l`accès aux musées des personnes autistes

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Année universitaire
2013 - 2014
L’ACCÈS AUX MUSÉES DES PERSONNES AUTISTES
IMPLICATION SPATIALE
COUQUET Zélia
Mémoire présenté sous la direction de Mme Mathab Mazlouman,
en vue de l'obtention du titre de master en architecture.
Avant toute chose, je tiens à remercier, sans toutes les citer, les personnes qui m’ont aidée et
soutenue et sans lesquelles mon mémoire aurait été bien différent.
Merci, tout particulièrement…
… à Edouard Bertaud et Ghislaine Lassiaz pour le si bon accueil qu’ils m’ont réservée. Egalement, pour
les nombreuses explications qu’ils m’ont fournies au sujet de leurs missions respectives. Ils m’ont
éclairée sur des aspects essentiels du sujet au commencement de mes recherches.
… à Gaele Regnault et aux accompagnatrices de l’ULIS du collège Ste Marie de Meaux qui ont partagé
avec moi leur point de vue sensible sur les troubles de leurs proches. Elles ont suscité chez moi
l’envie de m’impliquer pleinement dans mon mémoire.
… à Anahita Grisoni pour le temps qu’elle m’a consacrée tout au long de mon travail, ses conseils,
son soutien.
… à mes professeures référents pour leurs conseils avisés et, plus généralement, pour l’attention
qu’elles m’ont portée tout au long de mon avancement.
… à Cyril Kalfat, Naomi et Matthias Couquet, qui m’ont encouragée, sans relâche, à ne pas baisser les
bras face à la complexité du sujet.
SOMMAIRE
1
MÉTHODOLOGIE
Page 7
INTRODUCTION
Page 17
PARTIE 1
TROUBLES AUTISTIQUES : UN RAPPORT À L’ESPACE DIFFÉRENT QUI CONDITIONNE
L’ACCESSIBILITÉ
L’AUTISME
Page 26
| LES TROUBLES AUTISTIQUES
L’ORIGINE DU SYNDROME ET L’ÉTENDUE DES TROUBLES
CONSÉQUENCE : UNE GRANDE HÉTÉROGÉNÉITÉ DE SITUATIONS
| LA PRISE EN CHARGE
L’ÉVOLUTION COMPLEXE ET LES PERSONNES IMPLIQUÉES
LES DIFFÉRENTES MÉTHODES, SOCLE NÉCESSAIRE
L’IMPORTANCE DES SORTIES CUTLURELLES
LES LIEUX DE VIES
Page 36
| PRÉSENTATION DE L’ADAPTATION PROGRESSIVE
| DES BESOINS SPÉCIFIQUES EN TERMES D’ESPACE
| LA RETRANSCRIPTION SPATIALE ACTUELLE DE CES BESOINS
Livret iconographique : Lieux de vie
| DES CONNAISSANCES ÉTABLIES SOLIDES
2
PARTIE 2
CADRE LÉGAL ET INSTITUTIONS MUSÉALES : L’ASPECT THÉORIQUE ET L’OBJET EXPLICITE
IMPLIQUÉS DANS L’ACCESSIBILITÉ
LE CADRE LÉGAL ET LES ACTIONS CONJOINTES
Page 46
| L’APPARITION PROGRESSIVE D’UNE LÉGISLATION RELATIVE AUX HANDICAPS
| LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005
LES GRANDS AXES DE LA LOI
LE CONTENU DES ARTICLES SUR L’ACCESSIBILITÉ ÉLARGIE
| LES PROJETS COMPLÉMENTAIRES
LA COMMISSION CULTURE ET HANDICAP ET LES GUIDES MINISTÉRIELS
AUTRES PROJETS
| UN IMPACT PROBABLEMENT RESTREINT
LA SITUATION DES MUSÉES
Page 59
| PRÉSENTATION DES INSTITUTIONS MUSÉALES
| LES PRINCIPALES MISSIONS ET CONTRAINTES
| L’ORIENTATION ACTUELLE EN TERMES DE PROGRAMMATION ET DE CONCEPTION
| LA GRANDE DIVERSITÉ DU CADRE BÂTI EXISTANT
Livret iconographique : Evolution des lieux muséaux
| UNE CAPACITÉ RELATIVE À S’INSCRIE DANS LA DÉMARCHE DE L’ACCESSIBILITÉ
3
PARTIE 3
ESPACE ET OFFRE : LA RÉALISATION DE L’ACCESSIBILITÉ AU SEIN DES INSTITUTIONS
MUSÉALES
L’ANALYSE DES LIEUX EXISTANTS
Page 70
| LA NÉCESSITÉ DU BILAN PRÉALABLE DES ÉDIFICES
| ÉTUDE SPATIALE DES MUSÉES
L’ASPECT ARCHITECTURAL
L’ASPECT SCÉNOGRAPHIQUE
| UNE ADAPTATION SPATIALE LARGEMENT INSUFFISANTE
Livret iconographique : Lieux muséaux existants
LES ANALYSES COMPLÉMENTAIRES
Page 85
| UNE OFFRE NAISSANTE MAIS HÉTÉROGÈNE DANS LES INSTITUTIONS EXISTANTES
| ÉTUDE DE FUTURES INSTITUTIONS
UN PROJET SOBRE
UN PROJET EXTRAVAGANT
| UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE QUI RESTE FAIBLE
Livret iconographique : Lieux muséaux à venir
CONCLUSION
GLOSSAIRE, ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE
Page 103
Page 113-123-165
4
5
6
MÉTHODOLOGIE
7
Mon intérêt pour la situation actuelle des
A partir de cet état de l’art sur l’autisme,
personnes autistes en France a éclos des
j’ai orienté mon sujet de mémoire vers
discours et réflexions tenus par mon père,
l’impact des troubles autistiques en termes
pédopsychiatre à propos de son métier.
d’espace et la manière dont il est possible
Marquée
d’adapter les lieux à ces derniers.
par
ses
qu’intriguée,
puis
mentionner
propos
ayant
entendu
quelquefois
d’accessibilité,
j’ai
autant
le
commencé
terme
à
me
questionner sur ce que cela impliqué pour
eux. C’est pourquoi, l’autisme s’est imposé
comme point de départ de mon mémoire
quand il fallut en définir le thème
Par suite, la rupture qu’introduit la loi du
11 février 2005, incluant pour la première
fois
l’autisme
énonçant
parmi
le
« d’accessibilité
les
handicaps
concept
de
et
nouveau
tout
à
tous »,
renvoyait à mes questionnements subjectifs
sur une accessibilité qui leur serait propre.
J’ai ainsi précisé mon sujet autour de
l’adaptation
> Analyse de contenu
choisi subjectivement m’était, à vrai dire,
parfaitement inconnu. J’ai donc effectué de
nombreuses recherches sur l’autisme afin
de me constituer un champ de référence
même
lieux
publics,
à
priori
ouvert à tous, et plus particulièrement des
Au commencement de ce dernier, l’objet
avant
des
d’être
en
mesure
de
problématiser mon travail.
musées dotés d’une mission pédagogique.
La formulation d’hypothèses quant à la
difficulté
d’inclure
concrètement
autistes,
semblablement
aux
les
autres
handicaps, a précédé la formulation de la
question de recherche sur l’impact réel de
la loi et donc la problématisation du sujet.
L’analyse du contenu de textes concernant
l’autisme, de témoignages journalistiques et
autres,
a
été
primordiale
dans
ma
J’ai
alors
procédé
à
une
recherche
compréhension des particularités liées aux
bibliographique et documentaire afférent à
déficiences autistiques. Elle m’a également
cet objectif. Il s’en est suivi une nouvelle
permis
des
analyse de contenu de textes sur les
personnes porteuses de ce handicap en
institutions muséales afin de comprendre
France par ailleurs qualifiée à plusieurs
leurs missions, leurs possibilités d’actions,
reprises de « catastrophique ».
etc. Egalement celle de ce que prescrit
d’objectiver
la
situation
concrètement la loi d’une part et de ce
8
que permet le contexte dans lequel elle
En
ce
qui
s’inscrit d’autre part.
institutions
concerne
les
nouvelles
muséales, dans le sens de
musées
ayant
promulgation
ouvert
de
la
loi,
après
la
certaines
sont
> Etude de cas
également présentes dans Paris. Toutefois,
Jai poursuivi le travail de recherche par
superficielle du corpus, le temps ne m’a
une étude de cas de plusieurs musées
pas permis d’aller explorer les institutions
constituant un
ouvertes dernièrement comme le centre
me refusant de procéder à une analyse
corpus objectivé d’après
plusieurs critères.
Pompidou de Metz, le Mucem ou le Louvre
Le présent travail porte principalement sur
la question du lieu physique et de son
aménagement.
C’est pourquoi
la teneur
des expositions qui peut importer voire
être déterminante au regard des troubles
autistiques est relativement peu abordée.
de Lenz... C’est pourquoi, j’ai préféré élargir
la recherche à des futures institutions.
Elles
ne
aucun
nécessitaient
déplacement
conséquemment
et
permettaient
en
outre d’appréhender l’influence de la loi
dans un espace temporel plus large.
Par ailleurs, la comparaison des musées
n’étant pas ce vers quoi tend l’analyse,
c’est bien la diversité des situations que
j’ai recherché.
Par
suite,
la
date
de
création
des
institutions constitue un second paramètre.
Elles ont en effet été sélectionnées de
manière à déployer la frise chronologique
Un des paramètres ayant permis de définir
le
corpus
Non
est
purement
négligeable
subordonné
à
cela
ma
spatiotemporel.
dit,
il
propre
était
situation
géographique et à la temporalité dans
laquelle s’inscrit le mémoire. Je me suis
alors concentrée sur la longue liste des
institutions muséales parisiennes auxquelles
je
pouvais
aisément
accéder.
En
effet,
Paris en accueille un très grand nombre,
de
toutes
tailles,
sur
des
thématiques
variées et dont la plupart ont été créées
autant que possible. Ainsi, des musées
anciens
paraissent
intéressants
pour
observer la manière dont ils s’adaptent
aux
nouvelles
contraintes
légales.
Des
musées récemment construits ou rénovés
me semblent également importants de par
leur
proximité
questionnements
temporelle
que
la
avec
les
problématique
soulève. Enfin, le corpus comprend des
musées postérieurs à la promulgation de
la
loi
qui
ont
du,
à
priori,
intégrés
directement les nouvelles normes.
bien avant 2005.
9
La stratégie dans laquelle se sont inscrites
il
les différentes institutions au moment de
ambition de créer un lieu pour
leur création et à la politique prônée en
tous les publics (entendu ici dans
leur sein a importé dans l’élaboration du
une assertion générationnelle) et sa
corpus. Dès lors, ce sont des musées
démarche
« novateurs » que j’ai cherché à réunir,
participative et interactive. La Cité
toujours en gardant à l’esprit la notion de
des Sciences étant un édifice de
diversité. Pouvant concrètement s’exprimer
très grandes dimensions, ce sont
de manières variées, ces derniers intègrent
ses salles destinées aux enfants, la
dans
Cité
bon
nombre
de
cas
la
notion
d’innovation architecturale.
Concrètement,
le
est
précurseur
d’éducation
des
enfants,
corpus
étudié
est
o
qui
ont
été
à
la
contemplation
à
des
précédents,
il
accueille une grande quantité de
Du musée le plus ancien au plus récent
visiteurs (3 580 000 par an). En
(en projet) :
outre, il a été l’un des premiers
musée
des
Arts
et
Métiers
musées à être installé dans un
datant de 1802 a été choisi pour
bâtiment
sa politique novatrice : une offre
fonction bien différente : une gare
spécifique
aux
datant de l’époque industrielle du
aux
20ème
est
handicapés
proposée
mentaux
et
ayant
siècle.
à
l’origine
Classé
une
monument
autistes. C’est un « petit musée »
historique, une partie des salles a
très
été
ancien.
ailleurs
historique
été
en
Le bâtiment
classé
1994
a
par
monument
rénovée
récemment
pour
le
confort et la sécurité des visiteurs,
présupposant
dixit le site du musée.
des contraintes particulières.
o
Le
Centre
Le Palais de la découverte (1938),
quant
associé à la
musées
Cité des sciences
à
Pompidou
lui
un
modernes,
(1977) est
emblème
peut-être
des
le
(1986) depuis 2010 dans l’EPIC1
premier des « musées spectacle » 2.
Unisciences, parait intéressant car
Il est le deuxième musée le plus
Établissement public à caractère industriel et
commercial
1
scientifique
est l’un des plus connus de Paris.
l’opposé
o
son
Le musée d’Orsay ouvert en 1986
Dédié
Le
part
observées.
composé de 9 musées.
o
de
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
2
10
fréquenté
o
de
Paris
(5
300 000
qui ont du intégrer les nouvelles
visiteurs par an), le premier pour
normes et ont eu le temps, à
l’art moderne. Et d’ajouter que le
priori,
musée est né de la conviction que
sur l’enjeu de l’accessibilité. Créé
l'art le plus contemporain pouvait
renouer avec le public le plus large à la
condition que la puissance publique
joue pleinement son rôle de
médiateur.
par
une
réellement
agence
renommée, Coop
remplace
le
informés
d’architecture
Himmelb(l)au, il
Muséum
de
Lyon
fermé au public depuis juillet 2007.
o
Le musée des Beaux-arts de Reims
Le musée du Quai Branly date de
n’ouvrira qu’en 2018. De ce point
2006 et constitue, de ce fait, un
de vue, sa situation est équivalente
musée charnière aux vues de la
à celle du cas précédent. L’actuel
problématique. Novateur dans son
musée
architecture
l’architecture
Nouvel,
conçue
l’un
des
architectes
de
effectue
une
considérable
d’accueil
plus
notre
sur
de
par
célèbres
époque,
des
Beaux-arts,
est
contraignante
aux
dont
apparue
trop
yeux
des
il
conservateurs, dispose déjà d’une
communication
politique d’inclusion des personnes
sa
tous
Jean
les
handicapées
politique
qui
semble
justifier,
d’autant plus, sa présence au sein
publics
du corpus.
handicapés.
o
d’être
La Pinacothèque (2007/2011) est
le premier
musée privé à avoir
ouvert ses portes dans Paris et ce
après la promulgation de la loi de
2005.
Parce
institutions
cette
que
sont
dernière,
il
toutes
les
concernées
par
m’est
apparue
nécessaire que les musées privés
A noter que les musées existants font
tous parti, mis à part le musée des Arts
et Métiers et la Pinacothèque, de la RECA3
qui présuppose d’une attention particulière
de
leur
part
à
la
problématique
de
l’accessibilité.
soient représentés. Par ailleurs, il
ne présente pas une architecture
remarquable.
o
Le musée des Confluences sera
ouvert en 2014. Il constitue un
exemple des futurs musées français
Réunion des établissements culturels pour
l’accessibilité (initié en 2003)
3
11
Dans le cas de ces derniers, le problème
Les données recueillies ont alors été triées
majeur que j’ai rencontré réside dans le
et
fait qu’il est difficile d’effectuer des visites
reformuler
en compagnie de personnes présentant
dont l’importance explicative du contexte
des troubles autistiques. Je n’en ai réalisé
était majeure. Au préalable, j’ai organisé
qu’une seule... Les musées communiquent
les musées selon une classification qui a
peu à ce sujet et les visites programmées
permis de les situer temporellement vis-à-
sont visiblement
vis de la loi, en rapport à leur contexte,
peu
nombreuses.
C’est
pourquoi, j’ai privilégié l’observation directe
hiérarchisées
les
dans
principales
le
but
idées,
d’en
celles
etc.
des lieux et ai basé mon travail sur une
grille d’analyse de l’espace élaborée par
mes soins. Elle s’appuie à la fois sur les
prescriptions
légales
recommandations
textes
de
et
contenues
recherche
sur
sur
les
dans
les
Je tiens à préciser que malgré une étude
rapport
aussi approfondie que possible des textes
le
du champ de recherche sur l’autisme ma
qu’entretiennent les autistes à l’espace.
En outre, j’ai réalisé des croquis au sein
des espaces muséaux qui retranscrivent
connaissance des troubles est loin d’être
exhaustive.
des aspects ayant particulièrement attirée
Et d’ajouter, que ma problématique, au-
mon
fait
delà de la réflexion nécessaire qu’elle a
intimement liés à l’analyse qui s’en est
impliqué pour l’élaboration du travail ici
suivie et expliqués à travers celle-ci.
présenté, m’a permis d’effectuer d’autres
attention.
Ils
sont
de
ce
Au sujet de l’offre, je l’ai analysé grâce
aux informations fournies par les sites des
réflexions, plus personnelles, dont je me
trouve aujourd’hui enrichie.
musées ainsi que celles recueillies sur
place ou dans mes échanges avec les
responsables de médiation des institutions.
Pour ce qui est des futurs musées, l’étude
repose
sur
existent
et
les
représentations
leurs
présentations
qui
en
écrites,
fournies par les institutions elles-mêmes,
les architectes des projets ainsi que les
articles
trouvés
à
leur
sujet
afin
de
diversifier mes sources.
12
13
14
L’ACCÈS AUX MUSÉES DES PERSONNES AUTISTES
IMPLICATION SPATIALE
15
16
INTRODUCTION
17
Infirmité,
mentale, un
dans
le
déficience
handicap
champ
physique
peut
être établi,
Cependant,
handicaps
qui
de
par
touchent
les
certaines
tout
personnes et parce que les lieux n’étaient
pas aménagés en conséquence, elles ne
porteur et le réduit « à une habitude et à
pouvaient y accéder et s’en trouvaient
une
exclues.
à
part
comme
stationner.2
« attribut qui discrédite profondément » le
personne
social,
ou
entière,
à
un
contaminé, un laissé pour compte. » En
ces
termes
renommé
Erving
du
Goffman,
20ème
siècle,
sociologue
raconte
le
handicap . Et d’ajouter qu’il correspond à
1
la « situation de l’individu que quelque
chose
disqualifie
et
empêche
d’être
pleinement accepté par la société ». Bien
loin d’être récente, cette définition semble
malgré tout faire écho à une réalité tacite
et toujours d’actualité : la manière dont
nous percevons le handicap.
Les
législateurs
prirent
progressivement
conscience de la nécessité d’affirmer le
droit d’accès de chacun à l’espace public,
duquel dépend en partie la citoyenneté
des individus. Aussi, ils intervinrent pour
rendre concrète la définition qui était déjà
admise de ces lieux et promulguèrent la
loi du 30 juin 1975 d'orientation en faveur
des personnes handicapées3.
Dès
lors,
les
notions
de
handicap
et
d’accessibilité étaient inscrites dans la loi.
Et bien qu’objectivement ce premier texte
C’est au sein de l’espace public que la
n’ait
« société » qu’évoque E. Goffman prend
d’impulser
forme. La définition de cet espace est
handicapés au sein du corps social. Elle
venue
initia également l’implication de nouvelles
s’affirmer
transformation
conjointement
en
catégorie
à
sa
eu
que
peu
l’action
telles
d’impact,
visant
à
que
il
permit
inclure
d’action,
professions
quand, dans les années 70, il devint un
architectes,
élément explicite des différentes politiques
matérialiser les lieux publics ou de les
urbaines en Europe. Ce concept désigne
adapter.
urbanistes,
etc.
celles
les
chargés
des
de
ainsi les lieux physiques, quel que soit leur
statut
juridique
(public
ou
privé),
dans
lesquels chacun peut à priori circuler ou
GOFFMAN Erving, Stigmate. Les usages
sociaux des handicaps, Paris, Les Editions de
1
Minuit, 2010, 170 pages.
PAQUOT Thierry, L'espace public, Paris, La
Découverte, collection Repères, 2009, 125
pages.
3
Loi n°75-534 du 30 juin 1975 d’orientation en
faveur des personnes handicapées, Article 49 :
Les aménagements des espaces publics en
milieu urbains doivent être tels que ces
espaces soient accessibles aux personnes
handicapées, abrogé par l’ordonnance n°20001249 du 21 décembre 2000, Article 4.
2
18
Ultérieurement, la signification prêtée au
personnes aveugles, mais aussi, dans la
terme handicap a évolué. Pour ce faire, il
majorité
a été redéfini, en France, dans la loi du
malvoyantes ».
11 février 20054. D’après la définition qui
recouvre, quant à lui, « l’ensemble des
en
article,
troubles
toute
partielle
est
donnée
« constitue
limitation
un
par
le
1er
handicap
d'activité
restriction
cas,
Le
pouvant
ou
les
personnes
handicap
entraîner
totale
de
moteur
une
la
atteinte
motricité,
de
notamment des membres supérieurs et ou
participation à la vie en société subie
inférieurs ». Il en va différemment des
dans son environnement par une personne
handicaps mentaux dont la définition reste
en
malheureusement
raison
ou
[…]
des
d'une altération
substantielle,
stérile.
durable ou définitive d'une ou plusieurs
définition
fonctions physiques, sensorielles, mentales,
d’autant que la terminologie psychiatrique
cognitives
(névrose,
ou
psychiques,
d'un
polyhandicap ou d'un trouble de santé
invalidant. »
exhaustive
« Aucune
psychose…)
n’est
possible,
est
seulement
maitrisée par les psychiatres. »
5
Une
des
sous
catégories
du handicap
Le terme handicap s’en est trouvé amplifié
mental se révèle encore compliquée par
et intègre depuis un nombre accru de
d’autres facteurs. En effet, si l’autisme est
situations considérées comme défavorables
méconnu
aux individus qui en sont porteurs.
également du corps médical. Un tiers des
de
la
population,
il
est
médecins français ne connaissent pas ce
trouble qui constitue pourtant l’un des huit
Néanmoins, cette définition générale ne
peut effacer les distinctions essentielles
qui existent entre les différents handicaps
ne
présentant
ni
les
mêmes
caractéristiques ni la même complexité.
Par suite, le site Handicap.org définit que
le
handicap
visuel
« concerne
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour
l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes
handicapées, site internet : Legifrance.gouv.fr
les
4
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
handicaps que la CIH6 a réuni sous la
terminologie des troubles envahissants du
comportement (TED) dès 1980.
L’autisme
est
trouble
du
ainsi
défini
comme
développement
un
humain
caractérisé par une interaction sociale et
une communication anormales, associés à
des comportements restreints et répétitifs.
Par ailleurs, ce syndrome n’est pas rare. A
travers le monde, le nombre de personnes
touchées n’a cessé d’augmenter au cours
5
pages.
Classification internationale des handicaps de
l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
6
19
des
soixante
dernières
années.
La
de
sociabilité
paraissent
moins
bien
prévalence est passée d’une naissance sur
déterminées. Il est vrai que ces handicaps
deux mille à une sur cent cinquante
et,
recouvrent des désordres infiniment variés
autistiques
et qu’ils sont faiblement indentifiables au
en
France,
les
troubles
7
concernent environ 440 000 personnes ce
regard
des
qui équivaut tout de même à la population
distinguent
d’une grande ville, Lyon par exemple.
des
autres,
les
physiques,
personnes
caractéristiques
touchées
visibles.
qui
par
Toutefois,
quand la seule solution envisagée à leur
sujet
Mais par la manière dont les concepteurs
ont traduit spatialement les besoins qui
résultent
des
différents
handicaps,
l’hétérogénéité des situations autant que
leur complexité disparate se font sentir.
au handicap visuel, sont solutionnés, entre
par
l’utilisation
de
sans
incorporation
distinction,
une
de pictogrammes dans la
signalétique et de bandes dessinées pour
les modes d’emplois, il semble que ce soit
quelque peu modeste.
En conséquence, la situation particulière
Concrètement, les aménagements relatifs
autre,
est,
bandes
réfléchissantes sur les obstacles et une
signalétique de grande taille. Le handicap
des
personnes
autistiques
présentant
demeure
reconnaissance
handicap
ignorée
de
n’implique
des
l’autisme
nullement
troubles
et
la
comme
qu’il
soit
aujourd’hui mieux compris.
moteur est pris en compte grâce à des
prescriptions techniques bien définies tel
que
la
dénivellation
des
pentes
et
Reste que la promulgation de la loi du 11
l’aménagement de paliers de repos. Bien
février
que le chemin soit encore long avant que
étape soit franchie. Le texte de loi a
la
soient
institué deux conditions immuables pour
aptes à les accueillir, la mise en place des
permettre l’égalité des chances de toute
aménagements semble réalisable.
personne
totalité
des
espaces
publics
Dans le cas de l’autisme et des handicaps
mentaux
en
général,
les
adaptations
prévues pour leur faciliter l’accès aux lieux
2005
MARMION Jean-François, Rencontre avec
Jacques Hochmann. Autisme : deux siècles de
polémiques, Sciences Humaines, version
porteuse
compensation
des
qu’une
d’un
nouvelle
handicap :
conséquences
la
du
handicap et l’accessibilité de tout à tous.
En outre, un objectif a été fixé pour 2015.
Il
exige
l’intégralité
7
suppose
de
rendre
des
accessible
bâtiments
à
recevant
tous
du
public et, dans le cas des musées, l’offre
culturelle qu’ils proposent.
imprimable, juillet 2009, 29 pages.
20
L’accessibilité pour tous constitue donc
du, à priori, intégrer la dimension nouvelle
une obligation légale depuis 2005.
conférée à l’accessibilité au petit nombre
de musées conçus après 2005, l’intégralité
des
En parallèle, la situation des institutions
muséales
comporte
de
surcroît
une
particularité de taille au regard de la loi.
Effectivement, elles se trouvent également
concernées par la définition même qui a
été donnée de leurs missions. La loi du 4
janvier 2002 a redéfini « le rôle et la
position du musée face aux attentes de la
société, en tant qu’acteur au service du
musées
se
trouve
désormais
concernée et va devoir répondre à ce
nouvel enjeu dans un futur proche.
Ainsi,
le
parc
immobilier
dernières
mesures
personnes
handicapées
visé
par
d’inclusion
représente
les
des
un
nombre conséquent d’édifices et c’est une
large
majorité des institutions
qui doit
aujourd’hui s’adapter aux nouvelles normes.
développement et de la démocratisation
culturels. »8
Cette
spécification
des
missions allouées aux musées est venue
rappeler les grands principes fondateurs
qui en étaient à l’origine, renvoyant à leur
vocation première de « bien public ».
La
problématique
de
l’accessibilité
concerne donc les institutions muséales
avec une intensité renforcée. Les questions
auxquelles elles doivent répondre quant à
l’intégration
de tous au sein de leurs
structures vont bien au-delà de celles sur
l’environnement physique qui amalgament
toutes les ERP9 de la boutique à l’hôtel.
Par
ailleurs,
le
nombre
de
musées
a
fortement augmenté en France depuis une
trentaine d’années. Il en existe à présent
environ dix mille. Et, si les concepteurs ont
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
9
Edifices recevant du public
8
21
La
question
de
la considération
Or, il s’agit d’un tout nouveau public, un
portée à la population autiste est chose
ensemble
récente. En 2012, l’autisme est devenu
identifié. Les débats houleux et durables
Grande Cause nationale grâce à l’appel
entre
lancé par plus d’un millier d’associations
longtemps tabou et le retard de la France
du
pour
ont laissé la majorité de la population
l’Autisme. Ce label, attribué par le premier
ignorante sur qui ils sont et ce en quoi
ministre, permet d’accroître sensiblement la
consistent leurs syndromes. De ce fait, il
visibilité de la cause bénéficiaire avec le
est permis de supposer que les solutions
lancement, entre autre, de campagnes de
concrètes à mettre en place seraient mal
sensibilisation. Il encourage également la
définies en ce qui les concerne.
rassemblement
Ensemble
multiplication des actions de la part des
politiques.
de
personnes
professionnels,
encore
le
sujet
mal
resté
Et par conséquent, les lieux d’exposition
demeureraient en grande partie inadaptés
C’est pourquoi, il semble que le label
à
Grande
volonté
constituent pas un ensemble homogène. Il
manifeste de la part des pouvoirs publics
faut effectivement prendre en compte la
de
disparité de situations dans lesquelles se
Cause
prendre
marque
à
bras
« une
le
corps »
10
des
leurs
besoins.
Mais
ces
lieux
ne
problèmes passés depuis trop longtemps
trouvent les musées.
sous silence. Par ailleurs, l’Etat a lancé en
l’adaptation du cadre bâti aux spécificités
2013 son troisième Plan Autisme qui court
des troubles autistiques semble représenter
jusqu’en 2017.
un
Aujourd’hui, ce n’est plus seulement une
réforme de la prise en charge et de
l’accompagnement
pouvoirs publics
l’inclusion
des
médical
que
les
engagent pour réaliser
autistes
au
sein
de
la
société. L’investissement de l’état concerne
enjeu
musées
Il n’empêche que
fondamental
pour
véritablement
rendre
les
accessibles.
Il
constituerait un aspect prépondérant et
davantage nécessaire à celui d’une offre
culturelle
et
d’un
accompagnement
adaptés qui n’en restent pas moins un
réel enjeu.
tous les aspects de la vie sociale et
En outre, si les objectifs fixés par les
citoyenne et les musées composent alors
législateurs se matérialisent dans la mise
une catégorie d’action à part entière dans
en
l’élaboration
rendus dès à présent obligatoires, leur
de
la
citoyenneté
des
personnes autistes.
Communiqué de presse Lancement Grande
Cause, Paris, Ensemble pour l’autisme, 20
10
décembre 2012, 1 page.
œuvre
réalisation
prise
de
d’aménagements
demanderait
conscience
avant
des
physiques
tout
une
professionnels
concernés quant à ce qu’ils impliquent
concrètement.
22
Ainsi, le rôle de l’architecte se révèlerait
société
déterminant en tant que concepteur mais
réalisation de leur citoyenneté, au même
également de prescripteur. Le rôle des
titre
institutions
compromise.
semble
puisqu’elles
pareillement
sont
décisif
les
que
personnes
tout
un
autistes,
chacun,
la
semble
simultanément
responsables de la programmation et de
la définition de leur politique interne. La
situation actuelle révèlerait pourtant une
absence
généralisée
de
compétences
Dans ces conditions, dans quelle mesure
autant qu’un manque de connaissances de
la
ces acteurs au sujet de l’accessibilité.
d’améliorer
loi
du
11
février
l’accessibilité
2005
des
permet-elle
personnes
autistes aux institutions muséales ?
L’évolution sociétale peut être intimement
liée à la loi quand de nouvelles normes,
préalablement imposées par la législation,
sont peu à peu intégrées par la société.
C’est pourquoi, la démarche du présent
travail consiste à étudier l’impact que peut
avoir la loi sur les institutions muséales et
son
application
également
de
effective.
définir,
au
Il
importe
regard
des
connaissances du champ de recherche sur
l’autisme, si sa mise en pratique pourra
véritablement
présentant
permettre
des
aux
troubles
personnes
autistiques
d’accéder aux lieux muséaux.
Au-delà
de
palpables
de
l’observation
l’obligation
des
effets
légale
que
constitue l’accessibilité pour tous, un enjeu
implicite se dégage. Il questionne la prise
de conscience qu’elle permet sur ce que
signifie
ce
concept.
Car,
sans
une
assimilation par les acteurs concernés du
devoir
moral
d’inclure
au
sein
de
la
23
En premier lieu, il sera essentiel de
comprendre, un temps soit peu, ce qu’est
l’autisme
et
troubles
diversifiés.
prises
en
les
particularités
Les
charges
de
ces
méthodes
ont
de
profondément
évolué et prennent aujourd’hui mieux en
compte leurs besoins. Elles semblent alors
permettre une meilleure connaissance sur
le
rapport
qu’entretiennent
les
autistes
avec l’espace. Nous verrons ainsi que les
centres créés en vue de les accueillir
constituent un type architectural à part
et
fonctionnelle,
sont
contraintes
par
plusieurs facteurs internes ou extérieurs.
Cela aboutira à une analyse des lieux et,
dans une moindre mesure, de l’offre que
proposent
les
musées.
Cette
analyse
implique une étude des relations entre les
différents acteurs concernés par la mise
en accessibilité des institutions muséales.
Elle se fera en distinguant les musées
existants des édifices en construction afin
de constater si une évolution se dégage.
entière, adapté à leurs déficiences. Ces
éléments factuels permettront d’envisager
ce qu’implique la mise en place d’une
accessibilité dans les institutions muséales
conçue spécifiquement pour eux.
Dans un second temps, il sera nécessaire
d’expliciter
de
quoi
dépend
cette
accessibilité. Il y a, d’une part, la place
élémentaire
qu’occupe
le
texte
de
loi
puisque c’est par lui que les législateurs
ont initiés l’idée de
l’accessibilité pour
tous. Il est de ce fait primordial d’en
étudier le contenu pour préciser ce que la
loi
impose
concrètement.
Il
s’agira
également d’examiner dans quelle logique,
c’est-à-dire
dans
quel
contexte,
s’inscrit.
D’autre
part,
dépend
de
capacité
la
son
elle
application
propre
aux
institutions muséales d’y répondre. Elle se
trouve
conditionnée
par
plusieurs
paramètres car ces dernières, pourvues
d’une certaine organisation administrative
24
PARTIE 1
TROUBLES AUTISTIQUES : UN
RAPPORT À L’ESPACE DIFFÉRENT
QUI CONDITIONNE L’ACCESSIBILITÉ
Ce que veut dire et ce qu’implique une
accessibilité spatiale pour les autistes
25
L’AUTISME
l’intégration progressive des codes sociaux
relationnels. Le journaliste spécialisé Daniel
Goleman va jusqu’à parler de l’existence
d’une
| LES TROUBLES AUTISTIQUES
« intelligence
émotionnelle
»
présente à priori chez tout un chacun.
12
L’ORIGINE DU SYNDROME ET L’ÉTENDUE DES
TROUBLES
Mais
quand
une
absence
d’échanges
émotionnels subtils survient, il en résulte
Le mot « autisme » vient du terme
rapidement un défaut d’émotions chez la
grec, autos, qui veut-dire « soi-même ».
personne qui en souffre. Conséquemment,
Monica Zilbovicius, experte en psychiatrie
cela l’empêche d’établir des liens et de
et
communiquer
neurobiologie,
dans
une
conférence
avec
autrui.
L’origine
des
donnée en 2008, résume l’autisme comme
troubles
étant
et
absence d’expériences émotionnelles qui se
11
précoce du développement de l’enfant » .
juxtapose à la difficulté de mettre en
Une
de
place une conscience de soi. Déclenchée
du
par une lésion du système nerveux central
un
« trouble
définition
mettre
en
global,
concise
qui
avant
dysfonctionnement
sévère
permet
l’étendue
qui
différencie
encore
autistiques
mal
découle
comprise,
la
de
cette
cause
de
foncièrement un enfant autiste d’un enfant
l’autisme est donc physiologique et non
normal.
psychique.
Dans un développement normal de l’esprit,
l’intelligence se développe simultanément
du sens moral et de la conscience de soi.
Dès sa naissance, le nourrisson va faire
l’expérience d’échanges émotionnels subtils,
avec sa mère en premier lieu, et ces
émotions
seront
fondamentales
à
son
épanouissement intellectuel et global. En
effet, les émotions organisent les fonctions
les plus importantes de l’esprit. Elles «
sont à l’origine de toute pensée créatrice
» bien au-delà des réactions psychiques et
des
états
subjectifs
perçus
ou
ZILBOVICIUS Monica, Raisons de l’autisme,
Paris, Colloque de rentrée du Collège de
France, 2008. Source : autisme.info31.free.fr
11
de
Par
suite,
dans
l’ouvrage
Troubles
envahissants du développement et rapports
à l’espace, Stéphane Courteix donne une
définition
de
personnes
la
manière
autistes
communément
dont
les
perçoivent
l’environnement
qui
les
entoure. « De façon générale, les troubles
envahissants
du
développement
caractérisent
par
une
constituer
une
relation
répondre
aux
stimuli
se
incapacité
affective
provenant
et
à
à
de
GREENSPAN Stanley, LIEFF Beryl, L’esprit qui
apprend. Affectivité et intelligence, Paris, Edition
12
Odile Jacob, 1998, extrait 63 pages.
26
l’environnement. Ainsi, certaines situations
hiérarchiser
environnementales
sensoriels
explicative du contexte, les changements
peuvent déclencher [chez les personnes
ou la disparition d’éléments peuvent être
autistes]
source
des
et
stimuli
réponses
au
stress
quant
d’une
à
leur
grande
pertinence
anxiété.
Cela
inattendues ou anormalement élevées, tant
provoque chez ces personnes un besoin
sur
de stabilité de l’espace.
un
plan
biologique,
que
comportemental, avec une difficulté voire
une impossibilité à mettre en place des
stratégies
ou
des
mécanismes
de
régulation adaptés pour faire face à des
situations perçues comme stressantes. »
De
manière
générale,
vient
encore
s’ajouter
une
forme
d’incompréhension de la temporalité. « A
la problématique touchant le référentiel
spatial, se greffe donc une incapacité ou
une grande difficulté pour la personne
personnes
d’accéder à la possibilité d’intégrer une
autistes ont du mal à canaliser les divers
temporalité, faite d’un avant, un pendant
espaces
et un après. »13
sensoriels,
les
Et
visuel,
olfactif,
acoustique, tactile, etc., que l’on relie à
priori
spontanément.
N’utilisant
majoritairement qu’un seul canal sensoriel
à
la
fois,
sensoriels
la
est
réception
alors
vécue
des
de
stimuli
manière
chaotique. De ce fait, les forcer à focaliser
leur attention sur une chose en particulier
peut occasionner une grande confusion,
source d’angoisse. En quelques mots, trop
d’objets,
de
mouvements,
de
bruits,
provoquent un stress important et une
totale impossibilité de se concentrer.
des
problèmes
conduisent à des comportements ritualisés
et
stéréotypés…
de
des
obsessions.
Pour
Temple Grandin, autiste ayant écrit un livre
sur son parcours, cette fixation de l’intérêt
sur des éléments singuliers allant jusqu’à
l’obsession
leur
l’excitation
d’un
hyperactif » .
troubles autistiques d’une anomalie de la
avec
et leur besoin d’immuabilité de l’espace les
14
C’est pourquoi il est question dans les
perception
Cette vision spatio-temporelle particulière
permet
Se
permet
de
« diminuer
système
fixer
sur
nerveux
une
chose
à la personne de bloquer
les
autres stimuli qu’elle n’arriverait sinon pas
à gérer.
modulation sensorielle. Se juxtapose à cela
une hyper sélectivité de l’environnement,
une « pensée en détails », où l’attention
se
fixe
éléments.
exclusivement
Ayant
une
sur
certains
perception
d’un
ensemble de détails sans possibilité de les
COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants
du développement et rapports à l’espace, Lyon,
13
LAF-ENSAL, 2009, 35 pages.
14
GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris,
Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages.
27
Par ailleurs, il est souvent
relevé une
regard se promène en périphérie. Ils ne
diminution de l’activité et de l’intérêt chez
regardent pas les yeux des autres. La
ces personnes. « Pourquoi faire quelque
perception du regard, du visage, de la
chose plutôt que rien. »15 Voilà plutôt la
main
manière de fonctionner des autistes, de
mouvements humains à priori reconnus par
haut niveau principalement, à l’inverse de
tous, rattachée à une perception innée
la tendance actuelle de notre société. Un
des mouvements biologiques. Cela a une
répertoire
une
véritable importance dans les échanges
préoccupation persistante pour des parties
sociaux : l’autiste ne comprend pas les
d’objets ou un attachement à des objets
mouvements
inhabituels comme le ventilateur et son
également n’est que très peu reconnue,
tournoiement, des mouvements corporels
elle
répétitifs,
restreint
un
d’activités,
besoin
ne
du
corps
de
sont
ses
provoque
pairs.
pas
de
voix
connexions
spécifiques
sont
des
personne atteinte de troubles autistiques.
phénomènes observés chez la plupart des
De ce fait, les parents constatent souvent
autistes.
que,
routines,
quand
ils
le
La
des
très
des
dans
pourtant
suivre
précisément
de
et
cerveau
appellent
leur
de
la
enfant
autiste, celui-ci ne répond pas mais si on
fait un bruit, il réagit.16
Au-delà
de
la
perception
de
l’environnement,
c’est
également
dans
l’appréhension
des
autres
qu’une
compréhension des situations fait défaut.
Les personnes autistes ont en effet une
vision périphérique très développée. C’està-dire
qu’elles
ne
focalisent
pas
leur
attention sur ce qu’il y a en face d’elles
mais
plutôt
sur
ce
qui
se
passe
de
chaque côté, au-dessus, en-dessous.
Ainsi, alors que dans les scènes sociales
habituelles les personnes dites normales
situent leur regard au niveau du regard
des autres, chez les personnes autistes le
Compte rendu thématisé de l’entretien au
Centre du docteur Arnaud avec le docteur
Bertaud et un accompagnateur, avril 2013
15
Pour Monica Zilbovicius cela expliquerait
90%
des
syndromes
autistiques.17
Ce
manque de réciprocité socio-émotionnelle
engendre
une
capacité
limitée
à
développer des contacts avec l’Autre. Les
autistes se trouvent alors repliés dans cet
espace décrit comme « clos retourné sur
lui-même »18, leur comportement social
s’en trouve limité.
Leurs
communications,
réceptive,
sont
également
expressive
et
altérées.
Les
autistes ont un retard notable, voire une
ZILBOVICIUS Monica, Raisons de l’autisme,
Paris, Colloque de rentrée du Collège de
France, 2008. Source : autisme.info31.free.fr
17
Idem.
18
Idem.
16
28
absence, de langage sans compensation.
CONSÉQUENCE : UNE GRANDE HÉTÉROGÉNÉITÉ
Bien souvent, il est possible de noter des
DE SITUATIONS
anomalies
l’accent,
dans
le
le
débit
ton
et
de
le
leur
voix,
rythme.
