu passés par correspondre à la problématique récente des spécialistes de la conception architecturale médicosociale. proportion permet espaces Humphreys, d’or équilibrés » architecte, « La d’obtenir affirme qui des Simon préconise le d’une par la genre manière dont « musée », accessibilité pour les peuvent tous. Les aménagements favorables à l’inclusion des autistes spécifiquement aujourd’hui introduire et dans qu’il faudrait les musées également qu’un « bâtiment conçu avec existants semblent parfois présents. Mais un sens de clarté et d’ordre a un effet rien ne présuppose d’une adaptation réelle apaisant chez l’utilisateur, qu’il soit autiste des lieux aux besoins de ces personnes, ou non ; la stimulation étant réduite. » les 88 correspondances coïncidences et relevant non de d’intentions conscientes. NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 88 HUMPHREYS Simon, Architecture et autisme, 87 2011, Autisme-Europe, Link édition française, 24 pages. NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au XXème siècle, 2008, source : internet. 89 66 | UNE CAPACITÉ RELATIVE À S’INSCRIRE muséales DANS LA DÉMARCHE DE L’ACCESSIBILITÉ fortement incitées démarche de Finalement, à travers les formes que prennent caractérisés les à mise désormais s’inscrire en dans la accessibilité de leurs structures. A plus forte raison, si l’institution muséale extraordinaires, autant que celles des lieux transcrit des modèles idéologico-politiques, existants, teintés de l’idéal de magnificence elle renvoie également à des prêté sociaux qui suivent, un tout matérialisation des récents, donc architectures de par édifices semblent temps de ces aux musées, modèles tant soit peu, semble l’évolution de la société. D’ailleurs, de par entrer dans une logique de perception de ses missions inscrites récemment dans les l’institution située conception. Concrètement, de sa textes de loi, le musée incarne comme à que la son origine la diffusion de la connaissance société attend d’un musée et ce qu’il auprès du plus grand nombre. Alors, bien représente d’après elle, conditionnent sa que conception. nombreuses Cette en derniers la observation amont ce suppose que la programmation puis la conception de ces lieux publics sont moins attentives qu’il n’y la loi de 2005 ait imprécisions, révélée elle de entre en résonance avec le rôle social du musée, le rappelle de ce fait aux concepteurs et aux institutions elles-mêmes. faudrait à la notion de confort d’usage D’autant que l’architecture, en tant que des visiteurs, dans une logique inverse où profession, est responsable de créer des la environnements réflexion conceptuelle globale qui conviennent aux déterminerait la perception qu’en ont les besoins de tous. Les besoins spécifiques usagers de manière volontaire donc et des handicapés, a fortiori des personnes non subie. autistes, ne devraient plus être exclus des Néanmoins, l’apparition de l’obligation aménagements. légale de l’accessibilité pour tous, définie par la loi du 11 février 2005, commande une inversion de paradigme de ce type. En revanche, la forte pression économique que les institutions muséales subissent, leurs ambitions orientées conséquemment Par l’aspect proprement contraignant de la loi, amplifié par l’évolution sociétale qui pointe à la faveur de la multiplication des actions complémentaires, les institutions vers plus de visibilité au sein de l’espace public et la diversification de leurs fonctions, la complexité administrative qui en résulte, et enfin l’hétérogénéité des 67 édifices, permettent de penser que leur Les résultats permettront alors de mieux capacité à réaliser l’objectif de 2015 est comprendre relative, du moins dans le temps imparti. d’accessibilité Avec cela, dans existants, les le cas des bâtiments musées précontraints pourront certainement n’être améliorés que ponctuellement. Certaines caractéristiques semblent de personnes leur en ce niveau qui autistes et actuel concerne les d’apprécier également si une évolution se dégage, donc l’influence de la loi. leurs toutefois déjà correspondre aux besoins des autistes en termes d’espace. A l’opposé, lors de la conception d’un nouveau musée, la liberté d’action se trouve Cependant, dans largement la création laquelle s’inscrit institution avec une du étendue. « muséal », toute force nouvelle accrue au regard des institutions existantes, laisse présumer que les concepteurs seront finalement moins aptes à y prendre en compte les besoins des personnes présentant des troubles autistiques. Il demeure toutefois la question de l’espace réel des musées, de l’application concrète des mesures prescrites par la loi mais aussi global de dans l’influence lequel elle du contexte s’inscrit. Cela requiert à présent une analyse objective des espaces muséaux existants et futurs afin d’observer dans quelle mesure ils se sont mis en conformité avec le cadre légal et, au-delà, de quelle manière ils se sont engagés dans la démarche de l’accessibilité pour tous. 68 PARTIE 3 ESPACE ET OFFRE : LA RÉALISATION DE L’ACCESSIBILITÉ AU SEIN DES INSTITUTIONS MUSÉALES A quoi peut aboutir la loi telle que définie actuellement 69 L’ANALYSE DES LIEUX EXISTANTS La présente analyse s’inscrit alors dans la continuité de l’état des lieux préalable à la mise | LA NÉCESSITÉ DU BILAN PRÉALABLE DES ÉDIFICES en accessibilité des musées. Néanmoins, le but est ici de définir le niveau d’accessibilité réel pour les personnes autistes exclusivement. Afin d’accompagner les institutions muséales dans leur démarche de mise en accessibilité, le ministère de la Culture et C’est pourquoi l’analyse tient compte à la de la Communication, a rappelé en 2007 fois de l’architecture des lieux en tant que la nécessité d’établir un bilan de chaque telle, des éléments reflétant le respect de édifice, déjà convenu avec l’élaboration du la loi au sein des espaces muséaux et de questionnaire ces « d’évaluation de derniers au regard des l’accessibilité aux personnes handicapées » recommandations, par les législateurs en 2005. « Dans le textes scientifiques, liées aux besoins des cas de bâtiments existants, préalablement autistes en termes d’espace. à tout engagement dans des travaux ponctuels […], il convient de réaliser une étude globale d’accessibilité des lieux du point de vue des besoins de chacun des groupes de personnes concernés (publics et professionnels présentant un handicap) »90. présentées dans les Par ailleurs, le principe d’accessibilité pour tous implique une réflexion sur l’inclusion des plus fragiles et non seulement des personnes s’approchant au plus près de la norme, autrement dit touchés par un handicap léger. Tous les types de troubles autistiques sont pour ce faire considérés, de l’autisme « de haut niveau » dont les Chaque musée a donc dû, à priori, être étudié en fonction de ses propres caractéristiques pour que soient rectifiées ses potentielles inadaptations. personnes touchées sont potentiellement scolarisés et jusqu’à l’autisme relativement « de bas autonomes, niveau » impliquant des déficiences plus profondes. MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Culture et handicap. Guide pratique de l’accessibilité, Paris, MCC, 2007, 247 pages. 90 70 | ÉTUDE SPATIALE DES MUSÉES Dans les cas étudiés, des parkings se situent la plupart du temps à proximité L’ASPECT ARCHITECTURAL des musées. Indépendants de ces derniers En premier lieu, l’aménagement du contexte urbain constitue un facteur essentiel pour que l’accès à un édifice muséal soit facile. Il permet d’inciter les visiteurs à s’y rendre et tient donc pareillement une place élémentaire dans l’élaboration de l’accessibilité pour tous aux institutions muséales. Cet aspect fonctionnel est par ailleurs mentionné dans le guide du ministère de la Culture et de la Communication. Il s’y trouve énoncées la nécessaire proximité des moyens de transport ainsi que la simplicité du cheminement jusqu’à l’édifice. Ce dernier cependant, ils ne donnent jamais directement accès aux bâtiments ce qui induit un parcours quelque peu complexe dans le rapport à l’extérieur. C’est pourquoi, il semble préférable de privilégier l’aménagement de places de stationnement ponctuel qui permettent de laisser descendre, rapidement et au plus près de l’entrée, possiblement les personnes angoissées autistes par les nombreuses stimulations du cadre urbain. C’est le cas du musée des Arts et Métiers qui indique de plus sur son plan d’accès les déposes minutes existants. doit être facilité, sécurisé et adapté91. A cause des déficiences que présentent les autistes, l’enjeu s’en trouve décuplé. Pour limiter les facteurs anxiogènes, les déplacements s’effectuent des personnes préférablement en autistes transport privé, type minibus. Conséquemment, la position des places stationnement l’aménagement du dernier, stratégiques sont parcours depuis pour et ce rendre concrète l’accessibilité de ces personnes aux lieux muséaux. Position relative des places de stationnement du musée des Arts et Métiers Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 91 pages. 71 Toutefois, certains musées disposent d’une handicapés à proximité des édifices. A situation exceptionnelle qui les isole un l’heure actuelle, faciliter l’accès procède temps soit peu de l’agitation de la ville. La majoritairement Cité signalétique explicative sur la position de des Sciences et de l’Industrie bénéficie d’une telle situation, le cadre calme du Parc de la Villette. Les abords du musée du Quai Branly, inséré quant à lui dans le tissu urbain de la capitale, présentent un traitement particulier. L’accès possible par une rue calme à l’arrière du bâtiment, la déambulation à l’intérieur du jardin, la pente douce qui conduit vers un espace resserré avant l’entrée du musée à proprement parlé, créent un environnement de l’installation d’une l’entrée du musée. Et si les alentours des édifices peuvent, dans une certaine mesure, être retravaillés postérieurement à leur construction, la problématique de l’inclusion des personnes présentant des troubles autistiques, plus largement des personnes semblerait être prise en handicapées, compte de manière relativement superficielle. favorisant l’accueil de personnes autistes. Dans un second temps, la question du hall d’accueil se pose, impliquant celle de la façade. Relativement aux déficiences autistiques, ces espaces sont déterminants. Effectivement, autistes de il est difficile coordonner les pour les sensations provenant de l’environnement autant que d’intégrer la temporalité. C’est pourquoi ils ont besoin que les espaces soient délimités de manière claire et aménagés pour être contenants. Une allée calme à la vue cadrée dans le jardin du musée du Quai Branly La situation de ces musées permettrait de les dispenser d’aménagements particuliers. En revanche, de manière générale, il existe rarement consacrées des places de spécifiquement stationnement aux publics Cependant, au sein des édifices muséaux étudiés, la transparence en façade par l’utilisation de larges baies vitrées et les halls d’accueil de très grandes dimensions s’avèrent partie généralisés. des cas, Dans la majeure l’ouverture, encore augmentée par des menuiseries limitées au strict minimum, a pour effet d’effacer la 72 limite entre l’intérieur et l’extérieur quand Le Palais les halls se présentent comme de vastes présente espaces peu structurés. faiblement de la Découverte l’avantage de ouvert Effectivement ce n’être sur vieil également que l’extérieur. édifice, classé monument historique, ne montre qu’une porte d’entrée de petites dimensions aux vues de celles de l’édifice. C’est pourquoi, il se trouve autrement centré sur lui-même que d’autres plus récents. Le principal inconvénient du lieu s’observe alors dans ses dimensions particulièrement vastes et le peu de latitude qu’ont subséquemment les concepteurs pour y apporter des transformations. Transparence de la façade du centre Pompidou Toutefois, une solution, pour les bâtiments contraints par leurs dimensions, semble Cela dit, le hall d’accueil du musée du être alors de dissocier l’accès du public et Quai Branly, ouvert en 2006, manifeste celui une intériorité véritable. Ce lieu sobre, aux Concrètement, une seconde entrée, plus dimensions relativement faibles, permet de intime et associée à un parcours simplifié le penser propice à l’accueil de personnes jusqu’aux expositions peut répondre aux autistes. Le lieu reste remarquable mais la besoins transition est douce. troubles autistiques. C’est ce que montre des des personnes visiteurs handicapées. présentant des le centre Pompidou qui offre une entrée, spécifiquement destinée aux personnes handicapées, au niveau de la mezzanine. Si elle a été conçue à l’origine pour les handicapés moteurs, elle évite la traversée du hall contenant particulièrement qui pourrait vaste et peu provoquer des angoisses chez les personnes autistes. Cependant, l’adaptation de ces éléments se trouve seulement évoquée par le texte de loi et dans le guide du ministère. Ce Le hall d’accueil sobre et contenant du musée dernier indique uniquement que « [...] les du Quai Branly 73 vastes espaces dépourvus de signalétique sujet de la structuration des espaces et […] du rapport à l’extérieur. peuvent certaines être très anxiogènes personnes, pour notamment handicapées mentales ou souffrant d’une déficience psychique. Il faut donc veiller à l’accompagnement de ces personnes dans leur perception de l’environnement par une signalétique adaptée, voire une aide humaine. »92 Ils demeurent en majeure partie inadaptés aux personnes autistes présentant des déficiences profondes. Et les architectes engagés dans la mise ne conformité des édifices de même que les institutions ne semblent pas conséquences avoir de conscience leurs choix sur des ces personnes dont la perception de l’espace, de manière générale, diffère de la norme. Au sujet de la transition du hall vers les espaces d’exposition, comme le guide le du texte de ministère loi énonce l’obligation de sécuriser le parcours face aux obstacles potentiels qui y seraient présents. Mentionnant à nouveau l’usage L’immense hall saturé d’informations de la Cité des Sciences et de l’Industrie d’une signalétique halls d’accueil peut en modifier la perception et les rendre plus ou moins anxiogènes, la mention unique d’une et la responsabilité du personnel des musées de dispenser une n’implique Alors même que l’organisation spatiale des adaptée aide aucunement humaine, de cela modifications concrètes de l’architecture des lieux ou d’exigences quant à leurs ambiances. Concrètement, deux partis pris opposés se dégagent de l’étude des édifices muséaux. adaptation de la signalisation au sein des D’une part, l’allusion à une frontière pour textes décrire de référence sur l’accessibilité semble annihiler toute réflexion possible au Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 pages. transition entre hall et exposition est parfois appropriée tant les variations 92 la spatiale et lumineuse sont instantanées. Le musée du Quai Branly est l’exemple le plus marquant. La longue rampe par laquelle les visiteurs accèdent à 74 l’exposition permanente d’une D’autre part et la majorité du temps, la ambiance stable est neutre. Y succède un modification de l’ambiance est à peine large perceptible voir inexistante. C’est le cas du couloir, noir et profite à l’éclairage directionnel éblouissant qui ne constitue musée de surcroît qu’une transition vers l’espace transition est seulement matérialisée par la d’exposition. Ce dernier est encore traité présence des anciennes portes de la gare différemment. laissées ouvertes, sans aucune variation Ainsi, trois espaces très contrastés s’enchainent. d’Orsay, entre autre, où la lumineuse. Les textes du champ de recherche sur l’autisme, expliquent qu’une attention particulière aux variations d’ambiance de manière à éliminer les modifications brutales de l’environnement est nécessaire au confort des personnes autistes. De manière fortuite, il apparait donc que le La rampe d’accès à l’exposition permanente du musée du Quai Branly traitement généralement des favorable transitions est à des l’accès personnes autistes aux lieux d’exposition. En outre, leur matérialisation apparait relever de la volonté des aménageurs bien plus que de l’architecture du lieu en ellemême. C’est pourquoi, d’inadaptation, cet modifiable peu pour en cas élément que serait les acteurs concernés soient mieux informés de l’enjeu qu’elle représente. Par suite, si certains musées proposent des espaces de pleins pieds, la Cité des enfants par exemple, et sont de ce fait immédiatement accessibles à l’intégralité L’axe central de l’exposition et l’accès à cette dernière, dans l’ombre des personnes handicapées, la transition entre le hall d’accueil et les lieux 75 d’exposition occasionne très souvent s’agisse de l’âge de ces dernières, de leur l’utilisation de circulations verticales et, ou mobilité, ou encore de leurs capacités horizontales. visuelles, il semble que cette thématique C’est le cas du centre Pompidou, bien connu pour son escalator à la vue bénéficie d’une attention particulière de la part des concepteurs. panoramique. Il se révèle peu propice à Ainsi, pour ce qui est des lieux réhabilités, l’accueil de certains autistes pour lesquels les il ouverte pourrait ascenseurs, sont des anxiogènes. être angoissant. solution lieux Les de Quant substitution, encore circulations aux ils davantage du musée, aménageurs en sécurisé les aient courantes, en tant qu’édifices Pinacothèque exemple, nombreuses ont marches plusieurs dispositifs tels que l’utilisation de bandes conçus la par présentes entre les salles. Ils ont utilisé comme celles des lieux plus anciens qu’ils été de 2007, pour les annoncer, également de mains d’ascenseurs pour muséaux ou réhabilités dans ce but, se les personnes à mobilité réduite… mais dévoilent en majeure partie peu adaptées. ces installations semblent finalement peu jouer sur la perception sensorielle de l’espace et donc sur l’accessibilité des personnes autistes. Dans le cas des édifices les plus récents et conçus dans le but d’être des musées, le musée solution du Quai intéressante. Branly Les offre une transitions verticales au sein de l’intégralité du lieu sont estompées grâce au traitement incliné du sol qui génère une grande sensation L’escalator du centre Pompidou de continuité. Il résulte de ces éléments d’analyse que Néanmoins, elles se trouvent être le point le plus détaillé dans les prescriptions légales et déjà présentes de plus au sein de textes réglementaires antérieurs à la loi de 2005. Parce qu’elles représentent un point sensible de la sécurité des bâtiments les architectes possèdent des compétences particulières au sujet du traitement des circulations et qu’ils y sont, de plus, très attentifs. solutions Par ailleurs, concrètes les qui nombreuses leur sont proposées semblent les influencer et la et concernent tous les handicaps, qu’il 76 plupart des musées correspondent ainsi les espaces partagés de manière générale, aux normes édictées par la loi. un équilibre entre une sollicitation active Cependant, cette mise en accessibilité physique des lieux ne suffit pas toujours à inclure les personnes autistes. De plus, il est certain qu’une modification profonde des circulations quand elles se trouvent totalement raison inadaptées des sera difficile contraintes en techniques des personnes autistes et un isolement, une distanciation non anxiogène où le lien perdure94. A l’égard des déficiences autistiques, le positionnement des assises et l’aménagement représentent ainsi de lieux un enjeu de repos stratégique pour le confort de ces personnes. auxquelles elles sont soumises. En effet, Mais l’étude des lieux révèle que, les aires c’est le facteur le moins modifiable qui de repos ne se matérialisent généralement touche à la structure même de l’édifice. que par des banquettes et autres assisses Malgré l’investissement concepteurs, avéré certains lieux des anciens devraient reste inaccessibles aux autistes présentant des déficiences profondes. installées la plupart du temps au centre des salles d’exposition. Situées entre la problématique circulation visiteurs, de et celle les relativement la gestion de institutions peu de l’attente se attentives la des montrent au confort d’usage qu’elles permettent véritablement. C’est sans compter sur l’aménagement L’espace d’attente de la Cité des Enfants d’aires de repos, venant répondre aux reflète « lieux par assisses de replis » 93 mentionnés parfaitement y soient ce propos. nombreuses Les et Sthépane Courteix dans ses recherches. Ils circonscrivent la zone mais elles flottent pourraient servir à la prévention de la dans l’espace, ne venant jamais s’adosser violence face aux réactions brutales que à une paroi. peuvent avoir les personnes autistes après avoir emprunté une circulation inadaptée A l’inverse, au sein du musée des Arts et par exemple. Métiers Elles sont d’autant plus essentielles à la offrant exclusivement des banquettes pour mise en accessibilité des lieux muséaux le repos des visiteurs ponctuent les lieux qu’il s’avère nécessaire d’instaurer, dans d’expositions COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Lyon, Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL, 2009, 35 pages. 94 93 dont la politique d’accessibilité semble très développée, de petits espaces à proprement parler. Il COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Lyon, Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL, 2009, 35 pages. 