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types 16 et 18, devrait être commercialisé dans
les mois à venir. Entre-temps, de très nombreuses
études ont été effectuées et leurs résultats publiés
[6, 7]. Deux groupes ont été pris en compte pour
l’appréciation de l’efficacité préventive: un pre-
mier groupe pour la «per protocol efficiency»
(groupe PPE), qui incluait des cas vaccinés confor-
mément au plan de vaccination et qui étaient
HPV-négatifs à partir du septième mois après la
troisième dose de vaccin; un second groupe «mo-
dified intention to treat» (MITT) a été formé par
des sujets ayant reçu au minimum une dose de
vaccin et dont le status HPV était inconnu ou dont
le test PAP était négatif ou suspect avant le début
de l’essai. L’évaluation des résultats s’est basée
sur le développement de précancéroses (néopla-
sies intra-épithéliales cervicales = CIN ou lésions
intra-épithéliales squameuses = SIL) comme
marqueur indirect. Toutes les études indiquent de
manière consistante une grande efficacité [17–
19]. L’étude FUTURE II, publiée récemment, a
confirmé ces excellents résultats [20] pour les lé-
sions cervicales, comme ceux de Garland pour les
lésions anogénitales. On a également pu montrer
que le titre des anticorps ne varie guère au cours
des cinq premières années. Les analyses ont
montré que les jeunes filles âgées de 9à15 ans
présentent une réponse immunitaire nettement
meilleure que les jeunes femmes de 16 à 26 ans
[23]. Les titres immuns étaient deux fois plus éle-
vés chez les jeunes filles.
La question de la durée de protection du vaccin
reste ouverte. Les études réalisées à ce jour indi-
quent une protection vaccinale de plus de cinq ans
avec Gardasil®et de près de cinq ans avec Cer-
varix®[19, 22]. Fondamentalement, la durée de
protection offerte par les vaccins en général n’est
que rarement connue – si ce n’est jamais – au mo-
ment de leur enregistrement, et il manque au-
jourd’hui encore beaucoup d’informations à ce
sujet pour de très nombreux vaccins. La durée de
la protection conférée par un vaccin fait habi-
tuellement l’objet d’une estimation empirique. Il
existe par ailleurs divers modèles qui décrivent
la diminution des taux d’anticorps au cours du
temps en partant de l’idée qu’une protection ef-
ficace devrait durer dans le pire des cas douze à
trente-deux ans et dans le meilleur des cas toute
la vie [24]. La vaccination simultanée contre l’hé-
patite B et le HPV (Gardasil®) a également été tes-
tée [23]. Elle est possible et ne fait l’objet d’au-
cune limitation. Les analyses ont aussi montré
que le vaccin n’est pas seulement efficace contre
les types 16 et 18, mais qu’il y a aussi une réac-
tion croisée avec les types 31 et 45 [19], ce qui
augmente son efficacité d’environ 10%. Certains
résultats suggèrent de plus l’existence d’une sé-
roconversion chez les femmes plus âgées [25],
mais ils doivent encore être confirmés.
Les effets indésirables sont relativement rares et,
le cas échéant, légers. En comparant les effets in-
désirables du Gardasil®avec ceux d’un placebo
raux (E6, E7). Cette constellation ouvre la porte à
une division cellulaire incontrôlée [9]. Ce proces-
sus ne peut cependant se dérouler qu’en présence
de cofacteurs influençant avant tout les défenses
immunitaires de l’organisme et favorisant l’im-
munosuppression. La nicotine, les infections gé-
nitales, la prise prolongée d’inhibiteurs de l’ovu-
lation et diverses carences en vitamines ont été
évoquées parmi de nombreux autres facteurs
causaux.
Les études épidémiologiques ont montré que
l’infection à HPV est probablement la maladie
sexuellement transmissible la plus fréquente [4].
L’infection à HPV est endémique dans la popula-
tion jeune, sexuellement active. Sa prévalence dé-
pend avant tout de l’âge, de l’activité sexuelle, du
contexte immunologique, ainsi que de divers au-
tres facteurs. Quatre femmes sur cinq seront ainsi
infectées au cours de leur vie, essentiellement du-
rantl’adolescenceetlespremièresannéesdel’âge
adulte. L’infectionestengénéraltransitoireet n’est
plus détectable après une période d’environ huit à
quatorze mois. La transmission est habituellement
sexuelle, mais d’autres voies sont également pos-
sibles. La prévalence diminue avec l’âge.
L’infection évolue en général de manière asympto-
matique. Plus de 90% des cas guérissent spontané-
ment en quelques mois. Environ 1% des infections
donnent lieu au développement de condylomes
acuminés. Quelque 4% entraînent la formation de
lésions néoplasiques intra-épithéliales ou squa-
meuses dans le tractus génital inférieur. Seul
0,01% aboutit à un cancer invasif.
On peut admettre que pratiquement toutes les
précancéroses et surtout les carcinomes du col,
de la vulve et du vagin, sont associées au HPV. Un
DNA HPV peut être identifié dans 50 à 80% des
cas de SIL low-grade, dans 80 à 90% des SIL high-
grade et dans 99% des cancers. C’est également
la raison pour laquelle la recherche du DNA HPV
n’est pas recommandée dans le cadre des exa-
mens de dépistage de routine.
Après la réussite de l’isolement et de l’établisse-
ment de la séquence du HPV 16 par le groupe de
Harald zur Hausen, le développement du vaccin
n’était plus qu’une question de temps. Nous distin-
guons fondamentalement deux types de vaccina-
tions: la vaccination prophylactique, qui prévient
l’infection proprement dite,et la vaccination thé-
rapeutique au sens d’une immunothérapie, dont le
but est d’éliminer les cellules infectées. Le vaccin
dont il sera question ici relève de la vaccination à
visée purement prophylactique. Laura Koutsky a
publié pour la première fois en 2002 des données
démontrant que la vaccination permet de préve-
nir les infections à HPV et les précancéroses qui
en résultent [5].
Deux vaccins ont été développés: le vaccin Gar-
dasil®de la société Sanofi Pasteur MSD, qui est
dirigé contre les types 6, 11, 16 et 18 du HPV, est
d’ores et déjà disponible. Le vaccin Cervarix®
de la firme GlaxoSmithKline, efficace contre les
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