JM LUNDi LE JOURNAL DE MONTRÉAL
LUNDI 18 MAI 2015
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La principale caractéristique du
café est de contenir des quantités
importantes de caféine, un alca-
loïde qui induit une augmentation
des niveaux de dopamine dans le
cerveau ainsi qu’une stimulation
de l’activité nerveuse. La consom-
mation de café augmente donc
temporairement la vigilance, un
effet stimulant qui semble particu-
lièrement apprécié par les hu-
mains: chaque année, environ
120 000 tonnes de caféine sont
consommées à l’échelle de la pla-
nète, ce qui en fait, et de loin, la
substance psychoactive la plus po-
pulaire du monde.
L’arbuste qui produit le café
n’avait évidemment pas prévu un
tel engouement: pour cette plante,
la caféine est d’abord et avant un
pesticide naturel qui repousse les
insectes et herbivores. L’analyse
récente du génome du caféier ro-
busta (Coffea canephora) montre
d’ailleurs que cet arbuste a déve-
loppé au cours de l’évolution une
méthode enzymatique bien à lui de
produire la caféine, très différente
de celle utilisée par d’autres
plantes (théier, cacaoyer) qui
contienne cet alcaloïde.
Que des plantes aussi différentes
que le caféier, le théier et le ca-
caoyer, qui ne partagent ni les
mêmes gènes ni le même habitat,
aient toutes développé de façon in-
dépendante un moyen de produire
le puissant insecticide qu’est la ca-
féine illustre donc à quel point
cette molécule joue un rôle impor-
tant dans le monde végétal (1).
C’est ce qu’on appelle l’évolution
convergente, quand des processus
moléculaires distincts aboutissent
à un phénomène semblable.
Prévention à la tasse
Comme c’est souvent le cas pour
les molécules produites par les vé-
gétaux, la caféine et les autres
composés phytochimiques fabri-
qués par le caféier ne jouent pas
seulement un rôle dans la survie
de la plante contre ses prédateurs,
mais exercent aussi des impacts
positifs sur la santé humaine.
Les grains de café contiennent
pas moins de 800 composés phyto-
chimiques distincts, dotés de plu-
sieurs activités biologiques. Par
exemple, certaines de ces molé-
cules comme les diterpènes cafes-
tol et kahweal accélèrent l’élimina-
tion des substances cancérigènes,
tandis que d’autres, comme les
acides caféique et chlorogénique,
possèdent une forte activité anti-
oxydante.
La présence simultanée de ces
molécules dans le café pourrait
expliquer les effets bénéfiques de
ce breuvage sur la prévention de
certaines maladies chroniques.
Parexemple, il est bien docu-
menté que les personnes qui
consomment régulièrement du
café ont un risque réduit de déve-
lopper un diabète de type 2 (2). Des
impacts positifs sur la mémoire et
la cognition, une réduction du
risque d’AVC ainsi que de cer-
taines maladies neurodégénéra-
tives ont également été suggérés.
Café antiCanCéreux
Il semble que la consommation
régulière de café soit également as-
sociée à une réduction du risque de
certains types de cancers. Cet effet
protecteur est observé pour plu-
sieurs types de cancers (sein, ves-
sie, bouche, côlon, œsophage, endo-
mètre, cerveau et peau), mais sem-
ble particulièrement prononcé pour
le cancer du foie: une étude récente
montre que les personnes qui
consomment régulièrement du café
ont 72 % moins de risque d’être tou-
chées par cette maladie! (3)
Une nouvelle étude suggère que
le café pourrait aussi réduire si-
gnificativement les récidives pour
les femmes qui ont combattu un
cancer du sein hormono-dépen-
dant et qui sont traitées avec le ta-
moxifène (4). En analysant les habi-
tudes alimentaires de 1090
femmes atteintes de ce cancer, les
savants ont observé que la
consommation modérée (2-4
tasses/jr) ou élevée (> 5 tasses /jr)
était associée à une réduction de
50 % des récidives. La consomma-
tion modérée ou élevée de café
avant le diagnostic était aussi as-
sociée à des tumeurs invasives de
plus petite taille. Une analyse plus
poussée suggère que cet effet pro-
tecteur pourrait être dû à une inhi-
bition de la croissance des cellules
tumorales par la caféine et l’acide
caféique, conséquence d’une ré-
duction de plusieurs protéines im-
pliquées dans la survie de ces cel-
lules cancéreuses.
Le café possède des propriétés ex-
citantes pour le système nerveux
central. À forte dose, le café peut
provoquer des effets secondaires
très désagréables comme les reflux
gastro-œsophagiens, les ulcères
gastro-duodénaux ou encore des
perturbations du sommeil. Les don-
nées accumulées au cours des der-
nières années indiquent par contre
qu’en quantités modérées, c’est-à-
dire un maximum de trois à quatre
cafés par jour, le café exerce un im-
pact préventif significatif contre
plusieurs maladies chroniques, in-
cluant certains types de cancers.
Bien qu’il soit surtout connu pour ses propriétés stimulantes, le café est une
boisson qui exerce également plusieurs effets positifs sur la santé. Une
nouvelle étude indique que les survivantes d’un cancer du sein qui
consomment régulièrement du café ont un risque de récidive de leur cancer
réduit de moitié.
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