Le figuier

Le figuier dans la Bible

L’Empereur Hadrien allait en guerre contre ses ennemis.
En route, il rencontra un vieil homme qui plantait des
figues. Hadrien lui dit alors : « As-tu l’espoir de manger les
fruits de cet arbre ? Tu es vieux. Pourquoi fournis-tu
tellement d’efforts ? »
Le vieil homme répondit : « Si Dieu me donne longue vie, je
mangerai de ces fruits et j’en profiterai. Sinon, mes enfants les
mangeront. Quand je suis venu au monde, j’ai trouvé des
figues plantées par mes ancêtres, je veux que mes enfants, à
leur tour, trouvent également ces fruits. »
L’Empereur dut guerroyer trois années durant. A son retour, il
rencontra à nouveau le vieil homme qui lui remit un panier
plein des figues qu’il avait plantées auparavant. L’Empereur
prit les figues avec plaisir et remplit le panier de pièces d’or. »
Le Talmud (Lévitique Rabb, 25,5)
La protection de variétés importantes de plantes est
réglementée dans le Talmud. De façon à protéger
l’environnement, il était interdit de brûler du bois d’olivier, de
vigne, de palmier ou de figuier sur l’autel du Temple (Tamid
29a et b).

Arnaud Favart in « la sève et le
souffle »
La Bible n'apprend rien à proprement parler sur les arbres
qu'elle mentionne; mais au fil des récits, des poèmes, des
lois, où elle les évoque, on voit ces arbres se charger de
connotations, devenir le théâtre de faits analogues ou
opposés. Il serait intéressant de "suivre" chaque arbre
mentionné dans la Bible et de voir quel parcours nous fait
faire l'ensemble de ses occurrences.
On se demande par exemple pourquoi Jésus dit à
Nathanaël qu'il l'a « vu sous le figuier» (Jn 1. 48-50). On peut
invoquer des traditions juives, extérieures à la Bible, relatant
que l'ombre de certains arbres était particulièrement propice à
l'étude de la Torah; ce genre de parallèles est légitime. Il est
juste pourtant de commencer par une enquête à travers la
Bible: où voit-on pour la première fois un figuier? Qui se trouve
habituellement sous un figuier? etc.
Le premier figuier biblique se trouve en Gn 3,7. Dès que
l'homme et sa femme ont mangé le fruit défendu, ils voient
qu'ils sont nus et leur premier recours dans cette situation est
un arbre: « Ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des
ceintures ». On trouve son nom à plusieurs reprises dans une
expression stéréotypée: « Juda et Israël habitaient chacun
sous sa vigne et sous son figuier» (1 R 5,5). Peut-on utiliser
ces passages pour "éclairer" le figuier de Nathanaël ? Une
enquête précise serait à mener. Nathanaël que Jésus
appellera « un authentique Israélite» (Jn 1,47) se trouve en
tout cas sous un arbre typique où Israël siège
traditionnellement. Et dans ce tout début de l'évangile, on peut
penser à ce figuier du commencement, le premier arbre en fait
dont le nom botanique nous soit donné: y a-t-il la suggestion
que le Christ trouve l'homme là où il s'est réfugié, afin de lui
dire que là déjà, il n'était pas seul (Jn 1,48) ? »
Ph. Lefebvre in « Comme des arbres qui marchent »
 Selon le nouveau dictionnaire biblique :
Figuier, figue : dicotylédone de la famille des Moracées.
Arbre dont le fruit est excellent (Juges 9,10 ; Nbres 13,23).
En hébreu le même mot « Ténah » désigne à la fois l’arbre et
le fruit tandis qu’en grec l’arbre se dit « suké » et le fruit
« sukon ». Arbre originaire de l’Asie occidentale. Quand il est
jeune il ne porte de fruit que s’il est dans un sol cultivé (Luc 13,
6-9). Devenu vieux le figuier dégénère rapidement ; négligé il
ne produit guère (Pv 27,18). Au printemps, le figuier pousse
ses premiers fruits avant les feuilles, sur des branches qui ont
crû l’année précédente : c’est la figue verte (cant 2,13). Si
l’arbre ne porte point de fruit vert lorsque le feuillage apparaît,
il n’y aura pas de figues. La première récolte de fruits mûrs a
lieu en juin ; dans les endroits privilégiés, la récolte se fait plus
tôt (Es 28,4). Les figues tardives croissent sur le bois nouveau
pendant tout l’été et sont mûres dès le mois d’août. On les
sèche pour les conserver ; on les presse pour en faire des
gâteaux ; en orient, la figue constitue l’un des éléments
essentiels de la nourriture (1 S 25,18 ; 30,12). Le figuier était
fort apprécié ;la Bible le mentionne souvent en même temps
que la vigne (Deut 8,8 ; Ps 105,33 ; Jr5,17 ; Joël 1,12).
L’expression « être assis sous sa vigne et sous son figuier »
était synonyme de prospérité et de sécurité (1 R 4,25 ; Mich
4,4 ; Zach 3,10). Les figues s’employaient en médecine : 1 R
20,7 parle d’un cataplasme de figues.
La hauteur du figuier cultivé (Ficus carica) varie de 6 à plus de
9 mètres. Les feuilles qui apparaissent à la fin du printemps et
tombent à l’approche de l’hiver, mesurent souvent 20 à 25 cm
d’une extrémité à l’autre ; elles sont cordiformes et présentent
3 ou 4 lobes. Le fruit est très particulier et les botanistes ne
l’assimilent pas aux autres fruits. A l’origine c’est un réceptacle
creux dont la paroi interne contient de toutes petites fleurs, les
unes mâles, les autres femelles ; celles-ci engendrent
chacune, après la fécondation, un petit fruit sec, tandis que le
réceptacle va se développer, et constituer la partie comestible
de la figue.
Le figuier était un emblème d’Israël. Selon la prophétie le
figuier d’Israël doit reverdir et porter des fruits à la fin des
temps (voir Mt 24,32-33 et Mc 11, 12-17).
 Selon le dictionnaire encyclopédique de la Bible :
Figue précoce : « bikkurah », figue verte : « pag » (ct 2,3) d’où
le nom de Bethphagé : maison des figues vertes. Avec le raisin
et l’olive la figue est un aliment important (1 Ch 12,41). On
plante parfois le figuier dans la vigne pour qu’il serve de
soutien ; d’où l’expression »vivre sous la vigne et sous le
figuier » (1R 5,5 et Za 3,10) indice de la paix et du bien-être.
 Une histoire inspirée d'un conte oriental :
"La rumeur circulait qu'il existait dans une île lointaine un arbre
dont le fruit délivrait de la vieillesse et de la mort. Le roi décida
alors d'envoyer un de ses hommes à la recherche de cette
merveille. L'homme partit donc et, pendant des années, visita
maintes îles, maintes montagnes et maints plateaux. Quand il
demandait aux passants où se trouvait cet arbre de vie, les
gens souriaient en pensant qu'il était fou. Ceux qui avaient du
coeur lui disaient: "Ce sont des histoires! Abandonne cette
recherche!" D'autres, pour se moquer de lui, l'envoyaient vers
des îles encore plus lointaines...Le pauvre homme n'atteignait
jamais son but car ce qu'il demandait était impossible. Il perdit
alors l'espoir et prit le chemin du retour, les larmes aux yeux.
En chemin, il rencontra un vieillard assis sous un arbre, en
train de méditer, un livre sous les yeux. Il lui dit: "Ô vieillard,
prends pitié de moi car je suis désespéré!" -- "Pourquoi es-tu si
triste?" -- "Mon roi m'a chargé de trouver un arbre dont le fruit
est le capital de la vie. Chacun le convoite. J'ai cherché
longtemps, mais en vain, et tout le monde s'est moqué de
moi." Le vieillard s'est mis à rire: "O coeur naïf et pur! Goûte le
fruit de cet arbre qui m'abrite: il est doux et savoureux! Essaye
maintenant de manger ce livre qui est devant moi et qui vient
de ce tronc d'arbre! Si son goût ne te paraît pas amer mais
aussi doux que le fruit que tu viens d'apprécier, c'est que tu
n'es pas loin de l'arbre de vie que tu recherches." Cité par
Albert Soued