C’est
pourquoi ces personnes présentent une
grande difficulté à adapter leur discours
en fonction des réactions de l’autre. Bien
souvent
ils
se
focalisent,
comme
pour
leurs actions, sur un sujet particulier et
présente un intérêt très limité dans la
conversation.
S’ajoute
à
ça
un
accès
difficile à l’implicite, aux concepts abstraits,
à
l’imaginaire.
En
un
mot,
une
compréhension des expressions au sens
littéral.
Des
déficiences
reconnues
chez
les
communes
personnes
sont
autistes,
l’altération de la communication verbale et
non
verbale,
interactions
restreint,
l’altération
également
sociales,
un
répétitif
voir
comportements
Cependant,
des
existe
de
caractère
stéréotypé
et
il
multitude
des
en
des
activités...
réalité
symptômes
qui
une
ne
se
manifestent ni de la même manière et ni
avec la même intensité chez tous.
C’est
pourquoi
les
autismes
ont
été
classifiés selon la gravité des troubles,
grâce
Néanmoins, bien que les manques dont ils
souffrent
soient
nombreux,
certaines
compétences sont aussi particulièrement
développées
chez
eux.
C’est
le
cas
notamment de la pensée visuelle. Temple
Grandin
évoque
ouvrage
« ma
d’ailleurs
pensée
est
dans
son
entièrement
visuelle » et que pour se représenter des
concepts abstraits ou bien des relations
entre individus, elle se sert de « symboles
visuels ».19
tendance
grande
dans
Il
au
faut
aussi
noter
une
des
règles,
une
respect
méticulosité
certaines
et
la
activités
persévérance
ainsi
qu’une
pensée logique.
à
la
spectre
de
manière
il
notion
de
l’autisme »,
clairement
est
les
« troubles
TSA.
possible
déficiences
De
du
cette
d’identifier
de
chaque
personne.
En
ce
qui
concerne
l’altération
de
la
communication, certains ne vont
même
pas
qu’on
réellement
comprendre
ce
essaie de leur dire quand d’autres vont
répéter
de
manière
stéréotypée
les
phrases entendues. Si dans le domaine
des interactions sociales, certains peuvent
ignorer totalement l’existence des autres,
d’autres
vont
tenir
compte
de
leur
présence et cela peut aller, pour d’autres
encore aux symptômes plus légers, jusqu’à
un désir réel d’être avec les autres sans
savoir
GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris,
Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages.
19
difficulté
comment.
vient
Dans
du
ce
fait
cas-là,
la
qu’ils
ne
29
comprennent pas les relations sociales, les
physiques et, par conséquent, que cela
règles de vie, la manière dont se mettent
impliquerait une démarche singulière dans
en place les échanges. Il en va de même
la
pour ce qui est du caractère restreint,
comme l’oblige désormais la loi.
mise
en
accessibilité
de
tout
lieu,
répétitif et stéréotypés des comportements.
La plupart vont faire preuve d’un intérêt
persistant
pour
insistance
un
objet.
Mais
si une
inflexible
pour
réaliser
des
activités routinières va se manifester chez
certains, d’autres vont être capable de
s’adapter
aux
l’apprentissage
circonstances
d’un
large
grâce
à
répertoire
de
| LA PRISE EN CHARGE
L’ÉVOLUTION COMPLEXE ET LES PERSONNES
IMPLIQUÉES
situations. Néanmoins, il restera toujours
Par
ailleurs,
l’évolution
des
des difficultés face à l’inconnu et à la
connaissances scientifiques sur les troubles
nouveauté.
qui influença les méthodes d’intervention,
a permis de transformer profondément la
prise en charge des personnes, enfants ou
Il existe donc des sous catégories très
contrastées que ce soit au niveau clinique
avec
une
troubles
sévérité
ou
conséquences
activités
très
pour
ce
dans
qui
la
quotidiennes,
véritablement
variable
des
est
des
limitation
des
la
handicapante
dimension
de
leurs
déficiences.
moins identifiable que celui constitué par
d’autres handicaps en raison de l’absence
d’un signe physique partagé et distinctif.
difficulté
comprendre
de
ce
définir
en
et
quoi
de
faire
ils
sont
handicapés est réelle. Dans tous les cas,
parce qu’il s’agit de troubles globaux, il
faut garder à l’esprit que ce handicap
diffère
Elles se concentrent aujourd’hui davantage
sur leur bien-être.
Il faut rappeler que l’autisme était encore
inconnu de la médecine au début du 20ème
siècle. Les premières interrogations sur ce
trouble survinrent lorsque fut observée une
distinction entre les enfants nés idiots et
En outre, cet ensemble de personnes est
La
adultes, atteints de troubles autistiques.
intrinsèquement
des
handicaps
ceux
qui
normaux
le
en
devenaient.
apparence
Des
qui
enfants
pourtant
devenaient fous. Pendant une cinquantaine
d’années, la démence précoce chez les
enfants resta inexpliquée. Ce n’est qu’en
1943 que Léo Kanner mit un nom sur le
trouble autistique, le qualifiant alors de
« trouble inné du contact affectif ».
Par suite, pour les psychanalystes, adeptes
des théories freudiennes, la maladie était
30
causée par un problème relationnel entre
place d’un dépistage de plus en plus tôt
la mère et l’enfant. Liée à l’unique faute
notamment
d’une « mère froide », la culpabilisation
considérablement leur espérance de vie
des mères étaient la norme. Toutefois dès
pour atteindre, de nos jours, le seuil des
les années 1950, quand les connaissances
trente cinq ans.
scientifiques
sur
s’accrurent,
les
le
développementales
cerveau
humain
hypothèses
neuro-
furent
privilégiées
détriment de celles psychanalytiques.
découverte
miroirs,
significative
permettant
des
à
au
La
20
neurones
l’homme
de
se
mettre à la place d’autrui, entraina un
tournant décisif dans la compréhension
des troubles autistiques.
Les personnes
atteintes
ne
pas
principes
d’une
réagissent
« théorie
selon
de
les
l’esprit »
normale.
Par
d’allonger
Mais, depuis la découverte des troubles
autistiques, des débats houleux quant à
leur origine et les méthodes de prise en
charge ont perduré entre partisans de la
psychanalyste et partisans des méthodes
médico-sociales. Et la France, perpétuant
les
prises
en
charge
de
type
psychanalytiques a pris du retard dans ce
domaine, vis-à-vis des pays anglo-saxons
ou d’autres pays européens.
voie
de
conséquence,
l’intervention
auprès des personnes autistes connut de
grandes avancées dans les années 70. Les
méthodes de thérapie se développèrent de
manière
importante
programmes
au
moyen
d’accompagnement
de
plus
précoces et prolongés tout au long du
cycle
permit
de
vie.
Elles
suivirent
une
amélioration continue jusqu’à aujourd’hui
qui impliqua une prise en compte accrue
du confort de ces personnes21. La mise en
Effectivement, ce n’est qu’en 2005 que le
gouvernement
lança
un
premier
projet
dédié à l’autisme, le Plan Autisme 20052007
qui
n’eut
pas
de
véritables
retombées sur leur situation. Cependant, la
loi du 11 février 2005 fut promulguée
simultanément. Le texte de définition du
handicap et code de l’action sociale et
des
familles,
eut
pour
intérêt
majeur
d’introduire une mise à plat de tous les
handicaps. Cette loi a fait sensiblement
bouger les choses et l’effort a été depuis
VINCENT Catherine, Autisme : le désarroi
d’un pédopsychiatre, Lille, LeMonde.fr, 2 avril
2012.
21
IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON
J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience
mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse
universitaire Septentrion, 1992, extrait : 60
pages.
20
démultiplié.
Le
second
Plan
Autisme
2008-2010
a
entre autre ébaucher la création de 4 100
places spécifiques. Mais les places restent
encore
aujourd’hui
en
projet
et
les
31
résultats globaux du plan sont très relatifs.
Concrètement, quelque soit la gravité des
Le bilan de ce plan a pointé « un retard
troubles, l’amélioration de la qualité de vie
important dans l’approche » des troubles
de toute personne autiste nécessite un
et « dans la mise en place de méthodes
accompagnement
d’accompagnement et éducatives adaptées.
Parce que les déficiences imprègnent tous
» Un diagnostic devrait pouvoir être établi
les
avant trente mois mais ne l’est rarement
accompagnement requiert l’intervention de
que vers six ans parce qu’un tiers des
professionnels
médecins ne sait tout simplement pas ce
médecins,
qu’est l’autisme. Les structures « manquent
spécialisés,
à la fois de financement et de ressources
psychomotriciens,
pour faire face aux besoins réels d'un
communément
accompagnement
le
catégories,
et
professionnels du champ médico-social.23
Conseil
de
qualité »,
économique,
dixit
social
environnemental, etc.22
aspects
L’étroite
global
de
et
particulier.
leur
de
vie,
divers
cet
horizons,
psychologues,
éducateurs
orthophonistes,
etc.,
regroupés
professionnels
intrication
des
qui
sont
sous
deux
de
santé
interventions
et
et
leur coordination nécessitent d’autre part
une communication approfondie entre les
Si en 2013, la France accuse toujours un
lourd retard, l’état a lancé son 3ème Plan
Autisme
qui
court
jusqu’en
2017
et
l’autisme a également été promu Grande
Cause nationale en 2012. Depuis la loi du
11
février
2005,
conjointement
à
l’engagement de nombreuses associations
et parents qui se battent pour les droits
de leur proches autistes autant que pour
la reconnaissance de leur humanité, tout
simplement, les actions pour leur inclusion
au
sein
d’améliorer
de
la
leurs
société
et
conditions
la
volonté
de
vie
professionnels amenés à intervenir auprès
de l’enfant.
Par ailleurs, ces diverses aides de vie,
présents avant tout pour accompagner et
compenser les défaillances des personnes
autistes, jouent un rôle fondamental. Cette
dernière peut avoir tendance à « faire les
choses pour les exprimer »24. C’est alors à
l‘intervenant
de
mettre
en
place
des
méthodes de communication et de les
partager avec la famille.
Etat des connaissances. Autisme et autres
troubles envahissants du développement : État
des connaissances hors mécanismes
physiopathologiques, psychopathologiques et
recherche fondamentale, HAS, source : internet,
semblent s’être intensifiées.
23
LETARD Valérie, Evaluation de l’impact du
Plan Autisme 2008-2010, Paris, version
janvier 2010, 222 pages.
24
CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir,
documentaire 2012.
22
imprimable, 2011, 94 pages.
32
Effectivement,
essentiel
leur
dans
rôle
est
tout
aussi
l’accompagnement
peuvent
être
prescrits
intention,
en
personnes autistes. Elles ont longtemps été
d’anxiété
par
vues comme des spectateurs impuissants,
néanmoins de manière exceptionnelle et
subissant la déficience. Aujourd’hui, elles
temporaire26.
de
premier
ordre.
La
mère
est
« thérapeute, enseignante, chauffeur »25.
Ainsi, les familles participent à la mise en
place des programmes de stimulation et à
l’élaboration d’un mode de communication
spécifique.
Le
de
seconde
des
sont reconnues en tant que collaborateurs
cas
en
dépression
exemple,
principal
enjeu
ils
étant
le
ou
sont
d’établir
une
communication, adjointe à une éducation
spécialisée, la recherche d’un mode pour
interagir avec l’enfant, commun à tous les
professionnels
ainsi
qu’à
la
famille,
a
provoqué un développement important des
méthodes
d’apprentissage
de
la
communication verbales et non verbales.
LES
DIFFÉRENTES
MÉTHODES,
SOCLE
NÉCESSAIRE
les
faits,
il
existe
des
modalités d’actions variées découlant de
conceptions très diverses sur la stratégie
et les pratiques à adopter. Cependant,
que
les
approches
éducatives
et
thérapeutiques soient privilégiées à celles
exclusivement
psychanalytiques
médicales,
dernières
prétendre
ces
restaurer
un
ne
ou
peuvent
fonctionnement
normal ou améliorer le fonctionnement et
la
participation
de
la
totalité
des
personnes autistes.
De
plus,
qu’aucun
guérit
entre
autre,
il
est
important
traitement
l’autisme.
collaboration
entre
professionnels
et
le
programme
Si
de
rappeler
médicamenteux
des
ne
psychotropes
les
se
parents
base
et
sur
les
une
évaluation des personnes autistes pour en
adapter la prise en charge. Avec l’idée
d’une origine organique de l’autisme, c’est
une vision globale de l’approche qui y est
privilégiée toute au long de la vie.
Le programme ABA est quant à lui fondé
sur les théories comportementalistes. C’est
une analyse appliquée du comportement
avec un système de stimulations et de
récompenses.
IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON
J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience
mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse
universitaire Septentrion, 1992.
25
existe,
TEACCH qui insiste sur l’importance de la
Dans
bien
Il
récompensé
L’effort
et,
comportements
par
adaptés
positif
le
est
plaisir,
se
les
trouvent
Recommandation de bonne pratique. Autisme
et autres troubles envahissants du
développement : interventions éducatives et
thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et
l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012,
26
60 pages.
33
renforcés.
Parce
que ces
enfants
sont
Au
demeurant,
dans
le
incapables de se développer par l’imitation,
Autisme,
le manque est pallié grâce à la répétition.
accompagnateur médical évoque, au sujet
Néanmoins,
les
professionnels
peuvent
également avoir recours à des méthodes
plus
particulièrement
ciblées
sur
les
défauts de langage et de communication.
Les
pictogrammes
visuels
sont
et
alors
autres
symboles
largement
utilisés,
solutions
documentaire
d’espoir28,
un
de la prise en charge, le besoin de faire
preuve d’une méthodologie inébranlable et
d’abnégation auprès de ces personnes qui
ont
rarement
déficiences
conscience
et
des
de
leurs
comportements
inadaptés qu’elles engendrent.
comme dans les systèmes BLIS-GRACH,
MAKATON, etc.
L’IMPORTANCE DES SORTIES CUTLURELLES
Quelque soit la méthode privilégiée, le but
est de faire acquérir des « compétences
dissociées » : les thérapies enseignent des
processus cognitifs.27 Et, elles s’appuient
également
entre
sur
les
le
partage
et
différentes
l’échange
personnes
intervenants auprès de la personne car il
est nécessaire que celle-ci soit, dans le
même
temps,
mieux
comprise
pour
progresser.
Par ailleurs, l’accès à l’extérieur, à
des
lieux
intégrante
publics,
de
peut
l’intervention
faire
auprès
partie
des
autistes.
Une offre culturelle variée présente des
intérêts largement reconnus et observés
par les soignants et autres intervenants. Il
a
été
prouvé
que
les
observations
cliniques structurées, même annuelles, sont
insuffisantes pour ajuster les objectifs visés
par les interventions et suivre l’efficacité
Ainsi, chaque personne autiste a besoin
de ces dernières. De ce fait, elles doivent
d'un traitement adapté à ses compétences
être
et à ses
apprendre à
informelle continue » du fonctionnement et
mieux interagir et communiquer avec son
de la participation de l’enfant dans ses
entourage
différents lieux de vie et au cours de
difficultés pour
et
pour
pouvoir
espérer
s’intégrer à la société.
complétées
par
« l’observation
sorties proposées par les professionnels.
29
CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir,
documentaire 2012.
28
Etat des connaissances. Autisme et autres
troubles envahissants du développement : État
des connaissances hors mécanismes
physiopathologiques, psychopathologiques et
29
GREENSPAN Stanley, LIEFF Beryl, L’esprit qui
apprend. Affectivité et intelligence, Paris, Edition
Odile Jacob, 1998, extrait 63 pages.
27
34
C’est pourquoi, une visite de musée peut
En outre, c’est bien la démarche dans sa
participer au programme établi pour un
globalité
enfant ou à l’observation précise de ces
organisées, il y a un effet de groupe qui
troubles. La visite permet d’identifier en
favorise la création du lien social. L’idée
peu de temps les problèmes rencontrés
de « faire comme tout le monde » et
par
d’être
une
personne
pour
s’orienter,
se
concentrer et d’évaluer sa manière globale
de se comporter dans un espace.
Ainsi,
dans
Grandin
visite
son
se
au
musée
un
des
au
milieu
Temple
social
qui
en
autres
visites
est
alors
ressort,
les
sorties,
d’une
changeant les habitudes, peuvent avoir des
Beaux-arts
alors
retombées positives sur le quotidien. Elles
fascinée,
concentration,
visuellement,
et
j’ai
susceptibles
reconnaissance
cette merveilleuse excursion » .
autistes,
Comme
30
créer
du
lien
d’améliorer
l’observation
raconté à ma famille tous les détails de
précédemment,
de
souvenir
sont
évoquer
des
Lors
éprouvée par les personnes autistes.
qu’elle était en classe de CM1, « j’étais
stimulée
importe.
Au-delà du lien créé et de l’apprentissage
autobiographie,
rappelle
qui
visuelle
participant
développement.
«
et
des
la
personnes
ainsi
Nous
la
à
leur
savons
tous,
représente les trois quarts du travail de
parents, professionnels, amis et personnes
thérapie. De ce point de vue, les visites de
handicapées, que l’accès à la pratique
musées peuvent constituer des « supports
culturelle
de relation »
d’expression,
car elles permettent de
31
est
mobilisation
sont,
compétences »
nul
doute,
des
moments
privilégiés, les visites d’expositions peuvent
être également un outil de communication
par
l’intérêt
potentiel
provoqué
chez
l’autiste.
support
fantastique
d’épanouissement,
parler de choses différentes. Alors, si elles
sans
un
et
de
de
développement
des
évoque Alain Faure sur
l’importance des sorties.32
Il
y
a
possiblement
un
arrière
plan
idéologique dans la volonté exprimée par
A.
Faure
de
concrétiser
un
accès
généralisé à la culture. Améliorer la qualité
de
vie
réaffirmer
recherche fondamentale, HAS, source : internet,
janvier 2010, 222 pages.
30
GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris,
Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages.
31
Compte rendu thématisé de l’entretien au
Centre du docteur Arnaud avec le docteur
Bertaud et un accompagnateur, avril 2013.
des
le
personnes
principe
autistes
d’égalité
ou
présent
dans la devise française, quoi qu’il en soit,
ces ambitions parallèles viennent appuyer
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
32
pages.
35
LES LIEUX DE VIES
l’importance d’étendre l’accessibilité à tous
dans les institutions muséales.
Par
ailleurs,
bien
que
les
autistes
ne
soient pas adaptés à la société actuelle, il
|
PRÉSENTATION
est possible de les comprendre et ils sont
PROGRESSIVE
capables d’apprendre . Alors, établir, au
DE
L’ADAPTATION
33
sein des espaces muséaux, la coprésence
des personnes dites « normales » et de
celles présentant des troubles autistiques
pourrait
favoriser
l’acceptation
de
leur
différence par les premières et permettre
aux secondes d’améliorer leur capacité à
être en présence de l’Autre.
Quant
aux
lieux
destinés
spécifiquement aux personnes autistes et à
leur prise en charge, il s’agissait au départ
exclusivement
closes
et
d’institutions
peu
spécialisées,
nombreuses.
Un
grand
nombre d’autistes n’étaient alors pas pris
en charge.
Cette tendance à enfermer les personnes
différentes fut progressivement abandonnée
grâce,
entre
autre,
méthodes
de
soin
deuxième
moitié
à
l’évolution
entamée
du
20
ème
des
dans
la
siècle.
Ce
phénomène fut particulièrement massif en
Amérique. 34
milieu
En
des
France,
années
ce
n’est
qu’au
2000
que
l’Etat
s’engagea dans cette voie, autorisant enfin
l’établissement
spécialisées
de
et
structures
prenant
part
éducatives
à
leur
financement.
Dans le but d’éviter le caractère artificiel
d’un
lieu
isolé
et
la
ségrégation
des
individus qui en découle, une intervention
en milieu un temps soit peu urbanisé se
trouve de nos jours privilégiée. Ce n’est
IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON
J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience
mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse
universitaire Septentrion, 1992.
34
CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir,
documentaire 2012.
33
36
pas
sans
rapport
avec
la
remise
en
question de l’institution psychiatrique.
volontiers
l’intervention
en
remplacée
famille,
un
par
milieu
dit
« ouvert ». En réalité, cette tendance se
rencontre
principalement
compenser
ses
déficiences,
entrainement
au
« vivre
avec »37.
Une
habilité sociale est favorisée et permet des
retombées
positives
sur
l’apprentissage
général de la personne autiste.
fait
des
L’objectif immédiat émanant de la création
insuffisantes
qui
de logements adaptés au mode de penser
existent pour les familles et qui impliquent,
et d’être des autistes et complémenté par
par ailleurs, des démarches administratives
un suivi adéquat, tend à une amélioration
longues et complexes .
de leur qualité de vie autant qu’à celle de
alternatives
largement
du
de
relatives aux interactions sociales, par un
Ainsi, l’intervention en milieu institutionnel
s’avère
permet
35
Cependant, quelques possibilités pour le
logement des autistes et autres personnes
avec TED existent. Du logement en milieu
ordinaire
avec
un
accompagnement
spécialisé aux foyers de vie, l’accent est
leur famille et de leurs proches. A long
terme,
l’objectif
vise
à
les
rendre
progressivement plus autonomes pour leur
vie future au sein de la société, capables
autant que possible à s’y intégrer.
mis sur la notion de « chez soi » et sur
les droits et besoins de ces personnes qui
relèvent désormais du droit commun.
Ont
été
créés
alternatifs
possible,
quelques
comparables,
à
des
communauté
ordinaires.
d’intervention
est
puisque
l’enfant
ou
loin
de
vie
autant
lieux
dit
lieux
de
que
vies
Ce
Finalement, la faculté au « vivre avec »,
en
type
« activateur »
l’adolescent
est
sollicité plus fortement, inclus dans un
milieu apparenté au milieu normal.36 Cela
AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET
Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des
35
personnes avec TED, du chez soi au vivre
ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous
la DGCS, 2011, 168 pages.
36
IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON
J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience
mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse
d’être
innée
chez
les
personnes
présentant des troubles autistiques, peut
donc
être
apprise
dans
une
certaine
mesure.
Par surcroît, en prenant en compte les
souffrances psychiques que peuvent faire
naître un environnement inadapté et en y
remédiant,
il
est
effectivement
possible
d’espérer une diminution des troubles du
comportement. En somme, compenser les
universitaire Septentrion, 1992, extrait : 60
pages.
37
CONSTANT Jacques, La maison pour
personnes autistes du département d’Eure et
Loire, version téléchargeable, ANCRA, 2009, 36
pages.
37
déficiences des modes de percevoir par la
obtenir un apaisement intérieur »39 Un des
prévisibilité de l’environnement.
enjeux
étant
de
développer
les
comportements d’autonomie, la mise en
place de repères fixes et quotidiens joue
de
ce
fait
un
rôle
prépondérant.
Ils
constituent un réel soutien à l’acquisition
| DES BESOINS SPÉCIFIQUES EN TERMES
de tous les autres apprentissages et des
D’ESPACE
comportements adaptés.
Des compétences cibles ont été
Quant à l’enjeu du bien-être à proprement
établies pour répondre aux troubles de la
parler
modulation sensorielle, considérables chez
types de stimulations lumineuses, certains
les
bruits,
personnes
autistes.
recommandé
Aussi,
en
il
est
psychologie
des
personnes
etc.,
sensorielle »
40
autistes,
créent
une
certains
« jungle
qui leur est insupportable.
environnementale d’adapter l’environnement
Ces sources de stress, le chaos alors
à la fois physique et social de l’enfant
ressenti,
notamment
adopter des comportements destructeurs
pour
que
celui-ci
soit
contenant et sécurisant.
Concrètement,
la
jusqu’à
personne
autiste
«
souffre de n’être qu’un corps, mais de ne
pas l’habiter. Les espaces doivent l’amener
à « habiter la maison de son corps », lui
permettre
de
se
rassembler.
[…]
Les
espaces doivent donc être conçus pour
rendre l’environnement prévisible afin de
[lui] éviter de vivre dans de trop fortes
angoisses en lui donnant des repères qu’il
n’a pas intériorisés. »38
temps est essentielle à leur rassérènement.
l’environnement
extérieur
pour
COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants
du développement et rapports à l’espace, Lyon,
38
LAF-ENSAL, 2009, 35 pages.
les
l’automutilation,
personnes
comme
à
en
témoigne T. Grandin dans son ouvrage.41
Associés à une souffrance manifeste de la
personne, de tels comportements mettent
à mal l’équipe soignante et la famille qui
n’ont pas forcément de prise sur ces
éléments et ne peuvent pas faire grandchose. Dans les faits, certaines institutions
se retrouvent maltraitantes par manque
d’attention à cette problématique ou de
CONSTANT Jacques, La maison pour
personnes autistes du département d’Eure et
Loire, version téléchargeable, ANCRA, 2009, 36
39
Dès lors, la structuration de l’espace et du
« Penser
conduisent
pages.
40
AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET
Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des
personnes avec TED, du chez soi au vivre
ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous
la DGCS, 2011, 168 pages.
41
GRANDIN Temple, Ma vie d’autiste, Paris,
Edition Odile Jacob, 2001, 233 pages.
38
latitude
dans
l’aménagement
de
leurs
espaces.
des aménagements permettant d’adapter
l’environnement.
Il
Pour ces raisons, la nécessité de résoudre
les
problèmes
troubles
sensoriels
autistiques
est
émanant
des
essentielle
au
confort de ces personnes. De plus, une
adaptation des lieux a posteriori ne peut
être toujours satisfaisante. C’est pourquoi,
l’élaboration d’un environnement adapté ne
dépend
pas uniquement
imputable
aux
d’une réflexion
institutions
et
à
est
apparu
que
les
composantes
fondamentales autant qu’indispensables au
confort des personnes autistes sont à
introduire en amont de la conception d’un
projet.
Pour
ce
faire,
un
cahier
des
charges, à l’attention des architectes qui
se
lanceraient
dans
un
projet
de
structures d’accueil, existe ainsi que des
documents faisant autorité. 42
leurs
Les recommandations se dégagent entre
équipes éducatives et médicosociales, elle
autre des travaux de Stéphan Courteix,
implique également les concepteurs.
architecte, docteur en psychologie clinique
et expert en architecture médicosociale.
Elles
permettent
d’entrevoir
le
rapport
étroit entre le physique et le psychique et
introduisent un concept d’accessibilité des
|
LA
RETRANSCRIPTION
SPATIALE
ACTUELLE DE CES BESOINS
espaces
appliquée
à
l’autisme.
C’est
pourquoi, il s’agit moins d’une capacité
Dès les années 70, des professeurs
de l’Université de la Caroline du Nord
avaient intégré des principes spatiaux dans
l’élaboration d’une méthode d’intervention,
d’accès physique que « d’une autre forme
d’accessibilité, une accessibilité cognitive
au
cadre
de
vie
des
personnes
avec
contenance
des
TED. »
43
la méthode TEACCH. De nos jours, des
En
réponses concrètes, spatialement viables,
espaces semble primordiale. D’une part ce
ont
émergé
recherches
concepteurs
au
sein
effectués
en
des
par
collaboration
travaux
des
équipes soignantes. D’où l’importance de la
recherche
dans
le
domaine
lieu,
la
de
certains
avec
premier
de
l’architecture sur ce sujet et l’intégration
dans les projets d’instituts médicosociaux
La conception architecturale. Référentiel
départemental de bonnes pratiques pour
l’accueil des personnes adultes atteintes
d’autisme, CREI Rhône-Alpes, 2005, 40 pages.
42
AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET
Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des
43
personnes avec TED, du chez soi au vivre
ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous
la DGCS, 2011, 168 pages.
39
principe permet de mieux gérer les stimuli
Subséquemment,
sensoriels, d’autre part de mieux contrôler
théories ont donné lieu à des recherches
les interactions entre individus. Il avait par
appliquées
ailleurs été mis en avant par les créateurs
d’affirmer que pour concevoir un lieu de
de
vie dans le respect des singularités liées à
la
méthode
TEACCH.
En
effet,
structurer l’environnement peut aider la
l’autisme,
personne
sécurisants
autiste
à
se
focaliser
sur
qui
les
différentes
permettent
espaces
mais
thèses
sans
et
aujourd’hui
doivent
excès,
être
permettre
certaines caractéristiques de ce dernier qui
une implication
lui
ménager des possibilités de retrait autant
permettent
d’adopter
des
comportements exploratoires.
que de lien social et établir une dimension
Plus récemment, Kévin Charras, docteur en
psychologie44,
a
variable des personnes,
également
repris
ce
sensorielle
entre
stimulation
et
préservation.
principe. Dans sa thèse, il formule ainsi
Sur cette base encore abstraite, viennent
l’hypothèse qu’un espace ouvert « et par
se calquer des recommandations pratiques
conséquent pas assez contenant, fréquenté
et clairement énoncées dans un rapport
par
ne
de l’ANCREAI datant de 2011, L’habitat des
de
nombreux
comportant
pas
individus
barrières
personnes avec TED : du chez soi au vivre
physiques, [peut] provoquer un excès de
ensemble45. Saisi dans leur environnement
stimulation qui, de par la confusion /
global, il est recommandé que les unités
désorientation
provoquerait,
de vie ne soient pas trop proches d’autres
donnerait lieu à des comportements non-
habitations, sans isoler le centre, et que
organisés, une aggravation des troubles
les lieux de vie soient séparés des lieux
inhérents à la symptomatologie autistique
d’activités.
et un amoindrissement des comportements
grandes, ce qui représente une capacité
adaptatifs à la situation. »
d’accueil de huit personnes environ.
Par conséquent, si la contenance est, de
Pour la conception des espaces, il est
manière générale, une notion élémentaire
recommandé
pour
chaussée
autistiques,
de
qu’elle
favoriser
personnes
assez
et
le
rassérènement
présentant
elle
est
des
encore
des
Elles
de
ne
doivent
privilégier
permettant
donc
être
le
trop
rez-de-
d’éviter
les
troubles
escaliers qui sont, pour certains individus,
d’avantage
une source d’angoisse potentielle. Il est
quand la thématique des espaces collectifs
est abordée.
AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET
Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des
45
personnes avec TED, du chez soi au vivre
ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous
44
Site du LAF de l’ENSAL : www.laf.archi.fr
la DGCS, 2011, 168 pages.
40
primordial
de
bien
limites
Kiéthon46, porté par de nombreux parents
privé/espace
et conçu par l’architecte Lena Riaux, qui
à
proprement
se situe dans le Médréac. L’architecte a
est
également
entièrement basé le projet architectural sur
important d’éviter les culs de sac ou les
les spécificités autistiques pour permettre
couloirs trop étroits ainsi que de prévoir
la
des
cognitifs.
(dedans/dehors,
commun)
parlé
les
qui
penser
les
espace
structurent
espaces.
recoins
Il
ou
mezzanines
« qui
compensation
Elle
de
a
pris
leurs
en
troubles
compte
leurs
permettent d’être là tout en restant à
particularités sensorielles dès les prémices
distance ». Enfin, dans le but de prévenir
du projet et a effectué un ajustement de
les comportements dangereux, se taper la
l’environnement
tête de manière répétitive par exemple, il
recommandations
est préférable d’utiliser les arrondis.
professionnels
Au sujet du confort phonique et de la
prévention de stimuli sonores agressifs, les
lieux doivent être bien insonorisés. Par
ailleurs, associant le confort thermique et
l’absence
d’objets
éventuellement
accompagner
d’après
existantes.
peuvent
les
enfants
comme
œuvre
des
les
recevoir
personnes
adultes,
Les
et
méthodes
et
autistes,
mettre
en
d’interventions
adaptées sans que les lieux ne leur soient
préjudiciables.
dangereux, il est conseillé d’installer un
Il en va de même pour le centre de la
chauffage
Frégate, situé dans le Var.
par
le
sol.
Pour
la
photosensibilité de certains individus, il est
l’accent
nécessaire d’homogénéiser les éclairages
pluridisciplinaires
et
éducatives »
d’atténuer
les
couleurs,
tout
en
sur
« des
47
prises
Ayant
en
à
mis
charge
orientation
et non plus essentiellement
différenciant les espaces par la possible
psychanalytiques, la taille du centre a été
présence d’un code couleur selon les lieux.
réduite à une vingtaine de jeunes répartis
Bien qu’énumérées succinctement, chacune
en
de ces remarques provient d’une réflexion
L’organisation
poussée sur les besoins singuliers des
l’objet d’une réflexion approfondie à partir
personnes
des recommandations existantes.
autistes.
C’est
ensuite
à
l’architecte de les intégrer au mieux à son
projet.
groupes
structures
centres
recherches
ont
ainsi
théoriques
tel
formalisés
que
spatiale
cinq
a
personnes.
également
fait
Malgré le lourd déficit de la France en
atteintes
Des
de
d’accueil
d’autisme
pour
et
de
personnes
troubles
les
l’espace
Livert iconographique page suivante
Communiqué de presse, Association AIDERA
Var, 2006, 3 pages.
46
47
41
apparentés48, de bons exemples de mise
possible
d’adapter
en application de ces principes ont été
l’environnement
aux
troubles
réalisés.
Pour
les
concepteurs doivent
ce
faire,
un
temps
soit
peu
autistiques.
porter une attention accrue à certains
principes
généraux :
la
contenance,
la
structuration de l’espace et la sobriété
notamment. Une réflexion basée sur les
| DES CONNAISSANCES ÉTABLIES SOLIDES
Pour
autistes
conclure,
les
entretiennent
personnes
notamment
un
rapport aux autres et à elles-mêmes qui
sensations que procure l’espace l’emporte
ainsi sur une application d’aménagements
prédéfinis a posteriori de la conception
des édifices.
diffèrent de la norme. La diversité des
troubles du spectre autistique vient encore
complexifier
la
compréhension
de
ce
handicap. Ce facteur constitue pourtant le
premier
pas
vers
l’acceptation
de
leur
différence et, conjointement, vers la prise
C’est pourquoi, rendre les lieux accessibles
aux personnes autistes semble passer par
l’élaboration d’une accessibilité cognitive et
sensorielle
à
en compte véritable de leur situation.
accessibilité
Toutefois,
troubles.
l’utilisation
de
méthodes
adaptées permet aux autistes
niveau
d’acquérir
les
répondrait
de haut
connaissances
nécessaires pour vivre en étant autonomes
et
peut
considérablement
améliorer
la
qualité de vie de ceux plus profondément
atteints. Cela peut possiblement faciliter
leur inclusion dans et par la société.
faire
prévaloir
purement
que
sur
physique
partiellement
une
qui
à
ne
leurs
Malgré le retard de la France dans ce
domaine,
l’état
des
connaissances
actuelles confèrent aux concepteurs et à
la
société
entière
la
capacité
de
les
inclure. Et « le défi qui est aujourd’hui
posé
à
la
société
est
celui
de
la
construction d’une accessibilité psychique
Au sujet du rapport à l’espace, l’autisme
et cognitive au « vivre ensemble » […]
s’oppose
dans l’acceptation des différences »49.
fondamentalement
handicaps,
soulève
moteurs
de
spécifiques.
fait
En
aux
autres
principalement,
des
dépit
de
problématiques
cela,
il
ASSOULINE Moïse, Autisme : soutenons la
recommandation de l’HAS malgré les
sectarismes, Paris, LeMonde.fr, 4 avril 2012
48
et
est
AZEMA Bernard, CADENEL Annie, LIONNET
Pierre, MARABET Bénédicte, L’habitat des
49
personnes avec TED, du chez soi au vivre
ensemble, Paris, ANCREAI, étude réalisée sous
la DGCS, 2011, 168 pages.
42
Ayant à présent une vision plus claire de
ce qu’implique l’accessibilité au regard de
l’autisme,
il
est
maintenant
nécessaire
d’observer ce que la loi du 11 février
2005 impose concrètement aux institutions
muséales.
C’est-à-dire
ce
que
contient
l’obligation légale de l’accessibilité pour
tous. Cela suppose également de cerner la
dynamique sociétale qui l’entoure, car le
contexte
dans
laquelle
s’inscrit
la
loi
semble pouvoir impacter sur sa mise en
application par les institutions.
Néanmoins, la réalisation de l’accessibilité
est
également
capacité
intimement
propre
aux
liée
à
institutions
la
de
s’inscrire dans cette démarche. Aussi, elle
dépend de leur logique organisationnelle
interne, de la
leurs
espaces
gestion
autant
fonctionnelle de
que
de
leur
possibilité de les modifier qu’il faudra de
ce fait analyser.
43
44
PARTIE 2
CADRE LÉGAL ET INSTITUTIONS
MUSEALES : L’ASPECT THÉORIQUE
ET L’OBJET EXPLICITE IMPLIQUÉS
DANS L’ACCESSIBILITÉ
De quoi dépend la mise en accessibilité
des musées
45
LE CADRE LÉGAL ET LES ACTIONS
Quoi
qu’il
intronisa
CONJOINTES
en
soit,
l’obligation
l’accessibilité
des
cette
première
légale
loi
d'aménager
bâtiments
ouverts
au
public, impliquant que, pour tous travaux
|
L’APPARITION
PROGRESSIVE
D’UNE
LÉGISLATION RELATIVE AUX HANDICAPS
Parce
que
le
handicap
peut
de manière temporaire ou permanente, en
parallèle également de l’accroissement des
connaissances médicales à ce sujet, la
du
terme
impliquait
ont
fait
et
l’objet
de
ce
qu’il
de
réflexions
marquées dans plusieurs pays et au sein
des instances supranationales à partir des
années 60.
handicapées
devaient
d’intégrer
au
sein
les
de
personnes
la
société
correspond à la loi d'orientation en faveur
des personnes handicapées du 30 juin
197550 et deux articles y exposaient déjà
des dispositifs d’adaptation du cadre bâti
et des transports. Mais ne renvoyant qu’à
des décrets d’application sans réel pouvoir
de contrainte, le texte eut peu d’impact et
sa mise en application fut aussi laborieuse
que limitée.
prises
en
les secteurs, du logement à l’emploi. Et, à
la fin des années 80, l’intégration des
personnes
handicapées
déclinée
dans
de
se
trouvaient
nombreux
textes
législatifs.
Cependant, ces lois ne concernaient pas
tous les handicaps. Les textes français
comptaient seulement les quatre types de
« traditionnels » :
moteur,
visuel, auditif et mentaux. Concernant le
handicap mental, la loi restait extrêmement
vague et l’autisme n’en faisait pas partie.
La
Déclaration
des
droits
du
déficient
mental, adopté sous l’égide de l’Assemblée
générale de l’ONU, avait pourtant posé en
1971 l’idée élémentaire de la nécessité
d’inclure ces personnes au sein de nos
sociétés. L’article premier exposait le fait
que « le déficient mental doit, dans toute
la mesure du possible, jouir des mêmes
droits que les autres êtres humains. » Par
ailleurs,
au
Classification
Handicaps
51
Proposition d'une nouvelle méthodologie
dans l'évaluation du handicap, Médias et
handicapés, Paris,
être
diversifiées dans le but d’impacter sur tous
handicaps
En France, la première législation sur une
nécessité
handicapés
compte. Par la suite, les mesures se sont
vraisemblablement toucher n’importe qui,
définition
dans ces lieux, les spécificités des publics
sujet
de
l’autisme,
Internationale
la
des
l’intégrait depuis 1980.
50
Maison de l'Unesco, septembre 1978, ADEP
Documentation, 1980.
51
Ou CIH, établie par l’OMS
46
Ce n’est que vingt ans plus tard que
conséquent,
l’émergence
d’un
principe
l’autisme apparut dans les textes législatifs
d’accessibilité de tout à tous a motivé une
français par la loi datant du 11 décembre
adaptation de la législation.
1996. Dès lors, ces personnes eurent le
droit de bénéficier d’une prise en charge
pluridisciplinaire tenant compte de leurs
besoins dans le cadre d’une approche
éducative, pédagogique, thérapeutique et
sociale.
Grâce
52
à
l’investissement
des
associations et des familles, la loi permit
« de
faire
sortir
la
problématique
des
personnes autistes et de leur familles de
la sphère privée, familiale et médicale. »53
Malgré tout, le retard de la France pour
ce qui est de la considération portée aux
autistes
demeure
conséquent.
Si
leur
cause semble aujourd’hui bénéficier d’une
meilleure
visibilité,
devenue
en
2012
Grande Cause nationale, la question se
pose
de
savoir
législateurs
handicap
à
quel
tiennent
singulier
point
les
de
ce
compte
et,
au
| LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005
préalable,
le
comprennent.
Plus concrètement, l’état français a
amplifié
sa
politique
concernant
le
handicap par la promulgation de la loi du
11 février 2005 pour l'égalité des droits et
des
chances,
la
participation
et
la
citoyenneté des personnes handicapées.
D’après la définition qui en est donné
dans le second article, « constitue un
handicap […] toute limitation d'activité ou
restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par
une personne en raison d'une altération
substantielle, durable ou définitive d'une
ou
plusieurs
sensorielles,
psychiques,
fonctions
mentales,
d'un
physiques,
cognitives
polyhandicap
ou
ou
d'un
trouble de santé invalidant. »
54
De manière générale, il semble que l’état
ait
pris
d'adapter
espaces
population
conscience
de
objectivement
publics
à
la
nécessité
Ainsi,
les
différents
d’introduire une mise à plat de tous les
l'ensemble
handicapée,
de
impliquant
la
de
s’attacher aux particularités de tous. Par
la
loi
a
handicaps,
en
pour
première
la
pour
incluant
intérêt
majeur
véritablement
fois
l’autisme,
et
et
constitue de ce fait une rupture vis-à-vis
des politiques antérieures.
Source : www.vie-publique.fr
PRADO Christel, Le coût économique et
social de l’autisme, Paris, Les éditions des
Journaux Officiels, 2012, 61 pages.
52
53
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
54
pages.