77 semble ainsi que les institutions menant l’absence de mention des aires de repos une au réflexion approfondie au sujet de sein des textes l’accessibilité et étant de ce fait attentive Effectivement, au niveau de confort de l’intégralité de l’obligation que soient présents, quelque leurs part, des assisses… Les aménageurs ne se visiteurs soient capables d’inclure réellement les personnes autistes. Par ailleurs, certains ils réglementaires. prescrivent uniquement trouvent par conséquent pas informés de musées ne ce qu’elles représentent. nécessiteraient que peu d’aménagements pour intégrer des aires de repos. La disposition des parois de la Pinacothèque, par exemple, crée de petites zones qui apparaissent comme préservées du reste. Il suffirait alors d’y installer des assises. Pour en revenir aux lieux d’expositions à proprement parlé, il s’avère que les textes officiels ne les mentionnent pas non plus pour ce qui est de leur organisation générale. Dans le cas des musées étudiés, ces derniers présentent souvent des espaces ouverts. C’est-à-dire que des liens visuels entre salles plus ou moins lointaines sont établis. Toutefois, cette ouverture peut se matérialiser de manière très variable et l’impact résultant sur la perception des personnes présentant des troubles autistiques est pareillement inégal. D’une part, il est des salles organisées Un exemple des recoins présents dans l’espace d’exposition de la Pinacothèque autour Sciences d’un axe et de Pompidou, le Ainsi, cette réflexion demande des connaissances spécifiques de la part des institutions d’abord responsables de la programmation, des architectes ensuite en charge d’aménager les lieux, qui ne semblent les posséder, actuellement. Se trouve alors en cause troubles La l’Industrie, Cité le des Centre musée d’Orsay répondent particulièrement organisationnel. central. à ce principe Or, conséquemment aux autistiques, il est préférable d’organiser l’espace afin de permettre une mise à distance des personnes et préserver ainsi un lien social autre que premièrement 78 proximal95. C’est pourquoi, si un axe périphériques inaccessibles l’éloignant de central permet de structurer le parcours et ce le simplifie, il crée également de grandes davantage perceptives à travers les lieux d’exposition personnes autistes que le hall d’accueil. qui peuvent s’avérer anxiogènes. fait de la façade. favorables Ils aux sont alors besoins des L’ouverture se matérialise différemment au sein de certains lieux anciens et réhabilités qui possèdent de petites dimensions et s’avèrent alors davantage contraints. Le parcours de la Pinacothèque, par exemple, s’effectue à travers une succession de petites salles conditionnées par l’immeuble de rapport dans lequel elle s’est installée. L’espace mais est particulièrement complexe. Aussi, pour contenant qu’il ne devienne pas potentiellement angoissant, certaines cloisons ont été percées. Cela La grande perspective à travers l’espace de l’exposition permanente du centre Pompidou permet des vues sur la suite du parcours, un lien visuel et une sensation d’ouverture. Néanmoins, il semble vrai qu’un élément L’architecture et l’organisation du lieu néfaste, s’il n’est pas modifiable, peut-être paraissent le rendre apte à accueillir des atténué par d’autres aménagements. Par personnes autistes. suite, si le monumental et la transparence sont recherchés dans les halls, il apparait que soient davantage privilégiés dans les espaces d’exposition architecturaux qui des en dispositifs resserrent les proportions et les ferment un temps soit peu vis-à-vis de l’extérieur. Ainsi, à l’intérieur du lieu vaste et à priori flexible du Centre Pompidou, les aménageurs ont créé des sous-espaces en rendant l’échelle un peu plus intime. En outre, l’espace d’exposition dans lequel évoluent les Un exemple de percement des murs à la Pinacothèque visiteurs est circonscrit par des circulations 95 Présence dans le champ perceptif 79 Finalement, il s’avère réhabilités sont lieux l’ambiance qu’ils composent se trouvent plus particulièrement détaillés par le texte de contraints que les édifices répondant à la loi de 2005 et des textes antérieurs en fonction contraignent de que les généralement musée dès leur origine, notamment dans l’organisation du parcours n’est les circulations. circulations qu’ils conditionnent. Toutefois, il ne faut pas présupposer de leur potentiel pour une adaptation aux besoins des personnes autistes. En outre, il d’accueil se dégage sont les pas sans l’installation. rappeler le cas Ce des Concrètement, il y est prescrit une lumière diffuse, indirecte de préférence, pour éviter l’éblouissement. Il est expliqué qu’il faut que les halls espaces également les moins également supprimer les zones d’ombres et les contrastes lumineux brutaux ainsi adaptés à leurs besoins alors même qu’ils qu’éclairer constituent le premier rapport aux lieux obstacles à la circulation. Ces normes se muséaux. A l’inverse, le principe même rapprochent d’exposition une concernant les besoins des autistes en certaine fermeture des lieux vis-à-vis de termes d’espace. Parce que les personnes l’extérieur et une relative structuration de autistes l’espace. espaces qu’elles présentent des difficultés à gérer d’expositions sont globalement relativement les stimuli provenant de l’environnement, il adaptés d’un point de vue architectural. y requiert C’est assurément pourquoi, les Par suite, le traitement de leur ambiance qui incombent autant voire davantage au scénographe qu’à l’architecte laquelle l’institution et dans est partie prenante, ait suffisamment des sont de précisé teinte éventuels recommandations souvent toutefois artificiel les hypersensibles, que chaude l’éclairage doit être privilégié pour sa similitude avec la lumière naturelle et qu’il faut éliminer les sources lumineuses instables telles que les néons. sont déterminants du fait qu’ils influencent Par suite, il ressort que les éclairages des fondamentalement lieux d’exposition sont traités de manière la perception et les sensations des visiteurs. extrêmement variés. Il y a trop peu de lumière à la Pinacothèque et l’ambiance lumineuse l’éclairage premièrement procède la lecture et la compréhension plus ou moins claire de l’espace par les visiteurs. D’ailleurs, les lieux est aussi trop fortement contrastée. Il en va de même au L’ASPECT SCÉNOGRAPHIQUE De des luminaires et musée du Quai Branly où les sources sont de plus diversifiées : directes, indirectes, parfois éblouissantes, renvoyant une lumière chaude ou froide, etc. Certains choix sont préjudiciables parce que portés 80 sur des luminaires dispensant une lumière trop artificielle, l’éclairage blanc du Centre Pompidou par exemple. Mais il est aussi des choix désavantageux quant à la nature des sources tels que les projecteurs utilisés au Palais de la Découverte. L’ambiance lumineuse homogène dans l’allée centrale du musée d’Orsay En définitive, bien qu’un éclairage sécurisant soit aujourd’hui présent dans l’intégralité Un exemple de projecteurs en rampe renvoyant une lumière vive au Palais de la Découverte des espaces semblent être celles du musée d’Orsay et du musée des Arts et Métiers. Les deux lieux présentent une lumière proche de les escaliers par exemple, il ne parait pas toujours correspondre réglementaires Aussi, les installations les plus propices dangereux, d’exposition. souvent dans aux les textes espaces A fortiori il apparait bien inadapté à l’accueil de des personnes autistes et plus largement des publics handicapés mentaux ou visuels. celle naturelle et bénéficient également de Et s’il est en partie conditionné par la la lumière du jour, provenant de l’immense configuration voute et grande partie provenir des intentions que latéralement mais tempérée par l’utilisation les concepteurs et les institutions prêtent de Les à ces espaces, donc des choix auxquels fait ils ont procédé. Pourtant, de par son homogènes et les éclairages artificiels sont influence sur la perception de l’espace, ce utilisés principalement en complément. facteur détermine la qualité d’usage des vitrée masques ambiances dans le dans lumineuses premier le sont cas second. de ce des lieux, il semble en visiteurs et il de ce fait primordial pour rendre effective la mise en accessibilité des musées. 81 En ce qui concerne l’acoustique des concepteurs autant que les aménageurs ne bâtiments, les textes prescrivent à l’unisson prêtent une isolation phonique suffisante. Dans le problématique. Elle aurait dû, en outre, champ de recherche sur l’autisme, il est faire l’objet d’un traitement particulier à la expliqué l’intensité suite de l’état des lieux destiné à définir sonore est essentielle pour le confort des les travaux de mise en accessibilité des personnes autistes car le bruit peut leur édifices. que la gestion de être pénible voire terrifiant. Cependant, attention à cette Les prescriptions légales ne semblent ainsi pas toujours respectées alors même qu’en plafonds sont propices à la réverbération. dépend le confort de tous les visiteurs et De ce point de vue, le vaste hall d’accueil plus encore celui des personnes autistes. ouvert du sur vastes assez de circulaire les pas Palais lieux de la l’ensemble hauts Découverte des espaces d’expositions s’est révélé très défavorable à l’accueil de personnes autistes. D’autant que les expositions sont équipées pour la plupart de nombreux dispositifs audiovisuels faiblement directionnels. Il en va de même à l’intérieur de la Cité des enfants où de nombreuses activités mécaniques et des dispositifs interactifs bruyants animent l’espace. C’est pourquoi, dans les lieux cherchant une interactivité Dans une perspective globale, la manière dont est conçue la scénographie et muséographie d’une exposition, influe à la fois sur la perception de l’espace et le confort des visiteurs. Elles ne se trouvent pourtant pas concernées par le cadre légal. Quant au guide du ministère, il détaille des dispositifs particuliers sans évoquer l’organisation générale de l’espace. un Deux partis pris principaux se dégagent de problème causé par des sources sonores l’étude des espaces muséaux. D’un côté, la ponctuelles insuffisamment directionnelles sobriété et un accrochage aéré semblent qui accentuent le bruit global. généralisés dans les lieux dédiés à la avec le public, Toujours acoustique il est-il des y que lieux a également le traitement muséaux semble globalement trop faible. Dans les faits, les normes concernant la quantité de décibels autorisés dans les espaces publics sont très contraignantes performants apparait et existent. que les des dispositifs Néanmoins, institutions, il les contemplation. Au Centre Pompidou par exemple, le sol bénéficie d’un revêtement unique, les cloisons sont presque dans leur intégralité blanches et les tableaux disposés à une certaine distance les un des autres. Mais, la couleur peut aussi être présente comme dans la scénographie du musée d’Orsay qui est néanmoins 82 homogène grâce à l’utilisation de matériaux harmonisés avec ceux du lieu lecture de l’espace, dématérialisé par la transparence et les reflets. initial. Les couleurs choisies ne sont pas agressives et permettent par ailleurs de se repérer. L’espace compliqué du musée du Quai Branly, dématérialisé par les nombreuses vitrines L’espace sobre et lisible du centre Pompidou (ici vide) Ainsi, pour les personnes autistes qui « perçoivent l’ensemble des détails d’une situation sans les hiérarchiser quant à leur D’un autre côté, dans les lieux prônant pertinence explicative du contexte »96, les une interactivité avec le public notamment, musées de la deuxième catégorie et plus les matériaux, textures et couleurs, sont particulièrement le musée du Quai Branly démultipliés. C’est le cas de la Cité des ne semblent nullement correspondre à ce enfants besoin de lisibilité des espaces. où les nombreuses couleurs globalement vives, utilisées au sol et sur les murs pour distinguer viennent s’associer couleurs des les zones, aux matériaux et dispositifs interactifs et composent un paysage complexe. Effectivement, le confort des personnes autistes diffère singulièrement de ce point de vue de celui des autres visiteurs, handicapés ou non. Ils vivent dans un monde saturés de sensations... Dès lors, Cette tendance arrive à son paroxysme au des lieux où il n’y a pas trop de tableaux sein du musée du Quai Branly. En effet, le et, plus généralement, ceux où ils ne sont parcours est complexe de par la présence pas trop sollicités, seront préférables à des parois arrondies, des couleurs vives et variées et des contrastes lumineux brutaux. Les nombreuses vitrines brouillent aussi la COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants du développement et rapports à l’espace, Lyon, 96 Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL, 2009, 35 pages. 83 des lieux trop densément remplis. Par ailleurs, la simple installation de cordons de sécurité est favorable à pas modifiables, de nombreux aménagements pourraient être réalisés. leur apaisement car ces barrières physiques qui délimitent l’espace leur offrent une certaine protection. Toutefois, il privilégier au sein des lieux muséaux les est avéré que ni les législateurs, ni les concepteurs, institutions et autres aménageurs conscience de Ainsi, les concepteurs devraient aujourd’hui ce ont réellement qu’impliquent les troubles autistiques. principes d’homogénéité et de sobriété des ambiances, de contenance, d’ouverture contrôlée des espaces et leur structuration également. Effectivement, les intentions conceptuelles des architectes et scénographes en charge de matérialiser première | UNE ADAPTATION SPATIALE TROP FAIBLE Pour conclure, il est certain que la sobriété qui émane aujourd’hui de certains lieux muséaux qu’ils s’agissent de bâtiments réhabilités ou de constructions peut participer au confort des personnes autistes. Il en va de même de certains aménagements prescrits ou évoqués par la loi et le guide sur l’accessibilité et qui sont aujourd’hui introduits au sein des édifices revanche, de manière même les constante. musées En ouverts les espaces importance. sont de Néanmoins, la programmation imputable aux institutions, qui pose les contraintes et enjeux pour ce qui est du confort des usagers, joue également un rôle essentiel. En outre, la loi semble exercer un pouvoir de contrainte certain sur ces derniers. D’un autre constaté côté, que il a toutes également les été prescriptions qu’elle contient ne sont pas appliquées consciencieusement et ce malgré le bilan général qui a dû être effectué de chaque édifice. postérieurement à la promulgation de la loi demeurent en grande partie inadaptés aux autistes mais pas seulement, par leurs ambiances notamment. Il n’en reste pas moins que les textes réglementaires demeurent pour Toujours est-il que dans l’intégralité des spatialisation de cas, si tous les aspects des lieux ne sont mentionnent pas explicitement l’influence l’aspect qui est peu contraignants de ce trop l’accessibilité scénographique de et la ne et 84 muséographique. Par ailleurs, bon nombre LES ANALYSES COMPLÉMENTAIRES de problématiques concernant les autistes sont ignorées. Rappelons que l’analyse des textes existants a permis de conclure que le socle de connaissances disponible sur le confort d’usage des autistes se trouve | L’OFFRE DANS LES INSTITUTIONS EXISTANTES peu associé à la réflexion globale sur l’accessibilité. Il semble aujourd’hui qu’il faille intégrer ces connaissances sans quoi la mise en accessibilité des édifices muséaux aux particularités sensorielles et cognitives des personnes autistes est compromise. précises ont pour conséquence une trop information des concepteurs, prescripteurs et autres acteurs intervenant au sein de l’espace muséal. Par là, ils paraissent être trop peu impliqués dans la mise en Le texte de loi impose également la mise en place d’une offre culturelle adaptée au sein des institutions muséales. En raison des troubles autistiques, complexes et généralisés, l’accueil de ce public implique des dispositions spécifiques, précises et En outre, les manques de prescriptions faible Cependant, le lieu n’est pas tout. accessibilité des espaces d’exposition. Ces éléments limitent fortement l’impact de la loi et amenuisent l’ambition placée dans l’objectif de l’accessibilité pour tous. plus contraignantes que pour d’autres handicaps. Allant dans ce sens, le guide de l’accessibilité97, reprenant les conclusions présentes dans un rapport de la HAS98, détaillant évoque ces conditions en jusqu’à la manière de communiquer avec eux. Bien que le présent travail porte expressément sur l’étude spatiale des lieux muséaux, la prise en compte de cet aspect de l’accessibilité provient donc des troubles en eux-mêmes. Ils permettent de supposer, en outre, que la mise en place d’un accueil spécifique de ses personnes Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 97 pages. Recommandation de bonne pratique. Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012, 98 60 pages. 85 est au moins aussi importante que l’aménagement des lieux. droit a conduit bon nombre institutions à Par ailleurs, les analyses du guide du ministère, des projets complémentaires et de la situation des institutions muséales, ont démontré que l’encouragement de ces dernières handicapés concernant mentaux essentiellement l’accessibilité semble vers En outre, l’instauration d’une carte passe se des tourner l’élaboration d’une offre et d’un accueil adaptés. ne jurer que par elle. Et si dans certains cas le personnel du musée octroie l’abattement tarifaire sans cette carte, au musée du Quai Branly entre autre, elle s’avère désormais absolument obligatoire la plupart du temps. Par ailleurs, culturelles certaines ne institutions présentent aucun tarif particulier pour les personnes touchées par un handicap ce qui peut s’avérer Dan un premier temps, faciliter l’accès de ces personnes aux lieux d’exposition a entrainé une action sur le prix d’entrée dans les institutions. Ainsi, dans le cas des musées étudiés, l’entrée n’est payante que pour les visites spéciales encadrées par un guide ou proposées. les activités éventuellement Concrètement, au centre Pompidou les prix de ces dernières varient entre trente et cent euro par groupe. handicapée accompagnateur, est et à dont le budget est défini par l’état principalement. Cela ne concerne pas le corpus étudié mais le Cent-Quatre, par exemple, n’applique aucun tarif préférentiel. Ainsi, si l’effort consenti par les institutions semble se généraliser, il ne l’est pas encore à l’unanimité. Les effets de cette tarification particulière ayant impulsé une première action en direction de toutes les Néanmoins, la gratuité, accordée à toute personne décourageant pour les centres d’accueil son personnes handicapées peuvent être relativisés. sous condition de présenter un justificatif d’invalidité. Elle a par ce fait impliqué conjointement l’état, Dans un deuxième temps, avant même ayant d’évoquer impulsé la création des cartes le contenu réel des offres MDPH , et les institutions, faisant preuve culturelles proposées par les institutions, la de bonne volonté pour rendre leur accès question plus abordable. autistes à se rendre aux expositions se 99 de l’incitation des personnes pose et, par là, la communication faite à ce sujet. Maison départementale des personnes handicapées 99 86 Aujourd’hui, la plupart institutions pratiques communes à tous les visiteurs et disposent d’une page web sur leur site malgré la diversité des troubles, ils ne destinée sont jamais distingués. aux certaine leur des publics handicapés et proposent également un guide spécifique pour préparer leur visite. Le centre Pompidou a en effet objectivement adapté son site pour que la compréhension des informations soit simplifiée. Une écriture en grand caractère, des couleurs bien distinctes selon le type d’informations, etc. Le musée fournit aussi un guide qui présente les offres culturelles adressées à ces publics. les guides de visite supposent d’une certaine attention portée à l’accueil des personnes handicapées. Toutefois, tous les musées ne sont pas aussi zélés, certains portée chaque aux handicap spécificités mental de semble globalement faible et ne préfigure pas d’une adaptation réelle de l’offre. Il est possible d’émettre l’hypothèse qu’en conséquence elle n’encourage que peu ces personnes à se rendre au musée, d’où le faible nombre de visites qui se réalise. Dès à présent, il est permis de penser que Les sites internet adaptés mais bien plus encore L’attention sites peu d’institutions ont conscience de leurs possibilités d’action. Et s’il ne faudrait pas omettre la question de moyens dont elles disposent ou également la non, priorité cela questionne consentie à cet enjeu, devenu obligation légale. demeurent inadaptés et les guides non obligatoires sont peu répandus. Il est pourtant vivement conseillé, dans les prescriptions légales et plus précisément dans le guide du ministère, d’adapter jusqu’à l’information fournie sur ceux-ci. nettement internet au handicapé moins que présent ceux mental sur est les sites correspondant aux autres handicaps. A plus forte raison, les explications relatives aux facilités d’accueil des personnes handicapées mentales sont souvent l’inverse, le musée du Quai Branly communique largement sur sa politique d’inclusion de l’ensemble des personnes handicapées. Il organise, entre autre, une Semaine de l’accessibilité tous les deux En outre, il apparait que le pictogramme attribué A succinctes. Dans certains cas, elles renvoient seulement aux informations ans dans le but de faire connaître son offre et de susciter des visites ultérieures notamment. Il vise également à sensibiliser le public ordinaire à la mixité et à obtenir une visibilité dans la presse. Il semble alors que la problématique du handicap est considérée par le musée davantage comme une possibilité d’élargir son nombre potentiel de visiteurs que 87 comme une contrainte. En conséquence, Si une offre existe, certaines particularités l’institution parait exemplaire pour ce qui de est de la prise en compte des handicapés méconnues et peu prises en compte. et de leur inclusion. l’autisme Quant au semblent musée du néanmoins Quai Branly, les différentes possibilités de visites mettent Néanmoins, la visibilité de l’offre ne saurait diminuer l’importance de son contenu véritable. attention réelle aux besoins des handicapés mentaux et ont de ce fait concrétisé une offre particulière à leur Très concrètement, le centre Pompidou et le musée du Quai Branly proposent des visites guidées animées par des animateurs formés à la neuro- pédagogie alors en mesure de comprendre les spécificités Leurs sonores en qui avant se sont des dispositifs avérer faiblement directionnels. Ces derniers sont installés au sein de l’axe central qui est un lieu Ainsi, certains musées font preuve d’une sujet. notamment offres des personnes adaptées autistes. comprennent également des ateliers et des fiches de visites en langage simplifié. De plus, le musée du Quai Branly ouvre sur demande le lundi, à priori jour de fermeture, pour permettre aux personnes autistes une visite au calme. Cependant, dans passant. Ce n’est pas forcément cohérent avec les troubles autistiques, notamment l’hypersensibilité sensorielle et la très relative focalisation de l’attention. De plus, c’est par le biais d’un audio-guide que les visites se trouvent facilitées ce qui ne semble pas s’adresser spécifiquement aux personnes autistes. Bien qu’affirmée par l’institution, la réflexion sur les troubles autistiques et ce qu’ils requièrent n’apparait pas suffisante. En outre, certaines caractéristiques du et l’architecture musée de de son aménagement ont dévoilé qu’ils pouvaient être anxiogènes pour les personnes autistes. C’est pourquoi, malgré la volonté du musée d’être accessible à tous et le cas du centre Pompidou, il demeure un point sensible : l’accueil physique de ces personnes. Ce dernier est prévu par la piazza, c’est-à-dire l’entrée principale, donnant accès au hall immense et peu contenant et non par l’accès handicapé situé sur la mezzanine comme il leur serait davantage favorable. l’incitation forte envers l’ensemble des handicapés et leurs accompagnateurs, il paraît difficile qu’elle se concrétise à cause de la physionomie des lieux euxmêmes. Au sujet du musée d’Orsay, il présente la particularité d’avoir reçu le label Tourisme et Handicap en 2005. Il a ainsi été 88 reconnu que l’institution mettait en œuvre L’établissement des moyens suffisants pour permettre un pas non plus d’offre spécifique à leur accueil personnes sujet. Il est pourtant pilote du RECA100 qui handicapées quel qu’elles soient. Dans la regroupe toutes les institutions évoquées pratique, jusqu’à présent mis à part la Pinacothèque. de il spéciales, qualité n’est le l’institution aux pas prévu de service se visites d’accessibilité voulant avant tout de une « aide à l’autonomie ». IME et autres instituts pour leur permettre de prévoir des visites dans le contexte le plus favorable. De plus, des membres du aident ne propose En outre, il semble partagé entre deux tendances. D’un côté, le Palais de la découverte ne fait globalement que peu Toutefois, ce dernier dialogue avec des personnel Unisciences les accompagnateurs mention de l’accessibilité. De l’autre, la Cité des Sciences et de l’Industrie concentre les efforts avec une page web, faiblement adaptée cela dit, et un service dédiée à l’accessibilité. dans l’organisation de leurs visites puis dans leurs cheminements à l’intérieur des lieux. En outre, le service leur octroie l’ouverture des lieux le lundi, pourtant jour de fermeture de l’institution, car le musée est, la plupart du temps, particulièrement bondé. De ce fait, si la prise en compte des besoins des personnes autistes reste informelle, l’institution semble néanmoins s’investir concrètement. Il est avéré institutions, que mis Pinacothèque, s’est l’intégralité à part engagée des donc la dans une démarche de mise en accessibilité de leur offre culturelle. Cela dit, en distinguant les types de handicaps, les actions menées dévoilent une forte hétérogénéité, particulièrement au sujet des handicapés mentaux. En conséquence, il parait évident Il en va bien différemment dans d’autres qu’un manque de communication règne musées. Aussi, les dispositions prises par entre la dialoguer au sein du RECA. Pinacothèque handicapés pour concernent l’accueil des uniquement les handicaps visuel et moteur. Alors que le musée a ouvert après la promulgation de la loi, seuls aménagements sont à noter physiques. quelques Aucune Par les institutions, ailleurs, les censées institutions pourtant muséales tiennent particulièrement peu compte des autistes et de leurs particularités sensorielles et cognitives. adaptation donc de son offre culturelle et le handicap mental reste ignoré. Réunion des établissements culturels pour l’accessibilité 100 89 Une institution cependant se tient à part. l’inclusion de tous dans sa structure. Ayant En nombre permis une réflexion approfondie sur les d’années que le musée des Arts et Métiers besoins découlant des troubles autistiques, s’est de entre autre, il s’ensuit des adaptations les concrètes de l’offre culturelle proposée. effet, depuis engagé un dans développement certain une des politique activités pour publics présentant des handicaps mentaux notamment. Le musée collabore ainsi au sujet des autistes avec des IME101. Depuis 2007, il dialogue de plus au sein du CNAM102 avec un service spécial, le Handi’cnam. Par ailleurs, il semble que son adaptation se soit faite conjointement à celle de l’espace. Effectivement, les lieux ont semblé particulièrement adaptés à l’accueil des personnes autistes. Ces derniers sont plutôt sobres et contenants, l’ambiance y Sa politique se traduit en premier lieu par est homogène et des espaces de repos, les informations particulièrement précises