D Do ossssiieerr d du uC CN NH HIIM M Echos du CNHIM Marie-Caroline Husson 3 2011 Tome XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Le CNHIM est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de réaliser et diffuser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Tous les articles publiés dans Dossier du CNHIM sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les rédacteurs signataires, le comité de rédaction, et la rédaction du CNHIM d'une part, le comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, Dossier du CNHIM ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Malgré tout le soin apporté à l’élaboration de Dossier du CNHIM, une erreur peut se glisser dans les informations diffusées. Les lecteurs doivent donc conserver la plus grande vigilance dans l’exploitation des données à leur disposition. Directeur de la Publication : Xavier Dode E Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban. S. Manin, C. Brunet, A-L. Flaugère, A. Darque, L. Camoin et la participation du comité de rédaction v Editorial a En bref l u a Rédaction Rédactrice en chef : Marie Caroline Husson Comité de rédaction : Dominique Dardelle (Suresnes), Albert Darque (Marseille), Bérangère Gruwez (Berck), Isabelle Fusier (Paris), Isabelle Jolivet (Paris), Véronique Lecante (Paris), Nathalie Le Guyader (Paris), Emmanuelle Radideau (Corbeil), Déborah Schlecht-Bauer (Tours), Corinne Tollier (Paris). Comité de lecture : A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), P. Faure (Paris), J.E. Fontan (Paris) C. Guérin (Paris), S. Limat (Besançon), C. Montagnier-Pétrissans (Paris), M. Ollagnier (St Etienne), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), T. Vial (Lyon). Experts pour ce numéro : Joseph Emmerich (Paris), Isabelle Gouin-Thibault (Ivry sur Seine), Patrick Jego (Rennes), Marc Samama (Paris). t i o n Rythme de parution : 6 numéros par an N° ISSN 0223,5242. N° de commission paritaire : G 82049 IMPRESSION : CPI – Imprimerie France Quercy ZA des Grands Camps, 46090 Mercuès. CENTRE NATIONAL HOSPITALIER D’INFORMATION SUR LE MEDICAMENT www.cnhim.org Hôpital de Bicêtre – 78, rue du Général Leclerc B.P. 11 - 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex Tél. : 01 46 58 07 16 – Fax : 01 46 72 94 56 Courriel : [email protected] Président : Xavier Dode Président fondateur : André Mangeot Secrétariat abonnement : Zohra El Hadaoui Conseil d’Administration : F. Ballereau (Nantes), G. Benoit (Paris), H. Bontemps (Villefranche/Saône), O. Bourdon (Paris), E. Boury (Lomme), J. Calop (Grenoble), B. Certain (Paris), M. Courbard-Nicolle (Paris), D. Dardelle (Suresnes), X. Dode (Lyon), E. Dufay (Lunéville), J.E. Fontan (Bondy), D. Goeury (Paris), C. Guérin (Paris), M.C. Husson (Paris), J.F. Latour (Lyon), N. Le Guyader (Paris), A. Lepelletier (Nantes), P. Passe (Paris), P. Paubel (Paris), F. Pinguet (Montpellier), C. Rieu (Longjumeau), D. Roncalez (Colmar), J.M. Trivier (Lille). Dossier du CNHIM participe à l’ISDB, réseau international de revues indépendantes de formation thérapeutique. F i c h e s 1. 2. 2.1. 2.2. Pr Joseph Emmerich 5 Marie-Caroline Husson 6 Introduction Maladie thromboembolique : aspects physiopathologiques Rappels physiologiques : hémostase Physiopathologie de la maladie thromboembolique 3. Médicaments antithrombotiques disponibles 3.1. Antithrombotiques de référence 3.2. Inhibiteurs spécifiques des facteurs de coagulation 4. 4.1. 4.2. 4.3. 4.4. Nouveaux antithrombotiques oraux Dabigatran etexilate : PRADAXA® Rivaroxaban : XARELTO® Apixaban : ELIQUIS® Inhibiteurs directs oraux en développement 7 8 8 11 19 21 29 32 33 57 77 102 5. Surveillance biologique des traitements par les nouveaux antithrombotiques oraux 104 6. Eléments de pharmaco-économie 104 7. Discussion / Conclusion 105 Acronymes et sigles Références bibliographiques Annexes 107 107 114 Interactions médicamenteuses - Antiarythmiques 115 S. Skalli, M. Nouvel, A. Faudel, S. Omrani, M. Aitichou, S. Parat, C. Rioufol - Neuroleptiques antiémétiques 131 S. Chanoine, E. Odouard, E. Franchon, R. Faure, N. Vantard, F. Ranchon, V. Schwiertz, C. Gourc, R. Lecointre, C. Rioufol - Neuroleptiques 137 M. Aitichou, A. Faudel, M. Nouvel, S. Skalli, S. Omrani, S. Parat, C. Rioufol Résumés des derniers numéros parus Au sommaire de Dossier du CNHIM 147 148 Bulletin d’abonnement 2011 Bulletin d’abonnement 2012 149 150 Le CNHIM a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). Les articles de Dossier du CNHIM sont indexés dans bibliopch. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -2- Échos du CNHIM Échos du CNHIM Marie-Caroline Husson Pharmacienne – praticien hospitalier Rédactrice en chef Modernisation du système des produits de santé : un projet de loi riche d’avancées mais encore trop en retrait sur certains points Suite à l’éclatement de l’affaire du Médiator début 2011, un certain nombre de dysfonctionnements de l’organisation de la sécurité sanitaire des produits de santé ont été pointés dans le rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). Une vaste concertation nationale sur la refonte de ce système a alors été lancée – les Assises du médicament – par le Ministre du travail, de l’emploi et de la santé. Ces assises et les recommandations des parlementaires ont inspiré un projet de loi actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. Ce projet de loi sur la modernisation du système des produits de santé comporte des mesures qui si elles étaient appliquées représenteraient des avancées certaines dans la gestion du médicament en France. Notamment : * Les règles destinées à assurer la transparence des liens d’intérêt sont profondément remaniées, notamment la liste des personnes concernées est étendue. Le texte prévoit la création d’une « charte de l’expertise sanitaire » qui s’appliquerait « aux expertises réalisées à la demande des services ou instances en charge de la santé publique ». * L’ANSM qui se substituera à l’AFSSAPS, aura pour mission principale « l’évaluation des bénéfices et des risques liés à l’utilisation des produits à finalité sanitaire destinée à l’homme et des produits à finalité cosmétique. Elle surveillera les risques liés à ces produits et effectuera des réévaluations des bénéfices et des risques. » -3- Une méthode de « priorisation » de la réévaluation du rapport bénéfices-risques des médicaments avec AMM antérieure à 2005 a été publiée sur le site de l’AFSSAPS en juillet dernier. Le démarrage du criblage des produits était prévu pour septembre 2011. L’ANSM se trouvera dotée de plusieurs nouveaux pouvoirs. Huit collèges composeront son conseil d’administration. Enfin, une disposition prévoit que le Directeur de l’ANSM rendra publics les ordres du jour, et les comptes rendus des réunions des différentes commissions de l’agence ; les modalités de diffusion devront être fixées par un décret en Conseil d’Etat. * Le texte prévoit qu’une prescription hors AMM sera possible dans deux cas : - l’indication ou les conditions d’utilisation considérées ont fait l’objet d’une « recommandation temporaire d’utilisation » (RTU) de la part de l’ANSM ; - le prescripteur juge indispensable, « au regard des données acquises de la science », le recours à un médicament pour améliorer ou stabiliser l’état clinique du malade. Le médecin devra alors prévenir le malade qu’il effectue une prescription hors AMM et le mentionner sur l’ordonnance ; il devra motiver sa décision dans le dossier médical du malade. Sans cette RTU les médicaments prescrits hors AMM ne pourront pas être pris en charge par l’assurance maladie. Ces RTU seront assorties d’un suivi des malades par le laboratoire voire d’un engagement d’extension d’indication ou de modification de l’AMM dans un délai déterminé. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Échos du CNHIM Souhaitons que cet encadrement renforcé des utilisations hors AMM par les RTU ne se fasse pas au détriment des malades, dans des indications orphelines par exemple. Peu de dispositions portent sur l’AMM elle-même car elle est régie par la règlementation européenne, sauf en ce qui concerne la pharmacovigilance qui peut être renforcée à la demande du Directeur de l’ANSM auprès d’un laboratoire. - lorsque la spécialité pharmaceutique a fait l’objet d’un arrêt de commercialisation, si l’indication sollicitée est différente de l’AMM suspendue et qu’il existe des données pertinentes sur son efficacité et sa sécurité. Si toutes ces mesures, dont la liste ci-dessus n’est pas exhaustive, étaient mises en œuvre, cela constituerait un important remaniement de la politique du médicament en France. * La prescription d’une spécialité pharmaceutique doit désigner les substances actives qu’elle contient par leur DCI. Lorsque le médicament comporte plus de trois substances actives, le nom de marque s’impose. Mais au lieu d’être promue sans délai, celle-ci est différée à l’utilisation de logiciels professionnels qui risquent fort de ne pas être certifiés avant plusieurs années. Ceci étant, la revue Prescrire souligne dans ce projet de loi des manques importants, notamment : * Enfin les règles régissant les ATU sont modifiées en profondeur. Une ATU nominative ne pourra être accordée à un médicament pour une indication donnée que s’il existe une demande d’ATU de cohorte, ou d’AMM, ou si des essais cliniques sont en cours en France. A l’exception de deux situations : - la démonstration d’un progrès thérapeutique pour qu’un médicament puisse obtenir une AMM ou un remboursement n’est toujours pas exigée ; - lorsqu’une issue fatale est prévisible pour le malade à court terme, Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 - le renforcement de la pharmacovigilance locale n’est pas abordé, ce qui peut faire craindre la marginalisation du rôle des centres régionaux pour favoriser la centralisation des déclarations d’effets indésirables ; - l’évaluation de la praticité pour prévenir la survenue d’erreurs médicamenteuses, tout comme la mise en place de financements pour la recherche clinique indépendants de l’industrie pharmaceutique, sont passés sous silence. -4- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Éditorial Pr Joseph Emmerich Service de Médecine Vasculaire-HTA et INSERM U765 Hôpital Européen Georges Pompidou 20-40 rue Leblanc – 75908 PARIS Cedex 15 Traitement anticoagulant : une nouvelle ère s’ouvre Les antivitamines K sont utilisées depuis plus d’un demi-siècle comme anticoagulants oraux de référence dans toutes les pathologies où la thrombose joue un rôle majeur : maladie thromboembolique veineuse, fibrillation auriculaire, valvulopathies et accidents vasculaires cérébraux. Leurs inconvénients majeurs sont un faible rapport bénéfice/risque et de nombreuses interactions avec les médicaments et l’alimentation. Ceci explique que même dans les études randomisées les plus récentes, le temps passé par le malade où l’antivitamine K est dans la zone thérapeutique, n’excède jamais plus de 65%. Autrement dit, pendant près de 40% du temps le malade traité est soit insuffisamment anticoagulé et court alors un risque de thrombose, soit trop anticoagulé et peut alors craindre un accident hémorragique. Pour ces raisons une surveillance thérapeutique de l’INR est nécessaire, mais celle-ci est consommatrice de ressources économiques non négligeables et de temps médical et paramédical important. Les anticoagulants oraux sont prescrits dans notre pays chez environ 1% de la population et sont responsables d’environ 17 000 accidents iatrogènes. Les héparines de bas poids moléculaire ont constitué un progrès sensible durant les 3 dernières décennies, mais la nécessité de l’injection sous-cutanée rend leur utilisation au long cours difficile et inconfortable. Les firmes pharmaceutiques ont développé depuis une quinzaine d’années de nouveaux anticoagulants, actifs par voie orale ; ce sont des molécules de petite taille qui inhibent directement soit le facteur X activé soit la thrombine. Les premières – inhibitrices du facteur Xa - ont une dénomination commune internationale qui se termine par ‘xaban’ (comme le rivaroxaban, l’apixaban, le darexaban, l’otamixaban, l’edoxaban…), alors que les secondes - inhibitrices de la thrombine - se terminent par ‘gatran’ (comme le dabigatran, flovagatran...). Comme les grandes classes thérapeutiques utilisées en cardiologie, chacune de ces deux classes est composée de plusieurs substances actives ayant le même mode d’action, avec peut-être pour certaines, des développements à prévoir dans des niches thérapeutiques spécifiques. Il faudra pour ces raisons, que les médecins se familiarisent avec des schémas posologiques différents selon les -5- indications et les médicaments utilisés. De plus, il va falloir développer une nouvelle conception de l’éducation thérapeutique des malades. Il faudra moins les éduquer sur l’équilibre du traitement que sur la nécessité de ne pas arrêter un traitement qui devient aussi simple à utiliser qu’une statine ou un antihypertenseur. L’enseignement de l’observance thérapeutique devra faire partie intégrante de la prescription de ces médicaments, et de leur dispensation, au risque de voir survenir des récidives potentiellement mortelles, par exemple dans les mois suivants leur prescription pour une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire. Les grandes études dont nous disposons déjà dans la maladie thromboembolique veineuse (Recover, Einstein DVT, Einstein Extension, Resonate, Remedy) et la fibrillation auriculaire (Rely, Rocket AF, Aristotle) montrent d’ores et déjà l’excellente tolérance du Dabigatran, du Rivaroxaban et de l’Apixaban et une efficacité au minimum non inférieure aux antivitamines K (soulignons que ces médicaments sont déjà disponibles en prophylaxie après chirurgie orthopédique). Il faut espérer que de bonnes études de phase IV permettront de montrer un avantage plus important dans la vraie vie en raison d’une moindre iatrogénie, mais cela reste à démontrer. Le surcoût immédiat de ces médicaments devrait également être vite compensé par l’absence de nécessité de surveillance biologique, et sans doute par la diminution des durées d’hospitalisation. Cette diminution attendue est liée à l’absence de nécessité d’un relais par héparine de bas poids moléculaire à l’introduction des anticoagulants, ou de réaliser une fenêtre thérapeutique pour un geste invasif. Pour l’ensemble de ces raisons nous sommes convaincus que pour les futures générations de médecins, les antivitamines K d’aujourd’hui vont être progressivement mises aux oubliettes en pathologie humaine pour ne garder peut-être que leur vocation première de drogues utilisées pour la dératisation. Cet article de Dossier du CNHIM, extrêmement complet et documenté, fait un point critique de grande qualité sur le bénéfice/risque de ces médicaments. Cette ère des nouveaux anticoagulants est maintenant une réalité clinique. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban En bref Marie-Caroline HUSSON Rédactrice en chef La maladie thromboembolique veineuse est une pathologie plurifactorielle aux complications sévères. Les antithrombotiques conventionnels sont : - les antivitamines K, médicaments de référence utilisés depuis de nombreuses années dans la prévention de la thrombose ; le bénéfice qu’ils apportent est démontré mais leur utilisation est associée à une iatrogénie importante ; - les héparines : héparine non fractionnée et héparine de bas poids moléculaire ; - les héparinoïdes : Danaparoïde sodique ; - les inhibiteurs indirects du facteur Xa : Fondaparinux sodique et Idraparinux. Les contraintes imposées par ces traitements conventionnels ont justifié la recherche de nouveaux antithrombotiques, administrables par voie orale. Les trois médicaments - Dabigatran, Rivaroxaban et Apixaban - ont récemment obtenu une AMM dans la prévention des événements thromboemboliques veineux chez les malades adultes bénéficiant d'une intervention chirurgicale programmée de la hanche ou du genou. Le Dabigatran est un inhibiteur direct puissant de la thrombine libre. Il sera bientôt autorisé en prévention des accidents emboliques dans la fibrillation auriculaire. Le Rivaroxaban est un inhibiteur direct et sélectif du facteur Xa ; il inhibe indirectement la génération de thrombine et son auto-amplification ; aucun effet sur les plaquettes n'a été démontré. L’Apixaban est un inhibiteur direct, réversible, et hautement sélectif du site actif du facteur Xa libre et lié au caillot. Il ne nécessite pas d’antithrombine III pour exercer son activité antithrombotique ; il inhibe également l’activité de la prothrombinase. Les anticoagulants encore en développement sont en majorité des substances anti Xa ou antithrombine. Aucune surveillance biologique n’est recommandée chez les malades traités. Des tests de coagulation, simples et reproductibles, seront prochainement disponibles. Les nouveaux antithrombotiques oraux présentent de nombreux avantages potentiels : voie orale, sélectifs, délai d'action rapide, pas de surveillance nécessaire en routine, pas d’interactions médicamenteuses ou alimentaires notables, demi-vie courte. Tous ces points forts devraient induire une observance très améliorée. Celle-ci cependant n’est pas garantie du fait notamment de la nécessité d’une éducation à ces nouveaux traitements, ainsi que de l’absence de suivi biologique qui permettait aux prescripteurs de Warfarine de contrôler, outre l’observance, l’efficacité et la sécurité du traitement. S’ils semblent donc prometteurs et plus pratiques, ils seraient cependant probablement d’efficacité et de tolérance similaires à un traitement par Warfarine bien géré. Leur coût élevé reste un problème important. En conclusion, les données d’efficacité doivent encore être consolidées et celles de tolérance à long terme (hépatique, risque de saignement) complétées. Des études comparatives et de grande envergure restent aussi à mener afin de positionner ces antithrombotiques les uns par rapport aux autres. Mots clés : antithrombotique, antivitamine K, apixaban, dabigatran, fondaparinux, héparine, héparinoïde, idraparinux, maladie thrombo-embolique, rivaroxaban. Oral antithrombotics: Dabigatran, Rivaroxabn and Apixaban. Venous thromboembolism is a multifactorial disease with severe complications. The conventional antithrombotic drugs are: - Oral anticoagulants, used as a reference for many years in the prevention of thrombosis, but their use is associated with an important iatrogenic; - Heparins: unfractionated heparin and low molecular weight heparin; - Heparinoids: danaparoid; - The indirect factor Xa inhibitors: Fondaparinux sodium and Idraparinux. The constraints imposed by these treatments justified the search for new antithrombotics which could be administered orally. The three drugs - Dabigatran, Rivaroxaban and Apixaban - have recently obtained a marketing authorization in the prevention of venous thromboembolic events in adult patients receiving a programmed surgery in the hip or knee. Dabigatran is a powerful direct inhibitor of thrombin. It will soon be licensed for the prevention of embolic events in atrial fibrillation. Rivaroxaban is a selective direct inhibitor of factor Xa; it indirectly inhibits thrombin generation and self-amplification; no effect on platelets was demonstrated. Apixaban is a direct inhibitor, reversible and highly selective, of factor Xa active site. It does not require antithrom- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 bin III; it also inhibits the activity of prothrombinase. No biological monitoring is recommended in treated patients. The new oral antithrombotic drugs have many potential benefits: oral, selective, rapid onset of action, not required for routine monitoring, no interactions with drugs or food, short half-life. All of these strengths should lead to a much improved compliance. This however is not guaranteed due in particular to the need for education in these new treatments, as well as the lack of biological monitoring that allowed prescribers to monitor efficiency and safety warfarin treatment, in addition to compliance. If they seem so promising and convenient, they would probably, however, have efficacy and tolerance similar to treatment with Warfarin well managed. Their high cost remains a significant problem. In conclusion, the efficacy data have yet to be consolidated with those of long-term safety (hepatic, risk of bleeding). Large comparative studies are also to be conducted to position these antithrombotic against each other. Key words: antithrombotic, anticoagulant, apixaban, dabigatran, fondaparinux, heparin, heparinoid, idraparinux, rivaroxaban, venous thromboembolism. -6- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Nouveaux antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Solène MANIN1, Caroline BRUNET1, Anne-Laure FLAUGERE1, Albert DARQUE1, Laurence CAMOIN2 et la participation du comité de rédaction 1 2 Service Pharmacie, CHU Conception, Marseille Laboratoire d’hémostase, CHU Conception, Marseille. Remerciements : Joseph EMMERICH (Paris), Isabelle GOUIN-THIBAULT (Ivry sur Seine), Patrick JEGO (Rennes), Marc SAMAMA (Paris). 1. Introduction En bref Les contraintes imposées par les traitements antithrombotiques conventionnels (héparines, antivitamines K) ont justifié la recherche de nouveaux antithrombotiques. Les accidents iatrogènes liés aux AVK sont la première cause d’hospitalisation pour effets indésirables médicamenteux en France. Le XXIème siècle a vu le développement de nouveaux médicaments spécifiquement dirigés contre un facteur de la coagulation. L’administration par voie orale de certains de ces médicaments sélectifs devrait améliorer le confort des malades et entraîner une réduction de l’iatrogénie. Les médicaments récemment approuvés sont le Dabigatran, inhibiteur direct et sélectif de la thrombine, ainsi que le Rivaroxaban et l’Apixaban, tous deux inhibiteurs directs et sélectifs du facteur X activé. Ces trois médicaments ont récemment obtenu une AMM dans la prévention des événements thromboemboliques veineux chez les malades adultes bénéficiant d'une intervention chirurgicale programmée de la hanche ou du genou. Les contraintes imposées par les traitements antithrombotiques conventionnels, les héparines et les antivitamines K (AVK) - Warfarine COUMADINE®, Acénocoumarol SINTROM®, Fluindione PREVISCAN® ont justifié la recherche de nouveaux antithrombotiques. En effet, la iatrogénie médicamenteuse due aux AVK, ainsi que la contrainte d'une administration parentérale associée aux risques de Thrombo- pénie Induite par Héparine (TIH), sont des limitations bien connues à ces traitements. Le problème majeur commun à ces deux classes médicamenteuses, reste une fenêtre thérapeutique étroite entre prévention des thromboses et augmentation des hémorragies, notamment chez les sujets âgés. Les accidents iatrogènes dus aux AVK sont la première cause d’hospitalisation pour effets indésirables médicamenteux en France. Au cours d'un traitement de longue durée par AVK bien équilibré (2 < INR < 3), le risque de récidive thromboembolique est faible, voire nul, tandis que l'incidence d’un saignement grave est estimée à 3% par an (17 000 hospitalisations par an). Ceux-ci sont mortels une fois sur cinq (incidence annuelle d'une complication hémorragique mortelle = 0,6% par an) [1]. Cette mortalité reste malheureusement stable au fil des années, et lorsque les malades ne décèdent pas, ils peuvent survivre avec des lourdes séquelles neurologiques (hématome intracrânien) ou une limitation de la marche (hématome du psoas chez une personne âgée) En comparant la létalité d’une récidive thromboembolique et d’une hémorragie grave, on peut estimer que la fréquence d’un décès occasionné par un saignement grave induit par AVK est en moyenne : - 2 fois plus élevée que la fréquence d’un décès lié à une embolie pulmonaire ; - 4 fois plus élevée que celle d’un décès lié à une récidive avec la présentation clinique d’une Thrombose Veineuse Profonde (TVP). Compte tenu de ce risque de saignement grave, le risque annuel de Maladie ThromboEmbolique Veineuse (MTEV) récidivante devrait -7- être au moins de 6 % au décours d’une embolie pulmonaire initiale, et d’au moins 12% au décours d’une TVP initiale, pour justifier la poursuite d’un traitement par AVK au long cours chez un malade [1]. La fréquence de ces accidents hémorragiques dépend : - du terrain (âge ≥ 65ans), - de la pathologie associée (antécédent d’hémorragie digestive, AVC, alcoolisme chronique, diabète), - des interactions médicamenteuses (antiplaquettaires…), - de l’intensité du traitement (INR), - de la durée du traitement [1]. En ce qui concerne l’héparinothérapie, au cours d’un traitement curatif, la fréquence des accidents hémorragiques graves est d’environ 2% avec les HNF [2]. Le risque hémorragique est majoré en cas de non-respect des modalités thérapeutiques recommandées. Le terrain joue également un rôle important : les situations chirurgicales, l’association à d’autres antithrombotiques, les malades de plus de 70 ans et/ou avec une insuffisance rénale sont des facteurs de risque [3]. L'événement particulièrement redouté lors d'un traitement par héparine est la TIH. Cette complication est due à la formation d'autoanticorps antiPF4/héparine, et peut induire des conséquences graves, notamment des thromboses artérielles, plus rarement veineuses. Chez les malades traités par héparine non fractionnée (HNF), la fréquence de la TIH varie de 3 % en milieu chirurgical (jusqu’à 5 % en chirurgie cardiaque et orthopédique) à 1 % en milieu médical. Chez les malades traités par héparine de bas poids moléculaire (HBPM), la survenue de la TIH est possible, mais plus rare et inférieure à 1% [4]. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Le XXIème siècle a vu le développement de nouveaux médicaments spécifiquement dirigés contre un facteur de la coagulation. L’administration par voie orale de certains de ces médicaments sélectifs devrait améliorer le confort des malades et permettre une réduction de l’iatrogénie. La mise à disposition voici quelques années du Fondaparinux, inhibiteur du facteur Xa administré par voie sous-cutanée, a été rapidement suivie par le développement de l’Idraparinux, et de sa nouvelle forme biotinylée. Le développement de l’Idraparinux a été arrêté en raison de complications hémorragiques. Concernant les nouveaux antithrombotiques oraux qui font l’objet de cet article, les médicaments récemment approuvés pour commercialisation sont le Dabigatran, qui est un inhibiteur direct et sélectif de la thrombine, ainsi que le Rivaroxaban et l’Apixaban, tous deux inhibiteurs directs du facteur X. Ces trois médicaments ont récemment obtenu une AMM dans la prévention des Événements Thromboemboliques Veineux (ETEV) chez les malades adultes bénéficiant d'une intervention chirurgicale programmée de la hanche ou du genou. Mais les perspectives d’utilisation de ces trois nouveaux antithrombotiques, ainsi que des prochains encore au stade d’essais cliniques, sont plus larges que cette seule indication. La question aujourd’hui posée est de savoir si, à plus long terme et dans les traitements au long cours, ces nouveaux antithrombotiques oraux pourront remplacer les AVK. L’article de ce Dossier du CNHIM vise à évaluer l’intérêt de ces nouveaux antithrombotiques oraux en regard des traitements conventionnels sur la base de données physiopathologiques, pharmacologiques et cliniques. Les aspects pharmacoéconomiques, essentiels dans ce type de pathologies, n’ont pu être traités de façon approfondie du fait du manque de données disponibles. 2. Maladie thromboembolique : aspects physiopathologiques 2.1. Rappels physiologiques : Hémostase [5, 6, 7, 8, 9] En bref L'hémostase est le processus physiologique destiné à colmater une brèche vasculaire. L’hémostase primaire est le processus initial de l’hémostase : ensemble des événements survenant immédiatement après une brèche vasculaire. Elle est constituée de 4 étapes : adhésion, activation, sécrétion et agrégation qui permettent une réponse rapide et adaptée à toute agression vasculaire. La coagulation correspond à une cascade de réactions enzymatiques induisant la formation d’un réseau de fibrine enserrant le clou plaquettaire sur la brèche vasculaire. Plusieurs systèmes de régulation interviennent de façon à ce que la formation du caillot soit rapide, localisée et limitée, pour permettre la cicatrisation sans obstruer la lumière vasculaire. L'hémostase est le processus physiologique destiné à colmater une brèche vasculaire. Il se traduit par la formation rapide d'un caillot constitué de plaquettes agrégées entre elles, enserrées dans un réseau de fibrine. Lorsque le vaisseau est intact, le sang reste fluide car il est au contact de la monocouche de cellules endothéliales qui, par ses fonctions régulatrices, protège de la thrombose. 2.1.1. Hémostase primaire Définition L’hémostase primaire est le processus initial de l’hémostase ; ce terme désigne l’ensemble des événements survenant immédiatement après une brèche vasculaire. L’exposition du sous-endothélium fortement thrombogène à la circulation plasmatique entraîne une activation plaquettaire immédiate aboutissant à la formation d’un thrombus essentiellement plaquettaire, ou thrombus blanc (Cf. Tableau I). Ces différentes étapes sont en fait simultanées, étroitement régulées et intriquées, avec la formation de fibrine par la coagulation plasmatique, permettant une réponse rapide et adaptée à toute agression vasculaire. 2.1.2. La coagulation plasmatique Ce processus correspond à une cascade de réactions enzymatiques induisant la formation d’un réseau de fibrine enserrant le clou plaquettaire sur la brèche vasculaire ; c’est le ‘caillot sanguin’. La coagulation est activée principalement par le facteur tissulaire présent dans l’adventice du vaisseau lésé, c’est la voie exogène de la coagulation. A côté de cette voie, l’activation par le système contact (via la prékallicréine, son cofacteur le kininogène de haut poids moléculaire (KHPM), le facteur XII et XI) sur une surface électronégative telle que le sousendothélium, définit la voie endogène. Différents facteurs entrent en jeu : - Facteurs plasmatiques : sérine protéase synthétisées majoritairement par le foie (Cf. Tableau II). Quatre de ces facteurs - facteurs II, VII, IX, X, (ou PPSB) - ont une spécificité commune, leur synthèse est dépendante de la vitamine K. Ce sont les facteurs cibles des AVK. Tableau I. Étapes de l’hémostase primaire, d’après [7]. Adhésion Activation Sécrétion Agrégation Plaquettes / sous-endothélium par éléments thrombogènes (collagène…) et facteur Von Willebrand. Activation plaquettaire due à l’adhésion et amplifiée par thromboxane A. Sécrétion granulaire concomitante module l'activation plaquettaire dans le caillot. Fibrinogène se fixe aux récepteurs plaquettaires, définissant l'agrégat plaquettaire. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -8- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau II. Facteurs de coagulation, d’après [7]. Nom usuel Nomenclature internationale Lieu de synthèse Fonction Forme active Fibrinogène I Hépatocyte Mégacaryocyte Précurseur de la fibrine Zymogène Fibrine Prothrombine II* Hépatocyte Zymogène IIa thrombine Proaccélérine V Hépatocyte Mégacaryocyte Cofacteur Va accélérine Proconvertine VII* Hépatocyte Zymogène VIIa convertine Anti-hémophilique A VIII Endothélium++ Hépatocyte Zymogène VIIIa Anti-hémophilique B IX* Hépatocyte Zymogène IXa Stuart X* Hépatocyte Zymogène Xa Rosenthal XI Hépatocyte Zymogène XIa Hageman XII Hépatocyte Zymogène XIIa Stabilisant de la fibrine XIII Hépatocyte Zymogène XIIIa Fletcher Prékallicréine Hépatocyte Zymogène Kallicréine Fitzgerald KHPM Hépatocyte Cofacteur - * facteurs dont la synthèse est vitamine K dépendante. KHPM : kininogène de haut poids moléculaire. - Facteur tissulaire (FT) : glycoprotéine transmembranaire présente dans tous les tissus. Phospholipides membranaires (PL) : supports les plus favorables à l’activation des facteurs de coagulation, on les retrouve à la surface des plaquettes et sur la paroi d’un endothélium altéré. - Ions calcium Ca2+. La coagulation comprend quatre étapes (Cf. Figure 1) : - Initiation de la voie endogène par la phase contact (rôle mineur). - Initiation de la voie exogène par le FT, en présence d’ions calcium, qui active le facteur VII. - Ces deux voies ont pour même finalité d’engendrer une cascade d’activation enzymatique des facteurs clés : IX, X et II. - La thrombine ainsi activée (IIa) clive le fibrinogène en fibrine pour induire la formation du caillot de fibrine. précocement dans le but de prévenir un déclenchement intempestif des réactions de coagulation suite à une petite blessure ne nécessitant pas la mise en place du processus complexe de coagulation. 2.1.3. Régulation de la coagulation Plusieurs systèmes de régulation interviennent de façon à ce que la formation du caillot soit rapide, localisée et limitée, pour permettre la cicatrisation sans obstruer la lumière vasculaire. A distance de la brèche (Cf. Tableau III) Le processus de coagulation doit rester localisé à l’endroit lésé pour éviter toute thrombose. Tout d’abord un phénomène mécanique simple va permettre de limiter l’extension de la coagulation : la dilution. Lors de l’initiation Le TFPI ou « Tissue Factor Pathway Inhibitor » inactive le FXa et le FT lorsqu’ils sont présents en faible quantité. Cette protéine intervient De plus, les propriétés antithrombotiques de l’endothélium sain en aval de la lésion sont sollicitées, et mettent en œuvre différents facteurs inhibiteurs de la coagulation. -9- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban A : Apixaban ; Ca : ion calcium ; D : Dabigatran ; FT : facteur tissulaire ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; HNF : héparine non fractionnée ; KHPM. : Kininogène de haut poids moléculaire ; PL : phospholipide ; R : Rivaroxaban. Figure 1. Place de la thrombine dans la coagulation et cibles des antithrombotiques, d’après [7]. Tableau III. Régulation de la coagulation à distance de la brèche, d’après [7]. Dilution Antithrombine Thrombine en excès (TE) Le flux sanguin dilue les facteurs. La stase est un facteur majeur de risque thrombotique Le complexe antithrombine sulfate d’héparane aux propriétés antithrombotiques inactive directement la thrombine, les facteurs IXa et Xa. * Liaison TE/PAR (Récepteur Activable par les Protéases) Production de prostacyclines et de NO (protoxyde d’azote), puissants inhibiteurs de l’activation plaquettaire. *TE / thrombomoduline Activation de la protéine C. PAR : Récepteur Activable par les Protéases ; TE : thrombine en excès. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -10- Système protéine C/protéine S En présence de calcium, de phospholipides et de son cofacteur la protéine S, la protéine C activée dégrade par protéolyse les facteurs Va et VIIIa. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 2.2. Physiopathologie de la maladie thromboembolique teurs procoagulants et en limitant d'autre part, l'élimination des facteurs activés. Le ralentissement du flux peut être dû à différents facteurs [13] : 2.2.1. Maladie thromboembolique veineuse - immobilisation (alitement prolongé, paralysie des membres etc.), En bref La maladie thrombo-embolique veineuse est une pathologie plurifactorielle aux complications sévères. Les conditions responsables de la thrombogenèse veineuse sont connues depuis la célèbre triade de Virchow associant la stase sanguine, la lésion de la paroi endothéliale et l'altération de l'équilibre hémostatique. Il est essentiel d’identifier et d’évaluer le risque thrombotique propre à chaque contexte et relatif à un malade donné de façon à définir la stratégie prophylactique assurant le meilleur rapport bénéfice/risque. La connaissance des facteurs de risque autorise une optimisation de la prise en charge des malades et de la prévention des thromboses veineuses, en permettant une véritable stratification du risque thrombotique. La maladie thromboembolique veineuse est une pathologie plurifactorielle aux complications sévères comme l'embolie pulmonaire, mettant en jeu le pronostic vital [10]. 2.2.1.1. Mécanisme de la thrombose veineuse et facteurs de risque associés [10, 11] Les conditions responsables de la thrombogenèse veineuse sont connues depuis la célèbre triade de Virchow associant la stase sanguine, la lésion de la paroi endothéliale et l'altération de l'équilibre hémostatique [12]. Les événements qui sont à l’origine de l’un de ces 3 phénomènes représentent des facteurs de risque thrombogène. La stase sanguine est un élément prépondérant de la thrombogenèse veineuse en favorisant d'une part l'accumulation des différents fac- - déshydratation : cause d’hémoconcentration des facteurs procoagulants, - hyperviscosité sanguine (polyglobulie, hyperleucocytose, leucémie, myélome, Waldenstrom etc.), - insuffisance cardiaque décompensée, - compression extrinsèque (hématome, kyste, tumeur...), - dilatations veineuses ou varices. La lésion de la paroi endothéliale, sécrétrice de facteurs procoagulants, peut avoir diverses origines [10, 11] : - traumatismes opératoires, - sclérothérapies, - cathéters veineux*, - sonde de stimulateur cardiaque, - pathologies inflammatoires, - injections multiples des toxicomanes, - antécédents de thrombose veineuse. * Les cathéters veineux : conséquences liées au terrain (inflammation, thrombophilie...), au matériau, à la durée prolongée du dispositif et au type de produits perfusés (chimiothérapie type bléomycine, microparticules des solutés de perfusion...). L’altération de l’équilibre hémostatique peut favoriser une hypercoagulabilité. - L’hypercoagulabilité héréditaire ou thrombophilie familiale est liée à une génération accrue de thrombine en cas de déficit en inhibiteur physiologique (antithrombine (AT), protéine C (PC), protéine S (PS)), ou de mutations des facteurs de la coagulation : facteur II, facteur V (mutation de Leiden) [14, 15]. - L’hypercoagulabilité acquise est due à une affection sous-jacente à -11- risque thromboembolique. Les facteurs propres au sujet et à son terrain sont à considérer : âge, cancer, hémopathie, chirurgie et traumatismes, immobilité prolongée, contraception orale estroprogestative, grossesse et post-partum, thromboses veineuse médicamenteuses, ainsi que d’autres causes plus rares. Le syndrome des antiphospholipides représente la principale étiologie de thrombophilie acquise, associée à des événements thrombotiques veineux et/ou artériels. 2.2.1.2. Évaluation thrombotique du risque Il est essentiel d’identifier et d’évaluer le risque thrombotique propre à chaque contexte et relatif à un malade donné de façon à définir la stratégie prophylactique assurant le meilleur rapport bénéfice (antithrombotique) / risque (hémorragique). La connaissance des facteurs de risque autorise une optimisation de la prise en charge des malades et de la prévention des thromboses veineuses, en permettant une véritable stratification du risque thrombotique. En pratique, la hiérarchie du risque thrombotique et l'importance spécifique de chaque facteur dans un contexte donné restent difficiles à définir Le niveau de risque est défini par les recommandations de l’ACCP sur les antithrombotiques parues en 2008 dans Chest (Cf. Tableau IV) afin de choisir un schéma de prévention antithrombotique adapté au contexte et tenter de standardiser cette prise en charge [10]. Le risque thrombotique chez le malade en service de médecine a fait l’objet d’une étude de grande envergure : MEDENOX. Leurs facteurs de risque sont présentés dans le Tableau V. 2.2.1.3. Principales situations nécessitant une prise en charge par antithrombotiques Cf. Tableau VI. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau IV. Stratification du risque thromboembolique et thromboprophylaxie, d’après [16]. Risque faible Risque modéré Risque élevé <10% <10%-40% <40%–80% <1% <1%-10% <10%–30% EP Fatale <0,1% <0,1-1% <1% Risque de TVP asymptomatique sans thromboprophylaxie <10% 10-40% 40-80% Chirurgie générale, gynécologie ou urologie. Malades médicaux alités. Arthroplastie de la hanche ou du genou, chirurgie de fracture de hanche, trauma majeur, atteinte de la moelle épinière. Haut risque TEV associé à un haut risque hémorragique. TVP Distale TVP Proximale Chirurgie mineure chez les malades mobiles. Contexte Malades médicaux complètement mobiles. Thromboprophylaxie proposée Aucune thromboprophylaxie spécifique. Mobilisation précoce et intense. Risque modéré TEV associé à un haut risque hémorragique. HBPM aux doses recommandées, HNF ou Fondaparinux. HBPM aux doses recommandées, Fondaparinux ou AVK (INR 2-3). Thromboprophylaxie mécanique*. Thromboprophylaxie mécanique*. * La thromboprophylaxie mécanique inclut la compression pneumatique intermittente, la pompe veineuse plantaire, bas de contention. AVK : anti-vitamine K ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; HNF : héparine non fractionnée ; INR : International Normalized Ratio ; TEV : thromboembolie veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. Tableau V. Facteurs de risques de thrombose veineuse chez les malades médicaux, d’après [17]. Exposition à des facteurs de risque (lié à la situation clinique) Facteurs inhérents au malade Âge Avancé (particulièrement si > 80 ans) Insuffisance cardiaque, NYHA classe III ou IV Antécédents de MTEV Insuffisance respiratoire sévère Immobilité récente Cancer Maladies inflammatoires de l’intestin Thérapie anticancéreuse : Chimiothérapie, radiothérapie, traitement hormonal, chirurgie curative, mise en place de cathéter veineux central Thrombose veineuse superficielle AVC avec déficit des membres inférieurs Maladie infectieuse aiguë (pneumonie, sepsis) Traumatisme AVC : accident vasculaire cérébral ; MTEV : maladie thromboembolique veineuse ; NYHA : New York Heart Association. Tableau VI. Récapitulatif des principales situations nécessitant une prise en charge par antithrombotiques, d’après [1]. En situation aiguë TVP (proximale, distale) TVP et cancer Embolie pulmonaire En prophylaxie Prophylaxie secondaire : MTEV récidivante Prophylaxie primaire : Thrombose et affections médicales aiguë MTEV et AVC Thrombose sur cathéter en cancérologie En péri opératoire En cas de traumatisme sévère AVC : accident vasculaire cérébral ; MTEV : maladie thromboembolique veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -12- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban a) En aigu : lors d’une thrombose veineuse pathologique ● La thrombose veineuse profonde (TVP) [1] Épidémiologie La thrombose veineuse profonde (TVP) est fréquente en cas d’affection médicale et d'intervention chirurgicale. En France, l'incidence des TVP des membres inférieurs est estimée à 200 000 par an (2 pour 1000 habitants). Physiopathologie Le point de départ du thrombus est le plus souvent distal et se situe dans des zones de ralentissement du flux (veines soléaires, valvules, abouchement de collatérales). Il évolue vers une aggravation de l'obstruction et/ou une extension avec une migration embolique possible [18]. Sa complication la plus redoutée est l'embolie pulmonaireSignes cliniques et diagnostic Les signes cliniques évocateurs sont la douleur, la rougeur, l’œdème et l’hyperthermie cutanée. Les données cliniques sont peu sensibles et peu spécifiques. Un diagnostic de certitude est nécessaire, par écho doppler veineux, ou exceptionnellement par phlébographie. Objectif de la prise en charge L’objectif est de prévenir les complications suivantes : migration et extension du thrombus, récidives précoces et tardives de TVP, embolie pulmonaire, syndrome postphlébitique et hypertension artérielle pulmonaire chronique. Deux types de TVP sont décrites : les thromboses proximales (poplitées ou sus-poplitées) et les thromboses distales (infra-poplitées touchant le tronc veineux tibiopéronier, les veines jambières ou musculaires). ● TVP Proximale Dans près de 50% des cas, une TVP proximale sans signe patent d’EP a déjà embolisé si on réalise des tests morphologiques comme une scintigraphie De plus, en l’absence de traitement antithrombotique, le risque de récidive d’événement thromboembolique dans les suites d’une TVP proximale sans embolie pulmonaire est d’environ 20% [19]. Le traitement des TVP proximales repose donc sur un traitement antithrombotique à dose curative. Les HNF, les HBPM ou le Fondaparinux sont recommandés pour réduire le risque de récidive des événements thromboemboliques veineux. Les HBPM et le Fondaparinux sont préférés aux HNF compte tenu d’une plus grande commodité d’emploi, de l’absence d’adaptation des doses à des tests d’hémostase, et d’une réduction du risque de thrombopénie induite (sous HBPM et surtout sous Fondaparinux) [1]. L’HNF peut être utilisée indifféremment par voie sous-cutanée ou intraveineuse continue, selon une posologie adaptée au poids corporel; puis adaptée à un test d’hémostase (temps de céphaline activée (TCA) ou par la mesure de l’activité antifacteur X activé). Elle est à ce jour le traitement recommandé chez les malades insuffisants rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 mL/mn) et pour les malades instables ou susceptibles de subir des interventions nécessitant un arrêt temporaire du traitement. Le relais par les AVK est recommandé dès confirmation du diagnostic et peut s’initier le premier jour de traitement parentéral. L’arrêt des HNF, HBPM ou du Fondaparinux est possible si deux INR > 2 sont consécutifs à 24 heures d’intervalle. La dose visera à obtenir un INR cible de 2,5 (intervalle 2 à 3) en privilégiant les molécules à demi-vie longue (Warfarine) Il est exceptionnel de pouvoir obtenir la cible INR et d’arrêter les héparines en quelques jours. L’utilisation des thrombolytiques n’est pas recommandée en première intention à la phase aiguë. Ils peuvent être utilisés en cas de syndrome obstructif sévère ou phlegmentia caerulea dolens en situation de sauvetage de membre. La compression élastique, avec le port de chaussettes ou bas de contention veineuse élastique délivrant 20 à 40 mm Hg à la cheville (au minimum classe 2 française), est recommandée dès que possible après le diagnostic de TVP et l’instauration du traitement antithrombotique, pour une durée minimale de 2 ans (ou plus s’il persiste des symptômes). Les bas de contention ont un effet antalgique à court terme, et réduisent une « grosse jambe » en phase aiguë. À long terme, ils préviennent le syndrome post-thrombotique. -13- Une mobilisation précoce (lever) est recommandée et le traitement peut s’effectuer en ambulatoire. La Lépirudine, le Danaparoïde, sont approuvés par les autorités de tutelle. Ceci concerne la prise en charge de TVP proximale en phase aiguë, et sont réservées en cas de Thrombopénie induite par héparine (TIH). Ces situations ne rentrent pas dans le cadre des recommandations 2009 de thromboembolie ● TVP Distales Les TVP distales représentent environ 50% de l'ensemble des TVP [20, 21]. Elles doivent être confirmées par un écho doppler car il n’est pas rare que s’y associe une thrombose d’une veine perforante ou d’une veine profonde. Cependant les questions de leur potentiel thromboembolique et du risque de maladie post-phlébitique restent débattues. En l’absence de consensus leur recherche et leur traitement varie selon les pays [22]. Un traitement antithrombotique à dose curative est suggéré si une TVP distale symptomatique isolée est confirmée objectivement. Une HBPM ou le Fondaparinux peuvent être préférés à une HNF lors de la phase initiale, essentiellement par extrapolation des données issues du traitement des TVP proximales. La compression élastique, selon les mêmes modalités que celle de la TVP proximale, est suggérée dès lors qu’il s’agit de TVP étendues des veines tibiales postérieures ou fibulaires. Bien qu’il n’existe pas de données spécifiques, cette prise en charge découle d’un accord professionnel. Une mobilisation précoce (lever) est recommandée dès qu’elle est possible. ● Thrombose veineuse superficielle (TVS) [1] Chez les malades présentant une TVS, l’incidence des événements thromboemboliques (TVP-EP) sans traitement varie de 0 à 14% [23, 24, 25, 26], avec une incidence pondérée estimée à 6,2% ± 1,4%. Dans ce contexte : - les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) administrés par voie générale ne sont pas recommandés en première intention (et n’ont qu’un effet antalgique par voie loDossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban cale) pour prévenir les complications thromboemboliques des TVS ; - les antithrombotiques à dose curative de la MTEV ne sont pas recommandés en première intention pour le traitement des TVS ; - la chirurgie n’est pas recommandée en première intention dans le traitement des TVS n’atteignant pas la jonction grandes saphènes / veines fémorales. - la prescription d’une compression veineuse, de préférence par bandage (en compression élastique ou inélastique selon la clinique et les préférences du praticien), est recommandée à la phase aiguë d’une thrombose veineuse superficielle d’un membre en l’absence de contre-indication. Les TVS étendues à la jonction grande saphène / veines fémorales peuvent nécessiter un traitement antithrombotique à dose curative de la MTEV, ou un traitement chirurgical. Les HBPM à dose prophylactique de la MTEV sont suggérées dans le traitement des TVS pour prévenir le risque de complications thromboemboliques. Une étude a été publiée en 2010, démontrant l’efficacité et la tolérance d’un traitement par Fondaparinux 2,5 mg en par jour, pendant 45 jours chez les malades souffrant de TVS symptomatiques [27]. Il est donc désormais recommandé d’utiliser ce traitement en plus des traitements symptomatiques [28]. ● TVP et cancer Épidémiologie Les cancers réputés les plus thrombogènes sont les adénocarcinomes du pancréas, de l'estomac, du côlon, de la vessie et de l'ovaire [10]. Physiopathologie L’association entre les pathologies cancéreuses et le risque de thrombose a été établie dès 1865 par Trousseau. Le syndrome de Trousseau est caractérisé par des événements thrombotiques inexpliqués se manifestant au cours d'affections malignes viscérales ou apparaissant avec une tumeur [29]. Plusieurs mécanismes pourraient concourir à ces événements : - la sécrétion paranéoplasique de Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 substances procoagulantes (facteur tissulaire), la génération de thrombine augmentée, - la compression vasculaire extrinsèque par la tumeur ou une adénopathie et/ou la réaction systémique pro-inflammatoire, satellite du processus néoplasique, - les traitements agressifs (chimiothérapie cytolytique, chirurgie extensive, radiothérapie…), - la mobilité réduite des malades [10]. En cas d’embolie pulmonaire grave (défaillance hémodynamique), les indications et les modalités de la thrombolyse sont les mêmes que chez le malade non cancéreux. En cas de contre-indications absolues à un traitement anticoagulant ou en cas de récidive thromboembolique veineuse sous traitement anticoagulant optimal, la mise en place d’un filtre cave doit être envisagée. ● Embolie pulmonaire [1] Objectif de la prise en charge [30] Le traitement de la MTEV par AVK en présence d’un cancer évolutif est moins efficace et moins bien toléré que chez les malades indemnes de cancer. En traitement initial (jusqu’à 10 jours), tous les médicaments ayant l’AMM peuvent être utilisées (HBPM, HNF, pentasaccharides, Danaparoïde). Au-delà des dix premiers jours, le traitement de la MTEV doit reposer sur l’utilisation d’HBPM à visée curative pendant une durée optimale de 6 mois, et à défaut de 3 mois minimum. Ce traitement a été validé dans la littérature aux posologies suivantes : - Daltéparine : 200 UI/kg, 1/jour pendant 1 mois puis 150 UI/kg 1/jour ; - Enoxaparine : 150 UI/kg, 1/jour ; - Tinzaparine : 175 UI/kg, 1/jour. Seule la Daltéparine a eu l’AMM en France dans cette indication mais les praticiens utilisent plutôt la Tinzaparine car elle présente un dosage adapté au schéma thérapeutique préconisé. Une enquête clinique carcinologique élargie est recommandée suite à la survenue d'une TVP [10], mais son exigence ne semble pas démontrée car un tel bilan permet de découvrir des cancers plus précocement mais n’a aucun effet sur la survie des malades. Il est cependant capital de maintenir une surveillance clinique importante, notamment dans les six premiers mois. Au-delà, le risque de voir apparaître un cancer rejoint celui de la population générale. En cas d’insuffisance rénale sévère, le traitement doit reposer sur l’utilisation d’HNF avec relais précoce (possible dès J1) par AVK au moins 3 mois. -14- Épidémiologie Elle est le plus souvent la conséquence d'une thrombose veineuse profonde : 70% des porteurs d'EP ont une TVP. Dans 20% des cas, aucune cause ni circonstance favorisante n'est retrouvée. En France, l'incidence des embolies pulmonaires est évaluée à 50 000 par an (1 pour 1 000 habitants). D'après les données des études de cohortes prospectives, la mortalité par embolie pulmonaire varie de 7 à 11%. Physiopathologie [31] L'EP est une urgence médicale mettant en jeu le pronostic vital. * Conséquences circulatoires L'atteinte circulatoire, principal facteur de gravité de l'EP, est une hypertension artérielle pulmonaire précapillaire (HTAP). Les modifications hémodynamiques sont le reflet de l'importance de l'obstruction vasculaire pulmonaire provoquée par l'EP chez les malades sans antécédents cardio-pulmonaires. - Une obstruction d'au moins 30% va entraîner une augmentation modérée de la Pression Artérielle Pulmonaire (PAP) et l'HTAP. - Les conséquences sont significatives à partir de 50% d’obstruction : en effet, jusque là, des phénomènes compensatoires permettent de conserver un débit cardiaque normal (distension des gros vaisseaux, recrutement des petits vaisseaux etc.). - Pour les obstructions supérieures à 60%, la post-charge du ventricule droit augmente de façon abrupte ainsi que ses pressions de remplissage. Le fonctionnement cardiaque se détériore suite à un déséquilibre hémodynamique et peut aboutir à un état de choc ou au décès. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban * Conséquences respiratoires Elles découlent des perturbations de l'équilibre ventilation/perfusion. L'étude des gaz du sang montre habituellement une hypoxie et une hypocapnie. À long terme, une HTAP peut s'installer dans le cadre d'un cœur pulmonaire chronique post embolique (insuffisance cardiaque droite liée à la migration répétée d'emboles parfois passés inaperçus). Signes cliniques et diagnostic L'EP est suspectée, dans 90% des cas, en présence de signes cardiopulmonaires (douleur thoracique, dyspnée de survenue brutale, tachycardie, plus rarement hémoptysie), associés à une situation ou un terrain à risque, conduisant à une probabilité diagnostique d'EP. Objectif de la prise en charge L’objectif est de restaurer le flux dans les vaisseaux pulmonaires occlus, de diminuer le retentissement hémodynamique et les complications, ainsi que de prévenir une récidive des emboles. Tout malade à forte probabilité d'EP doit être hospitalisé pour exploration. Le traitement sera initié avant confirmation diagnostique en cas de probabilité diagnostique élevée d'EP. Le traitement initial de l’embolie pulmonaire non grave repose, comme celui de la TVP, sur les héparines ou le Fondaparinux, avec relais précoce par AVK. Les HBPM et le Fondaparinux sont préférés à l’HNF. Une mobilisation précoce est recommandée. Un traitement fibrinolytique en phase aigue est recommandé chez les malades atteints d’embolie pulmonaire avec état de choc, en l’absence de contre-indication de type hémorragique. b) En prophylaxie secondaire ● Prévention de la MTEV récidivante [1] Épidémiologie Le risque de récidive est une fois et demi plus élevé chez les malades ayant développé un deuxième épisode de TVP comparé à ceux ayant développé un premier épisode [32]. Dans la pratique médicale, la pré- sence d’un antécédent de MTEV est considérée comme un facteur de risque important de MTEV récidivante. Objectif de la prise en charge La poursuite d’un traitement antithrombotique en prophylaxie secondaire, suite à une TVP ou une EP, repose sur l’évaluation de la balance bénéfice/risque, avec analyse du risque de récidive de MTEV lorsque l’anticoagulation est interrompue, et du risque hémorragique induit par le traitement antithrombotique [33]. Quel que soit le contexte clinique, une durée minimale de 3 mois de traitement anticoagulant en cas de TVP proximale et/ou d’embolie pulmonaire est recommandée. Au delà de 3 mois, le contexte clinique de survenue de l’événement thromboembolique veineux est le paramètre déterminant du risque de récidive thromboembolique et de la durée du traitement anticoagulant [1]. c) En prophylaxie primaire Les deux tiers des TVP sont asymptomatiques et l'embolie pulmonaire est le plus souvent silencieuse, soulignant ainsi l'importance d'une prophylaxie adéquate dans les contextes favorisants [18]. ● Prévention des thromboses en cas d’affections médicales aiguës [1] Épidémiologie Compte tenu de l’hétérogénéité des populations, il est difficile d’estimer de façon globale le risque d’événements thromboemboliques basal chez les malades présentant une affection médicale aiguë. Deux essais ont montré une incidence de 10 à 15% de thromboses sans prophylaxie [34, 35]. Ce risque est plus modéré que celui observé en milieu chirurgical, mais son incidence est suffisamment élevée pour justifier d’une prophylaxie antithrombotique. Physiopathologie Lors d’une affection médicale aiguë, le risque de thrombose est suspecté lors de l’association de différents facteurs de risque favorisant la triade de Virchow : - malades âgés de plus de 40 ans, - malades hospitalisés, ou ayant une restriction de mobilité pour une durée > 3 jours, - malades présentant une décompensation cardiaque ou respiratoire -15- aiguë, infection sévère, ou certaines affections inflammatoires associées à un facteur de risque de MTEV. Objectif de la prise en charge [1] Chez des malades de plus de 40 ans hospitalisés pour une durée prévue de plus de 3 jours en raison: - d’une décompensation cardiaque ou respiratoire aiguë ou - d’une infection sévère, d’une affection rhumatologique inflammatoires aiguë, d’une affection inflammatoire intestinale, quand elles sont associées à un facteur de risque de MTEV notamment : âge > 75 ans, cancer, antécédent thromboembolique veineux, traitement hormonal, insuffisance cardiaque ou respiratoire chronique, syndrome myéloprolifératif. Un traitement par HNF ou par HBPM (seules Enoxaparine et Daltéparine ont l’AMM dans cette indication), ou par Fondaparinux est recommandé pour réduire les événements thromboemboliques veineux symptomatiques ou non. Par extrapolation, une prophylaxie est proposée chez des malades ayant une affection médicale aiguë comme précédemment définie avec le même degré de sévérité, entraînant une restriction de mobilité de plus de 3 jours et non hospitalisés (Accord professionnel). Les HBPM et le Fondaparinux sont préférés à l’HNF, compte tenu : - d’une plus grande commodité d’emploi (une injection par jour pour HBPM et Fondaparinux, absence de surveillance plaquettaire et absence de sur-risque pour le Fondaparinux), - d’une réduction du risque hémorragique (HBPM), - d’une réduction du risque de thrombopénie induite (avec HBPM et surtout avec Fondaparinux), - de l’absence de risque hémorragique avec le Fondaparinux comparé au placebo dans ce contexte médical. La durée de prescription recommandée est de 7 à 14 jours. Le rapport bénéfice/risque d’une prophylaxie prolongée (1 mois) est en cours d’évaluation. Une prophylaxie médicamenteuse prolongée systématique ne peut donc pas être recommandée en l’état actuel des connaissances. Au delà de 14 jours, la prophylaxie est suggérée en cas de persistance du risque de MTEV (Accord professionnel). Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Une prophylaxie par compression veineuse élastique (classe 2 française, 15 à 20 mm Hg à la cheville) est suggérée dans tous les cas pour la même durée (7 à 14 jours), surtout en cas de contre-indication au traitement médicamenteux (Accord professionnel). ● Prévention de la MTEV en cas d’accident vasculaire cérébral ischémique [1] Épidémiologie Plusieurs études ont permis d’estimer l’incidence des événements thromboemboliques chez les malades présentant un AVC ischémique. Dans des études plus récentes comportant un bras contrôle ou placebo, l’incidence varie de 10 à 50% [36, 37, 38]. Objectif de la prise en charge L’objectif est de réduire le risque de morbi-mortalité cardiovasculaire et thromboembolique veineux, chez les malades ayant un AVC ischémique. Il s’agit en effet d’une population à risque thromboembolique élevé, mais aussi à risque hémorragique élevé, pour laquelle le rapport bénéfice/risque des traitements antithrombotiques dans la prévention des événements thromboemboliques veineux doit être bien évalué. En phase aiguë, l’aspirine est instaurée pour réduire le risque de morbimortalité cardiovasculaire, et est associée aux HNF ou aux HBPM à dose prophylactique pour réduire le risque de MTEV (en absence de risque hémorragique). La durée recommandée de l’héparinothérapie est de 14 jours, au-delà, seul l’antiagrégant plaquettaire est prescrit. Une prophylaxie par compression veineuse élastique (classe 2 française, 15 à 20 mm Hg à la cheville) est suggérée dans tous les cas, surtout en cas de contre-indication au traitement médicamenteux. ● Prévention des thromboses sur cathéter (chambres de perfusion) en cancérologie Épidémiologie L’estimation de l’incidence pondérée des thromboses sur cathéter sans traitement antithrombotique, chez les malades cancéreux est de 10,9% ± 10%. L’incidence des embolies pulmonaires symptomatiques serait comprise entre 15 et 25% Physiopathologie Les principales causes invoquées sont l’agression veineuse lors de la mise en place du cathéter, la position du cathéter et l’état d’hypercoagulabilité chez les malades cancéreux [1]. Objectif de la prise en charge Aucun traitement thromboprophylactique n’est recommandé dans ce cas. L’Institut National du cancer préconise de privilégier l’insertion du cathéter veineux central du côté droit, le repérage échographique de la veine et la pose en milieu spécialisé [30]. ● En péri-opératoire, l’exemple de la chirurgie orthopédique Épidémiologie [39] Le risque d’évènements thromboemboliques (ETE) postopératoire précoce (14 jours) sans prophylaxie est élevé après une chirurgie de prothèse totale de hanche, de genou (PTH, PTG) et une fracture de la hanche (FH). Il est estimé à 50% (ETE asymptomatique) et entre 5 et 15% (ETE cliniques). Le risque d’ETE postopératoire après prophylaxie courte (7 à 14 jours) reste élevé pendant encore 4 à 6 semaines après PTH et FH. Le risque d’ETE symptomatique 4 à 6 semaines après PTG et après prophylaxie courte est plus modéré. Physiopathologie Les actes chirurgicaux favorisent la survenue de TVP et l'alitement associé aggrave la stase sanguine [10]. La chirurgie orthopédique, comme d’autres types de chirurgie, est une situation particulièrement à risque (Cf.Tableau VII). Lors de FH, la survenue d’une TVP se fait en post opératoire, d’où une mortalité et morbidité supérieure quand le délai entre la fracture et l’intervention est supérieure à 48heures. Lors de PTG, la TVP apparaît pendant l’intervention. Elle est due au dysfonctionnement de la pompe veineuse du mollet. Lors de PTH, la TVP a un double mécanisme : la luxation pendant l’intervention de la hanche provoque une agression directe sur la veine fémorale et une stase veineuse en amont. Objectif de la prise en charge [39] Les HBPM doivent être considérées comme le traitement prophylactique de référence après PTH, PTG et FH. Les HBPM et le Fondaparinux, sont des traitements prophylactiques de première intention en chirurgie de PTH et PTG. L’HNF et les AVK ne doivent pas être utilisés en première intention après chirurgie orthopédique majeure des membres inférieurs. La Désirudine et le Danaparoïde représentent une thérapeutique de deuxième intention mais ne sont plus utilisés. Les moyens mécaniques représentent une alternative de premier choix en cas de risque hémorragique contre-indiquant un traitement antithrombotique médicamenteux. Enfin la contention élastique adaptée, du fait de l’absence d’interaction, représente un traitement adjuvant efficace aux traitements médicamenteux. Tableau VII. Accidents thromboemboliques survenant en dehors de toute prophylaxie, d’après [10]. Prothèse totale de hanche ou du genou [15] Chirurgie générale [40,41] Chirurgie gynécologique et urologique [41] 40 à 70% 15 à 30% 30% (TVP proximale) Incidence TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -16- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Les durées de prophylaxie recommandées par HBPM sont de 42 jours postopératoires pour la PTH, et de 14 jours postopératoires pour la PTG. Au-delà du 14ème jour, l’HBPM n’est pas recommandée, sauf chez des malades à risque TE surajouté. En ce qui concerne la FH, une durée de prophylaxie par Fondaparinux jusqu’au 35ème jour postopératoire est recommandée. ● En cas de traumatisme sévère Épidémiologie [39] L’estimation du risque TE chez le polytraumatisé a été faite sur des populations très hétérogènes et reste encore imprécise. Cependant lorsqu’il s’agit d’un polytraumatisé grave, ce risque doit être considéré comme élevé. Physiopathologie [10] Les accidents thrombotiques seraient liés au passage systémique de matériel médullaire pro- coagulant, particulièrement riche en phospholipides, et aux lésions endothéliales, combinés à la stase sanguine. Les conjonctions de l'atteinte endothéliale, de la complexité des lésions osseuses, de l'immobilisation, de l'acte chirurgical éventuel et du syndrome inflammatoire contribuent à générer une hypercoagulabilité importante et à engendrer un contexte à très haut risque thrombotique. Objectif de la prise en charge [39] Les HBPM représentent le traitement de référence. En cas de risque hémorragique notable, les moyens mécaniques et notamment la compression pneumatique intermittente (si applicable) représentent une thérapeutique de première intention. 