note technique sur la culture du figuier

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POL YNE S I E
FR ANÇAI S E
MINISTERE
DE L’ECONOMIE RURALE
en charge de l’agriculture,
de l’élevage et du développement forestier
SERVICE DU DEVELOPPEMENT RURAL
DEPARTEMENT DAG
NOTE TECHNIQUE SUR LA CULTURE
DU FIGUIER
(photo Taraina Vota)
B.P. 2551, 98713 Papeete – TAHITI, Polynésie française – immeuble CGMP
Tél. (689) 54 13 40 – Fax. : (689) 82 20 36 – Email : [email protected]
* Service du développement rural – BP 100, 98713 Papeete – TAHITI, Polynésie française – rue Tuterai Tane, route de l’Hippodrome, Pirae
Tél. : (689) 42 81 44 - Fax. : (689) 42 08 31 - Email secrétariat direction : [email protected]
* Département du développement de l’agriculture - Email secrétariat DAG : [email protected]
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La culture du figuier
Ficus carica L.
Famille des Moracées
Introduction
La figue est à l'heure actuelle le plus ancien fruit domestiqué, des traces de figuiers cultivés
par l’homme ont été retrouvés dans la vallée du Jourdain en Israël. Ces figues seraient
vieilles de 11 400 ans.
Le figuier est aussi appellé « figuier de Carie » ou « arbre à cariques ». Le nom générique
Ficus est le nom latin du figuier. « Carica » signifie originaire de la Carie, ancienne
province d'Asie mineure d'où le figuier est supposé provenir.
Le figuier constitue une exception dans le monde botanique, car :
•
il est monoïque (un plant porte à la fois des fleurs mâles et femelles) mais il se
comporte comme une plante dioïque (des plants mâles qui founissent le pollen et
des plants femelles qui produisent les fruits consommés).
•
ses fleurs sont cachées à l'intérieur d'un conceptacle.
Seuls les figuiers femelles appelés aussi figuiers domestiques sont cultivés. Dans les pays
tempérés, ils peuvent être bifères ou unifères. Les bifères donnent deux récoltes par an (en
été et automne dans les pays tempérés). Les unifères fructifient une seule fois en fin d'été.
En Polynésie française le figuier produit tout au long de l’année.
Le figuier mâle (parfois appelé « figuier sauvage ») est appelé « caprifiguier ». Il donne des
fruits qui ne sont pas comestibles. Ils sont verts, spongieux, secs à l’intérieur et tombent
sans jamais parvenir à maturité.
Les variétés
Au total, le figuier domestique compte environ 700 variétés, dont 300 en France. La variété
la plus présente en Polynésie française n’est pas encore déterminée.
L’identification variétale est particulièrement délicate chez le figuier car :
- il existe au sein d’une même variété une forte variablité phénotypique en fonction
du lieu de culture ;
- le matériel sauvage est très proche du matériel cultivé ;
- il n’existe que peu de collections de références ;
- il n’existe pas de description suffisamment précise des variétés pour permettre à
elle seule une reconnaissance non ambiguë.
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Pollinisation du figuier
Les fleurs et fruits du figuier sont d'un type très particulier. La figue est un faux-fruit, elle
est un réceptacle charnu et creux qui contient des centaines de minuscules fleurs
unisexuées qui tapissent l’intérieur. La figue est une inflorescence en forme d'urne appelée
sycone. Ces fleurs totalement emprisonnées à l’intérieur et ne peuvent être fécondées sans
intervention extérieure. La pollénisation du figuier est donc complexe, et repose sur
l'interdépendance (symbiose) avec une petite guêpe appelée blastophage. Les figues des
caprifiguiers servent de réservoirs à blastophages.
Toutefois, certains figuiers peuvent donner des fruits sans fécondation, ce qui est appelé
parthénocarpie. Le blastophage ne semble pas être présent en Polynésie française. Il n’y a
en effet pas de caprifiguiers dans la nature pouvant servir d’abris aux blastophages.
