COLOSCOPIE VIRTUELLE 841
Les patients doivent suivre certaines règles durant les 48 heures
précédant la TDM, tout en conservant une activité normale. Dès
l’avant-veille de l’examen, il est recommandé de suivre un régime
pauvre en résidus (sans graisse, sans fruits et légumes), puis la
veille au soir une diète liquide. La préparation médicamenteuse se
fait à l’aide de laxatifs osmotiques et stimulants à type de phosphate
de sodium sous forme de solution buvable à diluer, associés à des
comprimés de bisacodyl.
L’administration de produits de contraste, qui vont se mélanger
aux selles résiduelles, permet de distinguer celles-ci de vrais poly-
pes. Ce tagging se fait à l’aide de baryte fluide pour le marquage
des selles solides et de produit iodé hydrosoluble pour le marquage
des résidus liquides.
Le jour de l’examen, la préparation se termine par un supposi-
toire de bisacodyl une heure avant la TDM.
RÉALISATION DE L’EXAMEN
Le contraste spontané entre le gaz (air, ou, de préférence, CO2)
et la paroi colique est suffisant pour obtenir une bonne analyse
pariétale du côlon, l’injection de produit de contraste iodé n’est
donc pas utile pour réaliser une coloscopie virtuelle.
Avant d’installer le patient dans le scanner, il est souhaitable de
lui administrer un antispasmodique per os afin de réduire les spas-
mes et les douleurs.
L’examen débute par la mise en place d’une sonde rectale à bal-
lonnet reliée par une tubulure à un insufflateur automatique de CO2
ou à une poire manuelle d’insufflation d’air qui permet de distendre
le cadre colique. La qualité de cette distension gazeuse est contrôlée
par topogramme (Figure 51-6) avant d’effectuer l’acquisition tomo-
densitométrique sur l’abdomen et le pelvis. Cette opération (topo-
gramme et acquisition) est réalisée en décubitus, puis en procubitus.
L’utilisation d’un insufflateur automatique de CO2 apporte du
confort au patient (absorption rapide du CO2 par la muqueuse coli-
que) et une meilleure sécurité en contrôlant la pression du gaz insuf-
flé. Lors d’une insufflation manuelle, seules les douleurs du patient
guident l’opérateur quant à la quantité d’air à administrer.
La durée de l’examen est courte, avec un temps « sur table »
n’excédant généralement pas 10 minutes.
Certains paramètres d’acquisition tels que la collimation et le
pitch conditionnent la sensibilité de détection des polypes [2] ;
selon la Société européenne de radiologie gastro-intestinale et abdo-
minale (ESGAR) [3], il est donc recommandé d’utiliser une colli-
mation inférieure à 3 mm.
INTERPRÉTATION
Lecture
L’interprétation repose sur l’analyse complémentaire des ima-
ges 2D et 3D, ce qui permet d’améliorer la sensibilité de l’exa-
men [4, 5]. Le choix de débuter par l’une ou l’autre de ces ana-
lyses appartient au lecteur selon son habitude ; l’approche
première en 3D semble toutefois la plus adaptée [6]. L’explora-
tion débute généralement par l’examen du rectum et se poursuit
par un cheminement dans la lumière colique jusqu’au bas fond
cæcal. Dans un second temps, une analyse par un cheminement
dans le sens inverse doit également être réalisée afin d’explorer
avec certitude la totalité de la paroi, notamment de part et d’autre
des haustrations coliques. La difficulté à regarder derrière les
haustrations lors de la visualisation tridimensionnelle, inconvé-
nient commun à la coloscopie optique, peut également être pal-
liée par de nouvelles méthodes de visualisation comme la projec-
tion de cube déplié [6] et les expositions de dissection virtuelle
[7, 8] (Figure 51-7).
Lorsqu’une anomalie est détectée en 3D, celle-ci doit toujours
être analysée sur les vues MPR en 2D pour être caractérisée de
façon fiable.
Une attention particulière doit être apportée aux zones mal
déplissées par l’insufflation et à celles présentant des résidus
notamment liquides (Figure 51-8).
L’exploration extracolique de la cavité abdominopelvienne,
même limitée par l’absence d’injection iodée, fait partie de l’inter-
prétation, permettant ainsi le dépistage d’autres pathologies.
Outils d’aide au diagnostic
Les systèmes de détection appelés CAD (computer aided diagno-
sis) sont des outils permettant une sélection automatique des ano-
malies compatibles avec des polypes. Leur mode d’utilisation (en
« premier lecteur » ou « deuxième lecteur ») et leur validité ne sont
pas clairement établis, ces systèmes restent toutefois susceptibles
d’optimiser le temps d’interprétation des lecteurs entraînés et
d’améliorer la performance des lecteurs peu expérimentés.
Formation médicale
Dans la perspective d’une intégration future de la coloscopie vir-
tuelle dans la stratégie de dépistage du cancer colorectal, il apparaît
nécessaire de garantir l’efficacité diagnostique et la reproductibilité
de cet examen ; cela implique, entre autres, une formation adaptée
Figure 51-6 Topogramme en décubitus. Distension gazeuse satis-
faisante du cadre colique. Figure 51-7 Vue endoluminale de type dissection virtuelle.