2.2.2. Maladie thromboembolique artérielle En bref Les thromboses artérielles et veineuses ont longtemps été considérées comme des entités physiopathologiques distinctes. La thrombose artérielle a longtemps été considérée comme résultant essentiellement d’un phénomène d'activation plaquettaire, alors que la TV résulterait de l'activation du système de coagulation. Le phénomène d’athérosclérose est le facteur prédominant dans la formation de la thrombose artérielle. Les thromboses artérielles (TA) et veineuses (TV) ont longtemps été considérées comme des entités physiopathologiques distinctes, en partie en raison de différences anatomiques évidentes, mais aussi par leurs présentations cliniques différentes. En particulier, la TA a longtemps été considérée comme résultant essentiellement d’un phénomène d'activation plaquettaire, alors que la TV résulterait de l'activation du système de coagulation. L’hyperagrégation des hématies, consécutive aux facteurs de risque qui augmentent le fibrinogène, accentue les variations de pression à la paroi, ce qui active le dépôt des low density lipoprotein (LDL) et accélère la formation des plaques et leur extension. Plusieurs études récentes ont montré, de façon constante, que les malades souffrant de TV présentent un risque plus élevé de complications thrombotiques artérielles que les individus témoins. Les deux complications vasculaires pourraient être simultanément déclenchées par des stimuli biologiques responsables de l'activation de la coagulation et des voies inflammatoires dans les artères et le système veineux. D’autres études seront nécessaires pour clarifier la nature de cette association, évaluer son ampleur et ses implications dans la pratique clinique. Au niveau des artères, le cisaillement assure la production du NO (oxyde nitrique), agent vasodilatateur et inhibiteur plaquettaire. Dans ces secteurs vasculaires, le déficit en NO et le flux bas permettent aux plaquettes de participer à la formation de la plaque. De plus, nous pouvons constater l’efficacité des antithrombotiques dans la prévention de l'embolie artérielle liée à la Fibrillation atriale [42], et dans la prévention et le traitement des maladies coronariennes [43]. 2.2.2.1. Mécanisme de la thrombose artérielle et facteurs de risque associés [44] Le phénomène d’athérosclérose est le facteur prédominant dans la formation de la thrombose artérielle. Lors de « déséquilibres artériels », notamment dus à l’exposition aux principaux facteurs de risque (hyperlipidémie, diabète, tabac et hypertension), la formation de la plaque artérioscléreuse se met en place. Ces plaques apparaissent dans des régions artérielles où les cisaillements sont perturbés (baisse de la pression et augmentation de la viscosité sanguine). Elles se situent au niveau des bifurcations, ou de minimes changements de calibre. Le flux sanguin étant ralenti, les leucocytes peuvent marginer puis entrer dans la paroi. Les monocytes / macrophages pénètrent dans la paroi et véhiculent une grande partie des lipoprotéines constituant la plaque. -17- Il en est de même au cours du diabète, où s’ajoute l’effet des pics d’hyperglycémie, de la viscosité de l’HbA1C et des hématies glycatées. 2.2.2.2. Principales situations nécessitant une prise en charge par antithrombotiques ● Fibrillation atriale (FA) [45, 46] Épidémiologie La FA est le plus fréquent des troubles du rythme chez le sujet âgé, et sa prévalence est croissante avec l’âge ; elle est associée à une morbimortalité importante [47]. Elle est responsable d’un sixième de tous les AVC par embolie cérébrale et peut faire suite ou s’associer à un flutter auriculaire commun ou atypique. Physiopathologie La FA résulte de la dépolarisation anarchique des cellules du myocarde auriculaire. Les conséquences hémodynamiques sont directement liées à la perte de la systole auriculaire qui provoque une baisse du débit cardiaque. En amont, l’altération de la vidange ventriculaire a une double conséquence : - en aiguë : augmentation de la pression capillaire pulmonaire (œdème pulmonaire) - en chronique : la dilatation progressive du massif auriculaire dont le corollaire est la baisse des vitesses de vidange auriculaire, l’agrégation érythrocytaire (responsable du phénomène échographique du contraste spontané), la mise en jeu des facteurs de coagulation (plaquettes, thrombine), véritable cercle vicieux facteur de thrombose, expliquant le risque thrombotique de la FA chronique. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Signes cliniques et diagnostic La FA peut être totalement asymptomatique, découverte fortuitement par ECG. Habituellement, la symptomatologie est dominée par des palpitations, le plus souvent irrégulières, et parfois nettement ressenties à l’effort. D’autres symptômes banals se manifestent : - dyspnée pour effort modéré, - lipothymie non liée à l’effort, - fatigabilité inhabituelle, - poussée d’insuffisance cardiaque inexpliquée, - plus rarement, douleurs angineuses typiques. Le diagnostic est orienté par l’examen cardiovasculaire et l’électrocardiogramme (ECG), et les examens complémentaires sont : le cliché thoracique, l’échographie trans-thoracique (ETT), dans certaines conditions l’échographie transœsophagienne (ETO), et l’enregistrement Holter ECG. Il est accompagné par un bilan biologique simple : - dosage de la thyroid stimulating hormone (TSH) pour la recherche d’une dysthyroïdie, - kaliémie et créatininémie pour envisager la prescription d’antiarythmiques. - test de coagulation de référence : taux de prothrombine pour les malades sous AVK. Risque embolique au cours de FA Il est possible d’utiliser des scores simples d’évaluation du risque thromboembolique comme le score CHADS2 actualisé en CHADS2VASC2. Le CHADS2 est basé sur les principaux facteurs de risque (Cf. Tableau VIII). L’évaluation de ce risque détermine la prescription au long cours d’AVK (Cf. Tableau IX). ● Valve cardiaque mécanique [48] Épidémiologie La fréquence des thromboses obstructives de prothèses valvulaires mécaniques varie entre 0,3 et 1,3 pour 100 malades-années. Celle des accidents thromboemboliques est de l’ordre de 0,7 à 6 pour 100 maladesannées. Ce risque tend à diminuer avec les prothèses de nouvelle génération. Le score de CHADS2 ne s’applique pas aux FA valvulaires rhumatismales et aux porteurs de valves mécaniques qui sont à très haut risque. Il existe d’autres facteurs qui ne sont pas pris en compte dans ce score, tels que l’âge entre 65 et 75 ans, le sexe féminin, l’atteinte coronarienne, l’hyperthyroïdie… Ces facteurs sont récemment pris en considération par le score CHADSVASC. Physiopathologie Les thromboses de prothèses valvulaires représentent une complication rare mais grave, propre aux prothèses mécaniques. Elles sont favorisées par des facteurs pariétaux, hémodynamiques et hémostatiques. L’insuffisance du traitement antithrombotique est fréquente malgré les efforts d’éducation des malades. Elle est favorisée par des facteurs propres au malade : mauvaise observance du traitement, changements d’alimentation, interactions médicamenteuses des AVK. Objectif de la prise en charge L’utilité du traitement antithrombotique par AVK dans la FA non valvulaire avec facteurs de risque embolique est démontrée de façon formelle. Ce traitement (à posologie efficace 2 < INR < 3) réduit le risque relatif d’AVC ischémique de 64% et le risque relatif de décès de 28% ; il majore néanmoins le risque hémorragique cérébral (2,7%). L’aspirine seule n’apparaît pas efficace. Il existe une alternative à la prothèse mécanique : la prothèse biologique, qui nécessite une prise en charge par AVK plus courte et moins lourde (Cf. Tableau X). Objectif de la prise en charge En phase aiguë, si les grandes lignes thérapeutiques sont codifiées, la prise en charge se fait généralement au cas pas cas. Tableau VIII. Facteurs de risque définissant le CHADS2. C Congestion (insuffisance cardiaque clinique ou fraction d’éjection altérée) H Hypertension artérielle traitée ou non, équilibrée ou non A Age > 75 ans D Diabète traité ou non, équilibré ou non S2 « Stroke» ou embolie artérielle, qui compte double (2) Tableau IX. Stratégie thérapeutique à partir du score de CHADS2. Risque embolique Prescription Faible : score CHADS2 nul Pas d’AVK Intermédiaire : score CHADS2 = 1 Discussion au cas par cas Très élevé : FA valvulaire ou score CHADS2 > 1 AVK AVK : anti-vitamine K ; FA : Fibrillation atriale. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -18- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Les recommandations sont les suivantes : * Indication opératoire formelle : thrombose obstructive, massive, mal tolérée de prothèse valvulaire du cœur gauche. * Indications opératoires admises : – thrombose obstructive de prothèse valvulaire du cœur gauche, – thrombose non obstructive, mais volumineuse sur prothèse valvulaire du cœur gauche, – pannus obstructif. * Indications admises de la fibrinolyse : – thrombose obstructive de prothèse valvulaire du cœur droit, – thrombose massive mal tolérée (fibrinolyse de sauvetage) s’il n’y a pas de disponibilité chirurgicale en urgence, – thrombose de prothèse valvulaire du cœur gauche en l’absence de volumineux thrombus et si thrombose récente. * Indications admises de traitement par héparine (± anti-agrégeant plaquettaire) : – petit thrombus non obstructif d’une prothèse valvulaire du cœur gauche, – thrombose obstructive d’une prothèse valvulaire si contre-indication à la chirurgie et à la fibrinolyse. * En prophylaxie : Elle est basée sur le traitement par AVK. La surveillance est basée sur le dosage de l’INR dont la cible thérapeutique dépend du type de prothèse et de sa localisation. Pour les prothèses mécaniques aortiques avec un autre facteur de ris- que embolique, ou les prothèses de 1ère génération et les prothèses mécaniques mitrales, l’INR cible est compris entre 3 et 4,5 en France (avec augmentation du risque de saignement par rapport à un INR cible entre 2 et 3). Les recommandations de l’ACCP préconisent un INR de 3 ± 0,5. Pour les prothèses mécaniques aortiques sans autre facteur de risque embolique, ou les prothèses de 2ère génération, les prothèses mécaniques tricuspides et les prothèses biologiques, l’INR cible est compris entre 2 et 3. 3. Médicaments antithrombotiques disponibles Cf. Tableau XI. Tableau X. Prothèses valvulaires cardiaques. Prothèse mécanique Prothèse biologique Avantages : - Pose à vie, hors complications Avantages : - Bonnes performances hémodynamiques - Seulement 3 mois d’AVK en postopératoire Inconvénients : - Écoulement sanguin peu physiologique - Bruit de prothèse Inconvénients : Dégénérescence progressive et obligatoire, réintervention souvent nécessaire 8 à 20 ans après Indication : Indication : Malades jeunes (< 65 ans sauf chez la femme en âge de Malades âgés ( > 70 ans), contre-indication aux AVK, procréer et désireuse de grossesse) ou sous AVK au long femme désireuse de grossesse court (FA notamment) AVK : anti-vitamine K ; FA : Fibrillation atriale. Tableau XI. Médicaments antithrombotiques disponibles en thérapeutique. Antivitamines K Warfarine COUMADINE® Bristol Myers Squibb Comprimés 2 ou 5 mg Acénocoumarol SINTROM® Novartis Pharma Comprimés 4 mg Acénocoumarol MINISINTROM® Novartis Pharma Comprimés 1 mg Fluindione PREVISCAN® Merck-Serono depuis 2011 Comprimés 20 mg -19- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XI (suite). Médicaments antithrombotiques disponibles en thérapeutique Dérivés hépariniques Héparines non fractionnées (HNF) Héparine calcique CALCIPARINE® Sanofi Solution injectable en ampoule ou seringue préremplie ; Voie SC Héparine sodique HEPARINE SODIQUE CHOAY® Sanofi Solution injectable en flacon ; Voie IV 12 500 UI/0,5 mL 20 000 UI/0,8 mL 25 000 UI/1 mL 5 000 UI/0,2 mL 25 000 UI/5 mL 5 000 UI/1 mL Héparines de bas poids moléculaires (HBPM) Pfizer Solution injectable en seringue pré-remplie ; Voie SC (et intravasculaire en hémodialyse) 10 000 UI AXa/1 mL 12 500 UI AXa/0,5 mL 15 000 UI AXa/0,6 mL 18 000 UI AXa/0,72 mL 25 00 UI AXa/0,2 mL 50 00 UI AXa/0,2 mL 75 00 UI AXa/0,3 mL 75 00 UI AXa/0,75 mL Sanofi Solution injectable en seringue pré-remplie + sécurité ; Voie SC (et intravasculaire en hémodialyse) 10 000 UI AXa/1 mL 2 000 UI AXa/0,2 mL 30 000 UI AXa/3 mL 40 00 UI AXa/0,4 mL 6 000 UI AXa/0,6 mL 8 000 UI AXa/0,8 mL Nadroparine sodique FRAXIPARINE® GlaxoSmithKline Solution injectable en seringue pré-remplie ; Voie SC (et intravasculaire en hémodialyse) 1 900 2 850 3 800 5 700 7 600 9 500 Nadroparine sodique FRAXODI® GlaxoSmithKline Solution injectable en seringue pré-remplie ; Voie SC 11 400 UI AXa/0,6 mL 15 200 UI AXa/0,8 mL 19 000 UI AXa/1 mL Solution injectable en seringue pré-remplie ; Voie SC 10 000 UI AXa/0,5 mL 14 000 UI AXa/0,7 mL 8 000 UI AXa/0,9 mL 2 500 UI AXa/0,25 mL 3 500 UI AXa/0,35 mL 4 500 UI AXa/0,45 mL Daltéparine sodique FRAGMINE® Enoxaparine sodique LOVENOX® Tinzaparine sodique INNOHEP® Léo Pharma UI AXa/0,2 mL UI AXa/0,3 mL UI AXa/0,4 mL UI AXa/0,6 mL UI AXa/0,8 mL UI AXa/1 mL = > Héparinoïdes Danaparoïde sodique ORGARAN® Organon Solution injectable en ampoule ; Voies IV et SC 750 U AXa/0,6 mL Inhibiteurs directs de la thrombine (facteur IIa) : Hirudines Bivalirudine ANGIOX® Medicine Company Poudre pour solution injectable ou perfusion ; Voie IV 250 mg Désirudine REVASC® Canyon Pharmaceutical Poudre et solvant pour solution injectable ; Voie SC 15 mg/0,5 mL Lépirudine REFLUDAN® Celgene Poudre pour solution injectable ou perfusion ; Voie IV 50 mg Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -20- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XI (suite et fin). Médicaments antithrombotiques disponibles en thérapeutique Autres inhibiteurs de la thrombine Dabigatran PRADAXA® Boehringer Ingelheim Gélule 75 mg 110 mg Argatroban ARGATRA® ATU nominative GlaxoSmithKline Solution injectable en ampoule Voie IV 100 mg/mL Inhibiteurs sélectifs du facteur Xa GlaxoSmithKline Solution injectable en seringue pré-remplie ; Voie SC 10 mg/0,8 mL 2,5 mg/0,5 mL 5 mg/0,4mL 7,5 mg/0,6mL Rivaroxaban XARELTO® Bayer Comprimés 10 mg Apixaban ELIQUIS® Bristol Myers Squib Pfizer Comprimés 2,5 mg Fondaparinux ARIXTRA® 3.1. Antithrombotiques de référence 3.1.1. Antivitamines AVK [49, 50, 51, 52] K ou En bref Parmi les antithrombotiques de référence, les antivitamines K sont utilisées depuis de nombreuses années dans la prévention de la thrombose. Leur bénéfice a été démontré mais leur utilisation est associée à une iatrogénie importante. Elles ont un effet antithrombotique indirect par inhibition du cycle d’oxydoréduction de la vitamine K au niveau hépatique. Les antivitamines K - Warfarine COUMADINE®, Acénocoumarol SINTROM®, Fluindione PREVISCAN® sont utilisées depuis de nombreuses années dans la prévention de la thrombose. Ces médicaments ont un effet indirect, préventif, retardé et prolongé. Le bénéfice des AVK est démontré dans des indications bien précises, mais leur utilisation est associée à une iatrogénie importante. 3.1.1.1. Mécanisme d’action Les AVK sont des composés organiques de faible poids moléculaire dérivant soit de la 4-hydroxycoumarine (Warfarine et Acénocoumarol), soit de l’indane-1,3-dione (Fluindione). Par inhibition du cycle d’oxydoréduction de la vitamine K au niveau hépatique, les AVK ont un effet antithrombotique indirect ; ils entraînent une diminution des facteurs II (prothrombine), VII (proconvertine), IX (facteur anti-hémophilique B) et X (facteur Stuart) ainsi que des inhibiteurs physiologiques de la coagulation vitamine K dépendants : la protéine C et la protéine S. La vitesse de diminution des facteurs et des inhibiteurs dépend de leur demi-vie : elle est courte pour le facteur VII et la protéine C (6 à 8h environ) et plus longue pour les autres. C’est pourquoi une période de chevauchement avec l’héparine est nécessaire jusqu’à ce que les AVK aient induit une hypocoagulabilité satisfaisante. Il existe plusieurs catégories d’AVK qui diffèrent par leur nature chimique, leur délai d’action et la durée de l’effet biologique (Cf. Tableau XII). 3.1.1.2. Indications Les AVK sont utilisables uniquement par voie orale. Ils ne présentent pas d’effet immédiat et doivent être utilisés en relais des héparines. Ils sont largement prescrits dans les indications suivantes : - traitement des TVP et des EP, - prévention secondaire de la MTEV, - prévention des embolies systémiques chez des malades atteints de valvulopathies ou porteurs de prothèses valvulaires, chez les malades présentant certains troubles cardiaques (notamment la FA) et dans certains cas d’infarctus du myocarde, - prévention des thromboses sur cathéter La Warfarine est la plus utilisée et fait l’objet de quasiment toutes les -21- données de la littérature sur les AVK. Il existe des abaques très précis pour définir sa posologie chez le sujet jeune et chez le sujet âgé. 3.1.1.3. Posologie La dose nécessaire varie d’un individu à l’autre. Une dose de charge est à proscrire, la dose initiale étant généralement d’un comprimé. Les adaptations de doses se font par ½ ou ¼ de comprimé en général. Chez le sujet âgé, la dose initiale est réduite de moitié. 3.1.1.4. Surveillance biologique La surveillance biologique des traitements par AVK est indispensable en raison des différences de sensibilité observées d’un malade à l’autre et également pour un même malade au cours du temps. L’importance de ces variations étant imprévisible, les AVK nécessitent une surveillance régulière de l’effet antithrombotique obtenu pour une éventuelle adaptation de posologie. Le temps de Quick (TQ) est le test le plus utilisé pour la surveillance de ces traitements car il est influencé par les taux des facteurs II, VII, et X qui sont déprimés par les AVK. Lorsque le TQ est exprimé en pourcentage (TP), son résultat varie en fonction de la sensibilité du réactif utilisé aux AVK. Pour permettre une meilleure interprétation et une standardisation des résultats, ces derniers sont exprimés en INR (International Normalized Ratio) : TQ du malade INR = TQ du témoin ISI Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban ISI = International Sensitivity Index ; il est déterminé pour chaque thromboplastine par rapport à une préparation de référence. Il existe un consensus international sur les valeurs cibles de l’INR que l’on doit chercher à obtenir selon les indications du traitement. Les zones cibles sont résumées dans le Tableau XIII. Au-dessus de 5, le risque hémorragique est important. La phase d’équilibration se fait sous contrôle biologique (tous les jours ou tous les 2 jours) jusqu’à obtention et stabilisation du niveau d’anticoagulation désiré. Ensuite, un contrôle hebdomadaire pendant le 1er mois de traitement, puis mensuel ou bimensuel est suffisant. 3.1.1.5. Effets indésirables [53] Le profil des effets indésirables des AVK est surtout constitué de : - hémorragies ; - accidents immunoallergiques atteignant divers organes, surtout avec la Fluindione ; - nécroses cutanées localisées ; - rares vascularites et atteintes hépatiques. Les accidents hémorragiques des AVK arrivant au 1er rang des accidents iatrogènes et entraînant 17000 hospitalisations et plus de 4000 décès par an, l’HAS a publié des recommandations en avril 2008 visant à améliorer ce dramatique constat, d’anticiper ou de gérer au mieux le risque et les complications hémorragiques des AVK. En l’absence de saignement, il est recommandé de privilégier une prise en charge ambulatoire, si le contexte le permet. L’hospitalisation est préférable s’il existe un ou plusieurs facteurs individuels de risque hémorragique (âge, antécédent hémorragique, comorbidité). Les mesures correctrices suivantes sont recommandées en cas de surdosage en AVK, en fonction de l’INR mesuré et de l’INR cible (Cf. Tableau XIV). Tableau XII. Principales caractéristiques des antivitamines K. DCI Nom déposé Demi-vie (heures) Durée d’action (heures) Posologie moyenne (mg/j) Dose par comprimé (mg) Demi-vie courte et intermédiaire Acénocoumarol SINTROM® MINISINTROM® 8-9 48-96 2-10 4 1 Demi-vie longue Fluindione PREVISCAN® 31 48 20-40 20 Warfarine COUMADINE® 35-45 96 -120 2-15 2 ou 5 Tableau XIII. Zones thérapeutiques selon l’indication et durées de traitement correspondantes. Recommandations INR et durée de traitement Indications Préventions des complications thromboemboliques artérielles et veineuses des cardiopathies emboligènes lors de FA selon les conditions suivantes : - < 65 ans avec facteurs de risque (AIT, HTA, insuffisance cardiaque, diabète, rétrécissement mitral) - 65 à 75 ans - > 75 ans (après évaluation bénéfices/risques) INR : 2 à 3 A vie ou tant que dure la FA. Valvulopathies mitrales INR : 3 à 4,5. A vie. Prothèses valvulaires : - prothèses mécaniques en position mitrale - prothèses mécaniques en position aortique associés à des facteurs de risque ou 1ère génération sans facteur de risque ou 2ème génération - prothèses mécaniques en position tricuspide - prothèses biologiques INR : 3 à 4,5. A vie. INR INR INR INR : : : : 3 2 2 2 à 4,5. A vie. à 3. A vie. à 3. A vie. à 3. 3 mois. INR : 2 à 3. 1-3 mois. (à vie si Aspirine ou Clopidogrel CI) Infarctus du myocarde Traitement des TVP et de l’embolie pulmonaire ainsi que la prévention de leur INR : 2 à 3. 3-6 mois récidive, en relais de l’héparine Préventions des thromboses veineuses et de l’embolie pulmonaire en chirur- INR : 2 à 3 (en fonction du risque gie de hanche (plus utilisé en France) thromboembolique) AIT : accident ischémique transitoire ; CI : contre-indication ; FA : Fibrillation atriale ; HTA : hypertension artérielle ; INR : International Normalized Ratio ; TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -22- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XIV. Mesures correctrices recommandées en cas de surdosage en AVK, d’après [53]. INR cible 2,5 (fenêtre entre 2 et 3) INR mesuré INR < 4 • • pas de saut de prise pas d’apport de vitamine K 4 ≤ INR < 6 • • saut d’une prise pas d’apport de vitamine K INR cible ≥ 3 (fenêtre entre 2,5-3 ou 3-4,5) • • pas de saut de prise pas d’apport de vitamine K 6 ≤ INR < 10 arrêt du traitement 1 à 2 mg de vitamine K par voie orale (1/2 à 1 ampoule buvable forme pédiatrique) (grade A) • saut d’une prise • un avis spécialisé est recommandé (ex. cardiologue en cas de prothèse valvulaire mécanique) pour discuter un traitement éventuel par 1 ou 2 mg de vitamine K par voie orale (1/2 à 1 ampoule buvable forme pédiatrique) INR ≥ 10 • arrêt du traitement • 5 mg de vitamine K par voie orale (1/2 ampoule buvable forme pédiatrique) (grade A) un avis spécialisé sans délai ou une hospitalisation sont recommandés. INR : International Normalized Ratio. Dans tous les cas : • un contrôle de l’INR doit être réalisé le lendemain. En cas de persistance d’un INR supra-thérapeutique, les attitudes précédemment décrites seront reconduites ; • la cause du surdosage doit être identifiée et prise en compte dans l’adaptation éventuelle de la posologie ; • la surveillance ultérieure de l’INR est celle habituellement réalisée lors de la mise en route du traitement. Une hémorragie grave nécessite une prise en charge hospitalière. A l’admission du malade, il est recommandé de mesurer l’INR en urgence. La mise en route du traitement ne doit pas attendre le résultat de l’INR, s’il ne peut être obtenu rapidement. La restauration d’une hémostase normale (objectif d’un INR au moins inférieur à 1,5) doit être obtenue dans un délai le plus bref possible (quelques minutes). Il est recommandé : • d’arrêter l’AVK, • d’administrer en urgence des concentrés de complexes prothrombiniques (CCP, aussi appelés PPSB dont les deux spécialités commercialisés en juillet 2011 sont KANOKAD® et OCTAPLEX®) et de la vitamine K. • d’assurer simultanément le traitement usuel d’une éventuelle hémorragie massive (correction de l’hypovolémie, transfusion de c concentrés globulaires si besoin, etc.). Si l’arrêt préopératoire des AVK est nécessaire : • Il est recommandé de mesurer l’INR 7 à 10 jours avant l’intervention. • Si l’INR est en zone thérapeutique, il est recommandé d’arrêter les AVK 4 à 5 jours avant l’intervention. • Si l’INR n’est pas en zone thérapeutique, l’avis de l’équipe médicochirurgicale doit être pris. • La mesure de l’INR la veille de l’intervention est recommandée. Il est suggéré que les malades ayant un INR > 1,5 la veille de l’intervention bénéficient de l’administration de 5 mg de vitamine K per os. Si l’administration préopératoire d’une héparine est nécessaire : • Il est recommandé d’introduire les héparines (HNF ou, mieux, HBPM) 48h après la dernière prise de Fluindione ou de Warfarine ou 24h après la dernière prise d’Acénocoumarol. • Les héparines (sous réserve de leur contre-indication liée à la fonction rénale) doivent être administrées par voie sous-cutanée à dose curative. L’utilisation à dose curative d’HBPM en une injection par jour ou du Fondaparinux ne peut être actuellement recommandée. • Le traitement est interrompu la veille de l’intervention suivant les indications de l’équipe médicochirurgicale. 3.1.1.6. Contre-indications Les AVK sont contre-indiquées en cas de : - lésion hémorragique évolutive, -23- - HTA maligne, - insuffisance hépatique ou rénale sévères, - interventions chirurgicales récentes, - accident vasculaire cérébral hémorragique. 3.1.1.7. Interactions menteuses médica- De nombreuses interactions pharmacocinétiques médicamenteuses, pouvant être à l’origine d’un déséquilibre thérapeutique ou d’accident, ont été décrites avec les AVK. En effet, il existe de nombreux médicaments pouvant interagir avec les AVK : les inducteurs et les inhibiteurs enzymatiques. Les plus dangereux sont ceux qui déplacent la liaison de l’AVK à l’albumine, augmentant brutalement la forme pharmacologiquement active (exemples dans le Tableau XV). Il est fortement recommandé lors de l’introduction ou le retrait d’un médicament chez un malade traité par AVK de surveiller l’INR 48 à 72 heures après. L’effet anticoagulant varie avec la quantité de vitamine K ingérée quotidiennement. Certains aliments sont particulièrement riches en vitamine K (laitue, épinards, choux, tomates, carottes, avocats, brocolis, foie…), leur consommation est donc autorisée avec modération. Il est important de conserver un régime alimentaire équilibré et constant au cours du temps afin d’assurer un juste équilibre avec l’action de l’AVK. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XV. Principales interactions médicamenteuses avec les AVK. Potentialisation Contre-indication absolue Association nécessitant d’emploi Aspirine à forte dose ( > 3 g/j) Miconazole (danger+++) Phénylbutazone par voie générale Aspirine, AINS, 5-FU, tétracycline, céphalosporines, pénicillines, Néomycine, sulfamides hypoglycémiants, Kétoconazole, déconseillée ou sulfamide, Ticlopidine, Clopidogrel, antidédes précautions presseurs tricycliques, Allopurinol, hormones thyroïdiennes, Amiodarone, Cimétidine, Isoniazide, fibrates, Simvastatine, alcoolisme aigu, etc. Inhibition Millepertuis Barbituriques, antiépileptiques, Rifampicine, Phénytoïne, Ethinylestradiol, œstrogènes, Vitamine K, alcoolisme chronique, etc. AINS : anti-inflammatoire non stéroïdien ; 5-FU : 5-fluoro-uracile. 3.1.2. Inhibiteurs indirects de la thrombine et du facteur Xa [49, 50, 51] En bref Parmi les antithrombotiques, il existe également des inhibiteurs de la thrombine et du facteur Xa : - héparines : héparine non fractionnée et héparine de bas pois moléculaire : l'héparine entraîne une modification de conformation de l'antithrombine, ce qui accélère son interaction avec les facteurs IIa, Xa, IXa, XIa et XIIa ; - héparinoïdes : Danaparoïde sodique : son poids moléculaire est proche de celui des HBPM et son activité anti-Xa est plus élevée que celle des HBPM ; il se lie très peu au facteur plaquettaire 4. 3.1.2.1. Propriétés pharmacologiques - Les héparines : Les héparines sont constituées d'un enchaînement linéaire de glucosamine et d'acide glycuronique, diversement sulfatés. Les chaînes polysaccharidiques ont un PM qui varie de 5 000 à 30 000 avec un pic de fréquence maximum à 12 00015 000 Da. Un tiers de ces chaînes porte une séquence spécifique de 5 sucres Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 (pentasaccharide) permettant la liaison à l'antithrombine. L'héparine entraîne une modification de conformation de l'antithrombine, ce qui accélère son interaction avec les facteurs IIa, Xa, IXa, XIa et XIIa. L'inhibition du facteur IIa (thrombine) est fondamentale puisqu'elle supprime notamment les boucles de rétroactivation des facteurs V et VIII, ce qui empêche ou retarde la génération de thrombine. A partir de l'HNF, divers procédés permettent d'obtenir des héparines HBPM dont le poids moléculaire est compris entre 2 000 et 10 000 avec un pic de fréquence maximum à environ 5 000 Da. Les chaînes dont le poids moléculaire est > 5 400 Da inhibent le facteur Xa et la thrombine, comme l'HNF, alors que les chaînes dont le poids moléculaire est < 5 400 Da inhibent le facteur Xa exclusivement. Le rapport anti-Xa/anti-IIa des héparines qui est de 1 pour l'HNF peut varier de 1,5 (Tinzaparine) à 4 (Enoxaparine, Nadroparine) pour les HBPM, en fonction de la distribution de leur poids moléculaire. Les héparines diffèrent donc par leur longueur et leur action sur les facteurs IIa ou Xa, mais également au niveau de leurs propriétés pharmacocinétiques (Cf. Tableau XVI). - Les héparinoïdes : Le Danaparoïde sodique (ORGARAN®) est constitué d’un mélange de -24- glycosaminoglycanes sulfatés, il est également d’origine animale. Son poids moléculaire est proche de celui des HBPM et son activité antiXa est plus élevée que celle des HBPM ; il se lie très peu au facteur plaquettaire 4. Le ratio anti-Xa : anti-IIa est supérieur à 20 (l’activité Xa est donc le test de choix pour la surveillance du traitement). La biodisponibilité est proche de 100% et le pic d’activité est observé 4 à 5 heures après une injection sous-cutanée. Son élimination est principalement rénale. 3.1.2.2. Indications Le traitement préventif repose sur l’administration sous-cutanée de doses fixes d’héparine (Cf. Tableau XVII, Tableau XVIII, et Tableau XIX). Pour l’HNF, l’administration se fait en 2 à 3 fois par jour, alors que les HBPM, sont injectées 1 fois par jour. Le traitement curatif de la MTEV doit être entrepris dès la suspicion du diagnostic de MTEV, sans attendre sa confirmation par un examen complémentaire. Un traitement par AVK doit être débuté dès que possible avec poursuite du traitement par héparine jusqu’à obtention de 2 INR, à 24h d’intervalle, supérieurs à 2. Le Danaparoïde est indiqué en traitement préventif ou curatif des manifestations thrombœmboliques veineuses en cas de TIH de type II ou en cas d’antécédent de TIH de type II. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XVI. Comparaison des principales propriétés pharmacocinétiques des HNF et HBPM [50]. HNF HBPM Activité anti-Xa : anti-IIa 1:1 2:1à4:1 Biodisponibilité 30% > 90% Demi-vie 1h – 1h30 3 – 4h Clairance Système réticulo-endothélial. Mécanisme saturable et rapide Rein Mécanisme non saturable et lent 15 000 Da 5000 Da Thrombopénie induite par héparine ++ + Liaison protéines plasmatiques ++ + Poids moléculaire moyen Da : dalton ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; HNF : héparine non fractionnée. Tableau XVII. Indications et posologies du traitement prophylactique et curatif par les différentes HNF. Curatif Indications Héparine calcique CALCIPARINE® Voie SC Héparine sodique HEPARINE SODIQUE CHOAY® Voie IV TVP constituée Embolie pulmonaire Infarctus du myocarde Angor instable Embolie artérielle extracérébrale Posologie initiale : 500 UI/kg/j, administrée en 2 à 3 fois/j. Posologie d’entretien à adapter en fonction du poids, du résultat biologique. En 2 à 3 fois/j, pendant 7 à 10 jours. La dose initiale est de 20 UI/kg/heure. La dose d'héparine sera ensuite adaptée en fonction des résultats du contrôle biologique MTEV Préventif en cas d’intervention chirurgicale : 5000UI avant l’intervention puis 5000 UI x 2/j pendant 10jours. Préventif : 5000 UI x 2/j voire 3/j si risque élevé ; la durée dépend du rapport bénéfice/risque. Préventif La posologie et la surveillance biologique seront déterminées en fonction de chaque situation clinique (poids, résultats du contrôle biologique, état clinique) Accident thromboembolique artériel MTEV : maladie thromboembolique veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. -25- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XVIII. Indications et posologies du traitement prophylactique par les différentes HBPM, d’après [50]. Indications DCI et Spécialités Prophylaxie chirurgie : Traitement prophylactique de la MTEV en chirurgie, dans les situations à risque modéré ou élevé. Hémodialyse : prévenProphylaxie médecine : tion de la coagulation du Traitement prophylactique des circuit de circulation extraTVP chez les malades alités corporelle au cours de pour une affection médicale l’hémodialyse aiguë Posologie Risque modéré : 1 inj SC de 2500 UI/0,2 mL/j. 1ère inj 2 h avant l’intervention. Risque élevé 1 inj SC de 5000 UI/0,2 mL/j. 1ère inj 12 h avant l’intervention. Maximum 10 jours en chirurgie générale et jusqu’à 35 jours en chirurgie orthopédique et hanche. Voie intravasculaire (dans 1 inj SC de 5000 UI antila ligne artérielle du circuit Xa/0,2 mL/j pendant 12 à 14 jours de la dialyse) Séances d’hémodialyses itératives : dose initiale de 5000 UI anti-Xa en début de séance. Séances > 4 h : Dose initiale : inj directe de 30 à 35 UI anti-Xa/kg Dose d’entretien : perfusion de 10 à 15 UI antiXa/kg/h Risque modéré : 1 inj SC de 2000 UI/0,2 mL/j 1ère inj 2 h avant l’intervention Risque élevé 1 inj SC de 4000 UI/0,4 mL/j 1ère inj 12 h avant l’intervention. Maximum 10 jours en chirurgie générale et jusqu’à 4 à 5 semaines en chirurgie orthopédique et hanche. Inj par voie intravasculaire 1 inj SC de 4000 U/0,4mL/j (dans la ligne artérielle du pendant 6 à 14 jours circuit de la dialyse) Séances d’hémodialyses itératives : dose initiale de 100 UI/kg en début de séance. Risque hémorragique élevé : Dose de 50 UI anti-Xa/kg (abord vasculaire double) ou de 75UI anti-Xa/kg (abord vasculaire simple) Nadroparine sodique FRAXIPARINE® risque modéré : 1 inj SC de 2850 UI/0,3 mL/j 1ère inj 2h avant l’intervention risque élevé(orthopédie) 1 inj SC de 38 UI/kg/j puis 57 UI/kg/j à partir du 4ème jour postopératoire 1ère inj 12 h avant l’intervention. Maximum 10 jours en chirurgie générale. Inj par voie intravasculaire Pas d’AMM (dans la ligne artérielle du circuit de la dialyse) Séances d’hémodialyses itératives : dose initiale de 65 UI/kg en début de séance. Tinzaparine sodique INNOHEP® risque modéré : 1 inj SC de 2500 UI/0,25 mL/j 1ère inj 2h avant l’intervention risque élevé chirurgie de la hanche ou du genou : 1 inj SC de 4500 UI/0,45 mL/j ; 1ère inj 2 h avant l’intervention. . autres situations 1inj SC de 3500 UI/0,35 mL/j Maximum 10 jours en chirurgie générale Inj par voie intravasculaire Pas d’AMM (dans la ligne artérielle du circuit de la dialyse) Séances d’hémodialyses itératives : dose initiale de 4500 UI en début de séance. Si < 45 kg ou > 90 kg : dose initiale de 75 UI. Daltéparine sodique FRAGMINE® Enoxaparine sodique LOVENOX® MTEV : maladie thromboembolique veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -26- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XIX. Indications et posologies du traitement par les différentes HBPM. DCI et Spécialités Indications TVP constituée Posologie Embolie pulmonaire Daltéparine sodique FRAGMINE® x Enoxaparine sodique LOVENOX® x Nadroparine sodique FRAXIPARINE® x 2 injections SC de 85/kg/j Nadroparine calcique FRAXODI® x 1 injection SC de 171 UI/kg/j Tinzaparine sodique INNOHEP® x 2 injections SC de 120 UI/kg/j x x 2 injections SC de 100 UI/kg/j 1 injection SC de 175 UI/kg/j SC : sous-cutanée ; TVP : thrombose veineuse profonde. 3.1.2.3. Stratégies au cours de la grossesse La fréquence de la MTEV est multipliée par 5 chez la femme enceinte par rapport à la population générale. Elle est à l’origine de 5 à 10 décès par an en France, dont 1/3 serait évitable [39, 54]. La MTEV est attribuée à : - des facteurs mécaniques du fait de la compression veineuse par l’utérus gravide, - des facteurs biologiques. Elle peut survenir durant toute la grossesse ainsi que dans le post-partum. Les TVP surviennent plutôt en prépartum alors que la période du postpartum est plutôt associée à la survenue des embolies pulmonaires. En fonction de la présence de facteurs de risque, différentes catégories de risque ont été définies pour lesquelles différentes recommandations thérapeutiques sont associées (Cf. Tableau XX). Il est recommandé chez toutes les femmes à risque majeur, élevé ou modéré, de porter une contention élastique. Dans le cas d’un événement thromboembolique au cours de la grossesse, un traitement anticoagulant par HNF ou HBPM à doses curatives doit être instauré et poursuivi avec un traitement par AVK pendant au minimum 3 mois après l’accouchement. Effets indésirables et complications liés au traitement : risque fœtal L’HNF ne traverse pas la barrière placentaire et n’est pas responsable d’hémorragie fœtale ou néonatale [55]. Les HBPM ne traversent pas non plus la barrière placentaire [56]. Deux HBPM, l’Enoxaparine et la Daltéparine, peuvent être utilisées en France durant les 2ème et 3ème trimestres de la grossesse en préventif. Cependant, les HBPM ne sont pas recommandées au cours du 1er trimestre de la grossesse car les données disponibles concernant leur sécurité d’emploi durant cette période sont insuffisantes. Les AVK passent la barrière placentaire, ils sont tératogènes et responsables d’hémorragies chez le fœtus. Leur utilisation est proscrite entre 6 et 12 semaines d’aménorrhée. De plus, des anomalies cérébrales ont été décrites quel que soit le terme de la grossesse [57]. Les AVK sont déconseillés en fin de grossesse en raison du délai dans leur réversibilité d’action et de leur effet anticoagulant chez le fœtus et le nouveau-né (risque d’hémorragie intracrânienne). Chez les femmes enceintes qui développent une TIH, seule l’utilisation du Danaparoïde est possible pour prévenir le risque thrombotique inhérent à la TIH. Le Danaparoïde sodique contrairement à la Lépirudine, ne traverse pas la barrière placentaire. 3.1.2.4. Effets indésirables ● Risque hémorragique [52] Les localisations les plus graves sont les localisations intracrâniennes et rétropéritonéales. -27- Le sulfate de protamine permet de neutraliser immédiatement l’héparine non fractionnée circulante, mais ce traitement est réservé aux cas les plus graves (effet coagulant propre, réactions allergiques fréquentes). Dans la majorité des cas, la réduction des doses d’héparine ou l’interruption temporaire du traitement suffisent. Les facteurs augmentant le risque hémorragique sous HBPM sont [58] : - une utilisation à doses curatives, - une durée de traitement curatif supérieure à dix jours, - une insuffisance rénale, - des sujets âgés de plus de 75 ans, - un non-respect des modalités thérapeutiques conseillées, - des sujets obèses (résorption fluctuante des injections SC), - une association médicamenteuse avec aspirine, AINS, Clopidogrel, Prasugrel, anti-GPIIbIIIa. ● Thrombopénie immuno-allergique Il existe deux types de thrombopénies : O Les thrombopénies de type I sont fréquentes et précoces, apparaissant entre le 1er et le 5ème jour de traitement. Elles sont modérées (plaquettes souvent comprises entre 100 et 150 G/L), transitoires et se corrigent rapidement malgré la poursuite du traitement. Elles sont bénignes, ne s’accompagnent pas de signes cliniques et ne semblent pas s’accompagner de risque thrombotique. En cas de réintroduction de l’héparine, ces thrombopénies ne réapparaissent pas systématiquement. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XX. Stratégie thérapeutique recommandée au cours de la grossesse en fonction du niveau de risque de maladie thromboembolique veineuse, d’après [39]. Risque faible : - pas de traitement systématique pendant la grossesse ou le post-partum. Risque modéré : - pas de traitement systématique pendant la grossesse. - traitement préventif par HBPM à forte dose en post-partum (Enoxaparine 4 000 UI/jour, Daltéparine 5 000 UI/jour) pendant 6 à 8 semaines. La dose peut être réduite et la durée écourtée lorsque le risque est moins important. Exemple : césarienne en urgence sans facteur de risque associé : Enoxaparine 2 000 UI/jour ou Daltéparine 2 500 UI/jour pendant 7 à 14 jours. Risque élevé : - traitement préventif par HBPM à forte dose au 3ème trimestre et en post-partum 6 à 8 semaines. Risque majeur : - traitement curatif par HNF au 1er trimestre puis par HBPM aux 2ème et 3ème trimestres de la grossesse. - AVK au minimum 3 mois en post-partum. AVK : anti-vitamine K ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; HNF : héparine non fractionnée. o La TIH ou thrombopénie de type II survient chez les malades traités par HBPM ou par HNF. Il s’agit d’une complication rare mais grave, car elle peut s’accompagner d’une thrombose. La cause est d’ordre immunologique : il s’agit d’un syndrome induit par des anticorps le plus souvent de classe IgG qui reconnaissent le facteur 4 plaquettaire modifié par l’héparine [59]. Ces anticorps activent l’hémostase primaire et la coagulation, ce qui provoque une thrombopénie associée à des complications thrombotiques veineuses ou artérielles dans plus d’un cas sur deux. Dans ce cas, il faut arrêter immédiatement l’administration d’héparine. Le traitement substitutif se fait par Danaparoïde ou hirudines. Elle est moins fréquente avec les HBPM qu’avec les HNF. La TIH survient généralement entre le 5ème et le 20ème jour après le début du traitement. Ce délai peut être plus court chez des malades traités dans les 3 mois précédents, et peut aussi être supérieur à 3 semaines, notamment avec les HBPM. La TIH est définie par une valeur du nombre de plaquettes inférieure à 150 G/L ou par la chute de 50% de la numération plaquettaire initiale [60]. ● Thrombocytose [61] Des thrombocytoses peu décrites dans la littérature mais à priori non exceptionnelles surviennent après plusieurs jours d’héparinothérapie Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 (médiane = 12 jours) et régressent toujours à l’arrêt du traitement. Elles s’observent avec les HBPM mais aussi avec les HNF. ● Ostéoporose [62] L’utilisation au long cours et à des posologies élevées des héparines (HNF et HBPM) peut se compliquer d’une ostéoporose. L’héparine stimule l’activité ostéoclastique et inhibe la synthèse de la trame conjonctive. Il faut rester très attentif à ce risque. 3.1.2.5. Surveillance du traitement [1] ● Surveillance biologique des HNF L’effet anticoagulant de l’héparine non fractionnée, qu’elle soit prescrite par voie sous-cutanée ou par voie intraveineuse était classiquement suivi par le temps de céphaline activé (TCA) en traitement curatif. Cependant, il existe une grande variabilité de réponse en fonction des réactifs et des appareils de mesure utilisés pour la mesure de ce TCA. Compte tenu de cette variabilité, un traitement par HNF peut être directement évalué par la détermination de l’activité anti-facteur Xa. L’objectif thérapeutique est alors défini par une zone optimale comprise entre 0,3 à 0,7 unités antifacteur Xa/mL. -28- La détermination du TCA ou de l’activité anti-facteur Xa se fait à michemin entre 2 injections lorsque l’HNF est administrée par voie souscutanée ou 6 heures après le début du traitement par voie intraveineuse et 4 à 6 heures après chaque changement posologique. ● Surveillance de l’effet anticoagulant des HBPM Les HBPM sont administrées selon un schéma posologique fixe pour la thromboprophylaxie, et adapté au poids corporel pour les traitements curatifs conformément aux AMM individuelles. Le rapport bénéfice-risque des HBPM a été évalué avec ces schémas posologiques sans surveillance biologique. Une surveillance systématique de l’activité anticoagulante par la mesure de l’activité anti-facteur Xa n’est pas nécessaire, et ce d’autant plus qu’il n’existe pas de donnée actuelle permettant de définir, pour chaque HBPM, un index thérapeutique optimal. Cependant, pour des populations particulières à risque d’accumulation (insuffisant rénal modéré) et/ou à risque hémorragique élevé (âge élevé, petit poids corporel…), le recours à une surveillance biologique permet de contrôler que les activités anti-facteur Xa obtenues sont de l’ordre de celles attendues dans la population générale. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban L’intérêt de la surveillance est de détecter un surdosage, pour lequel actuellement il n’y a pas de recommandations de prise en charge, l’attitude est donc totalement pragmatique. Il existe cependant une variabilité entre les différentes HBPM et les activités anti-facteur Xa attendues sont donc spécifiques à chaque HBPM. ● Surveillance biologique des effets indésirables des antithrombotiques Le diagnostic des TIH repose avant tout sur la mise en évidence d’une thrombopénie définie par un compte plaquettaire inférieur à 150 G/L ou par une diminution des plaquettes de 30 à 50% par rapport au compte plaquettaire avant traitement. Il est donc indispensable d’obtenir une numération plaquettaire avant tout traitement héparinique ou le plus tôt possible après l’instauration du traitement. Cette numération plaquettaire sera effectuée en même temps que la détermination initiale de la créatininémie. Une surveillance biologique systématique n’est pas nécessaire en cas de traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative en dehors d’un contexte postopératoire. Cependant elle est systématique et nécessaire : o en cas de traitement par HNF sous-cutanée ou intraveineuse, avec une numération plaquettaire 2 fois par semaine pendant 21 jours ; o en cas de traitement par HBPM et administration préalable d’HNF ou en cas de traitement d’une MTEV postopératoire, avec une numération plaquettaire 2 fois par semaine pendant 1 mois ; o devant tout nouvel épisode thromboembolique artériel et/ou veineux ; o devant toute lésion cutanée douloureuse au site d’injection ; o devant toute manifestation anaphylactoïde en cas d’administration d’HNF intraveineuse faisant suite à un traitement héparinique prescrit dans les 3 à 6 mois précédents. Si une surveillance plaquettaire est préconisée pendant 1 mois et que le traitement héparinique est poursuivi, notamment chez les malades cancéreux avec un épisode de MTEV, une surveillance régulière systématique ne semble pas nécessaire au delà du 1er mois. 3.2. Inhibiteurs spécifiques des facteurs de coagulation 3.2.1. Inhibiteurs directs de la thrombine [63] En bref Les principaux inhibiteurs directs de la thrombine sont : - les hirudines, issues de la salive de sangsue : elles préviennent la transformation de fibrinogène en fibrine et l’activation plaquettaire induite par la thrombine ; - et le Dabigatran, qui fait partie d’une nouvelle classe d’antithrombotiques administrés par voie orale. La petite taille des antithrombines leur permet d’inhiber directement la thrombine à l’intérieur du caillot et ainsi de prévenir l’extension de celui-ci. Les principales antithrombines sont l’hirudine et ses dérivés, ainsi que le Dabigatran. 3.2.1.1. Hirudines Les hirudines sont des substances initialement issues de la salive de sangsue. Leur structure consiste en une chaîne polypeptidique de 65 acides aminés, et elles sont obtenues par génie génétique. En inhibant de façon directe et hautement spécifique la thrombine, les hirudines préviennent la transformation du fibrinogène en fibrine ainsi que l’activation plaquettaire induite par la thrombine. Trois substances actives recombinantes dérivées de l’hirudine naturelle sont actuellement disponibles (Cf. Tableau XXI). Le principal risque de ce traitement par les hirudines est le risque hé- -29- morragique. Il n’existe pas d’antidote, mais grâce à une demivie relativement brève et un arrêt immédiat du traitement, il pourra être géré facilement. 3.2.1.2. Ximélagatran et Mélagatran [64] Le Ximélagatran, commercialisé brièvement en France sous le nom d’EXANTA®, fut le premier représentant d’une nouvelle classe d’agents antithrombotiques, inhibiteurs directs de la thrombine et actifs par voie orale. Le composé actif du Ximélagatran, le Mélagatran, est formé par biodégradation dans le tube digestif et développe une activité antithrombinique directe spécifique et réversible. Cependant, en Février 2006, l’augmentation des enzymes hépatiques chez 8% des malades accompagnée de deux hépatites mortelles a entraîné le retrait du marché de ce médicament prometteur en Europe et permet de comprendre l’attention portée aujourd’hui sur les enzymes hépatiques lors de la mise sur le marché d’un nouvel antithrombotique oral. 3.2.1.3. [50] Argatroban, ARGATRA® Il s’agit d’un analogue synthétique de l’arginine, actuellement commercialisé aux États-Unis et dans certains pays européens. C’est un agent inhibiteur direct de la thrombine, qui se lie de façon non covalente avec le site actif de la thrombine pour former un complexe réversible. Son administration se fait par voie IV, et sa demi-vie d’élimination est courte : 45 minutes. Son élimination par métabolisme hépatique favorise son utilisation en cas d’insuffisance rénale, mais son effet est toutefois prolongé en cas d’insuffisance hépatique. Il est indiqué comme traitement antithrombotique chez les malades souffrant de TIH. L’Argatroban est France avec ATU. disponible en Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXI. Principales caractéristiques des hirudines. Lépirudine REFLUDAN® Indication Désirudine REVASC® Bivalirudine ANGIOX® 2ème intention dans le traite2ème intention dans la ment des manifestations prévention des TVP après thromboemboliques associées chirurgie orthopédique à une TIH de type II. (PTH). Interventions coronaires percutanées. Voie d’administration IV SC IV Posologie bolus initial de 0,2 à 0,4 mg/kg de poids corporel, suivi de 0,15 mg/kg de poids corporel/heure en perfusion IV continue pendant 2 à 10 jours. 15 mg, 2 fois par jour pendant 9 à 12 jours La 1ère injection doit être effectuée 5 à 15 minutes avant l’intervention. bolus IV de 0,75 mg/kg suivi immédiatement d’une perfusion IV de 1,75 mg/kg/h pendant au moins la durée de l’intervention et jusqu’à 4h après si besoin. Type de liaison avec la thrombine irréversible irréversible réversible Élimination rénale rénale (mais métabolisation hépatique importante) rénale Demi-vie 10 minutes 2 à 3 heures 15 à 40 minutes Contrôle biologique - TCA 4 heures après le début du traitement puis au moins 1 fois par jour - Temps d’écarine TCA Temps d’écarine TCA IV : intraveineuse ; PTH : prothèse totale de hanche ; SC : sous-cutanée ; TCA : temps de céphaline activée ; TIH : thrombopénie induite par l’héparine ; TVP : thrombose veineuse profonde 3.2.1.4. Dabigatran (PRADAXA®) Développé dans le chapitre 4.1 (p 33). 3.2.2. Inhibiteurs sélectifs du facteur Xa En bref Les inhibiteurs du facteur Xa peuvent être divisés en 2 catégories : - inhibiteurs directs qui se fixent au facteur Xa : Razaxaban, Rivaroxaban… - inhibiteurs indirects qui nécessitent l’intervention de l’antithrombine pour se fixer au facteur Xa : il s’agit du Fondaparinux sodique et de l’Idraparinux Les inhibiteurs du facteur Xa peuvent être divisés en deux catégories : les inhibiteurs directs qui se fixent directement au facteur Xa, et les inhibiteurs indirects qui nécessitent l’intervention de l’antithrombine pour être actifs. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 3.2.2.1. Inhibiteurs indirects du facteur Xa Fondaparinux sodique (ARIXTRA®) * Pharmacodynamie [50, 64] Il s’agit du premier inhibiteur indirect et sélectif du facteur X activé. Il est commercialisé sous le nom d’ARIXTRA®. Il est constitué de cinq unités saccharides recréant le site de liaison biologique de l’héparine. Combiné à l’antithrombine, il induit une modification conformationnelle en augmentant de plus de 300 fois l’activité inhibitrice naturelle de l’antithrombine sur le facteur Xa, neutralisant ainsi indirectement la formation de la thrombine. La fixation de chaque molécule de Fondaparinux sur une molécule d’antithrombine est réversible, le Fondaparinux libéré se retrouvant disponible pour se lier à une nouvelle molécule d’antithrombine. Ainsi l’inhibition du facteur Xa entraîne une interruption de la cascade de la coagulation en empêchant -30- l’activation de la prothrombine en thrombine, et conduit à une interruption des boucles de rétroactivation déclenchées par la thrombine et/ou le facteur Xa au cours des différentes étapes de la coagulation. * Risque de TIH [65] Grâce à l'utilisation de la spectroscopie par corrélation de photons, il a été démontré que le Fondaparinux pouvait former des complexes avec le PF4 induisant la formation d'anticorps dirigés contre les complexes PF4/Fondaparinux, et pouvait donc entraîner des thrombopénies ou des phénomènes de thromboses. Cependant, le Fondaparinux ayant une structure plus petite que les HNF ou HBPM, il présente une affinité moindre pour le PF4, et les concentrations de Fondaparinux dans le sang étant faibles, les conditions ne sont pas optimales pour la formation de ce complexe. Toutefois, le postulat selon lequel le Fondaparinux n’entraînerait pas de TIH a récemment été contesté par le rapport de trois cas [66, 67, 68]. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban * Surveillance biologique [1] Afin de prendre en compte un éventuel risque de surdosage, le Fondaparinux à dose prophylactique est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 20 mL/mn). En cas d’insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine comprise entre 20 et 50 mL/mn), une posologie réduite de 1,5 mg/jour est prévue par l’AMM mais non disponible en France. Pour les dosages curatifs, le Fondaparinux est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine inférieure à 30 mL/mn). En cas de poids corporel inférieur à 50 kg, l’AMM propose une posologie réduite à 5 mg/jour. A l’inverse, afin de prendre en compte un éventuel sous-dosage, une posologie curative de 10 mg a l’AMM pour les malades de plus de 100 kg. Aucune surveillance n’est préconisée avec le Fondaparinux, juste en une NFS en pré traitement. * Pharmacocinétique Après administration sous-cutanée, le Fondaparinux est rapidement et complètement absorbé. Son pic de concentration est atteint en 30 à 60 minutes. Sa biodisponibilité est de 100%. Il se lie à plus de 94% à l’antithrombine. La demi-vie d’élimination est d’environ 17 heures, ce qui justifie son administration en une seule injection par jour. La demi-vie d’élimination est augmentée de façon significative avec l’âge et l’altération de la fonction rénale (environ 21 heures chez les sujets sains âgés) ; 64 à 77% du Fondaparinux est excrété par le rein sous forme inchangée. * Recommandations d’utilisation en postopératoire [50] - Avantages et inconvénients : Pour optimiser le rapport efficacité/tolérance du Fondaparinux un délai post-opératoire de 6 à 8h doit être respecté avant l’injection initiale. Puis le délai entre la première et la deuxième injection est de 12h au moins, mais une injection par 24h suffit. Il n’existe pas d’antidote spécifique du Fondaparinux ; - Utilisation simplifiée : . Pharmacocinétique linéaire pour des doses comprises entre 2 et 8 mg ; . Dose unique : O Traitement préventif : 2,5 mg une fois par jour en SC ; O Traitement curatif : 5 mg une fois par jour en SC pour les malades dont le poids < 50 kg ; 7,5 mg une fois par jour en SC pour les malades dont le poids est compris entre 50 kg et 100 kg ; 10 mg une fois par jour en SC pour les malades dont le poids > 100 kg ; . Pas d’impact sur les tests usuels de la coagulation. Idraparinux [50, 65, 69] L’Idraparinux est une molécule proche du Fondaparinux obtenu par hyperméthylation du pentasaccharide comportant un groupe O-sulfate à l’extrémité de la molécule. Ces modifications augmentent sensiblement son activité par une plus grande affinité pour l’antithrombine mais surtout très significativement sa demi-vie (130h). Il est injectable par voie SC et son élimination est exclusivement rénale. Ce produit est prévu pour être administré une seule fois par semaine. Ce médicament a fait l’objet d’une étude de phase II (étude PERSIST) [70] dans la prévention secondaire de la TVP pour remplacer le traitement par Warfarine : il a été démontré une bonne tolérance dès les doses les plus faibles sans accident hémorragique, et une efficacité égale à la Warfarine pour une dose de 2,5 mg. Depuis, des études de phase III ont été réalisées dans le traitement de la thrombose veineuse et de l’embolie pulmonaire, ainsi que dans l’arythmie complète. Le programme VAN GOGH est composé de trois études cliniques qui ont été menées chez des malades présentant un accident thromboembolique veineux. Ce programme évaluait dans un premier temps l’efficacité et la tolérance de l’Idraparinux administré une fois par semaine en SC vs HBPM ou HNF suivie d’une dose ajustée d’AVK pendant 3 à 6 mois (Van Gogh DVT et PE) : l’Idraparinux a été aussi efficace à la dose de 2,5 mg une fois par semaine que le traitement classique en terme d’efficacité [71]. Cependant chez les malades victimes d’une embolie pulmonaire, l’Idraparinux a été moins efficace (récidive à J+92 : 3,4% vs 1,6%, p=0,59). Les complications hémorragiques étaient plus faibles dans le groupe Idrapari-31- nux à J+92 (4,5% vs 7%, p=0,004) mais à six mois il n’y avait plus de différence. Puis, dans un second temps, une autre étude a évalué le bénéfice à long terme de l’Idraparinux vs placebo (Van Gogh Extension) [72]. Mais, malgré une réduction significative du risque relatif sous Idraparinux de 72,9% (p=0,002) après 6 mois de traitement supplémentaire, il apparaît dans cette étude un surcroît d’hémorragies majeures qui surviennent chez 11 malades du groupe Idraparinux (soit 1,9% vs 0) avec 3 hémorragies intracrâniennes fatales. Enfin, l’Idraparinux a été testé chez des malades traités pour une arythmie complète par Fibrillation atriale et a été comparé aux AVK (étude AMADEUS) [73]. Mais l’étude a été arrêtée après la randomisation de 4576 malades (2283 malades Idraparinux contre 2293 malades AVK) après un suivi moyen de 10,7 mois en raison d’un excès d’hémorragies avec l’Idraparinux (346 malades vs 226 ; et 21 hémorragies intracrâniennes vs 9). Les malades étaient âgés et les insuffisants rénaux étaient à haut risque hémorragique. Depuis le laboratoire a développé une nouvelle forme d’Idraparinux avec un résidu biotine qui permet de neutraliser le complexe Idraparinux biotinylé avec de l’Avidine. Une étude de bioéquivalence dans la thrombose veineuse profonde (EQUINOX) randomisée en double aveugle, multicentrique (757 malades) a comparé l’Idraparinux vs Idrabiotaparinux dans la TVP à des doses équimolaires (2,5 vs 3 mg) pendant 6 mois. Il a été montré une efficacité identique, une sécurité de l’utilisation de l’Avidine et un risque hémorragique moindre de l’Idrabiotaparinux. De nouvelles études sont en cours : l’essai CASSIOPEIA étudie ce traitement dans l’embolie pulmonaire (n = 3200), chaque malade recevant 5 jours d’Enoxaparine puis Idrabiotaparinux 3 mg SC par semaine ou une dose ajustée de Warfarine [74]. Par ailleurs une très large étude de phase III comparative versus AVK (BOREALIS-AF) et destinée à évaluer l’efficacité d’Idraparinux biotinylé dans la préventions des AVC et des embolies systémiques chez des Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban malades présentant une fibrillation atriale a débuté fin 2007. 3.2.2.2. Inhibiteurs directs du facteur Xa 4. Nouveaux antithrombotiques oraux Actuellement, l’Idraparinux biotinylé est donc toujours en attente d’AMM. Les différences de propriétés résumées dans le Tableau XXII montrent certains avantages liés à l’utilisation du Fondaparinux ou de l’Idraparinux, comme l’absence de risque de contamination infectieuse, un risque plus faible de TIH, l’administration en une seule injection par jour ou par semaine, et la suppression des contrôles sanguins. Cependant, comme pour les HBPM, ils sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère et la prudence est de mise chez le sujet âgé et l’insuffisant rénal modéré pour lesquels une adaptation posologique pourrait être préconisée. A l’heure actuelle la poursuite du développement de l’Idrabiotaparinux est inconnue. Razaxaban (DPC906) Administré par voie orale, il a été évalué dans les essais de phase II en prophylaxie dans la chirurgie orthopédique du genou [50] et le traitement de la MTEV. Le Rivaroxaban le Dabigatran, et l’Apixaban qui vont être traités ciaprès, ne sont pas les premiers représentants de la classe dite des ‘nouveaux antithrombotiques oraux’. Le Ximélagatran (EXANTA®, voie orale), inhibiteur direct de la thrombine, a obtenu l’AMM en 2003 en France dans les mêmes indications, à savoir dans la « prévention des maladies thromboemboliques veineuses en chirurgie programmée pour prothèse de hanche ou de genou ». Mais le 14 Février 2006, le laboratoire Astra Zeneca commercialisant ce médicament a pris la décision de le retirer du marché suite à la survenue d’un cas d’hépatite grave au cours d’un essai clinique [76]. Mais suite à l’apparition de saignements majeurs lors des essais, le développement du Razaxaban a été interrompu. Rivaroxaban (XARELTO®) Développé dans le chapitre suivant. Apixaban (ELIQUIS®) Développé dans le chapitre suivant. Inhibiteurs directs oraux en développement [75] Cf. Tableau LXI. Tableau XXII. Comparaison des principales caractéristiques des HBPM, du Fondaparinux et de l’Idraparinux. Médicament HBPM Fondaparinux Idraparinux Origine Animale (porcine) Synthèse chimique Synthèse chimique Poids moléculaire 5000 (PM moyen) 1728 1727 > 90% 100% 100% Facteurs Xa et IIa Facteur Xa Facteur Xa 2-5,1 Action anti-Xa uniquement Action anti-Xa uniquement LPP Oui Non Non Élimination Rein Rein Rein 3-4heures 17-21heures 66 jours, stabilité à 35 semaines Protamine +/- Aucun Avidine (Idrabiotaparinux) ++ rare Non renseigné Biodisponibilité Cible Rapport anti-Xa/IIa Demi-vie Antidote spécifique Risque de TIH HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; LPP : liaison aux protéines plasmatiques ; TIH : thrombopénie induite par l’héparine. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -32- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.1. Dabigatran etexilate : PRADAXA® En bref Le Dabigatran est un inhibiteur direct puissant de la thrombine. Il inhibe la thrombine libre, la thrombine liée à la fibrine et l’agrégation plaquettaire induite par la thrombine. Il est indiqué depuis mi-2011 dans la prévention primaire des ETEV en cas de chirurgie pour PTG ou PTH. Il sera bientôt autorisé en prévention des accidents emboliques dans la FA. 4.1.1. Renseignements généraux [77] Cf Tableau XXIII. 4.1.2. Renseignements pharmacologiques [77] 4.1.2.1. Propriétés pharmacodynamiques Le Dabigatran est un inhibiteur direct puissant, compétitif et réversible de la thrombine. Le Dabigatran inhibe de façon égale la thrombine libre, la thrombine liée à la fibrine et l'agrégation plaquettaire induite par la thrombine. Les études de phase II ont montré une corrélation claire entre la concentration plasmatique du Dabigatran et l'intensité de l'effet antithrombotique. 4.1.2.2. Propriétés pharmacocinétiques (cf. Tableau XXIV) Le Dabigatran etexilate est une prodrogue, et est converti rapidement et complètement en Dabigatran, forme active dans le plasma. Le clivage de la prodrogue (hydrolyse catalysée par une estérase) constitue la principale réaction métabolique. ● Absorption En période postopératoire, la Cmax est atteinte en 6 heures après la prise, sous l'effet de divers facteurs (anesthésie, parésie gastrointestinale…). Les jours suivants, l'absorption est plus rapide avec une Cmax obtenue 2 heures après la prise. La présence d'aliments retarde de 2 à 4 heures le temps nécessaire pour atteindre les concentrations plasmatiques au pic. ● Distribution La LP est faible (34-35%) et indépendante de la concentration. Le Vd (60 à 70 L) indique une distribution tissulaire modérée. La Cmax et l’ASC ont été proportionnelles à la dose. La demi-vie moyenne est de 12 à 14 heures chez les volontaires sains, et de 14 à 17 heures chez des malades ayant bénéficié d'une intervention majeure de chirurgie orthopédique. La demi-vie est indépendante de la dose. ● Métabolisme et élimination Le Dabigatran est principalement éliminé par voie urinaire sous forme inchangée (85%), l'excrétion fécale ne représentant que 6% de la dose administrée. Il est sujet à une conjugaison formant des acylglucuronides pharmacologiquement actifs, et des traces d'autres métabolites ont été uniquement détectables avec des méthodes analytiques hautement sensibles. * Populations particulières - Insuffisance rénale (IR) : L’ASC du Dabigatran après administration orale est environ 2,7 fois plus élevée chez des volontaires présentant une IR modérée, (CLcr : 30 50 mL/min) que chez ceux ayant une fonction rénale normale. La prudence est recommandée pour le traitement de ces malades. Chez un petit nombre de volontaires présentant une IR sévère (CLcr : 10 - 30 mL/min), l’ASC a été environ 6 fois plus élevée et la demi-vie environ 2 fois plus longue que dans une population de sujets sans IR : CI du Dabigatran pour ces malades. - Malades âgés : Les paramètres pharmacocinétiques ont été évalués après administration répétée chez des malades dont l'âge allait jusqu'à 88 ans. Les études pharmacocinétiques ont montré une augmentation de 40 à 60% de l'ASC et de plus de 25% de la Cmax, comparativement à des sujets jeunes, proportionnellement à la baisse de la clairance de la créatinine liée au vieillissement. La prudence est -33- donc recommandée pour le traitement de ces malades. - Insuffisance hépatique (IH) : Aucune modification de l’ASC n'a été observée chez 12 malades présentant une IH modérée (Child Pugh B) comparativement à 12 témoins. Cependant, la majorité des facteurs de coagulation étant synthétisés au niveau hépatique, une insuffisance hépatique modifie forcément les paramètres pharmacodynamiques et le profil de sécurité du Dabigatran. En effet, dans cette étude, l’INR a été en moyenne de 1,4 chez les malades présentant une insuffisance hépatique alors qu’il a été de 1,02 chez les volontaires sains [77, 78]. - Poids corporel Les paramètres pharmacocinétiques ont été évalués chez des sujets pesant de 48 à 120 kg. Il a été retrouvé une exposition plus élevée chez les malades dont le poids corporel était faible. - Sexe L'exposition au Dabigatran est plus élevée d'environ 40 à 50% chez les femmes que chez les hommes, mais aucune adaptation de la dose n'est recommandée. - Origine ethnique L'origine ethnique n'a pas affecté la pharmacocinétique du Dabigatran de façon cliniquement significative. Aucune donnée pharmacocinétique n'est disponible chez des malades Noirs. - Interactions pharmacocinétiques Aucune interaction (inhibition ou induction) avec les principales isoenzymes de CYP450 n’a été retrouvée dans les études in vitro. Ces résultats ont été confirmés par des études in vivo chez des volontaires sains, qui n'ont montré aucune interaction entre le Dabigatran et l'Atorvastatine (CYP3A4), la Digoxine (interaction liée au transporteur P-glycoprotéine) et le Diclofénac (CYP2C9). En revanche, l'exposition au Dabigatran a augmenté de 60% en présence d'Amiodarone chez des sujets sains. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXIII. Renseignements généraux du Dabigatran etexilate PRADAXA®. DCI Dabigatran etexilate Nom déposé PRADAXA® Laboratoire Boehringer Ingelheim International Classification ATC ANTITHROMBOTIQUES : B01A INHIBITEURS DIRECTS DE LA THROMBINE : B01AE DABIGATRAN ETEXILATE : B01AE07 -LISTE I - AMM EUROPEENNE EU/1/08/442/005 - Date AMM : 18/03/2008 Renseignements administratifs - Réf. officielle: Rectificatif AMM européenne 28/10/2009 - Agrément collectivités: 19/11/2008 - Modalité(s) de dispensation: dispensation en pharmacie d'officine et dispensation à usage intérieur. SMR/ASMR, remboursement - SMR : niveau important - ASMR : niveau V (pas d’amélioration du service rendu) ; comparateur : Enoxaparine. - Avis favorable au remboursement en ville et à la prise en charge à l’hôpital. Présentation - Gélules à 75 mg et 110 mg - Conditionnement primaire: plaquettes thermoformées contenant 10 gélules - Conditionnement secondaire: 1,3 ou 6 plaquettes Composition - Substance active: Dabigatran etexilate mesylate Gélules à 110 mg: 126,83 mg soit 110 mg de Dabigatran Etexilate Base Gélules à 75 mg: 86,48 mg soit 75 mg de Dabigatran Etexilate Base - Excipients à effets notoires: colorant jaune orangé E110 et chlorure de potassium dans l'enveloppe, et propylène glycol dans l'encre d'impression Conditions de conservation Durée de conservation: 36 mois à température ambiante, dans le conditionnement primaire à l'abri de l'humidité. ASMR : amélioration du service médical rendu ; SMR : service médical rendu. Tableau XXIV. Principaux paramètres pharmacocinétiques du Dabigatran etexilate PRADAXA®. Paramètres cinétiques Biodisponibilité Faible : 6,50% Tmax 6 h, à J0 après la chirurgie, et 2 h les jours suivants. T1/2 Volontaires sains: 12h à 14h [79] LPP Faible : 35% Vd 60 à 70 litres Métabolisme hépatique - Non métabolisé par les cytochromes P450 - Conjugaison formant des acyl-glucuronides pharmacologiquement actifs - Principalement rénale inchangée (85%) - Fèces (6%) Élimination LPP : liaison aux protéines plasmatiques ; T1/2 : demi-vie ; Vd : volume de distribution. 4.1.2.3. Données préclinique de sécurité Les données précliniques ne mettent pas en évidence de risque particulier pour l'être humain. Les effets observés lors des études de toxicologie par administration répétée ont été attribués à une exgération de l'effet Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 pharmacodynamique du Dabigatran. Un effet sur la fertilité se traduisant par une diminution des implantations et une augmentation des échecs avant implantation a été observé chez les femelles exposées à 70 mg/kg (5 fois le niveau d'exposition plasmatique chez les malades). -34- A des doses toxiques pour les mères (5 à 10 fois le niveau d'exposition plasmatique chez les malades), une diminution du poids corporel du fœtus et une réduction de sa viabilité ainsi qu'un accroissement des variations fœtales ont été observés chez le rat et le lapin. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Dans une étude pré et post-natale, une augmentation de la mortalité fœtale a été observée à des doses toxiques pour les mères (dose correspondant à un niveau d'exposition plasmatique 4 fois plus élevé que celui observé chez les malades). Les études de carcinogénicité avec le Dabigatran ne sont pas encore terminées. 4.1.3. Renseignements thérapeutiques [77] 4.1.3.1. Indications Le Dabigatran est indiqué en prévention primaire des ETEV chez les malades adultes ayant bénéficié d'une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou (AMM en 2008). Le 14 Avril 2011, l’EMA a rendu un avis positif pour une extension d’indication en prévention des AVC et de l'embolie systémique chez des malades atteints d'une fibrillation atriale non valvulaire. En toute logique, la décision définitive de mise sur le marché européen devrait arriver très prochainement, et ces modifications apparaîtront dans la mise à jour de l'EPAR (European public Assesment report). L'avis restreint la nouvelle indication aux malades adultes présentant au moins l'un des facteurs de risque suivants : antécédent d'AVC, d'AIT ou d'embolie systémique, fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 40%, insuffisance cardiaque de grade NYHA supérieur ou égal à 2, âge d'au moins 75 ans ou d'au moins 65 ans associé à un diabète, une maladie coronaire ou une hypertension [80]. 4.1.3.2. Posologie ● En chirurgie orthopédique Cf. Tableau XXV. Pour l’une ou l’autre chirurgie, si l’hémostase n’est pas contrôlée le jour de l’intervention, le traitement doit être instauré plus tard, selon la posologie d’entretien. Populations particulières et adaptations posologiques : - IR : Il y a une contre-indication si l’IR est sévère (CLcr <30 mL/min). - IH: Les malades présentant un taux d'enzymes hépatiques supérieur à 2 fois la limite supérieure de la normale (LSN) ont été exclus des essais cliniques. L'administration de ce médicament n'est donc pas recommandée dans cette population de malades. Le taux d'ALAT doit être mesuré dans le cadre du bilan préopératoire standard. - Sujets > 75 ans : Il y a peu de données cliniques ; ces malades doivent être traités avec prudence. - Poids : L'expérience clinique à la posologie recommandée est très restreinte chez les malades pesant moins de 50 kg ou plus de 110 kg. Sur la base des données cliniques et pharmacocinétiques disponibles, aucune adaptation de la dose n'est nécessaire mais une surveillance clinique étroite est recommandée. - Risque hémorragique accru en période post-chirurgicale : Les malades considérés à risque hémorragique ou à risque d'exposition accrue au médicament, notamment ceux présentant une IR modérée, doivent être traités avec prudence. - Enfants et adolescents : Ce médicament n'est pas recommandé chez l'enfant et l'adolescent de moins de 18 ans, étant donné l'absence de données de tolérance et d'efficacité. - Relais Dabigatran – antithrombotique par voie parentérale : Il est recommandé d'attendre 24 heures après la dernière dose de -35- Dabigatran avant le passage à un antithrombotique par voie parentérale. - Relais antithrombotique par voie parentérale – Dabigatran : Aucune donnée n'étant disponible, il n'est pas recommandé d'instaurer un traitement par Dabigatran avant le moment où la prochaine dose d'antithrombotique par voie parentérale devrait être injectée. ● Dans la prévention des AVC chez les malades souffrant de FA non valvulaire : L’EMA n’a pas fait le même choix de doses que la FDA : l’EMA recommande les deux doses étudiées dans l’essai RE-LY, soient 110 mg ou 150 mg deux fois par jour, laissant le choix de la dose au prescripteur en fonction du risque individuel de saignement de chaque malade. La FDA, de son côté, avait choisi de ne conserver que la dose supérieure (150 mg x 2/jour), et en cas d’IR sévère de descendre la posologie à 2 x 75 mg par jour, alors que cette dose n’avait pas été évaluée dans une étude clinique. (Cf. commentaires sur l’étude RE-LY) 4.1.3.3. Mode d’administration Les gélules doivent être administrées par voie orale, avec de l'eau, pendant ou en dehors des repas. - Si prise(s) supplémentaire(s) volontaire(s) ou accidentelle(s) : Le risque de saignement est augmenté, il est recommandé de prescrire une analyse de sang afin de déterminer le risque de saignement. En cas de saignement, un traitement chirurgical ou des transfusions sanguines peuvent être nécessaires. - Si omission d'une ou plusieurs doses : Prendre la dose quotidienne habituelle à la même heure le lendemain, ne pas prendre de dose double pour compenser la dose oubliée. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXV. Posologies en chirurgie orthopédique. PTG PTH Adulte >18 ans, pas d’IR ou IR légère Adulte > 18 ans, IR modérée Ou Adulte > 75 ans, pas d’IR, IR légère ou modérée Posologie initiale 110 mg en une prise 1 à 4 heures après l'intervention 75 mg en une prise 110 mg en une prise 1 à 4 heures après 1 à 4 heures après l'intervention l'intervention 75 mg en une prise 1 à 4 heures après l'intervention Posologie d'entretien en monothérapie 220 mg en une prise par jour pendant 10 jours 150 mg en une prise par jour pendant 10 jours 220 mg en une prise 150 mg en une prise par jour pendant 28 par jour pendant 28 à 35 jours à 35 jours Posologie d'entretien si association + Amiodarone ou Vérapamil : 150 mg en une prise par jour pendant 10 jours + Vérapamil : 75 mg en une prise par jours pendant 10 jours + Amiodarone ou Vérapamil : 150 mg par prise, pendant 28 à 35 jours Adulte > 18 ans, pas d’IR ou IR légère Adulte > 18ans, IR modérée Ou Adulte > 75 ans, pas d’IR, IR légère ou modérée + Vérapamil : 75 mg en une prise par jours pendant 28 à 35 jours IR : insuffisance rénale ; PTG : prothèse totale du genou ; PTH : prothèse totale de la hanche. 4.1.3.4. Contre-indications - Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. - IR sévère (CLcr < 30 mL/min). - Saignement évolutif cliniquement significatif. - Lésion organique susceptible de saigner. - Altération spontanée ou pharmacologique de l'hémostase. - IH sévère ou maladie du foie susceptible d'avoir un impact sur la survie. - Grossesse et allaitement - Traitement concomitant par Kétoconazole (systémique), Itraconazole, Ciclosporine, et Tacrolimus [80]. 4.1.3.5. Interactions menteuses médica- Interactions pharmacodynamiques - Antithrombotiques et antiagrégants plaquettaires : administration concomitante non recommandée (HNF et dérivés de l'héparine, HBPM, Fondaparinux, Désirudine, thrombolytiques, antagonistes des récepteurs GPIIb/IIIa, Clopidogrel, Ticlopidine, Dextran, Sulfinpyrazone et AVK). - AINS : surveillance étroite des signes de saignement recommandée, notamment avec les AINS à demi-vie d'élimination supérieure à 12 heures. Interactions pharmacocinétiques - Inhibiteurs de la P-glycoprotéine : transporteur d'efflux dont le Dabigatran etexilate est un substrat : inteDossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 ractions avec l'Amiodarone, le Vérapamil et la Clarithromycine, détectées dans les essais cliniques. Par conséquent, une surveillance clinique étroite (recherche de signes d'hémorragies ou d'anémie) est recommandée en cas d’association à ces médicaments, et une adaptation posologique est nécessaire. Par ailleurs, la prudence est nécessaire avec les inhibiteurs puissants de la P-glycoprotéine. (Ex : Quinidine), et récemment, l’EMA a établi des contre-indications absolues pour les associations avec : Kétoconazole, Itraconazole, Ciclosporine et Tacrolimus [80]. En revanche sur le site de l'EMA, il n'y a à ce jour aucune information concernant l'association entre Dabigatran et Dronédarone (MULTAQ®), médicament antiarythmique. Or, cette interaction a été évoquée par l’Afssaps en commission d’AMM lors de la séance du 28 Avril 2011. La Dronédarone a la propriété de doubler la concentration de Dabigatran dans le sang. Par mesure de précaution, et en l'absence de données cliniques, il a donc été décidé au niveau européen de déconseiller l'association, jugée risquée, de ces deux médicaments. En revanche, il n’a pas été décidé d'aller jusqu'à une contre-indication, afin que l'utilisation conjointe des deux médicaments reste possible, sous surveillance, chez les malades pour les-36- quels il n'existe pas d'alternative thérapeutique [81]. Cette affaire reste à suivre, mais ce que l’on aurait pu imaginer comme un mariage idéal entre ces deux traitements de nouvelle génération de la FA est compromis. - Inducteurs de la P-glycoprotéine (P-gp) Les inducteurs puissants de la P-gp tels que la rifampicine et le millepertuis peuvent réduire l'exposition systémique au Dabigatran. La prudence est conseillée en cas d'administration concomitante avec ces médicaments. - Interactions liées au profil métabolique du Dabigatran etexilate et du Dabigatran : Le Dabigatran etexilate et le Dabigatran ne sont pas métabolisés par le système du cytochrome P450 et n'exercent aucun effet in vitro sur les enzymes du cytochrome P450 humain. Des interactions médicamenteuses liées à ce système ne sont donc pas attendues avec le Dabigatran. - pH gastrique : Pantoprazole ; diminution de l’ASC de 30% après administration concomitante, sans effet cliniquement significatif sur l’hémorragie et l’efficacité. Ranitidine : aucun effet cliniquement significatif observé. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.1.3.6. Effets indésirables Lors des études cliniques pivots, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés ont été des saignements (hémorragie de tout type), survenant chez 14% des malades. La fréquence des évènements hémorragiques majeurs a été de 1,3 à 1,8% (150 mg/jour et 220 mg/jour) [82] (Cf. Tableau XXVI). Des dyspepsies ont également été rapportées. 4.1.3.7. Surdosage Il n’existe aucun antidote connu au Dabigatran. Selon les RCP, en cas de complications hémorragiques, le traitement doit être arrêté et l’origine du saignement recherchée. Le Dabigatran étant principalement excrété par voie rénale, une diurèse suffisante doit être maintenue, et un traitement approprié doit être instauré (hémostase chirurgicale ou transfusion de plasma frais congelé). Néanmoins, une étude de phase IV promue par le CHU de Grenoble (investigateur principal : G. Pernod) est en cours, et a pour but d’évaluer l’effet d’inhibiteurs non spécifiques de Dabigatran et d’un inhibiteur spécifique du Rivaroxaban. Les inhibiteurs non spécifiques du Dabigatran testés sont le concentré de complexe prothrombinique activé (APCC), le concentré de complexe prothrombinique (PCC) ainsi que le facteur VIIa recombinant. Il s’agit de tests in vitro réalisés sur du plasma de volontaires sains. Le critère d’évaluation principal mesure la réversibilité de l’anticoagulation par le retour du temps de génération de thrombine à la normale (juste avant administration, et 1, 2, 3 et 4 heures après prise du médicament inhibiteur). Les critères secondaires d’évaluation sont mesurés par le temps de thrombine, le TCA, le temps de Quick et l’activité anti-Xa (juste avant administration et 1, 2, 3 et 4 heures après prise du médicament) [83]. D’autre part, des données limitées rapportent qu’environ 9% d’une dose de Dabigatran seraient éliminés lors d’une séance d’hémodialyse de 4 heures, mais aucune expérience clinique ne démontre l’utilité de cette approche [84]. 4.1.3.8. Modification des paramètres biologiques et surveillance biologique Le Dabigatran est actif par voie orale, et aucune surveillance biologique n’est préconisée par le laboratoire. Néanmoins, bien que Dabigatran ait fait la preuve de son efficacité, de sa tolérance, et d’un confort d’utilisation indéniable lors des essais cliniques, le rapport bénéfice/risque établi lors des essais n’est pas forcément transposable aux populations particulières de la « vraie vie ». En effet, les populations cibles de ces nouveaux traitements sont des personnes âgées, présentant une IR plus ou moins sévère, et souvent polymédiquées. Une variabilité interindividuelle concernant les paramètres pharmacocinétiques (élimination rénale prépondérante pour Dabigatran, donc grande influence de l’état de la fonction rénale) ainsi que des interactions cliniquement significatives ont d’ailleurs été rapportées avec Dabigatran. Le risque d’accumulation du médicament donc d’hémorragies paraît d’autant plus élevé pour les indications au long cours, en prévention des AVC liés à une FA. De plus, du fait de son mode d’action, Dabigatran perturbe les tests d’hémostase de pratique quotidienne (augmentation de l’INR et du TCA, diminution artificielle des tests fonctionnels des facteurs de coagulation de 10 à 20%, et modification du temps de thrombine). Ces tests classiques ne peuvent être utilisés comme contrôle de l’effet du Dabigatran, car ils ne sont ni assez sensibles ni assez spécifiques. Cependant, leur interférence avec le Dabigatran doit être prise en compte lors de l’interprétation d’un bilan d’hémostase classique [85]. On peut ajouter que même si la surveillance d’un traitement par AVK par la mesure de l’INR est lourde, elle a le mérite de permettre un suivi de l’observance du malade, notamment au long cours. Pour les nouveaux antithrombotiques oraux, cette observance est difficile à contrôler. Tableau XXVI. Principaux effets indésirables rapportés (classification Medra), d’après [77, 82]. Système sanguin et lymphatique Effets indésirables fréquents ou très fréquents (≥ 1%) Effets indésirables peu fréquents (≥ 0,1% et < 1%) Anémie. Hématome postopératoire. Hémorragie : sécrétion de la plaie, gastro-intestinale, cutanée. Hématurie. Thrombopénie. Épistaxis. Hémorragie : au site d'injection, sur cathéter, rectale. Effets indésirables rares ou très rares (< 0,1%) Augmentation ASAT-ALAT. Anomalies des tests de la fonction hépatique. Hyperbilirubinémie. Affections hépatobiliaires Hypersensibilité. Système immunitaire ALAT : Alanine Amino Transférase ; ASAT : Aspartate Amino Transférase. -37- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Ainsi, un test biologique spécifique permettant d’évaluer la part de l’effet de la présence du médicament ainsi que celle d’une éventuelle coagulopathie et d’estimer le niveau d’anticoagulation pourrait être utile pour des malades particuliers ainsi que dans certains contextes cliniques. Dans des situations d’hémorragies ou de thromboses par exemple, ces tests spécifiques permettraient non seulement d’en déterminer la cause, mais aussi de décider de la prise en charge immédiate ou ultérieure (reprise ou non du traitement) du malade. Alors qu’il existe des recommandations en cas de chirurgie urgente pour les malades sous AVK (INR < 1,5 ou 1,2 selon les situations), il n’en existe aucune pour les nouveaux antithrombotiques, pour lesquels il n’existe pas non plus d’antidotes spécifiques pour le moment. L’option actuelle est, en dehors de toute urgence, d’attendre une diminution de la concentration plasmatique. Mais deux problèmes se posent : qu’en est-il de la variabilité de la vitesse d’élimination, et du niveau de sécurité d’un geste avec effraction vasculaire ? [86] Actuellement aucun test n’est recommandé car les zones thérapeutiques ne sont pas connues. Il existe cependant des tests ayant une bonne sensibilité. (cf. partie spécifique sur le suivi biologique des nouveaux antithrombotiques) Les tests utilisés doivent être sensibles en fonction du délai entre la prise du médicament et le prélèvement sanguin, et il est primordial que cliniciens et biologistes aient une bonne connaissance de la réponse des différents examens de la coagulation au Dabigatran [87]. modérée, personnes âgées sans IR sévère, associations médicamenteuses). > Court délai d’apparition (Tmax obtenu rapidement) et de disparition (T1/2 courte) de l’effet antithrombotique [88, 89] > Large fenêtre thérapeutique. > Corrélation linéaire entre concentration et effet antithrombotique = effet dose-dépendant prévisible. > CI absolues IR sévère (élimination majoritairement rénale) et IH sévère (modification des paramètres pharmacodynamiques sans modification des paramètres pharmacocinétiques). > Peu de données cliniques en cas d’IR modérée, chez les sujets âgés (qui constitue pourtant la population cible) et pour les poids extrêmes. > Métabolisme : - Peu d’interactions avec les aliments (mais retarde de 2 à 4h l’absorption), non métabolisé par le CYP450 (donc pas d’interactions avec les médicaments inducteurs ou inhibiteurs du CYP450) - Substrat de la P-gp, donc nombreuses interactions prévisibles avec les inducteurs/inhibiteurs ou substrats de la P-gp : CI absolue de Kétoconazole, Itraconazole, Ciclosporine et Tacrolimus [90]. > Pas d’antidote en cas de surdosage. > Aucune surveillance biologique n’est préconisée par le laboratoire ; néanmoins, des tests spécifiques et standardisés pourraient être utiles dans certaines situations : sujets âgés, IR et polymédiqués, hémorragies, extensions de thromboses… POINTS CLÉS Dabigatran : 4.1.4. Études cliniques > Administration orale en une prise par jour à dose unique (poids entre 50 kg et 110 kg). > Adaptation de dose possible en fonction du profil du malade (IR Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Cf. Tableau XXVII, Tableau XXVIII, Tableau XXIX, et Tableau XXX. L’évaluation du bénéfice clinique de Dabigatran en prévention de la maladie thromboembolique veineuse -38- (MTEV) après chirurgie orthopédique majeure (PTH ou PTG) repose sur les résultats de cinq études cliniques : deux études de phase II, BISTRO I et BISTRO II, et trois études de phase III [82]. Les deux études de phase II ont permis de déterminer l’intervalle de doses pour lesquelles on trouve le meilleur rapport bénéfice / risque, soit entre 100 mg et 300 mg ; en dessous de 100 mg, la protection antithrombotique est insuffisante ; en revanche pour des doses supérieures à 300 mg, le risque de saignements augmente [91]. L’octroi d’AMM s’est basé sur deux essais pivots de phase III, randomisés et en double-aveugle, comparant l’efficacité et la tolérance du Dabigatran etexilate et de l’Enoxaparine chez des malades ayant fait l'objet d'une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée. L’essai RE-MODEL a comparé les deux médicaments chez des malades ayant bénéficié de la pose d’une prothèse totale de genou, et l’essai RE-NOVATE chez des malades ayant bénéficié de la pose d’une prothèse totale de hanche. La troisième étude de phase III réalisée, l’étude RE-MOBILIZE, a aussi comparé Dabigatran etexilate et Enoxaparine en prophylaxie des ETEV chez des malades ayant bénéficié d’une chirurgie pour prothèse totale de genou. Cette étude n’a pas été retenue par la commission de transparence de l’HAS, dans la mesure où le schéma d’administration de l’Enoxaparine n’était pas conforme aux recommandations de l’AMM en Europe. Ces trois études de phase III font partie d’un vaste programme d’étude concernant le Dabigatran : le programme REVOLUTION [92]. 4.1.4.1. Programme de développement clinique : REVOLUTION Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXVII. Études cliniques dans la prévention primaire des ETEV (indication AMM). RE-MODEL RE-MOBILIZE RE-NOVATE RE-NOVATE II Statut Terminée Terminée Terminée Terminée Type d'étude Randomisée en double-aveugle Randomisée en double-aveugle Randomisée en double-aveugle Randomisée en double-aveugle Nombre de malades 2 101 2 615 3 494 2 055 Traitement à l'étude Dabigatran etexilate Dabigatran etexilate Dabigatran etexilate 150 mg ou 220 mg par 150 mg ou 220 mg par 150 mg ou 220 mg par jour en une prise (de- jour en une prise (de- jour en une prise (demi-dose 1-4 heures mi-dose 6-12 heures mi-dose 1-4 heures après chirurgie à J1) après chirurgie à J1) après chirurgie à J1) Enoxaparine 40 mg Traitement de une fois par jour (preréférence mière injection la veille de la chirurgie) Enoxaparine 30 mg deux fois par jour (première injection 12 à 24 heures après chirurgie) Dabigatran etexilate 220 mg par jour (demi-dose 1-4 heures après chirurgie) Enoxaparine 40 mg Enoxaparine 40 mg une fois par jour (pre- une fois par jour (première injection la veille mière injection la veille de la chirurgie) de la chirurgie) Type de chirurgie PTG PTG PTH PTH Durée du traitement 6 à 10 jours 12 à 15 jours 28 à 35 jours 28 à 35 jours Critère principal d'efficacité Critère composite associant ETEV totaux + décès toutes causes Critère composite associant ETEV totaux + décès toutes causes Critère composite associant ETEV totaux + décès toutes causes Critère composite associant ETEV totaux + décès toutes causes Critère principal de tolérance Incidence des événements hémorragiques majeurs, non majeurs et mineurs Incidence des événements hémorragiques majeurs, non majeurs et mineurs Incidence des événements hémorragiques majeurs, non majeurs et mineurs Incidence des événements hémorragiques majeurs, non majeurs et mineurs ETEV : événement thromboembolique veineux ; PTG : prothèse totale du genou ; PTH : prothèse totale de la hanche. Tableau XXVIII. Études cliniques dans le traitement aigu des ETEV. RE-COVER RE-COVER II Statut Terminée En cours Type d'étude Randomisée en double-aveugle Randomisée en double-aveugle Nombre de malades 2564 2550 Traitement à l'étude Dabigatran etexilate 150 mg deux fois par jour Dabigatran etexilate 150 mg deux fois par jour Traitement de référence Warfarine (INR cible entre 2 et 3) Warfarine (INR cible entre 2 et 3) Durée du traitement 6 mois, après au moins 5 jours d'anticoagulation parentérale 6 mois, après au moins 5 jours d'anticoagulation parentérale Critère principal d'efficacité Critère composite associant ETEV symptomatiques récurrents + décès liés aux ETEV pendant 6 mois Critère composite associant ETEV symptomatiques récurrents + décès liés aux ETEV pendant 6 mois Critère principal de tolérance Incidence événements hémorragiques, EI, arrêts de traitement dus aux EI, analyses biologiques, SCA, et signes vitaux Incidence événements hémorragiques, EI, arrêts de traitement dus aux EI, analyses biologiques, SCA, et signes vitaux ETEV : événement thromboembolique veineux ; EI : effet indésirable ; INR : International Normalized Ratio ; SCA : syndrome coronarien aigu. -39- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXIX. Études cliniques dans la prévention chez les malades souffrant de FA, et en prévention secondaire d’événements cardio-vasculaires chez des malades souffrant de SCA En prévention d’AVC chez les malades souffrant de FA En prévention secondaire d’événements cardio-vasculaires chez des malades souffrant de SCA RE-LY RE-DEEM Statut Terminée Terminée Type d'étude Prospective, randomisée, en ouvert sur la substance active, en aveugle sur la dose de Dabigatran etexilate Étude de phase II randomisée, en aveugle Nombre de malades 18 113 1 861 Traitement à l'étude Dabigatran 110 ou 150 mg deux fois par jour Dabigatran etexilate (50, 75, 110 ou 150 mg ou placebo) deux fois par jour, en plus du traitement antiagrégant plaquettaire standard (aspirine + Clopidogrel) Traitement de référence Warfarine (INR cible entre 2 et 3) Traitement antiagrégant plaquettaire standard (aspirine + Clopidogrel) Durée du traitement 2 ans 6 mois Critère principal d'efficacité Incidence AVC et embolie systémique Incidence EI sévères, hémorragies majeures et cliniquement significatives, IDM, décès lié à une cause cardio-vasculaire… Critère principal de tolérance Incidence hémorragies majeures Incidence événements hémorragiques AVC : accident vasculaire cérébral ; EI : effet indésirable ; FA : Fibrillation atriale ; IDM : infarctus du myocarde ; INR : International Normalized Ratio ; SCA : syndrome coronarien aigu. Tableau XXX. Études cliniques dans la prévention secondaire des ETEV RE-MEDY RE-SONATE Statut Terminée Terminée Type d'étude Randomisée en double-aveugle Randomisée en double-aveugle Nombre de malades 2700 1500 Traitement à l'étude Dabigatran etexilate 150 mg deux fois par jour Dabigatran etexilate 150 mg deux fois par jour Traitement de référence Warfarine (INR cible entre 2 et 3) Placebo Durée du traitement 18 mois, après 3 à 6 mois de traitement antithrombotique curatif 6 mois, après 6 à 18 mois de traitement par AVK Critère principal d'efficacité Critère composite associant ETEV symptomatiques récurrents + décès liés aux ETEV pendant le traitement Incidence des ETEV symptomatiques récurrents pendant le traitement Critère principal de tolérance Incidence événements hémorragiques pendant le traitement Incidence événements hémorragiques pendant le traitement ETEV : événement thromboembolique veineux ; INR : International Normalized Ratio. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -40- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.1.4.2. Études ayant conduit à l’obtention d’AMM dans la pré- Cf. Tableaux XXXI, XXXII, XXXIII. vention des ETEV en chirurgie orthopédique (études pivot) Tableau XXXI. Étude RE-MODEL : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [93]. Oral Dabigatran etexilate versus subcutaneous enoxaparin for the prevention of venous thromboembolism after total knee replacement: the RE-MODEL randomized trial. 2007 [93] Objectifs Critères d’inclusion Comparer l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate 220 mg et 150 mg administré une fois par jour par voie orale versus Enoxaparine 40 mg administrée une fois par jour en injection sous cutanée, en prophylaxie des ETEV après chirurgie pour PTG. Malades ≥ 18 ans et de poids > 40kg, programmés pour la pose d’une PTG primaire et unilatérale. Type d’étude Étude de non-infériorité de phase III multicentrique, internationale (Europe, Australie, Afrique du Sud), randomisée, contrôlée versus traitement actif, en 3 groupes parallèles, en double aveugle et double placebo. Résultats Critères d’exclusion Antécédents d’hémorragies, de chirurgie majeure ou de traumatisme récents (< 3 mois), de maladie cardiovasculaire récente non contrôlée (HTA non contrôlée, IDM récent < 3 mois, etc.) ou d’ETEV, IR sévère, maladie nécessitant un traitement antithrombotique, maladie maligne active, maladie hépatique sévère (ALAT > 2 fois la LSN) au cours du mois précédent, femme en âge de procréer. Méthodologie N = 2101 malades randomisés selon 3 bras : - Bras Dabigatran etexilate 220 mg une fois par jour, avec une demi-dose à J0 1 à 4 heure après l’intervention. (n=694) - Bras Dabigatran etexilate 150 mg une fois par jour, avec une demi-dose à J0 1 à 4 heure après l’intervention. (n=708) - Bras Enoxaparine 40 mg une fois par jour en débutant le soir précédant l’intervention. (n=699) Traitement poursuivi pendant 6 à 10 jours pour les trois bras ; (durée médiane : 8 jours) Durée de l’étude Les malades ont été suivis pendant 3 mois. Évaluation Efficacité : - Critère principal : critère composite associant ETEV totaux (TVP proximales et distales symptomatiques ou asymptomatiques détectées par phlébographie et/ou EP symptomatiques) et décès toutes causes survenus au cours du traitement (période de traitement définie comme l’intervalle de temps entre la 1ère dose et le 3ème jour après la dernière dose orale ou SC). - Critères secondaires : ∗ Critère composite comprenant les ETEV majeurs (TVP proximales symptomatiques ou asymptomatiques et/ou EP) et les décès liés aux ETEV survenus au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des TVP totales. ∗ Incidence des TVP symptomatiques. ∗ Incidence des EP symptomatiques. ∗ Incidence des décès toutes causes. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques au cours du traitement (selon recommandations établies pour événements majeursΨ, non majeurs et mineurs) ; fonction hépatique ; syndrome coronarien aigu (SCA). -41- Malades : Sur les 2101 malades randomisés, 1541 (69%) ont été inclus dans l’analyse d’efficacité (malades exclus = malades non traités, non opérés, phlébographies non réalisées ou inexploitables). Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les trois groupes : âge moyen : 67,7 ± 8,9 ans ; 20% > 75 ans. Efficacité : - Choix de la borne de non infériorité : fixée à 9,2% sur la base de résultats antérieurs : représente 1/3 de la borne inférieure de l’IC95% de la différence d’incidence des TVP reportées dans une étude comparant Enoxaparine versus placebo [94]. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXI (suite). Étude RE-MODEL : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [93]. Résultats (suite) - Critère principal : (analyse en ITT) Dabigatran etexilate 220 mg Dabigatran etexilate 150 mg Enoxaparine 40 mg % ETEV totaux + décès toutes causes (IC à 95%) 36,4 (32,2-40,6) 40,5 (36,3-44,7) 37,7 (33,5-41,9) % Différence absolue versus Enoxaparine (IC à 95%) - 1,3 (- 7,3 à 4,6) + 2,8 (-3,1 à 8,7) Valeur de p pour la non infériorité vs Enoxaparine 0,0003 0,017 - Critères secondaires : Dabigatran etexilate 220 mg Dabigatran etexilate 150 mg Enoxaparine 40 mg % ETEV majeurs + décès liés à un ETEV (IC à 95%) 2,6 (1,2-3,9) 3,8 (2,2-5,4) 3,5 (1,9-5,1) % Différence absolue versus Enoxaparine (IC à 95%) - 1,0 (- 3,1 à 1,2) + 0,3 (-2,0 à 2,6) Valeur de p pour la non infériorité versus Enoxaparine 0,38 0,82 % TVP asymptomatiques 36 39,7 36 % TVP symptomatiques 0,1 0,4 1,2 0 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 % EP symptomatiques % Décès totaux Tolérance : La population pour l’analyse de la tolérance comprenait l’ensemble des malades randomisés qui avaient reçu au moins une dose du traitement à l’étude ∗ Évènements hémorragiques Dabigatran etexilate 220 mg (n=679) Dabigatran etexilate 150 mg (n=703) Enoxaparine 40 mg (n=694) Hémorragies majeures Nombre de malades (%) 10 (1,5) 9 (1,3) 9 (1,3) Hémorragies non majeures cliniquement significatives Nombre de malades (%) 40 (5,9) 48 (6,8) 37 (5,3) Hémorragies mineures Nombre de malades (%) 60 (8,8) 59 (8,4) 69 (9,9) ∗ Tolérance hépatique Les malades ont été suivis jusqu’au 90ème jour après la première administration du médicament à l’étude. Des augmentations des ALAT > 3 x LSN ont été observées sans aucune différence significative entre les trois groupe (respectivement 2,8%, 3,7% et 4% dans les groupes Dabigatran 150 mg, 220 mg et Enoxaparine 40 mg). ∗ Tolérance cardiaque Des SCA ont été observés chez 3 et 7 malades des groupes Dabigatran etexilate 220 mg et 150 mg, et chez 4 malades de groupe Enoxaparine pendant la période de traitement. Pendant la période de suivi, il y a eu 1 SCA dans le groupe Dabigatran etexilate 150 mg et 2 dans le groupe Enoxaparine. ∗ Arrêts de traitement : Le taux d’arrêt de traitement pour effet indésirable a été similaire dans les groupes Dabigatran etexilate (3,7% pour chaque posologie) et dans le groupe Enoxaparine (4,6%). Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -42- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXI (suite et fin). Étude RE-MODEL : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [93]. Conclusion des auteurs Le Dabigatran etexilate aux deux posologies testées est aussi efficace que l’Enoxaparine après PTG dans la prévention des ETEV, et ce, avec un profil de tolérance similaire, notamment concernant les saignements. Aucune augmentation de l’incidence des enzymes hépatiques n’a été associée au Dabigatran etexilate, pendant le traitement comme pendant le suivi prolongé. Conclusion du CNHIM L’effet antithrombotique de Dabigatran etexilate sur le critère d’efficacité principal (ETEV totaux et décès toutes causes) a été non inférieur à celui de l’Enoxaparine. Cependant la pertinence clinique d’un tel critère est discutable, étant donné qu’il évalue essentiellement l’incidence d’événements asymptomatiques de localisation distale détectés par phlébographie. Or, le lien direct entre le diagnostic d’événements asymptomatiques et la survenue de thromboses veineuses symptomatiques ou d’embolies pulmonaires n’est pas clairement établi. Le critère composite d’efficacité secondaire est plus pertinent cliniquement (mais il aurait fallu une population bien plus importante pour obtenir la même puissance et détecter une différence significative !). De plus, la première prise de Dabigatran etexilate à demi-dose doit se réaliser entre 1 à 4 heures après la fin de l’intervention. Or, le risque de vomissements après anesthésie générale n’a pas été évoqué et pourrait cependant compromettre le schéma thérapeutique. La question de la transposition des résultats à la population des malades les plus âgés se pose ; en effet, dans cette étude, la moyenne d’âge des malades est inférieure à la moyenne d’âge des malades concernés par une chirurgie de type PTG dans la population générale (données PMSI 2006 : âge moyen des malades concernés par une chirurgie de type PTG = 71,6 ± 8,8 ans, dont 49% âgés de 70 à 80 ans et 17% > 80 ans). Les malades âgés risqueront d’avoir une fonction rénale sévèrement altérée et ne pourront donc bénéficier du traitement par Dabigatran. Ψ. Évènements hémorragiques majeurs : hémorragie cliniquement extériorisée associée à une perte ≥ 20 g/L d’hémoglobine ; hémorragie cliniquement extériorisée nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total ; hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale d’issue fatale ; hémorragie justifiant l’arrêt du traitement ou nécessitant une réintervention. Les événements hémorragiques majeurs incluent les hémorragies de site opératoire. ALAT : Alanine Amino Transférase ; EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thromboembolique veineux ; HTA : hypertension artérielle ; IDM : infarctus du myocarde ; LSN : limite supérieure de la normale ; PTG : prothèse totale du genou ; SC : souscutanée ; SCA : syndrome coronarien aigu ; TVP : thrombose veineuse profonde. -43- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXII. Étude RE-NOVATE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [95]. Dabigatran etexilate versus enoxaparin for prevention of venous thromboembolism after total hip replacement: a randomised, double-blind, non-inferiority trial: the RE-NOVATE randomized trial. 2007 [95] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Comparer l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate 220 mg et 150 mg administré une fois par jour par voie orale versus Enoxaparine 40 mg administrée une fois par jour en injection sous cutanée, en prophylaxie des ETEV après chirurgie pour PTH. Malades ≥ 18 ans et de poids > 40 kg, programmés pour une chirurgie unilatérale pour PTH de première intention. Malades : Type d’étude Étude de non-infériorité de phase III multicentrique, internationale (Europe, Australie, Afrique du Sud), randomisée, contrôlée versus traitement actif, en 3 groupes parallèles, en double aveugle et double placebo. Méthodologie N = 3494 malades randomisés selon 3 bras : - Bras Dabigatran etexilate 220 mg : une fois par jour, avec une demi-dose à J0 1 à 4 heures après l’intervention (n = 1157). - Bras Dabigatran etexilate 150 mg : une fois par jour, avec une demi-dose à J0 1 à 4 heures après l’intervention (n = 1174). - Bras Enoxaparine 40 mg une fois par jour en débutant le soir précédant l’intervention (n = 1162). Traitement poursuivi pendant 28 à 35 jours pour les trois bras ; (durée médiane : 33 jours). Durée de l’étude Les malades ont été suivis pendant 3 mois. Critères d’exclusion Antécédents d’hémorragies, de chirurgie majeure ou de traumatisme récents (< 3 mois), de maladie cardiovasculaire récente non contrôlée (HTA non contrôlée, IDM récent < 3mois, etc.) ou d’ETEV, IR sévère, maladie nécessitant un traitement antithrombotique, maladie maligne active, maladie hépatique sévère (ALAT > 2 fois la LSN) au cours du mois précédent, femme en âge de procréer. Sur les 3494 malades randomisés, 2651 (76%) ont été inclus dans l’analyse d’efficacité (malades exclus = malades non traités, non opérés, phlébographies non réalisées ou inexploitables.) Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les trois groupes : âge moyen : 63,9 ± 10,8 ans ; 13,5% > 75 ans. Efficacité : Évaluation Efficacité : - Critère principal : critère composite associant ETEV totaux (TVP proximales et distales symptomatiques ou asymptomatiques détectées par phlébographie et/ou EP symptomatiques) et décès toutes causes survenus au cours du traitement (période de traitement définie comme l’intervalle de temps entre la 1ère dose et le 3ème jour après la dernière dose orale ou SC) - Choix de la borne de non infériorité : fixée à 7,7%, à partir d’une analyse groupée des taux publiés d’ETEV pour l’Enoxaparine versus placebo pendant 8 à 14 jours: la borne de non infériorité préserve les 2/3 de la valeur de l’IC95% de la différence d’incidence des TVP reportées entre Enoxaparine et placebo. - Critères secondaires: ∗ critère composite comprenant les ETEV majeurs (TVP proximales symptomatiques ou asymptomatiques et/ou EP) et les décès liés aux ETEV survenus au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des TVP totales. ∗ Incidence des TVP symptomatiques. ∗ Incidence des EP symptomatiques. ∗ Incidence des décès toutes causes. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques au cours du traitement (selon recommandations établies pour événements majeurs, non majeurs et mineurs)Ψ ; fonction hépatique ; syndrome coronarien aigu (SCA). …/… Ψ. Événements hémorragiques majeurs : hémorragie cliniquement extériorisée associée à une perte ≥ 20g/L d’hémoglobine ; hémorragie cliniquement extériorisée nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total ; hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale d’issue fatale ; hémorragie justifiant l’arrêt du traitement ou nécessitant une réintervention. Les événements hémorragiques majeurs incluent les hémorragies de site opératoire. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -44- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXII (suite). Étude RE-NOVATE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [95]. Résultats (suite) - Critère principal : (analyse en ITT) Dabigatran etexilate 220 mg Dabigatran etexilate 150 mg Enoxaparine 40 mg % ETEV totaux + décès toutes causes (IC à 95%) 6,0 (4,5 à 7,6) 8,6 (6,7 à 10,4) 6,7 (5,1 à 8,3) Différence absolue versus Enoxaparine (IC à 95%) - 0,7 (- 2,9 à 1,6) + 1,9 (-0,6 à 4,4) Valeur de p pour la non infériorité versus Enoxaparine < 0,0001 < 0,0001 - Critères secondaires: Dabigatran etexilate Dabigatran 220 mg 150 mg etexilate Enoxaparine 40 mg % ETEV majeurs + décès liés à un ETEV (IC à 95%) 3,1 (-2,5 à 0,8) 4,3 (2,9 à 5,6) 3,9 (2,7 à 5,2) Différence absolue versus Enoxaparine (IC à 95%) - 0,8 (- 2,5 à 0,8) + 0,4 (-1,5 à 2,2) Valeur de p pour la non infériorité versus Enoxaparine 0,33 0,71 % TVP asymptomatiques 4,6 7,2 6,3 % TVP symptomatiques 0,5 0,8 0,1 % EP symptomatiques 0,4 0,1 0,3 %Décès totaux 0,3 0,3 0 Tolérance : La population pour l’analyse de la tolérance comprenait l’ensemble des malades randomisés qui avaient reçu au moins une dose du traitement à l’étude. ∗ Évènements hémorragiques Dabigatran etexilate 220 mg (n=1146) Dabigatran etexilate 150 mg (n=1163) Enoxaparine 40 mg (n=1154) Hémorragies majeures Nombre de malades (%) 23 (2,0) 15 (1,3) 18 (1,6) Hémorragies non majeures cliniquement significatives Nombre de malades (%) 48 (4,2) 55 (4,7) 40 (3,5) Hémorragies mineures Nombre de malades (%) 70 (6,1) 72 (6,2) 74 (6,4) …/… -45- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXII (suite et fin). Étude RE-NOVATE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [95]. Résultats (suite) Remarque : la survenue d’événements hémorragiques majeurs dans les 3 groupes a débuté dans environ 50% des cas avant l’administration de la première dose orale. Il faut noter qu’il y a eu 2 événements hémorragiques fatals : 1 dans le groupe Dabigatran 220 mg (hémorragie rétropéritonéale) et un dans le groupe Dabigatran 150 mg (hémorragie gastro-intestinale). ∗ Tolérance hépatique Les malades ont été suivis jusqu’au 90ème jour après la première administration du médicament à l’étude. Des augmentations des ALAT > 3 x LSN ont été observées dans les trois groupes, avec un nombre légèrement plus élevé dans le groupe Enoxaparine (respectivement 3%, 3% et 5% dans les groupes Dabigatran 150 mg, 220 mg et Enoxaparine 40 mg). ∗ Tolérance cardiaque Des SCA ont été observés chez 5 et 8 malades des groupes Dabigatran etexilate 220 mg et 150 mg, et chez 9 malades de groupe Enoxaparine pendant la période de traitement. Pendant la période de suivi, il y a eu 1 SCA dans le groupe Dabigatran etexilate 150 mg et 2 dans le groupe Enoxaparine. ∗ Arrêts de traitement : Le taux d’arrêt de traitement pour effet indésirable a été similaire dans les groupes Dabigatran etexilate (6% et 8% pour Dabigatran 220 mg et 150 mg) et dans le groupe Enoxaparine (6%). Le profil des événements indésirables des deux doses de Dabigatran etexilate a été comparable à celui de l’Enoxaparine, les troubles digestifs étant les plus fréquents (nausées, vomissements, constipation) Conclusion des auteurs Le Dabigatran etexilate est aussi efficace que l’Enoxaparine après PTH dans la prévention des ETEV, et ce, avec un profil de tolérance similaire. Aucune augmentation de l’incidence des enzymes hépatiques n’a été associée au Dabigatran etexilate comparativement à l’Enoxaparine, tant pendant le traitement que pendant le suivi prolongé. Dans un contexte où la durée d’hospitalisation tend à se réduire, la mise à disposition d’un antithrombotique par voie orale peut faciliter l’observance des traitements antithrombotiques en ambulatoire pendant la durée recommandée de 28 à 35 jours. Conclusion du CNHIM Mêmes remarques que pour l’étude RE-MODEL sur le critère principal utilisé, ainsi que sur le risque de modification du schéma thérapeutique en cas de vomissements liés à l’anesthésie générale. La question de la transposition des résultats à la population des malades les plus âgés se pose également dans cet essai ; en effet, la moyenne d’âge des malades est inférieure à la moyenne d’âge des malades concernés par une chirurgie de type PTH dans la population générale (données PMSI 2006 : âge moyen des malades concernés par une chirurgie de type PTH = 69,5 ± 11,9 ans, dont 37% âgés de 70 à 80 ans et 20% > 80 ans). ALAT : Alanine Amino Transférase ; EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thromboembolique veineux ; HTA : hypertension artérielle ; IDM : infarctus du myocarde ; LSN : limite supérieure de la normale ; PTH : prothèse totale de la hanche ; SC : souscutanée ; SCA : syndrome coronarien aigu ; TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -46- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXIII. Étude RE-NOVATE II : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [96]. Oral Dabigatran versus Enoxaparin for thromboprophylaxis after primary total hip arthroplasty: the RE-NOVATE II randomised trial, 2011 [96] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Étude d’extension de RE-NOVATE, ayant pour objectif de fournir davantage de données pour confirmer l’efficacité de Dabigatran dans la prophylaxie des ETEV lors d’une PTH ; le but était également de démontrer que la dose la plus élevée de Dabigatran utilisée dans RENOVATE (220 mg par jour), sur un plus grand nombre de malades, n’allait pas augmenter significativement le risque hémorragique. Malades ≥ 18 ans et de poids > 40kg, programmés pour une chirurgie unilatérale pour PTH de première intention. Malades : Type d’étude Étude de non-infériorité de phase III, multicentrique, randomisée, contrôlée versus traitement actif, en double-aveugle et double placebo, en 2 groupes parallèles. Comparaison de l’efficacité et de la sécurité de Dabigatran etexilate à la dose de 220 mg par jour, débutant 1 à 4 heures après une intervention de PTH, à l’Enoxaparine 40 mg en sous-cutanée, débutant la veille de l’intervention. Méthodologie N = 2055 malades randomisés (dont 2013 traités) selon 2 bras : - Bras Dabigatran etexilate 220 mg une fois par jour, avec une demi-dose à J0 1 à 4 heures après l’intervention (N = 1010). - Bras Enoxaparine 40 mg une fois par jour en débutant le soir précédant l’intervention (N = 1003). Traitement poursuivi pendant 28 à 35 jours pour les deux bras ; (durée médiane : 32 jours). Durée de l’étude Les malades ont été suivis pendant 3 mois. Critères d’exclusion Antécédents d’hémorragies, de chirurgie majeure ou de traumatisme récents (< 3 mois), de maladie cardiovasculaire récente non contrôlée (HTA non contrôlée, IDM récent < 3mois, etc.) ou d’ETEV, IR sévère, maladie nécessitant un traitement antithrombotique, maladie maligne active, maladie hépatique sévère (ALAT > 2 fois la LSN) au cours du mois précédent, femme en âge de procréer. Évaluation Efficacité : - Critère principal : critère composite associant ETEV totaux (TVP proximales et distales symptomatiques ou asymptomatiques détectées par phlébographie et/ou EP symptomatiques) et décès toutes causes survenues au cours du traitement (période de traitement définie comme l’intervalle de temps entre la 1ère dose et le 3ème jour après la dernière dose orale ou SC). Sur les 2055 malades randomisés, 2013 ont été traités, et parmi eux 1577 (78%) ont été inclus dans l’analyse d’efficacité (malades exclus = malades non traités, non opérés, phlébographies non réalisées ou inexploitables.) Efficacité : - Choix de la borne de non infériorité : fixée à 7,7%, à partir d’une analyse groupée des taux publiés d’ETEV pour l’Enoxaparine versus placebo pendant 8 à 14 jours: la borne de non infériorité préserve les 2/3 de la valeur de l’IC95% de la différence d’incidence des TVP reportées entre Enoxaparine et placebo. - Critères secondaires: ∗ Critère composite comprenant les ETEV majeurs (TVP proximales symptomatiques ou asymptomatiques et/ou EP) et les décès liés aux ETEV survenus au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des TVP totales. ∗ Incidence des TVP symptomatiques. ∗ Incidence des EP symptomatiques. ∗ Incidence des décès toutes causes. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques au cours du traitement (selon recommandations établies pour événements majeurs, non majeurs et mineurs)Ψ ; fonction hépatique ; syndrome coronarien aigu (SCA). …/… Ψ. Événements hémorragiques majeurs : hémorragie cliniquement extériorisée associée à une perte ≥ 20g/L d’hémoglobine ; hémorragie cliniquement extériorisée nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total ; hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale d’issue fatale ; hémorragie justifiant l’arrêt du traitement ou nécessitant une réintervention. Les événements hémorragiques majeurs incluent les hémorragies de site opératoire. -47- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXIII (suite et fin). Étude RE-NOVATE II : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de Dabigatran etexilate versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [96]. Résultats (suite et fin) - Critère principal : (analyse en ITT) Dabigatran etexilate 220 mg Enoxaparine 40 mg 7,7 8,8 % ETEV totaux + décès toutes causes Différence absolue versus Enoxaparine (IC à 95%) - 1,1 (-3,8 à 1,6) Valeur de p pour la non infériorité versus Enoxaparine < 0,0001 - Critère secondaire : Dabigatran etexilate 220 mg Enoxaparine 40 mg 2,2 4,2 % ETEV majeurs + décès liés à un ETEV (IC à 95%) Différence absolue (IC à 95%) versus Enoxaparine -1,9 (- 3,6 à -0,2) Valeur de p pour la non infériorité versus Enoxaparine 0,03 Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Dabigatran etexilate 220 mg Enoxaparine 40 mg p 1,4 0,9 0,4 Hémorragies majeures (%) L’incidence des effets indésirables pendant le traitement, incluant l’augmentation des enzymes hépatiques et les événements cardiaques, n’a pas été significativement différente entre les deux groupes. Conclusion des auteurs Les auteurs confirment qu’une prophylaxie par Dabigatran etexilate à la posologie de 220 mg par jour est aussi efficace que l’Enoxaparine, avec un profil de tolérance similaire. Conclusion du CNHIM La non infériorité du Dabigatran a été démontrée, mais pas la supériorité (p trop élevé) lors d’une recherche post-hoc. Mêmes remarques que pour l’étude RE-NOVATE sur le critère principal utilisé, ainsi que sur le risque de modification du schéma thérapeutique en cas de vomissements liés à l’anesthésie générale. Cette étude apporte peu d’informations supplémentaires par rapport à l’étude RE-NOVATE. Des données sont manquantes pour pouvoir faire une analyse plus approfondie, notamment les résultats concernant les critères secondaires d’efficacité, ainsi que les données de tolérance. ALAT : Alanine Amino Transférase ; EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thromboembolique veineux ; HTA : hypertension artérielle ; IDM : infarctus du myocarde ; LSN : limite supérieure de la normale ; PTH : prothèse totale de la hanche ; SC : souscutanée ; SCA : syndrome coronarien aigu ; TVP : thrombose veineuse profonde. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -48- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban ● A propos des études cliniques RE-MODEL et RE-NOVATE La commission de transparence de la HAS a jugé le service médical rendu par la spécialité PRADAXA® important [82], et le situe en traitement de première intention en prévention primaire des ETEV chez les malades adultes ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour PTH ou PTG. L’HAS estime en revanche que PRADAXA® n’apporte pas d’amélioration du service rendu (ASMR niveau V) par rapport à Enoxaparine dans cette indication, mais note que la mise à disposition d’une forme orale est utile. La HAS a rendu un avis favorable à l’inscription sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux et sur la liste des médicaments agréés à l’usage des collecti- vités dans les indications et posologies de l’AMM, et recommande la mise en place d’un plan de gestion des risques, en lien avec l’Afssaps. Ce plan préconise la surveillance particulière du risque hémorragique, notamment dans les populations à risque (IR modérée, malades âgés et dont le poids est inférieur à 50kg), ainsi que du risque d’atteinte hépatique (suite au problème de toxicité hépatique du Ximélagatran, autre inhibiteur direct de la thrombine, qui s’est révélé tardivement dans les études cliniques). En plus d’un suivi européen de pharmacovigilance, des mesures spécifiques d’évaluation des risques ont été mises en place, par le biais d’études de suivi observationnelles en particulier dans les populations à risque [97]. Il est intéressant de noter que le Dabigatran etexilate n’a pas été approuvé par la FDA en chirurgie orthopédique. En effet, ils ont pris en compte l’étude RE-MOBILIZE dans laquelle il a été montré une infériorité du Dabigatran par rapport à l’Enoxaparine 30 mg deux fois par jour, schéma thérapeutique recommandé aux États-Unis [84]. Au Canada, le Dabigatran a eu l’AMM dans cette indication, mais n’est pas inscrite sur la liste des médicaments remboursables ; l’équivalent de la commission de transparence l’a refusé pour valeur thérapeutique non satisfaisante [84, 98]. 4.1.4.3. Études réalisées en vue d’un élargissement du champ d’indications ● En prévention d’AVC chez les malades souffrant de Fibrillation atriale non valvulaire Cf. Tableau XXXIV Tableau XXXIV. Étude RE-LY : étude clinique randomisée de phase III évaluant la non infériorité de Dabigatran etexilate par rapport à la Warfarine dans la prévention des AVC chez les malades en fibrillation atriale [99]. Dabigatran versus warfarin in patients with atrial fibrillation: the RE-LY (Randomized Evaluation of Longterm Antithrombotique Therapy) trial. 2009 [99] Objectifs Inclusion Résultats Comparer l’efficacité et la tolérance du Dabigatran et de la Warfarine dans la réduction du risque d’AVC chez les malades en Fibrillation atriale. Malades éligibles si FA dûment établie par un ECG effectué lors de la sélection ou au cours des 6 mois précédents, et au moins 1 des caractéristiques suivantes : un AVC ou AIT antérieur, une fraction d’éjection ventriculaire gauche inférieure à 40%, des symptômes d’IC de classe II ou plus de la NYHA, dans les 6 mois précédents la sélection, et un âge d’au moins 75 ans, ou un âge de 65 à 74 ans plus un diabète, une HTA ou une coronaropathie. - N= 18113 malades recrutés dans 951 centres répartis dans 44 pays; âge moyen : 71 ans, 63,6% d’hommes ; 50% des malades sous anti-vitamine K depuis longtemps, et prise concomitante d’aspirine dans 20% des cas. Caractéristiques initiales des malades bien équilibrées dans les trois groupes de traitement. Exclusion - Les pourcentages d’arrêt pour le Dabigatran 110 mg, le Dabigatran 150 mg et la Warfarine ont été, respectivement, de 20,7%, 21,2%, et 16,6% à deux ans. Type d’étude Étude de non infériorité de phase III à grande échelle, internationale et multicentrique, en aveugle pour les deux doses de Dabigatran testées, en ouvert pour le comparateur, la Warfarine. Méthodologie N = 18113 malades avec FA randomisés : - Groupe Dabigatran 110 mg x 2 prises par jour (n = 6015) - Groupe Dabigatran 150 mg x 2 prises par jour (n = 6076) - Groupe comparateur en ouvert (n = 6022): Warfarine, dose ajustée à un INR de 2 à 3. Durée de l’étude - Suivi moyen de 2 ans Présence d’une lésion valvulaire cardiaque grave, un AVC dans les 14 jours précédents la sélection ou un AVC grave dans les 6 mois précédents, un état augmentant le risque hémorragique, une CLcr < 30 mL/min, une hépatopathie active ou une grossesse… Évaluation - Critère principal d’efficacité : incidence d’AVC∗ ou d’embolie systémique∗∗. - Critère principal de sécurité : incidence d’hémorragies majeures∗∗∗. - Critères secondaires : incidence d’AVC, d’embolie systémique, de décès. - Autres critères : infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, AIT, hospitalisation. -49- - Analyse des résultats en ITT - Seuil de non-infériorité : limite supérieure de l’IC95 du risque relatif inférieur à 1,46 (choisi d’après une méta-analyse d’essais sur les AVK comparés à un traitement de contrôle chez des malades souffrant de FA, où la marge se définissait d’après la borne supérieure de l’IC95 du RR du critère principal du groupe contrôle ; la marge de 1,46 représente la moitié de l’IC95 de l’effet estimé du traitement de contrôle par rapport à la Warfarine). …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXIV (suite). Étude RE-LY : étude clinique randomisée de phase III évaluant la non infériorité de Dabigatran etexilate par rapport à la Warfarine dans la prévention des AVC chez les malades en fibrillation atriale [99]. Résultats (suite et fin) Comparaison Dabigatran versus Warfarine : Risque relatif Dabigatran 110 mg vs Warfarine (IC 95%) p Risque relatif Dabigatran 150 mg vs Warfarine (IC 95%) p AVC ou embolie systémique 0,91 (0,74-1,11) 0,34 0,66 (0,53-0,82) < 0,001 AVC 0,92 (0,74-1,13) 0,41 0,64 (0,51-0,81) < 0,001 Saignements totaux 0,78 (0,74-0,83) < 0,001 0,91 (0,86-0,97) 0,002 Saignements majeurs 0,80 (0,69-0,93) 0,003 0,93 (0,1-1,07) 0,31 Saignements menaçant le pronostic vital 0,68 (0,55-0,83) < 0,0 01 0,81 (0,66-0,99) 0,04 Saignements gastrointestinaux majeurs 1,10 (0,86-1,41) 0,43 1,50 (1,19-1,89) < 0,001 IDM 1,35 (0,98-1,87) 0,07 1,38 (1,00- 1,91) 0,048 Décès 0,91 (0,80-1,03) 0,13 0,88 (0,77-1,00) 0,05 Bénéfice clinique net 0,92 (0,84-1,02) 0,1 0,91 (0,82-1,00) 0,04 Remarque 1: le taux d’AVC hémorragique a été significativement plus élevé (p < 0,001) dans le groupe Warfarine que dans le groupe Dabigatran 150 mg. Remarque 2 : les taux de saignements mettant en jeu le pronostic vital, des saignements intracrâniens et des saignements majeurs ou mineurs étaient plus élevés sous Warfarine que sous Dabigatran ; en revanche, un taux de saignement gastro-intestinal majeur significativement plus élevé a été observé sous Dabigatran 150 mg par rapport à la Warfarine. Remarque 3 : Le taux d’IDM est significativement plus élevé dans les deux groupes Dabigatran par rapport à la Warfarine. (rôle protecteur des AVK ?) Remarque 4 : Le critère reflétant le bénéfice clinique net reposait sur les événements vasculaires majeurs, les saignements majeurs et les décès. Événements indésirables et fonction hépatique - Le seul événement indésirable statistiquement plus fréquent sous Dabigatran que sous Warfarine était la dyspepsie (5,8% pour la Warfarine contre 11,8% pour Dabigatran 110 mg et 11,3% pour Dabigatran 150 mg) - L’élévation des taux d’ASAT et ALAT >3xLSN ne s’est pas produite plus fréquemment sous Dabigatran que sous Warfarine. Comparaison des deux doses de Dabigatran Risque relatif Dabigatran 150 vs 110 mg (IC 95%) p AVC et embolies systémiques 0,73 (0,58-0,91) 0,005 AVC hémorragiques 0,85 (0,39-1,83) 0,67 Hémorragies majeures 1,16 (1,00-1,34) 0,05 Bénéfice clinique net 0,98 (0,89- 1,08) 0,67 - Une dose de 150 mg réduit le risque d’AVC et d’embolie systémique (p = 0,005), s’expliquant essentiellement par une diminution du taux d’AVC d’origine ischémique ou non précisée, le taux d’AVC hémorragique étant similaire. - Il n’y avait pas de différence significative concernant le taux de décès, de cause vasculaire ou autre. - La dose de 150 mg a été associée à une augmentation du risque de saignement majeur et gastro-intestinal. - Le bénéfice clinique net était similaire dans les deux groupes. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -50- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXIV (suite et fin). Étude RE-LY : étude clinique randomisée de phase III évaluant la non infériorité de Dabigatran etexilate par rapport à la Warfarine dans la prévention des AVC chez les malades en fibrillation atriale [99]. Conclusion des auteurs Chez des malades en Fibrillation atriale, l’administration de Dabigatran à la dose de 110 mg est associée à une incidence d’AVC et d’embolie systémique similaire à celle liée à la Warfarine, avec une incidence moindre d’hémorragie sévère. A la dose de 150 mg, versus Warfarine, l’incidence d’AVC et d’embolie systémique est moindre mais avec un risque d’hémorragie sévère identique. Conclusion du CNHIM Au niveau méthodologique, on peut noter qu’il s’agit d’une étude de non infériorité complexe : il ne s’agit pas d’une véritable étude en aveugle, car le traitement comparateur est en ouvert, pouvant ainsi générer un biais dans le signalement et l’adjudication des événements. De plus, l’analyse est effectuée en ITT, alors qu’une analyse per protocole est plutôt privilégiée dans des études de non infériorité, d’autant plus qu’ici les taux d’arrêts de traitement avoisinent 20%, donc 20% de données soit manquantes soit ne correspondant pas à l’évaluation d’un traitement bien observé. Notons aussi que le taux d’arrêt de traitement est plus élevé dans les deux groupes Dabigatran que dans le groupe Warfarine. Cette différence est principalement due aux symptômes gastro-intestinaux. Il s’agit néanmoins d’une étude de grande envergure montrant un intérêt très probable du Dabigatran dans la prévention d’AVC et d’embolie systémique chez les malades souffrant de FA; la construction de l'étude ne permet pas encore de savoir quelles sont les caractéristiques des malades qui orientent vers 110 ou 150 mg ; mais à priori, la dose de 150 mg apporterait une protection antithrombotique plus efficace, et celle de 110 mg serait plus sûre et donc à réserver aux malades à plus haut risque hémorragique. Deux autres remarques peuvent être faites : le bénéfice du Dabigatran a été maintenu chez les malades naïfs d’AVK par rapport à ceux traités depuis longtemps par AVK, et pour qui le traitement est bien maîtrisé et équilibré. De plus, le bénéfice du Dabigatran persiste aussi quelque soit le score de CHADS, même très élevé. ∗ L’AVC était défini par un déficit neurologique focalisé, de début brusque, situé dans le territoire d’une artère cérébrale principale et classé comme ischémique, hémorragique on non défini. ∗∗ L’embolie systémique était définie par une occlusion vasculaire aigue d’une extrémité ou d’un organe, établie par imagerie, chirurgie ou autopsie. ∗∗∗ Un saignement majeur était défini par une diminution du taux d’hémoglobine d’au moins 20g par litre, une transfusion d’au moins 2 unités de sang, ou un saignement symptomatique d’une région ou d’un organe vital. AIT : accident ischémique transitoire ; ALAT : Alanine Amino Transférase ; ASAT : Aspartate Amino transférase ; AVC : accident vasculaire cérébral ; AVK : anti-vitamine K ; FA : Fibrillation atriale ; HTA : hypertension artérielle ; IDM : infarctus du myocarde ; LSN : limite supérieure de la normale. ● Commentaires sur l’étude RE-LY Le 19 Octobre 2010, la FDA a approuvé le Dabigatran dans la prévention des AVC chez les malades souffrant de Fibrillation atriale [100]. Cette décision était très attendue, mais la question de la dose restait en suspens, la dose supérieure étant plus efficace que la Warfarine mais plus risquée sur le plan hémorragique que la dose plus faible, d’efficacité identique à la Warfarine mais mieux tolérée. Finalement, seule la forte dose a été retenue (150 mg x 2) chez les malades tout venant. En cas d’IR sévère, la FDA a choisi de descendre la posologie à 2x75 mg par jour alors que cette dose n’avait pas été évaluée dans l’étude RE-LY. Le motif de cette décision prise par la FDA était l'impossibilité de définir le moindre sous-groupe de malades chez qui une posologie plus faible n'apporte pas un désavantage par rapport à 150 mg x 2/jour. Les membres de la FDA se sont particulièrement intéressés à trois sousgroupes de malades inclus dans RE- LY : les plus âgés, les malades souffrant d’IR et ceux ayant des antécédents hémorragiques. Or pour chacun de ces sous-groupes, le rapport bénéfice/risque est resté favorable à la posologie la plus élevée. Par ailleurs, si les malades présentant une insuffisance rénale sévère étaient exclus de l’étude RE-LY, ceux présentant une IR modérée ont eu, à posologie égale, un taux de Dabigatran plasmatique multiplié par deux ou par trois par rapport aux autres sujets. Or, dans cette population, le risque d'AVC ou d'embolie a été divisé par deux avec 150 mg x 2/jour par rapport à 110 mg x 2/jour, pour un taux de saignement analogue (5, 3% vs 5,7% par an). Au final, pour la FDA, il n'y a donc aucune indication pour le dosage de 110 mg x 2/jour par jour. Ils soulignent aussi le fait que, si cette posologie avait été retenue, beaucoup de praticiens l'auraient prescrite à tort, pensant jouer la sécurité chez des sujets exposés aux saignements. -51- En résumé, c'est pour éviter de voir disparaître la dose efficace de 150 mg x 2/jour, et permettre qu'elle soit prescrite aussi souvent que possible, que les experts américains n'ont pas approuvé la dose de 110 mg x 2/jour. Quant à la décision de la FDA de recommander la posologie de 75 mg x 2/jour en cas d’IR sévère, alors qu’aucun essai clinique ne permet de valider cette posologie, elle ne repose pas sur des données cliniques mais seulement sur des modèles pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Selon les experts américains, l’IR sévère peut multiplier les taux circulants de Dabigatran par six. Mais ce choix est loin d’avoir fait l'unanimité, car méthodologiquement, il déroge aux exigences de validation clinique habituelles de la FDA [101]. D’ailleurs, ce n’est pas le choix qui a été fait par l’EMA, ni par le système de santé canadien, qui ont tous deux approuvé les deux posologies, chacune ayant démontré une efficacité Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban et une tolérance au moins équivalentes au traitement standard par AVK. Le sur-risque statistiquement significatif et inattendu d’IDM dans le groupe Dabigatran 150 mg par rapport à la Warfarine a retardé l’accord de mise sur le marché. Les auteurs, sous la pression de la FDA, ont donc ré analysé les données, et ont identifié 81 événements supplémentaires chez 80 malades (sur 18113). Il est intéressant de noter que la répartition de ces nouveaux cas au sein des 3 groupes de l’essai fait disparaître la significativité du risque coronarien du Dabigatran 150 mg: risque relatif à 1,27 (0,94–1,71) p = 0,12 [102]. De même, la question de l’absence d’antidote se pose toujours, notamment pour les malades à risque (IR, IH, malades peu observants…) Une étude d’extension de RE-LY est en cours, l’étude RE-LY-ABLE, dont le but est de démontrer le profil de sécurité à long terme des deux doses de Dabigatran testées dans RE-LY. Cette étude prévoit d’inclure 6200 malades issus de l’étude RE-LY. ● En traitement aigu des ETEV: Cf. Tableau XXXV. Tableau XXXV. Étude RE-COVER : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III comparant Dabigatran etexilate à la Warfarine dans le traitement des TVP aiguës [103 ]. Dabigatran versus Warfarin in the treatment of Acute Venous Thromboembolism. 