Les figues récoltées ne contiennent pas de graines et les
blastophages n’ont pour le moment pas été observés sur les
figuiers de Tahiti. S’il y avait fécondation des figues, il
devrait y avoir une disperssion des graines par les oiseaux
et des repousses spontanées de figuiers mâles et femelles
dans la nature. Ce qui n’est pas le cas. La variété présente
localement serait donc de type parthénocarpique.
Photo 1 : Emergence de blastophages [1]
Les variétés de type parthénocarpique produisent des figues moins sucrées que les variétés
fécondées par le blastophage. Ces figues ne conviennent pas au séchage.
Préférences environnementales
Climat
Le figuier se développe bien dans des zones à faible hygrométrie au climat chaud et sec.
Une exposition ensoleillée lui est indispensable. Le figuier adulte est toutefois résistant au
froid jusqu’à environ moins 12°C selon les variétés. Des températures de 32 à 37°C sont
très favorables pour le développement et la maturité des fruits. Si la température s'élève
jusqu'à 43°C, le fruit durcit.
Sols
Le figuier est peu exigeant et s’accommode de tout type de sols mais sa croissance est
optimale dans les sols légers, plutôt sableux, profonds et fertiles. S’il s’adapte aussi bien
aux calcaires des atolls des Tuamotu, qu’aux sols acides des îles hautes, il tolère des pH de
6 à 7.7, mais craint les fortes concentrations en sodium et en bore.
Il craint les excès d’eau persistants, notamment dans les sols doublés d’un sous-sol
asphyxiant.
Ses possibilités d’adaptation et de survie dans des conditions de sol particulièrement
pauvres semblent infinies. Toutefois, il est reconnu que le figuier pousse le mieux dans les
sols riches, calcaires et suffisament frais.
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Vent
Le vent a moins de prise sur le figuier que sur bon nombre d’espèces fruitières cultivées. Il
ne provoque pas de chute de fruits, les figues étant fortement attachées par leur pédoncule
au rameau porteur. Le vent peut toutefois causer des déchirures sur feuilles et des blessures
par frottement sur fruits.
Plantation de figuiers
Multiplication des plants
Naturellement, le figuier se reproduit par ses graines disséminées par les oiseaux. En
culture, le figuier est multiplié végétativement, principalement par boutures qui
s’enracinent facilement. Il est également possible de le multiplier par drageonnage. Il se
multiplie aussi par rejets qui se développent sur la souche et conservent la variété. Le
greffage est rarement utilisé pour la multiplication du figuier. Il peut être utilsé en
surgreffage dans un verger lorsque la variété en place ne donne pas satisfaction. Il n’est pas
non plus conseillé d’utiliser le semis, car une graine a autant de chances de donner
naissance à un figuier femelle qu’à un caprifiguier.
Le figuier montre une vitesse de croissance stupéfiante et une rapidité de mise à fruits
particulièrement prolifique.
Le pourcentage de réussite diffère selon les variétés utilisées. L’ombrage et une irrigation
régulière sont nécessaires pour une bonne reprise des boutures. Une incision annulaire à la
base de la bouture 30 jours avant son prélèvement facilite l’émission des racines et leur
développement ultérieur. La bibliographie conseille de bouturer des branches de plus de 2
ans bien aoûtées, mais localement le taux de reprise sur ce matériel serait faible. Il est
préférable d’utiliser de jeunes branches non encore lignifiées.
Le figuier a tendance à drageonner naturellement. Il faut prélever les rejets avec à leur base
une partie suffisante de système racinaire afin d’assurer une reprise rapide des sujets.
Maladies et pestes
Le figuier, contrairement à la plupart des autres fruitiers, est très robuste et ne demande que
peu ou pas de traitements.
En zone tropicale, en condition très humides, les fruits peuvent
être attaqués par l’anthracnose (Glomerella cingulata) ou par le
phythophtora. Les figues atteintes présentent des nécroses et
pourrissent. Il faut retirer les fruits touchés qui sont des réservoirs
à champignons.