différenciés de ceux de présentations, sont dispensées sur son site internet et dans également aménagés au sein du parcours. son guide de préparation de visite qu’elle Et d’ajouter que ce dernier est divisé, propose. Plus concrètement, l’institution a selon prévu plusieurs plusieurs guidées programmes associées à des de visites activités et des thématiques parties l’intégralité l’accueil d’expositions. handicap publics mental. en Les situation groupes de sont restreints à une quinzaine de personnes maximum pour qu’elles puissent être convenablement encadrées et leur temps est limité du fait de la capacité d’attention réduite des personnes autistes. Sur le site indépendantes. en Cela permet d’éviter une traversée forcée de encadrées par des médiateurs formés à des particulières, des nombreux espaces Il est alors permis de penser que la réflexion menée au sein de l’établissement va au-delà des prescriptions légales en se concentrant avant tout sur le confort d’usage de tous ses visiteurs. internet du musée, il est par conséquence conseillé aux accompagnateurs, de prévoir plusieurs visites, également dans le but que les participants s’habituent aux lieux. Ces éléments transcrivent assurément l’intérêt prononcé que portent le musée à Institut médico-éducatifs Conservatoire National des Arts et Métiers dont dépend le musée des Arts et Métiers 101 102 90 Si une inadaptation flagrante des lieux voir superficielle. En outre, le handicap ne muséaux fait autistes aux besoins des s’est dégagée de personnes l’étude du corpus, une offre culturelle qui leur serait accessible émerge. pas toujours l’objet d’une mission spécifique au sein de l’administration des institutions. Au contraire, le musée des Arts et Métiers Il s’ensuit un point essentiel. L’offre et a totalement intégré l’accueil dépendent en grande partie des handicap, incluant l’autisme, à sa mission contacts humains. Le caractère immatériel générale d’accueil du public et dans sa qu’ils supposent les rend plus évolutifs et politique. adaptables que les lieux physiques. Par s’effectue au sein du Handi’cnam profite ailleurs, ces aspects de l’accessibilité sont sans nul doute à l’institution muséale. De manifestement des ce fait, il apparait que l’accessibilité en facteurs moins nombreux que les espaces tant qu’action semble davantage être le muséaux. Il ne semble pas anodin non résultat plus de l’institution sur ses possibilités d’actions qui qu’une obligation préalable. de contingentés relever l’aménagement qu’en de ces par comparaison derniers, demande l’implication d’un grand nombre de professions, l’adaptation de l’accueil et de l’offre concernent essentiellement l’institution. Ainsi, En la thématique du parallèle, d’une prise la de réflexion qui conscience de Aussi, une culture de l’accessibilité semble s’être développée permettant que le lieu et l’offre se développent simultanément et soient aujourd’hui en avance vis-à-vis du l’évolution du discours sur reste des musées étudiés. l’accessibilité, la multiplication des actions en direction des institutions également, paraissent avoir plus de prise, ou peut-être une prise plus rapide, sur la possible adaptation de l’offre culturelle. Elles impactent plus directement sur elle que sur les lieux. Par conséquent, quand le personnel du musée est impliqué pédagogique, la dans relation sa mission avec les accompagnateurs extérieurs et le public se trouve privilégiée quel que soit le groupe accueilli et ses particularités. C’est pourquoi, il semble que la mise en place Cependant, il est avéré que l’offre actuelle d’une offre est très hétérogène et qu’elle reste trop essentiellement faible. Concernant les autistes, elle est institutions de mettre en place un service dans la majorité des cas assez succincte de qualité. accessible Ce à la dernier correspond volonté dépend des d’une 91 réflexion préalable sur ce qui est cherché Ces éléments permettent de conclure que à être transmis en fonction des capacités la propres à chacun. véritablement trop peu explicite quant à ce De plus, il serait nécessaire que l’offre et le lieu soient adaptés simultanément. En effet, l’offre, parce qu’elle implique entre autre la présence très concrète d’un site web adapté, rend visible par tous l’accessibilité. Elle semble alors permettre d’inciter les personnes autistes et, ou leurs accompagnateurs à se rendre aux musées. Toujours est-il que ce sont inévitablement les lieux qui matérialisent définissent l’accessibilité autant à que proprement loi du 11 février 2005 se montre qu’implique l’objectif d’accessibilité élargie aux personnes remettre en supporte, il donner autistes. cause Sans l’avancée semblerait davantage toutefois de qu’elle nécessaire de consistance au concept d’accessibilité pour tous à travers des applications implication concrètes valorisée des et une acteurs dont dépend sa matérialisation. Dans l’état actuel des choses son impact réel est à relativiser fortement. parlé puisqu’ils influent sur la perception des individus. La prise en compte du confort d’usage des personnes autistes au sein des espaces conditionne leur capacité à accéder et donc leur accès à y | ÉTUDE DES FUTURES INSTITUTIONS Reste à observer la mesure dans l’offre laquelle la loi sur l’accessibilité pour tous culturelle qui y est proposée. influence aujourd’hui donc, en Finalement, l’accessibilité ne semble alors pas encore totalement intégrée aux priorités des institutions. Et malgré le fait que le cadre fortement en légal les les contraint désignant plus comme premières responsables de leur mise en accessibilité, l’analyse montre qu’elles manquent d’information quant à ce que cela signifie. amont, la conception et la programmation de futures institutions dont les projets ont débuté ultérieurement à sa promulgation. Malgré les imprécisions certaines des nouvelles normes au sujet du handicap mental en particulier, il est constaté que les dispositions concernant d’autres types de handicaps favorables au sont, bien confort des souvent, personnes autistes. C’est pourquoi, une application consciencieuse contraire de relative la loi, dans apparue les au structures 92 existantes, permettrait un premier pas dans d’une facilité d’accès pour les personnes la construction de lieux plus accessibles à autistes, entre autre, qui devraient ainsi tous. pouvoir En outre, le temps écoulé depuis la parution de cette obligation légale laisse supposer que les institutions autant que les concepteurs ne pourraient plus ignorer cette problématique et y seraient désormais un temps soit peu sensibilisés. être déposées en voiture à proximité de l’accueil. Il en va de même du futur musée des Confluences de la ville de Lyon. Cela accordée atteste par de l’ensemble l’importance des acteurs concernés à l’accessibilité physique des lieux, de manière générale, lors de leur conception. Et d’ajouter que lors de la création d’un édifice muséal, la liberté d’action est largement amplifiée en comparaison des institutions existantes, contraintes en leurs murs. Il semblerait ainsi que l’influence des intentions préalables au projet s’en trouve accentuée quel que soit l’acteur dont elles émanent, des politiques en passant par les institutions jusqu’aux concepteurs. Conformément au constat sur l’implication urbaine manifestement inhérente à la conception de tout nouvel édifice muséal, les exemples étudiés sont effectivement partie prenante de projets de plus grandes échelles visant à redynamiser les villes, à en améliorer l’image. arts de Reims s’inscrit dans un grand projet urbain, alliant les thématiques de la proximité et de l’attractivité, dans le but redessiner conséquent, alentours les sont la Ces futurs musées, subséquemment à leur position symbolique ville d’ici 2020. Par moyens de transports diversifiés et préfigurent dans l’élaboration d’une nouvelle identité urbaine et donc à l’attention portée emplacement De cette façon, le futur musée des Beaux- de La visibilité du futur musée des Beaux-arts dans l’espace urbain de la ville de Reims bénéficient exceptionnels. au au sein par là La choix du de tissu leur urbain, d’environnements dilatation de l’espace alentour, favorisant leur visibilité en termes de culture évidemment mais plus implicitement de politique, offre de ce fait des abords relativement calmes, à l’écart de la turpitude des villes. 93 Dans le cas du musée des Confluences comme étant un des moteurs premiers de néanmoins, à cet emplacement incroyable, leur projeté sur l’espace du fleuve, se juxtapose rappeler la politique du musée du Quai la présence non négligeable d’une voie Branly. Ainsi, c’est en partie pour améliorer rapide surplombant le site le confort et la prise en charge des caractère pourra n’est pas sans visiteurs que la décision de construire un neutralisé. Dès lors, il parait difficile que le nouvel édifice a éclos à Reims. Le musée lieu soit réellement calme et l’emplacement des même sa puisque son ambition est d’offrir « à tous potentielle accessibilité pour des personnes les publics la possibilité de comprendre et qui d’apprendre la complexité du monde »103. musée ne Ce être du bruyant et dont le organisation. questionne présenteraient une déjà hypersensibilité sensorielle exacerbée. Confluences n’est pas en reste Pour le reste, les images produites des futures institutions semble renforcer l’idée de l’importance première accordée à leur esthétique. Ces exposent des nouvelles conceptions architectures aussi monumentales que remarquables. Elles se matérialisent néanmoins à travers des styles très différents. Quoi qu’il en soit, les intentions théoriques et conceptuelles doivent, pour devenir réalité, être retranscrites dans la forme La voie rapide jouxtant le futur musée des Confluences de Lyon donnée aux espaces. UN PROJET SOBRE Toujours est-il que la conception de ces institutions, au sens large du terme, ne semble nullement omettre leur dimension sociale. D’après leurs descriptions respectives, elles se veulent à la pointe de l’évolution sociétale, conscientes des Pour commencer, l’édifice actuel du musée des Beaux-arts de la ville de Reims est apparu inadapté à la bonne conservation et présentation des œuvres aux yeux des conservateurs. Le parcours nouveaux enjeux qui se dessinent… C’est pourquoi, parmi les objectifs affirmés, l’accueil de tous les publics est souligné D’après la présentation du site du musée des Confluences. 103 94 au sein de ses espaces, trop petits et Le traitement de la façade présente ainsi quelque peu vétustes, est effectivement une complexe et les lieux fortement contraints l’utilisation présentent une scénographie datée aux translucides. Le résultat dénote quelque couleurs chatoyantes… Ainsi, l’institution a peu probablement insisté à travers la définition constatée actuellement à l’ouverture et à de sa programmation sur la nécessité que la parfaite transparence. D’autre part, c’est les nouveaux espaces soient plus simples une transition douce de l’espace publique et plus neutres. Le nouveau musée, projeté vers l’intérieur du musée que l’architecte par formalise, la limite dedans / dehors n’est l’architecte internationale David de renommée Chipperfield et qui pas transparence de de la annihilée modérée plaques de tendance sans grâce à marbres majoritairement être brutale pour devrait ouvrir en 2018, semble avoir été autant. En effet, il n’y a pas de portes pensé pour être le négatif de l’actuel. d’accès donnant sur l’espace public. Il ne subsiste alors que les montants de la structure pour marquer le passage vers un lieu intermédiaire entre intérieur et extérieur. La transition douce entre l’intérieur et l’extérieur De cette manière, l’architecte a créé un espace tampon que parcourent les visiteurs avant d’entrer véritablement dans le lieu clos. Aussi, la lumière naturelle pénètre largement dans cet espace qui semble de plus homogène grâce au choix L’opposition entre les façades de l’actuel et du futur musée des Beaux-arts de matériaux tels que le bois clair, le 95 marbre, le béton et le verre. Quant au sol, également constitué tranquillité auditive de ces derniers. de passerelles, il dévoile les ruines archéologiques présentes sur le site. la contemplation par la L’architecte, pleinement concerné par la spatialisation de ces intentions, a pour ce faire élaboré des espaces aux dimensions relativement restreintes. C’est aussi par l’organisation générale de ces derniers qui présentent une ouverture modérées, tout en préservant un lien visuel entre eux, que le concepteur semble permettre une certaine intimité aux visiteurs. En outre, utilisant la lumière zénithale au L’espace de transition bénéficiant largement de la lumière naturelle dernier halle archéologique fait tout de même douze mètres de haut, et son ouverture interne atteste de sa qualité d’espace publique. Néanmoins, la plupart de ces caractéristiques propice aux paraissent besoins des le rendre personnes présentant des troubles autistiques. l’architecte oriente les espaces d’exposition qui s’y trouvent vers une Le lieu présente de grandes dimensions, la étage, ambiance homogène. Il est aussi mentionné dans la présentation du musée que si la lumière est latérale dans les étages « rares inférieurs, et les ciblées » vues 104 . demeurent Dès lors, les quelques fenêtres ne devraient que peu distraire les visiteurs et sont, par ailleurs, certainement encadrées d’un châssis ce qui matérialise efficacement la limite dedans / dehors. Ces deux éléments sont favorables aux personnes autistes. Au sujet des espaces d’expositions, ils En ce qui concerne la lumière artificielle, sont empreints de la même sobriété. En bien que sa teinte froide ou chaude ne effet, les images des lieux reflètent une soit pas précisée, elle se voit utilisée neutralité évidente et un certain calme principalement visuel augmenté par l’accrochage aéré des données tableaux qui semble prévu. Allant dans ce l’éclairage du musée d’Orsay étant apparu en rappellent complément. Ces particulièrement sens, la présentation insiste sur la volonté de procurer une rencontre individuelle des visiteurs avec les œuvres, de préserver 104 Présentation du projet sur le site internet de la ville de Reims. 96 comme l’un des plus bénéfiques pour le des visiteurs handicapés. La sensibilité confort des personnes autistes. notable dont fait preuve l’institution au sujet de l’accueil de ces visiteurs ne peut être totalement étrangère à l’attention portée dans la conception à l’ambiance lumineuse, au traitement homogène de la matérialité des lieux, et, par conséquence, au confort qui en résultera forcément pour tous les futurs usagers. Avec cela, il est suffisamment rare pour relever que l’accueil évoqué des futurs visiteurs entre L’ambiance homogène augmentée par la lumière zénithale dans l’espace d’exposition du dernier étage Concrètement, les intentions préalables de l’institution, la volonté de sobriété, et la retranscription qu’en a faite l’architecte par le biais d’une ambiance neutre et homogène, offrent des avantages certains pour l’accès des personnes autistes au futur édifice. manière C’est fortuite convergence entre probablement que les s’effectue besoins de de la ces personnes hypersensibles pour la plupart et les intentions programmatiques, plutôt ne montre leurs aucune différences distinction potentielles et possibles handicaps. C’est-à-dire qu’il n’est pas fait mention d’un public au détriment d’un autre, comme c’est presque toujours le cas. De plus, la présentation explique que des outils d’aide seront proposés et qu’ils font déjà partie intégrante du projet muséographique, que ce ne sont pas seulement des dispositifs d’explication mais des dispositifs étudiés 105 . « rassurants » Cela qui permet sont d’émettre l’hypothèse que tous les publics, y compris les personnes autistes, seront pris en compte dans l’offre culturelle de la future institution. en lien avec l’opposition supposée requise entre l’ancien bâtiment et le nouveau. Finalement, l’accessibilité Il faut cependant noter que le musée des trouve temps Beaux-arts de grâce à l’attention accrue de l’ensemble s’être engagé de longue date dans une des acteurs au concept de confort d’usage présente la particularité réflexion assortie de réels efforts pour l’accompagnement au sein de ses lieux un soit pour peu tous se concrétisée Présentation du projet sur le site internet de la ville de Reims. 105 97 et ce, malgré le fait que le respect de la UN PROJET EXTRAVAGANT loi n’est pas proclamé haut et fort à travers la présentation de l’institution. Le musée des Confluences de Lyon quant à lui, dont l’inauguration est prévue éléments en 2014, semble procédé d’une réflexion d’une tout autre et ne pas avoir été guidé par accessibilité élargie du musée semble aller les mêmes préoccupations implicites et, ou au-delà explicites. Par ailleurs, d’analyse il que résulte la des des réalisation prescriptions légales. L’institution prolonge en effet sa réflexion débutée au sein de l’ancien bâtiment et elle se trouve augmentée par les possibilités d’action qu’offre la conception du nouvel édifice. Parce qu’émanant d’une culture de l’accueil, sa situation serait à rapprocher du musée des Arts et Métiers. En premier lieu, opposition l’institution volontaire avec prône son l’idée d’un musée, temple des muses, à laquelle le musée des Beaux-arts de Reims se réfère expressément. Il est vrai qu’elle présente une approche interactive avec les visiteurs opposée donc à la contemplation. C’est C’est pourquoi, grâce à la concordance pourquoi entre une attention portée à l’accueil de Himmlb(l)au, tous et sa formalisation au sein des lieux, semblent avoir repris cette détermination le « nouvelle pour lui apporter une forme spécifique. Ils proposé sur le site de la présentent alors leur projet comme un terme génération » de 106 musée les modèle concepteurs agence de aujourd’hui ville de Reims est peut-être véritablement « un expérimental approprié. stimuler la curiosité du public. » Coop célèbre, spatial pour 107 Il est certain qu’il faut attendre de pouvoir visiter les lieux avant de conclure de son niveau accessibilité mais il semble que le musée concède néanmoins un réel progrès à l’accessibilité pour tous. L’architecture extraordinaire du futur musée des Confluences 106 Présentation du projet sur le site internet de la ville de Reims. 107 Présentation du projet sur le site internet de l’agence Coop Himmlb(l)au. 98 D’un autre côté, leurs intentions spatiales espaces semblent supérieur se manifester bien plus énergiquement que dans le cas précédent et, en conséquence, d’expositions et qui situés au s’élèvent niveau dans le « cristal ». celles programmatiques de l’institution paraissent s’effacer derrière elles. Très concrètement, l’accueil du public est prévu par un large escalier permettant d’accéder à l’entrée du musée appelée le « cristal ». Dans ce lieu entièrement vitré, l’utilisation de panneaux de verres réfléchissants dissout la frontière dedans / dehors tandis qu’au sol le jeu de rampes et de niveaux dématérialise fortement l’espace. Les architectes y ont ajouté un La façade vitrée et les circulations verticales donnant un aspect immatériel au « cristal » bassin et les reflets mouvants de l’eau amplifiés par la disposition de l’éclairage Le hall constitue alors une « séquence renforcent cette sensation. dynamique d’événements spatiaux »108. Mais le caractère immatériel de ce dernier, semble être fortement préjudiciable pour des personnes hypersensibles comme le peuvent être les autistes, pour toute personne malvoyante également. L’intention des architectes curiosité des visant visiteurs à stimuler pourra la plutôt réveiller des angoisses chez les personnes D’un côté la transparence, de l’autre les reflets de l’eau, viennent complexifier la lecture de l’espace En suivant le parcours des visiteurs, ces derniers rencontrent ensuite les imposantes circulations verticales, escaliers et escalators, qui permettent d’accéder aux présentant certains troubles autistiques. Les particularités sensorielles émanant des handicaps ne semblent pas avoir été intégrées à la conception architecturale des lieux. A plus forte raison, les usagers Présentation du projet sur le site internet de l’agence Coop Himmlb(l)au. 108 99 paraissent considérés comme un tout et seulement non concorde avec les normes d’accessibilité un ensemble hétérogène de personnes. moitié des sanitaires prescrites par la loi. Quant aux dispositifs Toutefois, « le nuage »109 qui contient les espaces la d’expositions, semble empreint d’une certaine intériorité, plus favorable au rassérènement des personnes autistes. En effet, d’après les illustrations, le rapport à l’extérieur y semble très limité. Cependant les espaces d’expositions sont à peine effleurés dans les présentations du projet. Il n’y a pas de véritables indications sur de guidage, depuis les abords du musée jusqu’au lieu d’exposition, ils sont encore à l’étude111. Ainsi, la problématique générale de l’accessibilité pour tous se révèle, en grande partie, absente du projet architectural. En outre, il est permis de supposer que l’aspect conceptuel du projet supplante largement la réflexion sociale d’inclusion du plus grand nombre. leur organisation si ce n’est qu’ils sont raccordés par une « espace interstitiel » qui, de par son volume supposé, sera probablement l’éclairage bruyant. est à En priori revanche, parfaitement concordant aux normes et ne devrait pas être éblouissant. aménagement est Néanmoins, destiné cet exclusivement aux personnes malvoyantes110. repérage et les déplacements des personnes présentant un handicap visuel ont du être intégrés a posteriori de la validation du projet. Les architectes ont également toilettes du corriger notamment, accessibles aux qui les services, n’étaient handicapés. pas Aujourd’hui, alors que le projet est en construction, Présentation du projet sur le site internet de l’agence Coop Himmlb(l)au. 110 D’après le site Point de Vue sur la Ville dans lequel trois articles concernent l’évolution du projet du musée des Confluences. 109 s’avère davantage consciencieuse concernant l’application de la loi. Effectivement, elle s’est dotée d’une équipe de médiation des publics et cette dernière était présente au Salon Handica 2009. Elle y a présenté son travail, des dispositifs interactifs et autres outils tactiles visant à améliorer l’autonomie des Par ailleurs, les dispositifs visant à faciliter le L’institution personnes en situation de handicap. De plus, l’institution précise sur son site internet sa volonté d’être en conformité avec les prescriptions contenues par le texte de loi du 11 février 2005. Le site a lui-même été réalisé en conséquence. Pour ce qui est de la muséographie l’objectif déclaré est bien de proposer des activités à tous les publics qu’ils soient handicapés ou non. Ainsi, les cartels seront conformes D’après le site Point de Vue sur la Ville dans lequel trois articles concernent l’évolution du projet du musée des Confluences. 111 100 aux prescriptions légales et leur contenu a | UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE QUI été étudié pour convenir au plus grand RESTE FAIBLE nombre ce qui inclut, cette fois-ci, les personnes présentant un handicap mental112. Finalement, l’objectivation conséquence, l’institution parait s’impliquer réellement dans la réalisation d’une accessibilité pour tous. Cependant, cette dernière se concrétise principalement dans des aménagements annexes et à travers la communication qui en est faite. des édifices n’est pas sans conséquence sur Pourtant, En l’extravagance de les sélectionnent leur pouvoirs les projets accessibilité. publics qui semblent se tourner de préférence vers des édifices constituant une exception, garant de leur visibilité au sein de l’espace urbain, au lieu de juger de leur véritable qualité d’usage, seul garant d’une accessibilité élargie. En outre, le nouvel édifice muséal semble répondre avant tout à une architecture de l’exceptionnel, s’inscrivant dans un projet en partie visiblement politique les mais personnes excluant handicapés malgré ce que la loi impose. Il apparait alors que la réflexion sur l’accessibilité des lieux n’ait pas été intégrée en amont de la conception, comme le recommande le guide Equipements culturels et handicap mental113. Par ailleurs, les avancées quant à l’accessibilité des nouveaux lieux muséaux s’avèrent en premier lieu relever de la volonté des institutions et sont facilitées quand celles-ci ont déjà une certaine expérience dans l’accueil des divers publics handicapés. En effet, se basant sur leurs propres ressources et connaissances, elles semblent alors capables d’intégrer, dans la programmation de l’édifice, les besoins Ainsi, les efforts de l’institution seront sans d’un nombre accru de personnes. Cela nul doute limités par l’édifice en lui-même renforce puisque une contradiction irréversible entre par les architectes au concept général de certaines caractéristiques de ce dernier et confort d’usage. les besoins des personnes autistes est constatée. 