2009 [103] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Comparer l’efficacité et la tolérance du Dabigatran et de la Warfarine dans le traitement des TVP aiguës. Malades ≥ 18 ans présentant une TVP aiguë symptomatique et documentée au niveau du membre inférieur ou une EP, et pour qui un traitement par anticoagulant pendant 6 mois semble être un traitement approprié. Malades : sur les 2564 malades randomisés, 2539 ont été traités et ont été inclus dans l’analyse d’efficacité en ITT modifiée ; (malades exclus = malades ne remplissant pas les critères d’inclusion, présentant un critère d’exclusion, n’ayant jamais reçu le traitement de l’étude, ou retrait du consentement.) Type d’étude Étude de non-infériorité de phase III, multicentrique, randomisée, contrôlée versus traitement actif, en double-aveugle et double placebo, et en 2 groupes parallèles. Méthodologie N=2564 malades randomisés (dont 2539 malades traités) selon 2 bras : - Bras Dabigatran etexilate 150 mg x 2 par jour (+ placebo de Warfarine), à l’arrêt du traitement parentéral (HNF, HBPM ou Fondaparinux) (N = 1274). - Bras Warfarine (INR 2-3), (+ placebo de Dabigatran), à l’arrêt du traitement parentéral (HNF, HBPM ou Fondaparinux) (N = 1265). - Ratio de 1 :1 ; stratification des malades en sous-groupes, en fonction de la présentation clinique (EP/TVP aiguë sans EP symptomatique) et de la présence ou non de cancer. - Warfarine (ou placebo) : débuté le jour de la randomisation (généralement juste après le début du traitement héparinique), et ajusté en fonction de l’INR (réel ou fictif). - Dabigatran (ou placebo) : débité à l’arrêt du traitement parentéral (entre 2h avant et au moment où la prochaine injection d’héparine devrait être faite), après au moins 5 jours de traitement héparinique, et après obtention d’un INR (réel ou fictif) > 2 pendant 2 jours consécutifs. Durée de l’étude Traitement poursuivi pendant 6 mois pour les deux bras, après traitement héparinique d’une durée médiane de 9 jours. Visites de suivi à J7, tous les mois et 1 mois après la fin du traitement. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Critères d’exclusion Durée des symptômes > 14 jours, EP avec instabilité hémodynamique ou nécessitant un traitement thrombolytiques, autre indication d’un traitement par AVK, maladie cardiovasculaire récente et instable, haut risque de saignements, maladie hépatique avec élévation des ASATALAT > 2 x LSN, CLcr < 30 mL/min, une espérance de vie estimée > 6 mois, une CI à l’héparine ou au produit de contraste, une grossesse ou un risque de grossesse, un traitement antiagrégant plaquettaire de longue durée (traitement quotidien < 100 mg d’acide acétylique toléré). Pas de restriction concernant le poids. Évaluation Efficacité : - Critère principal : incidence des récidives de thromboses symptomatiques documentées, létales ou non. - Critères secondaires : ∗ TVP symptomatiques, ∗ EP non fatales, ∗ Décès liés à une thrombose. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques au cours du traitement (selon recommandations établies pour événements majeurs, non majeurs et mineurs)Ψ ; fonction hépatique ; syndrome coronarien aigu (SCA), et autres effets indésirables. -52- Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes concernant les caractéristiques des malades inclus ; âge moyen dans les deux groupes : 55-56 ans ; Présentation clinique : - TVP uniquement : ≅ 69% dans les deux groupes ; - EP uniquement : ≅ 21% dans les deux groupes ; - TVP+EP : ≅ 10% dans les deux groupes ; - Présence d’un cancer chez ≅ 5% des malades dans les deux groupes. Efficacité : - Choix de la borne de non infériorité : fixée à 2,75 concernant le critère principal (risque relatif), à partir d’une analyse groupée des taux publiés pour 4 études comparant la Warfarine à un placebo (correspond au ¾ de la borne inférieure de l’IC95 de la différence d’incidence de TVP entre la Warfarine et le placebo). - Le traitement à l’étude a été arrêté avant les 6 mois de traitement pour 16% des malades du groupe Dabigatran (10% pour EI, 1,6% pour non-observance, 3% pour retrait du consentement, 0,7% perdus de vue) et 14,5% des malades du groupe Warfarine (8% pour EI, 2,8% pour nonobservance, 2,8% pour retrait de consentement et 0,5% perdus de vue). …/… Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXV (suite). Étude RE-COVER : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III comparant Dabigatran etexilate à la Warfarine dans le traitement des TVP aiguës [103]. Résultats (suite et fin) - Concernant les malades sous Warfarine, le pourcentage de temps passé dans la zone thérapeutique (2-3) est de 60% (correspond à la population générale en France selon rapport de l’HAS). Parmi ces arrêts de traitements, le suivi des malades a été inférieur à 6 mois pour 7,9% des malades sous Dabigatran et 7,7% des malades sous Warfarine. - Critère principal : (analyse en ITT modifiée) : Dabigatran etexilate (150 mg x 2) N=1274 Warfarine (INR 2-3) N=1265 RR (IC95%) Incidence critère principal pendant période de l’étude ; Nombre de malades (%) 30 (2,4%) 27 (2,1%) 1,10 (0,65-1,84) Incidence critère principal pendant période de l’étude + 30 jours de suivi Nombre de malades (%) 34 (2,7%) 32 (2,5%) 1,05 (0,65-1,70) Suite à la démonstration de non infériorité, un calcul de supériorité a été effectué : les résultats obtenus ne sont pas en faveur d’une supériorité de Dabigatran. - Critère secondaire : Dabigatran etexilate (150 mg x 2) N=1274 Warfarine (INR 2-3) N=1265 RR (IC95%) 1,3% 1,4% 0,87 (0,44-1,71) 1% 0,6% 1,85 (0,74-4,64) 0,1% 0,2% 0,33 (0,03-3,15) TVP symptomatique% EP non fatales (%) Décès liés à une thrombose (%) Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Dabigatran etexilate 150 mg x 2 Warfarine (INR 2-3) RR (IC95%) Hémorragies majeures (%) 1,6% 1,9% 0,82 (0,45-1,48) Saignements cliniquement significatifs (%) 5,6% 8,8% 0,63 (0,47-0,84) Concernant les saignements mineurs, l’incidence des saignements intra-articulaires et intramusculaires a été significativement plus élevée pour la Warfarine, mais l’incidence des saignements gastro-intestinaux a été significativement plus élevée pour le Dabigatran. ∗ Autres événements : - Arrêts de traitement : 9% dans le groupe Dabigatran contre 6,8% dans le groupe Warfarine ; - Pas de différence significative entre les deux groupes concernant l’incidence de SCA, l’élévation des enzymes hépatiques, et le nombre d’effets indésirables, excepté les dyspepsies (2,9% dans le groupe Dabigatran versus 0,6% dans le groupe Warfarine, p < 0,001). -53- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXV (suite et fin). Étude RE-COVER : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III comparant Dabigatran etexilate à la Warfarine dans le traitement des TVP aiguës [103]. Conclusion des auteurs Le Dabigatran administré à la dose fixe de 150 mg x 2/jour s'avère aussi efficace que la Warfarine (INR 2-3) dans le traitement des TVP, et aussi sûr voire plus (moins d’événements hémorragiques non majeurs). De plus, il ne nécessite pas de suivi de l'INR, et peut être administré à posologie fixe. Les résultats obtenus devraient changer les standards de traitement des TVP. Conclusion du CNHIM Les résultats de cet essai sont prometteurs et ouvrent de nouvelles perspectives pour Dabigatran dans la prise en charge des TVP aiguës. Néanmoins, cette étude soulève quelques interrogations : tout d’abord, l’analyse d’efficacité a été faite en ITT modifiée. Or, pour les études de non infériorité, il est préférable d’effectuer une analyse per protocole, plus sensible et moins biaisée que l’analyse en ITT, qui gomme les différences entre les 2 groupes. D’autant plus que dans cette étude, une proportion élevée de malades dans les deux groupes ont arrêté leur traitement prématurément et n’ont pas été suivis jusqu’à la fin des six mois… Comme dans RE-LY, le taux d’arrêt de traitement est plus élevé dans le groupe Dabigatran, essentiellement en raison d’une intolérance digestive, ce qui pose un réel problème pour l’observance du traitement. Dans l’étude, la durée de l’anticoagulation parentérale est plus longue que la durée standard, qui est de 5 jours en débutant tout de suite le traitement par AVK. Cette différence pourrait modifier l’incidence du critère primaire d’efficacité ; néanmoins, cela n’a pas d’impact sur les éventuelles différences d’efficacité entre les deux bras. Enfin, l’argument principal des auteurs en faveur du Dabigatran est l’absence de suivi biologique ; or, le risque de saignements majeurs étant aussi important dans le groupe Dabigatran que dans le groupe Warfarine, il peut être intéressant de disposer de tests de suivi biologique adaptés pour les sujets particulièrement à risque, d’autant plus que nous ne disposons pas actuellement d’antidote comme pour la Warfarine ! L’identification des malades à risque de saignement devrait avoir lieu pour éventuellement adapter le traitement. Ψ. Événements hémorragiques majeurs : hémorragie cliniquement extériorisée associée à une perte ≥ 20g/L d’hémoglobine ; hémorragie cliniquement extériorisée nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total ; hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale d’issue fatale ; hémorragie justifiant l’arrêt du traitement ou nécessitant une réintervention. Les événements hémorragiques majeurs incluent les hémorragies de site opératoire. ALAT : Alanine Amino transférase ; ASAT : Aspartate Amino Transférase ; AVK : anti-vitamine K ; CI : contre-indication ; EI : effet indésirable ; EP : embolie pulmonaire ; HAS : Haute Autorité de Santé ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; HNF : héparine non fractionnée ; INR : International Normalized Ratio ; LSN : limite supérieure de la normale ; SCA : syndrome coronarien aigu ; TVP : thrombose veineuse profonde. Remarques : - Une des limites de cette étude est l’administration du Dabigatran après héparinothérapie d’une durée moyenne de 9 jours. Contrairement au Rivaroxaban, Dabigatran n’a donc pas pu démontrer son efficacité en monothérapie ; ce choix est la conséquence de l’échec de l’étude du Ximélagatran dans cette indication, qui a été associé à un taux plus élevé de récidive pré- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 coce d’ETEV par rapport au traitement standard Enoxaparine / Warfarine. - Une étude d’extension est en cours, RE-COVER 2, et devrait permettre d’obtenir plus de données pour confirmer la légitimité de l’indication du Dabigatran dans la TVP. - A la suite de RE-COVER, à la fin des six mois de traitement, 506 -54- malades du bras Dabigatran et 541 malades du bras Warfarine ont été randomisés dans l’étude RE-MEDY, évaluant Dabigatran etexilate en prophylaxie secondaire. ● En prévention secondaire d’événements cardio-vasculaires chez des malades souffrant de SCA Cf. Tableau XXXVI. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXVI. Étude RE-DEEM : étude clinique randomisée en double-aveugle de phase II évaluant la sécurité de quatre doses de Dabigatran etexilate en prévention secondaire des événements cardio-vasculaire chez des malades souffrant de SCA, en plus du traitement standard (Aspirine + Clopidogrel) [104]. Randomised Dabigatran Etexilate Dose Finding Study in Patients With Acute Coronary Syndrom Post Index Event, 2009 [104] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Évaluer le profil de sécurité de 4 doses de Dabigatran etexilate en prévention des événements cardio-vasculaires chez des malades souffrant de SCA. L’hypothèse de départ était que le Dabigatran, en plus du traitement standard n’augmenterait pas les saignements cliniquement significatifs. Malades ≥ 18 ans et ayant eu un SCA et avec au moins un facteur de risque additionnel de complications cardiovasculaires. Malades : sur les 1878 malades randomisés : l’âge moyen était de 62 ans, dont 24% de femmes, 31% de malades souffrant de diabète, 29% ayant des antécédents d’IDM. La proportion d’IDM STEMI et NSTEMI était respectivement de 60% et 40%. 54% des malades ont bénéficié d’une angioplastie coronaire lors de leur IDM. Type d’étude Étude de sécurité de phase II, multicentrique, randomisée, en double-aveugle et en groupes parallèles. Méthodologie Suite à un IDM avec surélévation du segment ST (STEMI) ou non (NSTEMI) datant de moins de 15 jours, les malades (N=1878) ont été randomisés selon 5 bras : - Bras Dabigatran etexilate 50 mg x2/jour (N=372). - Bras Dabigatran etexilate 75 mg x2/jour (N=371). - Bras Dabigatran etexilate 110 mg x2/jour (N=411). - Bras Dabigatran etexilate 150 mg x2/jour (N=351). - Bras Placebo x2/jour (N=373). - Pour chaque malade inclus, un traitement antiagrégant plaquettaire standard était déjà instauré (Aspirine + Clopidogrel). - La durée moyenne entre l’IDM et la randomisation a été de 7,4 jours. Critères d’exclusion Traitement de longue durée par un autre anticoagulant, AVC sévère ou instable depuis moins de 6 mois, haut risque de saignements, anémie ou thrombocytopénie, IR sévère, troubles hépatiques, grossesse. Évaluation - Critère principal : Incidence des saignements majeurs et mineurs cliniquement pertinentsΨ pendant 26 semaines de traitement. - Critères secondaires : ∗ Taux de décès ; ∗ Taux d’IDM ; ∗ Taux d’AVC ; ∗ Taux de TVP ; ∗ Indicateur d’efficacité : variation du taux de D-dimères. Durée de l’étude Traitement poursuivi pendant 6 mois. Période de suivi : 6 mois + 2 semaines. …/… Ψ. Définition des saignements majeurs et mineurs cliniquement significatifs selon l’ISTH (International Society Thrombosis and Haemostasis) -55- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXVI (suite et fin). Étude RE-DEEM : étude clinique randomisée en double-aveugle de phase II évaluant la sécurité de quatre doses de Dabigatran etexilate en prévention secondaire des événements cardio-vasculaire chez des malades souffrant de SCA, en plus du traitement standard (Aspirine + Clopidogrel) [104]. Résultats (suite et fin) - Critère principal : (analyse en ITT) Critère de sécurité principal: saigneFréquence de saignements majeurs ments majeurs et mineurs clinique(%) ment pertinents (%) Dabigatran 50 mg x2/jour 3,5 0,8 Dabigatran 75 mg x2/jour 4,3 0,3 Dabigatran 110 mg x2/jour 7,8 2 Dabigatran 150 mg x2/jour 7,7 1,2 Placebo 2,4 0,5 - Critères secondaires: Fréquence d'EI sé- Fréquence arrêts trai- Taux de décès, AVC, IDM vères (%) tement (%) (%) Dabigatran 50 mg x2/jour 9 20 4,6 Dabigatran 75 mg x2/jour 8 16 4,8 Dabigatran 110 mg x2/jour 9 19 3 Dabigatran 150 mg x2/jour 6 18 3,4 Placebo 9 14 3,8 Conclusion des auteurs Chez les malades souffrant de SCA, le Dabigatran en association au traitement antithrombotique standard (Aspirine + Clopidogrel) semble être bien toléré tout en réduisant le taux d’événements ischémiques. Le taux de saignements majeurs est faible et acceptable (≤ 2%), malgré un effet dose-dépendant (p < 0,001), avec une fréquence plus élevée dans les groupes Dabigatran 110 mg et 150 mg deux fois par jour. Conclusion du CNHIM Il s’agit d’une étude de phase II, d’autres études seront nécessaires pour mieux évaluer la sécurité et l’efficacité, ainsi que l’intérêt de Dabigatran dans la réduction des événements ischémiques après SCA. Il ne faut pas négliger le taux d’hémorragies mineures, souvent déterminant dans la poursuite du traitement par le malade. AVC : accident vasculaire cérébral ; IDM : infarctus du myocarde ; NSTEMI : infarctus sans surélévation du segment ST ; SCA : syndrome coronarien aigu ; STEMI : infarctus avec surélévation du segment ST ; TVP : thrombose veineuse profonde. ● En prévention secondaire des ETEV: Les résultats des deux études REMEDY et RE-SONATE ont été présentés très récemment à l’occasion du congrès de l’International Society on Thrombosis and Haemostasis (ISTH) à Kyoto en Juillet 2011 [105, 106]. L’étude RE-MEDY est une étude de phase III randomisée, menée en double aveugle, dans laquelle le Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Dabigatran a été comparé à la Warfarine (INR compris entre 2 et 3) en prévention secondaire des ETEV. Après 3 à 6 mois de traitement antithrombotique curatif (suite à une TVP ou une EP), les malades ont été randomisés selon deux bras de traitement : ils ont reçu soit Dabigatran 150 mg deux fois par jour, soit de la Warfarine (INR compris entre 2 et 3), pendant une durée de 6 à 36 mois supplémentaires. Il s’agit de la pre-56- mière étude ayant comparé un nouvel antithrombotique à la Warfarine pendant une durée de traitement aussi longue dans cette indication (le Rivaroxaban a été comparé à un placebo dans la même indication dans l’étude EINSTEIN Extension). Cette étude a relancé le débat sur la durée exacte d’un traitement antithombotique après un ETEV. D’après l’American College of Chest Physi- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban cians (ACCP), le traitement antithrombotique après un ETEV doit durer le plus longtemps possible. Cependant, on note que dans la pratique, la grande majorité des malades ne reçoit pas plus de 6 mois de traitement. Les principales raisons en sont la difficulté pour les malades de maintenir un traitement au long cours possédant un risque potentiel de saignements, et les contraintes d’un traitement par AVK. C’est pourquoi les nouveaux antithrombotiques oraux, plus faciles d’utilisation et moins contraignants pour les malades, pourraient avoir leur place dans cette indication. Le critère principal d’efficacité était un critère composite associant l’incidence des ETEV symptomatiques récurrents et des décès liés aux ETEV pendant le traitement. Les critères de sécurité étaient l’incidence des événements hémorragiques pendant le traitement, l’incidence des syndromes coronariens aigus et les autres effets indésirables. Le critère principal d’efficacité a été de 1,8% dans le groupe Dabigatran (n=1430 malades) et 1,3% dans le groupe Warfarine (n=1430 malades), avec un risque relatif de 1,44 (IC95 : [0,78-2,64], p=0,03). Il y a eu 13 saignements majeurs (0,9%) dans le groupe Dabigatran contre 25 (1,8%) dans le groupe Warfarine (RR=0,52, IC95 : [0,610,83]). Le taux de saignement a été de 19% dans le groupe Dabigatran contre 26% dans le groupe Warfarine (RR=0,71; IC95= [0,6- 0,83]). Les syndromes coronariens aigus ont été observés avec une incidence plus élevée dans le groupe Dabigatran : 0,9% contre 0,2% dans le groupe Warfarine. Il y a eu 17 décès dans le groupe Dabigatran contre 19 dans le groupe Warfarine. Les autres effets indésirables ont eu une incidence similaire. En conclusion, le Dabigatran a montré une efficacité similaire à la Warfarine dans la prévention secondaire des ETEV. Le Dabigatran permet de diminuer le risque de saignements, mais au prix d’une augmentation du risque de SCA. Il est intéressant de noter qu’un taux plus élevé de SCA avait été également été retrouvé lors des premiers résultats de l’étude RE-LY, avant leur réévaluation. Dans l’étude RESONATE (cette étude est similaire à l’étude EINSTEIN Extension du Rivaroxaban), le Dabigatran à la même posologie (150 mg deux fois par jour) a été comparé à un placebo pendant 6 mois, chez des malades ayant déjà reçu 18 mois de traitement curatif pour leur ETEV. La réalisation de cette étude a été remise en question, étant donné l’absence de consensus sur la durée de traitement antithrombotique en prévention secondaire. Néanmoins, les auteurs pensent qu’il y aurait un intérêt probable à traiter par Dabigatran les malades présentant un risque modéré de saignement, et ayant arrêté leur traitement au bout de quelques mois en raison des contraintes liées au traitement par AVK. Dans cette étude, randomisée et réalisée en double-aveugle, le taux d’ETEV récurrent a été de 0,4% dans le groupe Dabigatran (n=681) contre 5,6% dans le groupe placebo (RR=0,08, p<0,0001), ce qui permet une réduction de 92% du risque d’ETEV récurrent par rapport à l’absence de prophylaxie antithrombotique. Deux malades ont présenté des saignements majeurs dans le bras Dabigatran, contre aucun dans le groupe placebo (différence non significative). Concernant le taux de saignements cliniquement significatifs, ils ont été trois fois plus élevés dans le groupe Dabigatran (5,8% dans le groupe Dabigatran contre 1,8% dans le groupe placebo ; RR=2,9, p=0,001). Il n’y a en revanche pas eu de différence significative concernant l’incidence de SCA. Cette donnée nous laisse penser que le sur-risque retrouvé dans l’étude RE-MEDY par rapport à la Warfarine est probablement lié à un effet protecteur de la Warfarine vis-à-vis des SCA. Des études supplémentaires seront probablement exigées par les instances réglementaires avant d’approuver le Dabigatran dans cette indication. -57- 4.2. Rivaroxaban XARELTO® [107] En bref Le Rivaroxaban est un inhibiteur direct et sélectif du facteur Xa. Il agit à la convergence des voies intrinsèque et extrinsèque de la cascade de coagulation sanguine, en amont de la formation de la thrombine et inhibe donc indirectement la génération de thrombine et son autoamplification. Il n’inhibe pas directement l’action de la thrombine circulante, et aucun effet sur les plaquettes n'a été démontré. Il est indiqué en prévention primaire des ETEV chez les malades adultes bénéficiant d’une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou. 4.2.1. Renseignements généraux [107] Cf. Tableau XXXVII. 4.2.2. Renseignements pharmacologiques [107] 4.2.2.1. Propriétés pharmacodynamiques Le Rivaroxaban est un inhibiteur direct et hautement sélectif du facteur Xa libre et engagé dans le complexe prothrombinique. Il agit à la convergence des voies intrinsèque et extrinsèque de la cascade de coagulation sanguine, en amont de la formation de la thrombine et inhibe donc indirectement la génération de thrombine et son auto-amplification. En revanche, le Rivaroxaban n’inhibe pas directement l’action de la thrombine circulante, et aucun effet sur les plaquettes n'a été démontré. Le facteur Xa est donc une cible très séduisante : ses seules fonctions connues étant de promouvoir la coagulation, cibler directement le facteur Xa permet d'inhiber la génération de la thrombine tout en préservant l'activité de la faible quantité de thrombine circulante. Une inhibition dose-dépendante de l'activité du facteur Xa a été observée chez l'être humain. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XXXVII. Renseignements généraux du Rivaroxaban XARELTO®. DCI Rivaroxaban Nom déposé XARELTO® Laboratoire BAYER HEALTHCARE PHARMACEUTICALS ANTITHROMBOTIQUES : B01A Classification ATC Renseignements administratifs AUTRES AGENTS ANTITHROMBOTIQUES : B01AX RIVAROXABAN : B01AX06 - Liste I - AMM européenne : EU/1/08/472/005 - Date AMM : 30/09/2008 - Réf. Officielle : Rectificatif AMM européenne 02/04/2009 - Agrément collectivités : 06/05/2009 - Date de commercialisation en France : 05/2009 - Modalités de dispensation: dispensation en pharmacie d'officine et dispensation à usage intérieur. - SMR : niveau important SMR/ASMR, remboursement Présentation Composition Conditions de conservation - ASMR : niveau IV (mineure) - Avis favorable au remboursement en ville et à la prise en charge à l’hôpital. - Comprimés de Rivaroxaban 10 mg - Conditionnement primaire: plaquettes thermoformées en PP/Alu - Conditionnement secondaire: 5, 10, 30 ou 100 comprimés sous plaquettes thermoformées - Substance active: Rivaroxaban 10 mg - Excipients à effets notoires: → Dans le noyau : lactose monohydrate (27,9 mg par comprimé), et laurylsulfate de sodium. → Dans le pelliculage: macrogol 3350 - Durée de conservation: 36 mois à température ambiante ASMR : amélioration du service médical rendu ; SMR : service médical rendu. 4.2.2.2. Propriétés pharmacocinétiques Cf. Tableau XXXVIII. Le profil pharmacocinétique du Rivaroxaban est approximativement linéaire jusqu'à la dose de 15 mg par jour. Au-delà, la biodisponibilité du Rivaroxaban ainsi que son taux d'absorption diminuent avec l'augmentation de la dose. Ce phénomène est plus marqué à jeun qu'après une prise alimentaire. La LPP est élevée, a lieu essentiellement avec l'albumine sérique, et le Vd est modéré. La métabolisation du Rivaroxaban se déroule via notamment le CYP3A4, le CYP2J2 et des mécanismes indépendants des CYP. Le Rivaroxaban est un substrat des protéines de transport P-gp (glycoprotéine-P) et BCRP (breast cancer resistance protein). Le Rivaroxaban sous forme inchangée est le principal composant retrouvé dans le plasma humain, aucun métabolite majeur ou actif n'étant présent dans la circulation. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Sa clairance systémique étant d'environ 10 L/h, le Rivaroxaban peut être classé comme un produit à faible clairance. * Populations particulières - Aucun ajustement posologique n'est nécessaire pour les malades ≥ 65 ans. - Les poids extrêmes (< 50 kg ou > 120 kg) n'ont eu qu'une incidence mineure sur les concentrations plasmatiques du Rivaroxaban (moins de 25%). Aucun ajustement posologique n'est nécessaire. - Insuffisance hépatique Le Rivaroxaban est contre-indiqué chez les malades présentant une atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. Ce médicament peut être utilisé avec prudence chez les malades cirrhotiques présentant une insuffisance hépatique modérée (Child Pugh B) si celle-ci n'est pas associée à une coagulopathie. -58- - Insuffisance rénale Il existe un lien entre l’ASC du Rivaroxaban et la diminution de la clairance de la créatinine (CLcr). En cas d’IR légère (CLcr de 50-80 mL/min), modérée (CLcr de 30-49 mL/min) ou sévère (CLcr de 15-29 mL/min), les ASC du Rivaroxaban ont été multipliées respectivement par 1,4 ; 1,5 ; 1,6. Aucune donnée n'est disponible concernant les malades dont la clairance de la créatinine est < 15 mL/min : Rivaroxaban n'est pas recommandée chez ces malades, et doit être utilisé avec prudence chez les malades dont la clairance de la créatinine est de 15 à 29 mL/min. Étant donné la LPP élevée, le produit n'est probablement pas dialysable. 4.2.2.3. Données précliniques de sécurité Les données précliniques ne révèlent aucun risque particulier pour l'homme, sur la base des études conventionnelles de sécurité pharmacologique, de toxicité en adminis- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban tration unique, de phototoxicité et de génotoxicité. Les effets observés au cours des études de toxicité en administration répétée étaient principalement dus à l'exacerbation de l'activité pharmacodynamique du Rivaroxaban. Chez les rats, une augmentation des taux plasmatiques d'IgG et d'IgA a été observée à des niveaux d'exposition cliniquement pertinents. Les études chez l'animal ont montré une toxicité sur la reproduction liée au mode d'action pharmacologique du Rivaroxaban (complications hémorragiques, par ex.). Une toxicité embryo-fœtale (faussecouche post-implantatoire, retard / progression de l'ossification, tâches multiples colorées hépatiques) et une incidence accrue des malformations courantes ainsi que des modifications placentaires ont été observées à des taux plasmatiques cliniquement pertinents. Lors de l'étude prénatale et postnatale chez le rat, une réduction de la viabilité de la descendance a été observée à des doses toxiques pour la mère. - Insuffisance hépatique : Si IH + coagulopathie à risque de saignement cliniquement significatif : contre-indication Si IH modérée sans coagulopathie : utiliser avec prudence. 4.2.3. Renseignements thérapeutiques [107] 4.2.3.2. Posologie Aucun ajustement posologique n’est nécessaire en fonction du sexe, de l’âge et du poids. L'utilisation de Rivaroxaban n'est pas recommandée chez l'enfant et l'adolescent de moins de 18 ans étant donné l’absence de données concernant la sécurité d’emploi et l’efficacité du produit dans cette population. Tableau XXXIX. 4.2.3.3. Mode d’administration 4.2.3.1. Indications XARELTO® est indiqué dans la prévention primaire des ETEV chez les malades adultes bénéficiant d'une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou. Populations particulières adaptations posologiques : Les comprimés doivent être administrés par voie orale, au cours ou en dehors des repas. En cas d'oubli d'une dose, le malade doit prendre immédiatement le comprimé oublié et poursuivre son traitement quotidien normalement dès le lendemain. et - Insuffisance rénale : Si IR sévère: utiliser avec prudence si 15 mL/min < CLcr < 30 mL/min, utilisation non recommandée si CLcr < 15 mL/min. Tableau XXXVIII. Principaux paramètres pharmacocinétiques du Rivaroxaban. Paramètres cinétiques Biodisponibilité 80 à 100% Tmax 2à4h T1/2 7 à 13 h LPP 92 à 95% Métabolisme hépatique CYP 3A4, CYP 2J2, autres mécanismes indépendants des CYP Volume de distribution Environ 50 L - 2/3 par dégradation métabolique (1/3 rénale et 1/3 fécale) - 1/3 par sécrétion rénale active sous forme inchangée Élimination CYP : cytochrome ; LPP : liaison aux protéines plasmatiques ; T1/2 : demi-vie. Tableau XXXIX. Posologies du Rivaroxaban. Prévention ETEV, PTG Prévention ETEV, PTH Adulte > 18 ans, IR légère ou modérée, sujet âgé (≥ ≥ 65 ans) Adulte > 18 ans, IR légère ou modérée, sujet âgé (≥ ≥ 65 ans) Posologie initiale 1 comprimé 6 à 10 heures après l'intervention à condition qu’une hémostase ait pu être obtenue 1 comprimé 6 à 10 heures après l'intervention à condition qu’une hémostase ait pu être obtenue Posologie d'entretien 1 comprimé par jour pendant 2 semaines 1 comprimé par jour pendant 5 semaines ETEV : événement thromboembolique veineux ; IR : insuffisance rénale ; PTG : prothèse totale du genou ; PTH : prothèse totale de la hanche. -59- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.2.3.4. Contre-indications - Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. - Saignement évolutif cliniquement significatif. - Atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. - Grossesse et allaitement. 4.2.3.5. Interactions menteuses médica- * Interactions pharmacodynamiques : * Autres antithrombotiques et antiagrégants plaquettaires : L’administration concomitante est non recommandée (HNF et dérivés de l'héparine, HBPM, Fondaparinux, Désirudine, thrombolytiques, antagonistes des récepteurs GPIIb/IIIa, Clopidogrel, Ticlopidine, Dextran, Sulfinpyrazone et antivitamines K). Il n’y a pas eu d’interaction pharmacocinétique cliniquement significative avec l’aspirine au cours d’une étude, suggérant que les deux médicaments peuvent être utilisés de manière concomitante [108]. * AINS : Il n’y a pas eu d’allongement significatif du temps de saignement avec le Naproxène [109], mais la prudence est nécessaire car ces médicaments augmentent habituellement le risque de saignement. * Autres : La prise concomitante de Ranitidine et d’un antiacide (MAALOX®) n’a pas modifié l’absorption de Rivaroxaban lors d’une étude clinique [110]. * Interactions pharmacocinétiques : * Inhibiteurs du CYP 3A4 et de la Pgp: L’association est non recommandée avec les antifongiques azolés et les Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 inhibiteurs de protéase du VIH, puissants inhibiteurs du CYP 3A4 et de la P-gp. * Inducteurs du CYP 3A4 : La prudence est nécessaire en cas d'association avec les inducteurs puissants du CYP 3A4 tels que la rifampicine, la Phénytoïne, la Carbamazépine, le phénobarbital, le millepertuis etc. Ils peuvent entraîner une réduction des concentrations plasmatiques du Rivaroxaban. Le Rivaroxaban n'a pas d'effet inhibiteur ou inducteur sur les iso formes principaux du CYP, tels que le CYP3A4. Aucune interaction cliniquement pertinente avec les aliments n'a été observée. 4.2.3.6. Effets indésirables Cf. Tableau XL. La tolérance du Rivaroxaban a été évaluée lors de 3 études de phase III, (RECORD 1, 2 et 3). Au total 14% des malades traités ont eu des effets indésirables, et des saignements ont été retrouvés chez 3,3% environ des malades. Les autres effets indésirables fréquents ont été les nausées, une élévation des γ-GT et une élévation des transaminases [107]. L’incidence des hémorragies majeures retrouvées était comprise entre 0,1% et 0,6% selon les études. 4.2.3.7. Surdosage Il n’existe aucun antidote spécifique au Rivaroxaban à ce jour. - Selon les RCP du Rivaroxaban, en cas de complications hémorragiques, il convient d’appliquer les mesures suivantes : . Retarder l’administration suivante ou interrompre le traitement. -60- . Administrer un traitement symptomatique adapté (compression mécanique, intervention chirurgicale, remplissage vasculaire et correction hémodynamique, transfusion sanguine ou de produits sanguins stables). - Si le saignement n’est pas contrôlé par les mesures précédentes, l’administration de procoagulants pourra être envisagée : concentré de complexe prothrombinique activé (APCC), concentré de complexe prothrombinique (PCC), ou facteur VIIa recombinant. Cependant, les effets de l’utilisation de ces produits chez les malades traités par Rivaroxaban ne sont pas connus à ce jour. En effet, il est légitime de penser que l’utilisation de facteur VIIa chez des malades traités par Rivaroxaban, donc à risque thromboembolique élevé, est potentiellement dangereuse. L’étude de phase IV en cours, dont nous avons parlé dans le chapitre concernant le surdosage en Dabigatran, évalue un inhibiteur spécifique pour le Rivaroxaban : le FXa-GLAless. De la même manière que pour le Dabigatran, des tests in vitro réalisés sur du plasma de volontaires sains. Les critères d’évaluation sont les mêmes : le critère principal mesure la réversibilité de l’anticoagulation par le retour du temps de génération de thrombine à la normale (juste avant administration, et 1, 2, 3 et 4 heures après prise du médicament inhibiteur), et les critères secondaires sont mesurés par le temps de thrombine, le TCA, le temps de Quick et l’activité anti-Xa (juste avant administration, et 1, 2, 3 et 4 heures après prise du médicament) [83]. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XL. Principaux effets indésirables du Rivaroxaban (classification Medra) [107, 111]. EI fréquent ou très fréquent (≥ 1%) EI peu fréquent (≥ 0,1% et < 1%) Système sanguin et lymphatique Anémie Thrombocytémie Affections du système nerveux Vertiges, céphalées Système digestif Nausées Diarrhée Constipation Douleur abdominale et gastro-intestinale Dyspepsie, Vomissements, sécheresse buccale Affections cardiaques Affections hépatobiliaires Affections vasculaires Troubles généraux et anomalies au site d'administration EI rare ou très rare (< 0,1%) Fréquence inconnue syncopes Tachycardie Augmentation ASATALAT et de la γ-GT Hyperbilirubinémie Élévation de la lipase, de l'amylase, de la LDH, et de la PAL Hémorragie postopératoire (dont anémie postopératoire et hémorragie au niveau de la plaie) Hématomes, Hémorragie (gastrointestinale, génitale) Hématurie Hypotension Épistaxis Fièvre, œdème périphérique Œdème localisé, périphérique, asthénie, fièvre Suintement au niveau de la plaie Anomalies des tests de la fonction hépatique Ictère Élévation de la bilirubine conjuguée Saignement touchant un organe essentiel (ex: cerveau), hémorragie surrénale, hémoptysie, hémorragie conjonctivale, formation d’un pseudoanévrysme suite à une intervention percutanée Malaise général Affections rénales IR (dont élévation de la créatininémie et de l'urée) IR/IR aiguë secondaire à une hémorragie suffisante pour provoquer une hypoperfusion Affections musculosquelettiques et systémiques Douleur des extrémités Syndrome des loges secondaire à une hémorragie Affections peau et tissus mous Prurit, éruption cutanée, contusion Système immunitaire Urticaire Dermite allergique Hypersensibilité ALAT : Alanine Amino Transférase ; ASAT : Aspartate Amino Transférase ; EI : effet indésirable ; LDH : Lactate Déshydrogénase ; PAL : phosphatase alcaline. -61- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.2.3.8. Modification des paramètres biologiques De la même manière que pour Dabigatran, pour des sujets particulièrement à risque et dans certaines situations cliniques particulières, il peut être intéressant, voire nécessaire, de disposer de tests de suivi biologique spécifiques et adaptés. (cf. partie spécifique sur le suivi biologique des nouveaux antithrombotiques) POINTS CLÉS Rivaroxaban : > Administration orale en une prise par jour. > Pas d’ajustement posologique recommandé pour les IR légères, modérées (mais un seul dosage disponible), pour les malades ≥ 65 ans, et pour les malades ayant un poids extrême (mais peu de données cliniques!) > Forte biodisponibilité par voie orale, rapidité d’action (Tmax 2 à 4 h), et T1/2 courte. > Grande variabilité pharmacodynamique et pharmacocinétique intra et interindividuelle, large fenêtre thérapeutique. > Corrélation linéaire entre concentration et effet antithrombotique jusqu’à 15 mg : = effet dose-dépendant prévisible. > Peu d’interactions alimentaires, mais forte liaison aux protéines plasmatiques (non dialysable) + métabolisme CYP3A4 : risque élevé d’interactions médicamenteuses. > CI si IH + coagulopathie ou IH sévère ; non recommandé si IR avec CLcr < 15 mL/min. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 > Certains EI fréquents potentiellement graves et à surveiller (augmentation des transaminases, hémorragies avec ou non anémie, hémorragies postopératoires…) > Pas d’antidote en cas de surdosage. > Aucune surveillance biologique n’est préconisée par le laboratoire ; néanmoins, des tests biologiques spécifiques et standardisés peuvent être utiles dans certaines situations : sujets âgés, IH, IR sévère et malades polymédiqués, hémorragies, extensions de thromboses… 4.2.4. Études cliniques L’évaluation du bénéfice clinique de XARELTO® en prévention des ETEV après chirurgie orthopédique majeure (PTH ou PTG) repose sur un programme de développement clinique de huit études : quatre études de phase II de recherche de doses (ODIXa-HIP1, ODIXa-HIP2, ODIXaKNEE et ODIXa-OD.HIP) [111], et quatre études de phase III : les études RECORD 1 et 2 concernant la PTH et les études RECORD 3 et 4 concernant la PTG. Les études de phase II, toutes multicentriques, randomisées, réalisées en double aveugle et double placebo (sauf ODIXa-HIP1 réalisée en ouvert), ont évalué une large gamme de dosage (5 à 60 mg) [112, 113, 114, 115]. Ces études ont montré la large fenêtre thérapeutique de Rivaroxaban, avec une efficacité pour toutes les doses mais un profil de tolérance similaire à l’Enoxaparine se situant entre 5 mg et 20 mg par jour [113, 114, 115]. De plus, l’efficacité du Rivaroxaban a été démontrée en une seule prise -62- par jour, quelque soit le dosage, sans perte d’efficacité comparé au schéma d’administration en double prise par jour [114]. La dose retenue pour les études de phase III a donc été 10 mg en une prise par jour par voie orale [114]. Concernant les quatre études de phase III, les études RECORD (REgulation of Coagulation in Orthopaedic Surgery to Prevent Deep Vein Thrombosis and Pulmonary Embolism) sont toutes construites de manière identique: multicentriques internationales prospectives, randomisées, en double aveugle, double placebo. Nous ne détaillerons ici que celles ayant permis l’obtention d’AMM par l’EMA, les deux études pivot RECORD 1 (Tableau XLI) et RECORD 3 (Tableau XLII) [116, 117] ; dans RECORD 2, Rivaroxaban a été comparé à l’Enoxaparine dans la prévention des ETEV après PTH, mais les durées d’administration ont été différentes (5 semaines pour le Rivaroxaban et 2 semaines pour l’Enoxaparine, ce qui diffère des recommandations de l’AMM) [118], ne permettant pas d’attribuer les résultats à l’efficacité du médicament ou à la durée de la thromboprophylaxie. Quant à l’étude RECORD 4, le schéma thérapeutique employé pour l’Enoxaparine est celui répandu aux États-Unis, soit 30 mg deux fois par jour, différent de celui de l’AMM européenne de l’Enoxaparine (étude pivot aux États-Unis). 4.2.4.1. Études ayant conduit à l’obtention d’AMM dans la prévention des ETEV en chirurgie orthopédique Cf. Tableau XLI, Tableau XLII. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLI. Étude RECORD 1 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [116]. Rivaroxaban versus Enoxaparin for Thromboprophylaxis after Hip Arthroplasty : the RECORD 1 trial, 2008 [116] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Comparer l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban 10 mg administré une fois par jour par voie orale versus Enoxaparine 40 mg administrée une fois par jour en injection sous cutanée, en prophylaxie des ETEV après chirurgie pour PTH. Malades ≥ 18 ans, programmés pour une chirurgie unilatérale pour PTH de première intention. Malades : à partir des 4541 malades randomisés, trois populations ont été définies : - Population pour évaluation de la tolérance : malades ayant reçu au moins une fois le traitement de l’étude (n = 4433). - Population en intention de traiter modifiée (mITT) = malades ayant bénéficié d’une intervention + ayant pris l’un des deux traitements + évaluation adéquate des ETEV (n = 3153) - Population per protocole : malades mITT sans déviation majeure au protocole (n = 3029) Les caractéristiques démographiques et chirurgicales sont similaires dans les deux groupes, la durée moyenne de prophylaxie a été de 33,4 jours dans le groupe Rivaroxaban et 33,7 jours dans les groupe Enoxaparine, et les moyennes d’âge respectivement de 63,1 et 63,3 ans. Type d’étude Étude de non-infériorité puis de supériorité de phase III multicentrique, internationale, prospective, randomisée, contrôlée versus traitement actif, en groupes parallèles, en double aveugle et double placebo. Méthodologie N = 4541 malades inclus, randomisés selon 2 bras: - Bras Rivaroxaban 10 mg une fois par jour, première dose 6 à 8 heures après la fermeture de la plaie à condition que l’hémostase ait pu être obtenue (n=2266) - Bras Enoxaparine 40 mg SC une fois par jour en débutant le soir précédant l’intervention. (n=2275) Traitement poursuivi pendant 35 jours (31 à 39 jours). Durée de l’étude - Phlébographie bilatérale réalisée le jour suivant la dernière dose de médicament de l’étude. - Visite de suivi 30 à 35 jours après la dernière prise du médicament de l’étude. - Malades suivis jusqu’au 65ème jour après la chirurgie. Critères d’exclusion Arthroplastie bilatérale séquentielle de la hanche, grossesse ou allaitement, saignement actif ou risque de saignement élevé, contre-indication à une prophylaxie par Enoxaparine, impossibilité de réaliser une phlébographie bilatérale, hépatopathie avérée, IR sévère (clairance < 30 mL/min), prise concomitante d’Inhibiteurs de protéase du VIH, compression pneumatique intermittente prévue, ou nécessité d’un traitement antithrombotique ne pouvant être interrompu. Évaluation Efficacité : - Critère principal : critère composite associant ETEV totaux (TVP proximales et/ou distales symptomatiques ou asymptomatiques détectées par phlébographie et/ou EP non fatales) et décès toutes causes survenus au cours de la période de traitement (jusqu’à la visite de suivi). - Critères secondaires: ∗ Critère composite comprenant les ETEV majeurs (TVP proximales symptomatiques ou asymptomatiques et/ou EP) et les décès liés aux ETEV survenus au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des TVP totales au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des ETEV symptomatiques au cours de la période de suivi. ∗ Incidence des décès toutes causes au cours de la période de suivi Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques majeurs∗ au cours du traitement ; - Autres critères de tolérance : saignements non majeurs avec significativité clinique, autres saignements non majeurs, les complications hémorragiques au niveau de la plaie (=hémorragie au niveau du site+hématome de la plaie opératoire), tout saignement survenant entre la première prise orale de Rivaroxaban ou placebo jusqu’à 2 jours après l’administration de la dernière dose, les événements indésirables et les décès. - Suivi des enzymes hépatiques + suivi des événements cardio-vasculaires. -63- Efficacité : - Analyse d’efficacité sur la population per protocole pour la non-infériorité et sur la population mITT pour la supériorité. - Seuil de non-infériorité fixé à 3,5% en valeur absolue pour le critère principal et à 1,5% pour les ETEV majeurs. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLI (suite). Étude RECORD 1 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [116]. Résultats (suite et fin) - Analyse en mITT : Rivaroxaban Enoxaparine. Réduction absolue du risque sous Rivaroxaban p % ETEV totaux + décès toutes causes (IC à 95%) 1,1 (0,7-1,8) 3,7 (2,8-4,8) -2,6 (-3,7 à -1,5) < 0,001 % ETEV majeurs (IC à 95%) 0,2 (0,1-0,6) 2,0 (1,4-2,8) -1,7 (-2,5 à -1,0) < 0,001 % TVP totales (IC à 95%) 0,8 (0,4-1,3) 3,4 (2,6-4,4) -2,7 (-3,7 à -1,7) < 0,001 % ETEV symptomatiques (IC à 95%) 0,3 (0,1-0,6) 0,5 (0,3-0,9) -0,2 (-0,6 à 0,1) 0,22 - Pour le critère principal, réduction du risque relatif de 70% (IC95=49 à 85, p<0,001) pour le Rivaroxaban : supériorité du Rivaroxaban. Or, il n’y a pas de différence significative entre les 2 groupes ni pour le nombre de décès ni pour le nombre d’embolies pulmonaires. La différence est donc essentiellement liée à la différence de TVP totales. - Pour les ETEV majeurs, réduction du risque relatif de 88% (IC95=66 à 96, p<0,001) : supériorité du Rivaroxaban. - ETEV symptomatiques identiques dans les 2 groupes. Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Rivaroxaban Enoxaparine p Saignements majeurs Nombre de malades (%) 6 (0,3%) 2 (0,1%) 0,18 Tous saignements Nombre de malades (%) 133 (6,0%) 131 (5,9%) 0,94 Saignements non majeurs Nombre de malades (%) 128 (5,8%) 129 (5,8%) Saignements majeurs + non majeurs cliniquement pertinents Nombre de malades (%) 70 (3,2%) 56 (2,5%) ∗ Tolérance hépatique et événements cardio-vasculaires Pas de différence entre les 2 groupes au niveau de la tolérance hépatique, et au niveau des événements cardiovasculaires. ∗ Autres Nombre similaire d’événements indésirables dans les 2 groupes. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -64- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLI (suite et fin). Étude RECORD 1 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTH [116]. Conclusion des auteurs Le Rivaroxaban par voie orale en une prise par jour en thromboprophylaxie prolongée est significativement plus efficace que l’Enoxaparine dans la prévention des ETEV, avec une tolérance similaire concernant les saignements. Conclusion du CNHIM Le Rivaroxaban est effectivement supérieur à l’Enoxaparine selon le critère principal, mais ne réduit ni l’incidence des décès, ni l’incidence des ETEV symptomatiques (EP + TVP symptomatique). Il n’est donc pas supérieur en termes d’efficacité clinique. Même si la fréquence des vomissements n’a pas été plus élevée sous Rivaroxaban que sous Enoxaparine, les vomissements après anesthésie générale sont fréquents et peuvent compromettre la gestion d’un traitement par voie orale. Compte tenu des différences non significatives concernant les saignements entre les deux traitements, on ne peut pas conclure, mais la prudence est de mise. Les hémorragies du site opératoire n’avaient pas initialement été comprises dans le critère « major bleeding » La question de la transposition des résultats à la population des malades les plus âgés se pose ici aussi, comme pour le Dabigatran ; (moyenne d’âge inférieure à la moyenne d’âge des malades concernés par une chirurgie de type PTG dans la population générale). Cependant, Rivaroxaban n’étant pas éliminé majoritairement par voie rénale (pas de CI formelle chez les malades IR sévères comme Dabigatran), le problème est de moindre importance. ∗ Événements hémorragiques majeurs définis comme : tout saignement à l’issue mortelle, ou se produisant dans un organe critique (hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale), ou nécessitant une nouvelle intervention, ou survenant ailleurs qu’au site chirurgical, associée à une perte ≥ 20g/L ou nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total. Les événements hémorragiques majeurs n’incluent pas dans ce programme les hémorragies de site opératoire (80% des saignements), minorant de fait l’incidence des hémorragies majeures. CI : contre-indication ; EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thromboembolique veineux ; IR : insuffisance rénale ; PTG : prothèse totale de genou ; PTH : prothèse totale de hanche ; TVP : thrombose veineuse profonde ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine. -65- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLII. Étude RECORD 3 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [117]. Rivaroxaban versus Enoxaparin for Thromboprophylaxis After Total Knee Arthroplasty: the RECORD 3 trial, 2008 [117] Objectifs Comparer l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban 10 mg administré une fois par jour par voie orale versus Enoxaparine 40 mg administrée une fois par jour en injection sous cutanée, en prophylaxie des ETEV après chirurgie pour PTG. Type d’étude Étude de non-infériorité/supériorité de phase III multicentrique, internationale, prospective, randomisée, contrôlée versus traitement actif, en groupes parallèles, en double aveugle et double placebo. Méthodologie N = 2531 malades randomisés selon 2 bras: - Bras Rivaroxaban 10 mg une fois par jour, première dose 6 à 8 heures après la fermeture de la plaie à condition que l’hémostase ait pu être obtenue (n = 1254). - Bras Enoxaparine 40 mg SC une fois par jour en débutant 12h avant l’intervention (n = 1277). Traitement poursuivi pendant 11 à 15 jours Durée de l’étude - Phlébographie réalisée entre le jour 11 et le jour 15 ; - Malades suivis pendant 30 à 35 jours après la dernière dose de traitement à l’étude. Critères d’inclusion Malades ≥ 18 ans, programmés pour une arthroplastie totale de genou. Critères d’exclusion Grossesse ou allaitement, saignement actif ou risque de saignement élevé, contre-indication à une prophylaxie par Enoxaparine, impossibilité de réaliser une phlébographie bilatérale, hépatopathie avérée, prise concomitante d’Inhibiteurs de protéase du VIH, compression pneumatique intermittente prévue, ou nécessité d’un traitement antithrombotique ne pouvant être interrompu. Évaluation Efficacité : - Critère principal : critère composite associant ETEV totaux (TVP proximales et distales symptomatiques ou asymptomatiques détectées par phlébographie et/ou EP symptomatiques) et décès toutes causes survenus dans les 13 à 17 jours suivant l’intervention. - Critères secondaires : ∗ Critère composite comprenant les ETEV majeurs (TVP proximales ou distales symptomatiques ou asymptomatiques et/ou EP) et les décès liés aux ETEV survenus au cours de la période de traitement. ∗ Incidence des TVP totales ∗ Incidence des ETEV symptomatiques ∗ Incidence des décès toutes causes Tolérance - Critère principal : incidence des évènements hémorragiques majeurs∗ pendant la durée du traitement et jusqu’à deux jours après la dernière prise de traitement; - Autres critères de tolérance : tout saignement sous traitement et jusqu’à deux jours après la dernière prise de traitement, tout saignement non majeur sous traitement, y compris les complications hémorragiques au niveau de la plaie (=hémorragie au niveau du site+hématome de la plaie opératoire), tout saignement survenant entre la première prise orale de Rivaroxaban ou placebo jusqu’à 2 jours après l’administration de la dernière dose, les événements indésirables et les décès. - Suivi des enzymes hépatiques + suivi des événements cardio-vasculaires. Résultats Malades : à partir des 2531 malades randomisés, trois populations ont été définies : - Population pour évaluation de la tolérance: malades ayant reçu au moins une fois le traitement de l’étude (n = 2418). - Population en intention de traiter modifiée (mITT) = malades ayant bénéficié d’une intervention+ayant pris l’un des deux traitements + évaluation adéquate des ETEV par phlébographie (n = 1702). - Population per protocole : malades mITT sans déviation majeure au protocole (n = 1631). Les caractéristiques démographiques sont proches dans les deux groupes (légèrement plus de femmes dans le groupe Rivaroxaban), la durée moyenne de prophylaxie a été de 11,9 jours dans le groupe Rivaroxaban et 12,5 jours dans les groupes Enoxaparine, et la moyenne d’âge de 67,6 ans dans les 2 groupes. Efficacité : - Analyse d’efficacité sur la population per protocole pour la non infériorité et sur la population mITT pour la supériorité. - Seuil de non-infériorité fixé à 4% en valeur absolue pour le critère principal et à 1,5% pour les ETEV majeurs. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -66- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLII (suite). Étude RECORD 3 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [117]. Résultats (suite et fin) - Analyse en ITT : Rivaroxaban Enoxaparine Réduction absolue du risque sous Rivaroxaban p % ETEV totaux + décès toutes causes (IC à 95%) 9,6 (7,7-11,8) 18,9 (16,4-21,7) -9,2 (-12,4 à-5,9) < 10-3 % ETEV majeurs (IC à 95%) 1,0 (0,5-1,9) 2,6 (1,7-3,8) -1,6 (-2,8 à -0,4) 0,01 % TVP totales (IC à 95%) 9,6 (7,7-11,8) 18,2 (15,7-20,9) -2,7 (-3,7 à -1,7) < 10-3 0,7 (0,1-1) 2,0 (0,1-0,7) - 1,3 (-2,2 à -0,4) 0,005 % ETEV sympto (IC à 95%) - Pour le critère principal, réduction du risque relatif de 49% (IC95 = 35 à 61, p < 0,001) pour le Rivaroxaban : supériorité du Rivaroxaban. - Pour les ETEV majeurs, réduction du risque relatif de 62% (IC95 = 18 à 82, p = 0,02) : supériorité du Rivaroxaban. - ETEV sympto. : critère évalué sur population de tolérance : incidence plus faible dans le groupe Rivaroxaban, réduction du risque relatif de 66%, (IC95 = 25 à 85, p = 0,008) - Pendant la période de traitement : 0 décès et 0 EP dans le groupe Rivaroxaban, et 2 décès inexpliqués et 4 EP dans le groupe Enoxaparine. Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Rivaroxaban Enoxaparine p Saignements majeurs Nombre de malades (%) 7 (0,6%) 6 (0,5%) 0,77 Tous saignements Nombre de malades (%) 60 (4,9%) 60 (4,8%) 0,93 Saignements non majeurs Nombre de malades (%) 53 (4,3%) 54 (4,4%) Saignements majeurs + non majeurs cliniquement pertinents Nombre de malades (%) 40 (3,3%) 34 (2,7%) 0,44 ∗ Tolérance hépatique et événements cardio-vasculaires Pas de différence entre les 2 groupes au niveau de la tolérance hépatique, et au niveau des événements cardiovasculaires. ∗ Autres Nombre similaire d’événements indésirables dans les 2 groupes. Nausées et vomissements sont les EI les plus fréquemment rapportés dans les deux groupes. -67- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLII (suite). Étude RECORD 3 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour PTG [117]. Conclusion des auteurs Le Rivaroxaban a été supérieur à l’Enoxaparine en thromboprophylaxie après arthroplastie totale de genou, avec des taux de saignements comparables. Conclusion du CNHIM On note dans cet essai une différence significative des ETEV symptomatiques, qui nous fait conclure à une réelle efficacité clinique. Cette différence de résultat clinique entre RECORD 1 et RECORD 3 est probablement liée à la différence des malades traités : en effet la chirurgie de genou étant plus thrombogène que la chirurgie de hanche, une incidence des évènements symptomatiques est plus facile à démontrer. Les résultats en termes de saignements sont identiques pour une prophylaxie courte. Le mêmes critiques que RECORD 1 peuvent être faites ici, d’une part concernant le risque de vomissement après anesthésie générale pouvant compromettre le traitement par voie orale, et d’autre part concernant l’extrapolation des résultats à la population réelle bénéficiant d’une PTG, en moyenne plus âgée que dans l’étude. ∗ Événements hémorragiques majeurs définis comme : tout saignement à l’issue mortelle, ou se produisant dans un organe critique (hémorragie rétropéritonéale, intracrânienne, intraoculaire ou intraspinale), ou nécessitant une nouvelle intervention,, ou survenant ailleurs qu’au site chirurgical, associée à une perte ≥ 20g/L ou nécessitant la transfusion d’au moins 2 unités de CGR ou sang total ; Les événements hémorragiques majeurs n’incluent pas dans ce programme les hémorragies de site opératoire (80% des saignements), minorant de fait l’incidence des hémorragies majeures. EI : effet indésirable ; EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thrombo-embolique veineux ; PTG : prothèse totale du genou ; SC : sous-cutanée ; TVP : thrombose veineuse profonde ; VIH : virus de l’immundéficience humaine ; ● A propos de Rivaroxaban et des études RECORD : - Le biais d’attrition est important pour l’analyse de non infériorité (RECORD 1 : 32%, RECORD 3 : 37%), mais l’analyse per protocole reste à privilégier pour les études de non infériorité. (Le biais d’attrition survient quand des malades randomisés sont écartés de l’analyse. Les malades randomisés mais non analysés correspondent soit à des perdus de vue, soit à des données manquantes, ce qui a pour conséquence dans les deux cas de rendre le critère de jugement principal manquant). - Profil de tolérance hépatique: Les études de phase II avaient montré une élévation transitoire des enzymes hépatiques. Dans les quatre études de phase III, il y a eu une élévation transitoire des tests fonctionnels hépatiques avec une incidence comparable dans les 2 groupes, et une augmentation maximale 1 semaine après début du traitement et un retour à la normale pendant la suite du traitement dans toutes les études. Pour l’ensemble des 4 études, la fréquence des événements indésirables d’ordre hépatique s’élève à 0,19% pour le Rivaroxaban contre 0,27% pour l’Enoxaparine. D’après les études, le Rivaroxaban semble donc ne pas affecter la fonction hépatique, ce qui Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 constituait une des principale crainte, comme pour le Dabigatran, suite au retrait prématuré du marché du précurseur de la classe des nouveaux antithrombotiques oraux d’action directe [111]. - Profil de tolérance cardiovasculaire : Les études de phase I n’ont pas mis en évidence d’effet sur le QT [119] et les études de phase II n’ont pas vu de modifications de l’ECG. Dans les études RECORD, il n’y a pas eu de différence d’incidence d’événements cardiovasculaires avec l’Enoxaparine (de 0,2% à 0,4% pendant le traitement, et de 0 à 0,5% pendant le suivi) [111]. - Néphrotoxicité à préciser : Il y a eu une élévation de la créatinine supérieure à la normale dans les études de phase III (8,5% sous Rivaroxaban vs 6,6% sous Enoxaparine) [120]. - Phénomène de sécrétion de la plaie : L’incidence a été de 2,8% sous Rivaroxaban contre 2% sous Enoxaparine ; il conviendra donc de surveiller ce phénomène lors de son utilisation en pratique courante [116]. - Les nausées et vomissements (11% et 9,7%) font partie des événements indésirables les plus fréquents : cela peut compliquer la gestion d’un traitement par voie orale [121]. -68- - Pas d’ajustement de dose pour les personnes obèses (IMC ≥ 40), et les personnes de faible poids (IMC ≤ 18,5), les données cliniques étant relativement limitées. Une des explications probable est le faible volume de distribution et la forte liaison aux protéines plasmatiques du Rivaroxaban, suggérant que la distribution du Rivaroxaban se limite aux vaisseaux et au milieu interstitiel, facteurs variant faiblement en fonction du poids [121]. - Pas d’ajustement non plus pour les malades ≥ 65 ans, ce qui est plutôt surprenant ; en effet les données cliniques chez les malades âgés sont limitées : la population inclue dans les essais de phase III a une moyenne d’âge inférieure à la population réellement concernée par l’indication de chirurgie pour PTG et PTH. Pour la PTH, les malades > 75 ans n’ont représenté que 13%, alors que la proportion des malades > 80 ans bénéficiant réellement d’une PTH est de 20%. Les données cliniques sont aussi limitées pour les malades en insuffisance rénale sévère (CLcr entre 15 et 29 mL/min) et il n’existe aucune donnée pour les malades dont la CLcr est < 15 mL/min ; or les malades âgés, les plus concernés par l’indication, sont souvent atteints d’insuffisance rénale. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Et nous avons vu précédemment qu’une insuffisance rénale sévère pouvait augmenter significativement les concentrations plasmatiques du Rivaroxaban… Le service médical rendu par Rivaroxaban a été jugé important par la HAS, et l’ASMR a été mineure en termes d’efficacité par rapport à l’Enoxaparine pour la prévention des ETEV après PTH ou PTG. Le plan de gestion des risques élaboré par l’Afssaps suite à la commercialisation du XARELTO® recommande une surveillance étroite du risque de saignements (notamment pour les malades souffrant d’IR sévère), du risque de toxicité hépatique et pancréatique (augmentation transitoire des enzymes pancréatiques pendant les études) et de la néphrotoxicité (étude de cohorte ouverte observationnelle XAMOS). Un suivi national de pharmacovigilance a aussi été mis en place [120]. 4.2.4.2. Études réalisées en vue d’un élargissement du champ d’indications. ● En traitement des TVP aigues et en prophylaxie secondaire : programme EINSTEIN Deux études de phase II ont comparé plusieurs doses de Rivaroxaban (20 mg à 60 mg de Rivaroxaban, en une ou deux prises) à un bras de traitement standard : Enoxaparine ou HBPM/héparine pendant 5 jours minimum. Bridging : Relais par AVK (dosage ajusté pour INR 2-3), pendant trois mois, chez des malades souffrant de TVP symptomatiques (ou confirmée par ultrasons). Les résultats de l’étude ODIXa-DVT, randomisée, en double-aveugle pour les doses de Rivaroxaban et en ouvert pour le traitement standard, ont été favorables pour le Rivaroxaban sur le critère principal, soit le pourcentage de malades atteignant une amélioration > 4 points du score thrombotique (évalué par ultrasons à J21). Ils n’ont pas mis par contre en évidence de relation effet-dose significative entre les différentes doses de Rivaroxaban. veineuses symptomatiques et aggravation asymptomatique du processus thrombotique (mise en évidence sur l’échographie et la scintigraphie pulmonaire de perfusion réalisées à J 84, comparativement aux aspects initiaux) était : 6,1%, 5,4% et 6,6% sous, respectivement, Rivaroxaban 20, 30 et 40 mg, et 9,9% chez les malades sous traitement standard. L’incidence du critère principal de tolérance, soit un critère composite comprenant hémorragies majeures et saignements non majeurs cliniquement pertinents était : 5,9%, 6,0% et 2,2% sous, respectivement, Rivaroxaban 20, 30 et 40 mg et 8,8% sous traitement standard [123]. On retrouve dans cette étude un taux d’hémorragies et de décès plus élevés dans les groupes Rivaroxaban, mais le nombre de malades inclus sélectionné n’était pas suffisant pour conclure à une significativité [122]. Les résultats prometteurs de ces deux études de phase II de recherche de dose, ayant inclus 1156 malades, ont justifié la réalisation d’un programme d’étude de phase III, le programme EINSTEIN, comprenant 3 études : L’étude de phase II EINSTEIN-DVT, randomisée, en double-aveugle pour les doses de Rivaroxaban et en ouvert pour le traitement standard, a comparé 3 doses de Rivaroxaban (20, 30, ou 40 mg en une prise), à un traitement standard (HBPM / héparine + AVK) ; - EINSTEIN-DVT (Tableau XLIII), - EINSTEIN-EP, - EINSTEIN-Extension (Tableau XLIV). L’incidence du critère principal d'efficacité, soit l’incidence à 3 mois des complications thromboemboliques -69- Les résultats des études EINSTEINDVT et EINSTEIN-Extension seules ont été publiés. Les deux études ont été menées en parallèle et les résultats ont été publiés dans le même article du NEJM. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLIII. Étude EINSTEIN-DVT : étude clinique randomisée de phase III en ouvert évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban dans le traitement de la TVP aiguë symptomatique [124]. Oral Rivaroxaban for Symptomatic Venous Thromboembolism: the EINSTEIN-DVT trial - 2010 [124] Objectifs Critères d’inclusion Résultats Comparer l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban seul à Enoxaparine puis AVK en relais (Warfarine ou Acénocoumarol) chez des malades souffrant de TVP aiguë symptomatique. Malades ≥ 18 ans, souffrant de TVP symptomatique aiguë, mais ne manifestant aucun symptôme d'EP. Type d’étude Malades ayant reçu un traitement HBPM, HNF ou Fondaparinux pendant plus de 48h avant randomisation, ou plus d’une dose d’AVK. Traitement par thrombectomie, pose d’un filtre veine cave, ou administration d’un agent fibrinolytique pour leur TVP actuelle. Autre indication d’un traitement par AVK, CLcr < 30mL/min, affection hépatique cliniquement significative ou ALAT ≥ 3xLSN, endocardite bactérienne, saignement actif ou risque accru de saignement, CI d’un traitement antithrombotique, HTA, femme enceinte ou allaitante, utilisation concomitante d’inhibiteurs ou d’inducteurs du CYP3A4. Malades : 3449 malades randomisés (population ITT), dont 99,4% ayant reçu au moins une dose de traitement à l’étude (population pour analyse de tolérance), et 89,8% ayant suivi intégralement le protocole (population per protocole). Étude de non-infériorité de phase III multicentrique, prospective, randomisée, contrôlée versus traitement de référence, en ouvert. Essai à protocole adapté en fonction du nombre d’événements, nécessitant un minimum de 88 cas de récidive. Méthodologie N = 3449 malades randomisés selon 2 bras: - Bras Rivaroxaban : 15 mg x2/jour pendant 3 semaines, puis 20 mg/jour en une prise (n=1731) - Bras standard : Enoxaparine 40 mg SC 1 mg/kg x2/jour, puis Warfarine ou Acénocoumarol en relais, débutant 48 heures après la randomisation. (n=1718) Dans le bras standard, l’Enoxaparine était arrêtée quand l’INR atteignait 2 ou plus pendant 2 jours consécutifs, soit au min. 5 jours de traitement. La dose d’AVK a été ajustée pour obtenir un INR cible compris entre 2 et 3. Traitement poursuivi pendant 3, 6 ou 12 mois, en fonction de la cause suspectée de la TVP. Critères d’exclusion Traitement de 3 mois pour 12%, de 6 mois pour 63% et traitement de 12 mois pour 25% répartis de manière homogène dans les 2 groupes. Moyenne d’âge des malades inclus : 55 ans, dont 7% ayant une clairance de la créatinine < 50mL/min. Évaluation Efficacité : - Critère principal : incidence cumulative de TVP récurrente symptomatique et d'EP fatale et non fatale. - Critères secondaires: ∗ Mortalité toute cause, événements CV (SCA, AVC ischémiques, AIT, embolie systémique), bénéfice clinique net (critère principal d’efficacité + hémorragies majeures). Tolérance - Critère principal : incidence des hémorragies majeuresΨ et des saignements non majeurs cliniquement significatifs. - Autres critères de tolérance : Suivi mensuel des enzymes hépatiques. …/… Ψ Hémorragies majeures définies par : chute Hb > 2 g/dL, transfusion > 2 unités de CGR, hémorragies intracrâniennes ou survenant au niveau d’un site critique. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -70- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLIII (suite). Étude EINSTEIN-DVT : étude clinique randomisée de phase III en ouvert évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban dans le traitement de la TVP aiguë symptomatique [124]. Résultats (suite et fin) Efficacité : - Analyse d’efficacité sur la population ITT Rivaroxaban Enox./AVK Risque relatif RR Rivarox. (IC95) p % ETEV récidivants 2,1 3 0,68 (0,44-1,04) <0,001 %TVP 1,3 1 % EP non fatales 0,2 0,3 %EP fatales 0,3 0,5 % Bénéfice clinique net 2,9 4,9 0,67 (0,47-0,95) 0,03 - Pour le critère principal, non-infériorité du Rivaroxaban. - Bénéfice clinique net significatif en faveur de Rivaroxaban. - Pas de différence significative pour les 2 critères secondaires: mortalité globale (2,2% sous Rivaroxaban versus 2,9% sous Enoxaparine/AVK, NS) et événements cardiovasculaires (0,7% contre 0,8%). Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Rivaroxaban Enox./AVK p % hémorragies majeures + saignements non majeurs cliniquement pertinents 8,1 8,1 0,77 % hémorragies majeures 0,8 1,2 7,5 7,1 %Saignements non quement significatifs majeurs clini- ∗ Tolérance hépatique : pas de différence entre les 2 groupes au niveau de la tolérance hépatique. ∗ Autres : le taux d'arrêts de traitement pour effets secondaires a été équivalent dans les 2 bras. Conclusion des auteurs Le Rivaroxaban représente une approche simple, efficace du traitement de la TVP en monothérapie à la phase initiale, sans augmentation du risque de saignement, qui pourrait améliorer le profil bénéfice/risque de l’anticoagulation. Conclusion du CNHIM Méthodologiquement, plusieurs critiques peuvent être émises : d’une part, l’étude est réalisée en ouvert ; d’autre part, l’analyse d’efficacité a été faite en ITT, alors que pour les études de non-infériorité une analyse per protocole est à privilégier ; le risque est de gommer ainsi les différences entre les deux groupes (il serait intéressant de savoir à quoi correspondent les 10% de données manquantes). De plus, l’âge moyen des sujets inclus dans l’étude est de 55 ans : il s’agit donc d’une population très sélectionnée qui ne reflète pas l’âge des sujets concernés dans la « vraie vie ». Dans l’étude, seulement 7% des malades présentaient une CLcr < 50mL/min. Avant randomisation, la plupart des malades, y compris ceux inclus dans le bras Rivaroxaban, avaient déjà reçu une HBPM dès la suspicion du diagnostic de TVP ; on peut se demander si cela a constitué un biais et a pu modifier le critère principal d’évaluation pour le bras Rivaroxaban. Néanmoins, pour la première fois, il a été démontré qu’un traitement oral dès la phase initiale pouvait être aussi efficace qu’un traitement injectable. Des questions restent donc à résoudre, concernant la durée optimale du traitement, ou la façon de gérer le traitement chez des sujets âgés ou avec une altération de la fonction rénale. AVK : anti-vitamine K ; EP : embolie pulmonaire ; ALAT : Alanine Amino transférase ; LSN : limite supérieure de la normale ; HTA : hypertension artérielle ; TVP : thrombose veineuse profonde ; SCA : syndrome coronarien aigu ; AIT : accident ischémique transitoire ; AVC : accident vasculaire cérébral. -71- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLIV. Étude EINSTEIN-Extension : étude clinique randomisée de phase III, en double aveugle versus placebo, évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban en prophylaxie secondaire des TVP [124]. Oral Rivaroxaban for Symptomatic Venous Thromboembolism: the EINSTEIN-Extension trial - 2010 [124] Objectifs Critères d’inclusion Démontrer l’intérêt de Rivaroxaban au long cours, en prophylaxie secondaire chez des malades ayant reçu 6 à 12 mois de traitement antithrombotique après une TVP symptomatique confirmée ou une EP. Type d’étude Étude de supériorité de phase III multicentrique, prospective, randomisée, en double aveugle versus placebo. Essai à protocole adapté en fonction du nombre d’événements, nécessitant un minimum de 30 cas de récidive. Méthodologie N = 1197 malades randomisés selon 2 bras : - Bras Rivaroxaban seul : 20 mg une fois par jour (n=602) - Bras Placebo : (n=595) Traitement poursuivi pendant 6 à 12 mois, en fonction du traitement antérieur, et de la sévérité de la TVP. Malades ≥ 18 ans, ayant eu une TVP ou un EP confirmés, ayant été traités pendant 6 à 12 mois par AVK (malades issus de l’étude EINSTEIN ou non), ou Rivaroxaban (malades issus de l’étude EINSTEIN uniquement). Critères d’exclusion Autre indication d’un traitement par AVK, CLcr < 30 mL/min, affection hépatique cliniquement significative ou ALAT ≥ 3 x LSN, endocardite bactérienne, saignement actif ou risque accru de saignement, CI d’un traitement antithrombotique, HTA, femme enceinte ou allaitante, utilisation concomitante d’inhibiteurs ou d’inducteurs du CYP3A4. Évaluation Efficacité : - Critère principal : incidence cumulative des ETEV symptomatiques récurrents (TVP récidivante symptomatique et EP fatale ou non fatale). - Critères secondaires: ∗ Mortalité toute cause, événements CV (SCA, AVC ischémiques, AIT, embolie systémique), bénéfice clinique net (critère principal + hémorragies majeures). Résultats Malades : 1 197 malades randomisés : 602 malades sous Rivaroxaban et 595 sous placebo (=population en ITT), et 1188 ont été inclus dans l’analyse de tolérance. Les caractéristiques des malades à l’inclusion ainsi que leurs facteurs de risque d’ETEV étaient comparables dans les deux groupes. La durée moyenne de traitement a été de 190 jours dans les deux groupes. Au total, 53,2% des malades inclus étaient issus de l’étude EINSTEINDVT ou EINSTEIN-EP, et 47,5% des malades étaient extérieurs. Dans le groupe Rivaroxaban, 28,7% avaient reçu un traitement curatif par Rivaroxaban pour leur TVP, et 26,9% dans le groupe placebo ; les deux groupes étaient donc comparables par rapport au traitement curatif utilisé pour traiter la TVP. Tolérance - Critère principal : incidence des hémorragies majeuresΨ. - Autres critères de tolérance : Suivi des enzymes hépatiques. …/… Résultats (suite) Efficacité : - Analyse d’efficacité sur la population en ITT Rivaroxaban n=602 Placebo n=594 Risque relatif RR Rivaroxaban (IC95) p Nb ETEV (%) 8 (1,3%) 42 (7,1%) 0,18 (0,09-0,39) <0,001 Nb EP fatale 0 1 Nb EP non fatales 2 13 Nb TVP 5 31 % Bénéfice clinique net 2% 7,1% 0,28 (0,15-0,53) <0,001 - Supériorité de Rivaroxaban pour le critère principal d’efficacité, et pour le bénéfice clinique net. - Dans chaque groupe, il a été observé 6 récidives d’ETEV symptomatiques dans le mois d’observation suivant l'arrêt des traitements de l’étude. Ψ Hémorragies majeures définies par : chute Hb > 2 g/dL, transfusion > 2 unités de CGR, hémorragies intracrâniennes ou survenant au niveau d’un site critique. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -72- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLIV (suite et fin). Étude EINSTEIN-Extension : étude clinique randomisée de phase III, en double aveugle versus placebo, évaluant l’efficacité et la tolérance du Rivaroxaban en prophylaxie secondaire des TVP [124]. Résultats Tolérance : ∗ Événements hémorragiques Rivaroxaban (n=598) Placebo (n=590) Nb hémorragies majeures (%) 4 (0,7%) 0 Nb hémorragies majeures + non majeures cliniquement significatives (%) 36 (6%) 7 (1,2%) RR Rivaroxaban (IC95) p 0,11 5,19 (2,3-11,7) <0,001 - Risque de saignements non majeurs cliniquement significatifs plus élevés dans le groupe Rivaroxaban (hématuries, des épistaxis, saignements rectaux et utérins…) - Deux malades (0,3%) du groupe placebo sont décédés, comparativement à 1 (0,2%) dans le groupe Rivaroxaban. - Aucun malade n’avait d’élévation des ALAT > 3 x LSN associée à une élévation de la bilirubine totale > à 2 x LSN. Conclusion des auteurs Au décours d’une anticoagulation de 6 à 12 mois pour un épisode thromboembolique veineux aigu, un traitement par Rivaroxaban à dose fixe quotidienne de 20 mg est associé à une réduction de 82% du risque relatif de récidive ; cette réduction de risque est associée à un faible taux hémorragies majeures (0,7%). Avec ce schéma thérapeutique par voie orale en une fois par jour, le clinicien dispose d’une option simple pour les malades chez qui la poursuite du traitement antithrombotique est indiquée. Conclusion du CNHIM Cette étude nous permet de disposer de données sur la tolérance du Rivaroxaban au long cours (malades inclus dans EINSTEIN-DVT puis EINSTEIN-extension dans le groupe Rivaroxaban, durée=12 mois). Il s’agit d’une étude versus placebo ; il serait intéressant de comparer Rivaroxaban à un traitement par AVK au long cours, afin de les comparer sur le plan efficacité et le risque hémorragique. AVK : anti-vitamine K ; EP : embolie pulmonaire ; ALAT : Alanine Amino transférase ; LSN : limite supérieure de la normale ; HTA : hypertension artérielle ; TVP : thrombose veineuse profonde ; SCA : syndrome coronarien aigu ; AIT : accident ischémique transitoire ; AVC : accident vasculaire cérébral ; ETEV : événement thromboembolique veineux. ● A propos des études EINSTEIN L’étude EINSTEIN-DVT démontre la possibilité d’un nouveau traitement de la thrombose veineuse profonde, administré exclusivement par voie orale, dès l’initiation de la médication. En effet, le Rivaroxaban s’est révélé efficace dès le début du traitement ; cependant il reste à évaluer l'intérêt qu'il y aurait tout de même à débuter le traitement par une héparine injectable avant de le proposer, notamment chez les sujets âgés et/ou avec une altération de la fonction rénale. De plus, on note que dans EINSTEIN-DVT, le pourcentage de malades du groupe AVK ayant atteint un INR cible (57%) était légèrement moins important que dans d'autres études comme RE-LY où il tournait plutôt autour de 64%. Mais cette inconstance d’effet est peut-être une justification supplémentaire à l’emploi de nouveaux traitements antithrombotiques [125]. Il est intéressant de constater que dans l’indication de TVP en aigu, les deux études réalisées pour le Dabigatran et le Rivaroxaban (étude RECOVER et EINSTEIN-DVT) ne sont pas superposables. En effet, dans l’étude RE-COVER, le Dabigatran a été confronté uniquement à la Warfarine, en conservant un traitement initial héparinique. Alors que dans EINSTEIN-DVT, le Rivaroxaban a été comparé à une autre stratégie thérapeutique : Enoxaparine puis AVK en relais. Les deux études sont des études de non-infériorité, mais l’étude RECOVER a été conduite en doubleaveugle et ciblait les malades souffrant de TVP et/ou d’EP, alors que l’étude EINSTEIN-DVT a été conduite en ouvert et a ciblé unique-73- ment les malades souffrant de TVP (Il faut attendre les résultats de l’étude EINSTEIN-EP pour voir des données sur l’efficacité de Rivaroxaban chez les malades souffrant d’EP). Les durées de traitements n’ont pas été identiques non plus dans les deux études. Les deux médicaments se positionnent donc différemment dans cette indication, selon deux stratégies thérapeutiques bien distinctes. L’efficacité du Rivaroxaban est également confirmée dans la prévention des récidives d’ETEV (prévention secondaire), dans l’étude EINSTEINExtension. Cependant, le risque de ces nouvelles thérapeutiques pour lesquelles l’impératif de surveillance biologique disparaît, se situe au niveau de l’observance au traitement, qui ne Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban peut plus être surveillée par le clinicien en fonction du résultat de l’INR. Même si le taux d’hémorragies majeures sous Rivaroxaban au long cours apparaît moins élevé que dans les études évaluant un traitement AVK à long terme, il n’est pas nul [121]. Cela pourrait constituer une justification à l’emploi de tests de suivi biologique spécifiques pour certains malades et dans certaines situations cliniques. ● Etude de phase III : ROCKETAF ROCKET-AF est une étude randomisée, multicentrique, en doubleaveugle et double-placebo, à protocole adapté en fonction du nombre d’événements (« event-driven »). L’étude a pour but de démontrer la non-infériorité du Rivaroxaban par rapport à la Warfarine chez les malades atteints de FA non valvulaire, ayant des antécédents d’AVC/AIT/embolie systémique ou au moins deux facteurs de risque indépendant d’AVC. Les malades ont été randomisés pour recevoir soit Rivaroxaban 20 mg une fois par jour (ou une dose adaptée de 15 mg par jour pour les malades ayant une IR modérée à l’inclusion) soit Warfarine à dose ajustée pour obtenir un INR cible entre 2 et 3 [126]. Le critère principal d’efficacité est un critère composite comprenant l’incidence d’AVC et d’embolies systémiques (idem étude RE-LY pour Dabigatran). Le critère principal de tolérance est un critère composite comprenant l’incidence des hémorragies majeures et des saignements non majeurs cliniquement significatifs. 14264 malades ont été randomisés dans 1178 centres dans 45 pays (jusqu’à l’obtention de 405 événements du critère principal d’efficacité) [127]. La population des malades inclus dans l’étude était une population à plus haut risque que dans l’étude RE-LY (55% des malades avaient des antécédents d’AVC contre 20% dans l’étude RE-LY), donc l’étude ROCKET-FA est plus proche d’un traitement antithrombotique en prévention secondaire que l’étude RE-LY. Les résultats ont été récemment publiés et ont été présentés par le laboratoire Bayer HealthCare lors du congrès de l’AHA (l'American Heart Association) à Chicago en Novembre 2010 [127]. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 L’analyse en ITT du critère d’efficacité principal établit la non-infériorité du Rivaroxaban par rapport à la Warfarine, mais ne démontre pas sa supériorité (2,12% dans le groupe Rivaroxaban versus 2,42 sous Warfarine, RR=0,88, p=0,117, NS). On note qu’à l’issue de l’étude, moins de 50% des malades sous Warfarine avaient dépassé le seuil de 58-60% du temps de l’INR dans l’intervalle cible, ce qui remet en cause la performance du comparateur. Concernant les saignements, il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes ni pour l’ensemble des hémorragies, ni pour les hémorragies majeures, ni pour les hémorragies mineures. Le Rivaroxaban fait donc autant saigner qu’un AVK, à l’exception des saignements intracrâniens beaucoup moins fréquents chez les patients recevant le rivaroxaban. Les résultats d’une analyse en sousgroupes ont été présentés récemment, lors du congrès de l’European Stroke Conference. Il en est ressorti que la non-infériorité de Rivaroxaban était maintenue chez les malades ayant des antécédents d’AVC, donc en prévention secondaire [128]. Commentaire sur la place des nouveaux antithrombotiques oraux dans la prévention des AVC chez les malades atteints de FA non valvulaire : Pour le Dabigatran comme pour le Rivaroxaban, la non-infériorité a été démontrée par rapport à la Warfarine par deux études de grande envergure. Ces nouveaux traitements vont indiscutablement apporter une nouvelle alternative thérapeutique aux AVK, au vu de leurs facilités d’utilisation et de leurs sécurités d’emploi. Cependant, la question se pose aujourd’hui de savoir quelle sera leur place, en pratique, dans la stratégie thérapeutique ? Quels types de sujets seront concernés ? De manière évidente, ils ont leur place pour traiter les malades ne pouvant recevoir un traitement par AVK (INR non réalisable ou très instable), à la place de l’aspirine qui était alors le traitement de substitution jusqu’à maintenant. Mais qu’en est-il des malades stables sous AVK, pour qui le traitement est bien équilibré ? -74- Il pourrait éventuellement être proposé aux malades voulant simplifier leur traitement, ne voulant plus réaliser d’INR… La question de coût rentrera bien sûr en ligne de compte. Quant à l’élargissement à d’autres sous-groupes de population, la question est délicate. Par exemple, il conviendra de rester prudent pour les malades souffrant d’IR sévères, pour lesquels il nous faudra plus de données cliniques. Pour les porteurs de prothèses valvulaires, il semble ne pas y avoir de supériorité par rapport au Lovenox, avec un sur-risque hémorragique de la prévention au long cours par rapport au placebo, ce qui obère le faible bénéfice. De nouvelles études sont donc nécessaires pour évaluer ces deux médicaments dans d’autres sousgroupes de population. En prévention des ETEV chez les malades hospitalisés en médecine : ● Étude MAGELLAN Il s’agit d’une étude internationale et multicentrique, randomisée, en double-aveugle et en groupes parallèles. Cette étude de phase III a pour but de comparer le Rivaroxaban (10 mg une fois par jour pendant 35 ± 4 jours) à l’Enoxaparine (40 mg une fois par jour pendant 10 ± 4 jours) dans la prévention des ETEV chez des malades hospitalisés en service de médecine. Le nombre de malades inclus est d’environ 8000. Le critère principal d’efficacité est un critère composite comprenant TVP proximales asymptomatiques détectés par ultrasons, TVP symptomatiques, EP non fatales et décès liés à un ETEV. Le critère de sécurité principal est le taux de saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs. L’étude est terminée, mais on peut déjà se demander comment interpréter les futurs résultats : les durées de traitement n’étant pas identiques, la différence d’efficacité observés entre les deux bras sera-telle liée à la molécule elle-même ou à la durée d’anticoagulation ? Les résultats sont disponibles et ne sont pas favorables au Rivaroxaban. En prévention secondaire d’événements cardio-vasculaires chez des malades souffrant de SCA (Tableau XLV) Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLV. Étude ATLAS ACS TIMI 46 : étude clinique randomisée de phase II, en double aveugle versus placebo, évaluant l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban en association à l’aspirine seule ou à l’Aspirine + Thiénopyridine chez des malades souffrant de SCA [129]. A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled, Multicenter, Dose-Escalation and DoseConfirmation Study to Evaluate the Safety and Efficacy of Rivaroxaban in Combination With Aspirin Alone or With Aspirin and a Thienopyridine in Subjects With Acute Coronary Syndromes ; Etude ATLAS ACS TIMI 46 [129] Objectifs Étude ayant pour objectif d'évaluer l'innocuité et l'efficacité du Rivaroxaban versus placebo chez des malades souffrant de SCA et traités par l'aspirine ± Thiénopyridine, et de sélectionner la dose efficace optimale. Le but est aussi de savoir si l’association du Rivaroxaban au traitement classique permettrait d'améliorer le pronostic de ces malades, pour qui les taux de morbidité et de mortalité restent très élevés. Type d’étude Étude de recherche de dose de phase II, multicentrique, randomisée et en double-aveugle, contrôlée versus placebo. Méthodologie N = 3491 malades présentant un IDM ST ou non-ST ou un angor instable ont été randomisés, dont 761 ayant pour traitement l’aspirine seule (groupe 1), et 2730 ayant un traitement Aspirine + Clopidogrel (groupe 2): Dans chacun des deux groupes, les malades ont reçu, soit : - Bras Placebo, en 1 ou 2 prises par jour. - Bras Rivaroxaban 5 mg en 1 ou 2 prises par jour. - Bras Rivaroxaban 10 mg en 1 ou 2 prises par jour. - Bras Rivaroxaban 20 mg en 1 ou 2 prises par jour. Dans le groupe Aspirine + Clopidogrel seulement : - Bras Rivaroxaban 15 mg par jour en 1 ou 2 prises par jour. Durée de l’étude 7 mois (6 mois de traitement + suivi complémentaire de un mois). Critères d’inclusion Résultats Critères d’exclusion Malades : Les groupes 1 (n = 761) et 2 (n = 2730) ne sont pas comparables : l'angioplastie, notamment, a été réalisée dans 8,1% et 78,9% des cas respectivement (on peut donc considérer que le premier groupe représente des malades pris en charge médicalement, et le second de manière interventionnelle). Les sujets du groupe 1 sont plus âgés (60 ans versus 57), comprenant plus de femmes (32,7% vs 20%), et ont une CLcr inférieure (89,2 mL/min vs 101 mL/min). L’analyse d’efficacité a été réalisée en ITT, et l’analyse de sécurité n’a concerné que les sujets ayant reçu au moins une dose de traitement à l’étude (N = 3462). Hommes ou femmes ≥ 18 ans et < 75 ans, ayant eu des symptômes évocateurs de SCA pendant au moins 10min. au repos dans les 24h avant hospitalisation, et ayant eu pour diagnostic : soit IDM Stemi, soit IDM non Stemi, soit un angor instable, avec au moins une des caractéristiques suivantes : élévation des marqueurs enzymatiques cardiaques, déviation du segment ST ≥ 1mm, score de risque TIMI ≥ 3. Saignement actif, antécédents d’AVC hémorragiques ou d’hémorragie intracrânienne, AVC ischémique ou AIT datant de moins de 30 jours, nécessité de recevoir un traitement anticoagulant au long cours pour une autre indication (AVK par exemple), IR (CLcr < 30 mL/min) ou IH (ALAT > 3 x LSN), affections concomitantes sévères telles que choc cardiogénique, arythmies ventriculaires réfractaires, ou toute autre pathologie qui limite l’espérance de vie du malade à moins de 6 mois. Évaluation Sécurité: - Critère principal : taux de saignements cliniquement significatifsΨ (= majeurs ou mineurs selon la définition, ou nécessitant une attention médicale particulière, un traitement ou un geste chirurgical). Efficacité : - Critère principal : critère composite associant décès toute cause, IDM, AVC ou événement ischémique sévère nécessitant revascularisation. - Critère secondaire : critère composite associant décès toute cause, IDM et AVC. - Bénéfice clinique net : décès + IDM + AVC + événements ischémiques sévères nécessitant une revascularisation + saignements majeurs et mineurs (pendant durée de l’étude, soit 7 mois). Étude menée en « eventdriven », nécessitant un nombre d’évènements du critère principal = 278 pour obtenir une puissance de 80%. …/… Ψ. La définition des saignements n’est pas celle de l’ISTH comme pour les autres essais ; ici, un saignement majeur est défini comme survenant dans une zone critique ou entraînant une chute de l'hémoglobine > 5g/dL, ou une chute de l'hématocrite > 15%. Pour un saignement mineur, les valeurs seuil sont respectivement de 3 g/dL et de 9%. -75- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLV (suite et fin). Étude ATLAS ACS TIMI 46 : étude clinique randomisée de phase II, en double aveugle versus placebo, évaluant l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban en association à l’aspirine seule ou à l’Aspirine + Thiénopyridine chez des malades souffrant de SCA [129]. Résultats (suite et fin) Sécurité : Analyse sur groupe 1 + groupe 2 : Rivaroxaban Placebo 5 mg 10 mg 15 mg 20 mg Critère principal de sécurité (%) 3,1 5,5 10,4 12,2 14,8 Saignements majeurs + mineurs (%) 0,3 0,7 2,1 2,5 2,3 Saignements majeurs (%) <0,1 0,3 1,5 1,7 1,5 - Augmentation significative du risque de saignement de façon dose-dépendante, quelque soit le traitement associé (p < 0,0001). - Un décès lié à un événement hémorragique, dans le bras Rivaroxaban 10 mg. - Bras Rivaroxaban et placebo comparables concernant troubles hépatiques. - Taux d’arrêt de traitement significativement plus élevés dans les bras Rivaroxaban par rapport au bras placebo (19,7% vs 16,6%°, dus aux effets indésirables, et principalement aux saignements. Efficacité : analyse en ITT Tous sujets confondus : - Critère principal - Critère secondaire Groupe 1 : (n = 761) - Critère principal - Critère secondaire Groupe 2 : (n = 2730) - Critère principal - Critère secondaire Rivaroxaban tous dosages (%) Placebo (%) RR (IC95) 6 4,3 7,2 5,7 0,84 (0,64; 1,10) 0,76 (0,55; 1,03) 7,9 6,9 13,4 11,5 0,57 (0,36; 0,90) 0,59 (0,36; 0,96) 5,5 3,6 5,4 4,1 1,03 (0,73; 1,65) 0,89 (0,59; 1,33) - En résumé, pas de différences significatives entre les bras Rivaroxaban et le bras placebo concernant le critère principal et secondaire pour tous les sujets confondus, mais significatives pour les deux critères pour les sujets du groupe 1. Différences non significatives pour les sujets du groupe 2. Il semble donc y avoir une meilleure efficacité chez les sujets traités uniquement par aspirine. - Pour toutes les doses de Rivaroxaban, y compris les plus faibles, l’efficacité a été conservée.(proportionnalité efficacité-dose dans le groupe 1). - Le schéma thérapeutique en deux prises a fourni de meilleurs résultats dans tous les bras Rivaroxaban. - Le bénéfice clinique net a été défavorable pour les doses de 15 et 20 mg, et favorable pour les doses de 5 et 10 mg. Conclusion des auteurs L’administration de Rivaroxaban chez des malades stabilisés après SCA accroît les saignements de façon dosedépendante et pourrait réduire l’incidence des événements ischémiques. Cette large étude de phase II a aussi permis de retenir deux doses qui seront étudiées pour l’étude de phase III : les doses de 5 et 10 mg en deux prises par jour apparaissent comme ayant le meilleur bénéfice clinique net. Conclusion du CNHIM Le bénéfice clinique concernant la diminution des événements cardio-vasculaires semble effectif dans le groupe de sujets traités par aspirine seule, mais il n’est pas évident dans le groupe traité par Aspirine + Clopidogrel ; or, le taux de saignements apparaît plus élevé dès les faibles doses de Rivaroxaban dans les deux cas. Une étude de phase III est nécessaire pour mieux évaluer la balance bénéfice/risque du Rivaroxaban dans cette indication. AIT : accident ischémique transitoire ; ALAT : Alanine Amino transférase ; AVC : accident vasculaire cérébral ; AVK : antivitamine K ; IDM : infarctus du myocarde ; LSN : limite supérieure de la normale ; SCA : syndrome coronarien aigu. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -76- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Remarque : la définition choisie pour les saignements majeurs, soit une diminution de l’Hb > 5 g/dL ou chute de l’hématocrite > 15%, ou touchant une zone critique, n’était pas la même que pour les autres essais (définition de l’ISTH, International Society of Thrombosis and Haemostasis). Cela ne modifie pas les conclusions de l’étude, mais peut poser problème pour la comparaison des études entre elles. Une étude de phase III est en cours : il s’agit d’une étude randomisée en double-aveugle, contrôlée versus placebo, multicentrique, conduite en « event-driven ». Cette étude fait suite à l’étude ATLAS ACS et a pour but d’évaluer l’efficacité et la tolérance de Rivaroxaban en prévention des événements cardiovasculaires chez des malades souffrant de SCA, ajouté au traitement antiagrégant standard aspirine ± Clopidogrel. Cette étude comprend trois bras : Rivaroxaban 2,5 mg x 2/jour, Rivaroxaban 5 mg x 2/jour (qui correspondent aux doses ayant le meilleur bénéfice clinique net dans l’étude de phase 2) ou placebo x 2/jour, et a inclus 15527 malades ; le critère principal d’efficacité est un critère composite associant l’incidence de décès de cause cardio-vasculaire, d’IDM et d’AVC [130]. 4.3. Apixaban : ELIQUIS® En bref L’Apixaban est un inhibiteur direct, réversible, et hautement sélectif du site actif du facteur Xa libre et lié au caillot. Il ne nécessite pas d’antithrombine III pour exercer son activité antithrombotique, et il inhibe également l’activité de la prothrombinase. L’Apixaban a un avis favorable du Committee for medicinal products for human use (CHMP) de l’EMA pour obtention d’AMM européenne dans la prévention des évènements thromboemboliques veineux (ETEV) chez les malades adultes ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou. L’Apixaban est un inhibiteur sélectif direct FXa dérivé du Razaxaban, avec une sélectivité pour le FXa libre ou lié au caillot [131, 132], 133]. Il est développé par un partenariat entre les laboratoires Bristol Myers Squibb et Pfizer. Initialement nommé BMS-562247, son nom commercial est ELIQUIS® en Europe et aux États-Unis. 4.3.1. Renseignements généraux [134] Cf. Tableau XLVI. 4.3.2. Renseignements pharmacologiques [131, 132, 77] 4.3.2.1. Propriétés pharmacodynamiques L’Apixaban est un inhibiteur direct, réversible, et hautement sélectif du site actif du facteur Xa libre et lié au caillot (Ki = 0,08 nM). L’Apixaban ne nécessite pas d’antithrombine III pour exercer son activité antithrombotique, et il inhibe également l’activité de la prothrombinase. En inhibant le facteur Xa, l’Apixaban prévient la formation de thrombine et le développement du thrombus. Sans effet direct sur l’agrégation plaquettaire, l’Apixaban inhibe indirectement l’agrégation plaquettaire induite par la thrombine. 4.3.2.2. Propriétés pharmacocinétiques (cf. Tableau XLVII) ● Absorption La biodisponibilité absolue de l'Apixaban est d’environ 50% pour des doses allant jusqu’à 10 mg. La Cmax est obtenue 3 à 4 heures après la prise du comprimé qui peut être pris pendant ou en dehors des repas car l’absorption d’aliments n’a pas d’effet sur l’ASC ou la Cmax à une dose de 10 mg. La pharmacocinétique est linéaire avec des augmentations de l’exposition proportionnelles à la dose jusqu’à des doses orales de 10 mg. A des doses supérieures ou égales à 25 mg, l’absorption est limitée avec une diminution de la biodisponibilité. Les paramètres d’exposition varient de manière faible à modérée avec une variabilité intra-individuelle et interindividuelle respectivement de ~20% CV (Coefficient de Variation) et ~30 CV. -77- ● Distribution La liaison aux protéines plasmatiques est d’environ 87% chez l’homme. Le volume de distribution est d’environ 21 litres. ● Métabolisme et élimination L’Apixaban est métabolisé par le CYP3A4/5 avec une contribution mineure des CYP1A2, 2C8, 2C9, 2C19 et 2J2. Une O-déméthylation et une hydroxylation du groupement 3oxopipéridinyle sont les sites majeurs de biotransformation. Environ 25% de la dose administrée chez l’homme est retrouvée sous forme de métabolites. Le principal métabolite circulant retrouvé dans le plasma est inactif contre le FXa humain. L’Apixaban est un substrat des protéines de transport, la P-gp et la protéine de résistance au cancer du sein (BCRP). Les voies d’élimination sont multiples. L’élimination non rénale représente près de 75% (métabolisme hépatique, excrétions biliaire et intestinale directe). L’excrétion rénale compte pour environ 27% de la clairance totale. La clairance totale de l'Apixaban est d’environ 3,3 L/h et sa demi-vie est d’environ 12 heures. * Populations particulières - Insuffisance rénale (IR) : Les pics de concentration ne sont pas affectés par une insuffisance rénale. Il a été observé un lien entre l’augmentation de l’exposition à l’Apixaban et la diminution de la fonction rénale, évaluée par la mesure de la clairance de la créatinine. Chez les individus atteints d’insuffisance rénale légère (clairance de la créatinine de 51 à 80 mL/min), modérée (clairance de la créatinine de 30 à 50 mL/min) ou sévère (clairance de la créatinine de 15 à 29 mL/min), les concentrations plasmatiques (ASC) ont été augmentées respectivement de 16, 29, et 44%, par rapport aux individus ayant une clairance de la créatinine normale. L’augmentation de la concentration plasmatique d’Apixaban au cours de l’IR n’a pas eu d’impact significatif sur l’activité anti-facteur Xa. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLVI. Renseignements généraux de l’Apixaban ELIQUIS®. DCI Apixaban Nom déposé ELIQUIS ® Laboratoire Bristol-Myers Squibb / Pfizer EEIG Classification ATC code ATC non encore attribué au 18/08/2011 (probablement B01AX07) Renseignements administratifs - Liste I - Avis favorable du Committee for medicinal products for human use (CHMP) de l’EMA EU/1/11/691/001 : 10 comprimés pelliculés EU/1/11/691/002 : 20 comprimés pelliculés EU/1/11/691/003 : 60 comprimés pelliculés EU/1/11/691/004 : 60 x 1 comprimé pelliculé (conditionnement unitaire) EU/1/11/691/005 : 100 x 1 comprimé pelliculé (conditionnement unitaire) - Date AMM : 18/05/2011 - Réf. officielle: EMA/CHMP/87152/2011 - Agrément collectivités: non encore attribué au 18/08/2011 - Modalité(s) de dispensation: uniquement sur prescription médicale - Un plan de pharmacovigilance devra être mis en œuvre dans le cadre de l'AMM SMR/ASMR, remboursement - SMR : non encore attribué au 18/08/2011 - ASMR : non encore attribué au 18/08/2011 - Remboursement en ville et prise en charge à l’hôpital : avis non encore attribués au 18/08/2011. Présentation - Comprimés pelliculés jaunes, ronds, et gravés avec “893” sur une face et “2½” sur l’autre face - Plaquettes thermoformées Alu-PVC/PVdC de 10 comprimés pelliculés. Boîtes de 10, 20 et 60. - Plaquettes thermoformées Alu-PVC/PVdC prédécoupées pour délivrance à l'unité de 60 x 1 comprimé pelliculé ou de 100 x 1 comprimé pelliculé. Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées. Composition Chaque comprimé pelliculé contient 2,5 mg d’Apixaban. Liste des excipients Chaque comprimé pelliculé contient 51,43 mg de lactose. - Noyau du comprimé : Lactose anhydre, Cellulose microcristalline (E460), Croscarmellose sodique, Laurylsulfate de sodium, Stéarate de magnésium (E470b) - Pelliculage : Lactose monohydraté, Hypromellose (E464), Dioxyde de titane (E171), Triacétine (E1518), Oxyde de fer jaune (E172) Conditions de conservation Durée de conservation: 36 mois sans précautions particulières ASMR : amélioration du service médical rendu ; SMR : service médical rendu. Tableau XLVII. Principaux paramètres pharmacocinétiques de l'Apixaban. Paramètres cinétiques Biodisponibilité Tmax 50% 3à4h T1/2 Volontaires sains : 12h LPP Forte : 87% Vd 21 litres Métabolisme hépatique Élimination - cytochromes P450 (principalement le CYP3A4/5) - O-déméthylation et hydroxylation - rénale (27%) - biliaire, et intestinale directe LPP : liaison aux protéines plasmatiques ; T1/2 : demi-vie ; Vd : volume de distribution. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -78- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban - Sujets âgés : Les malades âgés de 65 ans ou plus ont présenté des concentrations plasmatiques plus élevées que les malades jeunes, avec des valeurs d'ASC moyenne supérieures d’environ 32%. - Insuffisance hépatique (IH) : Dans une étude comparant 8 sujets atteints d’insuffisance hépatique légère et 8 sujets atteints d’insuffisance hépatique modérée à 16 volontaires sains, la pharmacocinétique et la pharmacodynamie de 5 mg d’Apixaban n’ont pas été altérées chez les sujets atteints d’insuffisance hépatique. Les modifications de l’activité anti-Facteur Xa et de l’INR ont été comparables chez les sujets atteints d’insuffisance hépatique légère à modérée et chez les volontaires sains. - Poids corporel Comparé à l’exposition à l’Apixaban observée chez les sujets pesant entre 65 et 85 kg, un poids > 120 kg a été associé à une exposition inférieure de 30% et un poids < 50 kg a été associé à une exposition supérieure de 30%. - Sexe L’exposition à l’Apixaban a été supérieure d’environ 18% chez les femmes que chez les hommes. - Origine ethnique Les résultats de l'étude de phase 1 n'ont montré aucune différence perceptible entre la pharmacocinétique de l'Apixaban chez les sujets Blancs/Caucasiens, les Asiatiques et les Noirs/Afro-américains. Les observations de l’analyse pharmacocinétique de population chez les malades traités par l’Apixaban après une intervention chirurgicale pour prothèse totale de hanche ou de genou ont été cohérentes avec les résultats des études de phase 1. - Rapport pharmacocinétique / pharmacodynamique (PK/PD) Le rapport entre la concentration plasmatique d'Apixaban et l’activité anti-Facteur Xa suit un modèle linéaire dans une large gamme de doses (de 0,5 mg à 50 mg). 4.3.2.3. Données préclinique de sécurité Les données précliniques ne mettent pas en évidence de risque particulier pour l'être humain. Une diminution de la fécondité et du nombre d’accouplements de la descendance femelle des rates ayant reçu de l’Apixaban au cours de la gestation a été observée. Ces effets ont été minimes et observés uniquement à des expositions considérées comme suffisamment supérieures par rapport à l’exposition maximale chez l’homme, représentant ainsi une faible pertinence en utilisation clinique. Les effets majeurs observés dans les études de toxicologie en administrations répétées ont été ceux liés à l'action pharmacodynamique de l'Apixaban sur les paramètres de la coagulation sanguine. Dans les études de toxicologie, l'augmentation des saignements n’a pas voire peu été observée. Cependant, ce résultat doit être interprété avec prudence lors de l'extrapolation chez l’homme. 4.3.3. Renseignements thérapeutiques [134] 4.3.3.1. Indications L’Apixaban a un avis favorable du Committee for medicinal products for human use (CHMP) de l’EMA [135] pour obtention d’AMM européenne dans la prévention des évènements thromboemboliques veineux (ETEV) chez les malades adultes ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou. 4.3.3.2. Posologie La dose recommandée est de deux prises orales quotidiennes de 2,5 mg. La première dose doit être prise 12 à 24 heures après l’intervention chirurgicale. L’heure de prise dans l’intervalle d’administration de 12 à 24 heures après l’intervention chirurgicale est déterminée en fonction des bénéfices potentiels sur la prévention des évènements thromboemboliques veineux et des risques de saignement post-chirurgical d’un traitement anticoagulant plus ou moins précoce. ● En chirurgie orthopédique - pour prothèse totale de hanche : La durée de traitement recommandée est de 32 à 38 jours. - pour prothèse totale de genou : La durée de traitement recommandée est de 10 à 14 jours. Populations particulières et adaptations posologiques : - IR : Chez les malades ayant une clairance de la créatinine < 15 mL/mn -79- ou dialysés, l’utilisation d’Apixaban n’est pas recommandée compte tenu de l’absence d’expérience clinique. Chez les malades ayant une insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine de 15 à 29 mL/mn), des données cliniques limitées indiquent que les concentrations plasmatiques d'Apixaban sont augmentées. Par conséquent, l’Apixaban doit être utilisé avec précaution chez ces malades. Aucun ajustement posologique n'est nécessaire chez les malades présentant une insuffisance rénale légère ou modérée. - IH: L’Apixaban est contre-indiqué chez les malades présentant une atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. L’Apixaban n’est pas recommandé chez les malades présentant une insuffisance hépatique sévère et doit être utilisé avec précaution chez les malades présentant une insuffisance hépatique légère ou modérée (Child Pugh A ou B). Aucun ajustement posologique n’est nécessaire chez les malades présentant une insuffisance hépatique légère ou modérée. Les malades ayant un taux d'enzymes hépatiques > 2 x LNS, ou un taux de bilirubine totale ≥ 1,5 x LNS, ont été exclus des études cliniques. Par conséquent, l’Apixaban doit être utilisé avec précaution dans cette population. Le taux d’ALAT doit être mesuré dans le cadre du bilan préopératoire standard. - Poids corporel, sexe, sujets âgés : aucun ajustement posologique n’est nécessaire. - Enfants et adolescents : Il n’y a pas de données de sécurité et d’efficacité disponibles chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans. L’EMA a différé l’obligation de soumettre les résultats d’études réalisées avec l'Apixaban dans un ou plusieurs sous-groupes de la population pédiatrique dans les événements thromboemboliques veineux et artériels. - Grossesse Il n’existe pas de données sur l’utilisation de l'Apixaban chez la femme enceinte. Les études effectuées chez l’animal n'ont pas mis en Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban évidence d’effets délétères directs ou indirects sur la reproduction. L’utilisation pendant la grossesse n’est pas recommandée. - Allaitement Il n’existe aucune donnée clinique concernant l’excrétion d’Apixaban ou ses métabolites dans le lait maternel. Les données disponibles chez l’animal indiquent que l'Apixaban passe dans le lait. Chez le rat, il a été observé un rapport élevé entre le plasma maternel et le lait (d’environ 8 pour la Cmax, et 30 pour l’ASC), peut être en raison d’un transport actif dans le lait. Un risque pour les nouveau-nés et les nourrissons ne peut être exclu. Un choix doit donc être fait entre l’arrêt de l’allaitement ou l’interruption/la non prise du traitement par Apixaban. - Fécondité Les études réalisées chez l’animal n’ont pas mis en évidence d’effet sur la fécondité. Néanmoins, une diminution de la fécondité et du nombre d’accouplements a été observée dans la descendance femelle des rates ayant reçu de l’Apixaban au cours de la gestation. - Relais antithrombotique par voie parentérale : Le passage d'anticoagulants par voie parentérale à l’Apixaban (et vice versa) peut se faire à l'heure prévue de la dose suivante. 4.3.3.3. Mode d’administration Les comprimés doivent être administrées par voie orale, avec de l'eau, pendant ou en dehors des repas. - En cas de prise(s) supplémentaire(s) volontaire(s) ou accidentelle(s) : Le risque de saignement est augmenté, il est recommandé de prescrire une analyse de sang afin de déterminer le risque de saignement. En cas de saignement, un traitement chirurgical ou des transfusions sanguines peuvent être nécessaires. - En cas d’omission d'une ou plusieurs doses : Prendre immédiatement le comprimé oublié et poursuivre le traitement avec la dose quotidienne habituelle. Ne pas prendre de dose double pour compenser la dose oubliée. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 4.3.3.4. Contre-indications - Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Ce médicament contient du lactose. Il est contre-indiqué chez les malades présentant une pathologie héréditaire rare telle qu’une intolérance au galactose, un déficit en lactase de Lapp ou un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose. - Saignement évolutif cliniquement significatif. - Atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. 4.3.3.5. Mises en garde spéciales et précautions d’emploi - Risque hémorragique : Il est recommandé une surveillance étroite à la recherche de signes hémorragiques ainsi qu’une utilisation avec précaution dans les situations où le risque d’hémorragie est augmenté, tels que : troubles congénitaux ou acquis de la coagulation ; maladie ulcéreuse gastro-intestinale évolutive ; endocardite bactérienne ; thrombocytopénie ; anomalie plaquettaire; antécédent d’accident vasculaire cérébral hémorragique; hypertension artérielle sévère non contrôlée ; intervention chirurgicale cérébrale, rachidienne ou ophtalmique récente. Les signes, les symptômes, et la sévérité du saignement varieront en fonction de la localisation et du degré ou de l’étendue de l’hémorragie Le traitement par Apixaban doit être interrompu en cas de survenue d’hémorragie sévère. - Intervention chirurgicale pour fracture de hanche : Lors des études cliniques, l’efficacité et la sécurité d'Apixaban n’ont pas été évaluées chez les malades bénéficiant d’une chirurgie pour fracture de hanche. Par conséquent, Apixaban n’est pas recommandé chez ces malades. - Anesthésie péridurale/rachidienne ou ponction : La réalisation de ce type d’anesthésie chez les malades traités préventivement par des médicaments antithrombotiques, entraîne un risque d’apparition d’hématome péridural ou rachidien pouvant provoquer une paralysie prolongée ou permanente. Comme avec tous les nouveaux médicaments anticoagulants, l’expérience clinique en présence d’une anesthésie neuraxiale est limitée et une prudence extrême est recommandée. -80- 4.3.3.6. Interactions menteuses Interactions ques médica- pharmacodynami- - Antithrombotiques et antiagrégants plaquettaires : administration concomitante non recommandée (HNF et dérivés de l'héparine, HBPM, Fondaparinux, Désirudine, thrombolytiques, antagonistes des récepteurs GPIIb/IIIa, Clopidogrel, Dipyridamole, Dextran, Sulfinpyrazone, antivitamines K, et autres anticoagulants oraux). - AINS : l’Apixaban doit être utilisé avec précaution lors d'une coadministration avec des AINS (dont l’acide acétylsalicylique) et une surveillance étroite des signes de saignement est recommandée. Interactions ques pharmacocinéti- L’administration concomitante d’inducteurs puissants du CYP3A4 et de la P-gp (ex. rifampicine, Phénytoïne, Carbamazépine, phénobarbital ou millepertuis) peut entraîner une diminution d’environ 50% des concentrations plasmatiques d'Apixaban. Aucun ajustement posologique d'Apixaban n’est nécessaire en cas de traitement concomitant avec de tels médicaments, cependant les inducteurs puissants du CYP3A4 et de la P-gp doivent être coadministrés avec précaution - Les inhibiteurs puissants du CYP3A4 et de la P-gp, tels que les antimycosiques azolés (ex. Kétoconazole, Itraconazole, Voriconazole et Posaconazole) et les inhibiteurs de la protéase du VIH (ex. Ritonavir) peuvent multiplier par 2 l’exposition à l’Apixaban, ou plus en présence de facteurs additionnels qui augmentent l'exposition à l’Apixaban (ex. insuffisance rénale sévère). L'utilisation d'Apixaban n'est pas recommandée chez les malades recevant simultanément un traitement systémique par des inhibiteurs puissants du CYP3A4 et de la P-gp. Aucun ajustement posologique d'Apixaban n’est nécessaire en cas de co-administration avec des inhibiteurs moins puissants du CYP3A4 et/ou de la P-gp. - L’Apixaban n’a pas entraîné d’induction des CYP1A2, CYP2B6, ou CYP3A4/5 à des concentrations atteignant jusqu'à 20 µM lors d’études in vitro. Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Il ne devrait pas altérer la clairance métabolique de médicaments coadministrés et métabolisés par ces enzymes. De même, l’Apixaban n’est pas un inhibiteur significatif de la P-gp. 4.3.3.7. Effets indésirables La tolérance de l’Apixaban a été évaluée dans le cadre d’une étude de phase II et de trois études de phase III portant sur 5 924 malades exposés à 2,5 mg d’Apixaban 2 fois par jour, ayant reçu une intervention chirurgicale orthopédique majeure des membres inférieurs (chirurgie pour prothèse totale de hanche ou de genou) et ayant été traités jusqu’à 38 jours. Au total, 11% des malades traités par 2,5 mg d’Apixaban 2 fois par jour ont présenté des effets indésirables. Comme avec d’autres anticoagulants, des saignements peuvent survenir au cours du traitement par Apixaban en présence de facteurs de risque associés tels que des lésions organiques susceptibles de saigner. Les effets indésirables doivent être interprétés en tenant compte du contexte chirurgical. Les effets indésirables de l’étude de phase II et des trois études de phase III sont présentés par classe de systèmes d’organes (classification MedDRA) et par fréquence dans le Tableau XLVIII. 4.3.3.8. Surdosage Il n’existe pas d’antidote à l’Apixaban. Un surdosage d'Apixaban peut entraîner une augmentation du risque hémorragique. En cas de complications hémorragiques, le traitement doit être interrompu et l’origine du saignement recherchée. L’initiation d’un traitement approprié, par exemple une hémostase chirurgicale ou la transfusion de plasma frais congelé, doit être envisagée. Dans les études cliniques contrôlées, l’administration orale d’Apixaban à des volontaires sains à des doses allant jusqu’à 50 mg par jour pendant 3 à 7 jours (25 mg deux fois par jour pendant 7 jours ou 50 mg une fois par jour pendant 3 jours), soit 10 fois la dose quotidienne maximale recommandée chez l’homme, n’a pas entraîné d’effets indésirables cliniquement pertinents. L’administration orale de charbon actif jusqu’à 3 heures après l’administration d’Apixaban réduit l’exposition. L’utilisation de charbon actif peut être envisagée dans la prise en charge d'un surdosage d'Apixaban. Si les mesures ci-dessus ne suffisent pas à contrôler un saignement engageant le pronostic vital, l’administration de facteur VIIa -81- recombinant pourra être envisagée, mais l’utilisation du facteur VIIa recombinant chez les personnes traitées par Apixaban n’est pas documentée à ce jour. Un nouveau dosage et titrage du facteur VIIa recombinant doivent être envisagés en fonction de la résorption du saignement. 4.3.3.9. Modification des paramètres biologiques et surveillance biologique L’Apixaban perturbe les tests d’hémostase de pratique quotidienne (augmentation du TQ, de l’INR et du TCA). Les modifications de ces paramètres de la coagulation aux doses thérapeutiques sont faibles et sujettes à un degré de variabilité important. Ils ne sont pas recommandés pour évaluer les effets pharmacodynamiques de l'Apixaban. L’Apixaban entraîne également une réduction de l’activité enzymatique du Facteur Xa dans de multiples kits anti-FXa commercialisés, cependant les résultats diffèrent selon les kits. Les données des études cliniques ne sont disponibles que pour le dosage par la méthode chromogénique Rotachrom Heparin. (cf. partie spécifique sur le suivi biologique des nouveaux antithrombotiques) Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau XLVIII. Effets indésirables de l’Apixaban (classification MedDRA) chez les malades ayant une chirurgie pour prothèse totale de hanche ou de genou [134]. Fréquents (≥ 1% et < 10%) Affections hématologiques et du système lymphatique Peu fréquents (≥ 0,1% et < 1%) Anémie (dont anémie postopératoire, anémie héThrombocytopénie (dont morragique, et paramètres diminution de la numération biologiques corresponplaquettaire) dants) Affections du système immunitaire Hypersensibilité Hémorragie oculaire (dont hémorragie conjonctivale). Affections oculaires Affections vasculaires Hémorragie (dont hématome, hémorragie vaginale, urétrale) Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales Affections gastrointestinales Rares ou très rares (≥ 0,01% et < 0,1%) Hypotension (dont hypotension liée à la procédure) Épistaxis Hémoptysie Hémorragie gastro-intestinale (dont hématémèse et méléRectorragie, gingivorragie na), hématochézie Nausée Élévation : des transaminases (alanine aminotransférase), de la phosphatase alcaline sanguine, de la bilirubine sanguine, de l’aspartate aminotransférase, de la gammaglutamyltransférase, tests de la fonction hépatique anormaux Affections hépatobiliaires Affections musculosquelettiques et systémiques Hémorragie musculaire Affections du rein et des voies urinaires Hématurie (avec paramètres biologiques correspondants) Lésions, intoxications et complications liées aux procédures Hémorragie postopératoire (dont hématome postopératoire, hémorragie au niveau de la plaie, hématome au site d’injection et hémorragie au niveau du cathéter), suintement au niveau de la plaie, hémorragie au site d’incision (dont hématome au site d’incision), hémorragie opératoire Contusions ALAT : Alanine Amino Transférase ; ASAT : Aspartate Amino Transférase. POINTS CLÉS Apixaban : > Administration orale en deux prises par jour à dose unique (2,5 mg). Absence d’effet des aliments. Absorption rapide (Tmax 3 à 4 h) Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 > Corrélation linéaire entre concentration et effet antithrombotique = effet dose-dépendant prévisible. > Aucun ajustement posologique n'est nécessaire en cas d’IR modérée, chez les sujets âgés et pour les poids extrêmes. -82- > CI absolues en cas d’IH sévère associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif > Métabolisme : - Peu d’interactions avec les aliments mais risque d’interactions Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban avec les inhibiteurs puissants du CYP450 et de la P-gp - Aucun ajustement posologique n'est nécessaire avec les inhibiteurs ou inducteurs modérés du CYP450 et de la P-gp. - Pas de prodrogue, pas de métabolite actif - Voies d’élimination et d’excrétion multiples / clairance rénale ≈ 27 % > Contient du lactose. > Pas d’antidote en cas de surdosage. > Aucune surveillance biologique n’est préconisée par le laboratoire ; néanmoins, des tests spécifiques et standardisés pourraient être utiles dans certaines situations : sujets âgés, IR et polymédiqués, hémorragies, extensions de thromboses. Les kits de dosage ne sont pas encore disponibles. préliminaire et les résultats n’en sont pas encore publiés. L’Apixaban a obtenu un avis favorable du Committee for medicinal products for human use (CHMP) de l’EMA le 18 mai 2011 pour une AMM européenne dans la prévention des ETEV chez les malades adultes bénéficiant d’une intervention chirurgicale pour prothèse totale de hanche ou de genou. Un plan de pharmacovigilance ou plan de gestion de risque devra être mis en œuvre dans le cadre de la future AMM. À cette date (25/08/2011), l’Apixaban ne possède aucun agrément FDA, et ne bénéficie en Europe d’un avis favorable pour AMM que pour cette indication. Au vu de résultats favorables dans la prévention des AVC lors de FA, une demande d’AMM devrait être déposée en fin d’année 2011 à la fois à la FDA et à l’EMA. 4.3.4. Études cliniques Au 25/08/2011, l’Apixaban a fait l’objet de 18 études, achevées ou en cours, comportant des essais de phase I (Cf. Tableau XLIX), phase II ou III (Cf. Figure 2). Neuf de ces essais de phase III, randomisés, en double aveugle, achevés ou en cours (Cf. Figure 2), font partie du programme d’essais cliniques EXPANSE qui prévoit d'inclure près de 60 000 malades dans le monde pour de multiples indications et populations de malades. Les indications pour lesquelles les essais cliniques sont les plus avancés sont la prévention des ETEV lors de chirurgie orthopédique majeure (Tableau L), et la prévention des AVC en cas de Fibrillation atriale (Tableau LI). La plupart des essais concernant les autres indications sont à un stade Tableau XLIX. Essais cliniques de l’Apixaban en phase I au 25/08/2011 (source : www.clinicaltrials.org). NCT00914641 [136] NCT01340586 [137] NCT01195727 [138] Statut Terminée Active Active Date de fin Août 2009 Septembre 2011 Janvier 2012 Type d'étude Pharmacocinétique, randomisée, ouverte Pharmacocinétique, non randomisée, ouverte Pharmacocinétique, non randomisée, ouverte Population Volontaires sains Sujets hémodialysés Sujets pédiatriques avec un cathéter veineux central Paramètres étudiés Biodisponibilité, Cmax, C24, AUC, Tmax, Demi-vie (t½) sur 96 heures Paramètres pharmacocinétiques Paramètres pharmacocinétiques individuels et de population modélisée Nombre de malades 16 16 60 Apixaban solution orale à doses multiples selon l’âge des sujets : Dose unique de 10 mg d’Apixaban sous forme de : Traitement à l'étude - comprimé à libération immédiate (IR) ou Groupe 1 (âgés de moins de 27 jours) : 0,22 mg/m² x 2/j Dose unique de 5 mg d’Apixaban - comprimés à libération modifiée (MR1, MR2 ou MR3) Groupe 2 (âgés de 27 jours à 2 ans) : 0,29 mg/m² x 2/j Groupe 3 (âgés de 2 à 6 ans) : 0,41 mg/m² x 2/j Groupe 4 (âgés de 6 à 12 ans) : 0,60 mg/m² x 2/j Groupe 5 (âgés de 12 à 18 ans) : 0,66 mg/m² x 2/j Durée du traitement 4 jours 4 jours -83- 10 jours Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Prévention ETEV post chirurgie orthopédique majeure APROPOS [139, 140] (II) (T) ADVANCE-1 [141, 142] (III) (EXP) (T) ADVANCE-2 [143, 144] (III) (EXP) (T) ADVANCE-3 [145, 146] (III) (EXP) (T) Prévention des AVC sur Fibrillation atriale NCT00787150 [147] (II) (T) ARISTOTLE [148, 149, 150] (III) (EXP) (T) AVERROES [151, 152, 153] (III) (EXP) (T) Prévention ETEV pathologie médicale aiguë CV185-027 ADVOCATE [154] (II) (T) ADOPT [155] (III) (EXP) (A) Prévention secondaire post syndrome coronarien aigu APPRAISE-1 [156, 157, 158] (II) (T) APPRAISE-2 [159, 160] (III) (EXP) (S) APPRAISE Japon [161] (III) (EXP) (S) Traitement ETEV BOTICELLI [162] (II) (T) AMPLIFY [163] (III) (EXP) (A : fin en décembre 2012) AMPLIFY-EXT [164] (III) (EXP) (A : fin en avril 2013) (I, II, III): Phase; (EXP): programme EXPANSE ; Statut: (T : terminée) ; (A : active) ; (S : stoppée) Les études ADVANCE 2 et 3 ont permis l’obtention d’un avis favorable pour AMM européenne. L’étude APPRAISE-2 a été stoppée prématurément sur recommandation d'un comité de suivi des données indépendant (DMC) suite à une augmentation cliniquement importante de saignements chez les malades recevant l’Apixaban. Basée sur cette recommandation, le DMC pour APPRAISE-Japon a également recommandé l'abandon de son étude. Figure 2. Indications, statut et durée prévisionnelle des études cliniques de phase II ou III sur l’Apixaban (au 25/08/2011, source : www.clinicaltrials.org) Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -84- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau L. Études cliniques sur l’Apixaban dans la prévention des ETEV post chirurgie orthopédique majeure de genou ou de hanche (au 25/08/2011, source : www.clinicaltrials.org). APROPOS ADVANCE-1 ADVANCE-2 ADVANCE-3 [139] [141] [142] [145] N° NCT NCT00097357 NCT00371683 NCT00452530 NCT00423319 Statut Terminée Terminée Terminée Terminée Date de fin Décembre 2005 Mai 2008 Janvier 2009 Septembre 2009 Objectif Prévention de la thrombose veineuse profonde et de l’embolie pulmonaire après chirurgie orthopédique majeure Phase II/III III III III Hypothèse Non infériorité Non infériorité Non infériorité Non infériorité Type d'étude Malades Randomisée, double aveugle, groupes parallèles, double placebo, multicentrique genou genou genou hanche Critère d'évaluation principal * critère composite de TVP asymptomatiques et symptomatiques, EP non mortelles et toutes causes de décès Critère de tolérance principal saignements durant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament à l'étude Nombre de malades 1238 Traitement à l'étude Apixaban 3 doses uniques (5 ou 10 ou 20 mg) et 3 doses bijournalières (2,5 ou 5 ou 10 mg) Traitement de référence Enoxaparine 30 mg x2/j, Warfarine INR 1,8-3,0 Enoxaparine 30 mg x2/j Enoxaparine 40 mg x1/j Enoxaparine 40 mg x1/j Durée du traitement 12 ± 2 jours 10 à 14 jours 12 jours 35 jours 3202 3054 5406 Apixaban 2,5 mg x2/j Données principales : voir les fiches détaillés correspondantes. * Commentaire général : Le critère d'évaluation composite comprend des critères orientés « maladie » (TVP asymptomatique) et des critères orientés « malade » (TVP symptomatique). L'utilisation d'un critère d’évaluation composite comprenant la TVP asymptomatique est recommandé par l'Agence européenne des médicaments pour évaluer l'efficacité de cette classe de médicaments et répondre aux exigences d'octroi d’AMM [165]. Toutefois, la pertinence et la signification clinique de la mesure d'un critère d’évaluation orienté « maladie » plutôt que « malade », tel que TVP asymptomatique, est remise en question [166, 167]. De plus, le critère composite évalue essentiellement l’incidence d’événements asymptomatiques dont le lien direct avec la survenue de thromboses veineuses symptomatiques ou d’embolies pulmonaires n’est pas clairement établi. Il convient de noter également que dans les essais ADVANCE-2 et -85- ADVANCE-3, l’Enoxaparine souscutanée a été administrée 12 heures avant la chirurgie, ce qui est conforme à l’AMM française mais diffère des recommandations de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation, qui sont de commencer une HBPM en post-opératoire dans ces indications (au plus tôt quatre heures après la chirurgie pour éviter un surcroît de risque hémorragique) et de celles du National Institute for Clinical Excellence (NICE) qui préconisent également une administration postopératoire. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LI. Études cliniques sur l’Apixaban dans la prévention des AVC chez les malades souffrant de Fibrillation atriale non valvulaire (au 31/08/2011, source : www.clinicaltrials.org). NCT00787150 Japon ARISTOTLE AVERROES [147] [148] [151] N° NCT NCT00787150 NCT00412984 NCT00496769 Statut Terminée Terminée Active, sans recrutement Septembre 2009 Mai 2011 Septembre 2012 Prévention des AVC Prévention des AVC Prévention des AVC II III III NR Non infériorité avec objectif secondaire de test pour supériorité sur le critère d ‘évaluation principal et les taux de saignements majeurs et décès toutes causes supériorité Date de fin Objectif Phase Hypothèse Type d'étude Randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique Malades malades souffrant de Fibrillation atriale non valvulaire malades atteints de Fibrillation atriale avec au moins un facteur de risque pour AVC malades souffrant de Fibrillation atriale non valvulaire et non inéligibles aux AVK Critère d'évaluation principal * saignements majeurs ou non majeurs cliniquement significatifs Incidence d’AVC (ischémique ou hémorragique) ou d’embolie systémique Incidence d’AVC (ischémique ou hémorragique) ou d’embolie systémique Critère de tolérance principal NA saignements majeurs, selon les critères de la Société internationale sur la thrombose et l'hémostase (ISTH). saignements majeurs Nombre de malades 222 18201 5599 Apixaban 2,5 mg x2/j ou 5 mg x2/j Apixaban 5 mg x2/j Apixaban 5 mg x2/j Warfarine INR 1,8-3,0 Warfarine INR 2,0-3,0 Acide Acétylsalicylique 12 semaines 18 mois 13 mois Traitement à l'étude Traitement de référence Durée du traitement Données principales : voir les fiches détaillées correspondantes. AVC : accident vasculaire cérébral ; AVK : antivitamine K ; INR : International Normalized Ratio. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -86- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LII. Études cliniques sur l’Apixaban dans la prévention des ETEV en pathologie médicale aiguë (au 25/08/2011, source : www.clinicaltrials.org) CV185-027 ADVOCATE ADOPT [154] [155] N° NCT NCT00320255 NCT00457002 Statut Terminée Terminée Janvier 2009 Mai 2011 Prévention de la TEV et de l’embolie pulmonaire chez les malades traités pour cancer avancé ou métastatique Prévention de la TEV et de l’embolie pulmonaire chez les malades hospitalisés avec risque de TEV. II III NR NR Date de fin Objectif Phase Hypothèse Type d'étude Malades Critère d'évaluation principal Critère de tolérance principal Nombre de malades Traitement à l'étude Traitement de référence Durée du traitement Randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique Cancer Pathologie médicale aiguë ETEV critère composite ETEV et décès liés à ETEV Saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs 129 6524 Apixaban 5 mg x1/j Apixaban 2,5 mg x2/j 30 jours Placebo Enoxaparine 30 mg x1/j, 6-14 jours 12 semaines Cf. Traitements ETEV : évévement thrombo-embolique veineux ; NR : non renseigné ; TEV : thrombo-embolie veineuse. -87- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LIII. Études cliniques sur l’Apixaban dans la prévention secondaire des syndromes coronariens aigus (au 25/08/2011, source : www.clinicaltrials.org) APPRAISE-1 APPRAISE Japon APPRAISE-2 [156] [161] [159] NCT00313300 NCT00852397 NCT00831441 Statut Terminée Arrêt prématuré pour raison de sécurité : du fait de l’arrêt de APPRAISE-2 pour des problèmes de saignement, le comité indépendant de suivi a également recommandé l’arrêt de cette étude. Arrêt prématuré pour raison de sécurité basé sur la recommandation d'un comité indépendant de suivi des données (excès de saignements dans le groupe Apixaban) Date de fin Mai 2008 Décembre 10 Novembre 2011 N° NCT Objectif Phase Hypothèse Type d'étude Prévention secondaire post Syndrome coronarien aigu (post-SCA) en plus de la bithérapie standard par anti-agrégants plaquettaires (aspirine avec ou sans Clopidogrel) II II III supériorité supériorité supériorité Randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique Malades SCA récent (< 7 jours) avec ou sans élévation ST SCA récent (< 7 jours) chez malades japonais SCA récent (< 7 jours) et au moins deux facteurs de risque supplémentaires pour des événements ischémiques récurrents Critère d'évaluation principal saignements majeurs ou non majeurs cliniquement significatifs selon ISTH Décès cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde, AVC ischémique Étude de tolérance saignements majeurs selon TIMI Critère de tolérance principal Nombre de malades 1715 151 7392 sur 10800 prévus Apixaban Traitement à l'étude Traitement de référence Durée du traitement 2,5 mg x2/j 10 mg x1/j 10 mg x2/j 20 mg x1/j Apixaban 2,5 mg x2/j ou 5 mg x2/j Apixaban 5 mg x2/j Placebo Placebo Placebo 26 semaines 24 semaines 8 mois AVC : accident vasculaire cérébral ; SCA : syndrome coronarien aigu ; ST : segment T. Commentaires : APPRAISE-1 : Les posologies 10 mg x 2/j et 20 mg x 1/j ont été arrêtées du fait d’un excès de saignements. APPRAISE-2 : Il n'y a pas eu de bénéfice en termes d'efficacité, le taux de décès cardiovasculaire, d'infarctus ou d'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique atteignant 7,5% sous Apixaban et 7,9% sous placebo. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Le risque de saignements majeurs a été 2,59 fois plus élevé sous Apixaban (1,3% contre 0,5%). Cette augmentation des saignements n'était pas compensée par une réduction cliniquement pertinente des événements ischémiques. En particulier, il y a eu plus d'hémorragies fatales (5 contre 0) et d'hémorragies intracérébrales (12 contre 3) sous Apixaban que sous placebo. Le traitement par Apixaban, par rapport au placebo, a donc été asso- -88- cié à une augmentation significative du risque de saignement, sans effet significatif sur les évènements ischémiques récidivants. De plus, les auteurs « soulèvent des doutes quant à la possibilité d'obtenir une efficacité supplémentaire significative avec un risque acceptable de saignement en combinant un anticoagulant oral à long terme avec l'aspirine et un antagoniste des récepteurs P2Y12 chez les malades ayant une maladie coronaire ». Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LIV. Études www.clinicaltrials.org) cliniques sur l’Apixaban dans le traitement des TVP (au 25/08/2011, source : Botticelli DVT Study AMPLIFY AMPLIFYEXT [162] [163] [164] N° NCT NCT00252005 NCT00643201 NCT00633893 Statut Terminée En recrutement En recrutement Février 2007 Décembre 2012 Décembre 2012 Traitement TVP/EP aiguë Traitement TVP/EP aiguë Traitement étendu TVP/EP II III III supériorité supériorité supériorité Date de fin Objectif Phase Hypothèse randomisée, double aveugle, groupes parallèles, multicentrique Type d'étude thrombose veineuse profonde aiguë symptomatique Critère d'évaluation principal * Composite de TEV symptomatique (TVP récurrente ou EP et détérioration de la charge thrombotique évaluée par échographie de compression bilatérale ou scintigraphie de perfusion Critère de tolérance principal saignements majeurs ou non majeurs cliniquement significatifs saignements majeurs ou non majeurs cliniquement significatifs saignements majeurs ou non majeurs cliniquement significatifs 520 4816 2430 5 mg x2/j ou 10 mg x2/j ou 20 mg x1/j 10 mg x2/j x7j puis 5 mg x2/j 2,5 mg x2/j ou 5 mg x2/j traitement conventionnel par HBPM ou Fondaparinux puis AVK Enoxaparine 1 mg/kg x2/j INR ≥ 2 puis Warfarine INR 2,0-3,0 Placebo 84-91 jours 6 mois 12 mois Nombre de malades Traitement à l'étude Traitement de référence Durée du traitement malades avec TVP ou EP aiguë malades ayant reçu 6 à 12 mois de traitement pour TVP ou EP Malades TEV récurrente ou décès L’essai BOTICELLI n’a pas mis en évidence de relation dose-réponse de l’Apixaban AVK : anitvitamine K ; EP : embolie pulmonaire ; TEV : thrombo-embolie veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. 4.3.4.1. Études dans la prévention des ETEV en chirurgie orthopédique [134]. L’Apixaban a été étudié dans une population de malades adultes bénéficiant d’une intervention chirurgicale pour prothèse totale de genou ou de hanche. Un total de 8464 malades ont été randomisés dans deux études pivots (ADVANCE-2 et ADVANCE-3), en double aveugle, internationales comparant 2,5 mg d’Apixaban 2 fois par jour par voie orale (4236 malades) ou 40 mg d’Enoxaparine 1 fois par jour (4228 malades). La population totale incluait 1262 malades (618 dans le groupe Apixaban) âgés de 75 ans ou plus, 1004 malades (499 dans le groupe Apixaban) ayant un faible poids corporel (≤ 60 kg), 1495 malades (743 dans le groupe Apixaban) ayant un IMC ≥ 33 kg/m2, et 415 malades (203 dans le groupe Apixaban) présentant une insuffisance rénale modérée. 3057 malades programmés pour une prothèse totale de genou ont été inclus dans l’étude ADVANCE-2, et 5407 malades programmés pour une prothèse totale de hanche ont été inclus dans l’étude ADVANCE-3. Les sujets ont reçus soit 2,5 mg d’Apixaban 2 fois par jour par voie orale soit 40 mg d’Enoxaparine 1 -89- fois par jour par voie sous-cutanée. La première dose d’Apixaban était donnée 12 à 24 heures après l’intervention chirurgicale, alors que l’administration d’Enoxaparine était débutée 9 à 15 heures avant l’intervention. L’Apixaban et l’Enoxaparine ont été administrés pendant 10 à 14 jours dans l’étude ADVANCE-2 et pendant 32 à 38 jours dans l’étude ADVANCE-3. Sur la base des antécédents médicaux des populations étudiées dans ADVANCE-2 et ADVANCE-3 (8464 malades), 46% présentaient une hypertension, 10% une hyperlipidémie, 9% un diabète, et 8% une maladie coronarienne. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Les critères de tolérance des hémorragies majeures (critère composite rassemblant les hémorragies majeures et les hémorragies non majeures cliniquement pertinentes), et toutes les hémorragies ont montré des taux similaires chez les malades traités par Apixaban 2,5 mg par rapport à Enoxaparine 40 mg. Tous les critères hémorragiques compre- naient les hémorragies au site de chirurgie. Les incidences globales des évènements indésirables tels que saignement, anémie et taux anormal de transaminases (alanine aminotransférase) ont été numériquement plus faibles chez les malades sous Apixaban comparé à Enoxaparine dans les études de phase II et III pour pro- thèse totale de hanche ou de genou. Dans l'étude de chirurgie pour prothèse de genou, 4 cas d’EP ont été diagnostiqués dans le bras Apixaban versus 0 cas dans le bras Enoxaparine, dans la période en intention de traiter. Aucune explication n’a pu être donnée sur ce nombre plus élevé d’EP [134]. Tableau LV. Étude ADVANCE-1 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine à la posologie utilisée en Amérique du nord pour la prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de genou [142]. Apixaban or enoxaparin for thromboprophylaxis after knee replacement. 2009 [142]. Objectifs Critères d’inclusion Évaluation Comparer l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban dans la prévention de la thrombose veineuse profonde et de l’embolie pulmonaire après prothèse totale du genou Malades ≥ 18 ans programmé pour une arthroplastie totale d’un ou deux genoux, y compris révision d'une articulation artificielle précédente. Type d’étude Critères d’exclusion Étude de non infériorité randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique (129 centres, 14 pays). troubles du saignement héréditaires ou acquis ; troubles de la coagulation ; saignement ou risque élevé de saignements ; prise de médicaments affectant la coagulation ou le saignement ; saignement actif ou contre-indication à la prophylaxie anticoagulante ; anticoagulant ou traitement antiplaquettaire en cours ; hypertension non contrôlée ; maladie hépatobiliaire ; altération cliniquement significative de la fonction rénale ; thrombocytopénie ; anémie ; allergie à l'héparine ; allergie aux colorants de contraste radiologique ou autre contre-indication à la phlébographie bilatérale Efficacité : - Critère principal : critère composite combinant les TVP asymptomatiques et symptomatiques, EP non fatales et décès toutes causes, survenus au cours du traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament. Méthodologie N = 3202 malades randomisés selon 2 bras : - Enoxaparine 30mg x2/j (n=1599) ou - Apixaban 2,5mg x2/j (n=1596) Traitement commencé 12 à 24 heures après la chirurgie et poursuivi pendant 10 à 14 jours Durée de l’étude - Critères secondaires : Un critère composite associant TVP proximale, EP non fatales, et décès toutes causes pendant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament. Un autre critère composite associant TVP symptomatique, EP fatales et non fatales lors de la période de traitement La présence ou l'absence de thrombose veineuse profonde a été évaluée par phlébographie bilatérale entre J10 et J14. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques durant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament à l'étude. Les malades ont été suivis pendant 60 jours. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -90- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LV (suite et fin). Étude ADVANCE-1 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine à la posologie utilisée en Amérique du nord pour la prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de genou [142]. Résultats Malades : 2287 malades (71%) ont été inclus dans l’analyse d’efficacité 908 sujets n'ont pas été inclus dans l'analyse d'efficacité, en raison de phlébographie manquante ou illisible. Neuf malades sont décédés durant la période de traitement et de suivi (trois dans le groupe Apixaban et six dans le groupe Enoxaparine). Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les 2 groupes : âge moyen : 65,8 ans. Efficacité - Tolérance : Apixaban : Nb (%) Efficacité ETEV totaux et décès toutes causes TEV symptomatiques et décès liés Toute TVP TVP symptomatique TVP proximale décès Tolérance saignements majeurs saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs 104 / 1157 19 / 1599 89 / 1142 3/1599 9 / 1254 3 / 1599 (9,0%) (1,2%) (7,8%) (0,2%) (0,7%) (0,2%) Enoxaparine : Nb (%) 100 / 1130 13 / 1596 92 / 1122 7/1596 11 / 1207 3 / 1596 Différence RR [95% IC] (8,9%) (0,8%) (8,2%) (0,4%) (0,9%) (0,2%) 0,11 [-2,22; 2,44] 0,38 [0,30; 1,06] 11 / 1596 (0,7%) 22 / 1588 (1,4%) -0,81 [–1,49; 0,14] p=0,05 35 / 1596 (2,2%) 47 / 1588 (3%) -0,77 [–1,87; 0,33] L'efficacité sur le critère principal était similaire entre l’Apixaban et l'Enoxaparine (9,0% vs 8,9%, p =0,064), mais ne répondait pas aux critères spécifiés de non infériorité (RR 1,02, IC 95%: 0,78 à 1,32, P = 0,06). Le profil des effets indésirables pour les deux médicaments a été similaire, mais les malades traités avec l’Apixaban avaient un taux d'embolie pulmonaire plus élevé (1,0% contre 0,4% pour l'Enoxaparine). La significativité a été estimée séparément [168] à p=0,06 signifiant que cette différence ne serait pas statistiquement significative Le taux de saignements majeurs pour l’Apixaban n'a pas été significativement plus faible que celui de l'Enoxaparine (0,7% vs 1,4%, p =0,053). Le taux composite de saignements majeurs et saignements non majeurs cliniquement pertinents était significativement inférieur chez les malades ayant reçu l’Apixaban (2,9% vs 4,3%, p =0,034). Conclusion des auteurs L’inhibition spécifique du facteur Xa combine potentiellement une thromboprophylaxie efficace avec un faible risque de saignement et peut avoir un rapport bénéfice - risque favorable par rapport à celui des HBPM. Conclusion du CNHIM L’Enoxaparine a été administrée à la posologie approuvée en Amérique du nord. Elle est supérieure à celle utilisée pour cette indication en Europe. Le taux de TEV pour l’Enoxaparine (8,9%) était inférieur au taux attendu de TEV observé dans de précédents essais cliniques similaires (16%), résultant en une incapacité à démontrer la non infériorité. Le critère d'évaluation composite regroupe des critères orientés « maladie » (TVP asymptomatique) et des critères orientés « malade » (TVP symptomatique), dont la pertinence et la signification clinique a été remise en question [166, 167], étant donné qu’il évalue essentiellement l’incidence d’événements asymptomatiques de localisation distale détectés par phlébographie. Or, le lien direct entre le diagnostic d’événements asymptomatiques et la survenue de thromboses veineuses symptomatiques ou d’embolies pulmonaires n’est pas clairement établi. Le critère composite d’efficacité secondaire est plus pertinent cliniquement (mais il aurait fallu une population bien plus importante pour obtenir la même puissance et détecter une différence significative !). Les critères d’évaluation orientés « malade » tels qu'événements thromboemboliques veineux symptomatiques et décès liés ont été de 1,2% dans le groupe Apixaban et 0,8% pour l'Enoxaparine (risque relatif 1,46, 95% IC 0,72 à 2,95). La question de la transposition des résultats à la population des malades les plus âgés se pose dans cette étude puisque la moyenne d’âge des malades est inférieure à la moyenne d’âge des malades concernés par une chirurgie de type PTG dans la population générale (données PMSI 2006 : âge moyen des malades concernés par une chirurgie de type PTG = 71,6 ± 8,8 ans, dont 49% âgés de 70 à 80 ans et 17% > 80 ans). ETEV : événement thrombo-embolique veineux ; PTG : prothèse totale du genou ; TEV : thrombo-embolie veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. -91- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVI. Étude ADVANCE-2 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine à la posologie utilisée en Europe pour la prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de genou [144]. Apixaban versus enoxaparin for thromboprophylaxis after knee replacement (ADVANCE-2): a randomized double-blind trial. 2010 [144]. Objectifs Critères d’inclusion Évaluation Comparer l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban dans la prévention de la thrombose veineuse profonde et de l’embolie pulmonaire après prothèse totale du genou Malades ≥ 18 ans programmés pour une arthroplastie totale d’un ou deux genoux, y compris révision d'une articulation artificielle précédente. Type d’étude Critères d’exclusion Étude de non infériorité randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique (125 centres, 27 pays). saignement actif ou contreindication à la prophylaxie anticoagulante ; anticoagulant ou traitement antiplaquettaire en cours ; hypertension non contrôlée ; maladie hépatobiliaire ; altération cliniquement significative de la fonction rénale ; thrombocytopénie ; anémie ; allergie à l'héparine ; allergie aux colorants de contraste radiologique ou autre contreindication à la phlébographie bilatérale Efficacité : - Critère principal : critère composite combinant les TVP asymptomatiques et symptomatiques, EP non fatales et décès toutes causes, survenus au cours du traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament. Méthodologie N = 3057 malades randomisés selon 2 bras : - Enoxaparine 40 mg x1/j (n=1529) Traitement commencé 12 heures avant la chirurgie et poursuivi pendant 10 à 14 jours ou - Apixaban 2,5 mg x2/j (n=1528) Traitement commencé 12 à 24 heures après la chirurgie et poursuivi pendant 10 à 14 jours - Critères secondaires : Un critère composite associant TVP proximale, EP non fatales, et décès toutes causes pendant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament. Un autre critère composite associant TVP symptomatique, EP fatales et non fatales lors de la période de traitement La présence ou l'absence de thrombose veineuse profonde a été évaluée par phlébographie bilatérale entre J10 et J14. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques durant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament à l'étude Durée de l’étude Les malades ont été suivis pendant 60 jours. Résultats Malades : Seuls 1973 malades ont pu être évalués dans l’analyse d’efficacité : 976 (64%) malades sous Apixaban et 997 (65%) malades sous Enoxaparine. Les causes de non évaluation étaient, entre autres, pour phlébographie manquante ou illisible. Quatre malades sont décédés durant la période de traitement et de suivi (3 dans le groupe Apixaban et 1 dans le groupe Enoxaparine). Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les 2 groupes : âge moyen : 67 ans. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -92- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVI (suite et fin). Étude ADVANCE-2 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine à la posologie utilisée en Europe pour la prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de genou [144]. Résultats (suite et fin) Efficacité - Tolérance : Apixaban : Nb (%) Enoxaparine : Nb (%) RR [95% IC] Efficacité ETEV totaux et décès toutes causes 147 / 976 (15,1%) 243 / 997 (24,4%) TEV symptomatiques et décès liés Toute TVP TVP symptomatique TVP proximale décès Tolérance saignements majeurs saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs 7 / 1528 (0,5%) 142 / 971 (14,6%) 3/1528 (0,2%) 9 / 1192 (0,8%) 2 / 1528 (0,1%) 7 / 1529 (0,5%) 243 / 997 (24,4%) 7/1529 (0,5%) 26 / 1199 (2,2%) 0 / 1529 (0,0%) 0,62 [0,51; 0,74] p<0,0001 1 [0,35; 2,85] 0,60 [0,50; 0,72] 0,43 [0,11; 1,66] 0,35 [0,16; 0,74] 4 [0,18; 88,69] 9 / 1501 (0,6%) 14 / 1508 (0,9%) 0,65 [0,28; 1,49] 53 / 1501 (3,5%) 72 / 1508 (4,8%) 0,74 [0,52; 1,05] L'efficacité sur le critère principal était similaire entre l’Apixaban et l'Enoxaparine Le profil des effets indésirables graves pour les deux médicaments a été similaire. Il n’y avait pas de différence dans les taux de saignements majeurs ou non majeurs cliniquement pertinents entre les groupes. En raison du retrait du Ximélagatran pour atteinte hépatique, des tests de fonction hépatique ont été effectuées dans l’étude ADVANCE-2. Les concentrations de transaminases hépatiques ont augmenté de plus de trois fois la limite supérieure de la normale (LSN) chez 0,9% des malades sous Apixaban et 0,7% des malades sous Enoxaparine. Des concentrations de bilirubine supérieures à plus de deux fois la LSN ont été rapportées chez 0,5% des malades sous Apixaban et 0,3% des malades sous Enoxaparine. Conclusion des auteurs L’Apixaban débuté à la dose de 2,5 mg deux fois par jour, le matin suivant la prothèse totale de genou, offre une alternative par voie orale pratique et plus efficace que l’Enoxaparine administrée à 40 mg par jour, sans augmentation des saignements. Conclusion du CNHIM Cette étude fait suite à l’essai ADVANCE-1, qui se rapportait aussi à la PTG, mais qui n’a pas prouvé la non infériorité de l’Apixaban sur l’Enoxaparine à la dose de 30 mg x2/j utilisée pour cette indication en Amérique du nord. Dans l’étude présente, l’Enoxaparine a été administrée à une posologie inférieure, mais qui est celle approuvée en Europe. Cependant, une administration en postopératoire aurait été préférable comme le mentionnent les recommandations de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation ou du National Institute for Clinical Excellence (NICE). Bien que des taux élevés de données ininterprétables semblent communs dans ce type d’étude, un taux particulièrement élevé de malades n’a pas été évalué pour le critère d’efficacité principal (environ 35% pour chaque groupe). Le critère d'évaluation composite regroupe des critères orientés « maladie » (TVP asymptomatique) et des critères orientés « malade » (TVP symptomatique), dont la pertinence et la signification clinique a été remise en question [166, 167], étant donné qu’il évalue essentiellement l’incidence d’événements asymptomatiques de localisation distale détectés par phlébographie. Or, le lien direct entre le diagnostic d’événements asymptomatiques et la survenue de thromboses veineuses symptomatiques ou d’embolies pulmonaires n’est pas clairement établi. Le critère composite d’efficacité secondaire est plus pertinent cliniquement (mais il aurait fallu une population bien plus importante pour obtenir la même puissance et détecter une différence significative !). L’Apixaban semblait être plus efficace que l'Enoxaparine pour le critère primaire composite comprenant les résultats orientés « maladie » et « malade ». Toutefois, pour les critères orientés « malade » tels que TEV symptomatiques ou décès liés aux ETEV, les taux étaient comparables dans chaque groupe. La question de la transposition des résultats à la population des malades les plus âgés se pose dans cette étude puisque la moyenne d’âge des malades est inférieure à la moyenne d’âge des malades concernés par une chirurgie de type PTG dans la population générale (données PMSI 2006 : âge moyen des malades concernés par une chirurgie de type PTG = 71,6 ± 8,8 ans, dont 49% âgés de 70 à 80 ans et 17% > 80 ans). Des données supplémentaires semblent nécessaires pour déterminer plus précisément la place de l’Apixaban par rapport aux autres traitements disponibles pour cette indication. ETEV : événement thrombo-embolique veineux ; LSN : limite supérieure de la normale ; TEV : thrombo-embolie veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. -93- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVII. Étude ADVANCE-3 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de hanche [146]. Apixaban versus enoxaparin for thromboprophylaxis after hip replacement. 2010 [146]. Objectifs Critères d’inclusion Évaluation Comparer l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban dans la prévention de la thrombose veineuse profonde et de l’embolie pulmonaire après prothèse totale de hanche Malades ≥ 18 ans programmé pour une arthroplastie totale de hanche, y compris révision d'une prothèse précédente. Efficacité : - Critère principal : critère composite combinant les TVP asymptomatiques et symptomatiques, EP non fatales et décès toutes causes survenus au cours du traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament. Critères d’exclusion Type d’étude Étude de non infériorité randomisée, double aveugle, double placebo, groupes parallèles, multicentrique (160 centres, 21 pays). Méthodologie N = 5406 malades randomisés selon 2 bras : - Enoxaparine 40 mg x1/j (n=2699) Traitement commencé 12 heures avant la chirurgie et poursuivi pendant 10 à 14 jours saignement actif ou contreindication à la prophylaxie anticoagulante ; anticoagulant ou traitement antiplaquettaire en cours ; hypertension non contrôlée ; maladie hépatobiliaire ; altération cliniquement significative de la fonction rénale ; thrombocytopénie ; anémie ; allergie à l'héparine ; allergie aux colorants de contraste radiologique ou autre contreindication à la phlébographie bilatérale ou - Apixaban 2,5 mg x2/j (n=2708) Traitement commencé 12 à 24 heures après la chirurgie et poursuivi pendant 35 jours - Critères secondaires : Un critère composite associant TVP proximales asymptomatique et symptomatique, EP non fatales, et décès liés à TEV La présence ou l'absence de TVP a été évaluée par phlébographie bilatérale entre J10 et J14. Tolérance - Critère principal : incidence des événements hémorragiques durant la période de traitement ou dans les 2 jours après la dernière dose de médicament à l'étude Durée de l’étude Les malades ont été suivis 60 jours après la dernière prise de traitement. Résultats Malades : 3866 malades ont été inclus dans l’analyse d’efficacité : 1949 (72%) malades sous Apixaban et 1917 (71%) malades sous Enoxaparine. Les causes de non évaluation étaient, entre autres, pour phlébographie manquante ou illisible. Quatre malades sont décédés durant la période de traitement et de suivi (3 dans le groupe Apixaban et 1 dans le groupe Enoxaparine). Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les 2 groupes : âge moyen : 60,8 ans. …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -94- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVII (suite et fin). Étude ADVANCE-3 : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Enoxaparine en prophylaxie des événements thromboemboliques veineux après chirurgie pour prothèse totale de hanche [146]. Résultats (suite et fin) Efficacité - Tolérance : Apixaban : Nb (%) Enoxaparine : Nb (%) RR [95% IC] Efficacité (0,4%) (3,6%) (0,2%) (0,9%) (0,0%) 0,36 [0,23;0,56] p<0,001 en non infériorité, p<0,001 en supériorité 0,40 [0,13; 1,27] 0,32 [0,20; 0,51] 0,20 [0,02; 1,71] 0,35 [0,15; 0,82] 2,99 [0,31; 28,73] 22 / 2673 (0,8%) 18 / 2659 (0,7%) 1,22 [0,65;2,26] 129 / 2673 (4,8%) 134 / 2659 (5,0%) 0,96 [0,76;1,21] ETEV totaux et décès toutes causes 27 / 1949 (1,4%) 74 / 1917 (3,9%) TEV symptomatiques et décès liés Toute TVP TVP symptomatique TVP proximale décès Tolérance saignements majeurs saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs 4 / 2708 22 / 1944 1 / 2708 7 / 2196 3 / 2708 10 / 2699 68 / 1911 5 / 2699 20 / 2190 1 / 2699 (0,1%) (1,1%) (0,0%) (0,3%) (0,1%) L'efficacité sur le critère principal était supérieure pour l’Apixaban par rapport à l'Enoxaparine (réduction du risque relatif de 64%). Le profil des effets indésirables graves pour les deux médicaments a été similaire. Il n’y avait pas de différence dans les taux de saignements majeurs ou non majeurs cliniquement pertinents entre les groupes. Les concentrations de transaminases hépatiques augmentées de plus de trois fois la limite supérieure de la normale (LSN) ont été décrites chez 1,3% des malades sous Apixaban et 1,5% des malades sous Enoxaparine. Des concentrations de bilirubine supérieures à plus de deux fois la LSN ont été rapportées chez 0,9% des malades sous Apixaban et 0,5% des malades sous Enoxaparine. Conclusion des auteurs Parmi les malades subissant une arthroplastie de hanche, une thromboprophylaxie par Apixaban, comparativement à l'Enoxaparine, a été associée à des taux inférieurs de thrombœmbolie veineuse, sans augmentation des saignements. Conclusion du CNHIM Les taux des critères orientés « malade » tels que TEV symptomatiques ou décès liés aux ETEV, étaient comparables dans chaque groupe. Les événements hémorragiques étaient similaires dans les deux groupes. Le critère d'évaluation composite regroupe des critères orientés « maladie » (TVP asymptomatique) et des critères orientés « malade » (TVP symptomatique), dont la pertinence et la signification clinique a été remise en question. De plus, la relation entre l’incidence d’événements asymptomatiques et la survenue de thromboses veineuses symptomatiques ou d’embolies pulmonaires n’est pas clairement établi. L’Apixaban semblait être plus efficace que l'Enoxaparine pour le critère primaire composite comprenant les résultats orientés « maladie » et « malade ». Toutefois, pour les critères orientés « malade » tels que TEV symptomatiques ou décès liés aux ETEV, les taux étaient comparables dans chaque groupe. La traduction de ces résultats dans la pratique clinique réelle semble difficile. En effet, les malades sélectionnés pour l’essai sont globalement plus jeunes et avec moins de maladies concomitantes que les malades concernés dans la pratique courante. Les malades inclus dans l’essai avaient un âge moyen de 61 ans et 88% avaient une fonction rénale normale. Or, dans la pratique clinique de nombreux malades sont plus âgés et présentent une pathologie concomitante telle qu’une insuffisance rénale. Bien que l’Enoxaparine ait été administrée en mode préopératoire conformément à l’AMM française, une administration en postopératoire aurait été préférable comme le mentionnent les recommandations de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation ou du National Institute for Clinical Excellence (NICE). EP : embolie pulmonaire ; ETEV : événement thrombo-embolique veineux ; TEV : thrombo-embolie veineuse ; TVP : thrombose veineuse profonde. -95- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 4.3.4.2. Études réalisées en vue d’un élargissement du champ d’indications ● En prévention d’AVC chez les malades souffrant de Fibrillation atriale non valvulaire Cf. Tableau LVIII, Tableau LIX. Tableau LVIII. Étude ARISTOTLE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Warfarine en prévention des AVC chez les malades atteints de FA non valvulaire et au moins un facteur de risque additionnel d'AVC [150]. Apixaban versus Warfarin in Patients with Atrial Fibrillation. 2011 [150] Objectifs Critères d’inclusion Évaluation Comparer l'efficacité et l'innocuité de l’Apixaban sur la prévention des AVC et des embolies systémiques par rapport à la Warfarine chez les malades atteints de Fibrillation atriale avec au moins un facteur de risque additionnel d’AVC Malades avec Fibrillation atriale ou flutter lors de l'inclusion, ou au moins deux épisodes de Fibrillation atriale ou flutter documentés par électrocardiographie à au moins 2 semaines d'intervalle dans les 12 mois précédant l'inclusion Efficacité : - Critère principal : Incidence d’AVC (ischémique ou hémorragique) ou d’embolie systémique. Type d’étude Au moins un des facteurs de risque suivants: - âge > 75 ans; - antécédents d’AVC, d’accident ischémique transitoire ou d’embolie systémique; - insuffisance cardiaque symptomatique dans les 3 mois précédents ou fraction d'éjection ventriculaire (FEVG) <40%; - diabète sucré ou hypertension nécessitant un traitement pharmacologique; Étude randomisée, double aveugle, double placebo, en groupes parallèles, multicentrique (1034 centres, 39 pays). Hypothèse de non infériorité (analyse en intention de traiter) avec objectif secondaire de tester pour supériorité le critère d‘évaluation principal, les taux de saignements majeurs et décès toutes causes. Méthodologie N = 18201 malades randomisés selon 2 bras : - Warfarine pour INR cible 2,0-3,0 (n=9081) ou - Apixaban 5 mg x2/j (n=9120) Des doses de 2,5 mg ont été utilisées chez les malades présentant deux ou plusieurs des critères suivants: âge > 80 ans, poids < 60 kg, créatinine sérique de 1,5 mg/dL (133 mol par litre) ou plus Critères d’exclusion - Fibrillation atriale en raison d'une cause réversible, - rétrécissement mitral modéré ou sévère, - autres conditions que la Fibrillation atriale nécessitant une anticoagulation - AVC dans les 7 jours précédents; - besoin d'aspirine > 165 mg/j ou d’aspirine et Clopidogrel ; - insuffisance rénale sévère - Critères secondaires : Décès toutes causes, taux d'infarctus du myocarde Les incidences des différents évènements ont été comparées dans les quatre quartiles de TTR avec des tests d'interaction tenant compte des différences dans les caractéristiques de base Tolérance - Critère principal : saignements majeurs, selon les critères de la Société internationale sur la thrombose et l'hémostase (ISTH). - Critères secondaires : critère composite de saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs Détermination du temps durant lequel l’INR du malade se trouvait dans l’intervalle cible (TTR) et classement en quatre quartiles de TTR : <58% ; 58-65,7% ; 65,772,2% ; > 72,2% par la méthode de Rosendaal. Durée de l’étude Les malades ont été suivis environ 22 mois en moyenne (1,8 ans). …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -96- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVIII (suite). Étude ARISTOTLE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Warfarine en prévention des AVC chez les malades atteints de FA non valvulaire et au moins un facteur de risque additionnel d'AVC [150]. Résultats Malades : Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les 2 groupes : âge médian : 70 ans (35% de femmes), CHADS2 score moyen = 2,1. 428 malades (4,7%) avec une clairance de la créatinine inférieure à 30 mL/mn, âgés de plus de 80 ans, et avec un poids corporel inférieur à 60 kg ont reçu une dose réduite de 2,5 mg x2/j d’Apixaban. Dans le groupe Warfarine, 403 malades (4,4%) présentaient les mêmes caractéristiques. Le temps passé dans les valeurs de l'INR cible (TTR) était de 66% en médiane, et de 62,2% en moyenne après exclusion des valeurs relevées dans la première semaine après randomisation, et durant les périodes d'interruption de traitement Efficacité - Tolérance : Apixaban : Nb (% par an) Warfarine : Nb (%) RR (95% IC) p Efficacité Total AVC ou embolie systémique 212 (1,27%) 265 (1,60%) 0,79 (0,66–0,95) P<0,001 pour non infériorité P=0,01 pour supériorité AVC 199 (1,19%) 250 (1,51%) 0,79 (0,66–0,95) 0,01 162 (0,97%) 175 (1,05%) 0,92 (0,74–1,13) 0,42 40 (0,24%) 78 (0,47%) 0,51 (0,35–0,75) <0,001 15 (0,09%) 17 (0,10%) 0,87 (0,44–1,75) 0,70 603 (3,52%) 669 (3,94%) 0,89 (0,80-0,99) 0,047 90 (0,53%) 102 (0,61%) 0,88 (0,66-1,17) 0,37 327 (2,13%) 462 (3,09%) 0,69 (0,60–0,80) p<0,001 52 (0,33%) 122 (0,80%) 0,42 (0,30–0,58) p<0,001 Gastro-intestinaux 105 (0,76%) 119 (0,86%) 0,89 (0,70–1,15) 0,37 Autres localisations 275 (1,79%) 340 (2,27%) 0,79 (0,68–0,93) 0,004 613 (4,07%) 877 (6,01%) 0,68 (0,61–0,75) p<0,001 80 (0,52%) 172 (1,13%) 0,46 (0,35–0,60) p<0,001 GUSTO saignements modérés ou graves 199 (1,29%) 328 (2,18%) 0,60 (0,50–0,71) p<0,001 TIMI saignements majeurs 148 (0,96%) 256 (1,69%) 0,57 (0,46–0,70) p<0,001 TIMI saignements majeurs ou mineurs 239 (1,55%) 370 (2,46%) 0,63 (0,54–0,75) p<0,001 2356 (18,1%) 3060 (25,8%) 0,71 (0,68–0,75) p<0,001 92 (1,0%) 35 (0,4%) 107 (1,2%) 34 (0,4%) 25,3% (3,6%) 27,5% (3,8%) 81,5% 35,0% 83,1% 36,5% Ischémique ou type incertain hémorragique Embolie systémique Décès toute cause Infarctus du myocarde Tolérance saignements majeurs ISTH Intracrâniens saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs GUSTO saignements graves Tout saignement Données manquantes retrait de consentement perdus de vue Arrêts de traitement prématuré (dont décès) Effets indésirables Effets indésirables graves Échelles de saignement GUSTO (Global Use of Strategies to Open Occluded Coronary Arteries) et TIMI (Thrombolysis In Myocardial Infarction). …/… -97- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LVIII (suite et fin). Étude ARISTOTLE : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Warfarine en prévention des AVC chez les malades atteints de FA non valvulaire et au moins un facteur de risque additionnel d'AVC [150]. Résultats (suite et fin) L’Apixaban a été non inférieur à la Warfarine sur le critère combiné d’AVC et d'embolie systémique. En outre, il a été supérieur à la Warfarine sur l'efficacité et sur les saignements majeurs selon les critères de l’ISTH. Ce résultat est retrouvé dans les différents sous-groupes : présence/absence de traitement antérieur par AVK, âge, poids, sexe, type de FA, antécédent d'AVC ou d'AIT, diabète, insuffisance cardiaque, CHADS2 score (1, 2 à 3), sévérité de l'insuffisance rénale, dose d'Apixaban (2,5 mg x2/j ou 5 mg x2/j), région géographique, utilisation d'aspirine. Seul le sous-groupe des moins de 65 ans a présenté une tendance favorable aux AVK. En termes de réduction relative, l’Apixaban a permis une réduction de 21% d’AVC et d'embolie systémique, 31% de saignements majeurs et 11% de mortalité, comparé à la Warfarine. En termes de réduction absolue, sur 1000 personnes traitées pendant 22 mois, l’Apixaban préviendrait les AVC ou embolies systémiques chez 6 personnes (4 AVC hémorragiques et 2 AVC ischémiques ou de type incertain), les saignements majeurs chez 15 personnes, et le décès chez 8 personnes. L’efficacité sur les critères principaux était observée dans tous les quartiles de temps passé dans l'INR cible. Pour les AVC ou embolies systémiques, les ratios de risque (HR) ont été respectivement de 0,77 (IC 95% 0,56 à 1,06) pour un TTR < 58% et de 0,81 (IC 95% 0,52 à 1,26) pour un TTR > 72,2%. Pour les saignements majeurs, les ratios de risque (HR) ont été respectivement de 0,53 (IC 95% 0,39 à 0,72) pour un TTR < 58% et de 0,72 (IC 95% 0,55 à 0,93) pour un TTR > 72,2%. Les avantages de l'Apixaban sont retrouvés dans les différents centres, que la Warfarine ait été bien ou mal utilisée comme mesuré par le TTR [169]. Il n’a été décrit aucune interaction entre le TTR et le bénéfice de l’Apixaban sur la Warfarine à la fois pour le critère primaire, la mortalité, ou les saignements majeurs. La seule interaction significative concernait l'ensemble des saignements majeurs et cliniquement significatifs, avec un bénéfice de l'Apixaban sur la Warfarine augmentant à mesure de la baisse du TTR. Conclusion des auteurs Chez les malades atteints de Fibrillation atriale, l’Apixaban a été supérieur à la Warfarine dans la prévention des AVC ou des embolies systémiques, a causé moins de saignements, et a entraîné une baisse de la mortalité. Conclusion du CNHIM Le bénéfice sur les AVC est dû principalement à la réduction des AVC hémorragiques de près de la moitié. Sur les AVC ischémiques ou d'origine incertaine, l'écart entre Apixaban et Warfarine n'est pas significatif. L’Apixaban s'était déjà révélé supérieur à l'aspirine dans l'essai AVERROES, d'ailleurs interrompu prématurément pour cette raison (réduction de 55% du risque d'AVC, sans augmentation des saignements majeurs). L’efficacité sur les taux de décès a une faible significativité statistique et l'incidence des IDM était équivalente dans les deux groupes Les hémorragies intracrâniennes étaient fortement diminuées (-58%), à la différence des saignements digestifs qui étaient diminués très modérément (-11%) Les auteurs avancent que l’Apixaban est supérieur à la Warfarine quelle que soit la qualité de la prise en charge effectuée avec la Warfarine, en se basant sur les valeurs de TTR du groupe contrôle. Cependant la pertinence du TTR comme critère de comparaison du bénéfice d’un traitement par rapport à la Warfarine est encore discutée, et il serait davantage un marqueur du risque de base de la population ou un marqueur d'événement clinique [170]. La traduction de ces résultats dans la pratique clinique quotidienne devra tenir compte du taux encore élevé d'arrêt temporaire ou permanent de traitement observé dans les essais cliniques. Bien que l’Apixaban ait été efficace à la fois chez les malades ayant reçu ou non de la Warfarine, il n’est pas encore établi que les malades présentant un très bon INR depuis longtemps gagneraient à passer à l’Apixaban ou à un autre nouvel anticoagulant. Les demandes d’AMM dans la fibrillation atriale devraient être soumises aux Etats-Unis et en Europe au cours du quatrième trimestre de l’année 2011. AVC : accident vasculaire cérébral ; FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche ; IDM : infarctus du myocarde ; INR : International Normalized Ratio. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -98- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LIX. Étude AVERROES : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Warfarine en prévention des AVC chez les malades atteints de FA non éligibles à un traitement par AVK [153]. Apixaban in patients with atrial fibrillation. 2011 [153]. Objectifs Critères d’inclusion Comparer l'efficacité et l'innocuité de l’Apixaban sur la prévention des AVC et des embolies systémiques par rapport à l’aspirine chez les malades atteints de Fibrillation atriale non éligibles à un traitement par AVK Malades âgés d’au moins 50 ans, avec FA documentée dans les 6 mois précédents ou à l’ECG lors du recrutement, ne pouvant pas recevoir d’AVK Type d’étude Étude de supériorité, randomisée, double aveugle, double placebo, en groupes parallèles, multicentrique (522 centres, 36 pays). Méthodologie N = 5599 malades randomisés selon 2 bras : - aspirine 81 à 324 mg /j (n=2791) ou - Apixaban 5 mg x2/j (n=2808) Des doses de 2,5 mg ont été utilisées chez les malades présentant deux ou plusieurs des critères suivants: âge > 80 ans, poids < 60 kg, créatinine sérique de 1,5 mg/dL (133 mol par litre) ou plus Durée de l’étude Les malades ont été suivis en moyenne 1,1 an et au maximum 21 mois. Au moins un des facteurs de risque suivants: - âge > 75 ans; - anamnèse d’AVC, d’accident ischémique transitoire ou d’embolie systémique; - insuffisance cardiaque NYHA ≥ II au recrutement - fraction d'éjection ventriculaire (FEVG) <35%; - artérite périphérique - diabète sucré ou hypertension nécessitant un traitement pharmacologique; Résultats Malades : Les caractéristiques démographiques des malades étaient semblables dans les 2 groupes : âge médian : 70 ans (35% de femmes), CHADS2 score moyen = 2,05. 40% des malades avaient déjà pris une antivitamine K. Durant l’essai, près de 9% des malades ont pris de l’aspirine hors traitement d’étude. Critères d’exclusion autre indication pour une anticoagulation de longue durée, valvulopathie à opérer, hémorragie sévère dans les 6 mois ou risque hémorragique, prise d’une Thiénopyridine à l’inclusion bien qu’elles puissent être utilisées durant l’étude si besoin. Évaluation Efficacité : - Critère principal : Incidence d’AVC ou d’embolie systémique Tolérance - Critère principal : saignements majeurs -99- …/… Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LIX (suite et fin). Étude AVERROES : étude clinique randomisée en double aveugle de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’Apixaban versus Warfarine en prévention des AVC chez les malades atteints de FA non éligibles à un traitement par AVK [153]. Résultats (suite et fin) Efficacité - Tolérance : Efficacité Apixaban : Nb (% par an) aspirine : Nb (% par an) RR (95% IC) p AVC ou embolie systémique 51 (1,8%) 113 (3,7%) 0,45 (0,32–0,62) <0,001 Total AVC 49 (1,6%) 105 (3,4%) 0,46 (0,33–0,65) <0,001 AVC Ischémique 35 (1,1%) 93 (3,0%) 0,37 (0,25–0,55) <0,001 AVC hémorragique 6 (0,2%) 9 (0,3%) 0,67 (0,24–1,88) 0,45 AVC non spécifié 9 (0,3%) 4 (0,1%) 2,24 (0,69–7,27) 0,18 Embolie systémique 2 (0,1%) 13 (0,4%) 0,15 (0,03–0,68) 0,01 Décès toute cause 111 (3,5%) 140 (4,4%) 0,79 (0,62-1,02) 0,07 Décès cause vasculaire 84 (2,7%) 96 (3,1%) 0,87 (0,65-1,17) 0,37 Infarctus du myocarde 24 (0,8%) 28 (0,9%) 0,86 (0,50-1,48) 0,59 367 (12,6%) 455 (15,9%) 0,79 (0,69–0,91) p<0,001 Saignements majeurs 44 (1,4%) 39 (1,2%) 1,13 (0,74–1,75) 0,57 Intracrâniens 11 (0,4%) 13 (0,4%) 0,85 (0,38–1,90) 0,69 Gastro-intestinaux 12 (0,4%) 14 (0,4%) 0,86 (0,40–1,86) 0,71 96 (3,1%) 84 (2,7%) 1,15 (0,86–1,54) 0,35 Hospitalisation cardiovasculaire Tolérance Saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs - Le taux d’AVC ou d’embolie systémique était significativement plus faible dans le groupe Apixaban que dans le groupe aspirine - Les taux de saignement majeur étaient similaires dans les 2 groupes - Le taux combiné d’AVC, d’embolie systémique, infarctus du myocarde, mort d’origine vasculaire, et saignement majeur était significativement plus faible dans le groupe Apixaban (3,5% par an) que dans le groupe aspirine Suite à une analyse intermédiaire, l’étude a été arrêtée prématurément du fait de la démonstration d’une réduction importante du risque d’AVC et d’embolie systémique chez les malades sous Apixaban par rapport à ceux traités par aspirine. La tolérance était également bonne. Conclusion des auteurs Chez les malades atteints de Fibrillation atriale pour lesquels un traitement anti-vitamine K était inapproprié, l’Apixaban réduit le risque d’accident vasculaire cérébral ou d'embolie systémique, sans augmentation significative du risque de saignement majeur ou d’hémorragie intracrânienne Conclusion du CNHIM Des réserves peuvent être émises sur les doses d’aspirine parfois faibles utilisées dans l’étude et sur le fait qu’aucune donnée ne soit fournie sur les autres médications ayant pu limiter les effets de l’aspirine. De plus, aucune analyse n’est fournie concernant les 9% des malades ayant pris de l’aspirine hors traitement d’étude. Les critères définissant la non éligibilité aux AVK sont discutables et l’effectif pourrait ne pas être représentatif d’une vraie contre-indication aux AVK. La population de l’essai est présentée comme étant à risque accru d’AVC or près de 36% ont un score CHADS2 de 0 ou 1. Méthodologiquement, un arrêt d’étude prématuré a pu entraîner une surestimation du bénéfice de l’intervention et empêche de conclure sur d’autres points. AVC : accident vasculaire cérébral ; AVK : antivitamine K ; ECG : électrocardiogramme ; FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -100- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LX. Tableau comparatif des principales caractéristiques des nouveaux anticoagulants par voie orale Dabigatran, Rivaroxaban, et Apixaban Dabigatran Rivaroxaban Apixaban Formes et dosages disponibles Gélules à 75 mg et 110 mg Comprimés à 10 mg Comprimés à 2,5 mg Mécanisme d'action Inhibiteur direct thrombine Inhibiteur direct facteur Xa Inhibiteur direct facteur Xa 6,50% 80 à 100% 50 à 80% Biodisponibilité Tmax 6h (jour de la chirurgie) puis 2h à 4h 2h (jours suivants) 3 à 4h T1/2 12h à 14h 7 à 13h 12 à 15h 35% 92 à 95% 87% Non métabolisé CYP 3A4 Métabolisé CYP 3A4 Métabolisé CYP 3A4 LPP Métabolisme Élimination Principalement rénale changée (85%) - 25% sous forme de méta- 2/3 dégradation métabolibolites in- que (1/3 rénale, 1/3 fécale), - Excrétion rénale ≈ 27% + - 1/3 rénale sous forme excrétion biliaire et intestiinchangée nale - Prévention des ETEV en chirurgie orthopédique (PTH et PTG) Prévention des ETEV en Prévention des ETEV en Indications actuelles Avis positif EMA chirurgie orthopédique (PTH chirurgie orthopédique (PTH (14/04/2011) en prévention et PTG) et PTG) AVC chez malades souffrant de FA non valvulaire - 110 mg le jour de l’intervention puis 220 mg/jour (10 jours pour la PTG et 28-35 jours pour la PTH) en une seule prise par jour. - Adaptation posologique si IR légère et modérée, >75 ans, ou associations médicamenteuses - 1 cp/jour, le jour de l'intervention et les jours suivants (2 semaines pour la PTG et 5 semaines pour la PTH) - Pas d’adaptation posologique. - 1 cp 12h à 24h après l’intervention, puis 2 cp/jour les jours suivants (10 jours pour la PTG et 2835 jours pour la PTH). CI - Hypersensibilité IR sévère (CLcr < 30 mL/min) - IH sévère - Grossesse + allaitement - Saignement évolutif - Hypersensibilité - IH avec coagulopathie - Grossesse + allaitement - Saignement évolutif - Hypersensibilité - IH avec coagulopathie - Saignement évolutif (PE pour la grossesse, et aucune donnée pendant l’allaitement) Interactions médicamenteuses - CI absolue : Kétoconazole, Itraconazole, Ciclosporine et Tacrolimus - PE : autres antithrombotiques et antiagrégants plaquettaires, AINS, inhibiteurs de la P-gp (Amiodarone, Vérapamil…), Myers, et inducteurs de la P-gp (Rifampicine, millepertuis...) - PE : autres antithrombotiques et antiagrégants plaquettaire, AINS, inhibiteurs du CYP 3A4 et P-gp (antifongiques azolés, antiprotéases du VIH,…), inducteurs du CYP 3A4 et P-gp (Rifampicine, Phénytoïne,…) - PE : autres antithrombotiques et antiagrégants plaquettaire, AINS, inhibiteurs du CYP 3A4 et P-gp (antifongiques azolés, antiprotéases du VIH,…), inducteurs du CYP 3A4 et P-gp (Rifampicine, Phénytoïne,…) En chirurgie ortho. Prévention AVC dans 110 mg ou 150 mg 2x/jour, la FA selon risques du malade -101- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Tableau LX (suite et fin). Tableau comparatif des principales caractéristiques des nouveaux anticoagulants par voie orale Dabigatran, Rivaroxaban et Apixaban Dabigatran Rivaroxaban Pas d'antidote spécifique Pas d'antidote spécifique disponible (mais un à l'es- Pas d'antidote spécifique sai) Surveillance biologique Pas de surveillance biologique recommandée par le laboratoire (études cliniques réalisées sans surveillance bio.) mais pourrait être utile dans certaines situations. Pas de surveillance biologique recommandée par le laboratoire (études cliniques réalisées sans surveillance bio.) mais pourrait être utile dans certaines situations… Pas de surveillance biologique recommandée par le laboratoire (études cliniques réalisées sans surveillance bio.) mais pourrait être utile dans certaines situations… Études cliniques pivots - 2 études de phase III en chirurgie orthopédique (RENOVATE : PTH et RE-MODEL : PTG). - 1 étude de phase III pour la prévention des AVC dans la FA (RE-LY). 2 études de phase III en chirurgie orthopédique (Record 1 : PTH et Record 3 : PTG). 2 études de phase III dans la chirurgie orthopédique (Advance 2 : PTG et Advance 3 : PTH). Antidote 4.4. Inhibiteurs directs oraux en développement En bref Les nouveaux anticoagulants en développement sont en majorité des agents anti Xa ou antithrombine. L’Edoxaban (LIXIANA®) est disponible au Japon depuis le 19 Juillet, 2011. Il est administré en une seule prise quotidienne pour la prévention de TVP et EP après chirurgie orthopédique majeure. Un essai clinique de phase III nommé Hokusai est actuellement en cours pour le traitement des TVP et EP. Le Betrixaban a été étudié dans la prévention des TV lors de prothèse totale de genou à la dose de 15 ou 40 mg x2/j (10 jours) comparé à l’Enoxaparine SC 30 mg x2/j (14 jours) chez 215 malades. Les essais sur l’YM150 sont environ au nombre de 20 mais les données d’essai de phase III ne sont pas disponibles. Un essai de phase II a montré que l’YM150 était significativement plus efficace dans la prophylaxie de la TEV par rapport à l'Enoxaparine après une arthroplastie totale de hanche, sans augmenter le risque d'hémorragie majeure. Les nouveaux anticoagulants en développement sont en majorité des Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 agents anti Xa ou antithrombine (Tableau LXI et Tableau LXII). 4.4.1. Edoxaban L’Edoxaban (LIXIANA®, Laboratoire Daiichi Sankyo), le 4ème anticoagulant oral en dévelop-pement, est disponible dans le commerce au Japon depuis le 19 Juillet, 2011. Il est administré en une seule prise quotidienne (comprimés de 15 mg et 30 mg) pour la prévention de TVP et EP après chirurgie orthopédique majeure (prothèse de hanche ou de genou, et chirurgie pour fracture de la hanche). Il n'est pas approuvé par la FDA, ni en Europe. Le programme de développement clinique global pour l’Edoxaban est axé sur plusieurs indications, comprenant également la prévention des AVC dans la FA, le traitement et la prévention de la TEV récurrente. Dans la prévention des AVC et événements emboliques systé-miques chez les malades atteints de FA, l’Edoxaban est actuellement évalué dans l’essai ENGAGE AF-TIMI 48 (NCT00781391) [171, 172] qui est un essai de phase III, multinational, randomisé, en double aveugle, double placebo évaluant l'efficacité et l'innocuité de l'Edoxaban dans cette indication versus Warfarine sur 24 mois. Plus de 21 000 malades atteints de FA dans 46 pays sont actuellement suivis dans cet essai, ce qui en fait le plus grand dans cette indication à ce jour. -102- Apixaban Les critères primaires sont un critère composite d'AVC et événements emboliques systémiques. Les critères secondaires sont un composite clinique d'AVC, embolie systémique non cérébrale, mortalité toutes causes et événements hémorragiques majeurs. Les posologies d’Edoxaban à 30 et 60 mg par jour se sont avérés être aussi sûres et efficaces que la Warfarine pour la prophylaxie d’AVC chez les malades atteints de FA [173].Cependant, le risque de saignement était significativement plus élevée dans les groupes 30 mg et 60 mg deux fois par jour par rapport à la Warfarine. Il n'y avait aucune différence statistiquement significative dans l'incidence des accidents vasculaires cérébraux [174]. Pour le traitement des TVP et EP, un essai clinique de phase III nommé Hokusai (NCT00986154) [175] est actuellement en cours et prévoit d’inclure 7500 malades d’ici septembre 2012, dans 450 centres et environ 40 pays dans le monde. 4.4.2. Betrixaban Le Betrixaban a été étudié dans la prévention des TV lors de prothèse totale de genou [176] à la dose de 15 ou 40 mg x2/j (10 jours) comparé à l’Enoxaparine SC 30 mg x2/j (14 jours) chez 215 malades. Le critère principal d’efficacité était le taux de TEV. Les résultats d’efficacité, sécurité et tolérance semblaient encourageants dans cet essai de phase II (preuve de concept). Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban Pour la prévention des AVC chez les malades présentant une FA, le Betrixaban a été étudié dans l’essai de recherche de dose EXPLORE-Xa (NCT00742859) (phase II) aux doses de 40, 60 et 80 mg par jour comparé à la Warfarine INR 2-3. L’étude était en groupes parallèles, double aveugle, double placebo. l’incidence de saignements, comparé à la Warfarine. Les taux de saignements pour les plus fortes doses de Betrixaban étaient similaires à ceux observés pour la Warfarine. Bien que l’étude n’ait pas été dimensionnée pour évaluer l’efficacité, il n’y avait pas de différence significative sur les AVC aux différentes doses de Betrixaban comparé à la Warfarine. Le critère principal d’efficacité était le taux de saignements majeurs et non majeurs cliniquement pertinents. La dose de 40 mg a réduit d’essai de phase III ne sont pas disponibles. En septembre 2011, plusieurs essais de phase II, II/III, III sont en cours ou en recrutement. Un essai de Phase II (ONYX-2, NCT00353678) [177] a montré que l’YM150 était significativement plus efficace dans la prophylaxie de la TEV par rapport à l'Enoxaparine après une arthroplastie totale de hanche, sans augmenter le risque d'hémorragie majeure [178]. 4.4.3. YM150 Les essais sur l’YM150 sont environ au nombre de 20 mais les données Tableau LXI. Antithrombotiques oraux en développement en 2011 d’après [75]. MTEV préventif Prévention des AVC dans la FA curatif Autres indications Anti-Xa Phase III complète Edoxaban (Daiichi) Phase III en cours Phase II complète SCA prévue 1ère AMM au Japon en préventif de la MTEV après arthroplastie du genou, prothèse totale de hanche ou chirurgie de fracture de hanche. Betrixaban (Portola pharmaceutical) Phase II Prévue YM 150 (Astellas) Phase IIa complète LY517717 (Lilly) Phase IIb complète Odiparcil (GSK) Phase II complète Phase II Prévention secondaire AVC et IDM prévue Prévue Phase III étude RUBY Anti-IIa AZD0837 (AstraZeneca) Phase II complète AVC : accident vasculaire cérébral ; FA : Fibrillation atriale ; IDM : infarctus du myocarde ; MTEV : maladie thromboembolique veineuse ; SCA : syndrome coronarien aigu. Tableau LXII. Principales caractéristiques des nouveaux anticoagulants [179, 180, 181, 182, 183, 184] Biodisponibilité Métabolisme hépatique Excrétion Interaction alimentaire Demi-vie Edoxaban 45% NR NR NR 9-11 h Betrixaban 47% non biliaire 85% rénale 5% minimale 20 h YM 150 25%–82% NR NR faible NR LY517717 43%–88% non Gastrointestinale NR 25 h AZD0837 NR NR NR NR 16–20 h NR : non renseigné. -103- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban 5. Surveillance biologique des nouveaux antithrombotiques oraux En bref Aucune surveillance biologique n’est recommandée chez les malades traités par ces nouveaux antithrombotiques. La mesure des concentrations plasmatiques de ces médicaments n’est pas réalisée en pratique courante. Pourtant la plupart des tests de coagulation de pratique courante sont modifiés, en fonction de la dose administrée et du délai entre le prélèvement et la dernière prise. Afin de pouvoir suivre ces traitements des tests de coagulation, simples et reproductibles, seront prochainement disponibles. Il sera alors indispensable de disposer d’un index thérapeutique optimal pour chaque substance active. En raison d’une faible variabilité inter et intra-individuelle et d’une bonne prédictibilité de l’activité anticoagulante, aucune surveillance biologique n’est recommandée chez les malades traités par ces nouvelles substances actives. En pratique, dans certaines situations cliniques (IR ou IH, âge avancé, etc.), la surveillance biologique devrait permettre de dépister d’éventuels sur- ou sousdosages. La mesure des concentrations plasmatiques des médicaments, qui exige des outils spécialisés tels que la chromatographie liquide haute performance couplée à un spectromètre de masse, n’est pas réalisée en pratique courante. L’administration de ces nouveaux anticoagulants perturbe un grand nombre de tests de coagulation dits de pratique courante (temps de Quick, TCA, mesure des facteurs de la coagulation, et temps de thrombine pour Dabigatran seulement) ou spécialisés (recherche de lupus anticoagulant). L’intensité des variations dépend de la dose administrée et du délai entre le prélèvement et la dernière prise. Pour le Rivaroxaban, il existe une relation linéaire entre le temps de Quick et la concentration plasmatique de la substance active. Mais la sensibilité est variable en fonction des réactifs [185]. La mesure de l’activité anti-Xa par méthode chronométrique ou chromogénique est également bien corrélée aux concentrations plasmatiques (ROTACHROM®, Biophen DiXa®). Elle nécessite l’utilisation de Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 plasmas calibrés spécifiques à la mesure du Rivaroxaban [186]. En revanche, bien que le TCA soit allongé en présence de Rivaroxaban, la sensibilité du test est faible et l’allongement n’est pas linéairement proportionnel aux concentrations plasmatiques. En ce qui concerne le Dabigatran, le TCA est allongé mais de manière non linéaire et ne permet donc pas de suivre le traitement. Le temps de Quick manque également de sensibilité et de précision. Le temps de thrombine est à l’inverse trop sensible et permet uniquement la détection de faibles concentrations résiduelles [187]. Le temps d’écarine semble bien adapté avec un allongement proportionnel aux concentrations plasmatiques de Dabigatran mais il dépend de la concentration en prothrombine utilisée. Ainsi, le dosage du Dabigatran repose sur la mesure de l’activité anti-IIa utilisant des plasmas calibrés par surcharge de substance active. Des tests de coagulation, simples et reproductibles, seront disponibles prochainement et permettront de suivre ces traitements. Il sera alors indispensable de disposer en parallèle d’index thérapeutique optimal pour chaque substance active. 6. Eléments de pharmaco-économie En bref Les nouveaux antithrombotiques, alternatives orales à la Warfarine, promettent de combiner les avantages d'une administration orale, d’une anticoagulation efficace, et d’améliorations en matière de sécurité conduisant à une surveillance et des ajustements de dose réduits. Une administration orale sans surveillance de laboratoire requise pourrait également favoriser l’observance au traitement. Cependant le coût de ces nouveaux médicaments est relativement élevé comparé aux antithrombotiques utilisés jusqu’ici. Les préoccupations économiques, telles que le coût des médicaments, la surveillance des malades, et le traitement des hémorragies, deviennent cruciales compte tenu du nombre de malades concernés et du bas prix de la Warfarine. -104- Les données publiées pour le Dabigatran et le Rivaroxaban sont limitées, et ils n'ont pas été comparés directement entre eux, ou avec des anticoagulants autres que l'Enoxaparine pour la chirurgie orthopédique majeure. Les données ne sont pas encore disponibles pour l’Apixaban. Le Dabigatran est la substance active pour laquelle les études disponibles sont les plus nombreuses. Dans la prévention des ETEV suite à chirurgie orthopédique, le Dabigatran était plus coût-efficace que l’Enoxaparine à la fois en cas de chirurgie du genou ou de la hanche. Le coût était inférieur lorsque des HBPM autres que l’Enoxaparine étaient administrées, mais le ratio du Dabigatran n’était pas modifié et il restait coût-efficace même en cas d’auto-administration de l’Enoxaparine. Le Dabigatran était moins coût-efficace lorsque la durée du traitement dépassait 30 jours et que l’Enoxaparine n’était administrée que pendant 7 jours [188]. Des études économiques ont pu être menées sur le Dabigatran chez les malades atteints de FA avec facteur de risque d’AVC, basées sur les résultats de l’essai RE-LY. La première étude rapporte que le Dabigatran serait une alternative coût-efficace comparé à la Warfarine, mais principalement en fonction du prix de vente fixé pour le Dabigatran, en étant peu affecté par d'autres facteurs [189]. Une autre étude affirme que le Dabigatran à 150 mg x2/j serait plus coût-efficace chez les malades à haut risque hémorragique ou haut risque d’AVC (risque hémorragique de 6% par an, score CHADS2 >1) dans les cas où le contrôle de l‘INR par la Warfarine ne serait pas excellent. Chez les malades à risque modéré, c’est la Warfarine qui serait coût-efficace à moins d’un contrôle par INR médiocre [190]. D’après les auteurs, si le coût du Dabigatran à 150 mg x2/j était inférieur à 1800$ par an, il serait plus coût-efficace que la Warfarine indépendamment des risques hémorragiques ou d’AVC. La posologie Dabigatran à 110 mg x2/j n’est pas coût-efficace du fait de la supériorité de celle à 150 mg x2/j. Dans une analyse par degré de contrôle d’INR, le Dabigatran était plus coût-efficace pour les malades avec un score CHADS2 >2 et pré- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban sentant un TTR < 57,1% sous Warfarine. Le Dabigatran n’était pas coût-efficace comparé à la Warfarine dans le cas où le TTR était supérieur à 72,6% (quartile de centre le plus élevé dans l’étude RE-LY) [191]. En milieu hospitalier, le Dabigatran serait plus coût-efficace que l’Enoxaparine et la Warfarine pour la prévention des ETEV ou AVC, du fait d’une réduction significative des coûts de surveillance et d’administration [192]. Bien que le Dabigatran soit théoriquement exempt du coût du suivi thérapeutique, nécessaire à l’utilisation de la Warfarine, il est relativement plus cher à fabriquer. Des études anciennes semblaient montrer que les inhibiteurs directs de la thrombine ne seraient rentables que chez les malades à haut risque de saignement avec la Warfarine [193]. Une évaluation économique à long terme n’est pas encore disponible, cependant, même en considérant le coût d’une surveillance régulière d’INR, il est peu probable que le Dabigatran soit plus coût-efficace que la Warfarine sur le long terme. Le Rivaroxaban a été plus coûtefficace que le Dabigatran ou l’Enoxaparine dans la prévention des ETEV suite à chirurgie orthopédique, selon une étude irlandaise [194]. Dans une élude en milieu hospitalier, il était plus coût-efficace que la Warfarine ou l’Enoxaparine pour la prévention des ETEV ou AVC mais seulement si les rabais du fournisseur (33%) étaient pris en considération [192]. L’Apixaban a été soumis à évaluation par le NICE (National institute for clinical excellence) pour la prévention des TEV chez les malades subissant une arthroplastie totale de hanche ou du genou, mais aucun calendrier de décision n’a encore été fixé [195]. Son rôle devrait être évalué au regard des deux autres anticoagulants oraux à doses fixes, qui ont tous deux été recommandés par le NICE comme des options aux HBPM ou au fondaparinux dans cette indication. Les résultats de l’étude ARISTOTLE risquent de bouleverser la donne sur le rapport coût-efficacité de la prévention des AVC en FA du fait de la supériorité démontrée de l’Apixaban sur la Warfarine en termes d’efficacité, de tolérance et, surtout, de mortalité. Les nouvelles alternatives orales à la Warfarine promettent de combiner les avantages d'une administration orale, d’une anticoagulation efficace, et des améliorations en matière de sécurité, conduisant à une surveillance et des ajustements de dose réduits. Une administration orale sans surveillance de laboratoire requise pourrait également favoriser l’observance au traitement et sembler attrayante chez les malades non disposés ou incapables d'autoinjection. Cependant le coût de ces nouveaux antithrombotiques est relativement élevé comparé aux antithrombotiques utilisés jusqu’ici. Les préoccupations économiques, telles que le coût des médicaments, surveillance des malades, et le traitement des hémorragies, deviennent cruciales compte tenu du nombre de malades concernés et du bas prix de la Warfarine. En outre, les génériques de la Warfarine devraient être nettement moins chers que les nouveaux médicaments, même après considération des coûts associés à la surveillance régulière de l’INR. Ainsi, malgré l’absence d’un problème de sécurité particulier avec aucun de ces médicaments, il est recommandé par certains auteurs « d'utiliser une alternative plus établie lorsque cela est possible, jusqu'à ce qu’une efficacité clinique et des données de sécurité plus robustes soient disponibles pour ces nouveaux médicaments ». 