47
LES GRANDS AXES DE LA LOI
focalise sur les aménagements à mettre
Par suite, le texte propose trois
axes principaux de réformes, le dernier
concernant l’adaptation de l’environnement
aux déficiences des individus handicapés.
compensation des handicaps. Cela implique
concevoir
chacun
pour
les
aides
leur
nécessaires
garantir
la
à
libre
détermination de leur projet de vie et
favoriser
ainsi
la
pratique
de
la
citoyenneté par tous. L’objectif principal,
de pallier aux préjudices causés par le
handicap,
est
le
maintien
ordinaire permettant par là
en
milieu
même une
présence au sein de la société.
d’égalité des chances entre citoyens et de
non discrimination entre individus. C’est
pourquoi elle implique tous les secteurs
nécessaires à leur épanouissement, de la
scolarité, en passant par l’emploi et le
logement, jusqu’à la culture. Allant plus
loin que le premier axe de réforme, c’est
ici une participation active à la vie sociale
qui doit être mise en place.
une mise en
accessibilité des espaces
sans
ils
théoriques.
En
effet,
l’enjeu
y
est
expliqué
que
plus
l’environnement immédiat d’une personne
est adapté à ses besoins, moins celle-ci
se trouvera en situation de handicap et,
autres
comme
étant
dans
une
telle
situation.
En ce qui concerne l’accès à la culture, la
loi définit clairement l’enjeu majeur qu’il
représente au regard d’une accessibilité
élargie. Les articles 41, 42 et 43 de la loi
se
concentrent
alors
s’adressent aux ERP
muséales
font
55
sur
ce
sujet
et
dont les institutions
parties.
Néanmoins,
une
distinction est pratiquée entre les édifices
légales dès leur ouverture au public et le
bâti existant dont la mise en accessibilité
ne peut cependant excéder dix ans.
D’après la loi, l’intégralité des bâtiments
publics devraient donc être accessibles à
tous d’ici 2015. Comme précisé dans le
texte,
article
41,
des
dérogations
exceptionnelles peuvent être accordées en
cas d’impossibilité technique avérée ou si
les travaux à réaliser s’avéraient contraire
Les deux premiers points supposent déjà
resteraient
Il
neufs qui doivent répondre aux contraintes
Deuxièmement, la loi réaffirme le concept
laquelle
place.
conséquemment, sera considérée par les
En premier lieu, elle instaure le principe de
de
en
purement
décisif
de
à
la
conservation
architectural.
du
patrimoine
Toutefois,
celles-ci
s’accompagnent alors obligatoirement de
mesures de substitution.
donner à tous les handicapés la possibilité
de participer à la vie sociale est corrélée
à leur accès réel aux lieux publics. Par
conséquent, le dernier axe de réforme se
55
Etablissements recevant du public
48
La loi a également été complétée par
deux phrases à ce type de handicap alors
plusieurs décrets. Le premier, n°2006-555
que le terme « fauteuil roulant » apparait
du 17 mai 2006, est relatif à l’accessibilité
quant
des établissements recevant du public, des
Toutefois, il ne faut pas conclure que rien
installations ouvertes au public et des
ne
bâtiments d’habitation et modifie le code
davantage accessible.
de la construction et de l’habitation. Le
second,
du
1er
août
2006
fixe
les
dispositions, prises pour l’application des
articles R. 111-19 à R. 111-19-3 et R. 11119-6 du code de la construction et de
l’habitation,
relatives
à
l’accès
des
personnes handicapées aux établissements
recevant du public
ouvertes
au
et aux installations
public
lors
de
leur
construction ou de leur création. Il précise
les dispositions à mettre en place pour
que les édifices auxquels il est destiné
répondent aux objectifs du texte de loi.
à
lui
permet
de
de
nombreuses
leur
rendre
fois…
l’espace
Les contrastes de couleurs qui doivent
structurer
l’espace
afin
de
rendre
le
cheminement repérable par les malvoyants
peuvent aider les autistes à se repérer.
Mais quand le choix de la teinte n’a pas
réellement
d’influence
sur
les
premiers,
dans le cas des personnes présentant des
troubles autistiques, ils peuvent constituer
un code couleur structurant l’espace. Il en
va de même pour les mains-courantes qui,
si elles sont indispensables aux handicapés
visuels,
permettent
de
rassurer
les
personnes autistes.
De
manière
générale,
le
guidage
grandes lignes sont rédigées, il transparait
l’accessibilité des espaces est transversal à
qu’aucun
ces deux types de handicaps. Néanmoins,
n’est
effectivement
écarté des mesures établies.
le
texte
ne
pour
de
Finalement, de par la manière dont ces
handicap
obligatoire
concept
précise
pas
établir
que
c’est
effectivement le cas.
LE
CONTENU
DES
ARTICLES
SUR
L’ACCESSIBILITÉ ÉLARGIE
L’indication sur la nécessité de signaler les
obstacles potentiels à travers le parcours
de
Seulement, à la lecture des articles
visite
ou
d’éviter
l’installation
de
mobilier pouvant gêner ce parcours est
de loi précédemment cités et des décrets
également
qui sont venus les compléter, il semble
non-voyants.
que les obligations concernant le handicap
modification brutale de parcours ou la
mental
perception d’un obstacle peut provoquer
soient
très
faibles.
En
effet,
l’ensemble des textes ne destinent que
une
associée
réaction
aux
Pourtant,
malvoyants
l’apparition
d’angoisse
violente
et
d’une
chez
49
certains
autistes
inattendues
et
peuvent
ces
être
réactions
difficiles
à
à ceux des autres handicaps. Le décret du
1er août 2006 évoque, entre autre, que les
contrôler. Alors, cette disposition légale
portes
nécessiterait
repérées par les personnes malvoyantes et
de
leur
être
adressée
en
premier lieu.
pareillement indispensable pour rendre les
espaces accessibles aux autistes, un grand
d’entre
hypersensibilité
eux
aux
présentant
contrastes
une
lumineux.
Les zones d'ombres, les éblouissements,
sont
pouvoir
être
extrêmement
angoissants
des autistes, l’importance de matérialiser
la
limite
entre
l’intérieur
et
l’extérieur,
l’aspect immatériel que donnent de trop
importantes surfaces vitrées aux lieux et
qui peut leur être préjudiciable, etc. ne
sont mentionnés nulle part.
et
En conséquence, les bénéfices sensoriel et
peuvent provoquer, comme dans le cas
cognitif qui peuvent ressortir de certaines
précédent, des réactions inattendues. Mais
prescriptions ne sont pas évoqués. De ce
c’est toujours en rapport avec le handicap
fait, en termes d’espaces, l’accessibilité se
visuel que l’éclairage est mentionné.
trouve inscrite au sein du texte de loi
En
alors
doivent
ne pas créer de gêne visuelle. Dans le cas
Quant à la maitrise de l’éclairage, elle est
nombre
vitrées
ce qui concerne les dispositifs de
repérage et la signalétique directionnelle, il
dans son sens le plus palpable, c’est-àdire un accès essentiellement physique.
est vrai que la simplification de cette
Simultanément, parce que l’attention des
dernière par l’utilisation de pictogrammes
législateurs se focalise sur la signalétique
facilite le parcours des autistes puisque,
en ce qui concerne la catégorie entière du
plus aisément compréhensible, elle évite
handicap mental, il est permis de supposer
les longues déambulations pouvant devenir
que ce qui cause leurs handicaps autant
angoissantes pour ces personnes.
que la variété des troubles ne sont pas
réellement intégrer à la loi.
Il résulte que de nombreux aménagements
prévus pour d’autres types de handicap
s’appliquent à la situation des autistes. Il
n’en reste pas moins que ce n’est pas à
eux
que
se
destinent
les
adaptations
prescrites.
D’autant
Néanmoins,
les législateurs
ont élaboré
dans le même temps un questionnaire
pour en faciliter l’application. Ce document
« d’évaluation
de
l’accessibilité
aux
personnes handicapées », doit servir aux
experts
indépendants
dans
la
détermination des travaux à accomplir et
que
tous
les
aspects
des
déficiences autistiques ne s’assimilent pas
leur
vérification
présentes
dans
ultérieure.
le
cadre
Les
légal
normes
y
sont
50
reprises selon les thématiques des abords
législation telle que définit actuellement.
du bâtiment, des circulations verticales et
C’est pourquoi, l’intégralité des dispositions
horizontales,
l’offre
ne semble guère inciter les concepteurs à
culturelle avec un chapitre distinct pour ce
inclure, dans leur projet de création ou de
qui
réhabilitation,
des
paramètres
communication. Cette organisation s’avère
répondraient
qu’aux
besoins
plus claire et davantage précise que le
des autistes.
est
des
de
services,
de
l’information
et
de
la
qui
ne
spécifiques
texte de loi.
Avec cela, sa présentation sous forme de
QCM
présente
distinctions
l’avantage
entre
les
d’effacer
les
catégories
de
handicaps puisqu’il n’est plus spécifié à qui
sont destinées les normes. D’autant que
les questions qui énumèrent les handicaps
prennent en compte toutes les catégories.
La distinction de considération flagrante
qui était apparue à la lecture du texte
légal se trouve ici atténuée.
Concrètement, il ressort de la loi qu’il n’y
a
pas
d’accessibilité
spécifiquement
du
pensée
cadre
en
bâti
conséquence
des troubles autistiques. Dans le sens où,
la
mise
en
accessibilité
des
lieux
ne
pourra leur être bénéfique que de manière
indirecte. Ainsi, prise isolément, la loi ne
semble pouvoir prétendre à
une réelle
inclusion des personnes autistes au sein
des espaces muséaux.
Cela n’enlève rien cependant à l’absence
d’attention que révèle la loi sur le fait qu’il
serait nécessaire de prendre en compte
certaines particularités liées aux troubles
| LES PROJETS COMPLÉMENTAIRES
Toutefois,
très hétérogènes des handicapés mentaux.
En outre, cette absence permet d’émettre
l’hypothèse
que
la
loi
n’encourage
probablement pas les institutions, encore
moins les concepteurs, à faire un effort
supplémentaire
en
direction
de
ces
personnes. Hormis, les rampes d’accès ou
une étude approfondie de l’éclairage et
des
revêtements
d’action
s’avère
de
peu
sols,
leur
contrainte
liberté
par
la
l’impact
de
la
loi
ne
dépend pas uniquement de son contenu. Il
est indéniable que ses effets reposent en
partie
sur
la
manière
dont
elle
est
exécutée, sa mise en application plus ou
moins approfondie. De ce fait, il semble
justifier
de
responsables
penser
que
de
mettre
la
les
en
acteurs
œuvre
nécessitent d’être accompagner dans leur
démarche. Le questionnaire d’évaluation de
l’accessibilité aux personnes handicapées,
51
par
exemple,
ne
tient
pas
compte
« accessibilisation » portée par le concept
uniquement du cadre bâti mais également
de
de la formation spécifique du personnel à
handicapées
l’accueil
l’environnement existant.
des
publics
en
situation
de
handicap, les éventuels partenariats mis en
place avec des associations ou dans un
cadre scolaire et la politique générale de
l’institution à propos de l’accessibilité.
normalisation.
Les
devaient
personnes
se
plier
à
Aujourd’hui, « l’intérêt porté au concept de
qualité de vie montre que nous assistons
à une évolution basée sur une réflexion
poussée, amorcée à partir du concept de
Par ailleurs, la dynamique générale dont la
normalisation. »
loi est partie prenante semble également
actuelle à l’individualisation accentuée des
pouvoir
à
individus implique une réflexion morale sur
s’engager dans une démarche de mise en
le fait que « l’individu handicapé s’adapte
accessibilité
à la société et la société s’adapte [en
encourager
de
les
leurs
institutions
structures.
La
nouvelle réglementation s’inscrit en effet
dans
un
certain
contexte
qui
englobe
l’évolution conceptuelle du sens prêtée au
handicap et de la nécessité de les inclure
jusqu’aux
actions
concrètes
de
reliées à
la loi ou découlant
l’état
d’autres
acteurs investis dans l’évolution sociétale…
56
En effet, la tendance
retour] à l’individu handicapé. »57
Quant à l’intérêt accru qu’expriment les
pouvoirs publics pour la problématique de
l’inclusion des handicapés dans l’espace
public à proprement parlé, il provient en
partie de la signification récente donnée
au terme de handicap. Jusqu’ici, les textes
Dès lors, l’environnement de la législation
présentaient
ce
peut être plus ou moins favorable à la
travers
notions
réalisation de l’accessibilité pour tous et
d’incapacité.58 La personne handicapée, de
donc de celle destinée aux autistes.
manière
les
générale,
dernier
de
était
uniquement
à
déficience
et
perçue
comme
IONESCU Serban, DELVILLE J., COLLIGNON
J.L., MERCIER M., L’intervention en déficience
mentale. Théorie et pratique, Lille, Presse
universitaire Septentrion, 1992.
57
Idem.
58
Loi n°75-534 du 30 juin 1975 d’orientation
en faveur des personnes handicapées, Article
49 : Les aménagements des espaces publics en
milieu urbains doivent être tels que ces
espaces soient accessibles aux personnes
handicapées, abrogé par l’ordonnance n°20001249 du 21 décembre 2000, Article 4.
56
Dans
ces
conditions,
l’évolution
de
la
signification du terme accessibilité n’est
pas
négligeable.
La
réflexion
sur
l’accessibilité est effectivement influencée
par une inversion de l’interprétation de
cette notion. Si la notion d’accessibilité est
apparue en France dès les années 60, il
s’agissait
d’avantage
d’une
52
inapte à assurer par elle-même ce que
intitulée Culture et Handicap. Elle a pour
requiert la vie sociale.
attribution
Cependant, dans la classification de l’OMS
de
200159,
handicap
la
signification
du
terme
évolue.
Celle-ci
devient
une
limitation dans la possibilité de participer
à
la
vie
sociale
et
de
jouir
de
sa
citoyenneté et prend également en compte
la capacité des individus touchés à y
participer
leur
pleinement
est
si
adapté.
l’environnement
Cette
modification
sémantique a profondément transformé la
manière de percevoir le handicap.
handicapés
ne
sont
dès
lors
Les
plus
de
se
concentrer
sur
la
problématique de l’accès des personnes
handicapées aux lieux culturels et doit,
avec
le
concours
associations
des
principales
d’handicapés,
du
milieu
culturel et artistique et des personnes
handicapées elles-mêmes et des ministères
chargés de la culture et des personnes
handicapées,
proposer
des
mesures
concrètes. Parmi les huit associations se
trouvent l’UNAPEI60, c’est pourquoi le cas
de l’autisme fait cette fois l’objet d’une
réelle attention.
seulement l’objet de soins médicaux mais
En 2002, la commission a défini un plan
des citoyens à part entière. De surcroît,
d’action61 qui vise avant tout à assurer à
toute personne se trouve concernée par le
toute
principe de l’accessibilité qui constitue une
adapté au sein des équipements culturels
condition immuable à l’inclusion de tous
pour faciliter son accès à l'art et à la
dans et par la société.
culture
personne
et,
généraliser
dans
LES GUIDES MINISTÉRIELS
Ainsi, c’est une réflexion globale qui
s’est amorcée au sein de l’état français au
sujet du handicap et de l’accessibilité. Il
est de ce fait possible de comprendre ce
concept comme étant en devenir, voué à
évoluer.
Plus
initié,
cette
l’information
institutions
LA COMMISSION CULTURE ET HANDICAP ET
handicapée
à
ces
un
accueil
optique,
livrée
par
personnes.
à
les
Elle
ambitionne de développer conjointement
l’information des institutions sur les enjeux
de
l’accessibilité
et
la
formation
des
acteurs concernés, en premier lieu ceux
chargés
de
fonctions
d'accueil,
de
transmission et de médiation. Pour finir,
elle souhaite également inscrire la culture
dans
les
projets
d'établissement
des
institutions médico-sociales et développer
concrètement,
dès
2001,
le
gouvernement
une
a
commission
Union Nationale des Associations de Parents
et Amis de Personnes Handicapées Mentales
60
Pistes d’action validées par la Commission
nationale Culture-Handicap, Paris, DGCS, 2002,
61
International classification of functioning,
disability and health, Genève, OMS, 2001.
59
6 pages.
53
leurs
jumelages
avec
les
institutions
Concrètement,
l’ouvrage
reprend
les
culturelles pour favoriser leur ouverture à
thématiques définies par la loi auxquelles
l'environnement culturel.
s’ajoutent un chapitre sur la sécurité et
Plus tard, ce sont les différents guides de
l’accessibilité publiés par le ministère de la
Culture
et
donnent
de
le
la
Communication
plus
de
qui
renseignements
concrets sur la manière de procéder à
l’élaboration d’une accessibilité pour tous.
Au
sujet
du
handicap
mental,
le
3ème
guide, Equipements culturels et handicap
mental62,
parut
en
2010,
porte
intégralement sur leur cas.
l’utilisation
des
services.
Au
sujet
de
l’aménagement spatial, il insiste sur la
notion
de
chaine
de
déplacement
qui
comprend des thématiques variées allant
de « se repérer et s’orienter » à « se
reposer », y compris « être en sécurité »,
etc. et sur le niveau de performance qui
doit
être
atteint.
Le
fait
différentes
thématiques
développées
au
regard
que
ces
soient
ici
des
déficiences
mentales et que l’autisme soit la première
des déficiences évoquée présente l’intérêt
majeur d’expliciter ce qui devait être lu
Se
voulant
pédagogique,
le
guide
se
trouve être le premier document lié à
l’accessibilité qui donne un point de vue
général sur l’autisme et rappelle aussi que
les sorties dans les musées peuvent tenir
une place importante dans l’apprentissage
social des personnes autistes et avoir des
retombées
positives
sur
leur
quotidien.
D’une autre façon, il est intéressant de
noter que rendre accessible un lieu y est
défini expressément en termes de qualité
d’usage. Par ailleurs, il insiste lourdement
sur l’importance d’une implication de la
part du personnel des musées qui apparait
comme
essentielle
à
la
réalisation
de
l’accessibilité pour tous.
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
62
pages.
entre les lignes du texte de loi.
Néanmoins, le guide développe davantage
la question de l’offre et de l’accueil que
celle
de
l’espace
avec
des
indications
précises sur la signalétique directionnelle
et un grand nombre d’informations sur les
outils
pédagogiques.
Basé
sur
des
exemples existants, il permet cela dit aux
musées de se projeter plus facilement sur
les aménagements qu’ils pourraient mettre
en place.
Du
reste,
il
examine
longuement
la
manière d’accueillir les autistes notamment.
Il préconise alors d’élaborer un protocole
d’accueil dans le cadre d’un projet à long
terme
et
devant
faire
l’objet
d’une
préparation, un « cycle de visite » pour
créer un lien entre individu et espace. Bien
que
la
méthode
présentée
soit
assez
54
rigide, il faut reconnaître l’ambition des
d’établir « un programme en concertation,
auteurs
en amont du projet architectural » n’est
d’encourager
les
institutions
muséales à s’engager dans l’accueil des
pas expliciter outre mesure.
personnes autistes, entre autre, et donc,
de sa volonté de créer un état d’esprit
d’ouverture et de tolérance au sein des
AUTRES PROJETS
institutions.63
S’inscrivant
également
dans
le
contexte de la réforme sur l’accessibilité et
Par
conséquent,
le
guide
du
ministère
constitue un outil probant, didactique de
surcroît, pour aider les musées dans leur
mise en conformité avec la loi d’ici 2015.
Il les encourage, de plus, à aller plus loin.
Effectivement, le guide vient compléter la
loi
en
précisant
certains
besoins
entrant en résonance avec la loi, d’autres
actions d’origine publique ou privée sont
apparu depuis une dizaine d’années. Au
sein
du
secteur
culturel,
ces
projets
additionnels semblent accroître la visibilité
du public handicapé et donc sa prise en
compte par les institutions.
spécifiques des handicapés mentaux restés
A la suite de la promulgation de la loi,
absents du texte légal. Cependant, il est
des formations en médiation des publics
nécessaire de relativiser son apport en ce
handicapés ont commencé à émerger et
qui concerne une adaptation spécifique
semblent
des espaces. Cette thématique demeure
CIPAC , entre autre, propose des cycles
peu
les
de conférences et autres formations sur le
connaissances sur l’implication spatiale des
thème de l’accessibilité. En 2013, elle a de
troubles,
ce
abordée
et,
établies
de
dans
ce
le
fait,
champ
de
aujourd’hui
se
multiplier.
La
64
fait programmé
des
formations
sur
recherche sur l’autisme, sont peu mises à
l’apprentissage des obligations légales et
profit.
la familiarisation avec les différents types
Au demeurant, il semble que le guide
s’adresse
presque
exclusivement
aux
de handicaps65.
Ce type d’actions indépendantes permet
institutions, existantes bien d’avantage que
d’émettre
l’hypothèse
futures, et donc trop peu aux concepteurs
d’inclure
les
chargés de réhabiliter ou de concevoir les
quelles quel soient, insufflée par la loi,
espaces.
s’ancre peu à peu dans les mentalités.
La
mention
d’une
nécessité
MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA
COMMUNICATION, Equipements culturels et
handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195 pages.
63
que
personnes
la
nécessité
handicapées
La fédération [française] des professionnels
de l’art contemporain
65
Source, le site du CIPAC.
64
55
Elles semblent pouvoir aider réellement le
s’impliquer dans l’accessibilité pour pouvoir
personnel des institutions à
préserver leur mention T&H67 par la suite.
mettre en
place l’accueil ces personnes et à leur
proposer
des
actions
de
médiation
spécifiques.
Outre la commission Culture et Handicap,
le
ministère
de
Communication
la
a
Culture
aussi
et
de
encouragé
la
les
Plus institutionnel, le label Tourisme et
institutions sous sa tutelle à proposer des
Handicap , créé en 2001, s’attache quant
actions
à lui à identifier les sites présentant un
accessibilité. Pour ce faire, il a créé, en
confort d’usage suffisant à l’accueil des
2003, une mission intitulée Réunion des
différentes
établissements culturels pour l’accessibilité,
66
personnes
handicapées.
concrètes
Relevant du ministère du Tourisme, il est
la RECA68.
aussi chargé de diffuser des informations
originellement
fiables,
musées,
descriptives
et
objectives
pour
leur
mise
en
Le projet qui ne réunissait
une
petite
comprend
dizaine
aujourd’hui
de
23
concernant l’accessibilité et de sensibiliser
établissements publics. Parmi les travaux
les professionnels du tourisme et de la
en cours, se trouve la mise en conformité
culture.
des édifices et de l’offre culturelle avec la
Basé sur la volonté des institutions et non
sur
une
contrainte
pesant
sur
ces
dernières, l’officialité du label et le crédit
dont il bénéficie, peuvent également être
loi de 2005. Mais, un des groupes de
travail cherche également des solutions
spécifiques
pour
améliorer
l’accueil
du
public présentant un handicap mental.
profitable pour accroître la considération
L’augmentation
que
présents au sein de la RECA extériorise
porte
les
musées
aux
personnes
de
dans
en
problématique de l’accessibilité. Néanmoins,
accessibilité concrète de leur structures.
l’effort concernant le handicap mental se
Par ailleurs, il est attribué pour une durée
focalise encore une fois sur leur accueil et
de cinq ce qui implique que les sites
non
ayant obtenu la labellisation continuent de
d’espaces.
de
mise
Label Tourisme & Handicap : un symbole qui
garantit à tous accueil, accessibilité et confort,
sur
leurs
institutions
musées
l’intérêt
démarche
des
nombre
handicapées et les encourager à s’inscrire
une
accru
du
besoins
en
pour
la
termes
66
Paris, Ministère de l’Artisanat, du Commerce et
du Tourisme, 2013, 12 pages.
Tourisme et Handicap
Source, le site du MCC sur la page dédiée
au RECA
67
68
56
| UN IMPACT PROBABLEMENT RESTREINT
En conclusion, la loi, se consacrant
en majeure partie à l’aménagement du
cadre
bâti,
n’en
présente
que
modifications
restreintes.
Elle
se
grandement
imprécise
au
sujet
handicap
ailleurs
révèle
mental et l’autisme n’est
pas
mentionné.
principalement
visuels
des
et
actions
les
qui
mise
en
en
vue
desquelles
cet
établissement ou cette installation a été
conçu. »
L’objectif
fixé est
clair
:
les
conditions
d’accès de toute personne handicapée aux
institutions
muséales
doivent
dès
par
aujourd’hui présenter une qualité d’usage
donc
équivalente à celles des personnes valides
moteurs,
et cette obligation légale inclue à présent
sont
handicapés
auditifs
de
Ce
du
prestations
bénéficient
des
accessibilité
des
les autistes.
édifices muséaux, certaines étant toutefois
également
favorables
aux
personnes
autistes.
loi, la multiplication des actions engagées
Subséquemment, l’application seule de la
loi du 11 février 2005 ne semble pouvoir
aboutir à une prise en compte réelle et
consciente
des
besoins
émanant
des
troubles autistiques et qui tendrait à leur
retranscription
spatiale
au
sein
des
institutions muséales.
le niveau d’accessibilité à atteindre par la
définition du concept qui est donnée. Le
décret du 17 mai 2006 explique qu’est
« considéré
comme
accessible
aux
personnes handicapées tout bâtiment ou
aménagement
permettant,
dans
des
conditions normales de fonctionnement, à
des personnes handicapées, avec la plus
grande autonomie possible, de circuler,
aux
locaux
et
équipements,
d’utiliser les équipements, de se repérer,
de
communiquer
et
à l’initiative de l’état ou d’autres acteurs à
la suite de sa promulgation, au-delà de
démontrer
opère,
qu’une
présente
prise
de
l’intérêt
conscience
majeur
de
favoriser l’information des institutions sur
l’enjeu
donc
que
sur
représente
ce
l’accessibilité
qu’implique
l’accueil
et
des
personnes handicapées.
Il n’en reste pas moins que la loi formule
d’accéder
Par suite, malgré les manques du texte de
de
bénéficier
Il semble alors que ces actions soient plus
aptes à porter la réforme de l’accessibilité
que
ne
l’est
la
loi,
telle
que
définit
actuellement. A cet égard, le guide du
ministère
de
la
Culture
et
de
la
Communication dédié au handicap mental
représente une aide précieuse pour faire
connaître les déficiences autistiques. En
effet,
les
personnes
autistes
sont
« souvent
mal
appréhendées
par
les
médiateurs
des
établissements
culturels,
des
57
ces derniers se trouvent désarmés, en
s’inscrire dans cette démarche. Ainsi, il est
termes [entre autre] de communication » .
maintenant nécessaire d’observer quelles
69
Dès lors, il semble qu’en raison de la
diversité et de la complexité de leurs
déficiences,
la
capacité
concernés
d’en
des
tenir
acteurs
compte
est
en sont les composantes principales, les
contraintes qui pèsent sur elles et par là
les
facteurs
qui
vont
influer
sur
leur
capacité d’action.
conditionnée par la connaissance qu’ils en
ont.
Cependant, le guide comme l’intégralité
des actions se focalisent sur l’adaptation
de l’offre et de l’accueil. C’est pourquoi, la
question
de
formation
l’information
des
pourtant
dans
et
de
la
concepteurs
qui
figure
le
loi,
parait
texte
de
délaissée au profit de celle des acteurs
présents directement dans les institutions
alors
même
que
particulièrement
possèdent
le
spatialement
les
ce
sont
tout
concepteurs
pouvoir
de
l’accessibilité
qui
retranscrire
aux
édifices
muséaux.
Les effets de la loi et dans une moindre
mesure l’impact du contexte global dans
lequel
elle
s’inscrit,
semblent
être
à
relativiser.
Mais
la
concrétisation
de
l’accessibilité
destinée aux personnes autistes dépend
aussi, et en grande partie, de la capacité
propre
aux
institutions
muséales
de
Source, le site du MCC sur la page dédiée
au RECA
69
58
LA SITUATION DES MUSÉES
public
et
organisée
en
vue
de
la
connaissance, de l’éducation et du plaisir
du public. La définition conduit alors à
|
PRÉSENTATION
DES
INSTITUTIONS
MUSÉALES
Le musée représente de nos jours
une institution centrale et incontestée de
la culture occidentale. En France, plus de
1200
institutions
muséales
se
trouvent
regroupées sous l’appellation « Musée de
France ». Créé en 2002 avec l’entrée en
vigueur
de
regroupe
la
des
loi
du
musées
4
janvier,
dont
les
elle
statuts
juridiques diffèrent, dépendants de l’État,
d’une
autre
personne
morale
de
droit
public ou d’une personne morale de droit
privé à but non lucratif.70
inclure toutes les institutions quelle que
soit leur vocation.
Par ailleurs, tous les institutions et quels
que soient les critères retenus pour leur
en
attribuer
ce
statut,
peuvent
être
réparties en plusieurs catégories. Si un
classement existe suivant leur taille, c’est
aussi en fonction de leur thématique qu’il
est
possible
de
subdiviser
leur
grande
famille. En effet, musées d’art, ancien ou
contemporain,
naturelles,
musée
d’histoire
de
qu’il
sciences
s’agisse
de
l’Histoire ou de l’histoire plus modeste
d’une
région,
d’anthropologie,
ne
sont
apparus ni de la même manière, ni à la
Ce nombre augmente fortement lorsqu’on
même époque. Ils ne constituent donc pas
observe
Selon
un genre « musée » qui serait homogène
certaines expertises, il y aurait en réalité
et n’impliquent également pas forcément la
2200 et leur nombre atteint 10000 dans le
même
Guide
Tout
concernent pas non plus les mêmes types
Il
y
de visiteurs, selon leurs classes sociales,
aurait les « vrais » musées et ceux ayant
leurs âges, etc. et sont loin d’engendrer le
avant tout une vocation marchande.
même volume de passage.
dépend
d’autres
Dexia
datant
évidemment
statistiques.
de
2001 .
des
critères.
71
organisation
spatiale.
Ils
ne
Toutefois, au sens de la loi, un musée
correspond à toute collection permanente
composée de biens dont la conservation
et
la
présentation
revêtent
un
intérêt
Source : statistique-publique.fr et Statistiques
de la culture édition 2, Paris, MCC, 2013, 16
pages.
71
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
70
Quoi
qu’il
en
soit,
l’intégralité
des
institutions muséales se trouve aujourd’hui
contrainte par la loi du 11 février 2005 et
donc par l’ensemble des mesures relatives
à la mise en accessibilité pour tous de
leurs espaces et de leurs offres.
59
|
LES
PRINCIPALES
MISSIONS
ET
CONTRAINTES
une
certaine
parcours »
73
disposition,
voire
un
.
Bien loin de l’axiome initiateur du
Dès lors, les enjeux autour de l’espace
projet, l’exposition d’œuvres d’art et sa
muséal se révèlent fondamentaux tant du
nécessaire
destination
point
l’institution
muséale
pourvoir
d’éléments
vers
le
public,
nécessite
de
de
se
stabilité
garantissant sa pérennité autant que sa
légitimité.
Selon
de
vue
l’institution
de
en
la
définition
elle-même
que
de
de
sa
position vis-à-vis des visiteurs.
Et si les espaces matérialisent certains
aspects des autres facteurs de stabilité, ils
Michael
l’Association
Conforti,
des
Directeurs
présidant
se trouvent en conséquence conditionnés
Musées
par eux, par la priorité donnée à certaines
de
d’Art, il existe ainsi quatre facteurs de
problématiques
stabilité indispensables au fonctionnement
auxquels procède l’institution. La réalisation
de toute institution muséale. Une structure
de
administrative
muséal
et
nécessitant
un
professionnelle
code
éthique
et
organisationnel, une conscience de ce que
représente
incluant
la
son
collection
contexte,
sa
ambition, sociale entre autre, constituent
s’observe
premiers
dans
caractère
manifeste
le
facteurs.
lieu
de
manière
Le
dernier
puisque
essentiellement
son
physique
tangible
« les
desseins initiaux »72 d’une institution.
Effectivement, sans que le visiteur soit en
contact direct avec cette dernière, l’espace
lui en dévoile les valeurs et la politique. Il
influence tout particulièrement l’usager car
ce lieu dans lequel il évolue lui « impose
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
72
au
semble
par
sein
de
alors
les
choix
l’espace
dépendre
essentiellement de l’importance qui lui est,
par elle, accordée.
méthode
missions de l’établissement, reflet de son
trois
l’accessibilité
donc
permanente,
d’acquisition, etc., et une définition des
les
et
Il n’est pas négligeable de rappeler que les
enjeux sociaux ne sont pas inconnus aux
musées
qui
sont
eux-mêmes
nés
d’un
bouleversement sociétal relativement récent
au
regard
créations
de
l’Histoire.
s’étaient
Les
amorcées
premières
avec
la
sécularisation émergeante à l’époque des
Lumières, vers la fin du 18ème siècle. Une
origine révolutionnaire qui associait à la
confiscation
des
biens
de
l’Église,
l’affirmation des droits de l’Homme. Dès
les premiers balbutiements, le musée fut
donc
pensé
comme
un
instrument
de
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
73
60
diffusion des connaissances qui répondait
conserver,
à
leurs collections »
une
demande
sociale
apparemment
impérieuse.
les institutions muséales furent jugées trop
élitistes et conceptuels, elles entamèrent
une réorientation vers le public. Dès le
milieu des années 90, une explosion de la
fréquentation des groupes scolaires est
Le
étudier
et
enrichir
mais aussi « rendre
leurs collections accessibles au public le
Par la suite, quand, dans les années 80,
avérée.
restaurer,
pourcentage
de
jeunes
se
plus large ; concevoir et mettre en œuvre
des actions d’éducation et de diffusion
visant à assurer l’égal accès de tous à la
culture ; contribuer aux progrès de la
connaissance et de la recherche ainsi qu’à
leur diffusion »76.
Néanmoins, si le public tient une position
rendant aux musées, par exemple, affleure
centrale
depuis les 70% quand quelques années
l’institution
plus tôt il était quatre fois plus faible.
moins
Ainsi, ce lieu « qui était essentiellement un
contingentent. Il est vrai qu’au cours du
bastion aristocratique […] est devenu de
siècle
nos jours un lieu de rencontre pour les
étaient dotées de missions bien définies et
gens de la rue. »
clairement affichées dans l’orientation de
74
a souligné l’UNESCO
au
sein
des
muséale,
que
il
missions
n’en
d’autres
passé,
les
reste
pas
éléments
la
institutions
leurs
l’œuvre.
présentation, étude et conservation des
direction du public a donc conduit, au
œuvres
de
muséales
qui se réjouissait de la démocratisation à
Leur capacité à redéfinir leur mission en
politiques
de
développement :
principalement.77
Un
aspect
pédagogique, l’autre plus scientifique.
moins en partie, à faire d’elles aujourd’hui
Cependant, à partir des années 90, leur
les lieux culturels les mieux considérés et
situation
les plus fréquentés.
contexte culturel global en pleine mutation,
quand
s’est
les
frontières
divertissement,
Cette dernière a de plus été réaffirmée en
France à travers la loi du 4 janvier 200275.
Le second article du texte de loi explique
les attributions des musées qui doivent «
BOURDIEU Pierre, DARBEL Alain, L’amour de
l’Art, les musées d’art européens et leur public,
complexifiée.
entre
enjeux
Dans
culture
social
un
et
et
économique, se sont floutées, la définition
de leurs missions a souffert d’un manque
de clarté. Elles doivent désormais compter
avec les contraintes que des lois de plus
en
plus
nombreuses
renforcent,
la
74
Paris, Les Editions de Minuit, 1966, 230 pages.
75
Loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux
musées de France, source : legifrance.gouv.fr
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
77
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
76
61
principale
dernièrement
étant
celle
sur
l’accessibilité. Egalement avec les aspects
pédagogique,
communicationnel
publique
et
à
la
position
d’autorité qu’elles occupent. De fait, leur
gestion
s’est
profondément
provoquant
compliquée,
simultanément
PROGRAMMATION ET DE CONCEPTION
et
budgétaire qu’elles ont à conjuguer à la
notoriété
| L’ORIENTATION ACTUELLE EN TERMES DE
une
démultiplication des professions au sein de
leur administration.
D’un autre côté, la priorité semble
être plutôt de créer des lieux attractifs. En
un mot : capter les foules par la diversité
des activités proposées car « les musées
sont […] passés en quelques décennies du
statut
de
austères,
élite,
à
sanctuaires
introvertis
celui
et
patrimoniaux
réservés
d’institution
omniprésente,
ouverte
nouvelles fonctions afin de répondre à
Concrètement, l’objectif est de fournir au
cette évolution, comme celles des chargés
public des activités complémentaires, et
de médiation des publics, de la pédagogie
c’est pourquoi cafés et autres boutiques
et
sont devenus indispensables.
celles
l’accessibilité,
liées
aux
notamment,
visiteurs,
les
pour
multiples
éléments précédemment cités viennent à
présent interférer dans la lecture de leur
mission d’accueil du public.
c’est
principalement
la
place
qui est présentement débattue par les
mais
aussi
par
les
théoriciens du musée. Par ailleurs, aux
vues de leur capacité antérieure à intégrer
l’évolution
sociétale
[…]. »78
la fonction d’exposition, les programmes se
sont complexifiés tout en étant élargis et
s’avèrent alors moins contraignants pour
accordée au public de manière générale
professionnels
monde
Ne tournant plus exclusivement autour de
les
Toutefois,
le
une
Aussi, malgré le fait qu’aient éclos de
de
sur
à
concernant
la
démocratisation de la culture et d’après
l’état d’esprit actuel qui, du moins dans le
concepteurs.
s’associent
aux
Mais
en
parallèle,
nouveaux
éléments
programmatiques
des
équipements
spécialisés de la billetterie
aux
vitrines
mouvement,
munies
etc.
En
de
informatisée
capteurs
conséquence,
de
la
rénovation ou la conception d’un musée
demande
des
savoir-faire
pointus
et
diversifiés qui rendent de surcroît ce projet
coûteux.
discours, tend vers une tolérance et une
Au sujet du cas spécifique des nouveaux
attention
musées,
accrue
aux
personnes
handicapées, le musée devrait donc être
les
concepteurs
semblent
bénéficier d’une liberté d’action augmentée
réellement capable de s’engager dans la
démarche de l’accessibilité pour tous.
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
78
62
et les « projets [récents] ont fréquemment
vertigineuse. »82 C’est donc également un
dérapé vers une forme d’emphase, où la
retour au monumental qui l’emporterait en
notion d’« archi-sculpture » et la tendance
matière d’accès.
« déconstructiviste » se sont exprimées
pleinement. »79
Même
s’il
apparaît
que
quelques architectes expriment plutôt une
« ligne architecturale minimaliste […], d’une
manière générale, nombre de projets ont
été
l’occasion
d’une
«
gesticulation
architecturale », favorisée en grande partie
par les nouveaux outils informatiques de
conception ainsi que par des techniques
et des matériaux de construction de plus
en plus performants. »80
dans l’espace muséal, elle se traduit en
particulier par une réflexion autour des
oscillant
d’accueil
entre
monumental
ou,
et
la
d’orientation,
réhabilitation
bien
au
contraire,
du
la
fermeture des immenses espaces au profit
d’une circulation plus banale jugée moins
intimidante
pour
les
visiteurs »81.
Néanmoins, il semble que l’ « exultation
formelle n’a pas uniquement porté sur les
volumes extérieurs et les façades, mais a
contaminé aussi
les halls
d’entrée,
les
circulations et les espaces d’exposition, qui
affichent
volontiers
que la considération portée au public par
les
une
monumentalité
musées
est
surtout
empreinte
de
l’ambition de les divertir et, que celle qui
leur est accordée par les concepteurs se
placent derrière leurs intentions purement
conceptuelles et esthétiques. Le confort
d’usage des visiteurs n’apparait pas être
de
Quant à la position occupée par le public
« espaces
Il est possible ainsi d’émettre l’hypothèse
première
élémentaire
nécessité
dans
alors
le
qu’il
concept
est
de
l’accessibilité pour tous.
En outre, au regard de l’obligation légale
qui
le
définit, le
respect
de
la
loi
« implique une mobilisation des maîtres
d’ouvrage et une vigilance dans le respect
des
cahiers
des
charges
maîtres d’œuvre. »
83
soumis
aux
Alors, si l’architecte
pourrait concevoir des espaces avec une
conscience amplifiée de la future présence
des usagers handicapés, il ne peut le faire
sans le concours du maître d’ouvrage par
le programme qu’il lui impose. Dans le
contexte actuel, il semble pourtant que
l’attention de ces derniers est en grande
partie dirigée vers d’autres enjeux que
celui de l’accessibilité pour tous.
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
79
80
Idem
81
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
83
Culture et handicap. Guide pratique de
l’accessibilité, Paris, MCC, 2007, 247 pages.
82
63
Pour le reste, les nouveaux musées se
grande majorité de ces dernières et de
trouvent de plus en plus intégrés aux
toutes
enjeux
urbains,
notamment
professions
qui
peuvent
la
intervenir autour d’elles, des journalistes
revitalisation de zones oubliées, autrement
jusqu’aux pouvoirs publics. Cela concerne
appelé
Les
en premier lieu les futurs musées mais
institutions sont de ce fait devenues des
influence également la manière dont les
avatars
institutions
« effet
de
la
dans
les
Guggenheim ».
position
culturelle
d’une
existantes
Avec,
en
orientent
prime,
la
leurs
région, à petite échelle, jusqu’à celle d’un
politiques.
pression
pays, à l’échelle mondiale.