Photo 2 : Fruit portant des symptômes d’anthracnose
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Ses principaux ennemis sont les oiseaux et les poulets, très
friands de ses fruits (cf. photo 2). Il devient alors très difficile de
pouvoir récolter une figue mûre. En cas d’attaques importantes, il
est conseillé de protéger les fruits des prédateurs à l’aide de
papier journal relativement épais (au moins 3 feuilles), les
oiseaux arrivant à transpercer une à deux épaisseurs de papier
journal.
Photo 3 : Figue mûre mangée par des oiseaux
Un mauvais état du feuillage (brunissement, jaunissement et même chute des feuilles) n’est
souvent dû qu’à un problème physiologique : manque d’eau, excès d’eau, déséquilibre
minéral, brûlures par embruns.
Il est possible d’observer des tâches noires sur le feuillage dû
à la rouille (Cerotelium fici,) lorsque le figuier est planté en
zone humide. Cette maladie serait sans conséquences pour la
plante, mais elle pourrait entrainer en cas d’attaques
importante la chute des feuilles.
Photo 4 : Rouille sur feuillage
L’anthracnose
(Colletotricum
gloeosporioides)
peut
également se développer sur le feuilage. Les symptômes sont
visibles par des zones de nécrose. En cas d’attaques sévères
traiter en alternance avec des produits systémiques, comme la
prochloraze (Sportak) et le bénomyl (Benlate), et des produits
de contact comme le mancozèbe (Dithane M45) et
l'oxychlorure de cuivre (Cuprosan).
Photo 5 : Anthracnose sur feuillage
Il arrive aussi, mais rarement, que les figues soient piquées par la mouche des fruits. Dans
ce cas, il est conseillé d’appliquer la stratégie 1-2-3 :
- ramassage et destruction des fruits à terre ;
- mise en place de pièges ou des appâts attractifs ;
- et pulvérisation en taches d’appâts protéinés.
Densité de plantation
Les plantations se font en carré ou selon les courbes de niveau, dans des trous de plantation
de 60 cm³. Les espacements dépendent de la fertilité du sol. Ils varient entre 3 et 6 mètres
sur le rang et entre 5 et 9 mètres entre rangs.
Pour les variétés de figuiers nécessitant une fécondation par blastophage, il faut prévoir de
planter des caprifiguier aux bordures du verger. Trois à cinq caprifiguiers assurent la
caprification de cent figuiers femelles.
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Travail du sol
Le système racinaire du figuier est traçant, c’est à dire extension horizontale à faible
profondeur. Aussi, le travail du sol, s’il est pratiqué, doit être superficiel. Les racines du
figuier présentent une densité très importante.
Entretien des figuiers
Irrigation
Le système racinaire « chevelu » du figuier lui permet une exploitation optimale de l’eau
disponible dans le sol. Ses besoins annuels en eau sont de l’ordre de 600 à 700 mm. Il se
plaît cependant beaucoup en conditions plus humides. Les arrosages doivent être espacés et
copieux. Au cours des premières phases de croissance et de développement, les besoins en
eau du figuier sont importants, mais l'irrigation doit être réduite aux approches de la
maturité en vue d'obtenir des fruits riches en sucre et entiers.
Fertilisation
Le figuier est surtout exigeant en potasse et ne requiert pas de fortes doses de fumure
azotée. Chez le figuier, l'azote est essentiel pour la croissance végétative et la fructification.
Toutefois, un apport conséquent d’azote n’est pas recommandé, il provoquera un
développement végétatif trop important au détriment de la fructification. Le phosphore agit
sur la couleur et la maturité du fruit et le potassium sur le rendement et la qualité de la
figue.
En sol bien équilibré, on choisira un engrais de type 1-2-2,5 qui propose deux fois plus de
phosphore que d’azote et 2,5 fois de potasse que d’azote. Par exemple un engrais de
composition 4-8-12 (100/150g/an/m²) ou 10-20-25 (50/70g/an/m²).
En sol pauvre, l’apport du fumier additionné à la potasse est préférable. La potasse peut
être apportée sous forme de sulfate de potasse (20g/an/m²). La fumure doit être apportée
loin du tronc et à l’aplomb du feuillage.