7. Discussion / Conclusion En bref Les nouveaux antithrombotiques oraux - Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban - ont été principalement développés pour remplacer la Warfarine à long terme sans la nécessité d'une surveillance anticoagulante de routine. Ils présentent de nombreux avantages potentiels : voie orale, sélectifs, délai d'action rapide, pas de surveillance nécessaire en routine, pas d’interactions médicamenteuses ou alimentaires notables, demi-vie courte. Tous ces points forts devraient induire une observance très améliorée. -105- Mais celle-ci n’est pas garantie du fait notamment de la nécessité d’une éducation à ces nouveaux traitements et d’une détection des facteurs de risque de nonadhésion, ainsi que de l’absence de suivi biologique qui permettait aux prescripteurs de Warfarine de contrôler, outre l’observance, l’efficacité et la sécurité du traitement. Ces nouveaux traitements semblent donc prometteurs et plus pratiques mais ils seraient probablement d’efficacité et de tolérance similaires à un traitement par Warfarine bien géré. S’ils peuvent sans doute constituer une alternative efficace chez le malade mauvais candidat à la Warfarine, leur coût élevé en comparaison de celui de la Warfarine reste un problème important. Pour conclure sur la place la plus appropriée à leur donner en pratique clinique, les données d’efficacité doivent être consolidées et celles de tolérance à long terme (hépatique, risque de saignement) complétées. Enfin des études comparatives et de grande envergure entre ces nouveaux antithrombotiques restent à mener afin de les positionner les uns par rapport aux autres. Les nouveaux médicaments antithrombotiques oraux sont sélectifs et ont un délai d'action rapide, avec un pic d’effet anticoagulant atteint en 2-4 h, éliminant potentiellement la nécessité d'une anticoagulation parentérale par héparine non fractionnée ou de bas poids moléculaire lors du traitement initial. Leurs paramètres pharmaco-cinétiques et pharmacodynamiques sont prévisibles et ne nécessitent pas de surveillance de routine. Ils ne sont pas associées à des interactions médicamenteuses ou alimentaires importantes, ont une demi-vie courte et peuvent être administrés en doses fixes une ou deux fois par jour. Dans la vie quotidienne, les malades devraient préférer la voie d’administration orale aux injections SC. De plus, la nécessité des contrôles de l’INR lors d’un traitement par AVK et les ajustements de dose n’étant plus requis, l’observance devrait en être améliorée. Toutefois, l'éducation au traitement et la détection des facteurs de risque de Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban non-adhésion demeurent essentiels pour garantir une bonne efficacité [196]. D’autre part, le suivi biologique permettait aux prescripteurs de contrôler l’efficacité et la sécurité du traitement. Bien qu'il n'y ait pas eu d'effets indésirables hépatiques rapportés avec ces médicaments, les données à long terme sont insuffisantes pour éliminer ce problème potentiel. Les considérations spécifiques sur leur sécurité d’utilisation doivent être évaluées individuellement, étant donné que tous ces antithrombotiques augmentent le risque de saignement et qu’il n'existe aucun antidote en cas de surdosage [197]. Aucune stratégie basée sur des preuves n’est disponible pour la prise en charge d’un malade présentant des saignements avec ces médicaments. Bien que ce besoin semble rare du fait de la faible demi-vie de ces substances actives, l’absence d’antidote et le manque de stratégie de prise en charge de saignement basée sur des preuves pourrait être délétère. Les nouveaux antithrombotiques oraux ont été principalement développés pour remplacer la Warfarine à long terme sans la nécessité d'une surveillance anticoagulante de routine [198 ; 199]. Le Dabigatran, le Rivaroxaban, et l’Apixaban ont montré des avantages sur la Warfarine pour la prévention des AVC lors de fibrillation auriculaire respectivement dans les essais RE-LY et ROCKET-AF, et ARISTOTLE. L’Apixaban est le premier des trois à avoir montré une réduction dans chacun des principaux critères d’AVC, de saignements, et de mortalité. Les résultats de l’étude ARISTOTLE ont placé l’Apixaban au premier rang des nouveaux antithrombotiques oraux dans la FA. Cependant, l’Apixaban n'a pas montré de réduction dans les AVC ischémiques, à la différence du Dabigatran à la dose de 150 mg dans RE-LY. Le Rivaroxaban a été non inférieur à la Warfarine dans la prévention des AVC, mais sa supériorité n’a pas été démontrée dans l’analyse en intention de traiter (seulement dans l’analyse per-protocole). Par ailleurs, dans ROCKET AF, les hémorragies intracrâniennes et fatales étaient moins nombreuses avec le RivaDossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 roxaban, alors que la fréquence des autres saignements majeurs étaient similaires à la Warfarine. Il existe de nombreuses différences entre les études concernant leurs méthodologies, leurs plans d'analyse statistique et leurs puissances, ne nous permettant pas de les comparer entre elles. Seules des études de comparaison directe et de grande envergure entre les nouveaux antithrombotiques nous permettraient de les positionner les uns par rapport aux autres. Nous n’en disposons pas à l’heure actuelle. Malgré les résultats prometteurs obtenus par ces nouveaux médicaments, la Warfarine, en raison du grand recul dans son utilisation, devrait continuer à jouer un rôle pivot dans le traitement de la FA au moins à moyen terme. Toutefois, chez le malade mauvais candidat pour la Warfarine, les nouveaux antithrombotiques oraux pourraient être une alternative sûre et efficace. La question sur l’opportunité du traitement des malades par antithrombotiques est ancienne. Une grande partie des interrogations porte sur la réelle efficacité de l’anticoagulation dans la prévention des complications, en tenant compte du rapport bénéfice/risque encouru par les malades. Le risque d’entraîner de nouveaux problèmes et les contraintes liées à l’utilisation des AVK pèsent dans la décision médicale de traitement et entraîne souvent leur sous-utilisation. Les nouveaux antithrombotiques oraux pourraient être un moyen de remédier en partie à ce problème. D’autres indications ont été évaluées. Dans l’indication du traitement aigu des TVP les deux études réalisées pour le Dabigatran et Rivaroxaban (RE-COVER et EINSTEIN DVT) ne sont pas superposables sur le plan méthodologique. En effet, le Rivaroxaban a été administré dès le début du traitement alors que le Dabigatran n’a été introduit qu’après héparinothérapie. Les deux médicaments ont fait preuve de leur efficacité mais se positionneront différemment dans cette indication selon deux stratégies thérapeutiques bien distinctes. On note l’avantage du Rivaroxaban qui permet la possibilité de traiter -106- une TVP exclusivement par voie orale. Concernant l’Apixaban, l’étude de phase II Botticelli réalisée en 2006 a été suivie par une étude de phase III en cours (AMPLIFY) Dans la prévention secondaire des ETEV les études réalisées posent le problème de l’absence de consensus sur la durée de traitement postETEV. Selon les recommandations de l’ACCP, elle doit être la plus longue possible mais en réalité le traitement par AVK est souvent interrompu prématurément. Les nouveaux antithrombotiques oraux, étant plus faciles à utiliser, pourraient avoir un intérêt dans cette indication. Les deux études RE-SONATE (Dabigatran) et EINSTEIN-EXT (Rivaroxaban) présentent un intérêt limité car les médicaments étaient comparés au placebo. L’étude RE-MEDY, en revanche, a comparé Dabigatran à la Warfarine avec une efficacité similaire et une réduction du risque de saignements. Néanmoins, le taux de SCA plus élevé dans le groupe Dabigatran soulève des interrogations auxquelles devraient répondre de nouvelles investigations. L’étude AMPLIFY-EXT est en cours pour l’évaluation de l’Apixaban dans cette indication. Dans la prévention des évènements cardiovasculaires chez les malades souffrant de SCA, en plus du traitement standard (aspirine et Clopidogrel) les résultats obtenus sont, à ce jour, peu concluants. Pour le Dabigatran, la diminution des évènements ischémiques et l’augmentation acceptable du taux de saignement va autoriser une étude de phase III. Dans ATLAS-ACS-TIMI46, le risque de saignement était présent dès l’administration de faibles doses de Rivaroxaban. Néanmoins, une étude de phase III est en cours. Quant aux deux études de phase III ayant évalué l’Apixaban dans cette indication, elles ont été stoppées prématurément en raison d’un sur risque de saignement. Les nouveaux antithrombotiques oraux ne sont pas actuellement indiqués pour la thromboprophylaxie en milieu médical bien que des essais de confirmation soient en cours. Ils n'ont pas été testés pour la thromboprophylaxie en chirurgie pour fracture de la hanche ou chi- Antithrombotiques oraux : Dabigatran, Rivaroxaban, Apixaban rurgie abdominale majeure. Chez ces malades, les HBPM et le fondaparinux devraient rester le traitement de choix à moyen terme. Enfin, il est peu probable que les nouveaux antithrombotiques oraux remplaceront les héparines pendant la grossesse [200], car une toxicité sur la reproduction a été démontrée dans des études animales [201]. Ces traitements semblent donc plus pratiques mais seraient probablement d’efficacité et de tolérance similaires à un traitement par Warfarine bien géré. Leur coût élevé en comparaison de celui de la Warfarine reste également un problème important, et leur rapport coûtefficacité n’est pas favorable dans toutes les situations. Bien que des milliers de malades aient été traités dans les études de phase III, des données supplémentaires sont nécessaires avant que des conclusions puissent être tirées sur la place de ces nouveaux médicaments antithrombotiques en pratique clinique [201]. Acronymes & sigles AINS : anti-inflammatoire non stéroïdien AMM : Autorisation de Mise sur le Marché AVK : Antivitamine K AIT : Accident Ischémique Transitoire ASC : Aire Sous la Courbe AT : antithrombine ATU : Autorisation temporaire d'Utilisation AVC : Accident Vasculaire Cérébral ECG : électrocardiogramme EP : Embolie Pulmonaire EPAR : European Public Assesment Report ETE : événement thromboembolique ETEV : événement thromboembolique veineux ETO : Échographie transœsophagienne ETT : Échographie transthoracique FA : Fibrillation atriale FH : Fracture de Hanche FT : Facteur Tissulaire HAS : Haute Autorité de Santé HBPM : Héparine de Bas Poids Moléculaire HNF : Héparine Non Fractionnée HTA : Hypertension Artérielle HTAP : Hypertension Artérielle Pulmonaire IDM : Infarctus du Myocarde INR : International Normalized Ratio ISI : International Sensitivity index KHPM : Kininogène de Haut Poids Moléculaire LPP : Liaisons aux Protéines Plasmatiques MTEV : Maladie Thromboembolique Veineuse NS : Non Significatif NYHA : New York Heart Association PAP : Pression Artérielle Pulmonaire PAR : récepteur activable par les protéases PC : protéine C P-gp : P-Glycoprotéine PK : Pharmacocinétique PL : Phospholipides membranaires PS : protéine S PTG : Prothèse Totale de Hanche PTH : Prothèse Totale de Genou SAPL : Syndrome des Antiphospholipides SCA : Syndrome Coronarien Aigu TA : Thrombose Artérielle TCA : Temps de Céphaline Activée TE : thrombine en excès TFPI : Tissue Factor Pathway Inhibitor TIH : Thrombopénie Induite à l'Héparine TP : Taux de Prothrombine TQ : Temps de Quick TT : Temps de Thrombine TV : Thrombose Veineuse TVP : Thrombose Veineuse Profonde TVS : Thrombose Veineuse Superficielle. 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Ratio vWF:Ag/activité ~ 1 Maladie de Willebrand Spécifiques à chaque test - Anomalie de solidité ou perméabilité vasculaire - Anomalie de structure du collagène Tests Exploration plaquettaire Temps de saignement Exploration du Facteur Von Willebrand (vWF) - Résistance capillaire Exploration du vaisseau (en dernier recours) - Biopsie cutanée Exploration de la coagulation Tests Principes Valeurs normales Anomalies explorées Temps de céphaline et activateur TCA Temps de coagulation d’un plasma + céphaline + activateur + calcium TCA malade/témoin : 0,80- 1,20 Voie endogène Temps de Quick TQ ou Taux de Prothrombine TP Temps de coagulation d’un plasma en présence de thromboplastine + calcium TP 70-130% Voie exogène Temps de Thrombine TT Temps de coagulation d’un plasma en présence de thrombine diluée TT 8 à 20 secondes Fibrinoformation 2-4 g/L Fibrinoformation Spécifiques à chaque dosage Facteurs de coagulation Dosage du fibrinogène Dosage des facteurs de coagulation Variante du concentration thrombine test TT élevée avec de Techniques fonctionnelles chronométriques et chromogéniques Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -114- Fiche IAM : antiarythmiques Interactions médicamenteuses des antiarythmiques Amiodarone, Cibenzoline, Diltiazem, Disopyramide, Flecainide, Hydroquinidine, Lidocaïne, Méxilétine, Propafenone, Quinidine, Sotalol, Verapamil Saadia Skalli1, Nouvel Marion1, Amélie Faudel1, Selim Omrani1, Myriam Aitichou1, Stéphanie Parat1, Catherine Rioufol1,2 2 1 Département de Pharmacie Clinique et Médicament, Groupement Hospitalier Sud, Hospices Civils de Lyon EA3738 Ciblage Thérapeutique en Oncologie, Faculté de Médecine Lyon Sud, Université Claude Bernard Lyon 1 Remerciements : Isabelle Fusier, Marie-Caroline Husson, Corinne Tollier (Paris). Niveaux de contrainte Association contre-indiquée (CI) Précaution d’emploi (PE) Association déconseillée (ASDEC) A prendre en compte (APEC) = IAM de la classe = IAM spécifique de la substance en sus des IAM de la classe Antiarythmiques Autres antiarythmiques (Classes : Ia + Ia ; Ia + III, III + III) Autres antiarythmiques (Classe : Ib + Ib, Ic + Ic, II + II, IV + IV) Autres antiarythmiques Antiarythmiques susceptibles de donner des torsades de pointe (Amiodarone, Disopyramide, Hydroquinidine, Quinidine, Sotalol) Médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes, torsadogènes (sauf antiparasitaires, neuroleptiques et méthadone) Augmentation du risque de trouble du rythme ventriculaire, torsades de pointes Antiparasitaires susceptibles de donner des torsades de pointes *, Neuroleptiques susceptibles de donner des torsades de pointes, Méthadone * Augmentation du risque de trouble du rythme ventriculaire, torsades de pointes Azithromycine *, Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque *, Clarithromycine *, Hypokaliémiants *, Roxithromycine * Augmentation du risque de trouble du rythme ventriculaire, torsades de pointes * cf. Conduite à tenir pages : 123-125 D’après Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 -115- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques Antiarythmiques de classe I (sauf Lidocaïne) Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque Effet inotrope négatif avec risque de décompensation cardiaque Bêtabloquants (sauf Esmolol et Sotalol) * Troubles de la contractilité, de l'automatisme et de la conduction Antiarythmiques de classe IA Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, Rifampicine * Diminution de l’efficacité et des concentrations plasmatiques de l’antiarythmique Esmolol * Troubles de la contractilité, de l’automatisme et de la conduction Médicaments bradycardisants, Pilocarpine Risque de bradycardie excessive Quinidine et Hydroquinidine Disopyramide Josamycine, Erythomycine, Clarithromycine * Digoxine * Risque de majoration des effets indésirables du disopyramide (hypoglycémies sévères, allongement de l’intervalle QT et troubles, du rythme ventriculaire graves, notamment à type de torsade de pointes) Augmentation de la digoxinémie et des troubles de l'automatisme (bradycardie excessive et troubles de la conduction auriculoventriculaire) Alcalinisants urinaires * Médicaments atropiniques Augmentation des concentrations plasmatiques de l'hydroquinidine et de la quinidine et risque de surdosage Addition des effets indésirables atropiniques Anticholinestérasiques Hydroquinidine Diminution d’efficacité et effet rebond à l’arrêt Itraconazole * Risque d'acouphènes et/ou de diminution de l'acuité auditive (cinchonisme) Quinidine Inhibiteurs de protéases, Triclabendazole, Voriconazole, Stiripentol, Itraconazole * Augmentation du risque de trouble du rythme notamment de torsades de pointes Augmentation du risque de trouble du rythme ventriculaire notamment de torsades de pointes Vérapamil Risque de majoration importante des effets hémodynamiques du vérapamil, avec hypotension et bradycardie sévères. Aliskirene Augmentation des concentrations plasmatiques d’aliskirene et majoration du risque de ses effets indésirables Tamoxifène Dronédarone * Risque de baisse de l'efficacité du tamoxifène Risque de bradycardie ou de bloc auriculo-ventriculaire, notamment chez le sujet âgé. Par ailleurs, légère augmentation des concentrations de dronédarone Atomoxétine * Majoration des effets indésirables de l’atoméxétine Médicaments Atropiniques Addition des effets indésirables atropiniques Dabigatran * Augmentation des concentrations plasmatiques de dabigatran, avec majoration du risque de saignement. Anticholinestérasiques Diminution d’efficacité et effet rebond à l’arrêt Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -116- * cf. Conduite à tenir pages : 123-125 D’après Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 Fiche IAM : antiarythmiques Antiarythmiques de classe IB Fluvoxamine * Augmentation des concentrations plasmatiques et majoration des effets indésirables de l’antiarythmique. Lidocaïne Méxilétine Amiodarone, Cimétidine (dose ≥ 800 mg/j) * Caféine Augmentation des concentrations plasmatiques de lidocaïne avec risque d'effets indésirables neurologiques et cardiaques Augmentation des concentrations plasmatiques de caféine Bêtabloquants (sauf esmolol) * Diminution de l'activité antiarythmique, des concentrations plasmatiques et de la demi-vie de la méxilétine Phénytoïne / Fosphénytoïne * Avec la lidocaïne IV : augmentation des concentrations plasmatiques de lidocaïne avec possibilité d'effets indésirables neurologiques et cardiaques Théophylline / Aminophylline * Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque Augmentation de la théophyllinémie avec risque de surdosage Avec la lidocaïne IV : effet inotrope négatif avec risque de décompensation cardiaque. Antiarythmiques de classe IC Flecaïnide, Propafénone Bupropion, Cinacalcet, Darifenacine, Duloxetine, Terbinafine * Augmentation des concentrations plasmatiques de l’antiarythmique et majoration de ses effets indésirables Propafenone Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, Millepertuis, Rifampicine * Théophylline * Risque d’augmentation de la théophyllinémie Diminution des concentrations plasmatiques de la propafénone Antivitamines K * Digoxine * Augmentation de l'effet anticoagulant et du risque hémorragique Risque d’augmentation de la digoxinémie, notamment chez le sujet âgé. Esmolol, Sotalol * Troubles de la contractilité, de l'automatisme et de la conduction * cf. Conduite à tenir pages : 123-125 D’après Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 -117- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques Antiarythmiques de classe III Médicaments bradycardisants, Pilocarpine Lidocaïne * Risque de bradycardie excessive Risque d’augmentation des concentrations plasmatiques de lidocaïne, avec possibilité d’effets indésirables neurologiques et cardiaques Amiodarone Verapamil et Diltiazem IV * Vérapamil et Diltiazem per os * Risque de bradycardie et de bloc auriculo-ventriculaire Risque de bradycardie et de bloc auriculo-ventriculaire Ciclosporine * Bêtabloquants (sauf esmolol et sotalol), Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque * Augmentation des concentrations sanguines de ciclosporine avec risque d'effets néphrotoxiques Troubles de l'automatisme et de la conduction Antivitamines K * Tacrolimus * Augmentation de l'effet de l'anticoagulant oral et du risque hémorragique. Augmentation des concentrations sanguines de tacrolimus par inhibition de son métabolisme par l’amiodarone Phénytoïne, Fosphénytoïne * Dabigatran * Augmentation des concentrations plasmatiques de la phénytoïne avec signes de surdosage, en particulier neurologiques Augmentation des concentrations plasmatiques de dabigatran, avec majoration du risque de saignement. Simvastatine * Digoxine Risque majoré d'effets indésirables (concentration - dépendants) à type de rhabdomyolyse Dépression de l'automatisme (bradycardie excessive) et troubles de la conduction auriculo-ventriculaire et augmentation de la digoxinémie Voriconazole * Augmentation des troubles ventriculaires, notamment torsade de pointe Tamsulosine * Orlistat * Risque de diminution des concentrations plasmatiques de l'amiodarone et de son métabolite actif. Augmentation des effets indésirables de la tamsulosine par diminution du métabolisme Sotalol Floctafenine Verapamil, Diltiazem En cas de choc ou d'hypotension à la floctafénine, réduction des réactions cardiovasculaires de compensation par les bêtabloquants. Troubles de l'automatisme (bradycardie excessive, arrêt sinusal), troubles de la conduction sino-auriculaire et auriculoventriculaire et défaillance cardiaque. Anesthésiques volatils halogénés Antihypertenseurs centraux Réduction des réactions cardiovasculaires de compensation par les bêtabloquants. Augmentation de la pression artérielle en cas d'arrêt brutal du traitement antihypertenseur central. Baclofène Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique. Propafénone Troubles de la contractilité, de l'automatisme et de la conduction Insulines, Sulfamides hypoglycémiants Anti-inflammatoires non stéroïdiens Risque de masquer certains symptômes de l'hypoglycémie : palpitations et tachycardie. Réduction de l'effet antihypertenseur du sotalol Antidépresseurs imipraminiques, Alpha-bloquants (à visée urologique et antihypertensive), Neuroleptiques, Dérivés nitrés et apparentés, Doxazosine, Amifostine Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -118- Dipyridamole IV Majoration de l'effet antihypertenseur Dihydropyridines Hypotension, défaillance cardiaque chez les patients en insuffisance cardiaque latente ou non contrôlée * cf. Conduite à tenir pages : 123-125 D’après Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 Fiche IAM : antiarythmiques Antiarythmiques de classe IV Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque Médicaments bradycardisants, Pilocarpine Effet inotrope négatif avec risque de décompensation cardiaque Risque de bradycardie excessive Bêtabloquants (sauf Esmolol) * Troubles de la contractilité, de l'automatisme et de la conduction Esmolol : si fonction ventriculaire gauche altérée Troubles de l'automatisme (bradycardie excessive, arrêt sinusal), troubles de la conduction sino-auriculaire et auriculoventriculaire et défaillance cardiaque Amiodarone + Verapamil et Diltiazem IV * Esmolol : si fonction ventriculaire gauche normale Troubles de l'automatisme (bradycardie excessive, arrêt sinusal), troubles de la conduction sino-auriculaire et auriculo-ventriculaire et défaillance cardiaque. Baclofène Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique Amiodarone +Verapamil et Diltiazem per os * Risque de bradycardie et de bloc auriculo-ventriculaire Risque de bradycardie et de bloc auriculo-ventriculaire Dantrolène Antidépresseurs imipraminiques, Alpha-bloquants (à visée urologique et antihypertensive), Neuroleptiques, Dérivés nitrés et apparentés, Doxazosine, Amifostine Cas de fibrillations ventriculaires mortelles chez l’animal Ivabradine *, Triazolam Augmentation des concentrations plasmatiques et des effets indésirables du médicament associé Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, Rifampicine Immunosuppresseurs, Atorvastatine, Buspirone, Midazolam, Simvastatine * Diminution de l’efficacité et des concentrations plasmatiques de l’antiarythmique Augmentation des concentrations plasmatiques et des effets indésirables du médicament associé Clonidine, Guanfacine Dronédarone * Trouble de l’automatisme (troubles de la conduction auriculoventriculaire par addition des effets négatifs sur la conduction). Risque de bradycardie ou de bloc auriculo-ventriculaire, notamment chez le sujet âgé et légère augmentation des concentrations de dronédarone Inhibiteurs puissants du CYP 3A4 Tamsulosine * Bradycardie et/ou troubles de la conduction auriculoventriculaire. Augmentation des effets indésirables de la tamsulosine par diminution du métabolisme Diltiazem Nifédipine Dihydroergotamine, Ergotamine Augmentation importante des concentrations de nifédipine avec risque d'hypotension sévère. Ergotisme avec possibilité de nécrose des extrémités Alfentanil Pimozide Augmentation de l'effet dépresseur respiratoire de l'analgésique opiacé Augmentation du risque de trouble du rythme notamment de torsades de pointes Vérapamil Millepertuis Aliskirene Diminution de l’efficacité de l’antiarythmique. Majoration des effets indésirables du médicament associé Quinidine Erythromycine * Risque de majoration importante des effets hémodynamiques du vérapamil, avec hypotension et bradycardie Bradycardie ou trouble de la conduction auriculoventriculaire. Colchicine Augmentation des concentrations plasmatiques de Dabigatran avec majoration du risque de saignement. Dabigatran * Majoration des effets indésirables du médicament associé Digoxine * Lithium Risque de neurotoxicité avec, éventuellement, augmentation de la lithémie. Bradycardie excessive et bloc auriculo-ventriculaire par majoration des effets de la digoxine sur l'automatisme et la conduction. Jus de pamplemousse Dérivés Nitrés Bradycardie et/ou troubles de la conduction auriculoventriculaire. Majoration du risque d’hypotension, notamment orthostatique. Doxorubicine Augmentation des concentrations plasmatiques et des effets indésirables du médicament associé. * cf. Conduite à tenir pages : 123-125 D’après Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 -119- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques Interactions médicamenteuses des antiarythmiques Commentaires, mécanismes, conduites à tenir 1. Généralités Antiarythmiques de classe I : Cibenzoline, Disopyramide, Flécaïnide, Hydroquinidine, Lidocaïne, Mexilétine, Propafénone, Quinidine Classe IA : Disopyramide, Hydroquinidine, Quinidine Classe IB : Lidocaïne Mexilétine Classe IC : Cibenzoline, Flecaïnide, Propafénone Antiarythmiques de classe II : les Bêtabloquants sauf Sotalol (non développés dans ce dossier) Antiarythmiques de classe III : Amiodarone, Sotalol Antiarythmiques de classe IV : Diltiazem, Vérapamil 2. Mécanismes des IAM + + + + Inhibiteurs de protéases (d), Triclabendazole, Stiripentol, Voriconazole - Amiodarone + Voriconazole * Risque de décompensation cardiaque par effet inotrope négatif - Antiarythmiques + autres antiarythmiques : L’association d’antiarythmiques de même classe est déconseillée, sauf cas exceptionnel, en raison du risque accru d’effets indésirables cardiaques. L’association à des médicaments ayant des propriétés inotropes négatives, bradycardisantes et/ou ralentissant la conduction auriculo-ventriculaire est délicate. 2.1. IAM cliniquement significatives (1) - Antiarythmiques de classe I, antiarythmiques de classe IV + bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque (b). * Augmentation du risque de troubles du rythme ventriculaire, torsades de pointes * Troubles de l’automatisme, de la contractilité, de la conduction La torsade de pointe est un trouble du rythme cardiaque grave, pouvant être provoqué par un certain nombre de médicaments, antiarythmiques ou non. L'hypokaliémie est un facteur favorisant, de même que la bradycardie (cf. médicaments bradycardisants) ou un allongement préexistant de l'intervalle QT, congénital ou acquis. - Antiarythmiques + autres antiarythmiques De nombreux antiarythmiques sont dépresseurs de l’automatisme, de la conduction et de la contractilité cardiaques. L’association d’antiarythmiques de classes différentes peut apporter un effet thérapeutique bénéfique, mais s’avère le plus souvent très délicate. Les médicaments concernés sont notamment des antiarythmiques de classe Ia et III, certains neuroleptiques. - Antiarythmiques de classe I (sauf la Lidocaïne), Amiodarone + bêtabloquants (sauf Esmolol et Sotalol) (e) : suppression des mécanismes sympathiques compensateurs. Pour l’érythromycine, la spiramycine et la vincamine, seules les formes administrées par voie intraveineuses sont concernées par cette interaction. L'utilisation d'un médicament torsadogène avec un autre médicament torsadogène est contre-indiquée en règle générale. Toutefois, la méthadone, ainsi que certaines sousclasses, font exception à cette règle : - des antiparasitaires (Halofantrine, Luméfantrine, Pentamidine) sont seulement déconseillés avec les autres torsadogènes ; - les neuroleptiques susceptibles de donner des torsades de pointes sont également déconseillés, et non contreindiqués, avec les autres torsadogènes. - Amiodarone, Disopyramide, Hydroquinidine, Quinidine, Sotalol : + Médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes (a), + Azithromycine, + Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque (b), + Clarithromycine, + Hypokaliémiants (c), + Roxithromycine, - Diltiazem + Pimozide - Quinidine + Itraconazole, Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 - Antiarythmiques de classe IV, Propafénone + Bêtabloquants (f) : suppression des mécanismes sympathiques compensateurs. - Antiarythmiques de classe IA + Esmolol : suppression des mécanismes sympathiques compensateurs. - Antiarythmiques de classe IV + Clonidine, + Guanfacine - Sotalol + Diltiazem + Propafénone + Vérapamil * Majoration de l’effet hypotenseur - Antiarythmiques de classe IV (Diltiazem, Vérapamil), Sotalol + Alpha-bloquants à visée urologique (g) et antihypertensive (h), + Amifostine, + Antidépresseurs imipraminiques (i), + Baclofène, + Dérivés nitrés et apparentés (j), + Doxazosine, + Neuroleptiques (k). -120- Fiche IAM : antiarythmiques - Sotalol + Dihydropyridines (l). * Risque de bradycardie et/ou trouble de la conduction - Antiarythmiques + autres antiarythmiques. L’association d’antiarythmiques de même classe est déconseillée, sauf cas exceptionnel, en raison du risque accru d’effets indésirables cardiaques. L’association à des médicaments ayant des propriétés inotropes négatives, bradycardisantes et/ou ralentissant la conduction auriculo-ventriculaire est délicate. - Antiarythmiques de classe IA, III, IV (addition des effets) + Bradycardisants (m), + Pilocarpine De nombreux médicaments peuvent entraîner une bradycardie. C'est le cas notamment des antiarythmiques de classe Ia, des bêtabloquants, de certains antiarythmiques de classe III, de certains antagonistes du calcium, des digitaliques, de la pilocarpine, des anticholinestérasiques… etc. - Amiodarone, Hydroquinidine, Quinidine, Vérapamil + Digoxine + + + + + Ivabradine Midazolam Simvastatine Tamsulosine Triazolam - Diltiazem + Alfentanil + Dihydroergotamine + Ergotamine + Nifédipine - Hydroquinidine, Quinidine + Digoxine : diminution de la clairance rénale. - Quinidine, Antiarythmiques de classe IV + Dronédarone : diminution de son métabolisme par l’antagoniste des canaux calciques. - Quinidine, Vérapamil + Aliskirène, + Dabigatran. - Quinidine + Atomoxétine. - Mexilétine + Caféine, + Théophylline, Aminophylline. - Amiodarone + Diltiazem per os et IV + Vérapamil per os et IV - Quinidine, Antiarythmiques de classe IV + Dronédarone - Propafénone + Antivitamines K (o), + Digoxine, + Théophylline, Aminophylline. - Sotalol +Insulines + Sulfamides Hypoglycémiants (n) Risque masquer certains symptômes de l’hypoglycémie : palpitations et tachycardie - Vérapamil + Colchicine, + Digoxine, + Doxorubicine, + Lithium. - Vérapamil + Erythromycine + Quinidine. * Diminution de l’efficacité du médicament associé * Risque de fibrillation auriculaire mortelle - Antiarythmiques de classe IV + Dandrolène IV (cas de fibrillations ventriculaires mortelles ont été observé chez l’animal). * Majoration des effets indésirables du médicament associé par diminution du métabolisme hépatique et/ou augmentation des concentrations plasmatiques - Amiodarone + Antivitamines K (o) + Ciclosporine + Dabigatran + Digoxine par diminution de la clairance de la Digoxine + Phénytoïne, Fosphénytoïne + Simvastatine + Tacrolimus + Tamulosine - Disopyramide, Quinidine + Anticholinestérasiques (Ambénonium, Donépézil, Galantamine, Néostigmine, Pyridostigmine, Rivastig-mine). Outre la possible diminution de l'effet thérapeutique de l’antichlonestérasique, l'interruption brutale du traitement atropinique expose au risque de dévoiler alors les effets muscariniques du parasympatho-mimétique avec symptomatologie de type "crise cholinergique", pouvant se manifester notamment par des convulsions. - Quinidine + Tamoxifène (par inhibition de la formation de son métabolite actif par la Quinidine). - Sotalol + Antihypertenseurs centraux (q) : augmentation de la pression artérielle en cas d’arrêt brutal du traitement antihypertenseur central. * Augmentation de l’efficacité du médicament associé - Sotalol + Dipyridamole IV : majoration de l’effet antihypertenseur. * Diminution de l’efficacité de l’antiarythmique - Antiarythmiques de classe III + Lidocaïne - Antiarythmiques de classe IV + Atorvastatine + Buspirone + Immunosuppresseurs (p) - Quinidine + Tamoxifène (par inhibition de la formation de son métabolite actif par la Quinidine). - Sotalol + Floctafénine, -121- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques + Anesthésiques Volatils Halogénés (r) : réduction des réactions cardiovasculaires de compensation par le bêtabloquant, + Anti-inflammatoires non stéroïdiens (s). * Diminution de l’efficacité de l’antiarythmique par augmentation de son métabolisme hépatique - Amiodarone + Orlistat - Antiarythmiques de classe Ia, antiarythmiques de classe IV : + Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques (t), + Rifampicine. - Disopyramide, Quinidine + Atropiniques (v) : addition des effets indésirables atropiniques. 2.2. IAM potentielles 2.2.1. IAM dépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 * Induction du CYP1A2 - Vérapamil + tabac (2) : diminution de la concentration de Vérapamil. - Mexilétine + Phénytoïne et Fosphénytoïne. - Propafénone : augmentation de son métabolisme hépatique + Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques (t), + Millepertuis, + Rifampicine. - Vérapamil + Millepertuis. * Majoration des effets indésirables de l’antiarythmique par diminution de son métabolisme hépatique ou/et augmentation de ses concentrations plasmatiques - Antiarythmiques de classe I C (Flecaïnide, Propafénone) : + Bupropion, + Cinacalcet, + Darifenacine, + Duloxetine, + Terbinafine. - Antiarythmiques de classe IB (Lidocaïne, Mexilétine) + Fluvoxamine - Disopyramide + Clarithromycine, + Erythromycine, + Josamycine. - Hydroquinidine, Quinidine + Alcalinisants urinaires (u) : diminution de l'excrétion rénale par alcalinisation des urines. - Hydroquinidine + Itraconazole. - Lidocaïne + Amiodarone, + Bêta-bloquants (sauf Esmolol), + Cimétidine (dose ≥ 800 mg/j). * Inhibition du CYP2D6 - Mexilétine + Ritonavir : inhibition du CYP2D6 par le Ritonavir : en association avec de la médicine man des cas d'effets indésirables cardiaques ont été rapportés (3). - Flecaïnide + Paroxétine : inhibition du CYP2D6 par la Paroxetine : augmentation des concentrations plasmatiques de Flecaïnide (4). - Amiodarone + Métoprolol (5, 6) : doublement des concentrations de Métoprolol. *Inhibition du CYP3A4 - Disopyramide + Ritonavir : inhibition du CYP3A par le Ritonavir entraînant une augmentation des concentrations de Disopyramide (description d’effets indésirables cardiaques décrits) (3). - Quinidine + Jus de pamplemousse : inhibition du CYP3A4 intestinal entraînant une diminution mineure (15%) de la clairance de la Quinidine (7). - Lidocaïne + Delavirdine : inhibition du CYP3A par la Delavirdine entraînant une augmentation des concentrations de Lidocaïne majorant le risque d'arythmie (3). + Inhibiteurs de protéase : inhibition du CYP3A par les Inhibiteur de Protéase entraînant une augmentation des concentrations de Lidocaïne majorant le risque d'arythmie (3). - Amiodarone + Delavirdine (3) + Inhibiteurs de protéase (3) + Métronidazole (8) : augmentation des concentrations de l’Amiodarone. - Vérapamil + Inhibiteurs puissants du CYP 3A4, + Jus de Pamplemousse. * Addition des effets indésirables atropiniques Les substances atropiniques peuvent additionner leurs effets indésirables et entraîner plus facilement une rétention urinaire, une poussée aiguë de glaucome, une constipation, une sécheresse de la bouche, etc. Les divers médicaments atropiniques sont représentés par les antidépresseurs imipraminiques, la plupart des antihistaminiques H1 atropiniques, les antiparkinsoniens Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 anticholinergiques, les antispasmodiques atropiniques, le Disopyramide, les neuroleptiques phénothiaziniques ainsi que la Clozapine. - Diltiazem + Erythromycine (9) : augmentation des concentrations d’érythromycine conduisant à des risques de mort subite par effet indésirable cardiaque. + Inhibiteurs de Protéases + Tacrolimus (10) : augmentation des concentrations de Tacrolimus liée à l’inhibition du CYP3A4 et des PgP par le Ritonavir, le Saquinavir et le Diltiazem. + Cilostazol (11) : augmentation de l’AUC du Cilostazol. + Delavirdine (3) : augmentation des concentrations en Diltiazem. -122- Fiche IAM : antiarythmiques - Vérapamil + Atorvastatine (12) : augmentation de l’AUC du Vérapamil, le Vérapamil et l’Atorvastatine étant tous les 2 substrats et des inhibiteurs du CYP 3A4 et des P-gP. + Erythromycine (13) : augmentation de la concentration en érythromycine par inhibition du CYP 3A4 et des P-gP par le Vérapamil conduisant à un risque de mort subite par effets indésirables cardiaques. + Clarithromycine (14) + Delavirdine (interaction théorique) (3) + Nelfinavir (interaction théorique) (3) : augmentation de la concentration en Vérapamil. * Induction du CYP 3A4 - Lidocaïne + Rifampicine : diminution de l’aire sous la courbe de la Lidocaïne de 11% en association avec la rifampicine (15). - Mexilétine + Rifampicine : diminution de la demi-vie de la médicine man en association avec la rifampicine (15). Amiodarone : d’Amiodarone : + Efavirenz (3) + Névirapine (3) diminution des concentrations - Vérapamil + millepertuis (16) : diminution de la biodisponibilité du Vérapamil. *Autres - Vérapamil + Télithromycine (17) : augmentation de la concentration de Vérapamil par déplacement de sa molécule porteuse (isoenzyme du CYP450) par la Télithromycine + Rifampicine (15) : diminution de l’AUC du Vérapamil de 93 à 98 %. 2.2.2. IAM indépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 - Quinidine + Lopéramide : inhibition de la P-gp par la Quinidine entraînant des effets indésirables sévères (18) - Propafénone + Caféine : diminution de la clairance et augmentation de la demi-vie de la caféine (19). + Citalopram : majoration du risque de survenue d’effets indésirables (20). + Venlafaxine : apparition d’hallucinations visuelles et agitation psychomotrice (21). - Amiodarone + Carvédilol (22) : augmentation de la concentration en S-Carvedilol. - Vérapamil + Féxofénadine (28) : augmentation de l’AUC et du Cmax de Féxofénadine. + Sirolimus (29) : augmentation de l’AUC du Vérapamil. 2.3. Cytochromes Cf. Tableaux page 128. 3. Conduites à tenir 3.1. IAM cliniquement significatives (1) L’association d’antiarythmiques de même classe est contre-indiquée ou déconseillée, sauf cas exceptionnel, en raison du risque accru d’effets indésirables cardiaques. 3.1.1. Associations contre-indiquées - Quinidine + Triclabendazole : respecter un délai de 24h entre l’arrêt du Triclabendazole et la prise de médicament torsadogène, et inversement. 3.1.2. Associations déconseillées - Antiarythmiques susceptibles de donner des torsades de pointe + Antiparasitaires susceptibles de donner des torsades de pointes, Neuroleptiques susceptibles de donner des torsades de pointes, Méthadone : si cela est possible, interrompre l'un des deux traitements. Si l'association ne peut être évitée, contrôle préalable du QT et surveillance ECG monitorée. - Disopyramide + Josamycine, Erythomycine, Clarithromycine : surveillance clinique, biologique et électrocardiographique régulière. - Quinidine + Itraconazole : si l'association ne peut être évitée, surveillance clinique étroite et ECG. - Amiodarone + Vérapamil et Diltiazem IV : si l'association ne peut être évitée, surveillance clinique et ECG continu. + Ciclosporine : dosage des concentrations sanguines de ciclosporine, contrôle de la fonction rénale et adaptation de la posologie de la ciclosporine pendant le traitement par l'Amiodarone. - Antiarythmiques de classe IV + Bêtabloquants (sauf Esmolol) : une telle association ne doit se faire que sous surveillance clinique et ECG étroite, en particulier chez le sujet âgé ou en début de traitement. + Ivabradine : si l’association ne peut être évitée, surveillance étroite de la fréquence cardiaque. 3.1.3. Précautions d’emploi + Simvastatine (23, 24) : augmentation des paramètres pharmacocinétiques de la Simvastatine conduisant à une augmentation du risque de rhabdomyolyse. - Antiarythmiques de classe I (sauf Lidocaïne) + Bêtabloquants (sauf Esmolol et Sotalol) : surveillance clinique et ECG. - Diltiazem + Amprénavir (3) : Augmentation des concentrations de Diltiazem. + Indinavir + Ritonavir (25) : augmentation de l’AUC du Diltiazem. + Méthylprednisolone (26) : Augmentation des concentrations de Méthylprednisolone. + Ranolazine (27) : augmentation des concentrations de Ranolazine. - Antiarythmiques de classe IA + Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, rifampicine : surveillance clinique, ECG et contrôle des concentrations plasmatiques ; si besoin, adaptation de la posologie de l'antiarythmique pendant le traitement par l'inducteur enzymatique et après son arrêt (risque de surdosage en antiarythmique). + Esmolol : surveillance clinique et ECG. -123- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques - Quinidine et Hydroquinidine + Alcalinisants urinaires : surveillance clinique, ECG et éventuellement contrôle de la quinidinémie ; si besoin, adaptation de la posologie pendant le traitement alcalinisant et après son arrêt + Digoxine : surveillance clinique et ECG. En cas de réponse inattendue, contrôler la digoxinémie et adapter la posologie. - Hydroquinidine + Itraconazole : si l'association ne peut être évitée, surveillance clinique étroite et ECG. - Quinidine + Dabigatran : surveillance clinique et adaptation de la posologie du Dabigatran si nécessaire, sans excéder 150 mg/j. + Dronadérone : débuter le traitement par la Quinidine aux posologies minimales recommandées, et ajuster les doses en fonction de l’ECG. - Antiarythmiques de classe IB + Fluvoxamine : surveillance clinique, ECG et éventuellement contrôle des concentrations plasmatiques de la Lidocaïne pendant et après l’arrêt de l’association. Adaptation, si besoin, de la posologie de la Lidocaïne ou de la Mexilétine. Lidocaïne + Amiodarone, Cimétidine (dose ≥ 800 mg/j), Bêtabloquants (sauf Esmolol) : surveillance clinique, ECG et éventuellement contrôle des concentrations plasmatiques de Lidocaïne. Si besoin, adaptation de la posologie de la Lidocaïne pendant le traitement par Amiodarone, Cimétidine ou bêtabloquants (sauf Esmolol) et après son arrêt. - Mexilétine + Phénytoïne/Fosphénytoïne : surveillance clinique, ECG et éventuellement des concentrations plasmatiques de la Mexilétine ; s'il y a lieu, adaptation de la posologie de la Mexilétine pendant le traitement par la Phénytoïne et après son arrêt. + Théophylline/Aminophylline : surveillance clinique et éventuellement de la théophyllinémie ; s'il y a lieu, adaptation de la posologie de la théophylline pendant le traitement par la Mexilétine et après son arrêt. - Flécaïnide, Propafénone + Bupropion, Terbinafine : surveillance clinique. Si besoin, adaptation de la posologie du Flécaïnide ou de la Propafénone pendant le traitement par le Bupropion ou Terbinafine. + Cinacalcet, Darifénacine, Duloxétine : surveillance clinique et réduction de la posologie du Flécaïnide ou de la Propafénone pendant le traitement par Cinacalcet, Darifénacine ou Duloxétine. - Propafénone + Antivitamines K : contrôle plus fréquent de l'INR. Adaptation éventuelle de la posologie de l'anticoagulant oral pendant le traitement par la Propafénone et après son arrêt. + Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, Millepertuis, Rifampicine : surveillance clinique et ECG. S'il y a lieu, adaptation de la posologie de la Propafénone pendant l'association et après l'arrêt de l'inducteur enzymatique. + Digoxine : surveillance clinique et éventuellement de la digoxinémie pendant le traitement par Propafénone et après son arrêt. + Esmolol, Sotalol : surveillance clinique et ECG. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 + Théophylline : Surveillance clinique et éventuellement de la théophyllinémie. - Antiarythmiques de classe III + Lidocaïne : surveillance clinique, ECG et éventuel-lement contrôle des concentrations plasmatiques de Lidocaïne. Si besoin, adaptation de la posologie de la Lidocaïne pendant le traitement par Amiodarone ou Sotalol et après son arrêt. - Amiodarone + Antivitamines K : contrôle plus fréquent de l'INR. Adaptation éventuelle de la posologie de l'anticoagulant oral pendant le traitement par l'Amiodarone et 8 jours après son arrêt. + Bêtabloquants (sauf Esmolol et Sotalol), Bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque, Vérapamil et Diltiazem per os, Esmolol : surveillance clinique et ECG. + Dabigatran : surveillance clinique et adaptation de la posologie du Dabigatran si nécessaire, sans excéder 150 mg/j. + Digoxine : surveillance clinique, ECG et, s'il y a lieu, contrôler la digoxinémie et adapter la posologie de la Digoxine. + Orlistat : surveillance clinique et, si besoin, ECG. + Phénytoïne, Fosphénytoïne : surveillance clinique, contrôle des concentrations plasmatiques de Phénytoïne et adaptation éventuelle de sa posologie. + Simvastatine : ne pas dépasser la posologie de 20 mg/j de Simvastatine ou utiliser une autre statine non concernée par ce type d’interaction. + Tacrolimus : dosage des concentrations sanguines de Tacrolimus, contrôle de la fonction rénale et adaptation de la posologie de Tacrolimus pendant l’association et à l’arrêt de l’Amiodarone. + Tamsulosine : surveillance clinique et adaptation éventuelle de la posologie du Tamsulosine pendant le traitement par l'inhibiteur enzymatique et après son arrêt, le cas échéant. + Voriconazole : surveillance clinique et ECG, et adaptation éventuelle de la posologie de l’Amiodarone. - Sotalol + Anesthésiques volatils halogénés : en règle générale, ne pas arrêter le traitement bêtabloquant et, de toute façon, éviter l'arrêt brutal. Informer l'anesthésiste de ce traitement. + Antihypertenseurs centraux : éviter l'arrêt brutal du traitement par l'antihypertenseur central. Surveillance clinique. + Baclofène : surveillance de la pression artérielle et adaptation posologique de l'antihypertenseur si nécessaire. + Insulines, Sulfamides hypoglycémiants : prévenir le patient et renforcer, surtout en début de traitement, l’autosurveillance glycémique - Antiarythmiques de classe IV + Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques, Rifampicine : surveillance clinique et adaptation éventuelle de la posologie de l'antagoniste du calcium pendant le traitement par l’inducteur enzymatique et après son arrêt. + Atorvastatine, Simvastatine : utiliser des doses plus faibles d'hypocholestérolémiant. Pour la Simvastatine, ne pas dépasser la posologie de 40 mg/j en cas d’association avec le Diltiazem ou de 20 mg/j en cas d’association avec le Vérapamil. Si l'objectif thérapeutique n'est pas atteint, utiliser une autre statine non concernée par ce type d'interaction. -124- Fiche IAM : antiarythmiques + Baclofène : surveillance de la pression artérielle et adaptation posologique du Diltiazem ou du Vérapamil si nécessaire. + Buspirone : surveillance clinique et adaptation de la posologie de la Buspirone si nécessaire. + Dronadérone : débuter le traitement par l’antagoniste calcique aux posologies minimales recommandées, et ajuster les doses en fonction de l’ECG. + Esmolol si la fonction ventriculaire gauche normale : surveillance clinique et ECG. + Immunosuppresseurs : dosage des concentrations sanguines de l'immunosuppresseur, contrôle de la fonction rénale et adaptation de la posologie pendant l'association et après son arrêt. + Midazolam : surveillance clinique et réduction de la posologie pendant le traitement par le Diltiazem ou Vérapamil. + Tamsulosine : surveillance clinique et adaptation éventuelle de la posologie du Tamsulosine pendant le traitement par l'inhibiteur enzymatique et après son arrêt, le cas échéant. - Diltiazem + Alfentanil : adapter la posologie de l'Alfentanil en cas de traitement par le Diltiazem - Vérapamil + Dabigatran : surveillance clinique et adaptation de la posologie du Dabigatran si nécessaire, sans excéder 150 mg/j. + Digoxine : surveillance clinique, ECG et, éventuellement, contrôle de la digoxinémie. S'il y a lieu, adaptation de la posologie de la Digoxine pendant le traitement par le Vérapamil et après son arrêt. + Erythromycine + Inhibiteurs puissants du CYP 3A4 : surveillance clinique et ECG ; s'il y a lieu, adaptation de la posologie du Vérapamil pendant le traitement par l'érythromycine ou l’inhibiteur du CYP 3A4 et après son arrêt. + Lithium : surveillance clinique et adaptation de la posologie du lithium. 3.2. IAM potentielles - Disopyramide + Ritonavir : à éviter si possible et diminuer la posologie du Disopyramide de plus de 50 % (3). - Flecaïnide + Paroxétine : surveillance clinique accrue et suivi des concentrations plasmatiques de la Flecaïnide (4). - Propafénone + Caféine : précaution d'emploi, chez les patients présentant une fibrillation ou un flutter auriculaire, et en particulier chez les métaboliseurs lents du CYP2D6 (19). + Citalopram : diminution des posologies de Propafénone (20). + Venlafaxine : arrêt de la venlafaxine (21). - Quinidine + Rifampicine : surveiller les concentrations de Quinidine pour adapter la posologie (15). - Lidocaïne + Rifampicine : sans objet. + Delavirdine : à associer avec précaution et surveiller les taux de Lidocaïne (3). + Inhibiteur de Protéase : à associer avec précaution et surveiller les taux de Lidocaïne (3). - Mexilétine + Rifampicine : surveiller l'efficacité et augmenter la posologie de mexicain si nécessaire (15). + Ritonavir : à utiliser avec précaution et diminuer la posologie (>50%) de la Mexilétine (3). - Amiodarone + Carvédilol : surveiller les effets du bêtabloquant (22). + Delavirdine : réduction posologique de l’Amiodarone (3). + Efavirenz : augmentation posologique de l’Amiodarone (3). + Inhibiteurs de protéase : réduction posologique de l’Amiodarone (3). augmentation posologique de + Névirapine : l’Amiodarone (3). + Simvastatine : privilégier l’utilisation de la Pravastatine (23, 24). - Diltiazem + Delavirdine : réduction posologique du Diltiazem (3). + Erythromycine : association à éviter (9). + Amprénavir : réduction posologique du Diltiazem (3). + Indinavir + Ritonavir : lors de l’initiation des antagonistes calciques débuter par des faibles doses et surveiller la tension et le rythme (25). + Inhibiteurs de Protéases + Tacrolimus : diminuer les posologies de Tacrolimus (10). - Vérapamil + Clarithromycine : utilisation de faibles doses de Vérapamil et suivi des effets hémodynamiques (14). + Delavirdine : réduction posologique du Vérapamil (3). + Nelfinavir : réduction posologique du Vérapamil (4). + Rifampicine : association contre-indiquée (15). + Tabac : surveiller l’efficacité du Vérapamil chez les gros fumeurs (2). + Télithromycine : surveillance clinique des effets du Vérapamil lors de l’introduction d’un traitement antibiotique (17). (a) Médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes : Amiodarone, amisulpride, arsenieux, bepridil, chlorpromazine, cisapride, cyamemazine, diphemanil, disopyramide, dofetilide, dolasetron, droperidol, erythromycine, flupentixol, fluphenazine, halofantrine, haloperidol, hydroquinidine, ibutilide, levomepromazine, lumefantrine, methadone, mizolastine, moxifloxacine, pentamidine, pimozide, pipamperone, pipotiazine, quinidine, sertindole, sotalol, spiramycine, sulpiride, sultopride, tiapride, toremifene, vincamine, zuclopenthixol. (b) Bêta-bloquants dans l’insuffisance cardiaque : bisoprolol, carvedilol, metoprolol, nebivolol. (c) Hypokaliémiants : amphotericine b, bendroflumethiazide, betamethasone, bisacodyl, boldo, bourdaine, bumetanide, cascara, cascara sagrada, chlortalidone, cicletanine, clopamide, cortisone, cortivazol, cyclothiazide, dexamethasone, fludrocortisone, furosemide, hydrochlorothiazide, hydrocortisone, indapamide, methyclothiazide, methylprednisolone, piretanide, prednisolone, prednisone, rhubarbe, ricin, ricinus communis, sene, sene de khartoum, sene de l'inde, sodium (docusate de), sodium (picosulfate de), sodium (ricinoleate de), tetracosactide, torasemide, triamcinolone, xipamide. (d) Inhibiteurs de protéases : amprenavir, atazanavir, darunavir, fosamprenavir, indinavir, lopinavir, nelfinavir, ritonavir, saquinavir, tipranavir. (e) Bêta-bloquants (sauf Esmolol et Sotalol) : acebutolol, atenolol, befunolol, betaxolol, bisoprolol, carteolol, celiprolol, -125- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques labetalol, levobunolol, metipranolol, metoprolol, nadolol, nadoxolol, nebivolol, oxprenolol, pindolol, propranolol, tertatolol, timolol. (g) Alpha-bloquants à visée urologique : alfuzosine, prazosine, tamsulosine, terazosine. (h) Alpha-bloquants à visée antihypertensive : prazosine, trimazosine, urapidil. (i) Antidépresseurs imipraminiques : amitriptyline, amoxapine, clomipramine, desipramine, dosulepine, doxepine, imipramine, maprotiline, nortriptyline, opipramol, trimipramine. (j) Dérivés nitrés et apparentés : dinitrate d'isosorbide, isosorbide, linsidomine, molsidomine, nicorandil, trinitrine. (k) Neuroleptiques : acepromazine, aceprometazine, alimemazine, alizapride, amisulpride, aripiprazole, carpipramine, chlorproethazine, chlorpromazine, clozapine, cyamemazine, droperidol, fluanisone, flupentixol, fluphenazine, haloperidol, levomepromazine, loxapine, metoclopramide, metopimazine, olanzapine, oxomemazine, penfluridol, perphenazine, pimozide, pipamperone, piperazine, pipotiazine, prochlorperazine, promethazine, propericiazine, risperidone, sertindole, sulpiride, sultopride, thioproperazine, tiapride, trifluoperazine, trifluperidol, zuclopenthixol. (l) Dihydropyridines : amlodipine, barnidipine, felodipine, isradipine, lacidipine, lercanidipine, manidipine, nicardipine, nifedipine, nimodipine, nitrendipine. (m) Bradycardisants : acebutolol, ambenonium, amiodarone, atenolol, befunolol, bepridil, betaxolol, bisoprolol, carteolol, carvedilol, celiprolol, clonidine, deslanoside, digitoxine, digoxine, diltiazem, disopyramide, donepezil, dronedarone, esmolol, galantamine, guanfacine, hydroquinidine, ivabradine, labetalol, levobunolol, mefloquine, metipranolol, metoprolol, nadolol, nadoxolol, nebivolol, neostigmine, oxprenolol, pilocarpine, pindolol, propranolol, pyridostigmine, quinidine, rivastigmine, sotalol, tertatolol, thalidomide, timolol, verapamil. (n) : Sulfamides hypoglycémiants : carbutamide, chlorpropamide, glibenclamide, glibornuride, gliclazide, glimepiride, glipizide, tolbutamide. (o) Antivitamines K : acenocoumarol, fluindione, phenindione, tioclomarol, Warfarine. (p) Immunosuppresseurs : ciclosporine, everolimus, sirolimus, tacrolimus. (q) Antihypertenseurs centraux : clonidine, guanfacine, methyldopa, moxonidine, rilmenidine. (r) Anesthésiques volatiles halogénés : desflurane, enflurane, halothane, isoflurane, methoxyflurane, sevoflurane. (s) Anti-inflammatoires non stéroïdiens : aceclofenac, acide mefenamique, acide niflumique, acide tiaprofenique, alminoprofene, celecoxib, fenoprofene, flurbiprofene, ibuprofene, indometacine, ketoprofene, meloxicam, morniflumate, nabumetone, phenylbutazone, piroxicam, piroxicam-betadex, rofecoxib, sulindac, tenoxicam, valdecoxib. (t) Antinconvulsivants inducteurs enzymatiques : carbamazepine, fosphenytoine, phenobarbital, phenytoine, primidone. (u) Alcalinisants urinaires : acetazolamide, sodium (bicarbonate de), trometamol. (v) Atropiniques : acepromazine, aceprometazine, alimemazine, amitriptyline, amoxapine, atropine, azatadine, azelastine, biperidene, brompheniramine, buclizine, chlorproethazine, chlorpromazine, clidinium, clomipramine, clozapine, cyamemazine, cyclopentolate, cyproheptadine, darifenacine, desipramine, dexchlorpheniramine, di(acefylline) diphenhydramine, dihexyverine, dimenhydrinate, diphenhydramine, disopyramide, dosulepine, doxepine, doxylamine, flavoxate, flunarizine, fluphenazine, histapyrrodine, homatropine, hydroxyzine, imipramine, indoramine, ipratropium, isothipendyl, levomepromazine, maprotiline, mefenidramium, mepyramine, metopimazine, mizolastine, niaprazine, nortriptyline, opipramol, oxatomide, oxitropium, oxomemazine, oxybutynine, perphenazine, pheniramine, phenyltoloxamine, pimethixene, piperazine, pipotiazine, pizotifene, prochlorperazine, promethazine, propericiazine, quinidine, scopolamine, solifena- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 cine, thenyldiamine, thioproperazine, tolterodine, trifluoperazine, trihexyphenidyle, trimipramine, triprolidine, tropatepine, tropicamide, trospium, viloxazine. 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Amiodarone interacts with -127- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques Tableau 1 : Substrats des cytochromes P450 Tableau 2 : Inducteurs des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Substance active Acenocoumarol Alfentanil Amiodarone Atorvastatine Bupropion Buspirone Caféine Carbamazepine Carvédilol Ciclosporine Citalopram Clarithromycine Colchicine Delavirdine Dihydroergotamine Diltiazem Duloxetine Efavirenz Erythromycine Felbamate Flécaïnide Fluvoxamine Indinavir Lidocaine Lopinavir Methylprednisolone Métoprolol Midazolam Nelfinavir Névirapine Paroxétine Phénobarbital Phénytoïne Propafénone Quinidine Ritonavir Saquinavir Simvastatine Sirolimus Tacrolimus Tamoxifène Terbinafine Théophylline Triazolam Venlafaxine Vérapamil Warfarine 1A2 Voie métabolique : 2B6 2C8 2C9 2C19 2D6 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) 2E1 3A4/5 Substance active Amprénavir Carbamazepine Efavirenz Ethanol Felbamate Millepertuis Névirapine Oxcarbazépine Phénobarbital Phénytoïne Primidone Rifampicine Tabac (goudrons) Topiramate 1A2 2B6 Inducteur : 2C8 2C9 2C19 Puissant 2D6 2E1 3A4/5 Modéré Tableau 3 : Inhibiteurs des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Majeure Mineure Pour une bonne utilisation des fiches Interactions médicamenteuses : Husson MC. Interactions médicamenteuses : modalités d’utilisation des fiches. Doss CNHIM 2006 ; XXVII (2) : 37-40. Substance active Amiodarone Amprénavir Bupropion Ciclosporine Cimétidine Citalopram Clarithromycine Delavirdine Dihydralazine Diltiazem Duloxetine Erythromycine Felbamate Flécaïnide Fluvoxamine Grapefruit Indinavir Lopinavir Méthadone Métoclopramide Methylprednisolone Nelfinavir Nifédipine Nitrendipine Paroxétine Propafénone Quinidine Ritonavir Roxithromycine Simvastatine Terbinafine Topiramate Venlafaxine Vérapamil Inhibiteur : Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -128- 1A2 2B6 2C8 Puissant 2C9 2C19 2D6 2E1 Modéré 3A4/5 Fiche IAM : antiarythmiques Interactions médicamenteuses des antiarythmiques Amiodarone, Cibenzoline, Diltiazem, Disopyramide, Flecainide, Hydroquinidine, Lidocaïne, Mexiletine, Propafenone, Quinidine, Sotalol, Verapamil Exemples d’interventions pharmaceutiques Cas clinique n°1 Problématique médicamenteuse Malade et contexte Mr F, 68 ans Poids : 90 kg taille : 174 cm Antécédents : cardiopathie ischémique avec altération de la fonction ventriculaire gauche (fraction d’éjection ventriculaire à 50 %), angor de Prinzmetal, HTA, Diabète de type 2, hypercholestérolémie Motif de consultation : Palpitations responsables d’une gêne modérée. Ordonnance : ISOPTINE® (Vérapamil) LP 240 mg 1/j KARDEGIC® (Acétylsalicylate de DL lysine), 75 mg 1/j GLUCOPHAGE® (Metformine) 850 mg, 3/j ZOCOR® (Simvastatine) 40 mg, 1/j COVERSYL® (Perindopril) 10 mg, 1/j ALDACTONE® (Spironolactone) 25 mg, 1/j Motif d’hospitalisation : Les explorations des troubles cardiaques mettent en évidence une Arythmie Complète par Fibrillation Auriculaire. Instauration d’un traitement par : - CORDARONE® (Amiodarone) 200 mg: 1 cp/j - Relais héparine / AVK par COUMADINE® (Warfarine) 2 mg: 1 cp/j Interactions médicamenteuses : Précaution d’emploi (PE) - CORDARONE® (Amiodarone) + ISOPTINE® (Vérapamil) per os: risque de bradycardie ou de bloc auriculoventriculaire notamment chez la personne âgée - CORDARONE® (Amiodarone) / IsoPtine® (Vérapamil) + ZOCOR® (Simvastatine) : risque majoré d'effets indésirables (concentration-dépendants) à type de rhabdomyolyse (diminution du métabolisme hépatique de la simvastatine). - Amiodarone (CORDARONE®) + COUMADINE® (Warfarine) : augmentation de l'effet de l'anticoagulant oral et du risque hémorragique. - ZOCOR® (Simvastatine) / COUMADINE® (Warfarine) : risque majoré d'effets indésirables (concentrationdépendants) à type de rhabdomyolyse (diminution du métabolisme hépatique de la simvastatine). - Périndopril / Spironolactone : risque majoré d’hyperkaliémie. Intervention pharmaceutique Le pharmacien a recommandé : - - - de faire une surveillance clinique et un ECG pour détecter une bradycardie excessive, ou un Bloc Auriculo Ventriculaire ; de ne pas dépasser une posologie de 20 mg de Simvastatine avec une surveillance clinique des symptômes musculaires. Un dosage de la créatinine kinase plasmatique est nécessaire en cas d’apparitions de symptômes cliniques. Si cette posologie n’est pas suffisante, il est possible d’utiliser d’autres statines moins concernées par cette interaction médicamenteuse, tel que ELISOR® (Pravastatine) ou CRESTOR® (Rosuvastatine) ; de faire une surveillance de l’INR de façon régulière compte tenu de la longue demi-vie de l’Amiodarone (de 20 à 100 jours). L’INR doit être mesuré également en cas d’arrêt ou de modifications des posologies de la CORDARONE® et de ZOCOR® ; d’éviter le jus de pamplemousse en raison du risque d’interaction avec le Vérapamil et la Simvastatine. -129- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : antiarythmiques Interactions médicamenteuses des antiarythmiques Amiodarone, Cibenzoline, Diltiazem, Disopyramide, Flecainide, Hydroquinidine, Lidocaine, Mexiletine, Propafenone, Quinidine, Sotalol, Verapamil Exemples d’interventions pharmaceutiques Cas clinique n°2 Problématique médicamenteuse Malade et contexte Mme K, 65 ans Poids : 55 kg taille : 162 cm Antécédents : HTA, Schizophrénie Motif de consultation : Majoration de l’hypertension artérielle Ordonnance : - ISOPTINE® (Verapamil) LP 240 mg, 1/j - TERCIAN® (Cyamémazine) 50 mg : 1/j Introduction : RASILEZ® (Aliskiren) 150 mg par jour. Interactions médicamenteuses : Contre-indication (CI) RASILEZ® (Aliskiren) / ISOPTINE® (Vérapamil) : Augmentation des concentrations plasmatiques d’aliskiren et majoration du risque de ses effets indésirables. Association Déconseillée (ASDEC) ISOPTINE® (Verapamil) + TERCIAN® (Cyamémazine) : Médicaments anti-arythmiques susceptibles de donner des torsades de pointes avec augmentation du risque de trouble du rythme ventriculaire, torsades de pointes. Intervention pharmaceutique Le pharmacien a recommandé : de privilégier un autre choix de médicament antihypertenseur non concerné par cette interaction, par exemple un antagoniste des récepteurs à l’angiotensine II ou un inhibiteur de l’enzyme de conversion ; TERCIAN® est un neuroleptique torsadogène avec des propriétés anticholinergiques non adapté chez cette patiente âgée atteint de troubles cognitifs. Privilégier un neuroleptique atypique : à type de RISPERDAL® (Risperidone) ou ZYPREXA® (Olanzapine). Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -130- Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques antiémétiques : alizapride, métoclopramide, métopimazine Sébastien Chanoine1, Emmanuel Odouard1, Emilie Franchon1, Rémi Faure1, Nicolas Vantard1, Florence Ranchon1, Vérane Schwiertz1, Chloé Gourc1, Romain Lecointre1, Catherine Rioufol1,2 1 Unité de Pharmacie Clinique Oncologique, Centre Hospitalier Lyon Sud, Hospices Civils de Lyon 2 EMR3738, Faculté de Médecine Lyon Sud, Oullins Remerciements : Isabelle Fusier, Marie-Caroline Husson, Corinne Tollier (Paris). Niveaux de contrainte Association contre-indiquée (CI) Précaution d’emploi (PE) Association déconseillée (ASDEC) A prendre en compte (APEC) = IAM de la classe = IAM spécifique de la substance en sus des IAM de la classe Antagonisme réciproque Majoration du risque d’hypotension Neuroleptiques antiémétiques Neuroleptiques antiémétiques Dopaminergiques * Antihypertenseurs Lévodopa * Dérivés nitrés et apparentés Majoration de l’effet sédatif Vasodilatation et risque d’hypotension notamment orthostatique (effet additif) Neuroleptiques antiémétiques Neuroleptiques antiémétiques Alcool * Bêta-bloquants (sauf esmolol et sotalol) Majoration des signes neuropsychiques Majoration de la dépression centrale Neuroleptiques antiémétiques Neuroleptiques antiémétiques Lithium * Médicaments sédatifs * Risque d’addition des effets méthémoglobinisants Métoclopramide Prilocaïne Addition des effets indésirables atropiniques des effets anticholinestérasiques et effet rebond Métopimazine Métopimazine Médicaments atropiniques Médicaments anticholinestérasiques de l’absorption digestive Métopimazine Antiacides, Adsorbants Topiques gastro-intestinaux * * cf. Conduite à tenir page : 133. D’après : Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 -131- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques antiémétiques : alizapride, métoclopramide, métopimazine Commentaires, mécanismes, conduites à tenir 1. Mécanismes des IAM 1.1. IAM cliniquement significatives (Thesaurus AFSSaPS, 1) 1.1.1. IAM dépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 Sans objet. - Antidépresseurs sédatifs (amitriptyline, doxépine, miansérine, mirtazapine, trimipramine) + neuroleptiques antiémétiques. - Antihistaminiques H1 sédatifs + neuroleptiques antiémétiques. - Antihypertenseurs centraux (clonidine, guanfacine, méthyldopa, moxonidine, rilménidine) + neuroleptiques antiémétiques. 