économique et la concurrence entre les
institutions, le principal enjeu serait avant
tout, pour elles, d’être les plus attractives
Il
est
vrai
que
l’architecture
de
publique
manière
générale
participe
à
la
construction de l’identité de la société
pour laquelle elle est conçue. Utilisée pour
diffuser un référentiel commun, elle serait
le signifiant d’un projet politique, culturel
et social, qui en serait le signifié. C’est
pourquoi un intérêt particulier est attaché
au choix de son emplacement dont le
prestige
donne
l’importance
parallèle,
univers
attribuée
ces
de
une
édifices
signes
indication
au
projet.
renvoient
qui
de
donne
à
devraient permettre à tous ses membres
de les fréquenter et de se les approprie,
mais la prise en compte des handicapés
par
les
politiques
et
le
concept
d’accessibilité pour tous, demeurent jeune
au regard de celui de monument public…
un
politique voire idéologique. Cela permet
cette
future de la société, les édifices muséaux
une
matérialisant dans le réel un imaginaire
également
Considérés comme un socle pour l’identité
En
dimension solennelle à l’espace public en
d’expliquer
possibles.
| LA GRANDE DIVERSITÉ DU CADRE BÂTI
EXISTANT
Effectivement, cet aspect du lieu
« exultation
formelle » vers laquelle les concepteurs
muséal,
orientent leurs projets.
illustrer le prestige de ce qu’il contient
C’est pourquoi, l’importance accordée au
caractère de « monument public » des
institutions muséales semblent aujourd’hui
sensiblement détourner de l’enjeu social
qu’elles
représentent
l’attention
d’une
devant
par
son
architecture
autant que ce qu’il incarne, n’est pas
nouveau. Dès le 18ème siècle, la création
des premiers musées d’art conduisit à la
recherche d’une forme spécifique afin de
promouvoir cette nouvelle institution. La
retranscription spatiale de sa position, au
64
sein de la société et dans l’espace urbain,
faiblement modifiables, il semble qu’il ne
fut alors inspirée par des typologies de
faille présupposer de leur inadaptation ou
première importance qui en affirmaient le
réciproquement de leur adaptation.
caractère public et permettaient d’éblouir
autant qu’impressionner les visiteurs par
leur apparence solide et majestueuse, par
leur magnificence.
Néanmoins, au cours des siècles suivants,
les
concepteurs
ont
profondément
transformé leur démarche de conception.
Du « musée « temple » ou « palais »
vers le musée « machine », « hangar », «
magasin », « entrepôt » ou « usine »,
puis vers le musée « forum », « centre
commercial » ou « parc d’attraction » [les
variations
attestent]
de
cette
évolution
constante des finalités que l’on prête aux
musées. »
84
En outre, si certains espaces
muséaux ont été conçus lors d’un projet
global de création d’une institution, bon
nombre
d’entre
elles
ont
intégré
des
édifices plus anciens et conçus pour une
pourquoi,
le
« cadre
bâti »
mentionné par le texte de loi rassemble
des lieux hétéroclites qui retranscrivent les
changements
successifs
de
paradigme,
l’évolution des théories architecturales et
des ambitions associées aux musées à
travers leur histoire. Toutefois, bien que
les édifices existants soient, par ce fait
même,
fortement
Une
contraints
et
donc
des
18
typologies
siècle
ème
prédominantes
s’apparente
au
du
palais.
Traditionnellement, un plan à cour centrale
bordé
galeries
qui
bénéficient
d’un
éclairage zénithal . L’espace du musée,
86
temple des muses, se tourne alors vers un
intérieur protégé du monde environnant. Il
est intéressant de noter que dans ces
lieux que les architectes voulaient à la fois
monumental
et
paisible,
le
principe
d’intériorité rappelant celui de contenance,
se rapproche de ce que les spécialistes de
l’autisme évoquent comme étant bénéfique
à l’apaisement d’individus présentant des
troubles autistiques.
A
toute autre fonction.
C’est
Pour prendre quelques exemples85 :
noter
également
que
la
zénithale,
permettant
une
lumineuse
homogène,
semble
facteur
tout
l’accessibilité
aussi
aux
ambiance
être
favorable
lieux
personnes autistes.
lumière
un
pour
d’exposition
des
Cela étant dit,
par
d’autres caractéristiques, les proportions et
les
nombreux
parallèle
concepteurs
entre
et
décors
les
la
notamment,
le
intentions
des
structuration
d’un
Livret iconographique page suivante
POULOT Dominique, Musée et muséologie,
Paris, La découverte, 113 pages.
85
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
84
86
65
espace bénéfique aux personnes autistes
A l’inverse, l’idée naissante à cette même
s’arrête là.
époque que le musée devait s’ouvrir sur la
Au milieu du 20ème siècle, les architectes
modernes
métamorphosent
le
style
architectural des musées pour en faire des
lieux
fonctionnels,
cette
manière,
flexibles,
les
vides87.
stimuli
De
sensoriels
provenant du lieu sont limités avec comme
conséquence de permettre une meilleure
focalisation de l’attention des visiteurs. La
complexité pouvant être source de stress
pour les autistes, les modernes cherchant
une harmonie basée sur la théorie du
« less is more », les deux axiomes se
ville afin d’encourager les passants à le
fréquenter
se
augmentation
formalise
de
la
par
une
transparence
en
façade. « Le musée n’a pas de façades »
et « le visiteur ne verra que l’intérieur du
musée » énonçait Le Corbusier89. Mais une
ouverture trop importante sur l’extérieur,
effaçant la limite dedans/dehors peut être
préjudiciable aux personnes autistes ayant
besoin
d’une
lisibilité
accentuée
des
espaces. C’est pourtant une tendance qui
s’avère être toujours d’actualité.
rejoignent.
En outre, l’introduction du nombre d’or
Par suite, certaines intentions spatiales,
comme instrument de mesure donnant aux
influencées
espaces des dimensions adaptées à l’être
concepteurs ont imaginé au fil des siècles
humain, semblent être pareillement retenu
passés
par
correspondre à la problématique récente
des
spécialistes
de
la
conception
architecturale
médicosociale.
proportion
permet
espaces
Humphreys,
d’or
équilibrés »
architecte,
« La
d’obtenir
affirme
qui
des
Simon
préconise
le
d’une
par
la
genre
manière
dont
« musée »,
accessibilité
pour
les
peuvent
tous.
Les
aménagements favorables à l’inclusion des
autistes
spécifiquement
aujourd’hui
introduire
et
dans
qu’il
faudrait
les
musées
également qu’un « bâtiment conçu avec
existants semblent parfois présents. Mais
un sens de clarté et d’ordre a un effet
rien ne présuppose d’une adaptation réelle
apaisant chez l’utilisateur, qu’il soit autiste
des lieux aux besoins de ces personnes,
ou non ; la stimulation étant réduite. »
les
88
correspondances
coïncidences
et
relevant
non
de
d’intentions
conscientes.
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
88
HUMPHREYS Simon, Architecture et autisme,
87
2011, Autisme-Europe, Link édition française, 24
pages.
NAUZE Nicolas, L’architecture des musées au
XXème siècle, 2008, source : internet.
89
66
| UNE CAPACITÉ RELATIVE À S’INSCRIRE
muséales
DANS LA DÉMARCHE DE L’ACCESSIBILITÉ
fortement
incitées
démarche
de
Finalement, à travers les formes
que
prennent
caractérisés
les
à
mise
désormais
s’inscrire
en
dans
la
accessibilité
de
leurs structures.
A plus forte raison, si l’institution muséale
extraordinaires, autant que celles des lieux
transcrit des modèles idéologico-politiques,
existants, teintés de l’idéal de magnificence
elle renvoie également à des
prêté
sociaux qui suivent, un
tout
matérialisation
des
récents,
donc
architectures
de
par
édifices
semblent
temps
de
ces
aux
musées,
modèles
tant soit peu,
semble
l’évolution de la société. D’ailleurs, de par
entrer dans une logique de perception de
ses missions inscrites récemment dans les
l’institution
située
conception.
Concrètement,
de
sa
textes de loi, le musée incarne comme à
que
la
son origine la diffusion de la connaissance
société attend d’un musée et ce qu’il
auprès du plus grand nombre. Alors, bien
représente d’après elle, conditionnent sa
que
conception.
nombreuses
Cette
en
derniers
la
observation
amont
ce
suppose
que
la
programmation puis la conception de ces
lieux publics sont moins attentives qu’il n’y
la
loi
de
2005
ait
imprécisions,
révélée
elle
de
entre
en
résonance avec le rôle social du musée, le
rappelle de ce fait aux concepteurs et aux
institutions elles-mêmes.
faudrait à la notion de confort d’usage
D’autant que l’architecture, en tant que
des visiteurs, dans une logique inverse où
profession, est responsable de créer des
la
environnements
réflexion
conceptuelle
globale
qui
conviennent
aux
déterminerait la perception qu’en ont les
besoins de tous. Les besoins spécifiques
usagers de manière volontaire donc et
des handicapés, a fortiori des personnes
non subie.
autistes, ne devraient plus être exclus des
Néanmoins,
l’apparition
de
l’obligation
aménagements.
légale de l’accessibilité pour tous, définie
par la loi du 11 février 2005, commande
une inversion de paradigme de ce type.
En revanche, la forte pression économique
que les institutions
muséales subissent,
leurs ambitions orientées conséquemment
Par l’aspect proprement contraignant de la
loi, amplifié par l’évolution sociétale qui
pointe à la faveur de la multiplication des
actions
complémentaires,
les
institutions
vers plus de visibilité au sein de l’espace
public
et
la
diversification
de
leurs
fonctions, la complexité administrative qui
en résulte, et enfin l’hétérogénéité des
67
édifices, permettent de penser que leur
Les résultats permettront alors de mieux
capacité à réaliser l’objectif de 2015 est
comprendre
relative, du moins dans le temps imparti.
d’accessibilité
Avec
cela,
dans
existants,
les
le
cas
des
bâtiments
musées
précontraints
pourront certainement n’être améliorés que
ponctuellement.
Certaines
caractéristiques
semblent
de
personnes
leur
en
ce
niveau
qui
autistes
et
actuel
concerne
les
d’apprécier
également si une évolution se dégage,
donc l’influence de la loi.
leurs
toutefois
déjà
correspondre aux besoins des autistes en
termes d’espace. A l’opposé, lors de la
conception d’un nouveau musée, la liberté
d’action
se
trouve
Cependant,
dans
largement
la
création
laquelle
s’inscrit
institution
avec
une
du
étendue.
« muséal »,
toute
force
nouvelle
accrue
au
regard des institutions existantes, laisse
présumer
que
les
concepteurs
seront
finalement moins aptes à y prendre en
compte
les
besoins
des
personnes
présentant des troubles autistiques.
Il
demeure
toutefois
la
question
de
l’espace réel des musées, de l’application
concrète des mesures prescrites par la loi
mais
aussi
global
de
dans
l’influence
lequel
elle
du
contexte
s’inscrit.
Cela
requiert à présent une analyse objective
des espaces muséaux existants et futurs
afin d’observer dans quelle mesure ils se
sont mis en conformité avec le cadre légal
et, au-delà, de quelle manière ils se sont
engagés
dans
la
démarche
de
l’accessibilité pour tous.
68
PARTIE 3
ESPACE ET OFFRE : LA
RÉALISATION DE L’ACCESSIBILITÉ AU
SEIN DES INSTITUTIONS MUSÉALES
A quoi peut aboutir la loi telle que définie
actuellement
69
L’ANALYSE DES LIEUX EXISTANTS
La présente analyse s’inscrit alors dans la
continuité de l’état des lieux préalable à la
mise
| LA NÉCESSITÉ DU BILAN PRÉALABLE DES
ÉDIFICES
en
accessibilité
des
musées.
Néanmoins, le but est ici de définir le
niveau
d’accessibilité
réel
pour
les
personnes autistes exclusivement.
Afin d’accompagner les institutions
muséales dans leur démarche de mise en
accessibilité, le ministère de la Culture et
C’est pourquoi l’analyse tient compte à la
de la Communication, a rappelé en 2007
fois de l’architecture des lieux en tant que
la nécessité d’établir un bilan de chaque
telle, des éléments reflétant le respect de
édifice, déjà convenu avec l’élaboration du
la loi au sein des espaces muséaux et de
questionnaire
ces
«
d’évaluation
de
derniers
au
regard
des
l’accessibilité aux personnes handicapées »
recommandations,
par les législateurs en 2005. « Dans le
textes scientifiques, liées aux besoins des
cas de bâtiments existants, préalablement
autistes en termes d’espace.
à
tout
engagement
dans
des
travaux
ponctuels […], il convient de réaliser une
étude globale d’accessibilité des lieux du
point de vue des besoins de chacun des
groupes de personnes concernés (publics
et
professionnels
présentant
un
handicap) »90.
présentées
dans
les
Par ailleurs, le principe d’accessibilité pour
tous implique une réflexion sur l’inclusion
des plus fragiles et non seulement des
personnes s’approchant au plus près de la
norme,
autrement
dit
touchés
par
un
handicap léger. Tous les types de troubles
autistiques sont pour ce faire considérés,
de l’autisme « de haut niveau » dont les
Chaque musée a donc dû, à priori, être
étudié
en
fonction
de
ses
propres
caractéristiques pour que soient rectifiées
ses potentielles inadaptations.
personnes touchées sont potentiellement
scolarisés
et
jusqu’à l’autisme
relativement
« de
bas
autonomes,
niveau »
impliquant des déficiences plus profondes.
MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA
COMMUNICATION, Culture et handicap. Guide
pratique de l’accessibilité, Paris, MCC, 2007,
247 pages.
90
70
| ÉTUDE SPATIALE DES MUSÉES
Dans les cas étudiés, des parkings se
situent la plupart du temps à proximité
L’ASPECT ARCHITECTURAL
des musées. Indépendants de ces derniers
En premier lieu, l’aménagement du
contexte
urbain
constitue
un
facteur
essentiel pour que l’accès à un édifice
muséal soit facile. Il permet d’inciter les
visiteurs
à
s’y
rendre
et
tient
donc
pareillement une place élémentaire dans
l’élaboration de l’accessibilité pour tous
aux
institutions
muséales.
Cet
aspect
fonctionnel est par ailleurs mentionné dans
le guide du ministère de la Culture et de
la Communication. Il s’y trouve énoncées
la nécessaire proximité des moyens de
transport
ainsi
que
la
simplicité
du
cheminement jusqu’à l’édifice. Ce dernier
cependant,
ils
ne
donnent
jamais
directement accès aux bâtiments ce qui
induit un parcours quelque peu complexe
dans
le
rapport
à
l’extérieur.
C’est
pourquoi, il semble préférable de privilégier
l’aménagement de places de stationnement
ponctuel
qui
permettent
de
laisser
descendre, rapidement et au plus près de
l’entrée,
possiblement
les
personnes
angoissées
autistes
par
les
nombreuses stimulations du cadre urbain.
C’est le cas du musée des Arts et Métiers
qui indique de plus sur son plan d’accès
les déposes minutes existants.
doit être facilité, sécurisé et adapté91.
A cause des déficiences que présentent
les autistes, l’enjeu s’en trouve décuplé.
Pour limiter les facteurs anxiogènes, les
déplacements
s’effectuent
des
personnes
préférablement
en
autistes
transport
privé, type minibus. Conséquemment, la
position
des
places
stationnement
l’aménagement
du
dernier,
stratégiques
sont
parcours
depuis
pour
et
ce
rendre
concrète l’accessibilité de ces personnes
aux lieux muséaux.
Position relative des places de stationnement du
musée des Arts et Métiers
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
91
pages.
71
Toutefois, certains musées disposent d’une
handicapés à proximité des édifices. A
situation exceptionnelle qui les isole un
l’heure actuelle, faciliter l’accès procède
temps soit peu de l’agitation de la ville. La
majoritairement
Cité
signalétique explicative sur la position de
des
Sciences
et
de
l’Industrie
bénéficie d’une telle situation, le cadre
calme du Parc de la Villette. Les abords
du musée du Quai Branly, inséré quant à
lui dans le tissu urbain de la capitale,
présentent
un
traitement
particulier.
L’accès possible par une rue calme à
l’arrière du bâtiment, la déambulation à
l’intérieur du jardin, la pente douce qui
conduit vers un espace resserré avant
l’entrée du musée à proprement parlé,
créent
un
environnement
de
l’installation
d’une
l’entrée du musée.
Et si les alentours des édifices peuvent,
dans une certaine mesure, être retravaillés
postérieurement
à
leur
construction,
la
problématique de l’inclusion des personnes
présentant des troubles autistiques, plus
largement
des
personnes
semblerait
être
prise
en
handicapées,
compte
de
manière relativement superficielle.
favorisant
l’accueil de personnes autistes.
Dans un second temps, la question du hall
d’accueil se pose, impliquant celle de la
façade.
Relativement
aux
déficiences
autistiques, ces espaces sont déterminants.
Effectivement,
autistes
de
il
est
difficile
coordonner
les
pour
les
sensations
provenant de l’environnement autant que
d’intégrer la temporalité. C’est pourquoi ils
ont
besoin
que
les
espaces
soient
délimités de manière claire et aménagés
pour être contenants.
Une allée calme à la vue cadrée dans le jardin
du musée du Quai Branly
La situation de ces musées permettrait de
les dispenser d’aménagements particuliers.
En revanche, de manière générale, il existe
rarement
consacrées
des
places
de
spécifiquement
stationnement
aux
publics
Cependant, au sein des édifices muséaux
étudiés, la transparence en façade par
l’utilisation de larges baies vitrées et les
halls d’accueil de très grandes dimensions
s’avèrent
partie
généralisés.
des
cas,
Dans
la
majeure
l’ouverture,
encore
augmentée par des menuiseries limitées au
strict minimum, a pour effet d’effacer la
72
limite entre l’intérieur et l’extérieur quand
Le
Palais
les halls se présentent comme de vastes
présente
espaces peu structurés.
faiblement
de
la
Découverte
l’avantage
de
ouvert
Effectivement
ce
n’être
sur
vieil
également
que
l’extérieur.
édifice,
classé
monument historique, ne montre qu’une
porte d’entrée de petites dimensions aux
vues de celles de l’édifice. C’est pourquoi,
il se trouve autrement centré sur lui-même
que d’autres plus
récents.
Le principal
inconvénient du lieu s’observe alors dans
ses dimensions particulièrement vastes et
le peu de latitude qu’ont subséquemment
les
concepteurs
pour
y
apporter
des
transformations.
Transparence de la façade du centre Pompidou
Toutefois, une solution, pour les bâtiments
contraints par leurs dimensions, semble
Cela dit, le hall d’accueil du musée du
être alors de dissocier l’accès du public et
Quai Branly, ouvert en 2006, manifeste
celui
une intériorité véritable. Ce lieu sobre, aux
Concrètement, une seconde entrée, plus
dimensions relativement faibles, permet de
intime et associée à un parcours simplifié
le penser propice à l’accueil de personnes
jusqu’aux expositions peut répondre aux
autistes. Le lieu reste remarquable mais la
besoins
transition est douce.
troubles autistiques. C’est ce que montre
des
des
personnes
visiteurs
handicapées.
présentant
des
le centre Pompidou qui offre une entrée,
spécifiquement
destinée
aux
personnes
handicapées, au niveau de la mezzanine.
Si elle a été conçue à l’origine pour les
handicapés moteurs, elle évite la traversée
du
hall
contenant
particulièrement
qui
pourrait
vaste
et
peu
provoquer
des
angoisses chez les personnes autistes.
Cependant, l’adaptation de ces éléments
se trouve seulement évoquée par le texte
de loi et dans le guide du ministère. Ce
Le hall d’accueil sobre et contenant du musée
dernier indique uniquement que « [...] les
du Quai Branly
73
vastes espaces dépourvus de signalétique
sujet de la structuration des espaces et
[…]
du rapport à l’extérieur.
peuvent
certaines
être
très
anxiogènes
personnes,
pour
notamment
handicapées mentales ou souffrant d’une
déficience psychique. Il faut donc veiller à
l’accompagnement de ces personnes dans
leur perception de l’environnement par une
signalétique
adaptée,
voire
une
aide
humaine. »92
Ils demeurent en majeure partie inadaptés
aux
personnes
autistes
présentant
des
déficiences profondes. Et les architectes
engagés dans la mise ne conformité des
édifices de même que les institutions ne
semblent
pas
conséquences
avoir
de
conscience
leurs
choix
sur
des
ces
personnes dont la perception de l’espace,
de manière générale, diffère de la norme.
Au sujet de la transition du hall vers les
espaces
d’exposition,
comme
le
guide
le
du
texte
de
ministère
loi
énonce
l’obligation de sécuriser le parcours face
aux obstacles potentiels qui y seraient
présents. Mentionnant à nouveau l’usage
L’immense hall saturé d’informations de la Cité
des Sciences et de l’Industrie
d’une
signalétique
halls
d’accueil
peut
en
modifier
la
perception et les rendre plus ou moins
anxiogènes,
la
mention
unique
d’une
et
la
responsabilité du personnel des musées de
dispenser
une
n’implique
Alors même que l’organisation spatiale des
adaptée
aide
aucunement
humaine,
de
cela
modifications
concrètes de l’architecture des lieux ou
d’exigences quant à leurs ambiances.
Concrètement, deux partis pris opposés se
dégagent de l’étude des édifices muséaux.
adaptation de la signalisation au sein des
D’une part, l’allusion à une frontière pour
textes
décrire
de
référence
sur
l’accessibilité
semble annihiler toute réflexion possible au
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
pages.
transition
entre
hall
et
exposition est parfois appropriée tant les
variations
92
la
spatiale
et
lumineuse
sont
instantanées. Le musée du Quai Branly
est l’exemple le plus marquant. La longue
rampe par laquelle les visiteurs accèdent à
74
l’exposition
permanente
d’une
D’autre part et la majorité du temps, la
ambiance stable est neutre. Y succède un
modification de l’ambiance est à peine
large
perceptible voir inexistante. C’est le cas du
couloir,
noir
et
profite
à
l’éclairage
directionnel éblouissant qui ne constitue
musée
de surcroît qu’une transition vers l’espace
transition est seulement matérialisée par la
d’exposition. Ce dernier est encore traité
présence des anciennes portes de la gare
différemment.
laissées ouvertes, sans aucune variation
Ainsi,
trois
espaces
très
contrastés s’enchainent.
d’Orsay,
entre
autre,
où
la
lumineuse.
Les textes du champ de recherche sur
l’autisme,
expliquent
qu’une
attention
particulière aux variations d’ambiance de
manière
à
éliminer
les
modifications
brutales de l’environnement est nécessaire
au confort des personnes autistes.
De manière fortuite, il apparait donc que
le
La rampe d’accès à l’exposition permanente du
musée du Quai Branly
traitement
généralement
des
favorable
transitions
est
à
des
l’accès
personnes autistes aux lieux d’exposition.
En
outre,
leur
matérialisation
apparait
relever de la volonté des aménageurs bien
plus que de l’architecture du lieu en ellemême.
C’est
pourquoi,
d’inadaptation,
cet
modifiable
peu
pour
en
cas
élément
que
serait
les
acteurs
concernés soient mieux informés de l’enjeu
qu’elle représente.
Par suite, si certains musées proposent
des espaces de pleins pieds, la Cité des
enfants par exemple, et sont de ce fait
immédiatement accessibles à l’intégralité
L’axe central de l’exposition et l’accès à cette
dernière, dans l’ombre
des personnes handicapées, la transition
entre
le
hall
d’accueil
et
les
lieux
75
d’exposition
occasionne
très
souvent
s’agisse de l’âge de ces dernières, de leur
l’utilisation de circulations verticales et, ou
mobilité, ou encore de leurs capacités
horizontales.
visuelles, il semble que cette thématique
C’est le cas du centre Pompidou, bien
connu
pour
son
escalator
à
la
vue
bénéficie d’une attention particulière de la
part des concepteurs.
panoramique. Il se révèle peu propice à
Ainsi, pour ce qui est des lieux réhabilités,
l’accueil de certains autistes pour lesquels
les
il
ouverte
pourrait
ascenseurs,
sont
des
anxiogènes.
être
angoissant.
solution
lieux
Les
de
Quant
substitution,
encore
circulations
aux
ils
davantage
du
musée,
aménageurs
en
sécurisé
les
aient
courantes,
en
tant
qu’édifices
Pinacothèque
exemple,
nombreuses
ont
marches
plusieurs dispositifs tels que l’utilisation de
bandes
conçus
la
par
présentes entre les salles. Ils ont utilisé
comme celles des lieux plus anciens qu’ils
été
de
2007,
pour
les
annoncer,
également
de
mains
d’ascenseurs
pour
muséaux ou réhabilités dans ce but, se
les personnes à mobilité réduite… mais
dévoilent en majeure partie peu adaptées.
ces installations semblent finalement peu
jouer
sur
la
perception
sensorielle
de
l’espace et donc sur l’accessibilité des
personnes autistes.
Dans le cas des édifices les plus récents
et conçus dans le but d’être des musées,
le
musée
solution
du
Quai
intéressante.
Branly
Les
offre
une
transitions
verticales au sein de l’intégralité du lieu
sont estompées grâce au traitement incliné
du sol qui génère une grande sensation
L’escalator du centre Pompidou
de continuité.
Il résulte de ces éléments d’analyse que
Néanmoins, elles se trouvent être le point
le
plus
détaillé
dans
les
prescriptions
légales et déjà présentes de plus au sein
de textes réglementaires antérieurs à la loi
de 2005. Parce qu’elles représentent un
point sensible de la sécurité des bâtiments
les architectes possèdent des compétences
particulières au sujet du traitement des
circulations et qu’ils y sont, de plus, très
attentifs.
solutions
Par
ailleurs,
concrètes
les
qui
nombreuses
leur
sont
proposées semblent les influencer et la
et concernent tous les handicaps, qu’il
76
plupart des musées correspondent ainsi
les espaces partagés de manière générale,
aux normes édictées par la loi.
un équilibre entre une sollicitation active
Cependant,
cette
mise
en
accessibilité
physique des lieux ne suffit pas toujours à
inclure les personnes autistes. De plus, il
est certain qu’une modification profonde
des circulations quand elles se trouvent
totalement
raison
inadaptées
des
sera
difficile
contraintes
en
techniques
des personnes autistes et un isolement,
une distanciation non anxiogène où le lien
perdure94.
A
l’égard
des
déficiences
autistiques, le positionnement des assises
et
l’aménagement
représentent
ainsi
de
lieux
un
enjeu
de
repos
stratégique
pour le confort de ces personnes.
auxquelles elles sont soumises. En effet,
Mais l’étude des lieux révèle que, les aires
c’est le facteur le moins modifiable qui
de repos ne se matérialisent généralement
touche à la structure même de l’édifice.
que par des banquettes et autres assisses
Malgré
l’investissement
concepteurs,
avéré
certains
lieux
des
anciens
devraient reste inaccessibles aux autistes
présentant des déficiences profondes.
installées la plupart du temps au centre
des salles d’exposition. Situées entre la
problématique
circulation
visiteurs,
de
et
celle
les
relativement
la
gestion
de
institutions
peu
de
l’attente
se
attentives
la
des
montrent
au
confort
d’usage qu’elles permettent véritablement.
C’est
sans
compter
sur
l’aménagement
L’espace d’attente de la Cité des Enfants
d’aires de repos, venant répondre
aux
reflète
« lieux
par
assisses
de
replis »
93
mentionnés
parfaitement
y
soient
ce
propos.
nombreuses
Les
et
Sthépane Courteix dans ses recherches. Ils
circonscrivent la zone mais elles flottent
pourraient servir à la prévention de la
dans l’espace, ne venant jamais s’adosser
violence face aux réactions brutales que
à une paroi.
peuvent avoir les personnes autistes après
avoir emprunté une circulation inadaptée
A l’inverse, au sein du musée des Arts et
par exemple.
Métiers
Elles sont d’autant plus essentielles à la
offrant exclusivement des banquettes pour
mise en accessibilité des lieux muséaux
le repos des visiteurs ponctuent les lieux
qu’il s’avère nécessaire d’instaurer, dans
d’expositions
COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants
du développement et rapports à l’espace, Lyon,
Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL,
2009, 35 pages.
94
93
dont
la
politique
d’accessibilité
semble très développée, de petits espaces
à
proprement
parler.
Il
COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants
du développement et rapports à l’espace, Lyon,
Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL,
2009, 35 pages.
77
semble ainsi que les institutions menant
l’absence de mention des aires de repos
une
au
réflexion
approfondie
au
sujet
de
sein
des
textes
l’accessibilité et étant de ce fait attentive
Effectivement,
au niveau de confort de l’intégralité de
l’obligation que soient présents, quelque
leurs
part, des assisses… Les aménageurs ne se
visiteurs
soient
capables
d’inclure
réellement les personnes autistes.
Par
ailleurs,
certains
ils
réglementaires.
prescrivent
uniquement
trouvent par conséquent pas informés de
musées
ne
ce qu’elles représentent.
nécessiteraient que peu d’aménagements
pour
intégrer
des
aires
de
repos.
La
disposition des parois de la Pinacothèque,
par exemple, crée de petites zones qui
apparaissent comme préservées du reste. Il
suffirait alors d’y installer des assises.
Pour en revenir aux lieux d’expositions à
proprement parlé, il s’avère que les textes
officiels ne les mentionnent pas non plus
pour
ce
qui
est
de
leur
organisation
générale.
Dans le cas des
musées étudiés, ces
derniers présentent souvent des espaces
ouverts. C’est-à-dire que des liens visuels
entre salles plus ou moins lointaines sont
établis. Toutefois, cette ouverture peut se
matérialiser de manière très variable et
l’impact résultant sur la perception des
personnes
présentant
des
troubles
autistiques est pareillement inégal.
D’une part, il est des salles organisées
Un exemple des recoins présents dans l’espace
d’exposition de la Pinacothèque
autour
Sciences
d’un
axe
et
de
Pompidou, le
Ainsi,
cette
réflexion
demande
des
connaissances spécifiques de la part des
institutions
d’abord
responsables
de
la
programmation, des architectes ensuite en
charge
d’aménager
les
lieux,
qui
ne
semblent les posséder, actuellement. Se
trouve
alors
en
cause
troubles
La
l’Industrie,
Cité
le
des
Centre
musée d’Orsay répondent
particulièrement
organisationnel.
central.
à
ce
principe
Or, conséquemment aux
autistiques,
il
est
préférable
d’organiser l’espace afin de permettre une
mise
à
distance
des
personnes
et
préserver ainsi un lien social autre que
premièrement
78
proximal95.
C’est
pourquoi,
si
un
axe
périphériques inaccessibles l’éloignant de
central permet de structurer le parcours et
ce
le simplifie, il crée également de grandes
davantage
perceptives à travers les lieux d’exposition
personnes autistes que le hall d’accueil.
qui peuvent s’avérer anxiogènes.
fait
de
la
façade.
favorables
Ils
aux
sont
alors
besoins
des
L’ouverture se matérialise différemment au
sein de certains lieux anciens et réhabilités
qui possèdent de petites dimensions et
s’avèrent alors davantage contraints. Le
parcours de la Pinacothèque, par exemple,
s’effectue à travers une succession de
petites salles conditionnées par l’immeuble
de rapport dans lequel elle s’est installée.
L’espace
mais
est
particulièrement
complexe.
Aussi,
pour
contenant
qu’il
ne
devienne pas potentiellement angoissant,
certaines cloisons ont été percées. Cela
La grande perspective à travers l’espace de
l’exposition permanente du centre Pompidou
permet des vues sur la suite du parcours,
un lien visuel et une sensation d’ouverture.
Néanmoins, il semble vrai qu’un élément
L’architecture
et
l’organisation
du
lieu
néfaste, s’il n’est pas modifiable, peut-être
paraissent le rendre apte à accueillir des
atténué par d’autres aménagements. Par
personnes autistes.
suite, si le monumental et la transparence
sont recherchés dans les halls, il apparait
que soient davantage privilégiés dans les
espaces
d’exposition
architecturaux
qui
des
en
dispositifs
resserrent
les
proportions et les ferment un temps soit
peu
vis-à-vis
de
l’extérieur.
Ainsi,
à
l’intérieur du lieu vaste et à priori flexible
du Centre Pompidou, les aménageurs ont
créé des sous-espaces en rendant l’échelle
un peu plus intime. En outre, l’espace
d’exposition
dans
lequel
évoluent
les
Un exemple de percement des murs à la
Pinacothèque
visiteurs est circonscrit par des circulations
95
Présence dans le champ perceptif
79
Finalement,
il
s’avère
réhabilités
sont
lieux
l’ambiance qu’ils composent se trouvent
plus
particulièrement détaillés par le texte de
contraints que les édifices répondant à la
loi de 2005 et des textes antérieurs en
fonction
contraignent
de
que
les
généralement
musée
dès
leur
origine,
notamment dans l’organisation du parcours
n’est
les
circulations.
circulations
qu’ils
conditionnent.
Toutefois, il ne faut pas présupposer de
leur potentiel pour une adaptation aux
besoins des personnes autistes.
En
outre, il
d’accueil
se dégage
sont
les
pas
sans
l’installation.
rappeler
le
cas
Ce
des
Concrètement, il y est prescrit une lumière
diffuse, indirecte de préférence, pour éviter
l’éblouissement. Il est expliqué qu’il faut
que les halls
espaces
également
les
moins
également supprimer les zones d’ombres
et les contrastes lumineux brutaux ainsi
adaptés à leurs besoins alors même qu’ils
qu’éclairer
constituent le premier rapport aux lieux
obstacles à la circulation. Ces normes se
muséaux. A l’inverse, le principe même
rapprochent
d’exposition
une
concernant les besoins des autistes en
certaine fermeture des lieux vis-à-vis de
termes d’espace. Parce que les personnes
l’extérieur et une relative structuration de
autistes
l’espace.
espaces
qu’elles présentent des difficultés à gérer
d’expositions sont globalement relativement
les stimuli provenant de l’environnement, il
adaptés d’un point de vue architectural.
y
requiert
C’est
assurément
pourquoi,
les
Par suite, le traitement de leur ambiance
qui incombent autant voire davantage au
scénographe
qu’à
l’architecte
laquelle l’institution
et
dans
est partie prenante,
ait
suffisamment
des
sont
de
précisé
teinte
éventuels
recommandations
souvent
toutefois
artificiel
les
hypersensibles,
que
chaude
l’éclairage
doit
être
privilégié pour sa similitude avec la lumière
naturelle et qu’il faut éliminer les sources
lumineuses instables telles que les néons.
sont déterminants du fait qu’ils influencent
Par suite, il ressort que les éclairages des
fondamentalement
lieux d’exposition sont traités de manière
la
perception
et
les
sensations des visiteurs.
extrêmement variés. Il y a trop peu de
lumière à la Pinacothèque et l’ambiance
lumineuse
l’éclairage
premièrement
procède la lecture et la compréhension
plus ou moins claire de l’espace par les
visiteurs.
D’ailleurs,
les
lieux
est
aussi
trop
fortement contrastée. Il en va de même au
L’ASPECT SCÉNOGRAPHIQUE
De
des
luminaires
et
musée du Quai Branly où les sources sont
de plus diversifiées : directes, indirectes,
parfois
éblouissantes,
renvoyant
une
lumière chaude ou froide, etc. Certains
choix sont préjudiciables parce que portés
80
sur des luminaires dispensant une lumière
trop artificielle, l’éclairage blanc du Centre
Pompidou par exemple. Mais il est aussi
des choix désavantageux quant à la nature
des
sources
tels
que
les
projecteurs
utilisés au Palais de la Découverte.
L’ambiance lumineuse homogène dans l’allée
centrale du musée d’Orsay
En
définitive,
bien
qu’un
éclairage
sécurisant soit aujourd’hui présent dans
l’intégralité
Un exemple de projecteurs en rampe renvoyant
une lumière vive au Palais de la Découverte
des
espaces
semblent être celles du musée d’Orsay et
du musée des Arts et Métiers. Les deux
lieux présentent une lumière proche de
les
escaliers par exemple, il ne parait pas
toujours
correspondre
réglementaires
Aussi, les installations les plus propices
dangereux,
d’exposition.
souvent
dans
aux
les
textes
espaces
A fortiori il apparait bien
inadapté
à
l’accueil
de
des
personnes autistes et plus largement des
publics handicapés mentaux ou visuels.
celle naturelle et bénéficient également de
Et s’il est en partie conditionné par la
la lumière du jour, provenant de l’immense
configuration
voute
et
grande partie provenir des intentions que
latéralement mais tempérée par l’utilisation
les concepteurs et les institutions prêtent
de
Les
à ces espaces, donc des choix auxquels
fait
ils ont procédé. Pourtant, de par son
homogènes et les éclairages artificiels sont
influence sur la perception de l’espace, ce
utilisés principalement en complément.
facteur détermine la qualité d’usage des
vitrée
masques
ambiances
dans
le
dans
lumineuses
premier
le
sont
cas
second.
de
ce
des
lieux,
il
semble
en
visiteurs et il de ce fait primordial pour
rendre effective la mise en accessibilité
des musées.
81
En
ce
qui
concerne
l’acoustique
des
concepteurs autant que les aménageurs ne
bâtiments, les textes prescrivent à l’unisson
prêtent
une isolation phonique suffisante. Dans le
problématique. Elle aurait dû, en outre,
champ de recherche sur l’autisme, il est
faire l’objet d’un traitement particulier à la
expliqué
l’intensité
suite de l’état des lieux destiné à définir
sonore est essentielle pour le confort des
les travaux de mise en accessibilité des
personnes autistes car le bruit peut leur
édifices.
que
la
gestion
de
être pénible voire terrifiant.
Cependant,
attention
à
cette
Les prescriptions légales ne semblent ainsi
pas toujours respectées alors même qu’en
plafonds sont propices à la réverbération.
dépend le confort de tous les visiteurs et
De ce point de vue, le vaste hall d’accueil
plus encore celui des personnes autistes.
ouvert
du
sur
vastes
assez
de
circulaire
les
pas
Palais
lieux
de
la
l’ensemble
hauts
Découverte
des
espaces
d’expositions s’est révélé très défavorable
à l’accueil de personnes autistes. D’autant
que les expositions sont équipées pour la
plupart
de
nombreux
dispositifs
audiovisuels faiblement directionnels. Il en
va de même à l’intérieur de la Cité des
enfants
où
de
nombreuses
activités
mécaniques et des dispositifs interactifs
bruyants animent l’espace. C’est pourquoi,
dans les lieux cherchant une interactivité
Dans une perspective globale, la manière
dont
est
conçue
la
scénographie
et
muséographie d’une exposition, influe à la
fois sur la perception de l’espace et le
confort des visiteurs. Elles ne se trouvent
pourtant
pas
concernées par
le
cadre
légal. Quant au guide du ministère, il
détaille
des
dispositifs
particuliers
sans
évoquer l’organisation générale de l’espace.
un
Deux partis pris principaux se dégagent de
problème causé par des sources sonores
l’étude des espaces muséaux. D’un côté, la
ponctuelles insuffisamment directionnelles
sobriété et un accrochage aéré semblent
qui accentuent le bruit global.
généralisés dans les lieux dédiés à la
avec
le
public,
Toujours
acoustique
il
est-il
des
y
que
lieux
a
également
le
traitement
muséaux
semble
globalement trop faible. Dans les faits, les
normes concernant la quantité de décibels
autorisés dans les espaces publics sont
très
contraignantes
performants
apparait
et
existent.
que
les
des
dispositifs
Néanmoins,
institutions,
il
les
contemplation. Au Centre Pompidou par
exemple, le sol bénéficie d’un revêtement
unique, les cloisons sont presque dans
leur intégralité blanches et les tableaux
disposés à une certaine distance les un
des autres. Mais, la couleur peut aussi
être présente comme dans la scénographie
du
musée
d’Orsay
qui
est
néanmoins
82
homogène
grâce
à
l’utilisation
de
matériaux harmonisés avec ceux du lieu
lecture de l’espace, dématérialisé par la
transparence et les reflets.
initial. Les couleurs choisies ne sont pas
agressives et permettent par ailleurs de se
repérer.
L’espace compliqué du musée du Quai Branly,
dématérialisé par les nombreuses vitrines
L’espace sobre et lisible du centre Pompidou
(ici vide)
Ainsi, pour les personnes autistes qui «
perçoivent
l’ensemble
des
détails
d’une
situation sans les hiérarchiser quant à leur
D’un autre côté, dans les lieux prônant
pertinence explicative du contexte »96, les
une interactivité avec le public notamment,
musées de la deuxième catégorie et plus
les matériaux, textures et couleurs, sont
particulièrement le musée du Quai Branly
démultipliés. C’est le cas de la Cité des
ne semblent nullement correspondre à ce
enfants
besoin de lisibilité des espaces.
où
les
nombreuses
couleurs
globalement vives, utilisées au sol et sur
les
murs
pour
distinguer
viennent
s’associer
couleurs
des
les
zones,
aux
matériaux
et
dispositifs
interactifs
et
composent un paysage complexe.
Effectivement, le confort des personnes
autistes diffère singulièrement de ce point
de
vue
de
celui
des
autres
visiteurs,
handicapés ou non. Ils vivent dans un
monde saturés de sensations... Dès lors,
Cette tendance arrive à son paroxysme au
des lieux où il n’y a pas trop de tableaux
sein du musée du Quai Branly. En effet, le
et, plus généralement, ceux où ils ne sont
parcours est complexe de par la présence
pas trop sollicités, seront préférables à
des parois arrondies, des couleurs vives et
variées et des contrastes lumineux brutaux.
Les nombreuses vitrines brouillent aussi la
COURTEIX Stéphane, Troubles envahissants
du développement et rapports à l’espace, Lyon,
96
Laboratoire d’Analyse des Formes (LAF) -ENSAL,
2009, 35 pages.
83
des
lieux
trop
densément
remplis.
Par
ailleurs, la simple installation de cordons
de
sécurité
est
favorable
à
pas
modifiables,
de
nombreux
aménagements pourraient être réalisés.
leur
apaisement car ces barrières physiques qui
délimitent
l’espace
leur
offrent
une
certaine protection.