« Écoutez-moi, habitants de Sichem, et que Dieu vous
écoute!
8 Les arbres partirent pour aller oindre un roi et le mettre à leur
tête. Ils dirent à l'olivier: Règne sur nous. 9 Mais l'olivier leur
répondit: Renoncerais-je à mon huile, qui m'assure les
hommages de Dieu et des hommes, pour aller planer sur les
arbres? 10 Et les arbres dirent au figuier: Viens, toi, règne sur
nous. 11 Mais le figuier leur répondit: Renoncerais-je à ma
douceur et à mon excellent fruit, pour aller planer sur les
arbres? 12 Et les arbres dirent à la vigne: Viens, toi, règne sur
nous. 13 Mais la vigne leur répondit: Renoncerais-je à mon vin,
qui réjouit Dieu et les hommes, pour aller planer sur les
arbres? 14 Alors tous les arbres dirent au buisson d'épines:
Viens, toi, règne sur nous. 15 Et le buisson d'épines répondit
aux arbres: Si c'est de bonne foi que vous voulez m'oindre
pour votre roi, venez, réfugiez-vous sous mon ombrage; sinon,
un feu sortira du buisson d'épines, et dévorera les cèdres du
Liban.» Juges 9, 8-15

Un figuier peut en montrer un autre: autres pistes
symboliques
Si on veut donner une interprétation symbolique au figuier, il
est peut-être utile de rappeler que c’est l’arbre de la chute
(Adam et Eve se couvrent de feuilles de figuier), mais que c’est
aussi, par excellence, l’arbre du Cantique des cantiques. Le
figuier n’était pas fait pour se couvrir, mais pour se découvrir
dans la jubilation de la relation de tendresse.
Le figuier parle naturellement d’amour…
A cause de ses particularités botaniques (dans le ProcheOrient ancien, les figuiers n’étaient pas comme aujourd’hui
constitués de variétés auto-fécondantes : il y avait des plants
mâles et des plants femelles et, pour favoriser la fructification,
il fallait procéder à un bricolage nuptial en fécondant à la main
les fleurs du plant femelle).
A cause de la suavité de son goût, métaphore de tous les
délices.
A cause de la sensualité de sa ‘physiologie’, allions-nous dire :
le fruit mûr est jusqu’à aujourd’hui un terme-image très érotisé
du sexe féminin…
A cause du rythme si particulier de son cycle de végétation : ce
sont ses feuilles les premières à se déployer au printemps,
promesses de tous les possibles ; avant même que les feuilles
ne poussent, les derniers fruits de l’automne précédent qui
n’ont pas eu le temps de grossir ni de mûrir sont visibles,
paralysés par la froide saison ; avec le retour des premières
chaleurs, ces boules de vie, ces sortes d’oeufs en formation
recommencent à se développer pour arriver à maturité juste
quand la vigne est en fleur : les deux extrêmes du cycle
végétal se rejoignent ainsi et se touchent et nous touchent d’un
parfum d’éternité ; il n’y a pas plus d’ hivers et d’étés que de
loups et de brebis : il y a l’émerveillement de la vie et de
l’amour qui se fécondent tandis que la justice et la vérité
s’embrassent, tandis que le bien-aimé et sa princesse
s’enlacent et se laissent aller vers eux-mêmes.