112 D’après le site Point de Vue sur la Ville. Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 113 195 pages. A certainement l’heure constaté actuelle que s’investissent l’aménagement la l’attention cependant, majorité des préférablement scénographique portée il est futures dans et muséographique de leurs lieux ainsi que dans leur rôle de médiation auprès des 101 publics handicapés. Cela entre par ailleurs sobre et calme que dans un autre trop en stimulant donc fatiguant dans la durée. résonance avec la situation des institutions existantes et par là avec leur disposition à intégrer essentiellement le concept d’accessibilité aspects immatériels, élargi l’accueil dans et ses l’offre, bien plus que dans son aspect tangible, c’est-à-dire dans les lieux en eux-mêmes. Simultanément, il transparait que C’est pourquoi, quand la création d’un nouveau occasionne déjà une réflexion globale pour en rendre facile l’accès, il serait aujourd’hui nécessaire que l’accessibilité tant physique que sensorielle et le musée cognitive intègrent véritablement l’intérieur des édifices. rapport qu’entretiennent les usagers avec l’espace est constamment pris en compte par les concepteurs mais que dans certains cas, cela s’apparente davantage à une réflexion théorique qu’à celle sur le rapport sensoriel et véritable qui découlera de leurs intentions. Néanmoins, il s’est également révélé possible pour les concepteurs de formaliser leurs intentions tout en créant un lieu propice à l’accueil du plus grand nombre. Pour finir, la création des nouveaux lieux muséaux s’accompagnent pour certains d’un discours sur une accessibilité élargie sans que ne soient concrètement spatialisés les besoins des plus fragiles. Cela équivaut relativement à la abstraite loi en qui reste formulant un objectif sans donner suffisamment d’outils pour le concrétiser. Dans les deux cas, les personnes autistes paraissent les plus oubliées. Par suite, il résulte que l’accessibilité n’est pas forcément intégrée aux projets des futurs musées, malgré l’obligation légale qu’elle incarne, et l’application de la loi se fait alors a posteriori de leurs conceptions. Elle nécessiterait pourtant un réel investissement et une réflexion approfondie de la part des institutions autant que des concepteurs et ce conjointement. D’autant qu’elle rejoint celle sur le confort d’usage de tout visiteur qui devrait, à priori, pouvoir rester plus longtemps dans un lieu 102 CONCLUSION 103 A travers la loi du 11 février 2005 évolué, leur logique interne se trouve et des décrets qui suivirent en 2006, l’état pétrie de nombreuses contraintes et ces français lieux a handicap élargi la qui terminologie comprend du désormais partie répondent à l’autisme. De ce fait, la loi s’inscrit en politiques, rupture d’attractivité, etc. avec les réglementations précédentes qui l’excluait invariablement. En parallèle, les législateurs ont réaffirmé la volonté de l’état d’inclure au sein de la société les aujourd’hui d’autres enjeux urbains, en grande qu’ils soient économiques, Quoi qu’il en soit, l’accessibilité pour tous constitue à présent une obligation légale. personnes handicapées pour qu’elles ne soient plus une catégorie à l’écart, « des laissés pour De prime abord, cette notion, comprise compte » dans son assertion la plus tangible, peut 114 , mais des citoyens à part paraître simple. L’accessibilité physique aux entière. Concrètement, conscience ils semblent que toute avoir personne pris peut participer à la vie sociale à condition que l’environnement lui soit adapté. De par ce récent postulat, l’objectif retranscrit au sein du texte de loi est clair : il est dès à présent nécessaire de rendre accessible à toute personne handicapée, quel que soit son handicap, l’intégralité des espaces Aussi, les institutions muséales se trouvent singulièrement concernées par la réalisation de l’accessibilité élargie puisque nouvelle résonance avec assertion leur entre mission en originelle d’éducation du plus grand nombre qui présuppose d’un accès à tous de leurs édifices. Toutefois, leurs missions ont GOFFMAN Erving, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Editions de Minuit, 2010, 170 pages. 114 à toute personne de se rendre d’un point A à un point B en toute sécurité. Cependant, elle se rapporte aujourd’hui à la situation de personnes présentant des difficultés très hétérogènes en raison des aspects de l’environnement qui entravent leur inclusion respective au sein l’espace public. Effectivement, publics. cette lieux tend alors à permettre matériellement autistiques, manifestent au les un regard des personnes rapport à troubles touchées l’espace qui diffère de la norme. Leur hypersensibilité sensorielle, leur difficulté d’interpréter les composantes de l’environnement et d’en appréhender les modifications brutales, leur difficulté à l’être ensemble autant qu’à rester seul également, impliquent certains besoins spécifiques en termes d’espace et en conséquence, certaines adaptations des lieux pour qu’ils leur soient accessibles. 104 Dès lors, la notion d’accessibilité se voit que sur leur rôle de médiation. Il y a étendue de immanquablement une question de moyens l’environnement. Il est ainsi possible de la financiers que les institutions n’ont pas définir forcément, c’est pourquoi cette situation aux aspects également immatériels comme sensorielle et cognitive ce qui donne, de surcroît, tout est assez compréhensible son sens à la notion de confort d’usage. structures existantes. Cela reste toutefois Concrètement, permettre à une personne excessivement de se sentir en sécurité dans un espace création de nouveaux musées. En outre, et de pouvoir y rester sans effort ni l’offre culturelle spécifiquement proposée souffrance. aux insuffisant personnes insuffisance autistes certaine pour lors de manifeste et les une la une forte hétérogénéité ce qui atteste d’un manque La réalisation définie par la d’une telle accessibilité, loi, semble avant tout dépendre de ce que prescrit cette dernière et de ce qui est appliqué. Seulement, trouvent presque prescriptions légales être relativement succinctes, dans le cas se des handicapés mentaux a fortiori des autistes. Effectivement, bien que les adaptations édictées pour d’autres types de handicaps leur soient souvent bénéfiques, leur cas n’est pas mentionné au sein du texte. Dans les faits, entre les institutions dont la plupart font pourtant parties de la RECA115. Simultanément, les architectes et autres les inexistantes de communication l’élaboration aménageurs semblent n’avoir que trop peu conscience de l’impact de leurs intentions sur des personnes hypersensibles. Les qui peuvent être lieux restent donc généralement inadaptés à l’accueil de la majorité des autistes. Avec cela, l’effort se concentre principalement sur les aménagements traditionnels destinés aux handicapés moteurs, les rampes d’accès et d’une autres ascenseurs. D’un autre côté, les accessibilité des édifices muséaux à ces concepteurs ne respectent pas toujours les personnes s’est révélée faible. prescriptions légales, pour ce qui est de la En premier lieu, les institutions paraissent fréquemment oublier leur rôle essentiel création des ambiances notamment, qu’il s’agisse d’édifices existants ou en projet. dans la programmation des projets ou réaménagements, essentiellement d’adaptations se sur concentrant les superficielles possibilités de leurs espaces, telle que la signalisation, ainsi 115 Réunion des établissements culturels pour l’accessibilité, créée en 2003 par le ministère de la Culture et de la Communication dont elle dépend 105 Néanmoins, trouvent les musées fortement existants contraints en se leurs cognitive est quant à elle rarement aux troubles vérifiée. murs et leur adaptation est également paralysée par de nombreux problèmes d’ordre financier, technique, etc. Dès lors, il s’ajoute, à ce qui est prescrit et ce qui est appliqué, ce qui est réellement applicable. En lors de la création de nouveaux édifices, quand les possibilités sont accrues, les concepteurs privilégient souvent l’esthétique et orientent ainsi leurs efforts vers la création d’espaces remarquables, extraordinaires. Ils traduisent, certes, l’importance des institutions muséales au sein de l’espace public mais laissent un temps soit peu de côté les thématiques sociales qu’implique pourtant relativement autistiques, l’étude de l’accueil et la mise en place d’un accompagnement spécifique sans réflexion préalable sur l’adaptation de revanche, d’action Toutefois, ce type d’équipements. aménagements pour l’édifice voient se rendre Les accessible alors greffés ultérieurement à leurs conceptions. l’espace ne peut aboutir à une accessibilité complète. Et d’ajouter que les autistes légers se rapprochant de la norme seront peut-être inclus mais les institutions laisseront un nombre important de personnes aux troubles plus profonds en marge. En effet, une offre adaptée et la communication à son sujet encouragent les personnes accompagnateurs visites, mais handicapés et, à ou leurs programmer la possibilité à cette d’accès offre des des dépend essentiellement de leur possibilité d’accès aux espaces d’exposition. De ce fait, l’adaptation des lieux à leurs besoins qui Pour ces raisons, il est permis de penser conditionne les sensations prévaut sur ce que l’accessibilité pour tous est toujours qu’ils contiennent, ce qui y est proposé. comprise par les institutions, davantage encore par les concepteurs, comme la faculté avant tout physique d’accéder à leurs comme espaces. le communiquent Certaines musée du largement institutions, Quai sur Branly, leur accessibilité se présentant comme ouvertes Il semble y avoir deux causes majeures à cet inégal premier pas dans l’élaboration d’une accessibilité des espaces muséaux aux personnes autistes. à tous… S’il est avéré qu’elles le sont La nature même de ces différents aspects physiquement, l’accessibilité sensorielle et l’explique en partie. L’accueil et l’offre 106 culturelle, aspect plutôt l’accessibilité, contingentés immatériel sont par de effectivement des facteurs moins nombreux que ne le sont les lieux, aspect physique de celle-ci. Ils sont de ce fait évolutifs, modifiables et réellement adaptables alors bâtiments moins construits le facilement. demeurent finalement sont que les nettement Rappelons malgré tout qu’ils particulièrement superficiels pour les personnes autistes. de manière générale insuffisante. Concrètement, le public autiste est loin de représenter un enjeu majeur dans la plupart des institutions. Dans ces conditions, la loi telle que définit actuellement semble n’avoir permis qu’une prise de conscience très relative, voire inexistante, chez les acteurs chargés de rendre concrète l’accessibilité des personnes autistes aux lieux muséaux. Toutefois, la cause essentielle réside dans le manque d’attention porté au concept d’espace sensoriel par les acteurs agissant sur l’espace muséal et par là, l’absence de connaissances sur les troubles autistiques. Etant donné la variété de ces derniers, les acteurs auraient pourtant besoin d’une formation et d’informations précises sur la manière de procéder et de connaissances sur les implications architecturaux ou de leurs choix scénographiques. S’il existe des formations pour le personnel des musées elles demeurent non obligatoires et peu connues de ce dernier. En outre, bien que l’accessibilité des acteurs monde inscrite du dans la formation architectes la du loi, et autres bâtiment il sur n’y soit a vraisemblablement que peu d’actions mises en place pour les informer des enjeux. de l’accessibilité pleinement jouer son rôle du fait de la situation complexe des institutions autant que celle des autistes. Elle possède un pouvoir de contrainte non négligeable qui peut influer sur l’état d’esprit à l’œuvre dans la société permettant à terme d’estomper les inégalités ciblées. Ainsi, alors même qu’il est facile de comprendre qu’un fauteuil roulant ne peut accéder à un espace s’il n’a d’autre choix que d’emprunter un escalier, c’est par l’introduction d’une obligation légale que les concepteurs ont intégré des rampes d’accès à leur d’aménagements handicaps projet. Les spécifiques moteurs ont contraintes liés aux profondément marqué la conception architecturale et les architectes ont bien été obligés de s’en En conséquence, la priorité accordée à la problématique Il semble que la loi devrait au contraire des accommoder. De plus, si les possibilités architecturales s’en trouvent modifiées, il présentant des troubles autistiques semble 107 ne semble pas qu’elles soient aujourd’hui variées des utilisateurs et les différents plus uniformes. éléments qui conditionnent la réalisation Or, les législateurs visiblement n’ont pas nécessaires les compétences pour aménagements eux-mêmes prescrire indispensables les à une accessibilité spécifiquement destinée aux d’un projet. Pour ce faire, il est nécessaire que la thématique se trouve reprise et approfondie au sein de tous les textes réglementaires et ne reste pas seulement évoquée dans la loi de 2005. personnes autistes. La comparaison des textes réglementaires et de ceux sur le rapport qu’entretiennent les autistes à l’espace a permis de conclure qu’il existe une absence quasi-totale de perméabilité entre les champs dont ils dépendent. objectivement déterminants pour permettre autistes d’accéder aux lieux de sociabilité, comme le pourraient être les musées, sont aujourd’hui détaillés dans les écrits de spécialistes, ces indications précises ne se trouvent pas inclues dans les prescriptions légales. A plus forte raison, les codes de construction et autres cahiers des charges, recommandation liée omettent aux toute déficiences autistiques. des musées devrait passer au préalable par un partage de connaissances entre les Effectivement, elle a trouvé écho à travers différentes actions qui s’en sont suivies, celles émanant de la sphère privée mais également de l’état français. Les différents guides de l’accessibilité publiés par la commission Culture et Handicap notamment, culturels et en particulier handicap Equipements mental116, sont davantage précis que le texte de loi et constituent ainsi une base de référence pour les institutions muséales. Ces dernières ne se trouvent, cela dit, pas toujours informées de leur existence. Néanmoins et bien qu’à peine émergeante, Par conséquent, la mise en accessibilité réelle eu des effets perceptibles. les Très concrètement, quand des éléments aux Il semble toutefois que cette loi ait déjà spécialistes du champ de recherche sur l’autisme et les législateurs premièrement puis avec les c’est une réflexion globale sur l’accessibilité pour tous qui s’est engagée au sein de la société. En outre, l’objectif d’inclusion des plus fragiles, comprenant le cas spécifique des personnes autistes, est différents acteurs intervenant sur l’espace muséal. Elle dépend également du compromis à Guide de l’accessibilité. Equipements culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010, réaliser 195 pages. entre les attentes et besoins 116 108 désormais clairement défini dans la loi. De essentiellement ce fait, il n’est pas possible de faire véritable de leurs besoins, préalable à marche arrière. l’adaptation Par ailleurs, également la loi a renforcé sans nul doute l’engagement de de la compréhension l’environnement spatial, sensoriel autant que social. de Et de nuancer, toujours en conséquence certaines institutions, le musée des Arts et de ces troubles complexes et généralisés Métiers notamment, à s’inscrire dans la mais démarche de l’accessibilité. Aussi, lorsque touchées, autistes profonds, ne pourront cette dernière émane des institutions, elles sans font concrétisée être inclus dans les espaces vraisemblablement une expérience plus attentive de l’accueil des personnes hétérogènes, doute que malgré les une personnes accessibilité muséaux. handicapées, incluant les autistes. La prise de conscience sur ce qu’implique concrètement leur accessibilité aux lieux est alors manifeste et porteuse de Finalement, la loi du 11 février 2005 fait résultats majorés. D’autant qu’il reste vrai qu’en raison de la nature des troubles autistiques et de la particularité des besoins qui en découlent, ils ne pourront surement être intégrés dans leur intégralité dans une législation formelle. Dans ces conditions, les acteurs concernés par la mise en accessibilité des édifices devront comprendre les troubles afin d’accorder une attention particulière à certains principes généraux que sont la office de première pierre dans l’édification d’une accessibilité pour tous et les prescriptions légales pourront assurément être réalisées, plus tard que prévu cela dit. Néanmoins, pour ce qui est des personnes autistes, elle se révèle être davantage une loi d’« intention » qui fixe un objectif, que de « programme » qui définirait clairement les enjeux et élaboraient en conséquence les actions et aménagements à réaliser. contenance, la structuration, la sobriété et Au sein des textes de loi, l’accessibilité l’homogénéité, etc. des personnes autistes aux édifices publics, reste donc un concept à définir et ne Au demeurant, supplantant ce qui est prescrit et ce qui est appliqué, il résulte que la réalisation d’une accessibilité permet pas actuellement une l’élaboration de telle réelle leur que avancée accessibilité définit dans aux institutions muséales. destinée aux personnes autistes dépend 109 Pour conclure, rendre possible la mise en charge de l’évaluation des lieux muséaux, place d’une telle accessibilité semble au de préalable aménagements de mise en accessibilité et nécessité l’intégration d’une concepteurs évoquer le travail considérable qu’il reste à notamment. Ce type d’analyse permettrait faire, de vérifier certains résultats qui demeurent associations de futures les de et de réalisent « culture de l’accessibilité ». Aussi, pour proches responsables qui personnes autistes vont jusqu’à parler de aujourd’hui « révolution l’analyse des lieux muséaux existants et culturelle » 117 . Elle est d’autant plus nécessaire qu’une prise en compte des besoins des populations les plus vulnérables devrait permettre une architecture et a fortiori une société plus à l’écoute de tous ces membres. principalement institutions déduits de futurs. Le cas du Louvre également, musée français le plus connu à travers le monde nécessiterait une attention spéciale. C’est d’ailleurs pourquoi, le temps n’a pas permis de l’inclure au sein du présent travail. L’institution semble avoir une politique développée au sujet du handicap. Les résultats d’entrevoir d’autres obtenus qu’il pourrait analyses et supplémentaires afin permettent être des effectué recherches d’affiner et de Qu’en est-il alors de la mise en accessibilité du bâtiment d’originel et à plus forte raison de celle du nouvel édifice ? D’autant que l’institution bénéficie compléter ces derniers. d’une visibilité médiatique hors pair. De ce En effet, leur limite majeure émane de d’influer sur la considération portée au l’absence public autiste en se montrant exemplaire ? d’une fait, analyse basée sur l’observation directe de personnes autistes, présentant des syndromes plus ou moins légers, au sein des espaces muséaux. Elle affinerait la connaissance sur les besoins réels de ces personnes au sujet des Pour le musée élargir aurait-il l’étude, il la possibilité pourrait être effectué des recherches sur ce qu’il existe à l’étranger. En effet, des expériences concernant la présence au sein des lieux espaces publics. muséaux Avec cela, il pourrait être enrichi par une ont été mis en place, aux Etats-Unis entre seconde analyse d’interviews d’experts en autre. JUILLET Anne-Cécile, Le plan Autisme doit rattraper quarante ans de retard, Leparisien.fr, 117 avril 2013. de personnes autistes sont effectuées et des programmes conséquents Ces recherches permettraient de porter un regard différent sur la manière de concrétiser le concept d’accessibilité pour tous. 110 111 112 GLOSSAIRE 113 ABA ANCREAI L’analyse appliquée au comportement (ou L'Association Applied Régionaux Behavior Analysis) est une Nationale des d'Etudes, Centre d'Actions et méthode inspirée du behaviorisme et créée d'Informations est apparue en 1989 afin par Ole Ivar Lovaas aux États-Unis dans de fédérer et d’optimiser l’échange et la les années 1960. Fondée sur des « lois transmission des connaissances du réseau du comportement », elle consiste en une des CREAI (Centre Régional pour l’Enfance analyse poussée du comportement de la et l’Adolescence Inadaptée). Ces centres personne travaillent sur des problématiques médico- associée intensive (un à une programme intervention de 30 à 40 sociales dont les populations handicapées heures par semaine) en vue de diminuer font les capacité d’aider les décideurs pour ce qui comportements jugés inadaptés. En partie ont sociale et éducative et de les rendre plus et, de plus, contesté par plusieurs scientifiques. au fait des ANESM L’Association de la Cause Freudienne fut responsabilité de particuliers Source : ancreai.org ACF 1901 et santé, rencontrés dans leurs régions. Source : www.abaautisme.com créée en problèmes de la par sociale publiques ainsi est Sécurité politiques Ils France, ce programme n'est pas reconnu la des intégrante. se trouve sous la l’Ecole de la Cause Instituée par la loi de financement de la sécurité sociale pour l’année 2007, Freudienne. A but non lucratif, elle a pour l’Agence Nationale de l’évaluation et de la objectif qualité des Etablissements et des Services ainsi de que promouvoir ses la psychanalyse les sociaux et Médico-sociaux a pour mission domaines qui l’entourent. Pour ce faire, un première d’épauler les établissements et colloque est organisé chaque année dans services lequel des intervenants aux points de vue (ESSMS) dans la mise en œuvre de leur variés évaluation interne et externe, exigée à la débattent connexions de sujets avec incluant l’autisme. Source : www.causefreudienne.net/ACF sociaux et médico-sociaux suite de la promulgation de la loi du 2 janvier 2002. Elle vise à faire respecter les droits et les besoins des personnes accueillies. Source : www.anesm.sante.gouv.fr 114 CIM La Classification CIPAC Internationale des La fédération des professionnels de l’art Maladies date de 1948. L’OMS reprit la contemporain classification Elle des décès, créée par regroupe participe à la associations. vie l’art contemporain les causes de morbidité de manière plus connaissances générale. La dernière version, CIM-10, date contribue de 1996. professionnels. Cette dernière branche se et pour santé la des compte des handicaps dans le cadre de la mentale médiation culturelle. fut première fois à Source : www.cipac.net CNAM lien avec les normes environnementales et sociétales. Le Conservatoire National des Arts et Métiers fait parti des acteurs les plus Source : www.who.int/classifications/icd actifs de la diffusion des savoirs scientifiques et techniques. Il comprend le CIF Classification formation Internationale l’identification des processus d'invalidité en La et s’attache entre autre à diffuser la prise en proposée par Philip Wood à l’OMS. Elle s’attachait la domaine complexité des enjeux actuels. Le CIPAC la Classification Handicaps à ce les panel de formations qui découle de la CIH des sur construit développe depuis 2005 en proposant un Source : www.who.int/classifications/icd 1980, France, de Jacques Bertillon en 1983, pour répertorier En en 19 musée des Arts et Métiers, une école internationale du doctorale et cinq écoles partenaires. Fonctionnement, du handicap et de la Depuis 2007, le CNAM s’est doté d’un santé est venue se substituée à la CIH en service dédié à l’inclusion des handicapés 2001. Proposée par l’OMS, elle fut adoptée au sein de ses institutions : Handicnam. Le par musée bénéficie de cette connaissance et deux cent pays. Sa particularité consiste à aborder l’invalidité, quel que a soit son origine, comme une interaction pointue sur cette problématique. entre un individu et son environnement en précisant le rôle des facteurs de ce fait développé une politique Source : www.cnam.fr environnementaux. Source : www.who.int/classifications/icd 115 Délégation au Développement et à l’Action cohesion,12601.html Territoriale Dans le territoire cadre de français, l’aménagement l’état nécessite du de coordonner les politiques des différents ministères concernés par ce domaine. Cette mission incombe