Toutefois,
il
privilégier au sein des lieux muséaux les
est
avéré
que
ni
les
législateurs, ni les concepteurs, institutions
et
autres
aménageurs
conscience
de
Ainsi, les concepteurs devraient aujourd’hui
ce
ont
réellement
qu’impliquent
les
troubles autistiques.
principes d’homogénéité et de sobriété des
ambiances,
de
contenance,
d’ouverture
contrôlée des espaces et leur structuration
également.
Effectivement, les intentions conceptuelles
des architectes et scénographes en charge
de
matérialiser
première
| UNE ADAPTATION SPATIALE TROP FAIBLE
Pour conclure, il est certain que la
sobriété qui émane aujourd’hui de certains
lieux
muséaux
qu’ils
s’agissent
de
bâtiments réhabilités ou de constructions
peut participer au confort des personnes
autistes. Il en va de même de certains
aménagements prescrits ou évoqués par la
loi et le guide sur l’accessibilité et qui
sont aujourd’hui introduits au sein des
édifices
revanche,
de
manière
même
les
constante.
musées
En
ouverts
les
espaces
importance.
sont
de
Néanmoins,
la
programmation imputable aux institutions,
qui pose les contraintes et enjeux pour ce
qui
est
du
confort
des
usagers,
joue
également un rôle essentiel. En outre, la
loi
semble
exercer
un
pouvoir
de
contrainte certain sur ces derniers.
D’un
autre
constaté
côté,
que
il
a
toutes
également
les
été
prescriptions
qu’elle contient ne sont pas appliquées
consciencieusement et ce malgré le bilan
général qui a dû être effectué de chaque
édifice.
postérieurement à la promulgation de la
loi demeurent en grande partie inadaptés
aux autistes mais pas seulement, par leurs
ambiances notamment.
Il n’en reste pas moins que les textes
réglementaires
demeurent
pour
Toujours est-il que dans l’intégralité des
spatialisation
de
cas, si tous les aspects des lieux ne sont
mentionnent pas explicitement l’influence
l’aspect
qui
est
peu
contraignants
de
ce
trop
l’accessibilité
scénographique
de
et
la
ne
et
84
muséographique. Par ailleurs, bon nombre
LES ANALYSES COMPLÉMENTAIRES
de problématiques concernant les autistes
sont ignorées. Rappelons que l’analyse des
textes existants a permis de conclure que
le socle de connaissances disponible sur
le confort d’usage des autistes se trouve
| L’OFFRE DANS LES INSTITUTIONS
EXISTANTES
peu associé à la réflexion globale sur
l’accessibilité.
Il semble
aujourd’hui
qu’il
faille intégrer ces connaissances sans quoi
la
mise
en
accessibilité
des
édifices
muséaux aux particularités sensorielles et
cognitives
des
personnes
autistes
est
compromise.
précises ont pour conséquence une trop
information
des
concepteurs,
prescripteurs et autres acteurs intervenant
au sein de l’espace muséal. Par là, ils
paraissent être trop peu impliqués dans la
mise
en
Le texte de loi impose également la mise
en place d’une offre culturelle adaptée au
sein des institutions muséales. En raison
des
troubles
autistiques,
complexes
et
généralisés, l’accueil de ce public implique
des dispositions spécifiques, précises et
En outre, les manques de prescriptions
faible
Cependant, le lieu n’est pas tout.
accessibilité
des
espaces
d’exposition.
Ces éléments limitent fortement l’impact de
la loi et amenuisent l’ambition placée dans
l’objectif de l’accessibilité pour tous.
plus
contraignantes
que
pour
d’autres
handicaps. Allant dans ce sens, le guide
de
l’accessibilité97,
reprenant
les
conclusions présentes dans un rapport de
la
HAS98,
détaillant
évoque
ces
conditions
en
jusqu’à
la
manière
de
communiquer avec eux.
Bien
que
le
présent
travail
porte
expressément sur l’étude spatiale des lieux
muséaux,
la
prise
en
compte
de
cet
aspect de l’accessibilité provient donc des
troubles en eux-mêmes. Ils permettent de
supposer, en outre, que la mise en place
d’un accueil spécifique de ses personnes
Guide de l’accessibilité. Equipements culturels
et handicap mental, Paris, MCC, 2010, 195
97
pages.
Recommandation de bonne pratique. Autisme
et autres troubles envahissants du
développement : interventions éducatives et
thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et
l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012,
98
60 pages.
85
est
au
moins
aussi
importante
que
l’aménagement des lieux.
droit a conduit bon nombre institutions à
Par ailleurs, les analyses du guide du
ministère, des projets complémentaires et
de la situation des institutions muséales,
ont démontré que l’encouragement de ces
dernières
handicapés
concernant
mentaux
essentiellement
l’accessibilité
semble
vers
En outre, l’instauration d’une carte passe
se
des
tourner
l’élaboration
d’une
offre et d’un accueil adaptés.
ne jurer que par elle. Et si dans certains
cas
le
personnel
du
musée
octroie
l’abattement tarifaire sans cette carte, au
musée du Quai Branly entre autre, elle
s’avère désormais absolument obligatoire
la plupart du temps.
Par
ailleurs,
culturelles
certaines
ne
institutions
présentent
aucun
tarif
particulier pour les personnes touchées
par un handicap ce qui peut s’avérer
Dan un premier temps, faciliter l’accès de
ces personnes aux lieux d’exposition a
entrainé une action sur le prix d’entrée
dans les institutions. Ainsi, dans le cas des
musées étudiés, l’entrée n’est payante que
pour les visites spéciales encadrées par un
guide
ou
proposées.
les
activités
éventuellement
Concrètement,
au
centre
Pompidou les prix de ces dernières varient
entre trente et cent euro par groupe.
handicapée
accompagnateur, est
et
à
dont
le
budget
est
défini
par
l’état
principalement. Cela ne concerne pas le
corpus étudié mais le Cent-Quatre, par
exemple, n’applique aucun tarif préférentiel.
Ainsi, si l’effort consenti par les institutions
semble
se
généraliser,
il
ne
l’est
pas
encore à l’unanimité. Les effets de cette
tarification particulière ayant impulsé une
première action en direction de toutes les
Néanmoins, la gratuité, accordée à toute
personne
décourageant pour les centres d’accueil
son
personnes
handicapées
peuvent
être
relativisés.
sous condition de
présenter un justificatif d’invalidité. Elle a
par ce fait impliqué conjointement l’état,
Dans un deuxième temps, avant même
ayant
d’évoquer
impulsé
la
création
des
cartes
le
contenu
réel
des
offres
MDPH , et les institutions, faisant preuve
culturelles proposées par les institutions, la
de bonne volonté pour rendre leur accès
question
plus abordable.
autistes à se rendre aux expositions se
99
de
l’incitation
des
personnes
pose et, par là, la communication faite à
ce sujet.
Maison départementale des personnes
handicapées
99
86
Aujourd’hui,
la
plupart
institutions
pratiques communes à tous les visiteurs et
disposent d’une page web sur leur site
malgré la diversité des troubles, ils ne
destinée
sont jamais distingués.
aux
certaine
leur
des
publics
handicapés
et
proposent
également
un
guide spécifique pour préparer leur visite.
Le
centre
Pompidou
a
en
effet
objectivement adapté son site pour que la
compréhension
des
informations
soit
simplifiée. Une écriture en grand caractère,
des couleurs bien distinctes selon le type
d’informations, etc. Le musée fournit aussi
un guide qui présente les offres culturelles
adressées à ces publics.
les
guides
de
visite
supposent
d’une certaine attention portée à l’accueil
des personnes handicapées.
Toutefois, tous les musées ne sont pas
aussi
zélés,
certains
portée
chaque
aux
handicap
spécificités
mental
de
semble
globalement faible et ne préfigure pas
d’une adaptation réelle de l’offre. Il est
possible
d’émettre
l’hypothèse
qu’en
conséquence elle n’encourage que peu ces
personnes à se rendre au musée, d’où le
faible nombre de visites qui se réalise.
Dès à présent, il est permis de penser que
Les sites internet adaptés mais bien plus
encore
L’attention
sites
peu d’institutions ont conscience de leurs
possibilités d’action. Et s’il ne faudrait pas
omettre la question de moyens dont elles
disposent
ou
également
la
non,
priorité
cela
questionne
consentie
à
cet
enjeu, devenu obligation légale.
demeurent
inadaptés et les guides non obligatoires
sont
peu
répandus.
Il
est
pourtant
vivement conseillé, dans les prescriptions
légales et plus précisément dans le guide
du ministère, d’adapter jusqu’à l’information
fournie sur ceux-ci.
nettement
internet
au
handicapé
moins
que
présent
ceux
mental
sur
est
les
sites
correspondant
aux
autres handicaps. A plus forte raison, les
explications relatives aux facilités d’accueil
des personnes handicapées mentales sont
souvent
l’inverse,
le
musée
du
Quai
Branly
communique largement sur sa politique
d’inclusion de l’ensemble des personnes
handicapées. Il organise, entre autre, une
Semaine de l’accessibilité tous les deux
En outre, il apparait que le pictogramme
attribué
A
succinctes.
Dans
certains
cas,
elles renvoient seulement aux informations
ans dans le but de faire connaître son
offre et de susciter des visites ultérieures
notamment. Il vise également à sensibiliser
le public ordinaire à la mixité et à obtenir
une visibilité dans la presse.
Il semble alors que la problématique du
handicap est considérée par le musée
davantage comme une possibilité d’élargir
son
nombre
potentiel
de
visiteurs
que
87
comme une contrainte. En conséquence,
Si une offre existe, certaines particularités
l’institution parait exemplaire pour ce qui
de
est de la prise en compte des handicapés
méconnues et peu prises en compte.
et de leur inclusion.
l’autisme
Quant au
semblent
musée
du
néanmoins
Quai Branly,
les
différentes possibilités de visites mettent
Néanmoins, la visibilité de l’offre ne saurait
diminuer
l’importance
de
son
contenu
véritable.
attention
réelle
aux
besoins
des
handicapés mentaux et ont de ce fait
concrétisé une offre particulière à leur
Très
concrètement,
le
centre
Pompidou et le musée du Quai Branly
proposent des visites guidées animées par
des
animateurs
formés
à
la
neuro-
pédagogie alors en mesure de comprendre
les
spécificités
Leurs
sonores
en
qui
avant
se
sont
des
dispositifs
avérer
faiblement
directionnels. Ces derniers sont installés
au sein de l’axe central qui est un lieu
Ainsi, certains musées font preuve d’une
sujet.
notamment
offres
des
personnes
adaptées
autistes.
comprennent
également des ateliers et des fiches de
visites en langage simplifié. De plus, le
musée du Quai Branly ouvre sur demande
le lundi, à priori jour de fermeture, pour
permettre
aux
personnes
autistes
une
visite au calme.
Cependant,
dans
passant. Ce n’est pas forcément cohérent
avec les troubles autistiques, notamment
l’hypersensibilité
sensorielle
et
la
très
relative focalisation de l’attention. De plus,
c’est par le biais d’un audio-guide que les
visites se trouvent facilitées ce qui ne
semble pas s’adresser spécifiquement aux
personnes autistes. Bien qu’affirmée par
l’institution, la réflexion sur les troubles
autistiques
et
ce
qu’ils
requièrent
n’apparait pas suffisante.
En
outre,
certaines
caractéristiques
du
et
l’architecture
musée
de
de
son
aménagement ont dévoilé qu’ils pouvaient
être
anxiogènes
pour
les
personnes
autistes. C’est pourquoi, malgré la volonté
du musée d’être accessible à tous et
le
cas
du
centre
Pompidou, il demeure un point sensible :
l’accueil physique de ces personnes. Ce
dernier est prévu par la piazza, c’est-à-dire
l’entrée principale, donnant accès au hall
immense et peu contenant et non par
l’accès handicapé situé sur la mezzanine
comme il leur serait davantage favorable.
l’incitation
forte
envers
l’ensemble
des
handicapés et leurs accompagnateurs, il
paraît
difficile
qu’elle
se
concrétise
à
cause de la physionomie des lieux euxmêmes.
Au sujet du musée d’Orsay, il présente la
particularité d’avoir reçu le label Tourisme
et
Handicap
en
2005.
Il
a
ainsi
été
88
reconnu que l’institution mettait en œuvre
L’établissement
des moyens suffisants pour permettre un
pas non plus d’offre spécifique à leur
accueil
personnes
sujet. Il est pourtant pilote du RECA100 qui
handicapées quel qu’elles soient. Dans la
regroupe toutes les institutions évoquées
pratique,
jusqu’à présent mis à part la Pinacothèque.
de
il
spéciales,
qualité
n’est
le
l’institution
aux
pas prévu de
service
se
visites
d’accessibilité
voulant
avant
tout
de
une
« aide à l’autonomie ».
IME et autres instituts pour leur permettre
de prévoir des visites dans le contexte le
plus favorable. De plus, des membres du
aident
ne
propose
En outre, il semble partagé entre deux
tendances.
D’un
côté,
le
Palais
de
la
découverte ne fait globalement que peu
Toutefois, ce dernier dialogue avec des
personnel
Unisciences
les
accompagnateurs
mention de l’accessibilité. De l’autre, la
Cité
des
Sciences
et
de
l’Industrie
concentre les efforts avec une page web,
faiblement adaptée cela dit, et un service
dédiée à l’accessibilité.
dans l’organisation de leurs visites puis
dans leurs cheminements à l’intérieur des
lieux. En outre, le service leur octroie
l’ouverture des lieux le lundi, pourtant jour
de fermeture de l’institution, car le musée
est, la plupart du temps, particulièrement
bondé. De ce fait, si la prise en compte
des besoins des personnes autistes reste
informelle, l’institution semble néanmoins
s’investir concrètement.
Il
est
avéré
institutions,
que
mis
Pinacothèque,
s’est
l’intégralité
à
part
engagée
des
donc
la
dans
une
démarche de mise en accessibilité de leur
offre culturelle. Cela dit, en distinguant les
types de handicaps, les actions menées
dévoilent
une
forte
hétérogénéité,
particulièrement au sujet des handicapés
mentaux. En conséquence, il parait évident
Il en va bien différemment dans d’autres
qu’un manque de communication règne
musées. Aussi, les dispositions prises par
entre
la
dialoguer au sein du RECA.
Pinacothèque
handicapés
pour
concernent
l’accueil
des
uniquement
les
handicaps visuel et moteur. Alors que le
musée a ouvert après la promulgation de
la
loi,
seuls
aménagements
sont
à
noter
physiques.
quelques
Aucune
Par
les
institutions,
ailleurs,
les
censées
institutions
pourtant
muséales
tiennent particulièrement peu compte des
autistes
et
de
leurs
particularités
sensorielles et cognitives.
adaptation donc de son offre culturelle et
le handicap mental reste ignoré.
Réunion des établissements culturels pour
l’accessibilité
100
89
Une institution cependant se tient à part.
l’inclusion de tous dans sa structure. Ayant
En
nombre
permis une réflexion approfondie sur les
d’années que le musée des Arts et Métiers
besoins découlant des troubles autistiques,
s’est
de
entre autre, il s’ensuit des adaptations
les
concrètes de l’offre culturelle proposée.
effet,
depuis
engagé
un
dans
développement
certain
une
des
politique
activités
pour
publics présentant des handicaps mentaux
notamment. Le musée collabore ainsi au
sujet des autistes avec des IME101. Depuis
2007, il dialogue de plus au sein du
CNAM102
avec
un
service
spécial,
le
Handi’cnam.
Par ailleurs, il semble que son adaptation
se soit faite conjointement à celle de
l’espace.
Effectivement,
les
lieux
ont
semblé particulièrement adaptés à l’accueil
des personnes autistes. Ces derniers sont
plutôt sobres et contenants, l’ambiance y
Sa politique se traduit en premier lieu par
est homogène et des espaces de repos,
les informations particulièrement précises
différenciés de ceux de présentations, sont
dispensées sur son site internet et dans
également aménagés au sein du parcours.
son guide de préparation de visite qu’elle
Et d’ajouter que ce dernier est divisé,
propose. Plus concrètement, l’institution a
selon
prévu
plusieurs
plusieurs
guidées
programmes
associées
à
des
de
visites
activités
et
des
thématiques
parties
l’intégralité
l’accueil
d’expositions.
handicap
publics
mental.
en
Les
situation
groupes
de
sont
restreints à une quinzaine de personnes
maximum
pour
qu’elles
puissent
être
convenablement encadrées et leur temps
est limité du fait de la capacité d’attention
réduite des personnes autistes. Sur le site
indépendantes.
en
Cela
permet d’éviter une traversée forcée de
encadrées par des médiateurs formés à
des
particulières,
des
nombreux
espaces
Il est alors permis de penser que la
réflexion menée au sein de l’établissement
va au-delà des prescriptions légales en se
concentrant
avant
tout
sur
le
confort
d’usage de tous ses visiteurs.
internet du musée, il est par conséquence
conseillé aux accompagnateurs, de prévoir
plusieurs visites, également dans le but
que les participants s’habituent aux lieux.
Ces
éléments
transcrivent
assurément
l’intérêt prononcé que portent le musée à
Institut médico-éducatifs
Conservatoire National des Arts et Métiers
dont dépend le musée des Arts et Métiers
101
102
90
Si une inadaptation flagrante des lieux
voir superficielle. En outre, le handicap ne
muséaux
fait
autistes
aux
besoins
des
s’est
dégagée
de
personnes
l’étude
du
corpus, une offre culturelle qui leur serait
accessible émerge.
pas
toujours
l’objet
d’une
mission
spécifique au sein de l’administration des
institutions.
Au contraire, le musée des Arts et Métiers
Il s’ensuit un point essentiel. L’offre et
a totalement intégré
l’accueil dépendent en grande partie des
handicap, incluant l’autisme, à sa mission
contacts humains. Le caractère immatériel
générale d’accueil du public et dans sa
qu’ils supposent les rend plus évolutifs et
politique.
adaptables que les lieux physiques. Par
s’effectue au sein du Handi’cnam profite
ailleurs, ces aspects de l’accessibilité sont
sans nul doute à l’institution muséale. De
manifestement
des
ce fait, il apparait que l’accessibilité en
facteurs moins nombreux que les espaces
tant qu’action semble davantage être le
muséaux. Il ne semble pas anodin non
résultat
plus
de
l’institution sur ses possibilités d’actions
qui
qu’une obligation préalable.
de
contingentés
relever
l’aménagement
qu’en
de
ces
par
comparaison
derniers,
demande l’implication d’un grand nombre
de professions, l’adaptation de l’accueil et
de
l’offre
concernent
essentiellement
l’institution.
Ainsi,
En
la thématique du
parallèle,
d’une
prise
la
de
réflexion
qui
conscience
de
Aussi, une culture de l’accessibilité semble
s’être développée permettant que le lieu et
l’offre se développent simultanément et
soient aujourd’hui en avance vis-à-vis du
l’évolution
du
discours
sur
reste des musées étudiés.
l’accessibilité, la multiplication des actions
en
direction
des institutions
également,
paraissent avoir plus de prise, ou peut-être
une prise plus rapide, sur la possible
adaptation
de
l’offre
culturelle.
Elles
impactent plus directement sur elle que
sur les lieux.
Par conséquent, quand le personnel du
musée
est
impliqué
pédagogique,
la
dans
relation
sa
mission
avec
les
accompagnateurs extérieurs et le public se
trouve privilégiée quel que soit le groupe
accueilli
et
ses
particularités.
C’est
pourquoi, il semble que la mise en place
Cependant, il est avéré que l’offre actuelle
d’une
offre
est très hétérogène et qu’elle reste trop
essentiellement
faible. Concernant les autistes, elle est
institutions de mettre en place un service
dans la majorité des cas assez succincte
de
qualité.
accessible
Ce
à
la
dernier
correspond
volonté
dépend
des
d’une
91
réflexion préalable sur ce qui est cherché
Ces éléments permettent de conclure que
à être transmis en fonction des capacités
la
propres à chacun.
véritablement trop peu explicite quant à ce
De plus, il serait nécessaire que l’offre et
le lieu soient adaptés simultanément. En
effet, l’offre, parce qu’elle implique entre
autre la présence très concrète d’un site
web
adapté,
rend
visible
par
tous
l’accessibilité. Elle semble alors permettre
d’inciter les personnes autistes et, ou leurs
accompagnateurs à se rendre aux musées.
Toujours est-il que ce sont inévitablement
les
lieux
qui
matérialisent
définissent
l’accessibilité
autant
à
que
proprement
loi
du
11
février
2005
se
montre
qu’implique l’objectif d’accessibilité élargie
aux
personnes
remettre
en
supporte,
il
donner
autistes.
cause
Sans
l’avancée
semblerait
davantage
toutefois
de
qu’elle
nécessaire
de
consistance
au
concept d’accessibilité pour tous à travers
des
applications
implication
concrètes
valorisée
des
et
une
acteurs
dont
dépend sa matérialisation.
Dans l’état actuel des choses son impact
réel est à relativiser fortement.
parlé puisqu’ils influent sur la perception
des individus.
La prise en compte du confort d’usage
des
personnes
autistes
au
sein
des
espaces conditionne leur capacité à
accéder
et
donc
leur
accès
à
y
| ÉTUDE DES FUTURES INSTITUTIONS
Reste à observer la mesure dans
l’offre
laquelle la loi sur l’accessibilité pour tous
culturelle qui y est proposée.
influence
aujourd’hui
donc, en
Finalement, l’accessibilité ne semble alors
pas
encore
totalement
intégrée
aux
priorités des institutions. Et malgré le fait
que
le
cadre
fortement
en
légal
les
les
contraint
désignant
plus
comme
premières responsables de leur mise en
accessibilité,
l’analyse
montre
qu’elles
manquent d’information quant à ce que
cela signifie.
amont,
la
conception
et
la programmation
de
futures institutions dont les projets ont
débuté ultérieurement à sa promulgation.
Malgré
les
imprécisions
certaines
des
nouvelles normes au sujet du handicap
mental en particulier, il est constaté que
les dispositions concernant d’autres types
de
handicaps
favorables
au
sont,
bien
confort
des
souvent,
personnes
autistes. C’est pourquoi, une application
consciencieuse
contraire
de
relative
la
loi,
dans
apparue
les
au
structures
92
existantes, permettrait un premier pas dans
d’une facilité d’accès pour les personnes
la construction de lieux plus accessibles à
autistes, entre autre, qui devraient ainsi
tous.
pouvoir
En
outre,
le
temps
écoulé
depuis
la
parution de cette obligation légale laisse
supposer que les institutions autant que
les concepteurs ne pourraient plus ignorer
cette
problématique
et
y
seraient
désormais un temps soit peu sensibilisés.
être
déposées
en
voiture
à
proximité de l’accueil. Il en va de même
du futur musée des Confluences de la ville
de
Lyon.
Cela
accordée
atteste
par
de
l’ensemble
l’importance
des
acteurs
concernés à l’accessibilité physique des
lieux, de manière générale, lors de leur
conception.
Et d’ajouter que lors de la création d’un
édifice
muséal,
la
liberté
d’action
est
largement amplifiée en comparaison des
institutions existantes, contraintes en leurs
murs. Il semblerait ainsi que l’influence des
intentions préalables au projet s’en trouve
accentuée quel que soit l’acteur dont elles
émanent, des politiques en passant par les
institutions jusqu’aux concepteurs.
Conformément au constat sur l’implication
urbaine
manifestement
inhérente
à
la
conception de tout nouvel édifice muséal,
les exemples étudiés sont effectivement
partie prenante de projets de plus grandes
échelles visant à redynamiser les villes, à
en améliorer l’image.
arts de Reims s’inscrit dans un grand
projet urbain, alliant les thématiques de la
proximité et de l’attractivité, dans le but
redessiner
conséquent,
alentours
les
sont
la
Ces futurs musées, subséquemment à leur
position
symbolique
ville
d’ici
2020.
Par
moyens
de
transports
diversifiés
et
préfigurent
dans
l’élaboration
d’une nouvelle identité urbaine et donc à
l’attention
portée
emplacement
De cette façon, le futur musée des Beaux-
de
La visibilité du futur musée des Beaux-arts dans
l’espace urbain de la ville de Reims
bénéficient
exceptionnels.
au
au
sein
par
là
La
choix
du
de
tissu
leur
urbain,
d’environnements
dilatation
de
l’espace
alentour, favorisant leur visibilité en termes
de
culture
évidemment
mais
plus
implicitement de politique, offre de ce fait
des abords relativement calmes, à l’écart
de la turpitude des villes.
93
Dans le cas du musée des Confluences
comme étant un des moteurs premiers de
néanmoins, à cet emplacement incroyable,
leur
projeté sur l’espace du fleuve, se juxtapose
rappeler la politique du musée du Quai
la présence non négligeable d’une voie
Branly. Ainsi, c’est en partie pour améliorer
rapide surplombant le site
le confort et la prise en charge des
caractère
pourra
n’est
pas
sans
visiteurs que la décision de construire un
neutralisé. Dès lors, il parait difficile que le
nouvel édifice a éclos à Reims. Le musée
lieu soit réellement calme et l’emplacement
des
même
sa
puisque son ambition est d’offrir « à tous
potentielle accessibilité pour des personnes
les publics la possibilité de comprendre et
qui
d’apprendre la complexité du monde »103.
musée
ne
Ce
être
du
bruyant
et dont le
organisation.
questionne
présenteraient
une
déjà
hypersensibilité
sensorielle exacerbée.
Confluences
n’est
pas
en
reste
Pour le reste, les images produites des
futures institutions semble renforcer l’idée
de l’importance première accordée à leur
esthétique.
Ces
exposent
des
nouvelles
conceptions
architectures
aussi
monumentales que remarquables. Elles se
matérialisent
néanmoins
à
travers
des
styles très différents.
Quoi qu’il en soit, les intentions théoriques
et
conceptuelles
doivent,
pour
devenir
réalité, être retranscrites dans la forme
La voie rapide jouxtant le futur musée des
Confluences de Lyon
donnée aux espaces.
UN PROJET SOBRE
Toujours est-il que la conception de ces
institutions, au sens large du terme, ne
semble nullement omettre leur dimension
sociale.
D’après
leurs
descriptions
respectives, elles se veulent à la pointe de
l’évolution
sociétale,
conscientes
des
Pour commencer, l’édifice actuel du
musée des Beaux-arts de la ville de Reims
est
apparu
inadapté
à
la
bonne
conservation et présentation des œuvres
aux yeux des conservateurs. Le parcours
nouveaux enjeux qui se dessinent… C’est
pourquoi,
parmi
les
objectifs
affirmés,
l’accueil de tous les publics est souligné
D’après la présentation du site du musée
des Confluences.
103
94
au sein de ses espaces, trop petits et
Le traitement de la façade présente ainsi
quelque peu vétustes, est effectivement
une
complexe et les lieux fortement contraints
l’utilisation
présentent une scénographie datée aux
translucides. Le résultat dénote quelque
couleurs chatoyantes… Ainsi, l’institution a
peu
probablement insisté à travers la définition
constatée actuellement à l’ouverture et à
de sa programmation sur la nécessité que
la parfaite transparence. D’autre part, c’est
les nouveaux espaces soient plus simples
une transition douce de l’espace publique
et plus neutres. Le nouveau musée, projeté
vers l’intérieur du musée que l’architecte
par
formalise, la limite dedans / dehors n’est
l’architecte
internationale
David
de
renommée
Chipperfield
et
qui
pas
transparence
de
de
la
annihilée
modérée
plaques
de
tendance
sans
grâce
à
marbres
majoritairement
être
brutale
pour
devrait ouvrir en 2018, semble avoir été
autant. En effet, il n’y a pas de portes
pensé pour être le négatif de l’actuel.
d’accès donnant sur l’espace public. Il ne
subsiste alors que les montants de la
structure pour marquer le passage vers un
lieu
intermédiaire
entre
intérieur
et
extérieur.
La transition douce entre l’intérieur et l’extérieur
De cette manière, l’architecte a créé un
espace
tampon
que
parcourent
les
visiteurs avant d’entrer véritablement dans
le lieu clos. Aussi, la lumière naturelle
pénètre largement dans cet espace qui
semble de plus homogène grâce au choix
L’opposition entre les façades de l’actuel et du
futur musée des Beaux-arts
de matériaux tels que le bois clair, le
95
marbre, le béton et le verre. Quant au sol,
également
constitué
tranquillité auditive de ces derniers.
de
passerelles,
il
dévoile
les
ruines archéologiques présentes sur le site.
la
contemplation
par
la
L’architecte, pleinement concerné par la
spatialisation de ces intentions, a pour ce
faire élaboré des espaces aux dimensions
relativement
restreintes.
C’est
aussi
par
l’organisation générale de ces derniers qui
présentent une ouverture modérées, tout
en préservant un lien visuel entre eux, que
le
concepteur
semble
permettre
une
certaine intimité aux visiteurs.
En outre, utilisant la lumière zénithale au
L’espace de transition bénéficiant largement de
la lumière naturelle
dernier
halle archéologique fait tout de même
douze mètres de haut, et son ouverture
interne
atteste
de
sa
qualité
d’espace
publique. Néanmoins, la plupart de ces
caractéristiques
propice
aux
paraissent
besoins
des
le
rendre
personnes
présentant des troubles autistiques.
l’architecte
oriente
les
espaces d’exposition qui s’y trouvent vers
une
Le lieu présente de grandes dimensions, la
étage,
ambiance
homogène.
Il
est
aussi
mentionné dans la présentation du musée
que si la lumière est latérale dans les
étages
« rares
inférieurs,
et
les
ciblées »
vues
104
.
demeurent
Dès
lors,
les
quelques fenêtres ne devraient que peu
distraire les visiteurs et sont, par ailleurs,
certainement encadrées d’un châssis ce
qui
matérialise
efficacement
la
limite
dedans / dehors. Ces deux éléments sont
favorables aux personnes autistes.
Au sujet des espaces d’expositions, ils
En ce qui concerne la lumière artificielle,
sont empreints de la même sobriété. En
bien que sa teinte froide ou chaude ne
effet, les images des lieux reflètent une
soit pas précisée, elle se voit utilisée
neutralité évidente et un certain calme
principalement
visuel augmenté par l’accrochage aéré des
données
tableaux qui semble prévu. Allant dans ce
l’éclairage du musée d’Orsay étant apparu
en
rappellent
complément.
Ces
particulièrement
sens, la présentation insiste sur la volonté
de procurer une rencontre individuelle des
visiteurs avec les œuvres, de préserver
104
Présentation du projet sur le site internet de
la ville de Reims.
96
comme l’un des plus bénéfiques pour le
des
visiteurs
handicapés.
La
sensibilité
confort des personnes autistes.
notable dont fait preuve l’institution au
sujet de l’accueil de ces visiteurs ne peut
être
totalement
étrangère
à
l’attention
portée dans la conception à l’ambiance
lumineuse, au traitement homogène de la
matérialité des lieux, et, par conséquence,
au confort qui en résultera forcément pour
tous les futurs usagers.
Avec cela, il est suffisamment rare pour
relever que l’accueil évoqué des futurs
visiteurs
entre
L’ambiance homogène augmentée par la lumière
zénithale dans l’espace d’exposition du dernier
étage
Concrètement, les intentions préalables de
l’institution, la volonté de sobriété, et la
retranscription qu’en a faite l’architecte par
le
biais
d’une
ambiance
neutre
et
homogène, offrent des avantages certains
pour l’accès des personnes autistes au
futur
édifice.
manière
C’est
fortuite
convergence
entre
probablement
que
les
s’effectue
besoins
de
de
la
ces
personnes hypersensibles pour la plupart
et les intentions programmatiques, plutôt
ne
montre
leurs
aucune
différences
distinction
potentielles
et
possibles handicaps. C’est-à-dire qu’il n’est
pas fait mention d’un public au détriment
d’un autre, comme c’est presque toujours
le cas. De plus, la présentation explique
que des outils d’aide seront proposés et
qu’ils font déjà partie intégrante du projet
muséographique,
que
ce
ne
sont
pas
seulement des dispositifs d’explication mais
des
dispositifs
étudiés
105
.
« rassurants »
Cela
qui
permet
sont
d’émettre
l’hypothèse que tous les publics, y compris
les
personnes
autistes,
seront
pris
en
compte dans l’offre culturelle de la future
institution.
en lien avec l’opposition supposée requise
entre l’ancien bâtiment et le nouveau.
Finalement,
l’accessibilité
Il faut cependant noter que le musée des
trouve
temps
Beaux-arts
de
grâce à l’attention accrue de l’ensemble
s’être engagé de longue date dans une
des acteurs au concept de confort d’usage
présente
la
particularité
réflexion assortie de réels efforts pour
l’accompagnement au sein de ses lieux
un
soit
pour
peu
tous
se
concrétisée
Présentation du projet sur le site internet de
la ville de Reims.
105
97
et ce, malgré le fait que le respect de la
UN PROJET EXTRAVAGANT
loi n’est pas proclamé haut et fort à
travers la présentation de l’institution.
Le musée des Confluences de Lyon
quant à lui, dont l’inauguration est prévue
éléments
en 2014, semble procédé d’une réflexion
d’une
tout autre et ne pas avoir été guidé par
accessibilité élargie du musée semble aller
les mêmes préoccupations implicites et, ou
au-delà
explicites.
Par
ailleurs,
d’analyse
il
que
résulte
la
des
des
réalisation
prescriptions
légales.
L’institution prolonge en effet sa réflexion
débutée au sein de l’ancien bâtiment et
elle
se
trouve
augmentée
par
les
possibilités d’action qu’offre la conception
du nouvel édifice. Parce qu’émanant d’une
culture de l’accueil, sa situation serait à
rapprocher du musée des Arts et Métiers.
En
premier
lieu,
opposition
l’institution
volontaire
avec
prône
son
l’idée
d’un
musée, temple des muses, à laquelle le
musée des Beaux-arts de Reims se réfère
expressément. Il est vrai qu’elle présente
une approche interactive avec les visiteurs
opposée donc à la contemplation. C’est
C’est pourquoi, grâce à la concordance
pourquoi
entre une attention portée à l’accueil de
Himmlb(l)au,
tous et sa formalisation au sein des lieux,
semblent avoir repris cette détermination
le
« nouvelle
pour lui apporter une forme spécifique. Ils
proposé sur le site de la
présentent alors leur projet comme un
terme
génération »
de
106
musée
les
modèle
concepteurs
agence
de
aujourd’hui
ville de Reims est peut-être véritablement
« un
expérimental
approprié.
stimuler la curiosité du public. »
Coop
célèbre,
spatial
pour
107
Il est certain qu’il faut attendre de pouvoir
visiter les lieux avant de conclure de son
niveau accessibilité mais il semble que le
musée concède néanmoins un réel progrès
à l’accessibilité pour tous.
L’architecture extraordinaire du futur musée des
Confluences
106
Présentation du projet sur le site internet de
la ville de Reims.
107
Présentation du projet sur le site internet de
l’agence Coop Himmlb(l)au.
98
D’un autre côté, leurs intentions spatiales
espaces
semblent
supérieur
se
manifester
bien
plus
énergiquement que dans le cas précédent
et,
en
conséquence,
d’expositions
et
qui
situés
au
s’élèvent
niveau
dans
le
« cristal ».
celles
programmatiques de l’institution paraissent
s’effacer derrière elles.
Très concrètement, l’accueil du public est
prévu par un large escalier permettant
d’accéder à l’entrée du musée appelée le
« cristal ». Dans ce lieu entièrement vitré,
l’utilisation
de
panneaux
de
verres
réfléchissants dissout la frontière dedans /
dehors tandis qu’au sol le jeu de rampes
et
de
niveaux
dématérialise
fortement
l’espace. Les architectes y ont ajouté un
La façade vitrée et les circulations verticales
donnant un aspect immatériel au « cristal »
bassin et les reflets mouvants de l’eau
amplifiés par la disposition de l’éclairage
Le hall constitue alors une « séquence
renforcent cette sensation.
dynamique
d’événements
spatiaux »108.
Mais le caractère immatériel de ce dernier,
semble être fortement préjudiciable pour
des personnes hypersensibles comme le
peuvent
être
les
autistes,
pour
toute
personne malvoyante également. L’intention
des
architectes
curiosité
des
visant
visiteurs
à
stimuler
pourra
la
plutôt
réveiller des angoisses chez les personnes
D’un côté la transparence, de l’autre les reflets
de l’eau, viennent complexifier la lecture de
l’espace
En suivant le parcours des visiteurs, ces
derniers
rencontrent
ensuite
les
imposantes circulations verticales, escaliers
et escalators, qui permettent d’accéder aux
présentant certains troubles autistiques.
Les particularités sensorielles émanant des
handicaps
ne
semblent
pas
avoir
été
intégrées à la conception architecturale
des lieux. A plus forte raison, les usagers
Présentation du projet sur le site internet de
l’agence Coop Himmlb(l)au.
108
99
paraissent considérés comme un tout et
seulement
non
concorde avec les normes d’accessibilité
un
ensemble
hétérogène
de
personnes.
moitié
des
sanitaires
prescrites par la loi. Quant aux dispositifs
Toutefois, « le nuage »109 qui contient les
espaces
la
d’expositions,
semble
empreint
d’une certaine intériorité, plus favorable au
rassérènement des personnes autistes. En
effet, d’après les illustrations, le rapport à
l’extérieur y semble très limité. Cependant
les espaces d’expositions sont à peine
effleurés dans les présentations du projet.
Il n’y a pas de véritables indications sur
de guidage, depuis les abords du musée
jusqu’au lieu d’exposition, ils sont encore à
l’étude111. Ainsi, la problématique générale
de l’accessibilité pour tous se révèle, en
grande
partie,
absente
du
projet
architectural. En outre, il est permis de
supposer que l’aspect conceptuel du projet
supplante largement la réflexion sociale
d’inclusion du plus grand nombre.
leur organisation si ce n’est qu’ils sont
raccordés par une « espace interstitiel »
qui, de par son volume supposé, sera
probablement
l’éclairage
bruyant.
est
à
En
priori
revanche,
parfaitement
concordant aux normes et ne devrait pas
être
éblouissant.
aménagement
est
Néanmoins,
destiné
cet
exclusivement
aux personnes malvoyantes110.
repérage
et
les
déplacements
des
personnes présentant un handicap visuel
ont du être intégrés a posteriori de la
validation du projet. Les architectes ont
également
toilettes
du
corriger
notamment,
accessibles
aux
qui
les
services,
n’étaient
handicapés.
pas
Aujourd’hui,
alors que le projet est en construction,
Présentation du projet sur le site internet de
l’agence Coop Himmlb(l)au.
110
D’après le site Point de Vue sur la Ville
dans lequel trois articles concernent l’évolution
du projet du musée des Confluences.
109
s’avère
davantage
consciencieuse concernant l’application de
la loi. Effectivement, elle s’est dotée d’une
équipe de médiation des publics et cette
dernière était présente au Salon Handica
2009. Elle y a présenté son travail, des
dispositifs
interactifs
et
autres
outils
tactiles visant à améliorer l’autonomie des
Par ailleurs, les dispositifs visant à faciliter
le
L’institution
personnes en situation de handicap.
De plus, l’institution précise sur son site
internet sa volonté d’être en conformité
avec les prescriptions contenues par le
texte de loi du 11 février 2005. Le site a
lui-même été réalisé en conséquence. Pour
ce qui est de la muséographie l’objectif
déclaré est bien de proposer des activités
à tous les publics qu’ils soient handicapés
ou non. Ainsi, les cartels seront conformes
D’après le site Point de Vue sur la Ville
dans lequel trois articles concernent l’évolution
du projet du musée des Confluences.
111
100
aux prescriptions légales et leur contenu a
| UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE QUI
été étudié pour convenir au plus grand
RESTE FAIBLE
nombre ce qui inclut, cette fois-ci, les
personnes
présentant
un
handicap
mental112.
Finalement,
l’objectivation
conséquence,
l’institution
parait
s’impliquer réellement dans la réalisation
d’une accessibilité pour tous. Cependant,
cette dernière se concrétise principalement
dans des aménagements annexes et à
travers la communication qui en est faite.
des
édifices n’est pas sans conséquence sur
Pourtant,
En
l’extravagance
de
les
sélectionnent
leur
pouvoirs
les
projets
accessibilité.
publics
qui
semblent
se
tourner de préférence vers des édifices
constituant une exception, garant de leur
visibilité au sein de l’espace urbain, au lieu
de juger de leur véritable qualité d’usage,
seul garant d’une accessibilité élargie.
En outre, le nouvel édifice muséal semble
répondre avant tout à une architecture de
l’exceptionnel, s’inscrivant dans un projet
en
partie
visiblement
politique
les
mais
personnes
excluant
handicapés
malgré ce que la loi impose. Il apparait
alors que la réflexion sur l’accessibilité des
lieux n’ait pas été intégrée en amont de la
conception,
comme
le
recommande
le
guide Equipements culturels et handicap
mental113.
Par
ailleurs,
les
avancées
quant
à
l’accessibilité des nouveaux lieux muséaux
s’avèrent en premier lieu relever de la
volonté des institutions et sont facilitées
quand
celles-ci
ont
déjà
une
certaine
expérience dans l’accueil des divers publics
handicapés. En effet, se basant sur leurs
propres ressources et connaissances, elles
semblent alors capables d’intégrer, dans la
programmation
de
l’édifice,
les
besoins
Ainsi, les efforts de l’institution seront sans
d’un nombre accru de personnes. Cela
nul doute limités par l’édifice en lui-même
renforce
puisque une contradiction irréversible entre
par les architectes au concept général de
certaines caractéristiques de ce dernier et
confort d’usage.
les besoins des personnes autistes est
constatée.
112
D’après le site Point de Vue sur la Ville.
Guide de l’accessibilité. Equipements
culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010,
113
195 pages.