1.1.2. IAM indépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 - Baclofène + neuroleptiques antiémétiques. * Antagonisme réciproque * Addition des effets vasodilatateurs et du risque d’hypotension - Bêta-bloquants (sauf esmolol et sotalol) + neuroleptiques antiémétiques : vasodilatation et risque d'hypotension, notamment orthostatique (effet additif). - Agonistes dopaminergiques (amantadine, apomorphine, bromocriptine, cabergoline, entacapone, lisuride, pergolide, piribédil, pramipexole, quinagolide, rasagiline, ropinirole, sélégiline) + neuroleptiques antiémétiques. * Risque d’addition des effets méthémoglobinisants - Lévodopa + neuroleptiques antiémétiques. - Prilocaïne + métoclopramide : risque d'addition des effets méthémoglobinisants, en particulier chez le nouveau-né. * Majoration de l’effet sédatif - Consommation d’alcool + neuroleptiques antiémétiques. * Addition des effets indésirables atropiniques (rétention urinaire, constipation, sécheresse de la bouche) * Majoration des signes neuropsychiques - Lithium + neuroleptiques antiémétiques : majoration des signes neuropsychiques évocateurs d’un syndrome malin des neuroleptiques ou d’une intoxication au lithium. * Majoration du risque d’hypotension - Antihypertenseurs (a) + neuroleptiques antiémétiques : majoration du risque d’hypotension notamment orthostatique. - Dérivés nitrés et apparentés (dinitrate d'isosorbide, isosorbide, linsidomine, molsidomine, nicorandil, trinitrine) + neuroleptique antiémétique : majoration du risque d’hypotension notamment orthostatique. * Majoration de la dépression centrale - Dérivés morphiniques (analgésiques, antitussifs et traitements de substitution) + neuroleptiques antiémétiques. - Autres neuroleptiques (b) + neuroleptiques antiémétiques. - Barbituriques (allobarbital, amobarbital, barbital, butalbital, butobarbital, cyclobarbital, méthylphénobarbital, pentobarbital, phénobarbital, primidone, secbutabarbital, thiopental, vinylbital) + neuroleptiques antiémétiques. - Benzodiazépines (c) + neuroleptiques antiémétiques. - Anxiolytiques autres que les benzodiazépines (par exemple, le méprobamate) + neuroleptiques antiémétiques. - Hypnotiques + neuroleptiques antiémétiques. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 - Thalidomide + neuroleptiques antiémétiques. - Médicaments atropiniques (antidépresseurs imipraminiques, la plupart des antihistaminiques H1 atropiniques, antiparkinsoniens anticholinergiques, antispasmodiques atropiniques, disopyramide, clozapine) + métopimazine. * Diminution de l’effet des anticholinestérasiques et effet rebond Médicaments anticholinestérasiques (ambénonium, donépézil, galantamine, néostigmine, pyridostigmine, rivastigmine) + métopimazine : possible diminution de l'effet thérapeutique de ce dernier, l'interruption brutale de la métopimazine expose au risque de dévoiler alors les effets muscariniques du parasympathomimétique avec symptomatologie de type "crise cholinergique", pouvant se manifester notamment par des convulsions. * Diminution de l’absorption digestive - Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants (diosmectite, gel d'hydroxyde d'aluminium et de carbonate de magnesium codesseches, hydrotalcite, magaldrate, trisilicate de magnésium) + métopimazine. 1.2. IAM potentielles (2-7) 1.2.1. IAM dépendante d’une interaction avec le cytochrome P450 - Fluoxétine + métoclopramide (1, 2, 3, 4) : étude portant sur 24 sujets sains dont les résultats mettent en évidence une augmentation de la Cmax, du t1/2 et de l’AUC -132- Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques du métoclopramide (dose unique de 20 mg), respectivement de 42%, 53% et 89%, après 8 jours de traitement par fluoxétine, par inhibition du CYP2D6 par la fluoxétine. 1.2.2. IAM indépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 - Tacrolimus + métoclopramide (5) : augmentation de la biodisponibilité du tacrolimus par augmentation de la motilité gastrique par le métoclopramide. 1.2.3. IAM de mécanisme inconnu - Ciclosporine + métoclopramide (6) : augmentation de la biodisponibilité de la cisclosporine. 1.3. Cytochromes P450 et neuroleptiques antiémétiques Cf. tableaux page 134. 2. Conduites à tenir 2.1. IAM cliniquement significatives (Thesaurus AFSSaPS, 1) 2.1.1. Associations contre-indiquées - Agonistes dopaminergiques + neuroleptiques antiémétiques : utiliser un antiémétique dénué d’effets extrapyramidaux. - Levodopa + neuroleptiques antiémétiques : utiliser un antiémétique dénué d’effets extrapyramidaux. 2.1.2. Association déconseillée - Alcool + neuroleptiques antiémétiques : l'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation de machines. Eviter la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l'alcool. 2.1.3. Précautions d’emploi - Lithium + neuroleptiques antiémétiques : surveillance clinique et biologique (lithémie) régulière, notamment en début d'association. - Topiques gastro-intestinaux + métopimazine : prendre les topiques gastro-intestinaux à distance de la métopimazine (plus de 2 heures, si possible). - Antiacides + métopimazine : prendre les antiacides à distance de la métopimazine (plus de 2 heures, si possible). - Adsorbants + métopimazine : prendre les adsorbants à distance de la métopimazine (plus de 2 heures, si possible). 2.1.4. Associations à prendre en compte - Médicaments sédatifs + neuroleptiques antiémétiques : l'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation de machines. 2.2. IAM potentielles (2-7) - Tacrolimus + métoclopramide (6) : surveillance accrue des taux de tacrolimus. (a) Antihypertenseurs : acébutolol, amiloride, amlodipine, aténolol, barnidipine, béfunolol, bénazépril, bendrofluméthiazide, bépridil, bétaxolol, bisoprolol, bumétanide, candésartan cilexétil, canrénoate de potassium, captopril, cartéolol, céliprolol, chlortalidone, ciclétanine, cilazapril, clonidine, clopamide, cyclothiazide, dihydralazine, diltiazem, énalapril, éplérénone, éprosartan, félodipine, fosinopril, furosémide, guanfacine, hydrochlorothiazide, imidapril, indapamide, irbesartan, isradipine, labétalol, lacidipine, lercanidipine, lévobunolol, lisinopril, losartan, manidipine, méthyclothiazide, méthyldopa, métipranolol, métoprolol, moexipril, moxonidine, nadolol, nadoxolol, nébivolol, nicardipine, nifédipine, nimodipine, nitrendipine, olmésartan, oxprénolol, périndopril tert-butylamine, pindolol, pirétanide, prazosine, propranolol, quinapril, ramipril, rilménidine, sotalol, spirapril, spironolactone, telmisartan, tertatolol, timolol, torasémide, trandolapril, triamtérène, trimazosine, urapidil, valsartan, vérapamil, xipamide, zofénopril. (b) Autres neuroleptiques : acépromazine, acéprométazine, alimémazine, amisulpride, aripiprazole, carpipramine, chlorproéthazine, chlorpromazine, clozapine, cyamémazine, dropéridol, fluanisone, flupentixol, fluphénazine, halopéridol, lévomépromazine, loxapine, olanzapine, oxomémazine, penfluridol, perphénazine, pimozide, pipampérone, pipérazine, pipotiazine, prochlorpérazine, prométhazine, propériciazine, rispéridone, sertindole, sulpiride, sultopride, thiopropérazine, tiapride, trifluopérazine, triflupéridol, zuclopenthixol. (c) Benzodiazépines : alprazolam, avizafone, bromazépam, brotizolam, camazépam, chlordiazépoxide, clobazam, clonazépam, clorazépate, clotiazépam, cloxazolam, délorazepam, diazépam, estazolam, fludiazépam, flunitrazépam, flurazépam, halazépam, haloxazolam, kétazolam, loprazolam, lorazépam, lormétazépam, médazépam, midazolam, nimétazépam, nitrazépam, nordazépam, oxazépam, oxazolam, pinazépam, prazépam, témazépam, tétrazépam, triazolam. Références bibliographiques 1. Groupe de travail sur les interactions médicamenteuses de l’AFSSaPS. Thesaurus des interactions médicamenteuses. Mise à jour Septembre 2011. 2. Vlase L, Leucuta A, Farcau D, Nanulescu M Pharmacokinetic interaction between fluoxetine and metoclopramide in healthy volunteers. Biopharm Drug Dispos 2006 ; 27 (6) : 285-9. 3. Yu J, Paine MJ, Maréchal JD, Kemp CA, Ward CJ, Brown S, Sutcliffe MJ, Roberts GC, Rankin EM, Wolf CR. In silico prediction of drug binding to CYP2D6: identification of a new metabolite of metoclopramide. Drug Metab Dispos 2006 ; 34 (8) : 1386-92. 4. Desta Z, Wu GM, Morocho AM, Flockhart DA. The gastroprokinetic and antiemetic drug metoclopramide is a substrate and inhibitor of cytochrome P450 2D6. Drug Metab Dispos 2002 ; 30 (3) : 336-43. 5. van der Padt A, van Schaik RH, Sonneveld P. Acute dystonic reaction to metoclopramide in patients carrying homozygous cytochrome P450 2D6 genetic polymorphisms. Neth J Med 2006 ; 64 (5) : 160-2. 6. Prescott WA Jr, Callahan BL, Park JM. Tacrolimus toxicity associated with concomitant metoclopramide therapy. Pharmacotherapy 2004 ; 24 : 532-7. 7. Flockhart DA, Desta Z, Mahal SK. Selection of drugs to - Fluoxétine + métoclopramide (1, 2, 3, 4) : cette interaction peut avoir des conséquences cliniquement significatives. - Ciclosporine + métoclopramide (5) : à surveiller. treat Gastro oesophageal reflux disease. Clin Pharmacokinet 2000 ; 39 (4) : 295-309. -133- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques Tableau 1 : Substrats des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Substance active 1A2 2B6 2C9 2C19 2D6 ! Amitriptyline 2E1 3A4/5 Substance active ! Aripiprazole Paroxétine Bisoprolol Prométhazine Bortezomib 2B6 2C9 2C1 9 2D ! 2E1 3A4/5 Propafénone ! Carvédilol Propranolol Chlorphéniramine Quétiapine Chlorpromazine Rispéridone Citalopram Clomipramine 1A2 Oxycodone Ritonavir ! ! Sertraline Clozapine Codéine Tamsulosine Delavirdine Timolol Dextrométhorphane Dihydrocodéine Tipifarnib ! Toltérodine Diltiazem Tramadol Diphénydramine Trazodone Dolasétron Trimipramine Donépézil Tropisétron Duloxétine Venlafaxine Ecstasy (MDMA) Zolpidem Flécaïnide Fluoxétine ! ! Galantamine ! ! Voie métabolique majeure Halopéridol Imatinib ! Voie conduisant à un métabolite actif Fluvoxamine Hydrocodone ! Tamoxifène ! ! Voie métabolique mineure ! Imipramine Indinavir Tableau 2 : Inhibiteur des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Lévomépromazine Loratadine Maprotiline Substance active Méthadone Métoprolol 1A2 2B6 2C9 2C19 2D6 2E1 3A4/5 Métoclopramide Miansérine Mirtazapine Inhibiteur puissant Natéglinide Nébivolol Nortriptyline Olanzapine Ondansétron Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Pour une bonne utilisation des fiches Interactions médicamenteuses : Husson MC. Interactions médicamenteuses : modalités d’utilisation des fiches. Doss CNHIM 2006 ; XXVII (2) : 37-40. -134- Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques antiémétiques : alizapride, métoclopramide, métopimazine Quatre exemples d’interventions pharmaceutiques Cas clinique n°1 Malade et contexte Mme I.P., 55 ans (68 kg, 154 cm) Antécédents : Maladie de Parkinson depuis 2003. Histoire de la maladie : Découverte d’un cancer du sein lors d’un dépistage systématique. 3ème cure de chimiothérapie par TAXOTERE® et ENDOXAN®. Ordonnance : - PARLODEL® (Bromocriptine) 10 mg : 2 gel/jour ; - CONTRAMAL® (Tramadol) LP 100 mg : 2 cp/jour ; - SOLUPRED® (Prednisolone) 20 mg : 2 cp la veille (22h) et le jour (7h et 20h) de la chimiothérapie ; - ZOPHREN® (Ondansétron) 8 mg : 2 cp/jour ; - PRIMPERAN® (Métoclopramide) 10 mg : 1 amp ; - TAXOTERE® (Docetaxel) IV : 75 mg/m² ; - ENDOXAN® (Cyclophosphamide) IV : 500 mg/m². Problématique Médicamenteuse Evénement intercurrent : Détresse respiratoire aiguë entraînant l’annulation de la chimiothérapie anticancéreuse. Interactions médicamenteuses : Il existe un antagonisme réciproque entre le métoclopramide et la Bromocriptine (CI). Les associations métoclopramide/tramadol et Bromocriptine/Tramadol majorent la dépression du système nerveux central d’où la survenue d’une détresse respiratoire chez cette patiente (APEC). L’association du Tramadol et de l’Ondansétron entraîne une diminution de l’intensité et de la durée de l’effet analgésique du tramadol, et un risque de diminution de l’effet antiémétique de l’Ondansétron (APEC). Intervention pharmaceutique Le pharmacien a averti le médecin de l’origine iatrogène de la détresse respiratoire due à l’association métoclopramide/tramadol et bromocriptine/tramadol. Il a recommandé l’interruption du tramadol, et, en raison de la persistance de douleurs chez cette patiente majorées par l’interaction tramadol/ondansétron, une réévaluation de sa prise en charge. Il a également recommandé l’utilisation d’une autre classe d’antiémétiques dénués d’effets extrapyramidaux (dompéridone) en raison de l’antagonisme réciproque entre le métoclopramide et la bromocriptine. Il a conseillé de déclarer la survenue de l’effet indésirable au Centre Régional de Pharmacovigilance. Une éducation thérapeutique a été réalisée par le pharmacien. Cas clinique n°2 Malade et contexte Enfant A.T., 1 mois (4.850 kg) Antécédents : Aucun. Histoire de la maladie : Hospitalisation pour déshydratation sévère (perte de 13% du poids) suite à un épisode de gastro-entérite. Ordonnance : - TIORFAN® (Racécadotril) 10 mg : 3 sachets/jour ; - PRIMPERAN® (Métoclopramide) 2.6 mg/mL : 0.15 mL toutes les 6 heures ; - Solution de réhydratation (sérum glucosé 5% + 3 g/L de NaCl + 1 g/L de gluconate de calcium) : 500 mL/24h par voie intra-veineuse ; - EMLAPATCH® (Lidocaïne, Prilocaïne) 5% : 1 patch 30 min avant la pose de la voie veineuse périphérique. Problématique médicamenteuse Evénement intercurrent : - Apparition d’une dyspnée majorée d’une cyanose ; - Prise en charge médicale du trouble respiratoire. Interaction médicamenteuse : Il existe, dans ce contexte, un risque d’addition de l’effet méthémoglobinisant du Métoclopramide par passage systémique de la prilocaïne (5%) (APEC). Intervention pharmaceutique Le pharmacien a recommandé de retirer immédiatement le patch, de remplacer le Métoclopramide par la Dompéridone, et en fonction du suivi régulier de la méthémoglobinémie, de mettre en place un traitement antidotique (bleu de méthylène). Le pharmacien a également conseillé de déclarer la survenue de l’effet indésirable ainsi que l’interaction potentielle au Centre Régional de Pharmacovigilance. -135- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques antiémétiques : alizapride, métoclopramide, métopimazine Quatre exemples d’interventions pharmaceutiques (suite) Cas clinique n°3 Problématique médicamenteuse Malade et contexte Mr H.B., 19 ans Antécédents : - Rhinite allergique saisonnière ; - Double fracture de l’avant-bras en roller l’été dernier. Histoire de la maladie : Le jeune homme présente des maux de tête persistants depuis plusieurs jours. Au cours d’une soirée alcoolisée, ses maux de tête sont majorés par des vomissements répétitifs. Ses amis observent, en fin de soirée, des troubles de la conscience. Ordonnance : - MIZOLLEN® (Mizolastine) 10 mg : 1 cp/jour. Evénement intercurrent : - Le SAMU a été appelé et le patient a été transféré aux Urgences. - Au cours de l’entretien, le patient raconte au pharmacien la prise d’ASPEGIC® (Acide Acétyl-salicylique) 1000 mg plusieurs fois par jour et la prise répétitive de VOGALENE® (Métopimazine) au cours de la soirée. Interactions médicamenteuses : Il existe une majoration de l’effet sédatif de l’alcool par la métopimazine (ASDEC). L’association de Métopimazine et de Mizolastine majore les effets indésirables atropiniques (APEC). Intervention pharmaceutique Le pharmacien a informé le médecin de la majoration de l’effet sédatif de l’alcool par l’intoxication aiguë à la Métopimazine. Il lui a recommandé de remplacer la Métopimazine par un autre antiémétique (Dompéridone,…) en raison d’une majoration des effets indésirables atropiniques (rétention urinaire, …), lors de l’association avec la Mizolastine. Cas clinique n°4 Malade et contexte Problématique médicamenteuse Mme S.K., 32 ans Evénement intercurrent : Antécédent : Aucun. Histoire de la maladie : Hospitalisation d’une femme enceinte (33ème semaine d’aménorrhée) pour oedèmes périphériques, céphalées et nausées requérant une thérapie au long cours. Ordonnance : - PRIMPERAN® (Métoclopramide) 10 mg : 1 cp 30 minutes avant chaque repas ; - ELEVIT B9® (supplémentation vitaminique) : 1 cp/jour. - Diagnostic d’une hypertension artérielle gravidique sévère ; - Mise en place, en cours d’hospitalisation, d’un traitement antihypertenseur par TENORMINE® (Aténolol) 100 mg : 1 cp le soir. Interaction médicamenteuse : Il existe une addition de l’effet vasodilatateur et du risque d’hypotension, notamment orthostatique, entre le Métoclopramide et l’Aténolol (APEC). Intervention pharmaceutique Le pharmacien a averti le médecin de l’interaction entre les neuroleptiques antiémétiques et les bêtabloquants (sauf Esmolol et Sotalol). Il lui a recommandé, d’une part de remplacer le Métoclopramide par un autre antiémétique dénué d’effets extrapyramidaux afin de réduire le risque de chute par hypotension orthostatique, d’autre part de déplacer la prise de l’Aténolol au matin. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -136- Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques à l’exception des neuroleptiques antiémétiques Acépromazine, Acéprométazine, Alimémazine, Alizapride, Amisulpride, Aripiprazole, Carpipramine, Chlorproéthazine, Chlorpromazine, Clozapine, Cyamémazine, Dropéridol, Fluanisone, Flupentixol, Fluphénazine, Halopéridol, Lévomépromazine, Loxapine, Olanzapine, Oxomémazine, Penfluridol, Perphénazine, Pimozide, Pipampérone, Pipérazine, Pipotiazine, Prochlorpérazine, Prométhazine, Propériciazine, Rispéridone, Sertindole, Sulpiride, Sultopride, Thiopropérazine, Tiapride, Trifluopérazine, Triflupéridol, Zuclopenthixol Myriam Aitichou1, Amélie Faudel1, Marion Nouvel1, Saadia Skalli1, Sélim Omrani1, Stéphanie Parat1, Catherine Rioufol1, 2 2 1 Département Pharmacie Clinique et Médicaments, Centre Hospitalier Lyon Sud, Hospices Civils de Lyon EA3738 Ciblage Thérapeutique en Oncologie, Faculté de Médecine Lyon Sud, Université Claude Bernard Lyon I Remerciements : Isabelle Fusier, Marie-Caroline Husson, Corinne Tollier (Paris). Niveaux de contrainte Association Contre-indiquée (CI) Précaution d’emploi (PE) Association Déconseillée (ASDEC) A Prendre En Compte (APEC) = IAM de la classe = IAM spécifique de la substance en sus des IAM de la classe Antagonisme réciproque Majoration de l’effet sédatif Neuroleptiques Neuroleptiques Dopaminergiques hors Parkinson Alcool * Neuroleptiques antipsychotiques sauf clozapine Effet vasodilatateur et risques d'hypotension, notamment orthostatique Neuroleptiques Antiparkinsoniens dopaminergiques * Levodopa * Bétabloquants dans l’insuffisance cardiaque Bétabloquants sauf Esmolol et Sotalol Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique Majoration des signes neuropsychiques Neuroleptiques Neuroleptiques sauf chlorpromazine, fluphénazine, halopéridol Antihypertenseurs Dérivés nitrés et apparentés Lithium Majoration de la dépression centrale Addition des effets indésirables atropiniques Neuroleptiques sauf Carpipramine Neuroleptiques phénothiaziniques Clozapine Autres médicaments sédatifs Acépromazine, Acéprométazine, Prométhiazine Autres médicaments atropiniques Effet thérapeutique par les neuroleptiques Hypnotiques Neuroleptiques phénothiaziniques Clozapine Risque accru de convulsions Neuroleptiques phénothiaziniques Dropéridol, Halopéridol, Penfluridol, Pipampérone, Triflupéridol Diminution de l'absorption digestive Autres médicaments abaissant le seuil épileptogène Neuroleptiques phénothiaziniques Anticholinestérasiques Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants * * cf. Conduite à tenir pages : 141-142. D’après : Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 -137- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques Majoration du risque de troubles du rythme ventriculaire notamment de torsades de pointes Amisulpride, Chlorpromazine, Cyamémazine, Dropéridol, Fluphénazine, Halopéridol, Lévomépromazine, Pimozide, Pipampérone, Pipotiazine, Sertindole, Sulpiride, Sultopride, Tiapride, Zuclopenthixol Neuroleptiques torsadogènes associés entre eux Autres médicaments torsadogènes Méthadone Sertindole Clarithromycine Erythromycine Itraconazole Vérapamil Pimozide Inhibiteurs de protéases Diltiazem Inhibiteurs de protéases Kétoconazole Antifongiques azolés Aprépitant Citalopram Clarithromycine Diltiazem Efavirenz Erythromycine Fluoxétine * Paroxétine * Glycémie Chlorpromazine Josamycine Miconazole Paroxétine Sertraline Stiripentol Télithromycine, Triclabendazole Dalfopristine Quinupristine Insuline * Sulfamides Hypoglycémiants * Syndrome confusionnel, hypertonie, hyperréflexivité Métabolisme hépatique Halopéridol* Chlorpromazine, Fluphénazine, Halopéridol Rifampicine* Carbamazépine * Lithium * Métabolisme hépatique Olanzapine, Rispéridone Rispéridone Carbamazépine Diminution de l'absorption digestive Fluoxétine * Paroxétine * Sulpiride Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants * Sucralfate * Interactions médicamenteuses de la clozapine Métabolisme de la clozapine Métabolisme hépatique de la Clozapine Phénytoïne * Fosphénytoïne * Rifampicine * Ciprofloxacine * Effets hématologiques Concentrations plasmatiques de clozapine Carbamazépine avec signes de surdosage Risque accru de collapsus avec arrêt respiratoire et / ou Cardiaque Fluvoxamine * Traitement de substitution nicotinique Benzodiazépines et apparentés Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -138- * cf. Conduite à tenir pages : 141-142. D’après : Thesaurus Afssaps, Septembre 2011 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques à l’exception des neuroleptiques antiémétiques Commentaires, mécanismes, conduites à tenir 1. Généralités * Majoration des signes neuropsychiques Neuroleptiques : Acépromazine, Acéprométazine, Alimémazine, Amisulpride, Aripiprazole, Carpipramine, Chlorproéthazine, Chlorpromazine, Clozapine, Cyamémazine, Dropéridol, Fluanisone, Flupentixol, Fluphénazine, Halopéridol, Lévomé-promazine, Loxapine, Olanzapine, Oxomémazine, Penfluridol, Perphénazine, Pimozide, Pipampérone, Pipérazine, Pipotiazine, Prochlorpérazine, Prométhazine, Propériciazine, Rispéridone, Sertindole, Sulpiride, Sultopride, Thiopropérazine, Tiapride, Trifluopérazine, Triflupéridol, Zuclopenthixol. - Lithium + neuroleptiques : majoration des signes neuropsychiques évocateurs d’un syndrome malin des neuroleptiques ou d’une intoxication au lithium. Neuroleptiques antipsychotiques (sauf Clozapine) : Amisulpride, Aripiprazole, Carpipramine, Chlorpromazine, Cyamémazine, Dropéridol, Flupentixol, Fluphénazine, Halopéridol, Lévomépromazine, Loxapine, Olanzapine, Penfluridol, Perphénazine, Pimozide, Pipampérone, Pipotiazine, Prochlorpérazine, Propériciazine, Risperidone, Sertindole, Sulpiride, Sultopride, Thiopropérazine, Tiapride, Trifluoperazine, Triflupéridol, Zuclopenthixol. Neuroleptiques phénothiaziniques : Acépromazine, Acéprométazine, Alimémazine, Chlorproéthazine, Chlorpromazine, Cyamémazine, Fluphénazine, Lévomépromazine, Métopimazine, Oxomémazine, Perphénazine, Pipérazine, Pipotiazine, Prochlorpérazine, Prométhazine, Propériciazine, Thiopropérazine, Trifluoperazine. Neuroleptiques susceptibles de donner des torsades de pointes : Amisulpride, Chlorpromazine, Cyamémazine, Dropéridol, Flupentixol, Fluphénazine, Halopéridol, Lévomépromazine, Pimozide, Pipampérone, Pipotiazine, Sertindole, Sulpiride, Sultopride, Tiapride, Zuclopenthixol. 2. Mécanismes des IAM 2.1. IAM cliniquement (Thesaurus AFSSaPS, 1) significatives * Antagonisme réciproque du dopaminergique et des neuroleptiques - Neuroleptiques + Dopaminergique hors Parkinson (cabergoline, quinagolide) ; - Neuroleptiques antipsychotiques sauf clozapine + Antiparkinsoniens dopaminergiques (a) : le dopaminergique peut provoquer ou aggraver les troubles psychotiques. - Neuroleptiques antipsychotiques sauf clozapine + Lévodopa. * Majoration de l’effet sédatif - Consommation d’alcool + neuroleptiques. * Diminution de l'absorption digestive - Neuroleptiques phénothiaziniques ou sulpiride + Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants (b). - Sulpiride + sucralfate. * Majoration du risque d'hypotension notam-ment hypotension orthostatique - Neuroleptiques + Antihypertenseurs (c), + Dérivés nitrés et apparentés (d). * Effet vasodilatateur et risques d'hypotension, notamment orthostatique - Neuroleptiques + Bétabloquants dans l’insuffisance cardiaque (Bisoprolol, Carvédilol, Métoprolol, Nébivolol) + Bétabloquants sauf Esmolol et Sotalol (Acébutolol, Aténolol, Béfunolol, Bétaxolol, Bisoprolol, Cartéolol, Céliprolol, Labétalol, Lévobunolol, Métipra-nolol, Métoprolol, Nadolol, Nadoxolol, Nébivolol, Oxprénolol, Pindolol, Propranolol, Tertatolol, Timolol). * Majoration du risque de troubles du rythme ventriculaire notamment de torsades de pointes par les neuroleptiques antipsychotiques torsa-ogènes - Neuroleptiques antipsychotiques torsadogènes + Neuroleptiques torsadogènes entre eux, + Médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes (Halofantrine, Luméfantrine, Pentamidine, Amiodarone, Bépridil, Disopyramide, Dofétilide, Hydrouinidine, Ibutilide, Quinidine, Sotalol, Erythromycine IV, Spiramycine IV, Moxifloxacine, Arsénieux, Cisapride, Diphemanil, Méthadone, Mizolastine, Torémifène, Vincamine IV). - Sertindole + Clarithromycine + Erythromycine + Fluoxétine + Itraconazole + Paroxétine + Vérapamil + Diltiazem + Inhibiteurs de protéases (Amprénavir, Atazanavir, Darunavir, Fosamprénavir, Indinavir, Lopinavir, Nelfinavir, Ritonavir, Saquinavir, Tipranavir), + Kétoconazole. - Pimozide + Antifongique azolé, + Aprépitant, + Citalopram, + Clarithromycine, + Dalfopristine, + Diltiazem, + Efavirenz, + Erythromycine, -139- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques + Inhibiteurs de protéases (Amprénavir, Atazanavir, Darunavir, Fosamprenavir, Indinavir, Lopinavir, Nelfinavir, Ritonavir, Saquinavir, Tipranavir), + Josamycine, + Miconazole, + Paroxétine, + Quinupristine, + Sertraline, + Stiripentol, + Télithromycine, + Triclabendazole. * Risque de majoration des effets hématologiques graves - Clozapine + Carbamazépine. * Augmentation des concentrations de clozapine avec risque de surdosage - Clozapine + Fluvoxamine, + traitement de substitution nicotinique (nicotine). * Majoration de la dépression centrale - Neuroleptiques sauf Carpipramine + Autres médicaments sédatifs (e) : l'altération de la vigilance peut rendre dangereuses la conduite de véhicules et l'utilisation de machines. - Acépromazine, Acéprométazine, Prométhazine + autres hypnotiques (acépromazine, acéprométazine, alimémazine, doxylamine, estazolam, flunitrazépam, loprazolam, lormétazépam, méprobamate, niaprazine, nitrazépam, prométhazine, témazépam, triazolam, zolpidem, zopiclone) * Risque accru de convulsions - Neuroleptiques phénothiaziniques Dropéridol, Halopéridol, Penfluridol, Pipampérone, Triflupéridol + autres médicaments abaissant le seuil épileptogène. * Addition des effets indésirables atropiniques - Olanzapine + Carbamazépine : risque de diminution des concentrations plasmatiques de l'Olanzapine de son efficacité thérapeutique, par augmentation de son métabolisme hépatique par la Carbamazépine. - Rispéridone + Carbamazépine : risque de diminution de la fraction active de la Rispéridone et de son efficacité thérapeutique par augmentation de son métabolisme hépatique par la Carbamazépine. * Diminution du métabolisme hépatique - Rispéridone + Fluoxétine, + Paroxétine : augmentation de la fraction active de la Rispéridone par diminution de son métabolisme hépatique par la Fluoxétine ou la Paroxétine, avec risque de majoration des effets indésirables. * Augmentation du métabolisme hépatique - Clozapine + Phénytoïne, Fosphénytoïne, + Rifampicine : diminution des concentrations plasmatiques de Clozapine. Surveillance clinique et augmentation éventuelle de la posologie de la Clozapine durant le traitement par la Phénytoïne ou la Rifampicine. - Clozapine + Ciprofloxacine : augmentation des concentrations de Clozapine avec risque de surdosage. * Diminution de l’effet thérapeutique par la clozapine - Clozapine + anticholinestérasiques (Ambenonium, Donepezil, Galantamine, Neostigmine, Pyridostigmine, Rivastigmine) : possible diminution de l'effet thérapeutique des anticholinerstérasiques. L’interruption brutale du traitement atropinique expose au risque de dévoiler alors les effets muscariniques du parasympathomimétique avec symptomatologie de type « crise cholinergique », pouvant se manifester notamment par des convulsions. * Autres - Neuroleptiques phénothiaziniques, Clozapine + Autres médicaments atropiniques (f). - Clozapine + Benzodiazépines et apparentés (g) : risque accru de collapsus avec arrêt respiratoire et/ou cardiaque. * Augmentation de la glycémie : 2.2. IAM potentielles - Chlorpromazine + Insuline, + Sulfamides Hypoglycémiants (Carbutamide, Chlorpropamide, Glibenclamide, Glibornuride, Gliclazide, Glimépiride, Glipizide, Tolbutamide) : à fortes posologies (100 mg par jour de Chlorpromazine) : élévation de la glycémie (diminution de la libération de l'insuline). * Syndrome confusionnel, hypertonie, hyper- réflexivité - Chlorpromazine, Fluphénazine, Halopéridol + Lithium : syndrome confusionnel, hypertonie, hyperréflexivité, avec parfois augmentation rapide de la lithémie. * Augmentation du métabolisme hépatique - Halopéridol + Rifampicine, + Carbamazépine : risque de diminution des concentrations plasmatiques de l'Halopéridol et de son efficacité thérapeutique, par augmentation de son métabolisme hépatique par la rifampicine. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 2.2.1. IAM dépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 * Inhibition du CYP2D6 - Alimémazine + Ritonavir (2) : augmentation des concentrations plasmatiques d’alimémazine et de ritonavir. - Chlorpromazine + Amiodaquine (3, 4) ou + Ritonavir (2) : augmentation des concentrations plasmatiques de la Chlorpromazine. L'activité du CYP2D6 est généralement plus faible chez les africains que chez les caucasiens (3, 4). L'inhibition du 2D6 peut être encore plus important chez les africains. - Pipotiazine + Ritonavir (2) : inhibition du CYP2D6 par le Ritonavir et la Pipotiazine. - Prométhazine + Ritonavir (2) : augmentation des concentrations de Prométhazine et de Ritonavir. -140- Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques - Rispéridone + Inhibiteurs du CYP2D6 [Paroxétine (19, 20), Lévomépromazine (23), Thioridazine (23, 28)] : les patients exposés à la thioridazine, à la paroxétine et à la lévomépromazine ont présenté les ratios concentration/dose les plus élevés. - Rispéridone + Ritonavir (25, 26) : risque de syndrome malin (fièvre persistante, rigidité, tremblements…). - Rispéridone + Indinavir ou + Ritonavir (29) : accumulation de Rispéridone avec syndrome extra-pyramidal. * Inhibition du CYP 1A2 - Clozapine + Ciprofloxacine (7-10) augmentation des concentrations plasmatiques de Clozapine de 29 % par inhibition du CYP1A2 par la Ciprofloxacine. - Clozapine + Caféine (11) : augmentation des concentrations plasmatiques de caféine. Risques de convulsions, de délire ou encore d'arythmie sévère. * Induction du CYP 1A2 - Olanzapine + Ritonavir (2) : diminution de l'AUC, du t1/2β et de la clairance de l'olanzapine. - Olanzapine + Lithium (14) : augmentation de la concentration plasmatique du Lithium lors de la coadministration de l'Olanzapine. 2.2.2. IAM indépendantes d’une interaction avec le cytochrome P450 * Augmentation de l’AUC et du Cmax - Olanzapine + Probénicide (16, 17) : multiplication de l'AUC et de la Cmax de l'olanzapine par un facteur 1.3 et 1.2 respectivement. * Diminution de l’AUC et du Cmax - Olanzapine + Lamotrigine (13) : grande variabilité interindividuelle. Pas d'influence sur l'AUC de l'olanzapine. * Hyperglycémie - Olanzapine + Lithium et/ou Acide Valproïque (15) : Hyperglycémie. Syndrome hyperosmolaire non cétosique. * Augmentation des taux d'acétylcholine * Inhibition du CYP3A4 - Rispéridone + Indinavir (2) : inhibition du 3A4 par l'indinavir : risque de syndrome malin (fièvre persistante, rigidité, tremblements…). - Rispéridone + Itraconazole (22) : augmentation des concentrations plasmatiques du rispéridone et de métabolite actif, le 9-hydroxyrispéridone (environ 70%) par inhibition du CYP 450 3A par l'Itraconazole. Décroissance des concentrations 1 semaine après l'arrêt de l'itraconazole. - Rispéridone + Ritonavir (25) : risque de syndrome malin (fièvre persistante, rigidité, tremblements…). - Rispéridone + Indinavir ou + Ritonavir (29) : accumulation de Rispéridone avec syndrome extra-pyramidal. * Induction du CYP3A4 - Rispéridone + Rifampicine (24) : diminution significative de la Cmax et de l'AUC de la Rispéridone. * Compétition du CYP 3A4 ou Inhibition du CYP2D6 - Rispéridone + Simvastatine (27) : diminution de l'élimination de la simvastatine. * Inhibition enzymatique - Rispéridone + Fluvoxamine (21) : augmentation des taux sanguins de Rispéridone par inhibition enzymatique par la fluvoxamine * Induction enzymatique - Rispéridone + Carbamazépine (21) : augmentation des taux sanguins de Rispéridone à l'arrêt de la Carbamazépine, inducteur enzymatique. * Inhibition compétitive du métabolisme - Pimozide + Amprénavir (6) : risque d'arythmie cardiaque. * Augmentation des concentrations plasmatiques - Clozapine + Amprénavir (6) : augmentation des concentrations plasmatiques de clozapine. - Clozapine + Sertraline (12) : interaction pharmacocinétique avec la sertraline. - Olanzapine et Rivastigmine (18) : syndrome malin des neuroleptiques par augmentation des taux d'acétylcholine par action antidopaminergique (neuroleptique) et anticholinestérasique. * Autres mécanismes d’IAM - Rispéridone + Méthylphénidate : agitation, hyperactivité sévère. - Rispéridone + Sertraline : pas de variation des concentrations de Rispéridone pour une dose de sertraline inférieure à 100 mg/j. 2.3. Cytochromes P450 et neuroleptiques Cf. tableaux page 144. 3. Conduites à tenir 3.1. IAM cliniquement (Thesaurus AFSSAPS, 1) significatives 3.1.1. Associations déconseillées - Neuroleptiques antipsychotiques sauf Clozapine + Antiparkinsoniens dopaminergiques ou Lévodopa : en cas de nécessité d'un traitement par neuroleptiques chez le patient parkinsonien traité par dopaminergique, ces derniers doivent être diminués progressivement jusqu'à l'arrêt (leur arrêt brutal expose à un risque de "syndrome malin des neuroleptiques"). Chez le patient parkinsonien, utiliser les doses minimales efficaces de chacun des deux médicaments. - Alcool + neuroleptiques : l'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation de machines. Eviter la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l'alcool. - Sertindole + Fluoxétine ou + Paroxétine : débuter le traitement aux posologies minimales recommandées. Surveillance clinique, électro-cardiographique et de la kaliémie à l'instauration de l'association puis en cas d'augmentation des posologies de l'un des traitements. -141- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques 3.1.2. Précautions d’emploi - lithium + neuroleptiques : surveillance clinique et biologique (lithémie) régulière, notamment en début d'association. - Neuroleptiques phénothiaziniques ou sulpiride + Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants : prendre les topiques gastro-intestinaux et antiacides à distance des neuroleptiques phénothiaziniques (plus de 2 heures, si possible). - Sulpiride + sucralfate : prendre le sucralfate à distance du sulpiride (plus de 2 heures, si possible). - Chlorpromazine + Insuline ou + Sulfamides Hypoglycémiants : prévenir le patient et renforcer l'autosurveillance glycémique. Adapter éventuellement la posologie de l'insuline pendant le traitement par le neuroleptique et après son arrêt. - Olanzapine + Lithium (14) : association à utiliser avec précaution. Dosage régulier de la lithémie. - Olanzapine + Lithium et/ou Acide Valproïque (15) : Surveillance accrue de la glycémie. - Olanzapine + Ritonavir (2) : augmentation posologique de l'olanzapine. - Olanzapine et Rivastigmine (18) : précaution d'emploi lors de l’association de neuroleptiques et d’anticholinerstérasiques. - Pimozide + Amprénavir (6) : Contre indication. Contacter le prescripteur. - Pipotiazine + Ritonavir (2) : diminution posologique de la pipotiazine et du ritonavir et surveillance des taux de ritonavir. - Prométhazine + Ritonavir (2) : diminution posologique de la prométhazine et du ritonavir et surveillance des taux de ritonavir. - Halopéridol + Rifampicine ou + Carbamazépine : surveillance clinique et, si besoin, adaptation posologique pendant le traitement par la rifampicine ou la Carbamazépine et après son arrêt. - Rispéridone + Paroxétine (19, 20) : association possible de préférence avec un faible dosage de Paroxétine. - Olanzapine + Carbamazépine : surveillance clinique, et si besoin, adaptation posologique de l'olanzapine. - Rispéridone + Carbamazépine (21) : précaution d'emploi. - Rispéridone + Carbamazépine : surveillance clinique, et si besoin, adaptation posologique de la Rispéridone. - Rispéridone + Fluvoxamine (21) : précaution d'emploi. - Rispéridone + Fluoxétine ou + Paroxétine : surveillance clinique et, si besoin, adaptation posologique de la Rispéridone. - Clozapine + Ciprofloxacine : surveillance clinique et réduction éventuelle de la posologie de la clozapine pendant le traitement par la ciprofloxacine et après son arrêt. - Clozapine + Fluvoxamine : surveillance clinique accrue ; si besoin, adaptation de la posologie de la clozapine pendant le traitement par la fluvoxamine et après son arrêt. - Clozapine + Lithium : surveillance clinique et biologique régulière, notamment en début d'association. - Clozapine + Phénytoïne ou + Fosphénytoïne ou + Rifampicine : surveillance clinique et augmentation éventuelle de la posologie de la clozapine durant le traitement par la Phénytoïne ou la rifampicine. 3.2. IAM potentielles - Alimémazine + Ritonavir (2) : surveillance de la sédation et diminution de la posologie de RTV et d'alimémazine. - Chlorpromazine + Ritonavir (2) : diminution posologique de Chlorpromazine et de RTV et surveillance des taux de RTV. - Clozapine + Ciprofloxacine (7-10) : à prendre en compte pour les fortes doses de ciprofloxacine. - Clozapine + Sertraline (12) : surveiller l'apparition d'autres publications. - Olanzapine + Lamotrigine (13) : il est possible que quelques patients nécessitent une adaptation de posologie de Lamotrigine lors de l'introduction ou de l'arrêt de l'olanzapine. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 - Rispéridone + Indinavir (2) : à éviter. - Rispéridone + Itraconazole (22) : titration des doses. - Rispéridone + Rifampicine (24) : la co-administration de Rispéridone avec un inducteur connu du CYP3A doit être reconnue en pratique clinique. Elle peut être responsable d'un échec thérapeutique chez le patient schizophrénique. - Rispéridone + Ritonavir (25, 26) : à éviter. - Rispéridone + Simvastatine (27) : préférer la Pravastatine. - Rispéridone + Indinavir ou + Ritonavir (29) : surveillance renforcée lors d'un traitement par cette association. - Rispéridone + Méthylphénidate : en pratique, laisser un délai avant de passer d'une classe pharmacologique à une autre. Les interactions médicamenteuses surviennent parfois lors d'une succession de traitements sans association. - Rispéridone + Sertraline : pas de conduite à tenir précisée. (a) Antiparkinsoniens dopaminergiques : amantadine, apomorphine, bromocriptine, entacapone, lisuride, pergolide, piribédil, pramipexole, rasagiline, ropinirole, sélégiline. (b) Topiques gastro-intestinaux, antiacides et adsorbants : charbon, diosmectite, gel d'hydroxyde d'aluminium et de carbonate de magnésium codésséchés, hydrotalcite, kaolin, magaldrate, magnésium (trisilicate de), monmectite. (c) Antihypertenseurs : acébutolol, amiloride, Amlodipine, aténolol, barnidipine, béfunolol, bénazépril, bendrofluméthiazide, bépridil, bétaxolol, Bisoprolol, bumétanide, candésartan cilexetil, canrénoate de potassium, captopril, cartéolol, céliprolol, chlortalidone, ciclétanine, cilazapril, clonidine, clopamide, cyclothiazide, Dihydralazine, Diltiazem, énalapril, éplérenone, éprosartan, Félodipine, fosinopril, furosémide, guanfacine, -142- Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques hydrochlorothiazide, imidapril, indapamide, Irbésartan, Isradipine, labétalol, lacidipine, lercanidipine, lévobunolol, lisinopril, Losartan, manidipine, méthyclothiazide, méthyldopa, métipranolol, métoprolol, moexipril, moxonidine, nadolol, nadoxolol, nébivolol, nicardipine, Nifédipine, nimodipine, Nitrendipine, olmésartan, oxprénolol, perindopril tert-butylamine, pindolol, pirétanide, prazosine, propranolol, quinapril, ramipril, rilménidine, sotalol, spirapril, spironolactone, telmisartan, tertatolol, Timolol, Torasémide, trandolapril, triamtérène, trimazosine, urapidil, valsartan, Vérapamil, xipamide, zofénopril. (g) Benzodiazépines et apparentés : Alprazolam, avizafone, bromazépam, brotizolam, camazépam, chlordiazépoxide, Clobazam, Clonazépam, clorazépate, clotiazépam, cloxazolam, délorazépam, diazépam, estazolam, fludiazépam, Flunitrazépam, flurazépam, halazépam, haloxazolam, kétazolam, loprazolam, lorazépam, lormétazépam, médazépam, midazolam, nimétazépam, nitrazépam, nordazépam, oxazépam, oxazolam, pinazépam, prazépam, témazépam, tétrazépam, Triazolam, Zolpidem, Zopiclone. (d) Dérivés nitrés et apparentés : dinitrate d'isosorbide, isosorbide, linsidomine, molsidomine, nicorandil, trinitrine. Références bibliographiques (e) Médicaments sédatifs : acépromazine, acépro-métazine, Alfentanil, alimémazine, alizapride, allobarbital, Alprazolam, amantadine, amisulpride, Amitriptyline, amobarbital, apomorphine, aripiprazole, avizafone, azatadine, azélastine, baclofène, barbital, bromazépam, bromocriptine, bromphéniramine, brotizolam, buclizine, Buprénorphine, butalbital, butobarbital, cabergoline, camazépam, captodiame, carbinoxamine, chlordiazépoxide, chlorphénamine, chlorphenoxamine, chlorproethazine, chlorpromazine, Clobazam, clocinizine, Clonazépam, clonidine, clorazépate, clotiazépam, cloxazolam, clozapine, codéine, cyamémazine, cyclizine, cyclobarbital, cyproheptadine, délorazépam, dexchlorphéniramine, Dextrométhorphane, dextromoramide, dextropropoxyphène, di(acéfylline) Diphenhydramine, diazépam, dihydrocodéine, dimenhydrinate, Diphen-hydramine, doxépine, doxylamine, dropéridol, entacapone, estazolam, éthylmorphine, étifoxine, Fentanyl, fluanisone, fludiazépam, flunarizine, Flunitrazépam, flupentixol, fluphénazine, flurazépam, guanfacine, halazépam, halopéridol, haloxazolam, histapyrrodine, hydromorphone, hydroxyzine, indoramine, isothipendyl, kétazolam, kétoti-fène, lévomépromazine, lisuride, loprazolam, lorazépam, lormétazépam, loxapine, mélézin, médazépam, méfeni-dramium, méprobamate, mépyramine, méthadone, méthyl-dopa, méthylphénobarbital, métoclopramide, Métopimazine, Miansérine, midazolam, mirtazapine, mizolastine, morphine, moxonidine, nalbuphine, nalorphine, naloxone, naltrexone, nefopam, niaprazine, nimétazépam, nitrazépam, nordazé-pam, noscapine, olanzapine, oxatomide, oxazépam, oxazolam, oxétorone, oxomémazine, Oxycodone, penfluridol, pentazocine, pentobarbital, pergolide, perphénazine, péthi-dine, phéniramine, phénobarbital, phényltoloxamine, pholco-dine, piméthixène, pimozide, pinazépam, pipampérone, pipérazine, pipotiazine, piribedil, pizotifène, pramipexole, prazépam, Prégabaline, primidone, prochlorpérazine, prométhazine, propériciazine, quinagolide, rasagiline, remifentanil, rilménidine, Rispéridone, ropinirole, rupatadine, secbuta-barbital, selegiline, sertindole, Sufentanil, sulpiride, Sultopride, témazépam, tetrabenazine, tétrazépam, thalidomide, thényldiamine, thiopental, thiopropérazine, tiapride, Trama-dol, Triazolam, trifluopérazine, Triflupéridol, trimipramine, triprolidine, vinylbital, Zolpidem, Zopiclone, zuclopenthixol. 1. Groupe de travail sur les interactions médicamenteuses de l’AFSSaPS. Thesaurus des interactions médicamenteuses. Mise à jour Septembre 2011. (f) Médicaments atropiniques : acépromazine, acéprométazine, alimémazine, amitriptyline, Amoxapine, atropine, azatadine, azélastine, bipéridène, bromphéniramine, Buclizine, chlorproéthazine, chlorpromazine, clidinium, Clomipramine, clozapine, cyamémazine, cyclopentolate, cyproheptadine, darifenacine, désipramine, dexchlorphéniramine, di(acéfylline) Diphenhydramine, dihexyverine, dimenhydrinate, Diphenhydramine, Disopyramide, dosulépine, doxépine, doxylamine, flavoxate, flunarizine, fluphé-nazine, histapyrrodine, homatropine, hydroxyzine, imipra-mine, indoramine, ipratropium, isothipendyl, lévomépromazine, maprotiline, méfenidramium, mépyramine, Métopimazine, mizolastine, niaprazine, nortriptyline, opipramol, oxatomide, oxitropium, oxomémazine, Oxybutinine, perphénazine, phéniramine, phényltoloxamine, piméthixène, pipérazine, pipotiazine, pizotifène, prochlorpérazine, prométhazine, propériciazine, quinidine, scopolamine, solifenacine, thényldiamine, thiopropérazine, toltérodine, trifluopérazine, trihexyphénidyle, trimipramine, triprolidine, tropatépine, tropicamide, trospium, viloxazine. 2. de Maat MM, Ekhart GC, Huitema AD, Koks CH, Mulder JW, Beijnen JH. Drug interactions between antiretroviral drugs and co medicated agents. Clin Pharmacokinet 2003 ; 42 : 223-82. 3. Makanjuola RO, Dixon PA, Oforah E. Effects of antimalarial agents on plasma levels of chlorpromazine and its metabolites in schizophrenic patients. Trop Geogr Med. 1988 ; 40 (1) : 31-3. 4. Wennerholm A, Nordmark A, Pihlsgård M, Mahindi M, Bertilsson L, Gustafsson LL. Amodiaquine, its desethylated metabolite, or both, inhibit the metabolism of debrisoquine (CYP2D6) and losartan (CYP2C9) in vivo. Eur J Clin Pharmacol. 2006 ; 62 (7) : 539-46. 5. Liukkonen T, Sorjonen M, Jokelainen J, Timonen M. Treatment of hepatitis C with interferon-alpha and ribavirine in a patient with long-term clozapine treatment. Psycho-somatics. 2008 ; 49 (1) : 86-8. 6. Document Laboratoire : Agenerase. 7. Raaska K, Neuvonen PJ. Ciprofloxacin increases serum clozapine and N-Desmethylclozapine: a study in patients with schizophrenia. Eur J Clin Pharmacol 2000 ; 56 :585-589. 8. Sambhi RS, Puri R, Jones G. Interaction of clozapine and ciprofloxacin: a case report. Eur J Clin Pharmacol. 2007 ; 63 (9) : 895-6. 9. Brouwers EE, Söhne M, Kuipers S, van Gorp EC, Schellens JH, Koks CH, Beijnen JH, Huitema AD. Ciprofloxacin strongly inhibits clozapine metabolism: two case reports. Clin Drug Investig. 2009 ; 29 (1) : 59-63. 10. Brownlowe K, Sola C. Clozapine toxicity in smoking cessation and with ciprofloxacin. Psychosomatics. 2008 ; 49 (2) : 176. 11. Carrillo JA, Benitez J. Clinically significant pharmacokinetic interactions between dietary caffeine and medications. Clin Pharmacokinet 2000 ; 39 (2) :127-153. 12. Hoehns JD, Fouts MM, Kelly MW, Tu KB. Sudden cardiac death with clozapine and sertaline combination. Ann Pharmacother 2001 ; 35 : 862-866. 13. Sidhu J, Job S, Bullman J, Francis E, Abbott R, Ascher J, Theis JG. Pharmacokinetics and tolerability of lamotrigine and olanzapine co administered to healthy subjects. Br J Clin Pharmacol 2006 ; 61 (4) : 420-426. 14. 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Clin Pharmacol Ther 2002 ; 71 (1) : 30-8. 2D6 on Plasma Risperidone Levels in Patients on Polypharmacy. Ther Drug Monit. 2008, 30 : 565-569. 18. Stevens DL, Lee MR, Padua Y. Olanzapine associated neuroleptic malignant syndrome in a patient receiving concomitant rivastigmine therapy. Pharmacotherapy. 2008 ; 28 (3) : 403-5. 24. Mahatthanatrakul W, Nontaput T, Ridtitid W, Wongnawa M, Sunbhanich M. Rifampin, a cytochrome P450 3A inducer, decreases plasma concentrations of antipsychotic risperidone in healthy volunteers. Journal of Clinical Pharmacy and Therapeutics 2007 ; 32 : 161-167. 19. Al Chekakie MO, Ketz JM, Whinney CM. Hypothermia in a patient receiving Risperidone and Paroxetine. J Clin Psychopharmacol 2006 : 26 (3) : 332-333. 25. Khaliq Y, Gallicano K, Leger R, Foster B, Badley A. A drug interaction between fusidic acid and a combination of ritonavir and saquinavir. Br J Clin Pharmacol 2000; 50: 81-83. 20. Saito M, Yasui-Furukori N, Nakagami T, Furukori H, Kaneko S. Dose dependent Interaction of Paroxetine with Risperidone in Schizophrenic Patients. J Clin Psychopharmacol 2005 : 25 (6) : 527-532. 26. Jover F, Cuadrado JM, Andreu L, Merino J. Reversible coma caused by Risperidone-Ritonavir interaction. Clinical Neuropharmacology 2002 ; 25 (5) ; 251-253. 21. Alfaro CL, Nicolson R, Lenane M, Rapoport JL. Carbamazépine and/or fluvoxamine drug interaction with risperdone in a patient on multiple psychotropic medications. Ann Pharmacother 2000; 34 : 122-3. 22. Jung SM, Kim KA, Cho HK, Jung IG, Park PW, Byun WT, Park JY. Cytochrome P450 3A inhibitor itraconazole affects plasma concentrations of risperidone and 9-hydroxyrisperidone in schizophrenic patients. Clin Pharmacol Ther 2005 ; 78 : 520-8. 27. Webber MA, Mahmud W, Lightfoot JD, Shekhar A. Rhabdomyolysis and compartment syndrome with coadministration of risperidone and simvastatin. Psychopharmacol. 2004 ; 18 (3) : 432-4. 28. Nakagami T, Yasui-Furukori N, Saito M, Mihara K, De Vries R, Kondo T, Kaneko S. Thioridazine Inhibits Risperidone Metabolism. A clinically Relevant Drug Interaction. Journal of Clinical Psychopharmacology 2005 ; 25 (1) : 89-91. 23. Mannheimer B, von Bahr C, Pettersson H, Eliasson E. Impact of Multiple Inhibitors or Substrates of Cytochrome P450 29. Kelly DV, Béïque LC, Bowmer MI. Extrapyramidal symptoms with Ritonavir/Indinavir plus risperidone. Ann Pharmacother 2002 ; 36 : 827-830. Tableau 1 : Substrats des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Tableau 2 : Inhibiteurs des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Substance active Carbamazépine Olanzapine Rispéridone Halopéridol Fluoxétine Clozapine Phénytoïne Chlorpromazine Fluphénazine Fluvoxamine Lévomépromazine Paroxétine Prométhazine 1A2 2B6 Voie métabolique Majeure 2C9 2C19 2D6 2E1 3A4/5 Substance active Chlorpromazine Ciprofloxacine Fluoxétine Fluvoxamine Halopéridol Lévomépromazine Paroxétine Prométhazine Rispéridone 1A2 2B6 Inhibiteur Puissant 2C9 2C19 2D6 2E1 3A4/5 Modéré Tableau 3 : Inducteurs des cytochromes P450 (d’après http//www.pharmacoclin.ch) Mineure Pour une bonne utilisation des fiches Interactions médicamenteuses : Husson MC. Interactions médicamenteuses : modalités d’utilisation des fiches. Doss CNHIM 2006 ; XXVII (2) : 37-40. Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Substance active Carbamazépine Phénytoïne Rifampicine 1A2 Inducteur Puissant -144- 2B6 2C9 2C19 2D6 Modéré 2 E1 3A4/5 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques Interactions médicamenteuses des neuroleptiques à l’exception des neuroleptiques antiémétiques Exemples d’interventions pharmaceutiques Cas clinique n°1 Malade et contexte Problématique médicamenteuse Mme B, 76 ans Poids : 55 kg taille : 159 cm Interactions médicamenteuses : Antécédents : Maladie de Parkinson Ordonnance : - MODOPAR® LP 125 (100 mg/25 mg) : 1 à 20h ; - MODOPAR® 125 (100 mg/25 mg) : 2 gélules à 7h30, 1 gélule à 9h30, 1 gélule à 11h30, 1 gélule à 13h30, 1 gélule à 14h30, 1 gélule à 17h, 1 gélule à 18h30 ; - REQUIP ®: 1 mg x 3/j. Histoire actuelle : Troubles psychotiques (hallucination, confusion mentale) ; Association Déconseillée (ASDEC) : - REQUIP ®: (Ropinirole) + RISPERDAL® (Rispéridone) : antagonisme réciproque du dopaminergique et du neuroleptique. Le dopaminergique peut provoquer ou aggraver les troubles psychotiques. - MODOPAR® (Levodopa + Bensérazide) + RISPERDAL ® (rispéridone) : antagonisme réciproque de la Lévodopa et de la Rispéridone. Traitement : RISPERDAL® 4 mg/j le soir. Intervention pharmaceutique Le pharmacien a recommandé lorsqu’il est nécessaire d’instaurer un traitement antipsychotique chez un patient parkinsonien traité par antiparkinsonien dopaminergique ou, de privilégier l’utilisation du LEPONEX® (Clozapine) Cas clinique n°2 Malade et contexte Problématique médicamenteuse Mr X, 75 ans Poids : 90 kg taille : 170 cm Interactions médicamenteuses : Antécédent : Diabète non insulino dépendant, hypertension artérielle. Ordonnance : - DIAMICRON® LM 60 mg : 1 cpr le matin ; - APROVEL® 150 mg : 1 cpr le matin. Motif d’hospitalisation : Etat psychotique aigu. Traitement : LARGACTIL® (Chlorpromazine) 100 mg : 1 cp matin et soir. Précaution d’emploi (PE) : - DIAMICRON® LM 60 mg (Gliclazide) + LARGACTIL® 100 mg (Chlorpromazine) : à forte posologie (100 mg/jour) élévation de la glycémie (diminution de libération d’insuline). A prendre en compte (APEC) : - APROVEL® 150 mg (Irbésartan) + LARGACTIL® 100 mg (Chlorpromazine) : majoration du risque d’hypotension notamment orthostatique. Intervention pharmaceutique Le pharmacien a conseillé de renforcer la surveillance glycémique. Il a également alerté l’équipe soignante du risque accru d’hypotension orthostatique. -145- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Fiche IAM : neuroleptiques sauf antiémétiques Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 -146- Résumés des derniers numéros parus Résumés des derniers numéros parus Dossier du CNHIM N°3, 2011 : Cystinose oculaire : traitement local par la cystéamine La cystinose, maladie métabolique rare, se caractérise par des dépôts intralysosomaux de cystine. Elle résulte d’un défaut de transport de la cystine formée après dégradation protéique, du lysosome vers le cytoplasme. L’accumulation de cystine induit la formation de cristaux de cystine dans la plupart des tissus, et notamment l’œil ; es 2 structures concernées sont la cornée et la rétine. Il y aurait dans le monde 1 cas de cystinose infantile pour 100 000 à 200 000 naissances, soit 4 nouveaux cas/an en France. La cystinose est transmise selon un mode autosomique récessif. Trois types de cystinose peuvent être schématiquement décrits en fonction de l’âge d’apparition des premiers symptômes et de leur gravité : forme infantile, forme juvénile et forme bénigne. Les premiers signes cliniques apparaissent après une période de latence qui dure habituellement de 3 à 6 mois. A chaque fois, des troubles oculaires sont retrouvés. Le diagnostic de cystinose, qui sera confirmé par un diagnostic génétique, repose sur : - un dosage biochimique de la cystine leucocytaire qui permet aussi de suivre l’efficacité du traitement, - un examen oculaire : présence de cristaux typiques de cystine en forme d’aiguilles dorées. Le traitement spécifique de cette maladie repose sur l’administration par voie orale de cystéamine (CYSTAGON® gélules) qui réduit le taux de cystine intracellulaire et son accumulation délétère. Les manifestations oculaires se caractérisent par une atteinte de la cornée, puis une kératopathie, une atteinte de la rétine avec baisse de l’acuité visuelle, voire cécité. Du fait de sa faible vascularisation la cystéamine orale est peu efficace sur la cornée, à la différence de la rétine. En revanche des instillations locales de cystéamine permettent de diminuer le taux de cystine lysosomale cornéen en favorisant la dissolution des cristaux de cystine. Tous les malades candidats à la cystéamine oculaire sont traités par la cystéamine orale. Les traitements locaux actuellement disponibles sont : - en France, le chlorhydrate de cystéamine AP-HP 0,1% collyre; - en Europe, un gel de cystéamine à 0,55 % CYSTADROPS® (Orphan Europe) ; - aux USA, un collyre de cystéamine à 0,6 % CYSTORAN® (Sigma-Tau). Les concentrations allant de 0,1 à 0,5 % sont à la fois efficaces et bien tolérées. Une éventuelle meilleure efficacité de concentrations supérieures à 0,1 % reste à étudier ; mais quelle que soit la concentration, la compliance (plusieurs instillations oculaires / jour sont nécessaires) semble en fait le facteur déterminant du succès du traitement. Le traitement doit être le plus précoce possible. En l’absence de greffe de cornée, il s’agit d’un traitement à vie, indispensable et sans alternative. Il serait souhaitable que le collyre de cystéamine (chlorhydrate) 0,1% APHP, qui a actuellement le statut de préparation hospitalière, puisse obtenir une AMM, statut plus pérenne et permettant une exploitation en France plus aisée. N°4, 2011 : Antagonistes des récepteurs à l’ADP dans la prévention secondaire des syndromes coronaires aigus traités par angioplastie L’athérothrombose dont la complication aiguë la plus fréquente est le syndrome coronarien aigu (SCA), constitue un problème majeur de santé publique. Selon des données 2008 de l’OMS, la maladie coronaire est la première cause de mortalité dans le monde. La formation de la plaque d’athérome va réduire la lumière de l’artère de façon asymptomatique ou en entraînant le cas échéant des crises d’angor. L’occlusion progressive ou brutale peut déclencher un SCA. Le SCA se définit par la présence d’au moins un des 3 critères diagnostiques suivants : symptomatologie ischémique, modification ECG du segment ST, et élévation de la troponine. On distingue 2 types de SCA : sans sus-décalage ST secondaire à une occlusion partielle de l’artère coronaire et avec sus-décalage ST responsable secondaire à une occlusion coronaire totale nécessitant une intervention en urgence. Le traitement d’urgence est basé sur des thérapeutiques de reperfusion telles qu’angioplastie primaire ou thrombolyse, et sur l’administration d’antiagrégants plaquettaires. De nombreuses études ont cherché à définir le schéma optimal de prévention, quels antiagrégants plaquettaires utiliser, ainsi que l’intérêt de certaines associations. En cardiologie, le Clopidogrel est indiqué chez l'adulte dans la prévention des événements liés à l'athérothrombose. C’est un inhibiteur de l’agrégation plaquettaire de la classe des thiénopyridines. Son métabolite actif se fixe de manière irréversible à l’un des récepteurs de l’adénosine diphosphate (ADP), le P2Y12, empêchant son activation et celle du complexe GPIIb/IIIa et inhibant ainsi l’agrégation des plaquettes. Son intérêt dans la prise en charge des SCA a été largement prouvé (réduction de la morbi-mortalité à moyen et long terme). Les études mettent en évidence son efficacité (300 mg suivi de 75 mg/j) associé à l’Aspirine, à court et long terme, chez des malades souffrant d’un SCA avec et sans sus-décalage du segment ST. De nombreux médicaments peuvent interagir avec ce médicament, les inhibiteurs de la pompe à proton notamment. La variabilité interindividuelle de la réponse au Clopidogrel, avec environ un tiers de non répondeurs, continue de poser problème. Récemment deux nouveaux anti-P2Y12 (Prasugrel et Ticagrelor) ont démontré une efficacité clinique dans deux essais randomisés les comparant à la bithérapie classique Aspirine-Clopidogrel. Le Prasugrel est une thiénopyridine inhibitrice de l’activation et de l’agrégation plaquettaire par liaison irréversible de son métabolite actif aux récepteurs P2Y12. Il est indiqué en association avec l’aspirine dans la prévention des événements athérothrombotiques chez les malades présentant un SCA. La posologie consiste en une dose de charge de 60 mg puis 10 mg/ jour en entretien. Le Ticagrelor, non commercialisé en France, est un inhibiteur de l’activation et de l’agrégation plaquettaire par liaison réversible directe aux récepteurs à l’ADP de type P2Y12. Il est administré par voie orale. La réversibilité du lien aux récepteurs, à la différence du Clopidogrel et du Prasugrel, permet de réduire le risque de saignements en cas de chirurgie. -147- Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Sommaire Au sommaire de Dossier du CNHIM depuis 2003 N°3 Année 2003-Tome XXIV N°1 Algasidases (alfa, bêta) dans le traitement de la maladie de Fabry Valganciclovir Fludrocortisone Coxibs : inhibiteurs sélectifs de la COX-2 N°2 N°3-4 Facteurs antihémophiliques : traitement substitutif de l’hémophilie A et B N°5 Polyarthrite rhumatoïde : stratégie thérapeutique N°6 Escarre, ulcère, pied diabétique : pansements et biomatériaux. Aide à la cicatrisation Adhérences : prévention en chirurgie digestive et gynécologiques Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® : 4ème partie : Chirurgie cardiaque N°4 Adhésion tissulaire, hémostase locale et consolidation : traitements locaux Interactions : cisapride et diphémanil N°5-6 Anticancéreux : utilisation pratique, 6ème édition Année 2009-Tome XXX N°1 Année 2004-Tome XXV N°1 Prévention du rejet aigu de greffes rénales place des anticorps monoclonaux N°2 Ostéoporose : place des bisphosphonates et du SERM N°3 Sepsis sévère et choc septique : données actuelles - Place de la protéine C N°4-5 Anticancéreux : utilisation pratique, 5ème édition N°6 Candidoses et aspergilloses invasives : stratégie thérapeutique Année 2005-Tome XXVI N°1 N°2 Statines et prévention des risques cardiovasculaires Hypertension artérielle pulmonaire : stratégies de prise en charge Ibuprofène injectable dans le traitement de la persistance du canal artériel Maladie d’Alzheimer : traitements médicamenteux N°3 N°4-5 Médicaments radiopharmaceutiques : 2ème édition N°2 N°3 N°4 N°5 Année 2006-Tome XXVII N°1 Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité : prise en charge thérapeutique N°2 Syndrome de lyse tumorale : prise en charge Mucopolysaccharidose de type I : traitement actuel Interactions : anticoagulants oraux, antalgiques morphiniques N°3 Insulines : utilisation pratique Interactions : macrolides sauf spiramycine N°4 Cystinose et cystéamine Interactions : apparentés macrolides et spiramycine ; antirétroviraux ; immunosuppresseurs N°5-6 Maladie thromboembolique : stratégies thérapeutiques préventives et curatives Interactions : anticancéreux ; hypolipémiants ; cyclines ; fluoroquinolones ; sulfamides antibactériens N°6 Année 2010-Tome XXXI N°1 N°2 N°3 Année 2007-Tome XXVIII N°1 Produits de contraste pour imagerie par résonance magnétique Interactions: bêtalactamines, aminosides, antituberculeux N°2 Maladie de Gaucher : traitements actuels Interactions : antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II, bêtabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion N°3 Mucoviscidose : place de l’antibiothérapie inhalée Interactions : antidépresseurs imipraminiques, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ; antifongiques azolés. N°4-5 Thérapie photodynamique Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® : 1ère partie Interactions : anticonvulsivants, antiparkinsoniens, anti Alzheimer N°6 Migraine : stratégies thérapeutiques Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® : 2ème partie : Traumatologie Année 2008-Tome XXIX N°1 N°2 Immunoglobulines humaines normales sous-cutanées : traitement substitutif Fluoroquinolones : place de la lévofloxacine et de la moxifloxacine Interactions : Antisécrétoires antihistaminiques H2 et inhibiteurs de la pompe à protons Solutions de conservation d’organes Eptacog alpha, NOVOSEVEN® : 3ème partie : Gynécoobstétrique Dossier du CNHIM, 2011, XXXII, 5-6 Prescrire en dénomination commune pour sécuriser les prescriptions : intérêt du médicament virtuel Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® : 5ème partie : Hématologie Interactions : Insuline et antidiabétiques oraux ; Antimigraineux : triptans, alcaloïdes de l’ergot de seigle Mucopolysaccharidoses de type II et de type VI : traitements enzymatiques substitutifs Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® : 6ème partie : Utilisation en hépato-gastro-entérologie Interactions : antihypertenseurs alpha-bloquants ; alphabloquants à visée urologique Hormones de croissance Interactions : inhibiteurs des tyrosines kinases ; topiques gastro-intestinaux, antiacides et charbon Chélateurs du fer Interactions médicamenteuses cliniquement significatives : principaux mécanismes Erythropoïétines ; 1ère partie : utilisations AMM Eculizumab et hémoglobinurie paroxystique nocturne Interactions : glucocorticoïdes, minéralocorticoïdes Erythropoïétines ; 2ème partie : utilisations hors AMM Interactions : héparines N°4 N°5 N°6 La vaccination antigrippale 2009-2010 Nutrition parentérale pédiatrique : une nouvelle gamme de solutions Interactions : acide acétylsalicylique et paracétamol ; anti-inflammatoires non stéroïdiens Purpura thrombopénique auto-immun : place des agonistes du récepteur de la thrombopoïétine Interactions : Estrogènes et progestatifs Hyperammoniémie par déficit enzymatique du cycle de l’urée : place du benzoate de sodium dans la stratégie thérapeutique Curares et décurarisation : place du sugammadex Polyarthrite rhumatoïde (1ère partie) : nouvelles biothérapies ciblant les cellules du système immunitaire, rituximab et abatacept Polyarthrite rhumatoïde (2ème partie) : nouvelles biothérapies ciblant les cytokines : tocilizumab, certolizumab, golimumab Interactions : Inhibiteurs de la phosphodiestérase 5. Puberté précoce centrale : prise en charge thérapeutique Interactions : sympathomimétiques alpha et bêta par voie IV et IM ; sympathomimétiques alpha par voie orale et/ou nasale ; sympathomimétiques indirects Année 2011-Tome XXXII N°1 N°2 N°3 N°4 -148- Place des immunoglobulines humaines dans la prise en charge des rejets humoraux de la transplantation rénale Interactions : diurétiques épargneurs de potassium, diurétiques hypokaliémiants Membranes greffées : place dans la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale Interactions médicamenteuses : actualités du thesaurus de l’Afssaps (version du 17 décembre 2010) Cystinose oculaire : traitement local par la cystéamine Interactions : benzodiazépines et apparentés Antagonistes des récepteurs à l’ADP dans la prévention secondaire des syndromes coronaires aigus traités par angioplastie Interactions : Thrombolytiques Je suis : Pharmacien Médecin Autre :___________________________ ABONNEMENT 2011 Je souhaite m'abonner pour un an à la revue Dossier du CNHIM 6 numéros par an Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 225.27 € - TTC : 230 € Etranger 250 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 450.55 € - TTC : 460 € Etranger 480 € VENTE AU NUMERO 2011* Je souhaite acquérir un (des) exemplaire(s) de la revue Dossier du CNHIM (le prix du numéro spécial est multiplié par deux) Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 44.08 € - TTC : 45 € Etranger 70 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 88.15 € - TTC : 90 € Etranger 115 € Tarifs dégressifs selon nombre d’exemplaires, veuillez nous contacter. 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BANQUE POPULAIRE DU NORD 00-47302-190-4 Je suis : Pharmacien Médecin Autre :___________________________ ABONNEMENT 2012 Je souhaite m'abonner pour un an à la revue Dossier du CNHIM 6 numéros par an Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 225.27 € - TTC : 230 € Etranger 250 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 450.55 € - TTC : 460 € Etranger 480 € VENTE AU NUMERO 2012 Je souhaite acquérir un (des) exemplaire(s) de la revue Dossier du CNHIM (le prix du numéro spécial est multiplié par deux) Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 44.08 € - TTC : 45 € Etranger 70 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 88.15 € - TTC : 90 € Etranger 115 € Tarifs dégressifs selon nombre d’exemplaires, veuillez nous contacter. 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