aux cinq services de la Délégation au Développement et à l'Action Territoriale. Ils doivent entre autre évaluer les politiques culturelles au regard de la politique d'aménagement et de développement du territoire ainsi que des politiques contractuelles partenariat avec ministre-de,741/direction-generale-de-la- menées les en collectivités territoriales. Ensemble pour l’autisme Initié par le Collectif Autisme qui est luimême composé de six associations majeures (Asperger Aide France, Autisme France, Autistes Sans Frontières, Fédération Sésame Autisme, Pro Aid Autisme et La Fondation Autisme), Ensemble pour l’autisme est un mouvement qui s’associe à la FEGAPEI (composée 500 associations gestionnaires fédérant 4000 établissements et services), l’UNAPEI (constitué de 600 associations de gestionnaires familles d’établissements), de et 800 www.culture.gouv.fr/culture/organisation/ddf 2.htm associations gestionnaires d’établissements. Premier Ministre que la cause de l’autisme « La Direction Générale de la Cohésion Sociale est la direction d’administration centrale des ministères sociaux qui est chargée de la conception, du pilotage et de l’évaluation des politiques publiques de solidarité, de développement social et de favorisant et territoriale de a obtenu le label Grande Cause nationale en 2012. Source : www.autismegrandecause2012.fr/fr/mouvem ent.htlm la cohésion sociale. Elle veille à la cohérence nationale Il représente ainsi plus de 100000 familles. C’est grâce au dossier commun soumis au DGCS l’égalité parents plus 200 de de ou Source : promotion associations et, ces politiques. » ERP Le terme établissement recevant du public est défini à l'article R123-2 du Code de la construction et de l'habitation. Dans le Source : http://www.social-sante.gouv.fr/le- droit français ministere,149/presentation-et- publics ou privés qui accueillent tout type organigramme,294/conjointement-avec-le- d’utilisateurs employés. il en Etant caractérise les les distinguant répertoriés en lieux des 5 116 catégories en fonction de leur capacité d’accueil, ils sont également classés par type selon l’article GN 1 du règlement de sécurité incendie. Les ERP regroupent des établissements extrêmement variés : les cinémas, passant théâtres, par les magasins, bibliothèques, en écoles, universités, jusqu’aux musées, etc. qu'ils soient installés dans des constructions IME Les établissements de soins français qui accueillent les atteints de enfants et adolescents handicap principalement des mental, troubles neuropsychiatriques causant une déficience intellectuelle, sont appelés instituts médico-éducatifs. La prise en charge d’une permanentes ou provisoires. personne au sein d’un IME se fait à la Source : www.legifrance.gouv.fr droits et de l'autonomie des personnes suite d’une décision de la Commission des handicapées (CDAPH). A l’heure actuelle, HAS leur financement est presque exclusivement Par la loi du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie, la Haute Autorité de santé a publique été établie comme indépendante et à autorité caractère scientifique. Elle est de ce fait dotée d’une personnalité morale distincte de l’état français. Ses missions correspondent à : public après de déterminer remboursement, la recommandations de leur niveau de définition bonnes des pratiques cliniques, des guides de prise en charge pour aiguiller certification immatériels les des professionnels, lieux concernés et matériels par la la et santé publique. Source : http://www.hassante.fr/portail/jcms/fc_1249588/fr/accueil -2012 des agences régionales de santé dépendant de l’HAS. Source : http://www.sanitairesocial.com/annuaire/institut-medicoeducatif-ime-ile-de-franceparis/75/22/dc/1 l’évaluation des actes et produits médicaux afin l'agrément Label Grande Cause Le label Grande Cause permet notamment aux collectifs d’associations bénéficiaires d’obtenir pendant un an une visibilité accrue dans l’espace public (campagnes publiques, diffusion de messages audiovisuels, etc.). Il est attribué chaque année par le Premier Ministre français depuis 1977. Source : http://www.autismegrandecause2012.fr/fr/?i dPage=3 117 la création des œuvres de l'art et de LAF-ENSAL Le Laboratoire d’Analyse de Formes est constitué par l’équipe de chercheurs de l'esprit et le développement des pratiques et des enseignements artistiques. » l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Source : de Lyon. Il est habilité depuis 1986 par le http://www.culturecommunication.gouv.fr/Mi MCC et la Direction de l’Architecture et du nistere/Le-ministere Patrimoine. Un des axes de recherches du laboratoire est nommé « morphologique et investissement psychique de l’espace » et il a été développé en son sein entre 2006 et 2010, la thématique « Architecture, mentale », handicap par et Stéphan santé Courteix notamment. Le ministère de Communication, la Culture dernière et de la dénomination (architecture, peinture, sculpture et gravure), mais aussi la musique, la danse, l'opéra, les arts les depuis en 2009, de l’actuel service des Musées de France à la suite de sa fusion avec la Direction générale des Patrimoines. Composant l’un œuvres, « beaux-arts » les modifiée est de la conservation et de l’étude des datant de 1997, a sous sa tutelle les toutes l’appellation, matière de gestion notamment pour ce qui MCC décoratifs, La direction des Musées de France est des services du MCC, il fixe les règles en Source : www.laf.archi.fr quatre DMF Identité monuments écoles 1986, historiques, correspondantes la direction et, du de l’activité scientifique et pédagogique des institutions ayant le label « musée de France ». Ce label est destiné à regrouper les musées français dans la perspective d'un grand service public muséal au sein duquel ces derniers ont des obligations soumis à son envers contrôle l’état et sont scientifique et technique. Source : développement des médias. Depuis 2012, http://www.culturecommunication.gouv.fr/Di le sciplines-et- MCC « a accessibles au pour plus mission grand de rendre nombre les œuvres capitales de l'humanité, et d'abord secteurs/Musees/Organismes/Musees-deFrance de la France. À ce titre, il conduit la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel dans toutes ses composantes, il favorise 118 Source : www.who.int MDPH Les Maisons Personnes dans depuis tous départementales Handicapées les l’entrée sont départements en vigueur des présentes français de la loi handicap du 11 février 2005, leur rôle ayant été définies par l'article 64. Elles ont pour missions d’offrir aux personnes handicapées ainsi qu'à leurs familles la possibilité d'accéder aux principaux droits et prestations, de favoriser leur accueil et accompagnement mais également de sensibiliser l’ensemble des citoyens sur les problèmes qu’elles rencontrent. Parmi leurs attributions, les MDPH ont la charge de délivrer les cartes d'invalidité ou de ONU L’Organisation des Nations Unies est un organisme international établi en 1945 au sortir de regroupe la 2ème tous Guerre les pays mondiale du monde qui à quelques exceptions près. Si sa vocation première est politique puisqu’elle a pour finalité la paix internationale, elle chapote également les agences spécialisées que sont l’OMS pour la santé, l’UNESCO pour la coopération internationale en termes d’éducation, de culture et scientifique et l’UNICEF pour les enfants. Ses objectifs principaux sont de faciliter la coopération priorité. dans les domaines du droit et de la Source : www.mdph.fr économique, sécurité internationale, du développement OMS Fondée en 1948, l'Organisation mondiale du dirigée par les 192 états membres qui sont représentés par leurs délégués au sein de l’Assemblée mondiale de la Santé. D’après sa Constitution, l'OMS a pour but d'amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible. Cette dernière y est définie comme un état complet de bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. Les missions de l’organisation sont, dès lors, très variées. social ce qui Source : www.un.org/fr/aboutun/ de la Santé est une institution spécialisée des Nations Unies pour la santé. Elle est progrès inclut les droits de l’homme. Plan Autisme Quand en 2005 la loi sur le handicap a été promulguée, l’étant français s’est aussi lancé dans un programme à l’application nationale pour charge des Concrètement améliorer la prise personnes le Plan en autistes. Autisme est un ensemble de mesures qui ont été définis par le gouvernement français. Trois Plans se sont 2008-2010, succédés depuis : 2013-2017. 2005-2007, Avec des orientations diversifiées, ils comprennent notamment l’élaboration de 119 recommandations en matière de dépistage, http://www.culturecommunication.gouv.fr/Po de diagnostic et de prise en charge, la litiques-ministerielles/Developpement- sensibilisation la culturel/Culture-et-handicap2/Reunion-des- formation des intervenants, l’amélioration du grand etablissements-culturels-pour-l-accessibilite- de RECA l’accueil public en l’établissement et établissement, d’un champ de TED connaissances scientifiques communes, etc. le-troisieme-plan-autisme Dans le cadre de la CIM-10 de l’OMS, les troubles envahissants du développement réunissent huit handicaps qui apparaissent RECA situations cliniques diverses et entraînent Source : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/ dès l’enfance. Ces troubles regroupent des La Réunion des établissements culturels pour l’accessibilité est une mission lancée en 2003 par le ministre de la Culture et de la Communication. En 2013, il regroupe 23 établissements dont quatorze relèvent du MCC auxquels s’associent trois institutions observatrices. L’enjeu est pour les musées concrètes de afin personnes proposer d’améliorer handicapées établissements des culturels. mesures l’accueil des dans les Ainsi plusieurs groupes de travail étudient les questions des situations de handicap très hétérogènes. Néanmoins ils ont été définis comme « un groupe de troubles caractérisés par des altérations qualitatives des interactions sociales réciproques et des modalités de communication, ainsi que par un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé anomalies et qualitatives caractéristique fonctionnement répétitif. Ces constituent une envahissante du sujet, en du toutes situations. » de l'emploi des personnes handicapées Source : http://www.has- dans sante.fr/portail/upload/docs/application/p les établissements culturels, la promotion auprès du public handicapé des df/2010- offres culturelles adaptées, l'apport des 03/autisme_et_autres_ted_etat_des_connais nouvelles technologies pour les visiteurs sances_resume.pdf handicapés, la mise en conformité du cadre bâti et de l’offre des institutions avec la loi de 2005. Source : 120 base sur des critères liés à la fois à TEACCH Signifiant Traitement et éducation des enfants autistes ou atteints de troubles de la communication associés and Education (Treatment of Autistic and related Communication handicapped Children), TEACCH est un l'architecture, aux équipements et à la qualité de l'accueil et des services. Ainsi il apporte une information fiable, homogène et objective sur le niveau d’accessibilité d’un site et garantit aux Source : http://www.tourisme- 70 en Caroline du Nord. Il s’adresse aux handicaps.org/ présentant des troubles Théorie de l’esprit autistiques tout au long de leur vie et se base sur la collaboration entre l’équipe soignante et la famille pour établir un programme personnalisé en fonction des capacités propres de l’individu. L’objectif principal est améliorer la communication sans recourir à un traitement médicamenteux. Pour diverses raisons dont la place restreinte accordée aux parents, le programme est peu utilisé en France. La Théorie de l’esprit est, en sciences cognitives, l’ensemble des processus par lequel un individu est apte à attribuer un état mental qu’il s’agisse d’une croyance, intention, désir, connaissance, etc. à luimême ou à une autre personne. La faculté d’entendement sur « soi » et « les autres » n’est pas innée, certaines pathologies dont l’autisme fait partie, il existe un défaut de cette théorie. T&H Source : http://www.memoireonline.com C’est à partir des années 90 qu’un secteur TSA touristique adapté aux handicaps a émergé le monde. Le label national Tourisme et Handicap a quant-à-lui été créé en France en 2001 sous la tutelle du délégué au Tourisme. Il est attribué, pour un ou plusieurs types de handicap, entre qu’aux émotions. Mais, dans le cas de teacch.html ministère distinction delà de l’empathie car elle ne s’applique educatif.fr/quest-ce-que-lautisme/7- par la elle dépend d’un apprentissage allant au- Source : http://www.soutien- de un accueil adapté à leurs déficiences. programme développée dans les années personnes touristes après une évaluation de l'accessibilité des sites touristiques qui se La notion de Troubles du Spectre Autistique est un terme qui peut désigner l’autisme mais qui en précise la diversité. Les TSA troubles forment du donc le spectre développement de humain caractérisés par des anormalités dans les interactions sociales et la communication, 121 ainsi que par des intérêts restreints et un comportement répétitif. Au sein de la CIM10 ils regroupent cinq catégories : l’autisme à proprement parlé, le syndrome de Rett, le trouble désintégratif de l’enfance, le syndrome d’Asperger et le trouble envahissant du développement non UNESCO L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture est une institution spécialisée de l’ONU qui a été créé simultanément en 1945. Selon sa constitution, elle a pour mission de « spécifié. contribuer au maintien de la paix et de la Source : science et la culture, la collaboration entre http://www.autismsupportnetwork.com nations, afin d’assurer le respect universel sécurité en resserrant, par l’éducation, la de la justice, de la loi, des droits de UNAPEI Créée en 1960, Associations de l’Union Parents l’homme Nationale et Amis des de Personnes Handicapées Mentales est une fédération d’associations reconnue d’utilité publique ayant pour vocation la défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles. Elle rassemble 600 associations généralistes ou spécialisées dans un type de handicap et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples ». L’UNESCO entretient par ailleurs des relations avec 319 Organisations non gouvernementales (ONG) internationales. Source : fr.unesco.org mental qui regroupent 60 000 familles, emploient 75 000 professionnels, gèrent 3 000 établissements et services sociaux, qui personnes accompagnement handicapées. médico180 L’union 000 dispose d’une certaine attention de la part des pouvoirs publics français et c’est aussi un interlocuteur des institutions à l’échelle européenne. Source : www.unapei.org 122 ANNEXES 123 124 SOMMAIRE 1 EXTRAIT DE LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005 EXTRAIT DU QUESTIONNAIRE D’ÉVALUATION DE L’ACCESSIBILITÉ AUX PERSONNES 2 HANDICAPÉES 3 GRILLE D’ANALYSE DES LIEUX MUSÉAUX 4 RECUEIL DES FICHES DE VISITES DES MUSÉES : o MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS o PALAIS DE LA DÉCOUVERTE o CITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE o MUSÉE D’ORSAY o CENTRE POMPIDOU o MUSÉE DU QUAI BRANLY o PINACOTHÈQUE 5 6 CLASSIFICATION DES MUSÉES 7 COMPTE RENDU DE LA VISITE EFFECTUÉE EN COMPAGNIE DE PERSONNES RÉCAPITULATIF DES DONNÉES RECUILLIES SUR LES ESPACES MUSÉAUX AUTISTES 125 ANNEXE 1 Extrait de la loi n°2005-102 du 11 février 2005 Titre IV / Accessibilité Chapitre III / Cadre bâti, transports et nouvelles technologies Article 41 I. - L’article L. 111-7 du code de la construction et de l’habitation est remplacé par cinq articles L. 111-7 à L. 111-7-4 ainsi rédigés : « Art. L. 111-7. - Les dispositions architecturales, les aménagements et équipements intérieurs et extérieurs des locaux d’habitation, qu’ils soient la propriété de personnes privées ou publiques, des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et des lieux de travail doivent être tels que ces locaux et installations soient accessibles à tous, et notamment aux personnes handicapées, quel que soit le type de handicap, notamment physique, sensoriel, cognitif, mental ou psychique, dans les cas et selon les conditions déterminés aux articles L. 111-7-1 à L. 111-7-3. Ces dispositions ne sont pas obligatoires pour les propriétaires construisant ou améliorant un logement pour leur propre usage. « Art. L. 111-7-1. - Des décrets en Conseil d’État fixent les modalités relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées prévue à l’article L. 111-7 que doivent respecter les bâtiments ou parties de bâtiments nouveaux. Ils précisent les modalités particulières applicables à la construction de maisons individuelles. 126 « Les mesures de mise en accessibilité des logements sont évaluées dans un délai de trois ans à compter de la publication de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées et une estimation de leur impact financier sur le montant des loyers est réalisée afin d’envisager, si nécessaire, les réponses à apporter à ce phénomène. « Art. L. 111-7-2. - Des décrets en Conseil d’État fixent les modalités relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées prévue à l’article L. 111-7 que doivent respecter les bâtiments ou parties de bâtiments d’habitation existants lorsqu’ils font l’objet de travaux, notamment en fonction de la nature des bâtiments et parties de bâtiments concernés, du type de travaux entrepris ainsi que du rapport entre le coût de ces travaux et la valeur des bâtiments au-delà duquel ces modalités s’appliquent. Ils prévoient dans quelles conditions des dérogations motivées peuvent être autorisées en cas d’impossibilité technique ou de contraintes liées à la préservation du patrimoine architectural, ou lorsqu’il y a disproportion manifeste entre les améliorations apportées et leurs conséquences. Ces décrets sont pris après avis du Conseil national consultatif des personnes handicapées. « En cas de dérogation portant sur un bâtiment appartenant à un propriétaire possédant un parc de logements dont le nombre est supérieur à un seuil fixé par décret en Conseil d’État, les personnes handicapées affectées par cette dérogation bénéficient d’un droit à être relogées dans un bâtiment accessible au sens de l’article L. 1117, dans des conditions fixées par le décret en Conseil d’État susmentionné. « Art. L. 111-7-3. - Les établissements existants recevant du public doivent être tels que toute personne handicapée puisse y accéder, y circuler et y recevoir les informations qui y sont diffusées, dans les parties ouvertes au public. L’information destinée au public doit être diffusée par des moyens adaptés aux différents handicaps. « Des décrets en Conseil d’État fixent pour ces établissements, par type et par catégorie, les exigences relatives à l’accessibilité prévues à l’article L. 111-7 et aux prestations que ceux-ci doivent fournir aux personnes handicapées. Pour faciliter l’accessibilité, il peut être fait 127 recours aux nouvelles technologies de la communication et à une signalétique adaptée. « Les établissements recevant du public existants devront répondre à ces exigences dans un délai, fixé par décret en Conseil d’État, qui pourra varier par type et catégorie d’établissement, sans excéder dix ans à compter de la publication de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. « Ces décrets, pris après avis du Conseil national consultatif des personnes handicapées, précisent les dérogations exceptionnelles qui peuvent être accordées aux établissements recevant du public après démonstration de l’impossibilité technique de procéder à la mise en accessibilité ou en raison de contraintes liées à la conservation du patrimoine architectural ou lorsqu’il y a disproportion manifeste entre les améliorations apportées et leurs conséquences. « Ces dérogations sont accordées après avis conforme de la commission départementale consultative de la protection civile, de la sécurité et de l’accessibilité, et elles s’accompagnent obligatoirement de mesures de substitution pour les établissements recevant du public et remplissant une mission de service public. « Art. L. 111-7-4. - Un décret en Conseil d’État définit les conditions dans lesquelles, à l’issue de l’achèvement des travaux prévus aux articles L. 111-7-1, L. 111-7-2 et L. 111-7-3 et soumis à permis de construire, le maître d’ouvrage doit fournir à l’autorité qui a délivré ce permis un document attestant de la prise en compte des règles concernant l’accessibilité. Cette attestation est établie par un contrôleur technique visé à l’article L. 111-23 ou par une personne physique ou morale satisfaisant à des critères de compétence et d’indépendance déterminés par ce même décret. Ces dispositions ne s’appliquent pas pour les propriétaires construisant ou améliorant leur logement pour leur propre usage. » II. - Après l’article L. 111-8-3 du même code, il est inséré un article L. 111-8-3-1 ainsi rédigé : « Art. L. 111-8-3-1. - L’autorité administrative peut décider la fermeture d’un établissement recevant du public qui ne répond pas aux prescriptions de l’article L. 111-7-3. » 128 III. - L’article L. 111-26 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé : « Dans les cas prévus au premier alinéa, le contrôle technique porte également sur le respect des règles relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées. » IV. - Une collectivité publique ne peut accorder une subvention pour la construction, l’extension ou la transformation du gros œuvre d’un bâtiment soumis aux dispositions des articles L. 111-7-1, L. 111-7-2 et L. 111-7-3 du code de la construction et de l’habitation que si le maître d’ouvrage a produit un dossier relatif à l’accessibilité. L’autorité ayant accordé une subvention en exige le remboursement si le maître d’ouvrage n’est pas en mesure de lui fournir l’attestation prévue à l’article L. 111-7-4 dudit code. V. - La formation à l’accessibilité du cadre bâti aux personnes handicapées est obligatoire dans la formation initiale des architectes et des professionnels du cadre bâti. Un décret en Conseil d’État précise les diplômes concernés par cette obligation. Article 42 L’article L. 123-2 du code de la construction et de l’habitation est complété par une phrase ainsi rédigée : « Ces mesures complémentaires doivent tenir compte des besoins particuliers des personnes handicapées ou à mobilité réduite. » Article 43 I. - La première phrase du deuxième alinéa de l’article L. 151-1 du code de la construction et de l’habitation et la première phrase du premier alinéa de l’article L. 460-1 du code de l’urbanisme sont complétées par les mots : «, et en particulier ceux concernant l’accessibilité aux personnes handicapées quel que soit le type de handicap ». II. - Le code de la construction et de l’habitation est ainsi modifié : 1° A l’article L. 152-1, les « références : L. 111-4, L. 111-7 » sont remplacées par les références : 129 « L. 111-4, L. 111-7 à L. 111-7-4 » ; 2° À l’article L. 152-3, les mots : « à l’article L. 152-4 (2e alinéa) » sont remplacés par les mots : « au premier alinéa de l’article L. 1524 ». III. - L’article L. 152-4 du même code est ainsi rédigé : « Art. L. 152-4. - Est puni d’une amende de 45 000 EUR le fait, pour les utilisateurs du sol, les bénéficiaires des travaux, les architectes, les entrepreneurs ou toute autre personne responsable de l’exécution de travaux, de méconnaître les obligations imposées par les articles L. 111-4, L. 111-7, L. 111-8, L. 111-9, L. 112-17, L. 125-3 et L. 131-4, par les règlements pris pour leur application ou par les autorisations délivrées en conformité avec leurs dispositions. En cas de récidive, la peine est portée à six mois d’emprisonnement et 75 000 EUR d’amende. « Les peines prévues à l’alinéa précédent sont également applicables : « 1° En cas d’inexécution, dans les délais prescrits, de tous travaux accessoires d’aménagement ou de démolition imposés par les autorisations mentionnées au premier alinéa ; « 2° En cas d’inobservation, par les bénéficiaires d’autorisations accordées pour une durée limitée ou à titre précaire, des délais impartis pour le rétablissement des lieux dans leur état antérieur ou la réaffectation du sol à son ancien usage. « Ainsi qu’il est dit à l’article L. 480-12 du code de l’urbanisme : « “Sans préjudice de l’application, le cas échéant, des peines plus fortes prévues aux articles 433-7 et 433-8 du code pénal, quiconque aura mis obstacle à l’exercice du droit de visite prévu à l’article L. 460-1 sera puni d’une amende de 3 750 EUR. « En outre, un emprisonnement d’un mois pourra être prononcé. « Les personnes physiques coupables de l’un des délits prévus au présent article encourent également la peine complémentaire 130 d’affichage ou de diffusion, par la presse écrite ou par tout moyen de communication audiovisuelle, de la décision prononcée, dans les conditions prévues à l’article 131-35 du code pénal. « Les personnes morales peuvent être déclarées responsables pénalement, dans les conditions prévues à l’article 121-2 du code pénal, des infractions aux dispositions de l’article L. 111-7, ainsi que des règlements pris pour son application ou des autorisations délivrées en conformité avec leurs dispositions. Elles encourent les peines suivantes : « a) L’amende, suivant les modalités prévues par l’article 131-38 du code pénal ; « b) La peine complémentaire d’affichage ou de diffusion, par la presse écrite ou par tout moyen de communication audiovisuelle, de la décision prononcée, dans les conditions prévues à l’article 131-35 du même code ; « c) La peine complémentaire d’interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, d’exercer directement ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales, selon les modalités prévues à l’article 131-48 du même code. » 131 ANNEXE 2 . 