A
certainement
l’heure
constaté
actuelle
que
s’investissent
l’aménagement
la
l’attention
cependant,
majorité
des
préférablement
scénographique
portée
il
est
futures
dans
et
muséographique de leurs lieux ainsi que
dans leur rôle de médiation auprès des
101
publics handicapés. Cela entre par ailleurs
sobre et calme que dans un autre trop
en
stimulant donc fatiguant dans la durée.
résonance
avec
la
situation
des
institutions existantes et par là avec leur
disposition à intégrer essentiellement le
concept
d’accessibilité
aspects
immatériels,
élargi
l’accueil
dans
et
ses
l’offre,
bien plus que dans son aspect tangible,
c’est-à-dire dans les lieux en eux-mêmes.
Simultanément,
il
transparait
que
C’est pourquoi, quand la création d’un
nouveau
occasionne
déjà
une
réflexion globale pour en rendre facile
l’accès, il serait aujourd’hui nécessaire que
l’accessibilité tant physique que sensorielle
et
le
musée
cognitive
intègrent
véritablement
l’intérieur des édifices.
rapport qu’entretiennent les usagers avec
l’espace est constamment pris en compte
par
les
concepteurs
mais
que
dans
certains cas, cela s’apparente davantage à
une réflexion théorique qu’à celle sur le
rapport sensoriel et véritable qui découlera
de leurs intentions. Néanmoins, il s’est
également
révélé
possible
pour
les
concepteurs de formaliser leurs intentions
tout en créant un lieu propice à l’accueil
du plus grand nombre.
Pour finir, la création des nouveaux lieux
muséaux
s’accompagnent
pour
certains
d’un discours sur une accessibilité élargie
sans
que
ne
soient
concrètement
spatialisés les besoins des plus fragiles.
Cela
équivaut
relativement
à
la
abstraite
loi
en
qui
reste
formulant
un
objectif sans donner suffisamment d’outils
pour le concrétiser. Dans les deux cas, les
personnes
autistes
paraissent
les
plus
oubliées.
Par suite, il résulte que l’accessibilité n’est
pas forcément intégrée aux projets des
futurs musées, malgré l’obligation légale
qu’elle incarne, et l’application de la loi se
fait alors a posteriori de leurs conceptions.
Elle
nécessiterait
pourtant
un
réel
investissement et une réflexion approfondie
de la part des institutions autant que des
concepteurs et ce conjointement. D’autant
qu’elle rejoint celle sur le confort d’usage
de
tout
visiteur
qui
devrait,
à
priori,
pouvoir rester plus longtemps dans un lieu
102
CONCLUSION
103
A travers la loi du 11 février 2005
évolué,
leur
logique
interne
se
trouve
et des décrets qui suivirent en 2006, l’état
pétrie de nombreuses contraintes et ces
français
lieux
a
handicap
élargi
la
qui
terminologie
comprend
du
désormais
partie
répondent
à
l’autisme. De ce fait, la loi s’inscrit en
politiques,
rupture
d’attractivité, etc.
avec
les
réglementations
précédentes
qui
l’excluait
invariablement. En parallèle, les législateurs
ont réaffirmé la volonté de l’état d’inclure
au
sein
de
la
société
les
aujourd’hui
d’autres
enjeux
urbains,
en
grande
qu’ils
soient
économiques,
Quoi qu’il en soit, l’accessibilité pour tous
constitue à présent une obligation légale.
personnes
handicapées pour qu’elles ne soient plus
une catégorie à l’écart, « des laissés pour
De prime abord, cette notion, comprise
compte »
dans son assertion la plus tangible, peut
114
, mais des citoyens à part
paraître simple. L’accessibilité physique aux
entière.
Concrètement,
conscience
ils
semblent
que
toute
avoir
personne
pris
peut
participer à la vie sociale à condition que
l’environnement lui soit adapté. De par ce
récent
postulat,
l’objectif
retranscrit
au
sein du texte de loi est clair : il est dès à
présent nécessaire de rendre accessible à
toute personne handicapée, quel que soit
son
handicap,
l’intégralité
des
espaces
Aussi, les institutions muséales se trouvent
singulièrement
concernées
par
la
réalisation de l’accessibilité élargie puisque
nouvelle
résonance
avec
assertion
leur
entre
mission
en
originelle
d’éducation du plus grand nombre qui
présuppose d’un accès à tous de leurs
édifices.
Toutefois,
leurs
missions
ont
GOFFMAN Erving, Stigmate. Les usages
sociaux des handicaps, Paris, Les Editions de
Minuit, 2010, 170 pages.
114
à toute personne de se rendre d’un point
A
à
un
point
B
en
toute
sécurité.
Cependant, elle se rapporte aujourd’hui à
la situation de personnes présentant des
difficultés très hétérogènes en raison des
aspects de l’environnement qui entravent
leur inclusion respective au sein l’espace
public.
Effectivement,
publics.
cette
lieux tend alors à permettre matériellement
autistiques,
manifestent
au
les
un
regard
des
personnes
rapport
à
troubles
touchées
l’espace
qui
diffère de la norme. Leur hypersensibilité
sensorielle, leur difficulté d’interpréter les
composantes de l’environnement et d’en
appréhender
les
modifications
brutales,
leur difficulté à l’être ensemble autant qu’à
rester seul également, impliquent certains
besoins spécifiques en termes d’espace et
en conséquence, certaines adaptations des
lieux pour qu’ils leur soient accessibles.
104
Dès lors, la notion d’accessibilité se voit
que sur leur rôle de médiation. Il y a
étendue
de
immanquablement une question de moyens
l’environnement. Il est ainsi possible de la
financiers que les institutions n’ont pas
définir
forcément, c’est pourquoi cette situation
aux
aspects
également
immatériels
comme
sensorielle
et
cognitive ce qui donne, de surcroît, tout
est
assez
compréhensible
son sens à la notion de confort d’usage.
structures existantes. Cela reste toutefois
Concrètement, permettre à une personne
excessivement
de se sentir en sécurité dans un espace
création de nouveaux musées. En outre,
et de pouvoir y rester sans effort ni
l’offre culturelle spécifiquement proposée
souffrance.
aux
insuffisant
personnes
insuffisance
autistes
certaine
pour
lors
de
manifeste
et
les
une
la
une
forte
hétérogénéité ce qui atteste d’un manque
La
réalisation
définie
par
la
d’une
telle
accessibilité,
loi,
semble
avant
tout
dépendre de ce que prescrit cette dernière
et de ce qui est appliqué.
Seulement,
trouvent
presque
prescriptions
légales
être
relativement
succinctes,
dans
le
cas
se
des
handicapés mentaux a fortiori des autistes.
Effectivement,
bien
que
les
adaptations
édictées pour d’autres types de handicaps
leur soient souvent bénéfiques, leur cas
n’est pas mentionné au sein du texte.
Dans
les
faits,
entre les institutions
dont la plupart font pourtant parties de la
RECA115.
Simultanément, les architectes et autres
les
inexistantes
de communication
l’élaboration
aménageurs semblent n’avoir que trop peu
conscience de l’impact de leurs intentions
sur
des
personnes
hypersensibles.
Les
qui
peuvent
être
lieux
restent
donc
généralement inadaptés à l’accueil de la
majorité des autistes. Avec cela, l’effort se
concentre
principalement
sur
les
aménagements traditionnels destinés aux
handicapés moteurs, les rampes d’accès et
d’une
autres ascenseurs. D’un autre côté, les
accessibilité des édifices muséaux à ces
concepteurs ne respectent pas toujours les
personnes s’est révélée faible.
prescriptions légales, pour ce qui est de la
En premier lieu, les institutions paraissent
fréquemment
oublier
leur
rôle
essentiel
création des ambiances notamment, qu’il
s’agisse d’édifices existants ou en projet.
dans la programmation des projets ou
réaménagements,
essentiellement
d’adaptations
se
sur
concentrant
les
superficielles
possibilités
de
leurs
espaces, telle que la signalisation, ainsi
115
Réunion des établissements culturels pour
l’accessibilité, créée en 2003 par le ministère
de la Culture et de la Communication dont elle
dépend
105
Néanmoins,
trouvent
les
musées
fortement
existants
contraints
en
se
leurs
cognitive
est
quant
à
elle
rarement
aux
troubles
vérifiée.
murs et leur adaptation est également
paralysée
par
de
nombreux
problèmes
d’ordre financier, technique, etc. Dès lors,
il s’ajoute, à ce qui est prescrit et ce qui
est
appliqué,
ce
qui
est
réellement
applicable.
En
lors
de
la
création
de
nouveaux édifices, quand les possibilités
sont
accrues,
les
concepteurs
privilégient souvent l’esthétique et orientent
ainsi
leurs
efforts
vers
la
création
d’espaces remarquables, extraordinaires. Ils
traduisent,
certes,
l’importance
des
institutions muséales au sein de l’espace
public mais laissent un temps soit peu de
côté les thématiques sociales qu’implique
pourtant
relativement
autistiques, l’étude de l’accueil et la mise
en place d’un accompagnement spécifique
sans réflexion préalable sur l’adaptation de
revanche,
d’action
Toutefois,
ce
type
d’équipements.
aménagements
pour
l’édifice
voient
se
rendre
Les
accessible
alors
greffés
ultérieurement à leurs conceptions.
l’espace
ne
peut
aboutir
à
une
accessibilité complète. Et d’ajouter que les
autistes
légers
se
rapprochant
de
la
norme seront peut-être inclus mais les
institutions laisseront un nombre important
de personnes aux troubles plus profonds
en marge.
En
effet,
une
offre
adaptée
et
la
communication à son sujet encouragent
les
personnes
accompagnateurs
visites,
mais
handicapés
et,
à
ou
leurs
programmer
la
possibilité
à
cette
d’accès
offre
des
des
dépend
essentiellement de leur possibilité d’accès
aux
espaces
d’exposition.
De
ce
fait,
l’adaptation des lieux à leurs besoins qui
Pour ces raisons, il est permis de penser
conditionne les sensations prévaut sur ce
que l’accessibilité pour tous est toujours
qu’ils contiennent, ce qui y est proposé.
comprise par les institutions, davantage
encore par les concepteurs, comme la
faculté avant tout physique d’accéder à
leurs
comme
espaces.
le
communiquent
Certaines
musée
du
largement
institutions,
Quai
sur
Branly,
leur
accessibilité se présentant comme ouvertes
Il semble y avoir deux causes majeures à
cet inégal premier pas dans l’élaboration
d’une accessibilité des espaces muséaux
aux personnes autistes.
à tous… S’il est avéré qu’elles le sont
La nature même de ces différents aspects
physiquement, l’accessibilité sensorielle et
l’explique
en
partie.
L’accueil
et
l’offre
106
culturelle,
aspect
plutôt
l’accessibilité,
contingentés
immatériel
sont
par
de
effectivement
des
facteurs
moins
nombreux que ne le sont les lieux, aspect
physique de celle-ci. Ils sont de ce fait
évolutifs,
modifiables
et
réellement
adaptables
alors
bâtiments
moins
construits
le
facilement.
demeurent
finalement
sont
que
les
nettement
Rappelons
malgré
tout
qu’ils
particulièrement
superficiels pour les personnes autistes.
de
manière
générale
insuffisante.
Concrètement, le public autiste est loin de
représenter
un
enjeu
majeur
dans
la
plupart des institutions.
Dans ces conditions, la loi telle que définit
actuellement semble n’avoir permis qu’une
prise de conscience très relative, voire
inexistante, chez les acteurs chargés de
rendre
concrète
l’accessibilité
des
personnes autistes aux lieux muséaux.
Toutefois, la cause essentielle réside dans
le manque d’attention porté au concept
d’espace sensoriel par les acteurs agissant
sur l’espace muséal et par là, l’absence de
connaissances sur les troubles autistiques.
Etant donné la variété de ces derniers, les
acteurs
auraient
pourtant
besoin
d’une
formation et d’informations précises sur la
manière de procéder et de connaissances
sur
les
implications
architecturaux
ou
de
leurs
choix
scénographiques.
S’il
existe des formations pour le personnel
des
musées
elles
demeurent
non
obligatoires et peu connues de ce dernier.
En
outre,
bien
que
l’accessibilité
des
acteurs
monde
inscrite
du
dans
la
formation
architectes
la
du
loi,
et
autres
bâtiment
il
sur
n’y
soit
a
vraisemblablement que peu d’actions mises
en place pour les informer des enjeux.
de
l’accessibilité
pleinement jouer son rôle du fait de la
situation complexe des institutions autant
que celle des autistes. Elle possède un
pouvoir de contrainte non négligeable qui
peut influer sur l’état d’esprit à l’œuvre
dans
la
société
permettant
à
terme
d’estomper les inégalités ciblées.
Ainsi,
alors
même
qu’il
est
facile
de
comprendre qu’un fauteuil roulant ne peut
accéder à un espace s’il n’a d’autre choix
que
d’emprunter
un
escalier,
c’est
par
l’introduction d’une obligation légale que
les concepteurs ont intégré des rampes
d’accès
à
leur
d’aménagements
handicaps
projet.
Les
spécifiques
moteurs
ont
contraintes
liés
aux
profondément
marqué la conception architecturale et les
architectes ont bien été obligés de s’en
En conséquence, la priorité accordée à la
problématique
Il semble que la loi devrait au contraire
des
accommoder. De plus, si les possibilités
architecturales s’en trouvent modifiées, il
présentant des troubles autistiques semble
107
ne semble pas qu’elles soient aujourd’hui
variées des utilisateurs et les différents
plus uniformes.
éléments qui conditionnent la réalisation
Or,
les
législateurs
visiblement
n’ont
pas
nécessaires
les
compétences
pour
aménagements
eux-mêmes
prescrire
indispensables
les
à
une
accessibilité spécifiquement destinée aux
d’un projet. Pour ce faire, il est nécessaire
que la thématique se trouve reprise et
approfondie au sein de tous les textes
réglementaires et ne reste pas seulement
évoquée dans la loi de 2005.
personnes autistes. La comparaison des
textes réglementaires et de ceux sur le
rapport
qu’entretiennent
les
autistes
à
l’espace a permis de conclure qu’il existe
une absence quasi-totale de perméabilité
entre les champs dont ils dépendent.
objectivement déterminants pour permettre
autistes
d’accéder
aux
lieux
de
sociabilité, comme le pourraient être les
musées, sont aujourd’hui détaillés dans les
écrits
de
spécialistes,
ces
indications
précises ne se trouvent pas inclues dans
les
prescriptions
légales.
A
plus
forte
raison, les codes de construction et autres
cahiers
des
charges,
recommandation
liée
omettent
aux
toute
déficiences
autistiques.
des
musées
devrait
passer
au
préalable par un partage de connaissances
entre
les
Effectivement, elle a trouvé écho à travers
différentes
actions
qui
s’en
sont
suivies, celles émanant de la sphère privée
mais
également
de
l’état
français.
Les
différents guides de l’accessibilité publiés
par la commission Culture et Handicap
notamment,
culturels
et
en
particulier
handicap
Equipements
mental116,
sont
davantage précis que le texte de loi et
constituent ainsi une base de référence
pour
les
institutions
muséales.
Ces
dernières ne se trouvent, cela dit, pas
toujours informées de leur existence.
Néanmoins et bien qu’à peine émergeante,
Par conséquent, la mise en accessibilité
réelle
eu des effets perceptibles.
les
Très concrètement, quand des éléments
aux
Il semble toutefois que cette loi ait déjà
spécialistes
du
champ
de
recherche sur l’autisme et les législateurs
premièrement
puis
avec
les
c’est
une
réflexion
globale
sur
l’accessibilité pour tous qui s’est engagée
au sein de la société. En outre, l’objectif
d’inclusion des plus fragiles, comprenant le
cas spécifique des personnes autistes, est
différents
acteurs intervenant sur l’espace muséal.
Elle dépend également du compromis à
Guide de l’accessibilité. Equipements
culturels et handicap mental, Paris, MCC, 2010,
réaliser
195 pages.
entre
les
attentes
et
besoins
116
108
désormais clairement défini dans la loi. De
essentiellement
ce fait, il n’est pas possible de faire
véritable de leurs besoins, préalable à
marche arrière.
l’adaptation
Par
ailleurs,
également
la
loi
a
renforcé
sans
nul
doute
l’engagement
de
de
la
compréhension
l’environnement
spatial,
sensoriel autant que social.
de
Et de nuancer, toujours en conséquence
certaines institutions, le musée des Arts et
de ces troubles complexes et généralisés
Métiers notamment, à s’inscrire dans la
mais
démarche de l’accessibilité. Aussi, lorsque
touchées, autistes profonds, ne pourront
cette dernière émane des institutions, elles
sans
font
concrétisée être inclus dans les espaces
vraisemblablement
une
expérience
plus attentive de l’accueil des personnes
hétérogènes,
doute
que
malgré
les
une
personnes
accessibilité
muséaux.
handicapées, incluant les autistes. La prise
de
conscience
sur
ce
qu’implique
concrètement leur accessibilité aux lieux
est
alors
manifeste
et
porteuse
de
Finalement, la loi du 11 février 2005 fait
résultats majorés.
D’autant qu’il reste vrai qu’en raison de la
nature des troubles autistiques et de la
particularité des besoins qui en découlent,
ils ne pourront
surement être
intégrés
dans leur intégralité dans une législation
formelle. Dans ces conditions, les acteurs
concernés par la mise en accessibilité des
édifices devront comprendre les troubles
afin d’accorder une attention particulière à
certains principes généraux que sont la
office de première pierre dans l’édification
d’une
accessibilité
pour
tous
et
les
prescriptions légales pourront assurément
être réalisées, plus tard que prévu cela dit.
Néanmoins, pour ce qui est des personnes
autistes, elle se révèle être davantage une
loi d’« intention » qui fixe un objectif, que
de « programme » qui définirait clairement
les enjeux et élaboraient en conséquence
les actions et aménagements à réaliser.
contenance, la structuration, la sobriété et
Au sein des textes de loi, l’accessibilité
l’homogénéité, etc.
des
personnes
autistes
aux
édifices
publics, reste donc un concept à définir et
ne
Au
demeurant,
supplantant
ce
qui
est
prescrit et ce qui est appliqué, il résulte
que
la
réalisation
d’une
accessibilité
permet
pas
actuellement
une
l’élaboration
de
telle
réelle
leur
que
avancée
accessibilité
définit
dans
aux
institutions muséales.
destinée aux personnes autistes dépend
109
Pour conclure, rendre possible la mise en
charge de l’évaluation des lieux muséaux,
place d’une telle accessibilité semble au
de
préalable
aménagements de mise en accessibilité et
nécessité
l’intégration
d’une
concepteurs
évoquer le travail considérable qu’il reste à
notamment. Ce type d’analyse permettrait
faire,
de vérifier certains résultats qui demeurent
associations
de
futures
les
de
et
de
réalisent
« culture de l’accessibilité ». Aussi, pour
proches
responsables
qui
personnes autistes vont jusqu’à parler de
aujourd’hui
« révolution
l’analyse des lieux muséaux existants et
culturelle »
117
.
Elle
est
d’autant plus nécessaire qu’une prise en
compte des besoins des populations les
plus
vulnérables
devrait
permettre
une
architecture et a fortiori une société plus
à l’écoute de tous ces membres.
principalement
institutions
déduits
de
futurs.
Le
cas
du
Louvre
également,
musée
français le plus connu à travers le monde
nécessiterait une attention spéciale. C’est
d’ailleurs
pourquoi,
le
temps
n’a
pas
permis de l’inclure au sein du présent
travail.
L’institution
semble
avoir
une
politique développée au sujet du handicap.
Les
résultats
d’entrevoir
d’autres
obtenus
qu’il
pourrait
analyses
et
supplémentaires
afin
permettent
être
des
effectué
recherches
d’affiner
et
de
Qu’en
est-il
alors
de
la
mise
en
accessibilité du bâtiment d’originel et à
plus
forte
raison
de
celle
du
nouvel
édifice ? D’autant que l’institution bénéficie
compléter ces derniers.
d’une visibilité médiatique hors pair. De ce
En effet, leur limite majeure émane de
d’influer sur la considération portée au
l’absence
public autiste en se montrant exemplaire ?
d’une
fait,
analyse
basée
sur
l’observation directe de personnes autistes,
présentant des syndromes plus ou moins
légers, au sein des espaces muséaux. Elle
affinerait la connaissance sur les besoins
réels
de
ces
personnes
au
sujet
des
Pour
le
musée
élargir
aurait-il
l’étude,
il
la
possibilité
pourrait
être
effectué des recherches sur ce qu’il existe
à
l’étranger.
En
effet,
des
expériences
concernant la présence au sein des lieux
espaces publics.
muséaux
Avec cela, il pourrait être enrichi par une
ont été mis en place, aux Etats-Unis entre
seconde analyse d’interviews d’experts en
autre.
JUILLET Anne-Cécile, Le plan Autisme doit
rattraper quarante ans de retard, Leparisien.fr,
117
avril 2013.
de
personnes
autistes
sont
effectuées et des programmes conséquents
Ces
recherches
permettraient
de
porter un regard différent sur la manière
de concrétiser le concept d’accessibilité
pour tous.
110
111
112
GLOSSAIRE
113
ABA
ANCREAI
L’analyse appliquée au comportement (ou
L'Association
Applied
Régionaux
Behavior
Analysis)
est
une
Nationale
des
d'Etudes,
Centre
d'Actions
et
méthode inspirée du behaviorisme et créée
d'Informations est apparue en 1989 afin
par Ole Ivar Lovaas aux États-Unis dans
de fédérer et d’optimiser l’échange et la
les années 1960. Fondée sur des « lois
transmission des connaissances du réseau
du comportement », elle consiste en une
des CREAI (Centre Régional pour l’Enfance
analyse poussée du comportement de la
et l’Adolescence Inadaptée). Ces centres
personne
travaillent sur des problématiques médico-
associée
intensive (un
à
une
programme
intervention
de
30 à
40
sociales dont les populations handicapées
heures par semaine) en vue de diminuer
font
les
capacité d’aider les décideurs pour ce qui
comportements
jugés
inadaptés.
En
partie
ont
sociale et éducative et de les rendre plus
et,
de
plus,
contesté par plusieurs scientifiques.
au
fait
des
ANESM
L’Association de la Cause Freudienne fut
responsabilité
de
particuliers
Source : ancreai.org
ACF
1901 et
santé,
rencontrés dans leurs régions.
Source : www.abaautisme.com
créée en
problèmes
de
la
par
sociale
publiques
ainsi
est
Sécurité
politiques
Ils
France, ce programme n'est pas reconnu
la
des
intégrante.
se trouve sous la
l’Ecole
de
la
Cause
Instituée par la loi de financement de la
sécurité
sociale
pour
l’année
2007,
Freudienne. A but non lucratif, elle a pour
l’Agence Nationale de l’évaluation et de la
objectif
qualité des Etablissements et des Services
ainsi
de
que
promouvoir
ses
la
psychanalyse
les
sociaux et Médico-sociaux a pour mission
domaines qui l’entourent. Pour ce faire, un
première d’épauler les établissements et
colloque est organisé chaque année dans
services
lequel des intervenants aux points de vue
(ESSMS) dans la mise en œuvre de leur
variés
évaluation interne et externe, exigée à la
débattent
connexions
de
sujets
avec
incluant
l’autisme.
Source : www.causefreudienne.net/ACF
sociaux
et
médico-sociaux
suite de la promulgation de la loi du 2
janvier 2002. Elle vise à faire respecter les
droits
et
les
besoins
des
personnes
accueillies.
Source : www.anesm.sante.gouv.fr
114
CIM
La
Classification
CIPAC
Internationale
des
La fédération des professionnels de l’art
Maladies date de 1948. L’OMS reprit la
contemporain
classification
Elle
des
décès,
créée
par
regroupe
participe
à
la
associations.
vie
l’art
contemporain
les causes de morbidité de manière plus
connaissances
générale. La dernière version, CIM-10, date
contribue
de 1996.
professionnels. Cette dernière branche se
et
pour
santé
la
des
compte des handicaps dans le cadre de la
mentale
médiation culturelle.
fut
première
fois
à
Source : www.cipac.net
CNAM
lien avec les normes environnementales et
sociétales.
Le
Conservatoire
National
des
Arts
et
Métiers fait parti des acteurs les plus
Source : www.who.int/classifications/icd
actifs
de
la
diffusion
des
savoirs
scientifiques et techniques. Il comprend le
CIF
Classification
formation
Internationale
l’identification des processus d'invalidité en
La
et
s’attache entre autre à diffuser la prise en
proposée par Philip Wood à l’OMS. Elle
s’attachait
la
domaine
complexité des enjeux actuels. Le CIPAC
la Classification
Handicaps
à
ce
les
panel de formations qui découle de la
CIH
des
sur
construit
développe depuis 2005 en proposant un
Source : www.who.int/classifications/icd
1980,
France,
de
Jacques Bertillon en 1983, pour répertorier
En
en
19
musée des Arts et Métiers, une école
internationale
du
doctorale
et
cinq
écoles
partenaires.
Fonctionnement, du handicap et de la
Depuis 2007, le CNAM s’est doté d’un
santé est venue se substituée à la CIH en
service dédié à l’inclusion des handicapés
2001. Proposée par l’OMS, elle fut adoptée
au sein de ses institutions : Handicnam. Le
par
musée bénéficie de cette connaissance et
deux
cent
pays.
Sa
particularité
consiste à aborder l’invalidité, quel que
a
soit son origine, comme une interaction
pointue sur cette problématique.
entre un individu et son environnement en
précisant
le
rôle
des
facteurs
de
ce
fait
développé
une
politique
Source : www.cnam.fr
environnementaux.
Source : www.who.int/classifications/icd
115
Délégation au Développement et à l’Action
cohesion,12601.html
Territoriale
Dans
le
territoire
cadre
de
français,
l’aménagement
l’état
nécessite
du
de
coordonner les politiques des différents
ministères
concernés
par
ce
domaine.
Cette mission incombe aux cinq services
de la Délégation au Développement et à
l'Action Territoriale. Ils doivent entre autre
évaluer les politiques culturelles au regard
de
la
politique
d'aménagement
et
de
développement du territoire ainsi que des
politiques
contractuelles
partenariat
avec
ministre-de,741/direction-generale-de-la-
menées
les
en
collectivités
territoriales.
Ensemble pour l’autisme
Initié par le Collectif Autisme qui est luimême
composé
de
six
associations
majeures (Asperger Aide France,
Autisme
France, Autistes Sans Frontières, Fédération
Sésame Autisme, Pro Aid Autisme et La
Fondation
Autisme),
Ensemble
pour
l’autisme est un mouvement qui s’associe
à la FEGAPEI (composée 500 associations
gestionnaires fédérant 4000 établissements
et services), l’UNAPEI (constitué de 600
associations
de
gestionnaires
familles
d’établissements),
de
et
800
www.culture.gouv.fr/culture/organisation/ddf
2.htm
associations gestionnaires d’établissements.
Premier Ministre que la cause de l’autisme
« La Direction Générale de la Cohésion
Sociale est la direction d’administration
centrale des ministères sociaux qui est
chargée de la conception, du pilotage et
de l’évaluation des politiques publiques de
solidarité, de développement social et de
favorisant
et
territoriale
de
a obtenu le label Grande Cause nationale
en 2012.
Source :
www.autismegrandecause2012.fr/fr/mouvem
ent.htlm
la
cohésion sociale. Elle veille à la cohérence
nationale
Il représente ainsi plus de 100000 familles.
C’est grâce au dossier commun soumis au
DGCS
l’égalité
parents
plus
200
de
de
ou
Source :
promotion
associations
et,
ces
politiques. »
ERP
Le terme établissement recevant du public
est défini à l'article R123-2 du Code de la
construction et de l'habitation. Dans le
Source : http://www.social-sante.gouv.fr/le-
droit
français
ministere,149/presentation-et-
publics ou privés qui accueillent tout type
organigramme,294/conjointement-avec-le-
d’utilisateurs
employés.
il
en
Etant
caractérise
les
les
distinguant
répertoriés
en
lieux
des
5
116
catégories en fonction de leur capacité
d’accueil,
ils
sont
également
classés
par type selon l’article GN 1 du règlement
de sécurité incendie. Les ERP regroupent
des établissements extrêmement variés :
les
cinémas,
passant
théâtres,
par
les
magasins,
bibliothèques,
en
écoles,
universités, jusqu’aux musées, etc. qu'ils
soient
installés
dans
des
constructions
IME
Les établissements de soins français qui
accueillent
les
atteints
de
enfants
et
adolescents
handicap
principalement
des
mental,
troubles
neuropsychiatriques causant une déficience
intellectuelle,
sont
appelés instituts
médico-éducatifs. La prise en charge d’une
permanentes ou provisoires.
personne au sein d’un IME se fait à la
Source : www.legifrance.gouv.fr
droits et de l'autonomie des personnes
suite d’une décision de la Commission des
handicapées (CDAPH). A l’heure actuelle,
HAS
leur financement est presque exclusivement
Par la loi du 13 août 2004 relative à
l’assurance maladie, la Haute Autorité de
santé
a
publique
été
établie
comme
indépendante
et
à
autorité
caractère
scientifique. Elle est de ce fait dotée d’une
personnalité
morale
distincte
de
l’état
français. Ses missions correspondent à :
public
après
de
déterminer
remboursement,
la
recommandations
de
leur
niveau
de
définition
bonnes
des
pratiques
cliniques, des guides de prise en charge
pour
aiguiller
certification
immatériels
les
des
professionnels,
lieux
concernés
et
matériels
par
la
la
et
santé
publique.
Source : http://www.hassante.fr/portail/jcms/fc_1249588/fr/accueil
-2012
des
agences
régionales de santé dépendant de l’HAS.
Source : http://www.sanitairesocial.com/annuaire/institut-medicoeducatif-ime-ile-de-franceparis/75/22/dc/1
l’évaluation des actes et produits médicaux
afin
l'agrément
Label Grande Cause
Le label Grande Cause permet notamment
aux collectifs d’associations bénéficiaires
d’obtenir
pendant
un
an
une
visibilité
accrue dans l’espace public (campagnes
publiques,
diffusion
de
messages
audiovisuels, etc.). Il est attribué chaque
année par le Premier Ministre français
depuis 1977.
Source :
http://www.autismegrandecause2012.fr/fr/?i
dPage=3
117
la création des œuvres de l'art et de
LAF-ENSAL
Le Laboratoire d’Analyse de Formes est
constitué par l’équipe de chercheurs de
l'esprit et le développement des pratiques
et des enseignements artistiques. »
l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture
Source :
de Lyon. Il est habilité depuis 1986 par le
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Mi
MCC et la Direction de l’Architecture et du
nistere/Le-ministere
Patrimoine. Un des axes de recherches du
laboratoire
est
nommé
«
morphologique et investissement psychique
de l’espace » et il a été développé en son
sein entre 2006 et 2010, la thématique
« Architecture,
mentale »,
handicap
par
et
Stéphan
santé
Courteix
notamment.
Le ministère
de
Communication,
la
Culture
dernière
et
de
la
dénomination
(architecture,
peinture, sculpture et gravure), mais aussi
la musique, la danse, l'opéra, les arts
les
depuis
en
2009,
de
l’actuel service des Musées de France à la
suite
de
sa
fusion
avec
la
Direction
générale des Patrimoines. Composant l’un
œuvres,
« beaux-arts »
les
modifiée
est de la conservation et de l’étude des
datant de 1997, a sous sa tutelle les
toutes
l’appellation,
matière de gestion notamment pour ce qui
MCC
décoratifs,
La direction des Musées de France est
des services du MCC, il fixe les règles en
Source : www.laf.archi.fr
quatre
DMF
Identité
monuments
écoles
1986,
historiques,
correspondantes
la
direction
et,
du
de
l’activité
scientifique
et
pédagogique des institutions ayant le label
« musée de France ». Ce label est destiné
à regrouper les musées français dans la
perspective
d'un
grand
service
public
muséal au sein duquel ces derniers ont
des
obligations
soumis
à
son
envers
contrôle
l’état
et
sont
scientifique
et
technique.
Source :
développement des médias. Depuis 2012,
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Di
le
sciplines-et-
MCC
« a
accessibles
au
pour
plus
mission
grand
de
rendre
nombre
les
œuvres capitales de l'humanité, et d'abord
secteurs/Musees/Organismes/Musees-deFrance
de la France. À ce titre, il conduit la
politique de sauvegarde, de protection et
de mise en valeur du patrimoine culturel
dans toutes ses composantes, il favorise
118
Source : www.who.int
MDPH
Les
Maisons
Personnes
dans
depuis
tous
départementales
Handicapées
les
l’entrée
sont
départements
en
vigueur
des
présentes
français
de
la
loi
handicap du 11 février 2005, leur rôle
ayant été définies par l'article 64. Elles ont
pour
missions
d’offrir
aux
personnes
handicapées ainsi qu'à leurs familles la
possibilité d'accéder aux principaux droits
et prestations, de favoriser leur accueil et
accompagnement
mais
également
de
sensibiliser l’ensemble des citoyens sur les
problèmes qu’elles rencontrent. Parmi leurs
attributions, les MDPH ont la charge de
délivrer
les
cartes
d'invalidité
ou
de
ONU
L’Organisation des Nations Unies est un
organisme international établi en 1945 au
sortir de
regroupe
la 2ème
tous
Guerre
les
pays
mondiale
du
monde
qui
à
quelques exceptions près. Si sa vocation
première est politique puisqu’elle a pour
finalité la paix internationale, elle chapote
également les agences spécialisées que
sont l’OMS pour la santé, l’UNESCO pour
la coopération internationale en termes
d’éducation, de culture et scientifique et
l’UNICEF pour les enfants. Ses objectifs
principaux sont de faciliter la coopération
priorité.
dans les domaines du droit et de la
Source : www.mdph.fr
économique,
sécurité internationale, du développement
OMS
Fondée en 1948, l'Organisation mondiale
du
dirigée par les 192 états membres qui
sont représentés par leurs délégués au
sein de l’Assemblée mondiale de la Santé.
D’après sa Constitution, l'OMS a pour but
d'amener tous les peuples au niveau de
santé le plus élevé possible. Cette dernière
y est définie comme un état complet de
bien-être physique, mental et social qui ne
consiste pas seulement en une absence
de maladie ou d'infirmité. Les missions de
l’organisation sont, dès lors, très variées.
social
ce
qui
Source : www.un.org/fr/aboutun/
de la Santé est une institution spécialisée
des Nations Unies pour la santé. Elle est
progrès
inclut les droits de l’homme.
Plan Autisme
Quand en 2005 la loi sur le handicap a
été promulguée, l’étant français s’est aussi
lancé dans un programme à l’application
nationale
pour
charge
des
Concrètement
améliorer
la
prise
personnes
le
Plan
en
autistes.
Autisme
est
un
ensemble de mesures qui ont été définis
par le gouvernement français. Trois Plans
se
sont
2008-2010,
succédés
depuis :
2013-2017.
2005-2007,
Avec
des
orientations diversifiées, ils comprennent
notamment
l’élaboration
de
119
recommandations en matière de dépistage,
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Po
de diagnostic et de prise en charge, la
litiques-ministerielles/Developpement-
sensibilisation
la
culturel/Culture-et-handicap2/Reunion-des-
formation des intervenants, l’amélioration
du
grand
etablissements-culturels-pour-l-accessibilite-
de
RECA
l’accueil
public
en
l’établissement
et
établissement,
d’un
champ
de
TED
connaissances scientifiques communes, etc.
le-troisieme-plan-autisme
Dans le cadre de la CIM-10 de l’OMS, les
troubles envahissants du développement
réunissent huit handicaps qui apparaissent
RECA
situations cliniques diverses et entraînent
Source :
http://www.gouvernement.fr/gouvernement/
dès l’enfance. Ces troubles regroupent des
La Réunion des établissements culturels
pour l’accessibilité est une mission lancée
en 2003 par le ministre de la Culture et
de la Communication. En 2013, il regroupe
23 établissements dont quatorze relèvent
du
MCC
auxquels
s’associent
trois
institutions observatrices. L’enjeu est pour
les
musées
concrètes
de
afin
personnes
proposer
d’améliorer
handicapées
établissements
des
culturels.
mesures
l’accueil
des
dans
les
Ainsi
plusieurs
groupes de travail étudient les questions
des
situations
de
handicap
très
hétérogènes. Néanmoins ils ont été définis
comme
«
un
groupe
de
troubles
caractérisés par des altérations qualitatives
des interactions sociales réciproques et
des modalités de communication, ainsi que
par un répertoire d’intérêts et d’activités
restreint,
stéréotypé
anomalies
et
qualitatives
caractéristique
fonctionnement
répétitif.
Ces
constituent
une
envahissante
du
sujet,
en
du
toutes
situations. »
de l'emploi des personnes handicapées
Source : http://www.has-
dans
sante.fr/portail/upload/docs/application/p
les
établissements
culturels,
la
promotion auprès du public handicapé des
df/2010-
offres culturelles adaptées, l'apport des
03/autisme_et_autres_ted_etat_des_connais
nouvelles technologies pour les visiteurs
sances_resume.pdf
handicapés,
la
mise
en
conformité
du
cadre bâti et de l’offre des institutions
avec la loi de 2005.
Source :
120
base sur des critères liés à la fois à
TEACCH
Signifiant
Traitement
et
éducation
des
enfants autistes ou atteints de troubles de
la
communication
associés
and Education
(Treatment
of Autistic
and
related Communication
handicapped Children),
TEACCH
est
un
l'architecture, aux équipements et à la
qualité de l'accueil et des services. Ainsi il
apporte une information fiable, homogène
et objective sur le niveau d’accessibilité
d’un
site
et
garantit
aux
Source : http://www.tourisme-
70 en Caroline du Nord. Il s’adresse aux
handicaps.org/
présentant
des
troubles
Théorie de l’esprit
autistiques tout au long de leur vie et se
base sur la collaboration entre l’équipe
soignante et la famille pour établir un
programme personnalisé en fonction des
capacités propres de l’individu. L’objectif
principal est améliorer la communication
sans
recourir
à
un
traitement
médicamenteux. Pour diverses raisons dont
la place restreinte accordée aux parents,
le programme est peu utilisé en France.
La Théorie de l’esprit est, en sciences
cognitives, l’ensemble des processus par
lequel un individu est apte à attribuer un
état mental qu’il s’agisse d’une croyance,
intention, désir, connaissance, etc. à luimême ou à une autre personne. La faculté
d’entendement
sur
« soi » et « les autres » n’est pas innée,
certaines pathologies dont l’autisme fait
partie, il existe un défaut de cette théorie.
T&H
Source : http://www.memoireonline.com
C’est à partir des années 90 qu’un secteur
TSA
touristique adapté aux handicaps a émergé
le
monde.
Le
label
national
Tourisme et Handicap a quant-à-lui été
créé en France en 2001 sous la tutelle du
délégué
au
Tourisme. Il
est
attribué, pour un ou plusieurs types de
handicap,
entre
qu’aux émotions. Mais, dans le cas de
teacch.html
ministère
distinction
delà de l’empathie car elle ne s’applique
educatif.fr/quest-ce-que-lautisme/7-
par
la
elle dépend d’un apprentissage allant au-
Source : http://www.soutien-
de
un
accueil adapté à leurs déficiences.
programme développée dans les années
personnes
touristes
après
une
évaluation
de
l'accessibilité des sites touristiques qui se
La
notion
de
Troubles
du
Spectre
Autistique est un terme qui peut désigner
l’autisme mais qui en précise la diversité.
Les
TSA
troubles
forment
du
donc
le
spectre
développement
de
humain
caractérisés par des anormalités dans les
interactions sociales et la communication,
121
ainsi que par des intérêts restreints et un
comportement répétitif. Au sein de la CIM10
ils
regroupent
cinq
catégories :
l’autisme à proprement parlé, le syndrome
de
Rett,
le
trouble
désintégratif
de
l’enfance, le syndrome d’Asperger et le
trouble envahissant du développement non
UNESCO
L'Organisation
des
Nations
unies
pour
l'éducation, la science et la culture est
une institution spécialisée de l’ONU qui a
été créé simultanément en 1945. Selon sa
constitution, elle a pour mission de «
spécifié.
contribuer au maintien de la paix et de la
Source :
science et la culture, la collaboration entre
http://www.autismsupportnetwork.com
nations, afin d’assurer le respect universel
sécurité en resserrant, par l’éducation, la
de la justice, de la loi, des droits de
UNAPEI
Créée
en
1960,
Associations
de
l’Union
Parents
l’homme
Nationale
et
Amis
des
de
Personnes Handicapées Mentales est une
fédération d’associations reconnue d’utilité
publique ayant pour vocation la défense
des intérêts des personnes handicapées
mentales
et
de
leurs
familles.
Elle
rassemble 600 associations généralistes ou
spécialisées dans un type de handicap
et
des
libertés
fondamentales
pour tous, sans distinction de race, de
sexe, de langue ou de religion, que la
Charte des Nations unies reconnaît à tous
les peuples ». L’UNESCO entretient par
ailleurs
des
relations
avec
319
Organisations non gouvernementales (ONG)
internationales.
Source : fr.unesco.org
mental qui regroupent 60 000 familles,
emploient 75 000 professionnels, gèrent 3
000 établissements et services
sociaux,
qui
personnes
accompagnement
handicapées.
médico180
L’union
000
dispose
d’une certaine attention de la part des
pouvoirs publics français et c’est aussi un
interlocuteur
des
institutions
à
l’échelle
européenne.