Taille
Naturellement, le figuier pousse en cépée. Les cépées
permettent de maintenir des arbres plus bas, facilitant la
récolte des fruits, de renouveler les charpentières
vieillissantes grâce aux rejets de souche mais peuvent gêner
le travail du sol. On peut, toutefois, par une taille appropriée,
lui donner une forme en gobelet avec un tronc unique. Il
faudra alors éliminer régulièrement les rejets de souche.
Photo 6 : Taille en gobelet ouvert [2]
Le figuier s’adapte aussi très bien au palissage. En raison de son bois creux et tendre, de sa
faible aptitude à cicatriser, la taille devra être effectuée durant la montée de sève. Les plaies
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de taille ou les blessures doivent être mastiquées (goudron de Norvège ou autre produit
cicatrisant).
La taille est nécessaire pour stimuler la production de nouvelles pousses qui vont porter les
fruits. La taille a pour effet d'accroître la production et le poids des fruits. C’est une taille
d'éclaircie qui doit enlever le bois mort et aérer la frondaison des arbres.
Récolte
Rendements
Un plant de figuier issu de bouturage peut commencer à fructifier au bout d’un an. Une
branche produit une figue à l’aisselle de chaque feuille et, dans certains cas rares, certaines
variétés produisent deux figues par feuille. La production est abondante mais échelonnée.
La cueillette manuelle doit donc être réalisée par plusieurs passages successifs. La
cueillette des fruits doit être faite un peu avant maturité complète pour les figues.
Rappelons que la variété présente en Polynésie française n’est pas adaptée pour être
consommée sèche.
La conservation de la figue parce qu’elle est récoltée
proche de la maturité est assez délicate. Le fruit
évolue très vite après la récolte. La figue supporte
assez mal la condensation et le froid, et son
épiderme fragile se fend souvent à maturité.
Photo 7 : Fruits sains et mûrs
Informations complémentaires
La figue a une teneur en eau, une valeur énergétique, une teneur en matières grasses
identiques à celles du kiwi, fruit réputé pour ses caractéristiques diétético-nutritionnelles
particulièrement intéressantes. Elle a les mêmes teneurs en vitamines, sauf la vitamine C
dont la teneur est 20 fois inférieure à celle du kiwi.
La figue contient : du sucre (10 à 20%), des protéines, des lipides, des sels minéraux
(potassium, calcium, phosphore), des oligo-éléments (fer principalement), des vitamines (A
- B - C à l’état frais) et des fibres.
La figue est légèrement laxative. Les feuilles, urticantes, peuvent provoquer des allergies
de la peau.
Le latex, liquide blanc qui s’écoule des tiges coupées notamment, est corrosif pour les
mains, il peut cependant détruire les verrues. Il est produit par des cellules lactifères, que
l’on trouve aussi dans la laitue, le pissenlit, la chélidoine...
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Bibliographie
a.
Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Centre de biologie et gestion des
populations Université de Prétoria Afrique du Sud, Conservatoire botanique
national Méditerrannéen de Porquerolles (2008) Les figuiers et leur communauté
de chalcidiens : histoire évolutive, co-évolution, écologie des communautés.
b.
Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (1997) Le figuier,
monographie. 263 p.
c.
Fabrice et valérie Lebellec (2007). Le verger tropical. Cultiver les abres fruitiers.
262 p.
d.
Pépinières Baud (2004). Le choix d’une variété.
http://www.fig-baud.com/choixfiguiers.html
e.
Pépinières Blancon. http://www.figue-blancon.com/culture.php
f.
L’art de produire des légumes et fruits au Maroc (2007)
http://www.legume-fruit-maroc.com/figuier.php
g.
Culture du figuier en climat continental (2006)
http://www.loire-baratte.com/Figuier.htm
h.
Figuier commun (2010) http://fr.wikipedia.org/wiki/Figuier_commun
i.
Figue (2010). http://fr.wikipedia.org/wiki:Figue
j.
La vie secrète du figuier (2008). http://www.sahariens.info/fiche-conseil/la-viesecrete-du-figuier
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