2. CIRCULATION HORIZONTALE ET VERTICALE 2.1. Entrée principale • Nombre de marches : ............................................ • Hauteur des marches : ........................................... • Profondeur des marches : ........................................... • Usure des marches : ........................................... • Il existe une porte lourde à pousser oui ‰ non ‰ • Portes aux poignées préhensibles (comprises entre 0,40m et 1,30m de hauteur) oui ‰ non ‰ • Couloir d’une largeur inférieure à 1,4 m oui ‰ non ‰ • Autres : .........................................................................................……………………………. ...............................................................................................................……………………… … • Si l'entrée principale n'est pas accessible, il existe une entrée annexe : oui ‰ non ‰ • Cette entrée annexe est signalée : oui ‰ non ‰ Description (lieu, accessibilité,...) : ...................................................................………………... ...............................................................................................................……………………… ...............................................................................................................……………………… • La sortie principale est accessible : oui ‰ non ‰ si non, préciser : ..........................................................................................……………………. ...............................................................................................................…………………… • L’ensemble du site est de plain-pied : oui ‰ non ‰ • Nombre de niveaux ouverts au public ............ • Nombre de niveaux totalement accessibles : ........... • Nombre de niveaux accessibles avec l'aide d'un accompagnateur : ........... • Espaces totalement inaccessibles en fauteuil roulant, même avec l’aide d’un accompagnateur : ............ 132 2.2. Ascenseurs • Il existe un ou plusieurs ascenseurs à la disposition des publics dans l'établissement : oui ‰ non ‰ • si oui, nombre : ......... et description : • Largeur de l'entrée : ......... • Largeur de la cabine : ......... • Profondeur de la cabine : ......... • Hauteur des boutons de commande : ......... • Espace de rotation devant l’ascenseur (1,4 m min.) suffisant ‰ insuffisant ‰ • précision d’arrêt (2 cm maximum) : suffisant ‰ insuffisant ‰ • boutons braille ou gros caractères oui ‰ non ‰ • signal sonore indiquant les étages oui ‰ non ‰ remarques : ..............................................................................................……………………... ...............................................................................................................………………………… 2.3. Escaliers ] pour accéder au rez-de-chaussée • Nombre (approximatif) de marches : ........................................... • Hauteur maximum des marches : ........................................... • Profondeur des marches : ........................................... • Usure des marches : ........................................... Si oui, les mains courantes sont : • Espaces de repos entre les dénivellations oui ‰ non • Présence de mains courantes non oui ‰ ‰ aux normes nombreuses rares ‰ ‰ ‰ ‰ ] pour accéder aux étages • Nombre (approximatif) de marches : ........................................... • Hauteur maximum des marches : ........................................... • Profondeur des marches : ........................................... • Usure des marches : ........................................... Si oui, les mains courantes sont : • Espaces de repos entre les dénivellations oui ‰ non • Présence de mains courantes non oui ‰ ‰ aux normes nombreuses rares ‰ ‰ ‰ ‰ remarques : ..............................................................................................……………………... ...............................................................................................................………………………… 133 2.4. Plans inclinés • Il existe des plans inclinés oui ‰ non ‰ • si oui : - nombre : ........................................... - amovible ‰ fixe ‰ - pente < 5% oui ‰ non ‰ - revêtement antidérapant oui ‰ non ‰ - Si la pente est > à 10 mètres, présence de paliers de repos oui ‰ non ‰ • remarques : ............................................................................................……………………... ...............................................................................................................………………………… 2.5. Sièges, bancs, points de repos • Il existe des sièges de repos à l’extérieur du monument • si oui • nombre : ....... • état (hauteur…) : ....... oui ‰ non ‰ • localisation (ombragée, plein soleil, accessibilité…) : ....... • Il existe des sièges de repos à l’intérieur du monument • si oui • nombre : ....... • état (hauteur…) : .......oui ‰ non ‰ • localisation (ombragée, plein soleil, accessibilité…) : ....... • remarques : ............................................................................................……………………... ............................................................................................. 133 ANNEXE 3 ACCES : LIEU D’EXPOSITION : Par le parking directement Rapport au dehors + ou – vitré Par l’extérieur Type d’espace : contenant / ouvert / symétrie / dimensions, proportions… Cadre urbain dilaté ou resserré aux abords Parti pris scénographique : cloisonnement / éclairage / couleurs / aménagements (vitrine, cordon de sécurité) HALL D’ENTREE : PARCOURS : Type de portes : tambours / battants / vitrées ou non… + ou – simple Rapport au dehors + ou – vitré + ou – lisible Organisation spatiale : accueil, accès aux expositions, aux services / espaces délimités ou ouverts / signalisation CIRCULATIONS VERTICALES : Type d’espace : contenant / ouvert / symétrie / dimensions, proportions… Escaliers ? Ascenseurs ? Types / dimensions / inclus dans le parcours ou non Eclairage, couleurs… + Thématique des expositions + Renseignements sur le type d’accompagnement et de visites prévues 135 ANNEXE 4 MUSEE DES ARTS ET METIERS Situé dans le 3ème arrondissement de Paris, le Musée des arts et métiers est installé dans les bâtiments de l’ancien prieuré royal de Saint-Martin-des-Champs. Composé de plusieurs corps de bâtiments, ceux antérieurs au 20ème siècle ont été classés au titre des monuments historiques depuis le 15 mars 1993. Fondé en 1794, le Conservatoire des arts et métiers était à l’origine un établissement destiné à former des techniciens et des ingénieurs à l’aide de démonstrations réalisées à partir d’objets scientifiques et techniques. Les galeries du musée ouvrirent leurs portes 1802. Sur une surface totale de 10 000 m², 6 000 m² sont dévolus à l'exposition permanente. C’est aujourd’hui une institution d'État sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a été labellisé « Musée de France » en 2002. En 2003, le musée a reçu le label "Tourisme et Handicap" pour le handicap auditif. En effet, le CNAM a une politique développée pour l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap avec un service spécial, le Handi’cnam. La mission Handi'cnam dont est chargé ce service est « de conduire la politique de handicap de l'établissement ; elle centralise et instruit les demandes de temps majorés et aménagements pour examen et études du centre d'enseignement de Paris. Elle conseille les centres régionaux du Cnam. » A noter que sur le site le handicap mental arrive en troisième position, avant le handicap visuel. Par ailleurs, pour améliorer l’accueil des personnes handicapées mentales, le musée travaille en lien avec différents partenaires (institutions spécialisées, autres établissements culturels). Un programme d’activités spécifique s’articule autour de visites et ateliers qui permettent une découverte ludique des collections. Des visites adaptées des collections sont également proposées et des informations sont données à ceux préférant parcourir les expositions en autonomie. Sept activités et visites sont proposées en tout pour ce public spécifique. 136 CARREFOUR BRUYANT ET ACCES HANDICAPE Donnant sur le carrefour des Arts et Métiers où se situe le métro, le musée a prévu pour l’accueil des personnes handicapées, moteurs mais pouvant bénéficier aux personnes le désirant, des déposes minutes dont l’un se situe dans une rue à l’arrière, plus calme. Le bâtiment est mis à distance de la rue grâce à un petit jardin qui amène vers l’entrée. Les dimensions du hall sont très raisonnables en comparaison d’autres hall de musée et l’ambiance lumineuse autant que les matériaux, la pierre est très présente, sont homogènes. Ce dernier est baigné de lumière naturelle grâce à la présence de larges fenêtres qui viennent s’inscrire dans les encadrements du mur. De ce fait, si un lien visuel existe avec l’extérieur, la limite dedans dehors demeure bien définie. En revanche, l’entrée se fait, à priori, par des portes tambours manuels ce qui peut-être stressant pour un autiste. Cependant il y a aussi des portes battantes qui pourraient permettre de ne pas avoir à emprunter les portes tournantes. LIBERTE DU PARCOURS LINEAIRE ET LIEUX PONCTUELS DE DETENTE L’accès aux expositions temporaires se fait par le rez-de-chaussée alors que celui aux permanentes peut s’effectuer en plusieurs endroits. Tout dépend du parcours qui a été choisi. En effet, l’exposition est divisée par thématique et il existe plusieurs accès. Ainsi, il est possible de ne passer que dans une partie de l’exposition. Les parcours sont simples, linéaires principalement. Cela découle de la morphologie des salles qui correspondent au modèle historique de la galerie. Un lieu détonne… sous la charpente en bois, la première partie de l’exposition, à laquelle il est possible d’accéder par un ascenseur, procure une impression de cocon, malgré les grandes vitrines qui protègent les divers objets présentés 1. A l’opposé, la salle des machines dans l’ancienne église parait beaucoup moins propice à la venue des personnes autistes. Le lieu présente de grandes dimensions, une structure permet de monter voir des transports anciens mais est totalement ouvert sur l’immensité du lieu. A noter également, la présence, en plusieurs endroits, de petites pièces isolées des espaces d’exposition et dans lesquelles se trouvent des banquettes. Ces lieux sont particulièrement propices au rassérènement des personnes présentant des troubles autistiques d’autant que la lumière y est tamisée. Si le reste des banquettes se situent dans les salles à la vue de tous, une bonne partie d’entre elles sont adossées aux parois ce qui évite le passage de visiteurs dans le dos des personnes assises. AMBIANCE HOMOGENE, LIEU A L’ECART L’ambiance générale des lieux est assez homogène. Au second niveau, tous les vitrages des fenêtres sont opalescents. Elles ne constituent pas de ce fait de distraction possible. Par ailleurs, la lumière naturelle provient également du plafond dont les vitres ont été traitées de manière similaire. Au premier la transparence des vitrages est tempérée par la présence de filtres aux couleurs pales. La 137 lumière artificielle est de teinte chaude et les matériaux sont unifiés. Du parquet au sol relativement clair, des murs blancs et les vitrines et autres présentoirs en bois massifs de teinte sombre. Il semble que ce mobilier assez imposant permet de contrebalancer l’effet du vitrage en matérialisant la limite des vitrines. Ce mobilier permet également de structurer les longues salles et de recréer des séquences 2. Néanmoins, certains spots au plafond, lumière directe, pourraient être un facteur d’éblouissement pour certains visiteurs. AMENAGEMENTS SCENOGRAPHIQUES ET BRUIT Les cartels sont écrits en langage simple et titrés en gros caractère ce qui favorise la lecture du titre au moins. Quant aux dispositifs audiovisuels la plupart sont insonorisés et à écouter au casque. Mais d’autres propagent un bruit diffus dans les espaces d’exposition. Le bruit qui s’élève de certains dispositifs à manipuler, de part leur conception en bois entre autre, est parfois très élevé. Par ailleurs c’est l’ancien parquet grinçant qui vient ajouter au bruit de fond. Le parcours est séquencé par des couleurs distinctes en fonction de la thématique. C’est l’intérieur des vitrines qui est coloré principalement mais certains murs le sont aussi. Cela aide au repérage dans l’espace. Finalement, mis à part le bruit, il semble que l’attention portée aux personnes handicapées de manière générale et les efforts que l’institution fournis pour leur accueil ait influencé un temps soit peu certains aménagements muséographiques et scénographiques. Le musée parait vraisemblablement accessible à un grand nombre de personnes présentant des troubles autistiques 1 Contenance et lumière chaude dans le 1er 2 Lumière naturelle, longue perspective et mobilier espace d’exposition massif qui redécoupe l’espace. 138 PALAIS DE LA DECOUVERTE Le Palais de la découverte est à la fois musée et centre culturel scientifique. Il est installé dans l'aile ouest du Grand Palais, à proximité des Champs Elysée. Initié en 1937 par Jean Perrin, le musée, à l’origine éphémère, avait pour but de montrer à tous les publics « la science en train de se faire ». Il s’agissait alors de la faire sortir des laboratoires et de faire participer le public aux découvertes scientifiques. Le gouvernement le pérennisa par un décret en 1938. Par la suite, il fut successivement transformé en établissement public en 1970 et en grand établissement en 1972. Depuis le 1er janvier 2010, le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences et de l'Industrie sont regroupés au sein d'un EPIC commun nommé Universcience. Il a pour mission de sortir les expériences des laboratoires de recherche en développant l’intérêt des jeunes principalement pour la science. Cette démarche nécessite la collaboration entre des chercheurs, des médiateurs et des muséologues afin transformer de rendre compréhensible à tous les dispositifs scientifiques. CADRE CALME ET ESCALIERS Le Palais de la découverte se situe à proximité des Champs-Elysées, mais n’étant pas sur l’avenue il bénéfice d’un accès par une rue calme et d’espaces verts aux alentours. Une bouche de métro et un parking sont proches mais il semble possible de déposer les visiteurs à quelques pas du grand escalier qui monte vers les portes d’entrée. Il s’agit de portes vitrées coulissantes. En effet, l’entrée se situe en hauteur et il n’y a pas d’ascenseur qui permette d’y accéder. A l’intérieur du bâtiment, il en va de même. Aucun espace n’est accessible de plein pied ce qui peut-être rédhibitoire pour certaines personnes handicapées. UN MONDE A PART AUX DIMENSIONS MONUMENTALES Etant intégré dans un édifice en pierre de taille, l’immense hall cylindrique tire principalement sa lumière d’une majestueuse coupole dotée d’une verrière. L’opacité de l’espace vis-à-vis de l’extérieur renforce ainsi sont intériorité. Le lieu n’en est pas moins spacieux car les proportions sont monumentales. L’ensemble des fonctions du Palais, des espaces d’expositions au café, s’organisent autour de ce hall, point central du bâtiment. La billetterie fait face à l’entrée, de l’autre côté du hall totalement dégagé. Entre les deux, quelques bancs adossés aux murs périphériques et des escaliers qui 139 permettent l’accès aux expositions. Leur symétrie accentue la centralité de la zone d’accueil. Cette dernière est suffisamment spacieuse pour que l’accueil confortable de deux groupes se fasse simultanément. AMBIANCES CONTRASTEES ET LIEU BRUYANT Dans cette partie de l’édifice les matériaux sont homogènes, en pierre principalement, mais des ambiances très contrastées se dégagent de ce que l’on perçoit des différentes expositions. En effet elles donnent directement sur le hall, sans exception. Un balcon circulaire en mezzanine dessert les expositions situées au premier étage et offre aux visiteurs une certaine liberté de parcours. Le même système donne accès aux expositions à l’étage supérieur. S’il est possible de parcourir une zone thématique, de ressortir puis de se rendre à une seconde, il est également permis de passer directement d’une zone à l’autre. Il y a une grande hétérogénéité des ambiances, couleurs, etc. qui reflètent la variété des thèmes présentés. La contre partie, d’un hall d’accueil circulaire 1 aussi vaste et qui communique par les balcons avec l’ensemble des espaces d’expositions, est qu’il raisonne. Ainsi dès que plusieurs personnes parlent en même temps un bruit, plus intense que la rumeur souvent perçue dans les grands espaces publics, se fait entendre. Autant dire qu’un bruit permanent monte depuis le hall. Ajouté à cela que les expositions sont pour la plupart équipés de dispositifs audiovisuels dont le son n’est que faiblement directionnel et vient alors renforcer le bruit ambiant. POINTS POSITIFS OU NEGATIFS RETENUS DES EXPOSITIONS Dans l’exposition temporaire sur les fourmis, le revêtement mou du sol peut-être très bénéfique en cas de chute ou plus généralement pour le confort des enfants que les accompagnateurs font souvent asseoir à même le sol. A l’inverse, pour ce qui est de l’éclairage, des projecteurs aux teintes chaudes provoquent de forts contrastes et éblouissent plus ou moins selon le lieu où l’on se situe. Dans l’exposition sur la lumière 2, une transition radicale propose de passer du vaste balcon aux proportions monumentales à une petite entrée noire de laquelle on peut entrevoir des néons, très peu recommandés pour le confort des personnes autistes. Pour accéder à la zone sur l’espace, c’est tout un escalier qui se trouve plongé dans le noir. La mezzanine sur laquelle il se situe est très sombre et c’est, de plus, probablement le lieu le plus bruyant du Palais. Il y a, à la sortie de la précédente zone, une multitude de panneaux… A la rencontre entre deux espaces bruyants, le bruit et les nombreux panneaux constituent deux points fortement préjudiciables pour le confort des visiteurs présentant des syndromes autistiques. Globalement les changements lumineux brutaux sont récurrents. Le volume sonore est également élevé. L’hétérogénéité des ambiances, des matériaux, l’immense hall dont rien ne vient atténuer les dimensions monumentales, l’accès peu pratique… De nombreux éléments négatifs ressortent de cette visite. 140 Exposition « Terre et Vie ». Espace très dégagé, grandes dimensions et éclairage direct 1 L’immense hall circulaire et la très faible ouverture 2 Depuis le balcon, accès à l’exposition « Lumière » sur l’extérieur. fort contraste lumineux et utilisation de néons. 141 CITE DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE Située au sein du Parc de la Villette, dans le 19ème arrondissement de Paris, La Cité des Sciences et de l’Industrie est un établissement spécialisé dans la diffusion de la culture scientifique et technique. Complément du Palais de la découverte, la Cité a ouvert ses portes le 13 mars 1986 et depuis 2010, les deux institutions sont regroupées dans un établissement commun nommé Universcience. Créée à l'initiative du Président Giscard d'Estaing, elle a pour mission de diffuser à un large public, notamment aux enfants et aux adolescents, les connaissances scientifiques et techniques. Elle regroupe à la fois des lieux d’expositions temporaires et permanentes, une bibliothèque et des salles de cinéma. La Cité des enfants, ouverte depuis 1992, a été renouvelée et agrandie en 2007. Elle accueille depuis les enfants à partir de 2 ans. Un parcours spécifique, composé de nombreuses activités ludiques et éducatives, y est proposé aux tout petits. ENTRE PARC ET VILLE, UN INTERIEUR CHARGE D’INFORMATIONS En arrivant par le parc, l’élément naturel présent par des espaces larges procure un cadre calme. L’arrivée par l’avenue où circule de nombreux véhicules où par le métro est nettement moins tranquille. Mais, mise à distance des zones bruyantes, la Cité bénéficie d’un grand parvis depuis lequel la vue est dégagée. La façade d’entrée, vitrée, permet une première vision du hall. La double hauteur au centre de celui-ci, que l’on perçoit quand on s’avance à l’intérieur, n’est pas perceptible depuis l’extérieur. En effet, la zone d’accueil et la billetterie, auxquelles on accède par un grand sas aux portes coulissantes, bénéficient d’un plafond abaissé puisque se superpose à l’entrée d’autres espaces au premier étage. Il est possible d’accéder directement aux espaces d’expositions si les billets ont été au préalable réservés et les personnes handicapées ainsi que leur accompagnateur profitent d’un accès gratuit à toutes les 142 expositions. Le lieu est composé de plusieurs zones identifiables qui viennent aménagés des sousespaces assez ouverts. Habillés d’une multitude de matériaux, s’y associent les nombreuses affiches, la lumière naturelle, celle artificielle qui vient interférer dans la lecture de l’espace… Ces divers éléments créent une confusion sensorielle de par leur démultiplication 1. L’ACCES CONTENANT MAIS OUVERT La signalisation générale concernant la position des expositions n’est pas d’une grande clarté mais la Cité des enfants profite de sa situation au même niveau que l’accueil. En rez-de-jardin, elle est indiquée par un portail en position centrale vis-à-vis de l’axe longitudinal du hall. En réalité, nul besoin de traverser cette porte qui constitue une transition brutale sans lien ni avec le hall, ni avec l’espace auquel elle donne accès. Des passages se trouvent de chaque côté et permettent également d’atteindre l’entrée de la Cité des enfants. Moins intimidants, ils permettent une continuité des sensations. Le lieu d’attente, aux dimensions resserrées, est relativement contenant au regard des dimensions du hall vertigineux de la Cité car isolé de ce dernier par une paroi opaque. Néanmoins, il reste ouvert puisque aucune cloison ne vient délimiter de zones en son sein. Seules des banquettes basses sans dossier subdivisent l’espace. Une longue perspective est de ce fait créée de part en part de la Cité des enfants. PARCOURS AUTOUR D’UN AXE CENTRAL LUMINEUX Les deux expositions, différenciées en fonction de l’âge des enfants, sont desservies de part et d’autre la zone d’attente. Les parcours intérieurs sont organisés autour d’un axe central qui se prolonge jusqu’aux façades vitrées de l’édifice. Ainsi, la lumière naturelle pénètre profondément tandis que la transition entre espace d’attente et exposition n’est marquée que par un meuble bas à côté duquel des membres du personnel contrôlent les billets. Cela permet une continuité lumineuse. Les zones qui fragmentent le lieu selon des thématiques distinctes sont indiquées par de larges bandeaux de couleurs dont les inscriptions sont en gros caractères. A l’intérieur de ces zones, l’intensité lumineuse décroit progressivement et un éclairage artificiel de teinte chaude vient remplacer la lumière naturelle. Les contrastes lumineux sont nombreux mais restent assez faibles. C’est pourquoi ils ne perturbent pas réellement la lecture des espaces. Il en va différemment pour les zones situées en façade qui bénéficient des baies vitrées toute hauteur. Elles sont, de temps en temps, légèrement opacifiées par des films colorés. PERMEABILITE DES ESPACES ET GRANDE VARIETE DE MOBILIERS Si la transition entre les zones ne peut se faire globalement que par l’allée centrale, des percées dans les cloisons séparatives donnent des vues sur l’espace voisin. Un lieu n’est jamais totalement isolé des autres. Cela peut-être également provoqué par la symétrie des accès qui composent des perspectives perpendiculaires à celle de l’axe centrale 2. 