Source : www.unapei.org
122
ANNEXES
123
124
SOMMAIRE
1
EXTRAIT DE LA LOI DU 11 FÉVRIER 2005
EXTRAIT DU QUESTIONNAIRE D’ÉVALUATION DE L’ACCESSIBILITÉ AUX PERSONNES
2
HANDICAPÉES
3
GRILLE D’ANALYSE DES LIEUX MUSÉAUX
4
RECUEIL DES FICHES DE VISITES DES MUSÉES :
o
MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS
o
PALAIS DE LA DÉCOUVERTE
o
CITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE
o
MUSÉE D’ORSAY
o
CENTRE POMPIDOU
o
MUSÉE DU QUAI BRANLY
o
PINACOTHÈQUE
5
6
CLASSIFICATION DES MUSÉES
7
COMPTE RENDU DE LA VISITE EFFECTUÉE EN COMPAGNIE DE PERSONNES
RÉCAPITULATIF DES DONNÉES RECUILLIES SUR LES ESPACES MUSÉAUX
AUTISTES
125
ANNEXE 1
Extrait de la loi n°2005-102 du 11 février 2005
Titre IV / Accessibilité
Chapitre III / Cadre bâti, transports et nouvelles
technologies
Article 41
I. - L’article L. 111-7 du code de la construction et de l’habitation est
remplacé par cinq articles L. 111-7 à L. 111-7-4 ainsi rédigés :
« Art. L. 111-7. - Les dispositions architecturales, les aménagements
et équipements intérieurs et extérieurs des locaux d’habitation, qu’ils
soient
la
propriété
de
personnes
privées
ou
publiques,
des
établissements recevant du public, des installations ouvertes au public
et des lieux de travail doivent être tels que ces locaux et installations
soient accessibles à tous, et notamment aux personnes handicapées,
quel que soit le type de handicap, notamment physique, sensoriel,
cognitif, mental ou psychique, dans les cas et selon les conditions
déterminés aux articles L. 111-7-1 à L. 111-7-3. Ces dispositions ne
sont pas obligatoires pour les propriétaires construisant ou améliorant
un logement pour leur propre usage.
« Art. L. 111-7-1. - Des décrets en Conseil d’État fixent les modalités
relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées prévue à l’article
L. 111-7 que doivent respecter les bâtiments ou parties de bâtiments
nouveaux. Ils précisent les modalités particulières applicables à la
construction de maisons individuelles.
126
« Les mesures de mise en accessibilité des logements sont évaluées
dans un délai de trois ans à compter de la publication de la loi n°
2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances,
la participation et la citoyenneté des personnes handicapées et une
estimation de leur impact financier sur le montant des loyers est
réalisée afin d’envisager, si nécessaire, les réponses à apporter à ce
phénomène.
« Art. L. 111-7-2. - Des décrets en Conseil d’État fixent les modalités
relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées prévue à l’article
L. 111-7 que doivent respecter les bâtiments ou parties de bâtiments
d’habitation existants lorsqu’ils font l’objet de travaux, notamment en
fonction
de
la
nature
des
bâtiments
et
parties
de
bâtiments
concernés, du type de travaux entrepris ainsi que du rapport entre le
coût de ces travaux et la valeur des bâtiments au-delà duquel ces
modalités s’appliquent. Ils prévoient dans quelles conditions des
dérogations motivées peuvent être autorisées en cas d’impossibilité
technique ou de contraintes liées à la préservation du patrimoine
architectural, ou lorsqu’il y a disproportion manifeste entre les
améliorations apportées et leurs conséquences. Ces décrets sont pris
après avis du Conseil national consultatif des personnes handicapées.
« En cas de dérogation portant sur un bâtiment appartenant à un
propriétaire possédant un parc de logements dont le nombre est
supérieur à un seuil fixé par décret en Conseil d’État, les personnes
handicapées affectées par cette dérogation bénéficient d’un droit à
être relogées dans un bâtiment accessible au sens de l’article L. 1117, dans des conditions fixées par le décret en Conseil d’État
susmentionné.
« Art. L. 111-7-3. - Les établissements existants recevant du public
doivent être tels que toute personne handicapée puisse y accéder, y
circuler et y recevoir les informations qui y sont diffusées, dans les
parties ouvertes au public. L’information destinée au public doit être
diffusée par des moyens adaptés aux différents handicaps.
« Des décrets en Conseil d’État fixent pour ces établissements, par
type et par catégorie, les exigences relatives à l’accessibilité prévues
à l’article L. 111-7 et aux prestations que ceux-ci doivent fournir aux
personnes handicapées. Pour faciliter l’accessibilité, il peut être fait
127
recours aux nouvelles technologies de la communication et à une
signalétique adaptée.
« Les établissements recevant du public existants devront répondre à
ces exigences dans un délai, fixé par décret en Conseil d’État, qui
pourra varier par type et catégorie d’établissement, sans excéder dix
ans à compter de la publication de la loi n° 2005-102 du 11 février
2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées.
« Ces décrets, pris après avis du Conseil national consultatif des
personnes handicapées, précisent les dérogations exceptionnelles qui
peuvent être accordées aux établissements recevant du public après
démonstration de l’impossibilité technique de procéder à la mise en
accessibilité ou en raison de contraintes liées à la conservation du
patrimoine architectural ou lorsqu’il y a disproportion manifeste entre
les améliorations apportées et leurs conséquences.
« Ces dérogations sont accordées après avis conforme de la
commission départementale consultative de la protection civile, de la
sécurité et de l’accessibilité, et elles s’accompagnent obligatoirement
de mesures de substitution pour les établissements recevant du public
et remplissant une mission de service public.
« Art. L. 111-7-4. - Un décret en Conseil d’État définit les conditions
dans lesquelles, à l’issue de l’achèvement des travaux prévus aux
articles L. 111-7-1, L. 111-7-2 et L. 111-7-3 et soumis à permis de
construire, le maître d’ouvrage doit fournir à l’autorité qui a délivré ce
permis un document attestant de la prise en compte des règles
concernant
l’accessibilité.
Cette
attestation
est
établie
par
un
contrôleur technique visé à l’article L. 111-23 ou par une personne
physique ou morale satisfaisant à des critères de compétence et
d’indépendance déterminés par ce même décret. Ces dispositions ne
s’appliquent pas pour les propriétaires construisant ou améliorant leur
logement pour leur propre usage. »
II. - Après l’article L. 111-8-3 du même code, il est inséré un article L.
111-8-3-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 111-8-3-1. - L’autorité administrative peut décider la
fermeture d’un établissement recevant du public qui ne répond pas
aux prescriptions de l’article L. 111-7-3. »
128
III. - L’article L. 111-26 du même code est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« Dans les cas prévus au premier alinéa, le contrôle technique porte
également sur le respect des règles relatives à l’accessibilité aux
personnes handicapées. »
IV. - Une collectivité publique ne peut accorder une subvention pour
la construction, l’extension ou la transformation du gros œuvre d’un
bâtiment soumis aux dispositions des articles L. 111-7-1, L. 111-7-2
et L. 111-7-3 du code de la construction et de l’habitation que si le
maître d’ouvrage a produit un dossier relatif à l’accessibilité. L’autorité
ayant accordé une subvention en exige le remboursement si le maître
d’ouvrage n’est pas en mesure de lui fournir l’attestation prévue à
l’article L. 111-7-4 dudit code.
V. - La formation à l’accessibilité du cadre bâti aux personnes
handicapées est obligatoire dans la formation initiale des architectes
et des professionnels du cadre bâti. Un décret en Conseil d’État
précise les diplômes concernés par cette obligation.
Article 42
L’article L. 123-2 du code de la construction et de l’habitation est
complété par une phrase ainsi rédigée :
« Ces mesures complémentaires doivent tenir compte des besoins
particuliers des personnes handicapées ou à mobilité réduite. »
Article 43
I. - La première phrase du deuxième alinéa de l’article L. 151-1 du
code de la construction et de l’habitation et la première phrase du
premier alinéa de l’article L. 460-1 du code de l’urbanisme sont
complétées par les mots : «, et en particulier ceux concernant
l’accessibilité aux personnes handicapées quel que soit le type de
handicap ».
II. - Le code de la construction et de l’habitation est ainsi modifié :
1° A l’article L. 152-1, les « références : L. 111-4, L. 111-7 » sont
remplacées par les références :
129
« L. 111-4, L. 111-7 à L. 111-7-4 » ;
2° À l’article L. 152-3, les mots : « à l’article L. 152-4 (2e alinéa) »
sont remplacés par les mots : « au premier alinéa de l’article L. 1524 ».
III. - L’article L. 152-4 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 152-4. - Est puni d’une amende de 45 000 EUR le fait, pour
les utilisateurs du sol, les bénéficiaires des travaux, les architectes,
les entrepreneurs ou toute autre personne responsable de l’exécution
de travaux, de méconnaître les obligations imposées par les articles L.
111-4, L. 111-7, L. 111-8, L. 111-9, L. 112-17, L. 125-3 et L. 131-4,
par les règlements pris pour leur application ou par les autorisations
délivrées en conformité avec leurs dispositions. En cas de récidive, la
peine est portée à six mois d’emprisonnement et 75 000 EUR
d’amende.
« Les peines prévues à l’alinéa précédent sont également applicables
:
« 1° En cas d’inexécution, dans les délais prescrits, de tous travaux
accessoires
d’aménagement
ou
de
démolition
imposés
par
les
autorisations mentionnées au premier alinéa ;
« 2° En cas d’inobservation, par les bénéficiaires d’autorisations
accordées pour une durée limitée ou à titre précaire, des délais
impartis pour le rétablissement des lieux dans leur état antérieur ou
la réaffectation du sol à son ancien usage.
« Ainsi qu’il est dit à l’article L. 480-12 du code de l’urbanisme :
« “Sans préjudice de l’application, le cas échéant, des peines plus
fortes prévues aux articles
433-7 et 433-8 du code pénal, quiconque aura mis obstacle à
l’exercice du droit de visite prévu à l’article L. 460-1 sera puni d’une
amende de 3 750 EUR.
« En outre, un emprisonnement d’un mois pourra être prononcé.
« Les personnes physiques coupables de l’un des délits prévus au
présent
article
encourent
également
la
peine
complémentaire
130
d’affichage ou de diffusion, par la presse écrite ou par tout moyen
de communication audiovisuelle, de la décision prononcée, dans les
conditions prévues à l’article 131-35 du code pénal.
«
Les
personnes
morales
peuvent
être
déclarées
responsables
pénalement, dans les conditions prévues à l’article 121-2 du code
pénal, des infractions aux dispositions de l’article L. 111-7, ainsi que
des règlements pris pour
son
application
ou
des autorisations
délivrées en conformité avec leurs dispositions. Elles encourent les
peines suivantes :
« a) L’amende, suivant les modalités prévues par l’article 131-38 du
code pénal ;
« b) La peine complémentaire d’affichage ou de diffusion, par la
presse écrite ou par tout moyen de communication audiovisuelle, de
la décision prononcée, dans les conditions prévues à l’article 131-35
du même code ;
« c) La peine complémentaire d’interdiction, à titre définitif ou pour
une
durée
de
cinq
ans
au
plus,
d’exercer
directement
ou
indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales,
selon les modalités prévues à l’article 131-48 du même code. »
131
ANNEXE 2
.
2. CIRCULATION HORIZONTALE ET VERTICALE
2.1. Entrée principale
• Nombre de marches : ............................................
• Hauteur des marches : ...........................................
• Profondeur des marches : ...........................................
• Usure des marches : ...........................................
• Il existe une porte lourde à pousser
oui ‰ non ‰
• Portes aux poignées préhensibles (comprises entre 0,40m et 1,30m de
hauteur)
oui ‰ non ‰
• Couloir d’une largeur inférieure à 1,4 m
oui ‰ non ‰
• Autres :
.........................................................................................…………………………….
...............................................................................................................………………………
…
• Si l'entrée principale n'est pas accessible, il existe une entrée annexe :
oui ‰ non ‰
• Cette entrée annexe est signalée :
oui ‰ non ‰
Description (lieu, accessibilité,...) :
...................................................................………………...
...............................................................................................................………………………
...............................................................................................................………………………
• La sortie principale est accessible :
oui ‰ non ‰
si non, préciser :
..........................................................................................…………………….
...............................................................................................................……………………
• L’ensemble du site est de plain-pied :
oui ‰ non ‰
• Nombre de niveaux ouverts au public ............
• Nombre de niveaux totalement accessibles : ...........
• Nombre de niveaux accessibles avec l'aide d'un accompagnateur : ...........
• Espaces totalement inaccessibles en fauteuil roulant, même avec l’aide
d’un accompagnateur : ............
132
2.2.
Ascenseurs
• Il existe un ou plusieurs ascenseurs à la disposition des publics dans l'établissement :
oui ‰ non ‰
• si oui, nombre : ......... et description :
• Largeur de l'entrée : .........
• Largeur de la cabine : .........
• Profondeur de la cabine : .........
• Hauteur des boutons de commande : .........
• Espace de rotation devant l’ascenseur (1,4 m min.) suffisant ‰ insuffisant ‰
• précision d’arrêt (2 cm maximum) :
suffisant ‰ insuffisant ‰
• boutons braille ou gros caractères
oui ‰
non ‰
• signal sonore indiquant les étages
oui ‰
non ‰
remarques : ..............................................................................................……………………...
...............................................................................................................…………………………
2.3.
Escaliers
] pour accéder au rez-de-chaussée
• Nombre (approximatif) de marches : ...........................................
• Hauteur maximum des marches : ...........................................
• Profondeur des marches : ...........................................
• Usure des marches : ...........................................
Si oui, les mains courantes sont :
• Espaces de repos entre les dénivellations
oui ‰ non
• Présence de mains courantes
non
oui ‰ ‰
aux normes
nombreuses
rares
‰
‰
‰
‰
] pour accéder aux étages
• Nombre (approximatif) de marches : ...........................................
• Hauteur maximum des marches : ...........................................
• Profondeur des marches : ...........................................
• Usure des marches : ...........................................
Si oui, les mains courantes sont :
• Espaces de repos entre les dénivellations
oui ‰ non
• Présence de mains courantes
non
oui ‰ ‰
aux normes
nombreuses
rares
‰
‰
‰
‰
remarques : ..............................................................................................……………………...
...............................................................................................................…………………………
133
2.4.
Plans inclinés
• Il existe des plans inclinés
oui ‰ non ‰
• si oui :
- nombre : ...........................................
- amovible ‰
fixe ‰
- pente < 5%
oui ‰ non ‰
- revêtement antidérapant
oui ‰ non ‰
- Si la pente est > à 10
mètres, présence de
paliers de repos oui
‰ non ‰
• remarques : ............................................................................................……………………...
...............................................................................................................…………………………
2.5.
Sièges, bancs, points de repos
• Il existe des sièges de repos à l’extérieur du monument
• si oui
• nombre : .......
• état (hauteur…) : ....... oui ‰ non ‰
• localisation (ombragée, plein soleil, accessibilité…) : .......
• Il existe des sièges de repos à l’intérieur du monument
• si oui
• nombre : .......
• état (hauteur…) : .......oui ‰ non ‰
• localisation (ombragée, plein soleil, accessibilité…) : .......
• remarques : ............................................................................................……………………...
.............................................................................................
133
ANNEXE 3
ACCES :
LIEU D’EXPOSITION :
Par le parking directement
Rapport au dehors + ou – vitré
Par l’extérieur
Type d’espace : contenant / ouvert / symétrie /
dimensions, proportions…
Cadre urbain dilaté ou resserré aux abords
Parti pris scénographique : cloisonnement / éclairage /
couleurs / aménagements (vitrine, cordon de sécurité)
HALL D’ENTREE :
PARCOURS :
Type de portes : tambours / battants / vitrées ou non…
+ ou – simple
Rapport au dehors + ou – vitré
+ ou – lisible
Organisation spatiale : accueil, accès aux expositions,
aux services / espaces délimités ou ouverts /
signalisation
CIRCULATIONS VERTICALES :
Type d’espace : contenant / ouvert / symétrie /
dimensions, proportions…
Escaliers ? Ascenseurs ?
Types / dimensions / inclus dans le parcours ou non
Eclairage, couleurs…
+ Thématique des expositions
+ Renseignements sur le type d’accompagnement et de
visites prévues
135
ANNEXE 4
MUSEE DES ARTS ET METIERS
Situé dans le 3ème arrondissement de Paris, le Musée des arts et métiers est installé dans les
bâtiments de l’ancien prieuré royal de Saint-Martin-des-Champs. Composé de plusieurs corps de
bâtiments, ceux antérieurs au 20ème siècle ont été classés au titre des monuments historiques depuis le
15 mars 1993.
Fondé en 1794, le Conservatoire des arts et métiers était à l’origine un établissement destiné à former
des techniciens et des ingénieurs à l’aide de démonstrations réalisées à partir d’objets scientifiques et
techniques. Les galeries du musée ouvrirent leurs portes 1802. Sur une surface totale de 10 000 m², 6
000 m² sont dévolus à l'exposition permanente. C’est aujourd’hui une institution d'État sous la tutelle
du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a été labellisé « Musée de France » en
2002.
En 2003, le musée a reçu le label "Tourisme et Handicap" pour le handicap auditif. En effet, le CNAM
a une politique développée pour l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap
avec un service spécial, le Handi’cnam. La mission Handi'cnam dont est chargé ce service est « de
conduire la politique de handicap de l'établissement ; elle centralise et instruit les demandes de temps
majorés et aménagements pour examen et études du centre d'enseignement de Paris. Elle conseille les
centres régionaux du Cnam. » A noter que sur le site le handicap mental arrive en troisième position,
avant le handicap visuel.
Par ailleurs, pour améliorer l’accueil des personnes handicapées mentales, le musée travaille en lien
avec différents partenaires (institutions spécialisées, autres établissements culturels). Un programme
d’activités spécifique s’articule autour de visites et ateliers qui permettent une découverte ludique des
collections. Des visites adaptées des collections sont également proposées et des informations sont
données à ceux préférant parcourir les expositions en autonomie. Sept activités et visites sont
proposées en tout pour ce public spécifique.
136
CARREFOUR BRUYANT ET ACCES HANDICAPE
Donnant sur le carrefour des Arts et Métiers où se situe le métro, le musée a prévu pour l’accueil des
personnes handicapées, moteurs mais pouvant bénéficier aux personnes le désirant, des déposes
minutes dont l’un se situe dans une rue à l’arrière, plus calme.
Le bâtiment est mis à distance de la rue grâce à un petit jardin qui amène vers l’entrée. Les
dimensions du hall sont très raisonnables en comparaison d’autres hall de musée et l’ambiance
lumineuse autant que les matériaux, la pierre est très présente, sont homogènes. Ce dernier est baigné
de lumière naturelle grâce à la présence de larges fenêtres qui viennent s’inscrire dans les
encadrements du mur. De ce fait, si un lien visuel existe avec l’extérieur, la limite dedans dehors
demeure bien définie. En revanche, l’entrée se fait, à priori, par des portes tambours manuels ce qui
peut-être stressant pour un autiste. Cependant il y a aussi des portes battantes qui pourraient
permettre de ne pas avoir à emprunter les portes tournantes.
LIBERTE DU PARCOURS LINEAIRE ET LIEUX PONCTUELS DE DETENTE
L’accès aux expositions temporaires se fait par le rez-de-chaussée alors que celui aux permanentes
peut s’effectuer en plusieurs endroits. Tout dépend du parcours qui a été choisi. En effet, l’exposition
est divisée par thématique et il existe plusieurs accès. Ainsi, il est possible de ne passer que dans une
partie de l’exposition. Les parcours sont simples, linéaires principalement. Cela découle de la
morphologie des salles qui correspondent au modèle historique de la galerie.
Un lieu détonne… sous la charpente en bois, la première partie de l’exposition, à laquelle il est
possible d’accéder par un ascenseur, procure une impression de cocon, malgré les grandes vitrines qui
protègent les divers objets présentés 1. A l’opposé, la salle des machines dans l’ancienne église parait
beaucoup moins propice à la venue des personnes autistes. Le lieu présente de grandes dimensions,
une structure permet de monter voir des transports anciens mais est totalement ouvert sur l’immensité
du lieu.
A noter également, la présence, en plusieurs endroits, de petites pièces isolées des espaces
d’exposition et dans lesquelles se trouvent des banquettes. Ces lieux sont particulièrement propices au
rassérènement des personnes présentant des troubles autistiques d’autant que la lumière y est tamisée.
Si le reste des banquettes se situent dans les salles à la vue de tous, une bonne partie d’entre elles
sont adossées aux parois ce qui évite le passage de visiteurs dans le dos des personnes assises.
AMBIANCE HOMOGENE, LIEU A L’ECART
L’ambiance générale des lieux est assez homogène. Au second niveau, tous les vitrages des fenêtres
sont opalescents. Elles ne constituent pas de ce fait de distraction possible. Par ailleurs, la lumière
naturelle provient également du plafond dont les vitres ont été traitées de manière similaire. Au
premier la transparence des vitrages est tempérée par la présence de filtres aux couleurs pales. La
137
lumière artificielle est de teinte chaude et les matériaux sont unifiés. Du parquet au sol relativement
clair, des murs blancs et les vitrines et autres présentoirs en bois massifs de teinte sombre. Il semble
que ce mobilier assez imposant permet de contrebalancer l’effet du vitrage en matérialisant la limite
des vitrines. Ce mobilier permet également de structurer les longues salles et de recréer des
séquences 2. Néanmoins, certains spots au plafond, lumière directe, pourraient être un facteur
d’éblouissement pour certains visiteurs.
AMENAGEMENTS SCENOGRAPHIQUES ET BRUIT
Les cartels sont écrits en langage simple et titrés en gros caractère ce qui favorise la lecture du titre
au moins. Quant aux dispositifs audiovisuels la plupart sont insonorisés et à écouter au casque. Mais
d’autres propagent un bruit diffus dans les espaces d’exposition. Le bruit qui s’élève de certains
dispositifs à manipuler, de part leur conception en bois entre autre, est parfois très élevé. Par ailleurs
c’est l’ancien parquet grinçant qui vient ajouter au bruit de fond.
Le parcours est séquencé par des couleurs distinctes en fonction de la thématique. C’est l’intérieur des
vitrines qui est coloré principalement mais certains murs le sont aussi. Cela aide au repérage dans
l’espace.
Finalement, mis à part le bruit, il semble que l’attention portée aux personnes handicapées de
manière générale et les efforts que l’institution fournis pour leur accueil ait influencé un temps soit peu
certains aménagements muséographiques et scénographiques. Le musée parait vraisemblablement
accessible à un grand nombre de personnes présentant des troubles autistiques
1 Contenance et lumière chaude dans le 1er
2 Lumière naturelle, longue perspective et mobilier
espace d’exposition
massif qui redécoupe l’espace.
138
PALAIS DE LA DECOUVERTE
Le Palais de la découverte est à la fois musée et centre culturel scientifique. Il est installé
dans l'aile ouest du Grand Palais, à proximité des Champs Elysée. Initié en 1937 par Jean Perrin, le
musée, à l’origine éphémère, avait pour but de montrer à tous les publics « la science en train de se
faire ». Il s’agissait alors de la faire sortir des laboratoires et de faire participer le public aux
découvertes scientifiques. Le gouvernement le pérennisa par un décret en 1938. Par la suite, il fut
successivement transformé en établissement public en 1970 et en grand établissement en 1972. Depuis
le 1er janvier 2010, le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences et de l'Industrie sont regroupés
au sein d'un EPIC commun nommé Universcience. Il a pour mission de sortir les expériences des
laboratoires de recherche en développant l’intérêt des jeunes principalement pour la science. Cette
démarche nécessite la collaboration entre des chercheurs, des médiateurs et des muséologues afin
transformer de rendre compréhensible à tous les dispositifs scientifiques.
CADRE CALME ET ESCALIERS
Le Palais de la découverte se situe à proximité des Champs-Elysées, mais n’étant pas sur l’avenue il
bénéfice d’un accès par une rue calme et d’espaces verts aux alentours. Une bouche de métro et un
parking sont proches mais il semble possible de déposer les visiteurs à quelques pas du grand escalier
qui monte vers les portes d’entrée. Il s’agit de portes vitrées coulissantes. En effet, l’entrée se situe en
hauteur et il n’y a pas d’ascenseur qui permette d’y accéder. A l’intérieur du bâtiment, il en va de
même. Aucun espace n’est accessible de plein pied ce qui peut-être rédhibitoire pour certaines
personnes handicapées.
UN MONDE A PART AUX DIMENSIONS MONUMENTALES
Etant intégré dans un édifice en pierre de taille, l’immense hall cylindrique tire principalement sa
lumière d’une majestueuse coupole dotée d’une verrière. L’opacité de l’espace vis-à-vis de l’extérieur
renforce ainsi sont intériorité. Le lieu n’en est pas moins spacieux car les proportions sont
monumentales. L’ensemble des fonctions du Palais, des espaces d’expositions au café, s’organisent
autour de ce hall, point central du bâtiment. La billetterie fait face à l’entrée, de l’autre côté du hall
totalement dégagé. Entre les deux, quelques bancs adossés aux murs périphériques et des escaliers qui
139
permettent l’accès aux expositions. Leur symétrie accentue la centralité de la zone d’accueil. Cette
dernière est suffisamment spacieuse pour que l’accueil confortable de deux groupes se fasse
simultanément.
AMBIANCES CONTRASTEES ET LIEU BRUYANT
Dans cette partie de l’édifice les matériaux sont homogènes, en pierre principalement, mais des
ambiances très contrastées se dégagent de ce que l’on perçoit des différentes expositions. En effet
elles donnent directement sur le hall, sans exception. Un balcon circulaire en mezzanine dessert les
expositions situées au premier étage et offre aux visiteurs une certaine liberté de parcours. Le même
système donne accès aux expositions à l’étage supérieur. S’il est possible de parcourir une zone
thématique, de ressortir puis de se rendre à une seconde, il est également permis de passer
directement d’une zone à l’autre. Il y a une grande hétérogénéité des ambiances, couleurs, etc. qui
reflètent la variété des thèmes présentés.
La contre partie, d’un hall d’accueil circulaire 1 aussi vaste et qui communique par les balcons avec
l’ensemble des espaces d’expositions, est qu’il raisonne. Ainsi dès que plusieurs personnes parlent en
même temps un bruit, plus intense que la rumeur souvent perçue dans les grands espaces publics, se
fait entendre. Autant dire qu’un bruit permanent monte depuis le hall. Ajouté à cela que les expositions
sont pour la plupart équipés de dispositifs audiovisuels dont le son n’est que faiblement directionnel et
vient alors renforcer le bruit ambiant.
POINTS POSITIFS OU NEGATIFS RETENUS DES EXPOSITIONS
Dans l’exposition temporaire sur les fourmis, le revêtement mou du sol peut-être très bénéfique en cas
de chute ou plus généralement pour le confort des enfants que les accompagnateurs font souvent
asseoir à même le sol. A l’inverse, pour ce qui est de l’éclairage, des projecteurs aux teintes chaudes
provoquent de forts contrastes et éblouissent plus ou moins selon le lieu où l’on se situe. Dans
l’exposition sur la lumière 2, une transition radicale propose de passer du vaste balcon aux proportions
monumentales à une petite entrée noire de laquelle on peut entrevoir des néons, très peu
recommandés pour le confort des personnes autistes.
Pour accéder à la zone sur l’espace, c’est tout un escalier qui se trouve plongé dans le noir. La
mezzanine sur laquelle il se situe est très sombre et c’est, de plus, probablement le lieu le plus
bruyant du Palais. Il y a, à la sortie de la précédente zone, une multitude de panneaux… A la
rencontre entre deux espaces bruyants, le bruit et les nombreux panneaux constituent deux points
fortement préjudiciables pour le confort des visiteurs présentant des syndromes autistiques.
Globalement les changements lumineux brutaux sont récurrents.
Le volume sonore est
également élevé. L’hétérogénéité des ambiances, des matériaux, l’immense hall dont rien ne vient
atténuer
les dimensions monumentales, l’accès peu pratique… De nombreux éléments négatifs
ressortent de cette visite.
140
Exposition « Terre et Vie ». Espace très dégagé, grandes dimensions et éclairage direct
1 L’immense hall circulaire et la très faible ouverture
2 Depuis le balcon, accès à l’exposition « Lumière »
sur l’extérieur.
fort contraste lumineux et utilisation de néons.
141
CITE DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE
Située au sein du Parc de la Villette, dans le 19ème arrondissement de Paris, La Cité des
Sciences et de l’Industrie est un établissement spécialisé dans la diffusion de la culture scientifique et
technique. Complément du Palais de la découverte, la Cité a ouvert ses portes le 13 mars 1986 et
depuis
2010,
les
deux
institutions
sont
regroupées
dans
un
établissement
commun
nommé
Universcience. Créée à l'initiative du Président Giscard d'Estaing, elle a pour mission de diffuser à un
large public, notamment aux enfants et aux adolescents, les connaissances scientifiques et techniques.
Elle regroupe à la fois des lieux d’expositions temporaires et permanentes, une bibliothèque et des
salles de cinéma.
La Cité des enfants, ouverte depuis 1992, a été renouvelée et agrandie en 2007. Elle accueille depuis
les enfants à partir de 2 ans. Un parcours spécifique, composé de nombreuses activités ludiques et
éducatives, y est proposé aux tout petits.
ENTRE PARC ET VILLE, UN INTERIEUR CHARGE D’INFORMATIONS
En arrivant par le parc, l’élément naturel présent par des espaces larges procure un cadre calme.
L’arrivée par l’avenue où circule de nombreux véhicules où par le métro est nettement moins tranquille.
Mais, mise à distance des zones bruyantes, la Cité bénéficie d’un grand parvis depuis lequel la vue est
dégagée.
La façade d’entrée, vitrée, permet une première vision du hall. La double hauteur au centre de celui-ci,
que l’on perçoit quand on s’avance à l’intérieur, n’est pas perceptible depuis l’extérieur. En effet, la
zone d’accueil et la billetterie, auxquelles on accède par un grand sas aux portes coulissantes,
bénéficient d’un plafond abaissé puisque se superpose à l’entrée d’autres espaces au premier étage. Il
est possible d’accéder directement aux espaces d’expositions si les billets ont été au préalable réservés
et les personnes handicapées ainsi que leur accompagnateur profitent d’un accès gratuit à toutes les
142
expositions. Le lieu est composé de plusieurs zones identifiables qui viennent aménagés des sousespaces assez ouverts. Habillés d’une multitude de matériaux, s’y associent les nombreuses affiches, la
lumière naturelle, celle artificielle qui vient interférer dans la lecture de l’espace… Ces divers éléments
créent une confusion sensorielle de par leur démultiplication 1.
L’ACCES CONTENANT MAIS OUVERT
La signalisation générale concernant la position des expositions n’est pas d’une grande clarté mais la
Cité des enfants profite de sa situation au même niveau que l’accueil. En rez-de-jardin, elle est
indiquée par un portail en position centrale vis-à-vis de l’axe longitudinal du hall. En réalité, nul besoin
de traverser cette porte qui constitue une transition brutale sans lien ni avec le hall, ni avec l’espace
auquel elle donne accès. Des passages se trouvent de chaque côté et permettent également
d’atteindre l’entrée de la Cité des enfants. Moins intimidants, ils permettent une continuité des
sensations. Le lieu d’attente, aux dimensions resserrées, est relativement contenant au regard des
dimensions du hall vertigineux de la Cité car isolé de ce dernier par une paroi opaque. Néanmoins, il
reste ouvert puisque aucune cloison ne vient délimiter de zones en son sein. Seules des banquettes
basses sans dossier subdivisent l’espace. Une longue perspective est de ce fait créée de part en part
de la Cité des enfants.
PARCOURS AUTOUR D’UN AXE CENTRAL LUMINEUX
Les deux expositions, différenciées en fonction de l’âge des enfants, sont desservies de part et d’autre
la zone d’attente. Les parcours intérieurs sont organisés autour d’un axe central qui se prolonge
jusqu’aux façades vitrées de l’édifice. Ainsi, la lumière naturelle pénètre profondément tandis que la
transition entre espace d’attente et exposition n’est marquée que par un meuble bas à côté duquel
des membres du personnel contrôlent les billets. Cela permet une continuité lumineuse.
Les zones qui fragmentent le lieu selon des thématiques distinctes sont indiquées par de larges
bandeaux de couleurs dont les inscriptions sont en gros caractères. A l’intérieur de ces zones,
l’intensité lumineuse décroit progressivement et un éclairage artificiel de teinte chaude vient remplacer
la lumière naturelle. Les contrastes lumineux sont nombreux mais restent assez faibles. C’est pourquoi
ils ne perturbent pas réellement la lecture des espaces. Il en va différemment pour les zones situées
en façade qui bénéficient des baies vitrées toute hauteur. Elles sont, de temps en temps, légèrement
opacifiées par des films colorés.
PERMEABILITE DES ESPACES ET GRANDE VARIETE DE MOBILIERS
Si la transition entre les zones ne peut se faire globalement que par l’allée centrale, des percées dans
les cloisons séparatives donnent des vues sur l’espace voisin. Un lieu n’est jamais totalement isolé des
autres. Cela peut-être également provoqué par la symétrie des accès qui composent des perspectives
perpendiculaires à celle de l’axe centrale 2.
143
A l’intérieur des zones et selon le thème correspondant, des activités mécaniques et des dispositifs
interactifs animent l’espace. En grande quantité, ils sont construits dans des matériaux diversifiés et de
tailles très variables. Ils composent un paysage complexe. De plus, parfois très bruyants dès qu’ils sont
activés, ils accentuent le niveau global sonore qui est déjà élevé aux vues du nombre de personnes
présentes et de leurs jeunes âges. Le bruit n’est pas le seul facteur pouvant être anxiogène. En effet,
si les transitions lumineuses sont relativement douces, les différentes couleurs, globalement vives,
utilisées pour distinguées les zones au sol et sur les murs le sont nettement moins. Ces couleurs
viennent s’associer aux matériaux et couleurs des dispositifs interactifs. Ces éléments compliquent
l’espace. Le lieu en lui-même n’est déjà pas si simple que ça car il est fragmenté. S’ajoute à ça le
faux plafond qui n’est pas homogène en fonction des zones et laissent par moment visibles les tuyaux
de ventilations, etc.
ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES SINGULIERS
Les assises sont relativement peu nombreuses mais présentent l’avantage d’être positionnées le long
des murs. A priori à destination des parents, ils peuvent alors surveiller leurs enfants qui n’ont pas la
possibilité de se trouver dans leur dos. Mais pour les enfants autistes, ils ne peuvent pas se retrouver
dans un lieu calme, toujours à la vue des autres et en train de les voir. L’utilisation de pictogrammes
qui facilitent la compréhension des indications par les enfants, facilitent également celle des enfants
présentant
une
déficience
mentale.
Nécessaires
donc,
ils
constituent
toutefois
un
élément
supplémentaire pouvant possiblement attirer leur attention.
L’espace d’exposition est finalement caractérisé par l’absence d’unité de couleurs et de
matériaux, l’importance non négligeable de la façade vitrée en périphérie mais le point le plus négatif
reste le bruit ambiant et permanent. Toutefois les contrastes lumineux sont assez faibles et les
continuités visuelles entre des espaces plus ou moins proches peuvent permettre aux enfants autistes
de se mettre à distance tout en gardant un lien visuel avec le reste.
Ce sont les dimensions du hall est surtout la prolifération d’informations par les affichent, matériaux,
différentes sources lumineuses qui peut être anxiogène.
144
1 L’immense hall et la profusion d’informations
2 Intérieur de la Cité des enfants, perspective latérale
145
MUSEE D’ORSAY
La décision de réhabiliter la gare d’Orsay en espace muséal fut prise en 1977, à l'initiative du
Président Valéry Giscard d'Estaing. En 1978, le bâtiment fut classé monument historique et, dans le
même temps, l'établissement public du musée d'Orsay fut créé. En 1986, le Président de la République,
François Mitterrand, inaugura le nouveau musée.
En 2009, le musée d'Orsay a entrepris la rénovation scénographique et muséographique des salles
impressionnistes et postimpressionnistes situées au dernier étage ainsi que des quatre étages du
« Pavillon » qui y donne accès. L’enjeu était, d’après l’institution elle-même, de mettre davantage en
valeur les œuvres, d’accroître les surfaces d'exposition et le confort des visiteurs et enfin d’assurer une
meilleure fluidité de la circulation et une meilleure sécurité.
ACCES PRINCIPAL PAR LES BERGES DE LA SEINE, ACCUEIL AU PARCOURS LIBRE
Une place en promontoire, dont la traversée est inévitable avant de pénétrer dans le musée, s’étend
devant le hall et l’entoure. La vue dégagée sur la Seine et l’artère bruyante qui longe le fleuve crée un
cadre urbain singulier. Il y a bien un parking à proximité, le RER et des bus, également des places de
stationnement aux alentours réservées aux personnes handicapées mais aucun de ses moyens de
transport ne communique directement avec l’accueil. Si les visiteurs sont munis de billets ils peuvent
éviter l’éventuelle file d’attente de l’accès principal et accéder au hall en empruntant les portes
tambours, situées sur la façade opposée.
La zone d’accueil est divisée en deux parties qui correspondent : dans l’extension en amont du
bâtiment au point d’information et la billetterie, et, à l’arrière, aux boutiques et vestiaires qui prennent
place dans à l’ancien hall de la gare. Distribués de manière symétrique autour de l’axe principal qui
conduit aux expositions, les espaces de boutiques sont vitrés. Cela rend floue leur délimitation,
certainement dans le but d’encourager les visiteurs à devenir acheteurs.
146
Le hall est vitré en façade mais les épaisses menuiseries permettent d’identifier assez clairement la
limite dedans/dehors. Les dimensions du lieu sont finalement relativement modestes. Cet effet est
accentué par le cloisonnement intérieur, bien que n’étant pas toute hauteur, qui permet une
identification des fonctions. En ce qui concerne le parcours de l’extérieur vers l’espace d’exposition, il
est plutôt libre et finalement assez mal défini. En ce qui concerne le traitement de l’ambiance
lumineuse, l’espace d’accueil est baigné dans une lumière naturelle ce qui le rend assez homogène
d’autant plus des teintes chaudes ont été privilégiées pour l’éclairage.
La transition vers les espaces d’exposition est marquée par les anciennes portes de la gare, en métal
sombre et avec de petits carreaux de vitrage. Elles sont visiblement laissées ouvertes pour faciliter la
circulation du public. Les indications quant à la situation des ascenseurs ne sont pas vraiment
explicites, il en va de même des repères sur les différentes expositions. En effet, de grandes affiches
indiquent les nombreuses expositions mais les tableaux utilisés en arrière plan en complexifient la
lecture. Un second point d’information se situe néanmoins à proximité de l’entrée sur le belvédère.
Le fait que l’accès aux expositions surplombe une partie de celles-ci, situées rez-de-chaussée, crée une
perspective étendue sur les lieux 1.
DISPOSITION GENERALE : ESPACES REINVESTISSANT LE VASTE LIEU DE LA GARE
Trois niveaux composent l’espace d’exposition du musée. Au rez-de-chaussée, les salles sont distribuées
de part et d'autre de la majestueuse allée centrale sous l’immense voute au vitrage translucide. La
symétrie de l’organisation, en apparence simple, ne doit pas atténuer l’aspect travaillé de ces espaces.
Des jeux de percées avec différentes hauteurs de plafonds, la présence de quelques marches qui se
répètent au fur et à mesure que l’on avance dans le parcours complexifient l’espace. L’intensité
lumineuse, particulièrement homogène dans la travée centrale, varie plus fortement dans les allées
secondaires. Des spots directionnels mettent en valeurs les œuvres, des vitrines protègent les pièces
fragiles, les petites sculptures.
Au niveau intermédiaire, les terrasses dominent l’allée centrale qui est toute hauteur. L’épais gardecorps en pierre les met à distance de ce grand vide mais la proximité de la voûte accentue les
grandes dimensions de l’espace. Cette présence de la voute en vitrage permet une lumière naturelle
diffuse. Le jeu des plafonds, de différentes hauteurs et percés, qui était perçu à l’étage inférieur se
traduit ici par un vide, des passerelles et, par endroit, des vues plongeantes sur l’espace du rez-dechaussée. Les terrasses desservent les salles d’expositions périphériques auxquelles on accède par les
passerelles. L'étage supérieur, organisé en U occupe presque l’intégralité de la surface du musée. Il est
bien plus opaque vis-à-vis de l’extérieur et les jeux d’ombres y sont plus importants.
GRANDE DIVERSITE DE VOLUMES ET HOMOGENEITE DES MATERIAUX UTILISES
De manière générale il y a une grande homogénéité dans l’utilisation des matériaux. Sols et murs sont
majoritairement traités en marbre beige. Ce point est particulièrement vrai pour la mezzanine où la
147
présence de la voûte au décor travaillé à probablement encouragée un traitement sobre des
revêtements 1.
Au rez-de-chaussée, du marbre sombre marque l’entrée des espaces secondaires. Les murs intérieurs
des salles sont peints en rouge sombre et la partie la plus périphérique a été traitée en kaki. Ces
couleurs ne sont pas agressives et permettent, un temps soit peu, de se repérer.
Au dernier étage, la scénographie a été entièrement repensée. Les cimaises ont été peintes dans des
teintes froides et sombres pour délimiter les différentes zones, les œuvres des différents peintres
présentés et les courants auxquels ils appartiennent 2.
CIRCULATIONS VERTICALES COMPLEXES
Ce n’est pas tant la disposition, aux extrémités de l’axe longitudinal des espaces d’expositions, qui
provoque l’impression d’une circulation complexe que le fait qu’elles soient intégrées à la structure du
bâtiment. De ce fait elles sont visibles. Mais, une multitude de détails est tout aussi visible et
l’ouverture des escaliers sur le volume de l’allée centrale accentuent encore d’avantage la quantité
d’éléments perçus pendant l’ascension.
VARIATION DE LA LUMIERE NATURELLE, LUMIERE ARTIFICIELLE CHAUDE ET BRUIT
Pour en revenir à l'éclairage, la lumière du jour utilisée crée une ambiance assez homogène et les
éclairages artificiels complémentaires permettent des variations d'intensité en fonction de la diversité
des œuvres présentées.