143 A l’intérieur des zones et selon le thème correspondant, des activités mécaniques et des dispositifs interactifs animent l’espace. En grande quantité, ils sont construits dans des matériaux diversifiés et de tailles très variables. Ils composent un paysage complexe. De plus, parfois très bruyants dès qu’ils sont activés, ils accentuent le niveau global sonore qui est déjà élevé aux vues du nombre de personnes présentes et de leurs jeunes âges. Le bruit n’est pas le seul facteur pouvant être anxiogène. En effet, si les transitions lumineuses sont relativement douces, les différentes couleurs, globalement vives, utilisées pour distinguées les zones au sol et sur les murs le sont nettement moins. Ces couleurs viennent s’associer aux matériaux et couleurs des dispositifs interactifs. Ces éléments compliquent l’espace. Le lieu en lui-même n’est déjà pas si simple que ça car il est fragmenté. S’ajoute à ça le faux plafond qui n’est pas homogène en fonction des zones et laissent par moment visibles les tuyaux de ventilations, etc. ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES SINGULIERS Les assises sont relativement peu nombreuses mais présentent l’avantage d’être positionnées le long des murs. A priori à destination des parents, ils peuvent alors surveiller leurs enfants qui n’ont pas la possibilité de se trouver dans leur dos. Mais pour les enfants autistes, ils ne peuvent pas se retrouver dans un lieu calme, toujours à la vue des autres et en train de les voir. L’utilisation de pictogrammes qui facilitent la compréhension des indications par les enfants, facilitent également celle des enfants présentant une déficience mentale. Nécessaires donc, ils constituent toutefois un élément supplémentaire pouvant possiblement attirer leur attention. L’espace d’exposition est finalement caractérisé par l’absence d’unité de couleurs et de matériaux, l’importance non négligeable de la façade vitrée en périphérie mais le point le plus négatif reste le bruit ambiant et permanent. Toutefois les contrastes lumineux sont assez faibles et les continuités visuelles entre des espaces plus ou moins proches peuvent permettre aux enfants autistes de se mettre à distance tout en gardant un lien visuel avec le reste. Ce sont les dimensions du hall est surtout la prolifération d’informations par les affichent, matériaux, différentes sources lumineuses qui peut être anxiogène. 144 1 L’immense hall et la profusion d’informations 2 Intérieur de la Cité des enfants, perspective latérale 145 MUSEE D’ORSAY La décision de réhabiliter la gare d’Orsay en espace muséal fut prise en 1977, à l'initiative du Président Valéry Giscard d'Estaing. En 1978, le bâtiment fut classé monument historique et, dans le même temps, l'établissement public du musée d'Orsay fut créé. En 1986, le Président de la République, François Mitterrand, inaugura le nouveau musée. En 2009, le musée d'Orsay a entrepris la rénovation scénographique et muséographique des salles impressionnistes et postimpressionnistes situées au dernier étage ainsi que des quatre étages du « Pavillon » qui y donne accès. L’enjeu était, d’après l’institution elle-même, de mettre davantage en valeur les œuvres, d’accroître les surfaces d'exposition et le confort des visiteurs et enfin d’assurer une meilleure fluidité de la circulation et une meilleure sécurité. ACCES PRINCIPAL PAR LES BERGES DE LA SEINE, ACCUEIL AU PARCOURS LIBRE Une place en promontoire, dont la traversée est inévitable avant de pénétrer dans le musée, s’étend devant le hall et l’entoure. La vue dégagée sur la Seine et l’artère bruyante qui longe le fleuve crée un cadre urbain singulier. Il y a bien un parking à proximité, le RER et des bus, également des places de stationnement aux alentours réservées aux personnes handicapées mais aucun de ses moyens de transport ne communique directement avec l’accueil. Si les visiteurs sont munis de billets ils peuvent éviter l’éventuelle file d’attente de l’accès principal et accéder au hall en empruntant les portes tambours, situées sur la façade opposée. La zone d’accueil est divisée en deux parties qui correspondent : dans l’extension en amont du bâtiment au point d’information et la billetterie, et, à l’arrière, aux boutiques et vestiaires qui prennent place dans à l’ancien hall de la gare. Distribués de manière symétrique autour de l’axe principal qui conduit aux expositions, les espaces de boutiques sont vitrés. Cela rend floue leur délimitation, certainement dans le but d’encourager les visiteurs à devenir acheteurs. 146 Le hall est vitré en façade mais les épaisses menuiseries permettent d’identifier assez clairement la limite dedans/dehors. Les dimensions du lieu sont finalement relativement modestes. Cet effet est accentué par le cloisonnement intérieur, bien que n’étant pas toute hauteur, qui permet une identification des fonctions. En ce qui concerne le parcours de l’extérieur vers l’espace d’exposition, il est plutôt libre et finalement assez mal défini. En ce qui concerne le traitement de l’ambiance lumineuse, l’espace d’accueil est baigné dans une lumière naturelle ce qui le rend assez homogène d’autant plus des teintes chaudes ont été privilégiées pour l’éclairage. La transition vers les espaces d’exposition est marquée par les anciennes portes de la gare, en métal sombre et avec de petits carreaux de vitrage. Elles sont visiblement laissées ouvertes pour faciliter la circulation du public. Les indications quant à la situation des ascenseurs ne sont pas vraiment explicites, il en va de même des repères sur les différentes expositions. En effet, de grandes affiches indiquent les nombreuses expositions mais les tableaux utilisés en arrière plan en complexifient la lecture. Un second point d’information se situe néanmoins à proximité de l’entrée sur le belvédère. Le fait que l’accès aux expositions surplombe une partie de celles-ci, situées rez-de-chaussée, crée une perspective étendue sur les lieux 1. DISPOSITION GENERALE : ESPACES REINVESTISSANT LE VASTE LIEU DE LA GARE Trois niveaux composent l’espace d’exposition du musée. Au rez-de-chaussée, les salles sont distribuées de part et d'autre de la majestueuse allée centrale sous l’immense voute au vitrage translucide. La symétrie de l’organisation, en apparence simple, ne doit pas atténuer l’aspect travaillé de ces espaces. Des jeux de percées avec différentes hauteurs de plafonds, la présence de quelques marches qui se répètent au fur et à mesure que l’on avance dans le parcours complexifient l’espace. L’intensité lumineuse, particulièrement homogène dans la travée centrale, varie plus fortement dans les allées secondaires. Des spots directionnels mettent en valeurs les œuvres, des vitrines protègent les pièces fragiles, les petites sculptures. Au niveau intermédiaire, les terrasses dominent l’allée centrale qui est toute hauteur. L’épais gardecorps en pierre les met à distance de ce grand vide mais la proximité de la voûte accentue les grandes dimensions de l’espace. Cette présence de la voute en vitrage permet une lumière naturelle diffuse. Le jeu des plafonds, de différentes hauteurs et percés, qui était perçu à l’étage inférieur se traduit ici par un vide, des passerelles et, par endroit, des vues plongeantes sur l’espace du rez-dechaussée. Les terrasses desservent les salles d’expositions périphériques auxquelles on accède par les passerelles. L'étage supérieur, organisé en U occupe presque l’intégralité de la surface du musée. Il est bien plus opaque vis-à-vis de l’extérieur et les jeux d’ombres y sont plus importants. GRANDE DIVERSITE DE VOLUMES ET HOMOGENEITE DES MATERIAUX UTILISES De manière générale il y a une grande homogénéité dans l’utilisation des matériaux. Sols et murs sont majoritairement traités en marbre beige. Ce point est particulièrement vrai pour la mezzanine où la 147 présence de la voûte au décor travaillé à probablement encouragée un traitement sobre des revêtements 1. Au rez-de-chaussée, du marbre sombre marque l’entrée des espaces secondaires. Les murs intérieurs des salles sont peints en rouge sombre et la partie la plus périphérique a été traitée en kaki. Ces couleurs ne sont pas agressives et permettent, un temps soit peu, de se repérer. Au dernier étage, la scénographie a été entièrement repensée. Les cimaises ont été peintes dans des teintes froides et sombres pour délimiter les différentes zones, les œuvres des différents peintres présentés et les courants auxquels ils appartiennent 2. CIRCULATIONS VERTICALES COMPLEXES Ce n’est pas tant la disposition, aux extrémités de l’axe longitudinal des espaces d’expositions, qui provoque l’impression d’une circulation complexe que le fait qu’elles soient intégrées à la structure du bâtiment. De ce fait elles sont visibles. Mais, une multitude de détails est tout aussi visible et l’ouverture des escaliers sur le volume de l’allée centrale accentuent encore d’avantage la quantité d’éléments perçus pendant l’ascension. VARIATION DE LA LUMIERE NATURELLE, LUMIERE ARTIFICIELLE CHAUDE ET BRUIT Pour en revenir à l'éclairage, la lumière du jour utilisée crée une ambiance assez homogène et les éclairages artificiels complémentaires permettent des variations d'intensité en fonction de la diversité des œuvres présentées. Par les dimensions initiales de la gare, des installations importantes de régulation du bruit ont du être mises en place. Toutefois ces dispositifs sont eux-mêmes quelque peu bruyants et la rumeur qui monte du rez-de-chaussée provoque un bruit de fond permanent depuis les mezzanines. C’est aussi les moteurs des ascenseurs qui dans les espaces de circulations verticales augmentent l’intensité du bruit. ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES Toutes les œuvres, tableaux et sculptures, sont mis à distance par différents types de dispositifs. Ainsi, il y a les cordons devant les tableaux, les vitrines pour les petites sculptures et les socles pour les grandes ainsi que quelques tableaux également. Il n’y a pas d’assisses dans les salles de déambulations qui entourent l’allée principale au rez-dechaussée. C’est au sein de celle-ci que se trouvent des bancs, dans la partie centrale où sont placées les sculptures. Ils sont séparés des « couloirs » de circulation par un muret. Assis sur l’un d’entre eux, il est assez difficile de se défaire de la sensation que des visiteurs circulent sans cesse dans notre dos. 148 Sur la mezzanine, bien que les assisses tournent le dos au vide central, la dimension du garde-corps procure un sentiment de sécurité. La vue est resserrée sur un espace bien moins impressionnant et qui favorise le repos, d’autant qu’il y a un peu moins de passage qu’au rez-de-chaussée. A l’étage supérieur encore, des bancs sont disposés au centre des salles et donc à la vue de tous. Dès lors, bien que les dimensions du musée d’Orsay soient monumentales, le traitement de la lumière principalement permet de sécuriser le parcours pour tous. La lumière naturelle, la lumière artificielle de teinte chaude sont préférables pour le bien-être des personnes autistes. Par suite, il subsiste un point noir majeur relatif au bruit et le positionnement des assises est globalement très peu propice au rassérènement de ces personnes. Pour ce qui est de la multitude de détails dû à la qualité architecturale de l’édifice il semble contrebalancé par la sobriété des matériaux. Mais, la signalétique apparait comme un facteur venant complexifié la lecture de l’espace et les cheminements ne sont pas des plus clairs. 1 L’immense travée principale et les terrasses du 1er, la voute vitrée diffusant une lumière naturelle et les matériaux sobres. 2 L’espace d’exposition du dernier étage : couleurs sombres, éclairage zénithal, assisse au centre des salles. 149 CENTRE POMPIDOU Le Centre Georges Pompidou est un établissement polyculturel situé entre le quartier des Halles et le quartier du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris. Le Centre est un « établissement public national à caractère culturel » qui conserve l'une des trois plus importantes collections d'art moderne et contemporain au monde. Inauguré en 1977, il accueille plus de 5,3 millions de visiteurs par an. Le musée est né de la volonté de Pompidou, président de l’époque, d'enrayer le déclin de Paris sur la scène artistique internationale afin de conserver sa place majeure dans le milieu de l'art contemporain. Il se veut également le symbole d’une conviction que l'art contemporain pouvait renouer avec le public le plus large à condition que la puissance publique joue pleinement son rôle de médiateur. Cela s’est associé au désir de créer à Paris un grand monument représentatif de l'architecture de la seconde moitié du XXe siècle, dont les réalisations dans la capitale avaient été, jusqu'alors, d’importance secondaire. Les collections du musées représentent un total de 99 304 œuvres dont 1 957 sont exposées en permanence sur 18 500 m² et 4 580 œuvres sont déposées dans des musées de province. L’exposition permanente du musée présente ainsi le travail d’environ 6 382 artistes. Quatre galeries d’expositions temporaires supplémentaires (design, photographie, etc.) occupent au total 5 200 m² Le centre Georges-Pompidou a réhabilité en France le concept de musée, qui était en plein marasme au moment de sa création, et son succès a été un des facteurs à l'origine de la multiplication des institutions muséales dans les années 1980 et 1990. DISPOSITION URBAINE REMARQUABLE. ESPACE OUVERT ET MONUMENTAL. L’édifice bénéficie au sous-sol d’un parking. Néanmoins il n’y a pas d’accès direct à l’espace d’accueil depuis ce dernier. Les personnes handicapées profitent malgré ça d’un accès autre que celui du public 150 par le parvis. Ainsi, il y a une entrée au niveau de la mezzanine, celle-ci est plus discrète et donc moins monumentale. Si les personnes sont munies de leur ticket, nulle besoin pour elles alors de descendre dans le hall aux dimensions vertigineuses, vitré sur ces deux façades urbaines. Cet espace peut-être particulièrement anxiogène, il n’y a pas d’éléments qui viennent le structurer véritablement. Les points de repères existants sont noyés dans les proportions extraordinaires de l’édifice et sont donc très peu présents. Sur cette mezzanine se trouve, entre autre, la galerie des enfants. Elle est totalement ouverte sur le hall qu’elle surplombe. Seul le garde corps grillagé assure la protection. Cependant, bien que les dimensions soient également de l’ordre du monumental, la mezzanine adossée contre un mur aveugle pourrait éventuellement donner aux personnes s’y trouvant la sensation de voir sans être vues. L’ESCALATOR VITRE Beaubourg est bien connu pour sa circulation verticale à la vue panoramique qui s’amplifie au fur et à mesure de la montée. Il existe cependant une solution alternative probablement pensé avant tout pour les personnes en fauteuil roulant. Utiliser l’ascenseur peut alors permettre de ne pas être confronter à cette projection sur le tout Paris qui peut devenir angoissant. Cela dit, cet ascenseur, lieu clos par excellence, peut-être pareillement stressant. Il n’est par ailleurs pas relié au bâtiment au niveau des expositions permanentes ce qui oblige à ressortir hors du bâtiment pour accéder à ces espaces . ESPACE OUVERT/ESPACE RESSERRE Le hall des expositions permanentes est à l’échelle du bâtiment, vaste et dégagé. Dans une moindre mesure qu’au rez-de-chaussée cependant puisqu’un mur séparatif divise l’accueil et le contrôle des billets des expositions à proprement parlé. A l’intérieur de ce vaste espace, des « boîtes » rendent l’échelle un peu plus intime. Cette restructuration en sous espace sert également à créer des lieux thématisés autour du travail d’un artiste en particulier. La hauteur de ces salles a été abaissée grâce à l’installation d’un faux plafond qui ferme les « boites » 1. On peut noter la présence d’une toute petite alcôve, relativement isolée, qui pourraient être propice au repos d’une personne autiste victime d’une crise d’angoisse. Ce dispositif spatial constitue cela dit une exception au regard de l’organisation globale des espaces. Contrairement aux salles qui disposent d’un faux-plafond, les « tuyaux » du bâtiment restent visibles au plafond dans la plupart des espaces d’exposition. S’ils fédèrent le lieu ils peuvent également, par leurs couleurs, leurs formes, être distrayants pour les autistes. Le sol bénéficie quant-à-lui d’un revêtement unique, des petites lames de bois clair qui le rendent homogène. Quant aux cloisons, elles sont presque dans leur intégralité blanches. Seuls quelques murs sont peints dans des couleurs vives. Ces teintes découlent d’une œuvre et seraient donc amenées à être repeintes, en fonction des œuvres exposées. 151 PARCOURS SIMPLIFIE AUTOUR D’UN AXE Le parcours de l’exposition est simple. Les différentes zones et salles sont organisées autour d’un axe central qui structure le parcours et crée une perspective profonde sur l’espace. Un plan, situé à l’entrée de l’exposition, explique la configuration des lieux ce qui permettre aux personnes de se repérer. Le lieu étant de plein pied, il n’y a aucun obstacle au sien du parcours. LUMIERE ARTIFICIELLE MAIS HOMOGENE La façade vitrée du centre, donnant sur le parvis, est peu présente car elle est en grande partie recouverte d’un film limitant la pénétration des rayons lumineux. La façade opposée, opacifiée, n’est par ailleurs pas visible depuis la zone d’exposition. Une bande de circulation dédiée au stockage l’en sépare. Au sein des espaces, l’éclairage artificiel est composé exclusivement de sources indirectes. Peut-être mal installées par endroit, elles restent visibles ce qui contredit quelque peu le principe même de ce type d’éclairage. Il présente l’avantage de créer une ambiance relativement homogène, peu de contraste, pas de jeux d’ombre. Cette lumière de teinte blanche, même si diffuse, a un caractère fortement artificiel relativement fatiguant au fur et à mesure que le temps passe. AMENAGEMENTS SCENOGRAPHIQUES Si des cordons de sécurité sont présents devant certains tableaux, ce n’est pas le cas de tous. Par endroit, une simple bande noire indique aux visiteurs la distance à ne pas dépasser pour les observer. Ces bandes peuvent attirer l’attention d’une personne autiste en plus de ne pas être explicite sur l’objet de sa présence. Les sculptures sont rarement « protégées » par une limite sauf quelques une situées sur un socle qui les mettent alors à distance de manière tangible. Quant aux explications, seul un numéro retranscrit sur le plan général de l’exposition et le livret indique l’intitulé de la salle dans laquelle on s’apprête à entrer. Les cartels ne sont pas forcément d’une lisibilité limpide par la petite taille des caractères. Les bancs de repos sont très peu nombreux et situés de surcroit au centre de l’allée centrale. C’est le lieu le plus passant puisque colonne vertébrale de l’exposition. A noter que la présentation de certaines œuvres nécessite une scénographie particulière. Signaler par des alcôves noires, on accède alors aux salles, plongées dans le noir, par des couloirs étroits ou dans le cas d’œuvres bruyantes, par des portes. Ces zones du parcours, qui pourraient déstabiliser les personnes autistes par la brutalité de la transition, ne sont pas « obligatoires » ; comme l’intégralité du parcours, relativement libre. Ce dernier peut être aménagé en fonction des particularités des visiteurs. 152 Alors, Beaubourg, lieu flexible et neutre par excellence, offre des avantages certains pour les visiteurs autistes. L’accès aux expositions qui peut être déstabilisant, l’éclairage trop artificiel et la mauvaise gestion des assisses constituent les principaux points négatifs. Pour ce qui est de l’espace à proprement parlé, il semble assez peu plausible une transformation profonde, mais s’il a été possible de créer des rampe pour les fauteuils roulants, peut-être serait-il également possible d’installer un faux-plafond pour limiter les distractions. 1 Depuis l’accueil, intérieur sobre de l’espace d’exposition permanente : tuyaux apparents et sous espaces 153 MUSEE DU QUAI BRANLY Le musée du quai Branly ou musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques (civilisations non occidentales) est situé dans le 7ème arrondissement de Paris, au pied de la tour Eiffel, en face du musée d’Art moderne. Projet ambitieux porté par Jacques Chirac et réalisé par Jean Nouvel, il a été inauguré le 20 juin 2006. L’idée d’ouvrir un musée entièrement consacré aux arts « primitifs » voulait permettre la diversité des regards sur les objets, de l’ethnologie à l’histoire de l’art, et reconnaître officiellement la place qu’occupent les civilisations et le patrimoine de peuples parfois tenus à l’écart de la culture actuelle de la planète. Après des années de dispersion et de difficultés et à l’initiative de Jacques Kerchache, il était nécessaire de faire découvrir les précieuses collections réunies en France depuis cinq siècles. La collection comporte environ 300 000 objets, qui proviennent en majorité du musée de l’Homme (250 000 objets du laboratoire d’ethnologie) et du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie (25 000 objets). Le musée du quai Branly est un établissement culturel novateur, à la fois musée, centre d’enseignement et de recherche, et espace à vivre pour les publics. SITUATION URBAINE « EPOUSTOUFLANTE » ET TRANSITION PAYSAGERE L’accès principal au musée se fait par le quai Branly, une voie fortement passante puisque située à deux pas de la Tour Eiffel et empruntée, dans le même temps, par de nombreux automobilistes. La transition vitrée laisse paraître le jardin qui, une fois qu’on y a pénétré, permet une coupure nette avec l’agitation de la ville. Sa pente douce, sa verdure, offrent un isolement propice au rassérènement et au stationnement d’un groupe de personnes autistes. Toutefois, un accès par une rue calme, à l’arrière du bâtiment, est également possible. Il présente l’avantage d’une arrivée plus directe notamment pour les visiteurs ayant réservés leurs billets au préalable. 154 HALL SPACIEUX MAIS FERME Le jeu de pente a permis d’éliminer presque en totalité les escaliers. Le bénéfice de ce parti pris conceptuel, appréciable dès l’extérieur, se prolonge à l’intérieur de l’édifice. Grâce à la continuité du sol, les transitions sont douces. Avec un resserrement de l’espace extérieur, l’entrée est plutôt intime et sobre. De simples portes battantes vitrées s’inscrivent dans une petite verrière. La majorité des murs du hall sont en effet opaques. Après la zone d’entrée, baignée de lumière naturelle, l’accueil se trouve dans une lumière tamisée 1. Quelques lampes projettent une lumière vive qui attire potentiellement les visiteurs vers les guichets. Mais les effets de contrastes sont assez limités. L’organisation du hall s’est faite autour d’une colonne noire, espace de réserve visible par le public. Ainsi, le hall, qui est quant-à-lui dans des teintes neutres, tourne et se découvre progressivement au fur et à mesure que l’on progresse dans les lieux. La hauteur relativement basse du plafond et l’absence de cloison provoque un effet de résonnance à l’intérieur de ce lieu. Si l’accès aux salles de cours et d’ateliers se fait par un escalier conduisant au niveau inférieur, c’est par une rampe que l’on accède à l’exposition permanente 1. Elle entoure la réserve et serpente audessus de l’espace d’exposition temporaire en contrebas qui reste bien dissimulé. Les contrastes lumineux sont assez faibles, les couleurs des garde-corps pleins, du sol et de la presque totalité de ce que l’on peut voir sont pales, neutres, cela crée une longue zone de circulation, sans réels repères. Une peinture noire marque une coupure nette entre circulation et exposition. Des portes battantes, laissées ouvertes, donnent accès à un couloir noir large où le bruit de la ventilation est très présent. Depuis la partie basse d’un des murs, les luminaires projettent une lumière éblouissante. Puis, la zone d’exposition à proprement parlé débute. Arrondis, couleurs chaudes, forts contrastes : un espace complexe. UN ESPACE COMPLEXE ET DEMATERIALISE Malgré des plans, colorés pour reprendre les zones et placés en plusieurs endroits, il faut quelques instants pour prendre ses marques dans l’espace inhabituel de par sa forme, ses couleurs et ses textures. Le sens de la visite n’est pas clairement indiqué bien qu’une flèche peu visible indique la direction à suivre. Des titres colorés, en camaïeu avec la teinte de la zone à laquelle ils correspondent, en donnent l’information principale. Mais le texte situé en-dessous en petits caractères blancs sont difficilement lisibles. Le sol est entièrement incliné, comme c’était déjà le cas dans le jardin et le hall. De larges murets délimitent une zone centrale de déambulation qui se dilate à l’endroit par lequel on accède à l’exposition. Ses parois travaillées laissent apparaître une perspective longitudinale sur l’espace d’exposition. Autour, chaque zone correspondant à une partie du monde est différenciée des autres par une teinte particulière. Une des caractéristiques principales venant fédérer les espaces est la présence de nombreuses vitres derrière lesquelles se trouvent les multiples objets. En effet, bien que la tendance 155 à l’accumulation ait été auparavant davantage exprimée, la disposition s’en rapproche… De plus, les vitres, parois entières, remplacent les vitrines. Les effets de transparence et de reflets sont démultipliés. Les socles qui permettent, à priori, de mettre à distance les sculptures et autres objets sont identiques au sol. Dès lors, ils ne marquent une distinction entre les deux que par la différence de niveau. Il y a peu d’assisse. Cependant celles-ci sont placées dans des recoins, des culs-de-sac et autres espaces resserrés. Les boites, bien visibles depuis l’extérieur, sont également des zones séparées du reste. Les matériaux associés aux dimensions des boites en font des chambres de résonnance. Toutefois, l’espace est globalement peu bruyant. Il n’y a que peu de sources sonores directionnelles. AMBIANCE LUMINEUSE COMPLEXE L’éclairage de l’exposition provoque de forts contrastes. Quelques spots s’orientent vers des sculptures, d’autres éclairent les courbes des murs… Les zones d’ombre et autres espaces sombres, succèdent à des zones éclairés vivement. Le rapport à l’extérieur ajoute à la complexité des lieux. Travaillées, les fenêtres qui cadrent le paysage s’alternent avec des panneaux sérigraphiés, puis la résille qui recouvre le mur à l’arrière du bâtiment déclenche un jeu de lumière éblouissant et captivant. L’espace d’exposition est donc fortement dématérialisé par la présence de nombreuses vitres, l’ambiance des différents espaces est très contrastée et les détails abondent du sol au plafond. La lumière et le rapport à l’extérieur sont complexes. En revanche, le traitement du sol par la pente et particulièrement judicieuse pour l’accueil de tout public quel qu’en soit le handicap. Le traitement des abords du musée, jardin calme et espace qui se resserrent progressivement vers l’entrée, sont également favorable à l’accueil de ces publics. 1 Hall lumineux mais plutôt fermé, début de la rampe vers l’exposition permanente et espace de réserves 156 PINACOTHEQUE Située 28 place de la Madeleine, la Pinacothèque de Paris est le premier musée privé parisien à ouvrir ses portes en juin 2007 à l’initiative de Marc Restellini, historien de l’art. Répartie sur trois niveaux, elle accueille des expositions temporaires d’envergure internationale allant de l’archéologie à l’art contemporain. En janvier 2011, la Pinacothèque s’est étendue grâce à l’ouverture de nouvelles salles consacrées à sa future collection permanente. A quelques mètres de son emplacement actuel, à l’angle de la rue de Sèze et de la rue de Vignon, un immeuble réhabilité servira à présenter sur 3 000m² plus de deux cents tableaux issus de collections privées françaises et étrangères prêtées au musée pour des périodes longues. TISSU URBAIN CLASSIQUE. PARTICULARITE DU MUSEE Il n’y a pas de parking à l’usage unique de la Pinacothèque. Même si le plus proche n’est pas loin, il nécessite de traverser la place de la Madeleine pour se rendre au musée. Il semble toutefois possible de faire une halte rapide devant les bâtiments pour y déposer des personnes que l’environnement urbain pourrait déstabiliser. Par la suite, il apparaît qu’un véritable dépose-minute pourrait être créé. La billetterie est séparée des expositions. En effet, il faut d’abord se rendre à la billetterie puis ressortir dans la rue avant d’emprunter un des deux halls, dotés de portes coulissantes, qui donnent accès aux expositions. Cependant les visiteurs munis de billets peuvent se diriger directement vers les espaces d’expositions. Cela fait probablement suite à la situation particulière du musée, sa division en deux bâtiments. Ayant été intégré à des édifices de rapport, les dimensions des espaces sont de ce fait plutôt intimes. Il n’y a pas de grands halls vertigineux, pas d’immenses espaces où le regard peut se perdre. 157 ESPACE VITRE. VOLONTE D’AGRANDIR L’ESPACE, VISIBLE DEPUIS L’EXTERIEUR. Si l’espace originel du musée ne bénéficie pas d’une façade sur rue, cette dernière étant dédiée à la partie boutique du musée, le second, inauguré en 2011, occupe un angle de rue. Ainsi, lors de sa rénovation, le bâtiment a été ouvert par de grandes baies vitrées au rez-de-chaussée. A l’intérieur, les cloisons séparatives s’organisent en suivant des lignes courbes. Cela rend l’espace fluide et évite les grandes perspectives. Toutefois, ces baies vitrées toute hauteur complexifient la lecture de l’espace pour une personne autiste. Les vitres courbes renvoyant des images déformées et les reflets sont accentués en comparaison de vitres standards ; dont la présence peut déjà être vécue comme angoissante. Dès l’entrée, on peut observer la présence de lumières directionnelles, type spot, créant de forts contrastes et bien que l’espace baigne dans une lumière naturelle relativement diffuse provenant de l’extérieur. TRANSITION BRUTALE VERS LES EXPOSITIONS. L’accès aux expositions, quelque soit l’espace dans lequel elle se situe, se fait par une transformation rapide de l’ambiance lumineuse. Ils visiteurs transitent d’une zone lumineuse vers une zone très sombre à la frontière de laquelle un membre du personnel contrôle les billets. ESPACES SOMBRES DE PETITES DIMENSIONS. Les espaces d’exposition, aveugles, sont sombres et les spots directionnels dirigés vers les tableaux provoquent dès lors de forts contrastes. L’espace est globalement enveloppant puisque s’intégrant dans un édifice existant très contraint : les dimensions sont restreintes, les plafonds bas. Ce sont de petites salles qui se succèdent. Le revers de cette organisation est un parcours quelque peu tortueux voir labyrinthique. Pour ne pas le rendre étouffant, certaines cloisons sont percées ce qui permet des vues sur la suite du parcours. Il y a également des transitions verticales pour passer d’une salle à l’autre. Les quelques marches sont à chaque fois sécurisées par la présence d’une rampe, d’une bande en amont de la première marche, voir de petites lampes intégrées et d’un ascenseur pour personne à mobilité réduite. La disposition des cloisons permet de créer de petites zones qui apparaissent comme préservées du reste. Les vues y sont limitées, l’espace est alors resserré. Elles pourraient favoriser le repli des personnes en cas de crises. Toutefois, ce ne sont pas dans ces espaces que se situent les assisses de repos. En très faible nombre, elles se trouvent à la vue de tous au centre des zones de passages 1. ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES. Les titres des parties sont inscrits en grand format dans chaque salle mais le reste des textes de présentation, de longs textes, sont écrits en petits caractères de manière dense. Ils demandent une attention particulière dont ne peuvent pas forcément faire preuve les personnes autistes. On note 158 l’absence d’un plan à l’entrée qui permettrait de se repérer dans l’exposition. Les tableaux sont protégés par des cordons de sécurité. Ceux-ci sont bas mais ils permettent cette mise à distance entre le visiteur et les œuvres qui peut-être rassurante pour les autistes. Il faut également noter le séquençage de l’exposition en zones de couleurs. Des couleurs pales, relativement sombres mais bien différenciables. Vert, bleu, gris… les couleurs permettent de comprendre la transition entre les différentes thématiques. Les principaux points noirs de la Pinacothèque sont certainement les espaces entièrement vitrés du hall d’entrée et le trop peu de luminosité générale accentuée par les forts contrastes des espaces d’exposition. Pourtant les dimensions restreintes de l’espace et la présence de nombreux recoins pourraient être un point très positif dans la retranscription d’une accessibilité pour les autistes. 1 Différence de niveaux. Espace d’exposition sombre et contrasté, les recoins créés par les murs porteurs 159 ANNEXE 5 CLASSIFICATION ANGLE D’ANALYSE Niveau de l’offre Promulgation de la loi Avant Après Type de construction Imbrication des deux thématiques Reconv Avant Constr Constr Après Constr MUSEES 1802 musée des Arts et Métiers Lieu très ancien Offre très dév 1938 Palais de la découverte Lieu ancien Manip/ enfants RECA Lieu créé Manip/ enfants RECA Lieu reconv Contempl RECA obs. 1986 Cité des sciences 1986 musée d’Orsay 1977 Centre Pompidou Musée moderne RECA 2006 musée du Quai Branly Charnière Politique de com. RECA 2007/2011 Pinacothèque Nouvelle reconv. Privé 2014 musée des Confluences Nouveau 2018 musée des Beaux-arts de Reims Nouveau 160 ANNEXE 6 RÉCAPITULATIF 1 Musée des Arts et Métiers 2 Palais de la Découverte 1802 1938 1986 /2009 1986 /2005 /2007 1977 2006 2007 /2011 2014 2018 Musée d'État sous la tutelle du ministère de l’Enseigne ment supérieur et de la Recherch Etablissement public autonome (regroupé) Institution publique autonome sous tutelle du ministère de la Culture Etablissement public autonome (regroupé) Institution publique autonome sous tutelle du ministère de la Culture Etablissement public autonome Musée privé Musée départeme ntal sous tutelle du ministère de la Culture Musée municipal Nb de visiteurs /an 250 000 690 000 3 580 000 2 650 000 5 300 000 1 350 000 800 000 / / Prise en compte des pers. handi. très élevée très faible élevée très élevée élevée élevée faible à priori très élevée à priori très élevée Nb d’espaces d’expo. 2 6 7 17 5 4 2 10 4 Superficie t. expo. 10 000 m² ~20 000m² ~40 000m² 13 000m² 23 700m² 8 500m² 5 000m² 11 000 m² 11 287 m² Contenant /petit Circulaire / ouvert/ opaque Divisé / vitré Immense/ ouvert / vitré Immense/ ouvert / vitré Arrondi / ouvert/ opaque Etroit / vitré Int/ext. ouvert/ vitré Int/ext. Ouvert Différents niveaux Direct / en hauteur / transition brutale Direct / en contrebas Différents ou même niveaux Différents niveaux Différents niveaux / rampe Même niveau / transition brutale Différents niveaux Différents niveaux NOM DU MUSEE 3 Musée d’Orsay 4 Cité des Sciences 5 Centre Pompidou 6 Quai Branly 7 Pinacothèque 8 Musée des Confluences 9 Musée des Beauxarts de Reims Structure Date d’ouvertur e/ travaux Type Espace (général) Hall d’accueil Caract. principale Accès aux expositions 161 NOM DU MUSEE 1 Musée des Arts et Métiers 2 Palais de la Découverte 3 Musée d’Orsay 4 Cité des sciences 5 Centre Pompidou 6 Quai Branly 7 Pinacothèque Espace d’exposition Dimension Monumentale/ intime 8 Musée des Confluen ces 9 Musée des Beauxarts de Reims supposé supposé intime+++ mon. + mon. ++ mon. +++ mon. + mon. ++ intime + mon. ++ intime +++ mon. +++ mon. + ++ ++ ++ ++++ +++ +++ +++ + +++ non oui oui oui non non non non non Parcours Libre Linéaire Complexe Circulaire oui ++ + / oui / -+++ oui +++ + / oui +++ + / oui +++ / oui / +++ + non / + / oui + ? ? oui ? ? ? Lumière Quantité Contraste ++ --- ++ ++++ +++ ++ ++ ++ ++ --- +++ --++++ +++ + --- Type de lumière Arti. froid Arti. chaud Naturelle / oui oui oui oui oui / oui oui / oui oui oui / oui / oui oui oui / non peut-être peut-être non peut-être peut-être oui Couleurs Unifiées Blanc Vive Pale / sombre Neutre + ++ + + + --/ ++ ++ / ++ / / ++ +++ -+ ++ ++ ++ +++ ++++ + / / --/ ++ ++ / / / ++ ? ? ? ? ? oui oui / / oui Matériaux Sol homogène Cloisons ++ ++ ----- +++ ++ ----- +++ +++ ----- +++ +++ +++ +++ +++ +++ +++ + ++ +++ ++ / / ++ + / ++++ +++ / / +++ +++ / / ++ ++ +++ ++++ -++ +++ +++ + - + - ----- oui ++ oui + Sous-espace Symétrie Dispositifs scéno. Vitrines Opaques Bruit Directionnel Global 162 ANNEXE 7 Compte-rendu de la visite faite à la Cinémathèque, en compagnie d’un groupe de jeunes autistes et de leurs accompagnatrices de l'ULIS du collège Ste Marie de Meaux 22 mai 2013 Le collège Sainte Marie a mis en place un accompagnement pédagogique spécifique destiné à pouvoir accueillir des jeunes autistes atteints d’autisme. Il s’agit donc d’enfants qui ont pu être scolarisés, présentant un autisme léger mis à part l’un d’entre eux qui ne parlait pas. De plus, ils ont été capables de faire le voyage jusqu’à Paris. L’arrivée des enfants, un groupe de six jeunes autistes, et de leurs accompagnatrices, une mère, une professeure, la documentaliste du collège, sa fille et une surveillante, s’est fait tranquillement alors que la Cinémathèque était encore déserte. Le groupe a attendu dans le parc de Bercy que la question des billets soit réglée puis a été conduit par une personne de l’administration vers le point de rencontre avec la conférencière situé au premier étage. Dans les escaliers, je relevais leur regard insistant vers leurs accompagnatrices et pour certains l’appréhension perceptible de savoir où ils allaient, ce qu’était ce lieu. Les escaliers semble un point sensible dans l’accueil de personnes autistes. Peut-être est-ce du au fait que l’espace y est moins lisible, le parcours vertical et non horizontal ne permettant pas un point de vue général sur l’espace. Pendant que certains allaient aux toilettes, j’ai pu observer les premiers signes d’un comportement réellement différent. Relativement calmes, la plupart cherchaient plutôt à rester coller contre une paroi sans trop bouger. Certains, curieux malgré tout, tentaient de regarder les personnes qui leur étaient inconnues tout en restant le plus cachés possibles. Une affiche, a captivé l’un d’entre eux, pendant toute la durée de l’attente. Puis les accompagnatrices les ont fait asseoir dans le lieu de l’activité. Difficile de faire décrocher un des enfants qui se passionnait pour un des objets présents. Ce même garçon, semblait visiblement à l’aise et c’est lui principalement qui répondit aux questions de la conférencière. Même sur des points précis, il donnait des réponses justes comme si de rien n’était. Ceux qui écoutaient étaient très attentifs. Ils n’écoutaient cependant pas tous, certains ne détachaient pas leur regard d’un élément de particulier de la pièce. Mais tous les enfants ont participé aux activités proposées et paraissaient réellement intéressés par ce qu’ils découvraient au fur et à mesure du déroulement de l’activité. J’ai noté chez certains un envie irrésistible de toucher à tout, tout le temps, et même après qu’on leur ait demandé de ne pas le faire. Les enfants sont restés calmes pendant toute la durée de la visite. Après l’activité, ils ont du traversé le bâtiment pour se rendre dans l’exposition. Les mêmes remarques sont à faire concernant l’escalier, quant aux autres espaces ou au croisement d’autres groupes, ils n’ont pas paru être plus perturbés que ça. Ils n’ont pas eu tendance à s’éloigner, sont restés à proximité des accompagnateurs. Le fait 163 que ce soit des personnes qui les encadrent au quotidien a probablement du influer sur leur comportement, au moins dans une certaine mesure. Le lieu d’exposition de la Cinémathèque est particulièrement sombre. Un grand nombre de sources lumineuses étant directionnelles pour venir s’orienter vers des objets précis. La surface que représente les éléments vitrés est considérable, tous les objets présentés se trouvant derrière des vitrines. Ces deux points entrent en contradiction avec les conseils sur un espace favorable aux personnes autistes. Cela étant dit, les enfants n’ont pas changé d’attitude à l’intérieur du lieu. Mais je préfère rappeler que ces enfants présentent un autisme léger. La conférencière les a fait s’asseoir à plusieurs reprises pendant la visite, ménageant ainsi des pauses. Même si ils ne regardaient pas forcément l’objet qu’elle présentait, les films en face desquels ils se trouvaient assis, leur attention se fixait ailleurs et ils restaient à leur place, tranquillement. Si l’un d’eux ne s’intéressait pas à ce dont parlait la conférencière, l’accompagnatrice la plus proche cherchait à lui montrer autre chose. Il regardait alors ou dirigeait son regard sur autre chose encore sans que s’en trouve déranger le déroulement de la visite. Celui que j’avais déjà remarqué par la pertinence de ses réponses a continué de me surprendre. C’est le seul qui a cherché à s’éloigner du groupe, à partir à la découverte du lieu sans crainte de s’éloigner. Il était plus vif que les autres et a tenté plusieurs fois de partir vers un lieu qui avait attiré l’œil sans trop se préoccuper du groupe. A l’inverse, le jeune qui ne parlait pas est resté, quant à lui, à proximité d’une des accompagnatrices en lui tenant la main la majorité du temps. Vers la fin de la visite, il ne voulait plus repasser devant l’une des vitrines parce qu’elle contenait un élément l’ayant dérangé plu tôt. Il tirait la manche de la documentaliste pour changer de direction. Malgré ça, tout s’est bien passé. Les enfants sont restés groupés et ils ont suivi la conférencière et les accompagnatrices dans le parcours de l’exposition. La visite est certainement pour les enfants autistes un moment d’exploration comme ça peut l’être pour n’importe quel autre enfant. Ils ont à s’habituer à un nouveau lieu où ils découvrent, de plus, de nouvelles choses. Cela développe forcément leur curiosité, leur capacité d’adaptation. Finalement, j’ai pu relever l’importance de l’encadrement des jeunes autistes et des connaissances qu’ont les accompagnatrices de leurs réactions. Plus que l’espace en lui-même il semble que dans le cas observé c’est bien la relation nouée avec l’équipe qui les encadrent qui prévaut. Il est vrai que c’était des autistes légers, déjà relativement intégrés au milieu scolaire. La faible présence d’autres personnes le long du parcours, le nombre élevé d’accompagnants comparativement à un groupe d’enfants « normaux » a surement favorisé un bon déroulement de la visite. L’attitude de la conférencière, n’ayant pourtant reçu aucune formation sur les troubles autistiques ou sur la manière de les encadrer, m’a semblée toute à fait adaptée. Elle a cherché à les impliquer, à leur expliquer les choses, à leur dire également si ils faisaient quelque chose de mal. Elle s’est adressée à eux avec beaucoup de naturel et ne s’est pas formalisée du peu d’intérêt que pouvait porter certains à ses questions ou à ses explications. 164 BIBLIOGRAPHIE 165 LES OUVRAGES o GOFFMAN Erving, Stigmate. 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Autisme et autres troubles envahissants du développement : État des connaissances hors mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et recherche fondamentale, HAS, source : internet, janvier 2010, 222 pages. o Recommandation de bonne pratique. Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012, 60 pages. LES DOCUMENTS OFFICIELS : MUSEES o Guide à destination des publics en situation de handicap, Paris, Edition du Centre Pompidou, 13 pages. 170 o Guide pratique. Visiteurs en situation de handicap mental ou physique, Paris, Edition du Musée du quai Branly, 2013, 6 pages. o Visiteurs en situation du handicap, Paris, Edition du musée des Arts et Métiers, 201011, 4 pages. o Lyon, une ville accessible. Guide pratique de la culture, Lyon, Mairie de Lyon, 2009, 31 pages. o Brochure du musée des Beaux-arts de Reims, Reims, Edition du musée, 2012-13, 15 pages. LES DOCUMENTAIRES ET FILMS o DELIGNY Fernand, Le moindre geste, film documentaire, 1962-71 o SOUPA Fred, Nos Plusieurs, film documentaire, 2010 o PASTOR Alvaro, NAHARRO Antonio, Yo también, film, 2010 o CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir, documentaire 2012 o REVIE Sophie, Le cerveau d’Hugo, docu-fiction, 2012 LES SITES WEB o Le site des statistiques publiques sur la thématique des musées : www.statistiquepublique.fr/index.php?TexteLibreSelect=mus%E9e&php_action=RECHERCHE_texteLibre&x= -961&y=-137 o Le site de la Direction de l’information légale et administrative : www.viepublique.fr/politiques-publiques/politique-handicap/chronologie/ o Le site du service public : servicepublic.fr o Le site du MCC : www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiquesministerielles/Developpement-culturel/Culture-et-handicap2/ 171 Et pour le RECA : http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiquesministerielles/Developpement-culturel/Culture-et-handicap2/Reunion-des-etablissementsculturels-pour-l-accessibilite-RECA o Le site de l’ANCREAI : ancreai.org o Le site du Centre des Monuments Nationaux destiné aux publics handicapés : www.handicap.monuments-nationaux.fr. o Le site Tourisme et handicap : www.tourisme-handicaps.org/. o Blog dédié à l’accessibilité aux institutions culturelles : culturehandicapparolesdexperts.blogspot.fr/ o Le site de Grande Cause nationale 2012 : www.autismegrandecause2012.fr/fr/autismeen-france.html o Le site du CIPAC : www.cipac.net/formation/inscription/modalites-d-inscription.html o Le site du LAF de l’ENSAL : www.laf.archi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47%3Ated&catid=22%3A -fhum-sg-&Itemid=41&lang=fr o Le site de l’ECP au sujet d’un centre d’accueil de personnes atteintes d’autisme : www.ecorcebois.com/etude-economiste-construction-centre-specialise-de-medreac-1 o Loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000769536 o La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (articles concernant les ERP : 41, 42, 43) : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647. o L'arrêté du 1er août 2006, fixant les dispositions prises pour l'application des articles R. 111-19 à R. 111-19-3 et R. 111-19-6 du code de la construction et de l'habitation relatives à l'accessibilité aux personnes handicapées des établissements recevant du public et des installations ouvertes au public lors de leur construction ou de leur création : 172 www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000821682&dateTexte=&ca tegorieLien=id. o Le site de la Pinacothèque : www.pinacotheque.com/fr/accueil/lapinacotheque/paris.html o Le site de l’agence d’architecture Guinamard-Casati : www.guinamardcasati.com/#!pinacotheque/c1gzd o Le site du Centre Pompidou (en particulier la page à destination du public handicapé) : www.handicap.centrepompidou.fr/handicapcp/site/index.php o Le site du musée du Quai Branly (en particulier la page à destination du public présentant une déficience mentale) : www.quaibranly.fr/fr/musee/publics/accessibilite/visiteurs-en-situation-de-handicapmental.html o Le site de Handicap information sur la Semaine de l’accessibilité du Quai Branly : www.handicap-information.com/le-musee-du-quai-branly-rend-lart-sensible-et-accessible2809.html o Le site du musée d’Orsay : www.musee-orsay.fr/fr/espace-particuliers/particuliers/visiteurshandicapes/informations-pratiques/acces.html o Le site universcience.fr, pour la Cité des Sciences et le Palais de la découverte, notamment : www.cite-sciences.fr/fr/cite-des-sciences/contenu/c/1248134801417/personnes-ensituation-de-handicap-mental/ o Le site du musée des Arts et Métiers sur l’accueil du public handicapé : www.arts-etmetiers.net/musee.php?P=8, et handicapé mental : www.arts-etmetiers.net/magic.php?P=306 o Le site du CNAM au sujet du handicap : handicnam.cnam.fr/ o Le site de la ville de Reims, sur le nouveau musée des Beaux-arts : www.reims.fr/culturepatrimoine/musees-et-collections-permanentes/musee-des-beaux-arts/le-nouveaumusee.htm 173 o Le site du MCC, sur la sélection de l’agence d’architecture pour le muée des Beaux-arts : http://www.culture.gouv.fr/champagneardenne/3documentation/dossiers/patrimoine/nav2_projet_mba_reims.html o Le site Point de vue sur la ville, trois articles au sujet du musée des Confluences : pointdevuesurlaville.org/?s=mus%C3%A9e+des+confluences o Le site de l’agence d’architecture Coop Himmelb(l)au : www.coophimmelblau.at/architecture/projects/musee-des-confluences o Le site du musée des Confluences : www.museedesconfluences.fr/musee/ PRINCIPAUX CONTACTS ET ENTRETIENS EFFECTUES o La Cinémathèque française, Paris : Mme Ghislaine Lassiaz : [email protected] entretien et visite en compagnie d’un groupe d’enfants autistes venant de l'ULIS du collège Ste Marie de Meaux o Le Centre du Docteur Arnaud, Paris : M. Edouard Bertaud : [email protected] entretien non enregistré o Le musée du Quai Branly : Mme Clémence Gros : [email protected] échange par mail o Une mère d’enfant autiste ayant organisé une visite au musée d’Orsay : Mme Gaele Regnault : [email protected] échange par mail et transmission du compte rendu de la visite 174 Imprimerie Copiprint, 82 rue Lafayette 75009 Paris | Janvier 2014