Par les dimensions initiales de la gare, des installations importantes de régulation du bruit ont du être
mises en place. Toutefois ces dispositifs sont eux-mêmes quelque peu bruyants et la rumeur qui monte
du rez-de-chaussée provoque un bruit de fond permanent depuis les mezzanines. C’est aussi les
moteurs des ascenseurs qui dans les espaces de circulations verticales augmentent l’intensité du bruit.
ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES
Toutes les œuvres, tableaux et sculptures, sont mis à distance par différents types de dispositifs. Ainsi,
il y a les cordons devant les tableaux, les vitrines pour les petites sculptures et les socles pour les
grandes ainsi que quelques tableaux également.
Il n’y a pas d’assisses dans les salles de déambulations qui entourent l’allée principale au rez-dechaussée. C’est au sein de celle-ci que se trouvent des bancs, dans la partie centrale où sont placées
les sculptures. Ils sont séparés des « couloirs » de circulation par un muret. Assis sur l’un d’entre eux,
il est assez difficile de se défaire de la sensation que des visiteurs circulent sans cesse dans notre
dos.
148
Sur la mezzanine, bien que les assisses tournent le dos au vide central, la dimension du garde-corps
procure un sentiment de sécurité. La vue est resserrée sur un espace bien moins impressionnant et qui
favorise le repos, d’autant qu’il y a un peu moins de passage qu’au rez-de-chaussée. A l’étage
supérieur encore, des bancs sont disposés au centre des salles et donc à la vue de tous.
Dès lors, bien que les dimensions du musée d’Orsay soient monumentales, le traitement de la
lumière principalement permet de sécuriser le parcours pour tous. La lumière naturelle, la lumière
artificielle de teinte chaude sont préférables pour le bien-être des personnes autistes. Par suite, il
subsiste un point noir majeur relatif au bruit et le positionnement des assises est globalement très peu
propice au rassérènement de ces personnes.
Pour ce qui est de la multitude de détails dû à la qualité architecturale de l’édifice il semble
contrebalancé par la sobriété des matériaux. Mais, la signalétique apparait comme un facteur venant
complexifié la lecture de l’espace et les cheminements ne sont pas des plus clairs.
1 L’immense travée principale et les terrasses
du 1er, la voute vitrée diffusant une lumière
naturelle et les matériaux sobres.
2 L’espace d’exposition du dernier étage : couleurs
sombres, éclairage zénithal, assisse au centre des
salles.
149
CENTRE POMPIDOU
Le Centre Georges Pompidou est un établissement polyculturel situé entre le quartier des
Halles et le quartier du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris. Le Centre est un « établissement
public national à caractère culturel » qui conserve l'une des trois plus importantes collections d'art
moderne et contemporain au monde. Inauguré en 1977, il accueille plus de 5,3 millions de visiteurs
par an.
Le musée est né de la volonté de Pompidou, président de l’époque, d'enrayer le déclin de Paris sur la
scène artistique internationale afin de conserver sa place majeure dans le milieu de l'art contemporain.
Il se veut également le symbole d’une conviction que l'art contemporain pouvait renouer avec le public
le plus large à condition que la puissance publique joue pleinement son rôle de médiateur. Cela s’est
associé au désir de créer à Paris un grand monument représentatif de l'architecture de la seconde
moitié du XXe siècle, dont les réalisations dans la capitale avaient été, jusqu'alors, d’importance
secondaire.
Les collections du musées représentent un total de 99 304 œuvres dont 1 957 sont exposées en
permanence sur
18 500 m² et 4 580 œuvres sont déposées dans des musées de province.
L’exposition permanente du musée présente ainsi le travail d’environ 6 382 artistes. Quatre galeries
d’expositions temporaires supplémentaires (design, photographie, etc.) occupent au total 5 200 m²
Le centre Georges-Pompidou a réhabilité en France le concept de musée, qui était en plein marasme
au moment de sa création, et son succès a été un des facteurs à l'origine de la multiplication des
institutions muséales dans les années 1980 et 1990.
DISPOSITION URBAINE REMARQUABLE. ESPACE OUVERT ET MONUMENTAL.
L’édifice bénéficie au sous-sol d’un parking. Néanmoins il n’y a pas d’accès direct à l’espace d’accueil
depuis ce dernier. Les personnes handicapées profitent malgré ça d’un accès autre que celui du public
150
par le parvis. Ainsi, il y a une entrée au niveau de la mezzanine, celle-ci est plus discrète et donc
moins monumentale. Si les personnes sont munies de leur ticket, nulle besoin pour elles alors de
descendre dans le hall aux dimensions vertigineuses, vitré sur ces deux façades urbaines. Cet espace
peut-être particulièrement anxiogène, il n’y a pas d’éléments qui viennent le structurer véritablement.
Les points de repères existants sont noyés dans les proportions extraordinaires de l’édifice et sont
donc très peu présents.
Sur cette mezzanine se trouve, entre autre, la galerie des enfants. Elle est totalement ouverte sur le
hall qu’elle surplombe. Seul le garde corps grillagé assure la protection. Cependant, bien que les
dimensions soient également de l’ordre du monumental, la mezzanine adossée contre un mur aveugle
pourrait éventuellement donner aux personnes s’y trouvant la sensation de voir sans être vues.
L’ESCALATOR VITRE
Beaubourg est bien connu pour sa circulation verticale à la vue panoramique qui s’amplifie au fur et à
mesure de la montée. Il existe cependant une solution alternative probablement pensé avant tout pour
les personnes en fauteuil roulant. Utiliser l’ascenseur peut alors permettre de ne pas être confronter à
cette projection sur le tout Paris qui peut devenir angoissant. Cela dit, cet ascenseur, lieu clos par
excellence, peut-être pareillement stressant. Il n’est par ailleurs pas relié au bâtiment au niveau des
expositions permanentes ce qui oblige à ressortir hors du bâtiment pour accéder à ces espaces .
ESPACE OUVERT/ESPACE RESSERRE
Le hall des expositions permanentes est à l’échelle du bâtiment, vaste et dégagé. Dans une moindre
mesure qu’au rez-de-chaussée cependant puisqu’un mur séparatif divise l’accueil et le contrôle des
billets des expositions à proprement parlé.
A l’intérieur de ce vaste espace, des « boîtes » rendent l’échelle un peu plus intime. Cette
restructuration en sous espace sert également à créer des lieux thématisés autour du travail d’un
artiste en particulier. La hauteur de ces salles a été abaissée grâce à l’installation d’un faux plafond
qui ferme les « boites » 1. On peut noter la présence d’une toute petite alcôve, relativement isolée,
qui pourraient être propice au repos d’une personne autiste victime d’une crise d’angoisse. Ce dispositif
spatial constitue cela dit une exception au regard de l’organisation globale des espaces.
Contrairement aux salles qui disposent d’un faux-plafond, les « tuyaux » du bâtiment restent visibles
au plafond dans la plupart des espaces d’exposition. S’ils fédèrent le lieu ils peuvent également, par
leurs couleurs, leurs formes, être distrayants pour les autistes. Le sol bénéficie quant-à-lui d’un
revêtement unique, des petites lames de bois clair qui le rendent homogène. Quant aux cloisons, elles
sont presque dans leur intégralité blanches. Seuls quelques murs sont peints dans des couleurs vives.
Ces teintes découlent d’une œuvre et seraient donc amenées à être repeintes, en fonction des œuvres
exposées.
151
PARCOURS SIMPLIFIE AUTOUR D’UN AXE
Le parcours de l’exposition est simple. Les différentes zones et salles sont organisées autour d’un axe
central qui structure le parcours et crée une perspective profonde sur l’espace. Un plan, situé à
l’entrée de l’exposition, explique la configuration des lieux ce qui permettre aux personnes de se
repérer. Le lieu étant de plein pied, il n’y a aucun obstacle au sien du parcours.
LUMIERE ARTIFICIELLE MAIS HOMOGENE
La façade vitrée du centre, donnant sur le parvis, est peu présente car elle est en grande partie
recouverte d’un film limitant la pénétration des rayons lumineux. La façade opposée, opacifiée, n’est
par ailleurs pas visible depuis la zone d’exposition. Une bande de circulation dédiée au stockage l’en
sépare. Au sein des espaces, l’éclairage artificiel est composé exclusivement de sources indirectes.
Peut-être mal installées par endroit, elles restent visibles ce qui contredit quelque peu le principe
même de ce type d’éclairage. Il présente l’avantage de créer une ambiance relativement homogène,
peu de contraste, pas de jeux d’ombre. Cette lumière de teinte blanche, même si diffuse, a un
caractère fortement artificiel relativement fatiguant au fur et à mesure que le temps passe.
AMENAGEMENTS SCENOGRAPHIQUES
Si des cordons de sécurité sont présents devant certains tableaux, ce n’est pas le cas de tous. Par
endroit, une simple bande noire indique aux visiteurs la distance à ne pas dépasser pour les observer.
Ces bandes peuvent attirer l’attention d’une personne autiste en plus de ne pas être explicite sur
l’objet de sa présence. Les sculptures sont rarement « protégées » par une limite sauf quelques une
situées sur un socle qui les mettent alors à distance de manière tangible. Quant aux explications, seul
un numéro retranscrit sur le plan général de l’exposition et le livret indique l’intitulé de la salle dans
laquelle on s’apprête à entrer. Les cartels ne sont pas forcément d’une lisibilité limpide par la petite
taille des caractères.
Les bancs de repos sont très peu nombreux et situés de surcroit au centre de l’allée centrale. C’est le
lieu le plus passant puisque colonne vertébrale de l’exposition.
A noter que la présentation de certaines œuvres nécessite une scénographie particulière. Signaler par
des alcôves noires, on accède alors aux salles, plongées dans le noir, par des couloirs étroits ou dans
le cas d’œuvres bruyantes, par des portes. Ces zones du parcours, qui pourraient déstabiliser les
personnes autistes par la brutalité de la transition, ne sont pas « obligatoires » ; comme l’intégralité
du parcours, relativement libre. Ce dernier peut être aménagé en fonction des particularités des
visiteurs.
152
Alors, Beaubourg, lieu flexible et neutre par excellence, offre des avantages certains pour les
visiteurs autistes. L’accès aux expositions qui peut être déstabilisant, l’éclairage trop artificiel et la
mauvaise gestion des assisses constituent les principaux points négatifs.
Pour ce qui est de l’espace à proprement parlé, il semble assez peu plausible une transformation
profonde, mais s’il a été possible de créer des rampe pour les fauteuils roulants, peut-être serait-il
également possible d’installer un faux-plafond pour limiter les distractions.
1 Depuis l’accueil, intérieur sobre de l’espace d’exposition permanente : tuyaux apparents et sous espaces
153
MUSEE DU QUAI BRANLY
Le musée du quai Branly ou musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des
Amériques (civilisations non occidentales) est situé dans le 7ème arrondissement de Paris, au pied de la
tour Eiffel, en face du musée d’Art moderne. Projet ambitieux porté par Jacques Chirac et réalisé par
Jean Nouvel, il a été inauguré le 20 juin 2006.
L’idée d’ouvrir un musée entièrement consacré aux arts « primitifs » voulait permettre la diversité des
regards sur les objets, de l’ethnologie à l’histoire de l’art, et reconnaître officiellement la place
qu’occupent les civilisations et le patrimoine de peuples parfois tenus à l’écart de la culture actuelle
de la planète. Après des années de dispersion et de difficultés et à l’initiative de Jacques Kerchache, il
était nécessaire de faire découvrir les précieuses collections réunies en France depuis cinq siècles. La
collection comporte environ 300 000 objets, qui proviennent en majorité du musée de l’Homme (250
000 objets du laboratoire d’ethnologie) et du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie (25 000
objets).
Le musée du
quai
Branly
est
un
établissement
culturel
novateur,
à
la
fois musée,
centre
d’enseignement et de recherche, et espace à vivre pour les publics.
SITUATION URBAINE « EPOUSTOUFLANTE » ET TRANSITION PAYSAGERE
L’accès principal au musée se fait par le quai Branly, une voie fortement passante puisque située à
deux pas de la Tour Eiffel et empruntée, dans le même temps, par de nombreux automobilistes. La
transition vitrée laisse paraître le jardin qui, une fois qu’on y a pénétré, permet une coupure nette avec
l’agitation de la ville. Sa pente douce, sa verdure, offrent un isolement propice au rassérènement et au
stationnement d’un groupe de personnes autistes. Toutefois, un accès par une rue calme, à l’arrière du
bâtiment, est également possible. Il présente l’avantage d’une arrivée plus directe notamment pour les
visiteurs ayant réservés leurs billets au préalable.
154
HALL SPACIEUX MAIS FERME
Le jeu de pente a permis d’éliminer presque en totalité les escaliers. Le bénéfice de ce parti pris
conceptuel, appréciable dès l’extérieur, se prolonge à l’intérieur de l’édifice. Grâce à la continuité du
sol, les transitions sont douces.
Avec un resserrement de l’espace extérieur, l’entrée est plutôt intime et sobre. De simples portes
battantes vitrées s’inscrivent dans une petite verrière. La majorité des murs du hall sont en effet
opaques. Après la zone d’entrée, baignée de lumière naturelle, l’accueil se trouve dans une lumière
tamisée 1. Quelques lampes projettent une lumière vive qui attire potentiellement les visiteurs vers les
guichets. Mais les effets de contrastes sont assez limités. L’organisation du hall s’est faite autour d’une
colonne noire, espace de réserve visible par le public. Ainsi, le hall, qui est quant-à-lui dans des teintes
neutres, tourne et se découvre progressivement au fur et à mesure que l’on progresse dans les lieux.
La hauteur relativement basse du plafond et l’absence de cloison provoque un effet de résonnance à
l’intérieur de ce lieu.
Si l’accès aux salles de cours et d’ateliers se fait par un escalier conduisant au niveau inférieur, c’est
par une rampe que l’on accède à l’exposition permanente 1. Elle entoure la réserve et serpente audessus de l’espace d’exposition temporaire en contrebas qui reste bien dissimulé. Les contrastes
lumineux sont assez faibles, les couleurs des garde-corps pleins, du sol et de la presque totalité de ce
que l’on peut voir sont pales, neutres, cela crée une longue zone de circulation, sans réels repères.
Une peinture noire marque une coupure nette entre circulation et exposition. Des portes battantes,
laissées ouvertes, donnent accès à un couloir noir large où le bruit de la ventilation est très présent.
Depuis la partie basse d’un des murs, les luminaires projettent une lumière éblouissante. Puis, la zone
d’exposition à proprement parlé débute. Arrondis, couleurs chaudes, forts contrastes : un espace
complexe.
UN ESPACE COMPLEXE ET DEMATERIALISE
Malgré des plans, colorés pour reprendre les zones et placés en plusieurs endroits, il faut quelques
instants pour prendre ses marques dans l’espace inhabituel de par sa forme, ses couleurs et ses
textures. Le sens de la visite n’est pas clairement indiqué bien qu’une flèche peu visible indique la
direction à suivre. Des titres colorés, en camaïeu avec la teinte de la zone à laquelle ils
correspondent, en donnent l’information principale. Mais le texte situé en-dessous en petits caractères
blancs sont difficilement lisibles.
Le sol est entièrement incliné, comme c’était déjà le cas dans le jardin et le hall. De larges murets
délimitent une zone centrale de déambulation qui se dilate à l’endroit par lequel on accède à
l’exposition. Ses parois travaillées laissent apparaître une perspective longitudinale sur l’espace
d’exposition. Autour, chaque zone correspondant à une partie du monde est différenciée des autres par
une teinte particulière. Une des caractéristiques principales venant fédérer les espaces est la présence
de nombreuses vitres derrière lesquelles se trouvent les multiples objets. En effet, bien que la tendance
155
à l’accumulation ait été auparavant davantage exprimée, la disposition s’en rapproche… De plus, les
vitres, parois entières, remplacent les vitrines. Les effets de transparence et de reflets sont démultipliés.
Les socles qui permettent, à priori, de mettre à distance les sculptures et autres objets sont identiques
au sol. Dès lors, ils ne marquent une distinction entre les deux que par la différence de niveau.
Il y a peu d’assisse. Cependant celles-ci sont placées dans des recoins, des culs-de-sac et autres
espaces resserrés. Les boites, bien visibles depuis l’extérieur, sont également des zones séparées du
reste. Les matériaux associés aux dimensions des boites en font des chambres de résonnance.
Toutefois, l’espace est globalement peu bruyant. Il n’y a que peu de sources sonores directionnelles.
AMBIANCE LUMINEUSE COMPLEXE
L’éclairage de l’exposition provoque de forts contrastes. Quelques spots s’orientent vers des sculptures,
d’autres éclairent les courbes des murs… Les zones d’ombre et autres espaces sombres, succèdent à
des zones éclairés vivement. Le rapport à l’extérieur ajoute à la complexité des lieux. Travaillées, les
fenêtres qui cadrent le paysage s’alternent avec des panneaux sérigraphiés, puis la résille qui recouvre
le mur à l’arrière du bâtiment déclenche un jeu de lumière éblouissant et captivant.
L’espace d’exposition est donc fortement dématérialisé par la présence de nombreuses vitres,
l’ambiance des différents espaces est très contrastée et les détails abondent du sol au plafond. La
lumière et le rapport à l’extérieur sont complexes.
En revanche, le traitement du sol par la pente et particulièrement judicieuse pour l’accueil de tout
public quel qu’en soit le handicap. Le traitement des abords du musée, jardin calme et espace qui se
resserrent progressivement vers l’entrée, sont également favorable à l’accueil de ces publics.
1 Hall lumineux mais plutôt fermé, début de la rampe vers l’exposition permanente et espace de réserves
156
PINACOTHEQUE
Située 28 place de la Madeleine, la Pinacothèque de Paris est le premier musée privé parisien
à ouvrir ses portes en juin 2007 à l’initiative de Marc Restellini, historien de l’art. Répartie sur trois
niveaux, elle accueille des expositions temporaires d’envergure internationale allant de l’archéologie à
l’art contemporain.
En janvier 2011, la Pinacothèque s’est étendue grâce à l’ouverture de nouvelles salles consacrées à sa
future collection permanente. A quelques mètres de son emplacement actuel, à l’angle de la rue de
Sèze et de la rue de Vignon, un immeuble réhabilité servira à présenter sur 3 000m² plus de deux
cents tableaux issus de collections privées françaises et étrangères prêtées au musée pour des
périodes longues.
TISSU URBAIN CLASSIQUE. PARTICULARITE DU MUSEE
Il n’y a pas de parking à l’usage unique de la Pinacothèque. Même si le plus proche n’est pas loin, il
nécessite de traverser la place de la Madeleine pour se rendre au musée. Il semble toutefois possible
de faire une halte rapide devant les bâtiments pour y déposer des personnes que l’environnement
urbain pourrait déstabiliser. Par la suite, il apparaît qu’un véritable dépose-minute pourrait être créé.
La billetterie est séparée des expositions. En effet, il faut d’abord se rendre à la billetterie puis
ressortir dans la rue avant d’emprunter un des deux halls, dotés de portes coulissantes, qui donnent
accès aux expositions. Cependant les visiteurs munis de billets peuvent se diriger directement vers les
espaces d’expositions. Cela fait probablement suite à la situation particulière du musée, sa division en
deux bâtiments. Ayant été intégré à des édifices de rapport, les dimensions des espaces sont de ce
fait plutôt intimes. Il n’y a pas de grands halls vertigineux, pas d’immenses espaces où le regard peut
se perdre.
157
ESPACE VITRE. VOLONTE D’AGRANDIR L’ESPACE, VISIBLE DEPUIS L’EXTERIEUR.
Si l’espace originel du musée ne bénéficie pas d’une façade sur rue, cette dernière étant dédiée à la
partie boutique du musée, le second, inauguré en 2011, occupe un angle de rue. Ainsi, lors de sa
rénovation, le bâtiment a été ouvert par de grandes baies vitrées au rez-de-chaussée.
A l’intérieur, les cloisons séparatives s’organisent en suivant des lignes courbes. Cela rend l’espace
fluide et évite les grandes perspectives. Toutefois, ces baies vitrées toute hauteur complexifient la
lecture de l’espace pour une personne autiste. Les vitres courbes renvoyant des images déformées et
les reflets sont accentués en comparaison de vitres standards ; dont la présence peut déjà être vécue
comme angoissante. Dès l’entrée, on peut observer la présence de lumières directionnelles, type spot,
créant de forts contrastes et bien que l’espace baigne dans une lumière naturelle relativement diffuse
provenant de l’extérieur.
TRANSITION BRUTALE VERS LES EXPOSITIONS.
L’accès aux expositions, quelque soit l’espace dans lequel elle se situe, se fait par une transformation
rapide de l’ambiance lumineuse. Ils visiteurs transitent d’une zone lumineuse vers une zone très sombre
à la frontière de laquelle un membre du personnel contrôle les billets.
ESPACES SOMBRES DE PETITES DIMENSIONS.
Les espaces d’exposition, aveugles, sont sombres et les spots directionnels dirigés vers les tableaux
provoquent dès lors de forts contrastes. L’espace est globalement enveloppant puisque s’intégrant dans
un édifice existant très contraint : les dimensions sont restreintes, les plafonds bas. Ce sont de petites
salles qui se succèdent. Le revers de cette organisation est un parcours quelque peu tortueux voir
labyrinthique. Pour ne pas le rendre étouffant, certaines cloisons sont percées ce qui permet des vues
sur la suite du parcours. Il y a également des transitions verticales pour passer d’une salle à l’autre.
Les quelques marches sont à chaque fois sécurisées par la présence d’une rampe, d’une bande en
amont de la première marche, voir de petites lampes intégrées et d’un ascenseur pour personne à
mobilité réduite.
La disposition des cloisons permet de créer de petites zones qui apparaissent comme préservées du
reste. Les vues y sont limitées, l’espace est alors resserré. Elles pourraient favoriser le repli des
personnes en cas de crises. Toutefois, ce ne sont pas dans ces espaces que se situent les assisses
de repos. En très faible nombre, elles se trouvent à la vue de tous au centre des zones de passages
1.
ELEMENTS SCENOGRAPHIQUES.
Les titres des parties sont inscrits en grand format dans chaque salle mais le reste des textes de
présentation, de longs textes, sont écrits en petits caractères de manière dense. Ils demandent une
attention particulière dont ne peuvent pas forcément faire preuve les personnes autistes. On note
158
l’absence d’un plan à l’entrée qui permettrait de se repérer dans l’exposition. Les tableaux sont
protégés par des cordons de sécurité. Ceux-ci sont bas mais ils permettent cette mise à distance entre
le visiteur et les œuvres qui peut-être rassurante pour les autistes. Il faut également noter le
séquençage de l’exposition en zones de couleurs. Des couleurs pales, relativement sombres mais bien
différenciables. Vert, bleu, gris… les couleurs permettent de comprendre la transition entre les
différentes thématiques.
Les principaux points noirs de la Pinacothèque sont certainement les espaces entièrement
vitrés du hall d’entrée et le trop peu de luminosité générale accentuée par les forts contrastes des
espaces d’exposition. Pourtant les dimensions restreintes de l’espace et la présence de nombreux
recoins pourraient être un point très positif dans la retranscription d’une accessibilité pour les autistes.
1 Différence de niveaux. Espace d’exposition sombre et contrasté, les recoins créés par les murs porteurs
159
ANNEXE 5
CLASSIFICATION
ANGLE
D’ANALYSE
Niveau de
l’offre
Promulgation de
la loi
Avant
Après
Type de
construction
Imbrication des
deux thématiques
Reconv
Avant
Constr
Constr
Après
Constr
MUSEES
1802
musée des
Arts et Métiers
Lieu très
ancien
Offre très dév
1938
Palais de la
découverte
Lieu ancien
Manip/
enfants
RECA
Lieu créé
Manip/
enfants
RECA
Lieu reconv
Contempl
RECA obs.
1986
Cité des
sciences
1986
musée d’Orsay
1977
Centre
Pompidou
Musée
moderne
RECA
2006
musée du
Quai Branly
Charnière
Politique de
com. RECA
2007/2011
Pinacothèque
Nouvelle
reconv.
Privé
2014
musée des
Confluences
Nouveau
2018
musée des
Beaux-arts de
Reims
Nouveau
160
ANNEXE 6
RÉCAPITULATIF
1
Musée
des Arts
et Métiers
2
Palais de
la Découverte
1802
1938
1986
/2009
1986
/2005
/2007
1977
2006
2007
/2011
2014
2018
Musée
d'État
sous la
tutelle du
ministère
de
l’Enseigne
ment
supérieur
et de la
Recherch
Etablissement
public
autonome
(regroupé)
Institution
publique
autonome
sous
tutelle du
ministère
de la
Culture
Etablissement
public
autonome
(regroupé)
Institution
publique
autonome
sous
tutelle du
ministère
de la
Culture
Etablissement
public
autonome
Musée
privé
Musée
départeme
ntal sous
tutelle du
ministère
de la
Culture
Musée
municipal
Nb de
visiteurs
/an
250 000
690 000
3 580 000
2 650 000
5 300 000
1 350 000
800 000
/
/
Prise en
compte
des pers.
handi.
très
élevée
très faible
élevée
très
élevée
élevée
élevée
faible
à priori
très
élevée
à priori
très
élevée
Nb
d’espaces
d’expo.
2
6
7
17
5
4
2
10
4
Superficie
t. expo.
10 000 m²
~20 000m²
~40 000m²
13 000m²
23 700m²
8 500m²
5 000m²
11 000 m²
11 287 m²
Contenant
/petit
Circulaire /
ouvert/
opaque
Divisé /
vitré
Immense/
ouvert /
vitré
Immense/
ouvert /
vitré
Arrondi /
ouvert/
opaque
Etroit /
vitré
Int/ext.
ouvert/
vitré
Int/ext.
Ouvert
Différents
niveaux
Direct / en
hauteur /
transition
brutale
Direct / en
contrebas
Différents
ou même
niveaux
Différents
niveaux
Différents
niveaux /
rampe
Même
niveau /
transition
brutale
Différents
niveaux
Différents
niveaux
NOM DU
MUSEE
3
Musée
d’Orsay
4
Cité des
Sciences
5
Centre
Pompidou
6
Quai
Branly
7
Pinacothèque
8
Musée
des
Confluences
9
Musée
des
Beauxarts de
Reims
Structure
Date
d’ouvertur
e/ travaux
Type
Espace
(général)
Hall
d’accueil
Caract.
principale
Accès aux
expositions
161
NOM DU
MUSEE
1
Musée
des Arts
et
Métiers
2
Palais de
la
Découverte
3
Musée
d’Orsay
4
Cité des
sciences
5
Centre
Pompidou
6
Quai
Branly
7
Pinacothèque
Espace
d’exposition
Dimension
Monumentale/
intime
8 Musée
des
Confluen
ces
9 Musée
des
Beauxarts de
Reims
supposé
supposé
intime+++
mon. +
mon.
++
mon.
+++
mon.
+
mon.
++
intime +
mon. ++
intime
+++
mon.
+++
mon.
+
++
++
++
++++
+++
+++
+++
+
+++
non
oui
oui
oui
non
non
non
non
non
Parcours
Libre
Linéaire
Complexe
Circulaire
oui
++
+
/
oui
/
-+++
oui
+++
+
/
oui
+++
+
/
oui
+++
/
oui
/
+++
+
non
/
+
/
oui
+
?
?
oui
?
?
?
Lumière
Quantité
Contraste
++
---
++
++++
+++
++
++
++
++
---
+++
--++++
+++
+
---
Type de lumière
Arti. froid
Arti. chaud
Naturelle
/
oui
oui
oui
oui
oui
/
oui
oui
/
oui
oui
oui
/
oui
/
oui
oui
oui
/
non
peut-être
peut-être
non
peut-être
peut-être
oui
Couleurs
Unifiées
Blanc
Vive
Pale / sombre
Neutre
+
++
+
+
+
--/
++
++
/
++
/
/
++
+++
-+
++
++
++
+++
++++
+
/
/
--/
++
++
/
/
/
++
?
?
?
?
?
oui
oui
/
/
oui
Matériaux
Sol homogène
Cloisons
++
++
-----
+++
++
-----
+++
+++
-----
+++
+++
+++
+++
+++
+++
+++
+
++
+++
++
/
/
++
+
/
++++
+++
/
/
+++
+++
/
/
++
++
+++
++++
-++
+++
+++
+
-
+
-
-----
oui
++
oui
+
Sous-espace
Symétrie
Dispositifs scéno.
Vitrines
Opaques
Bruit
Directionnel
Global
162
ANNEXE 7
Compte-rendu de la visite faite à la Cinémathèque,
en compagnie d’un groupe de jeunes autistes et de leurs accompagnatrices de l'ULIS du
collège Ste Marie de Meaux
22 mai 2013
Le collège Sainte Marie a mis en place un accompagnement pédagogique spécifique destiné à
pouvoir accueillir des jeunes autistes atteints d’autisme. Il s’agit donc d’enfants qui ont pu être
scolarisés, présentant un autisme léger mis à part l’un d’entre eux qui ne parlait pas. De plus, ils ont
été capables de faire le voyage jusqu’à Paris.
L’arrivée des enfants, un groupe de six jeunes autistes, et de leurs accompagnatrices, une mère, une
professeure, la documentaliste du collège, sa fille et une surveillante, s’est fait tranquillement alors que
la Cinémathèque était encore déserte. Le groupe a attendu dans le parc de Bercy que la question des
billets soit réglée puis a été conduit par une personne de l’administration vers le point de rencontre
avec la conférencière situé au premier étage. Dans les escaliers, je relevais leur regard insistant vers
leurs accompagnatrices et pour certains l’appréhension perceptible de savoir où ils allaient, ce qu’était
ce lieu. Les escaliers semble un point sensible dans l’accueil de personnes autistes. Peut-être est-ce du
au fait que l’espace y est moins lisible, le parcours vertical et non horizontal ne permettant pas un
point de vue général sur l’espace. Pendant que certains allaient aux toilettes, j’ai pu observer les
premiers signes d’un comportement réellement différent. Relativement calmes, la plupart cherchaient
plutôt à rester coller contre une paroi sans trop bouger. Certains, curieux malgré tout, tentaient de
regarder les personnes qui leur étaient inconnues tout en restant le plus cachés possibles. Une affiche,
a captivé l’un d’entre eux, pendant toute la durée de l’attente.
Puis les accompagnatrices les ont fait asseoir dans le lieu de l’activité. Difficile de faire décrocher un
des enfants qui se passionnait pour un des objets présents. Ce même garçon, semblait visiblement à
l’aise et c’est lui principalement qui répondit aux questions de la conférencière. Même sur des points
précis, il donnait des réponses justes comme si de rien n’était. Ceux qui écoutaient étaient très
attentifs. Ils n’écoutaient cependant pas tous, certains ne détachaient pas leur regard d’un élément de
particulier de la pièce. Mais tous les enfants ont participé aux activités proposées et paraissaient
réellement intéressés par ce qu’ils découvraient au fur et à mesure du déroulement de l’activité. J’ai
noté chez certains un envie irrésistible de toucher à tout, tout le temps, et même après qu’on leur ait
demandé de ne pas le faire.
Les enfants sont restés calmes pendant toute la durée de la visite. Après l’activité, ils ont du traversé
le bâtiment pour se rendre dans l’exposition. Les mêmes remarques sont à faire concernant l’escalier,
quant aux autres espaces ou au croisement d’autres groupes, ils n’ont pas paru être plus perturbés
que ça. Ils n’ont pas eu tendance à s’éloigner, sont restés à proximité des accompagnateurs. Le fait
163
que ce soit des personnes qui les encadrent au quotidien a probablement du influer sur leur
comportement, au moins dans une certaine mesure.
Le lieu d’exposition de la Cinémathèque est particulièrement sombre. Un grand nombre de sources
lumineuses étant directionnelles pour venir s’orienter vers des objets précis. La surface que représente
les éléments vitrés est considérable, tous les objets présentés se trouvant derrière des vitrines. Ces
deux points entrent en contradiction avec les conseils sur un espace favorable aux personnes autistes.
Cela étant dit, les enfants n’ont pas changé d’attitude à l’intérieur du lieu. Mais je préfère rappeler que
ces enfants présentent un autisme léger.
La conférencière les a fait s’asseoir à plusieurs reprises pendant la visite, ménageant ainsi des pauses.
Même si ils ne regardaient pas forcément l’objet qu’elle présentait, les films en face desquels ils se
trouvaient assis, leur attention se fixait ailleurs et ils restaient à leur place, tranquillement. Si l’un d’eux
ne s’intéressait pas à ce dont parlait la conférencière, l’accompagnatrice la plus proche cherchait à lui
montrer autre chose. Il regardait alors ou dirigeait son regard sur autre chose encore sans que s’en
trouve déranger le déroulement de la visite. Celui que j’avais déjà remarqué par la pertinence de ses
réponses a continué de me surprendre. C’est le seul qui a cherché à s’éloigner du groupe, à partir à
la découverte du lieu sans crainte de s’éloigner. Il était plus vif que les autres et a tenté plusieurs fois
de partir vers un lieu qui avait attiré l’œil sans trop se préoccuper du groupe. A l’inverse, le jeune qui
ne parlait pas est resté, quant à lui, à proximité d’une des accompagnatrices en lui tenant la main la
majorité du temps. Vers la fin de la visite, il ne voulait plus repasser devant l’une des vitrines parce
qu’elle contenait un élément l’ayant dérangé plu tôt. Il tirait la manche de la documentaliste pour
changer de direction. Malgré ça, tout s’est bien passé. Les enfants sont restés groupés et ils ont suivi
la conférencière et les accompagnatrices dans le parcours de l’exposition.
La visite est certainement pour les enfants autistes un moment d’exploration comme ça peut
l’être pour n’importe quel autre enfant. Ils ont à s’habituer à un nouveau lieu où ils découvrent, de
plus, de nouvelles choses. Cela développe forcément leur curiosité, leur capacité d’adaptation.
Finalement, j’ai pu relever l’importance de l’encadrement des jeunes autistes et des connaissances
qu’ont les accompagnatrices de leurs réactions. Plus que l’espace en lui-même il semble que dans le
cas observé c’est bien la relation nouée avec l’équipe qui les encadrent qui prévaut. Il est vrai que
c’était des autistes légers, déjà relativement intégrés au milieu scolaire. La faible présence d’autres
personnes le long du parcours, le nombre élevé d’accompagnants comparativement à un groupe
d’enfants « normaux » a surement favorisé un bon déroulement de la visite. L’attitude de la
conférencière, n’ayant pourtant reçu aucune formation sur les troubles autistiques ou sur la manière de
les encadrer, m’a semblée toute à fait adaptée. Elle a cherché à les impliquer, à leur expliquer les
choses, à leur dire également si ils faisaient quelque chose de mal. Elle s’est adressée à eux avec
beaucoup de naturel et ne s’est pas formalisée du peu d’intérêt que pouvait porter certains à ses
questions ou à ses explications.
164
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Ouverture de l’établissement à et sur son environnement. Recommandations et
bonnes pratiques professionnelles, Paris, ANSEM, 2008, 51 pages. Document
consultable sur internent : http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco_ouverture.pdf
o
International classification of functioning, disability and health, Genève, OMS, 2001.
o
CONSTANT Jacques, La maison pour personnes autistes du département d’Eure et
Loire, version téléchargeable, ANCRA, 2009, 36 pages.
o
Etat des connaissances. Autisme et autres troubles envahissants du développement :
État des connaissances hors mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et
recherche fondamentale, HAS, source : internet, janvier 2010, 222 pages.
o
Recommandation de bonne pratique. Autisme et autres troubles envahissants du
développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant
et l’adolescent, HAS, source : internet, mars 2012, 60 pages.
LES DOCUMENTS OFFICIELS : MUSEES
o
Guide à destination des publics en situation de handicap, Paris, Edition du Centre
Pompidou, 13 pages.
170
o
Guide pratique. Visiteurs en situation de handicap mental ou physique, Paris, Edition
du Musée du quai Branly, 2013, 6 pages.
o
Visiteurs en situation du handicap, Paris, Edition du musée des Arts et Métiers, 201011, 4 pages.
o
Lyon, une ville accessible. Guide pratique de la culture, Lyon, Mairie de Lyon, 2009,
31 pages.
o
Brochure du musée des Beaux-arts de Reims, Reims, Edition du musée, 2012-13, 15
pages.
LES DOCUMENTAIRES ET FILMS
o
DELIGNY Fernand, Le moindre geste, film documentaire, 1962-71
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SOUPA Fred, Nos Plusieurs, film documentaire, 2010
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PASTOR Alvaro, NAHARRO Antonio, Yo también, film, 2010
o
CARIOFO Romain, Autisme, solutions d’espoir, documentaire 2012
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REVIE Sophie, Le cerveau d’Hugo, docu-fiction, 2012
LES SITES WEB
o
Le site des statistiques publiques sur la thématique des musées : www.statistiquepublique.fr/index.php?TexteLibreSelect=mus%E9e&php_action=RECHERCHE_texteLibre&x=
-961&y=-137
o
Le site de la Direction de l’information légale et administrative : www.viepublique.fr/politiques-publiques/politique-handicap/chronologie/
o
Le site du service public : servicepublic.fr
o
Le site du MCC : www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiquesministerielles/Developpement-culturel/Culture-et-handicap2/
171
Et pour le RECA : http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiquesministerielles/Developpement-culturel/Culture-et-handicap2/Reunion-des-etablissementsculturels-pour-l-accessibilite-RECA
o
Le site de l’ANCREAI : ancreai.org
o
Le site du Centre des Monuments Nationaux destiné aux publics handicapés :
www.handicap.monuments-nationaux.fr.
o
Le site Tourisme et handicap : www.tourisme-handicaps.org/.
o
Blog dédié à l’accessibilité aux institutions culturelles : culturehandicapparolesdexperts.blogspot.fr/
o
Le site de Grande Cause nationale 2012 : www.autismegrandecause2012.fr/fr/autismeen-france.html
o
Le site du CIPAC : www.cipac.net/formation/inscription/modalites-d-inscription.html
o
Le site du LAF de l’ENSAL :
www.laf.archi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47%3Ated&catid=22%3A
-fhum-sg-&Itemid=41&lang=fr
o
Le site de l’ECP au sujet d’un centre d’accueil de personnes atteintes d’autisme :
www.ecorcebois.com/etude-economiste-construction-centre-specialise-de-medreac-1
o
Loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000769536
o
La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées (articles concernant les
ERP : 41, 42, 43) :
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647.
o
L'arrêté du 1er août 2006, fixant les dispositions prises pour l'application des articles
R. 111-19 à R. 111-19-3 et R. 111-19-6 du code de la construction et de l'habitation
relatives à l'accessibilité aux personnes handicapées des établissements recevant du
public et des installations ouvertes au public lors de leur construction ou de leur
création :
172
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000821682&dateTexte=&ca
tegorieLien=id.
o
Le site de la Pinacothèque : www.pinacotheque.com/fr/accueil/lapinacotheque/paris.html
o
Le site de l’agence d’architecture Guinamard-Casati : www.guinamardcasati.com/#!pinacotheque/c1gzd
o
Le site du Centre Pompidou (en particulier la page à destination du public
handicapé) : www.handicap.centrepompidou.fr/handicapcp/site/index.php
o
Le site du musée du Quai Branly (en particulier la page à destination du public
présentant une déficience mentale) :
www.quaibranly.fr/fr/musee/publics/accessibilite/visiteurs-en-situation-de-handicapmental.html
o
Le site de Handicap information sur la Semaine de l’accessibilité du Quai Branly :
www.handicap-information.com/le-musee-du-quai-branly-rend-lart-sensible-et-accessible2809.html
o
Le site du musée d’Orsay : www.musee-orsay.fr/fr/espace-particuliers/particuliers/visiteurshandicapes/informations-pratiques/acces.html
o
Le site universcience.fr, pour la Cité des Sciences et le Palais de la découverte, notamment :
www.cite-sciences.fr/fr/cite-des-sciences/contenu/c/1248134801417/personnes-ensituation-de-handicap-mental/
o
Le site du musée des Arts et Métiers sur l’accueil du public handicapé : www.arts-etmetiers.net/musee.php?P=8, et handicapé mental : www.arts-etmetiers.net/magic.php?P=306
o
Le site du CNAM au sujet du handicap : handicnam.cnam.fr/
o
Le site de la ville de Reims, sur le nouveau musée des Beaux-arts : www.reims.fr/culturepatrimoine/musees-et-collections-permanentes/musee-des-beaux-arts/le-nouveaumusee.htm
173
o
Le site du MCC, sur la sélection de l’agence d’architecture pour le muée des Beaux-arts :
http://www.culture.gouv.fr/champagneardenne/3documentation/dossiers/patrimoine/nav2_projet_mba_reims.html
o
Le site Point de vue sur la ville, trois articles au sujet du musée des Confluences :
pointdevuesurlaville.org/?s=mus%C3%A9e+des+confluences
o
Le site de l’agence d’architecture Coop Himmelb(l)au : www.coophimmelblau.at/architecture/projects/musee-des-confluences
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Le site du musée des Confluences : www.museedesconfluences.fr/musee/
PRINCIPAUX CONTACTS ET ENTRETIENS EFFECTUES
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La Cinémathèque française, Paris : Mme Ghislaine Lassiaz : [email protected]
entretien et visite en compagnie d’un groupe d’enfants autistes venant de l'ULIS du
collège Ste Marie de Meaux
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Le Centre du Docteur Arnaud, Paris : M. Edouard Bertaud : [email protected] entretien non enregistré
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Le musée du Quai Branly : Mme Clémence Gros : [email protected]
échange par mail
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Une mère d’enfant autiste ayant organisé une visite au musée d’Orsay : Mme Gaele
Regnault : [email protected] échange par mail et transmission du compte rendu
de la visite
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Imprimerie Copiprint, 82 rue Lafayette 75009 Paris | Janvier 2014
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