Quels sont les devoirs des parents envers leurs enfants ?

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Quels sont les devoirs des parents envers leurs enfants ?...
Le livret que vous allez lire ci-dessous est en fait la version écrite d’une
conférence sur l’importance de la responsabilité parentale qui a eu lieu le
Vendredi 18 Décembre 1998, après la Salât oul Maghrib à la Mosquée
Attyab-oul-Masâdjid de Saint-Pierre.
Introduction.
La prospérité d’une société repose en grande partie sur la qualité des structures familiales
qui la composent. Malheureusement, aujourd’hui, la cellule familiale traverse une période de
crise sans précédent, ce qui fait qu’elle se trouve au bord de l’éclatement. Par conséquent,
c’est notre communauté entière qui est actuellement en train de s’affaiblir. D’où la nécessité
pour chaque musulman et chaque musulmane de réagir afin de restructurer et d’harmoniser
les liens au sein de la cellule familiale. Pour cela, l’étape obligatoire consiste à bien redéfinir
le rôle et la responsabilité de chaque membre au sein de la famille. La question que l’on se
propose d’aborder au travers de ces quelques lignes s’inscrit justement dans cette
perspective : Nous allons essayer de définir et de cerner quelles sont les responsabilités des
parents envers leurs enfants.
Par rapport à cela, la première chose à rappeler, c’est la finalité : Quel est l’objectif à
atteindre pour le père musulman ou la mère musulmane en ce qui concerne ses enfants ?
Pour être concis, on pourrait dire que notre devoir consiste à faire de notre possible pour que
notre enfant devienne un véritable serviteur d’Allah, qui passe sa vie suivant la volonté de
Son Créateur. En d’autres mots, la finalité, c’est de faire de notre enfant avant tout et
surtout, un musulman attaché à sa foi et pratiquant sa religion. Ainsi, il deviendra un membre
profitable à la société entière, en ce sens qu’il œuvrera pour son bien être personnel, pour
celui de sa famille et pour celui de tous les gens en général, aussi bien matériellement que
spirituellement. C’est en gardant à l’esprit cette finalité que l’on arrive à se faire une idée de
l’importance de la tâche qui nous attend, en tant que parents.
Avant de continuer, je voudrai juste détailler la méthode qui sera adoptée lors de ce
développement, ce qui contribuera à une meilleure compréhension.
On commencera, Incha Allah, par un exposé sur les principaux devoirs des parents.
Ensuite, on s’étendra quelque peu sur une période cruciale de la vie de l’enfant,
l’adolescence.
En guise de conclusion, on passera en revue un certain nombre d’erreurs que
commettent souvent les parents vis-à-vis de leurs enfants.
Sommaire
Les principaux devoirs des parents…
1. L’éducation.
Sur le plan physique et corporel
Sur le plan spirituel
Sur le plan du caractère et du comportement
2. Accorder à l’enfant toute l’affection, la tendresse, l’amour et l’attention dont il a
besoin.
3. Développer chez l’enfant sa confiance en soi et son sens des responsabilités.
4. Rendre le foyer accueillant et la vie de famille agréable.
5. Savoir se faire aimer de ses enfants, et obtenir leur respect et leur estime.
6. Garder un contrôle discret sur tout ce qui se rapporte à l’enfant.
7. Invoquer Allah en sa faveur.
Quelques mots sur l’adolescence…
Erreurs courantes des parents concernant leurs relations avec
l’enfant.
1. Manque de coordination et d’entente sur la façon d’éduquer l’enfant.
2. Les parents donnent eux mêmes à leurs enfants le mauvais exemple.
3. Les parents se font l’avocat du mal.
Conclusion
Les principaux devoirs des parents…
L’éducation.
Le premier et plus important devoir des parents envers leurs enfants est celui de l’éducation.
Vous aurez remarqué que j’ai employé le terme d' »éducation » et non pas celui
d' »instruction ». En fait, le mot « instruction » est généralement employé pour désigner la
transmission de connaissances, tandis que le mot « éducation » a un sens beaucoup plus
vaste: il désigne non seulement la transmission de connaissances, mais aussi celle de valeurs
et de principes. Ce mot est donc plus approprié dans le contexte islamique. Il faut savoir que
l’être humain se compose de trois éléments fondamentaux: il a un corps physique qui est
dirigé par sa raison, il a une âme spirituelle qui le relie à son Créateur et il a un caractère, qui
est l’expression des qualités ou défauts intérieurs qui sont les siens. L’éducation des enfants,
telle qu’elle est perçue en islam, ne se limite pas qu’aux besoins du corps ou de l’âme seuls.
Elle se rapporte à l’ensemble de ces trois éléments. Le but est d’œuvrer pour
l’épanouissement de l’enfant à tous les niveaux.
Sur le plan physique et corporel.
L’éducation sur ce plan regroupe les éléments suivants:
Le développement des capacités physiques de l’enfant, par la pratique de sports par
exemple, tels que la natation, l’équitation, les sports de combat… Le Prophète Mouhammad
(sallallâhou alayhi wa sallam) disait:
« Le croyant fort (physiquement) est meilleur que le croyant faible.
(Mais) Il y a du bien dans les deux. »
Ce Hadith fait clairement allusion au mérite d’être dans de bonnes conditions physiques.
Le développement des facultés intellectuelles de l’enfant. Cet aspect de son éducation
regroupe aussi bien le développement de ses capacités de réflexion, de son esprit critique,
que la maîtrise de l’expression (aussi bien écrite qu’orale) et l’assimilation de toutes les
notions qui lui permettront de mieux comprendre l’environnement dans lequel il vit, mais
aussi la position qu’il tient et le rôle qu’il a à jouer au sein de cet environnement. Il est vrai
que la plus grande partie de cette éducation est prise en charge par l’école. Les parents ont
surtout la responsabilité d’assister et d’aider l’enfant par un suivi régulier et sérieux à la
maison, mais aussi par une bonne orientation, le moment voulu. En effet, dans le contexte
socio-économique actuel, avec le taux de chômage qui ne cesse de croître, il est devenu
impératif aux parents, dans un premier temps, de participer à la lutte contre l’échec scolaire,
mais aussi de conseiller et de guider leurs enfants vers les branches d’études permettant
d’avoir des débouchés sur le marché de l’emploi. Le Prophète Ibrâhim (alayhis salâm) nous a
enseigné par son invocation, qui est reprise par le Qour’aane ( « Et quand Abraham
supplia : « Ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu de sécurité, et fais
attribution des fruits à ceux qui parmi ses habitants auront cru en Allah
et au Jour dernier » (Sourate 2 / Verset 126) ), que le fait de désirer le bien être matériel
de ses enfants n’est en aucune façon contraire à la foi.
L’apprentissage des notions d’hygiène et de propreté aussi bien corporelle que rituelle,
comme l' »istindjâ » (la façon de se purifier après avoir satisfait ses besoins naturels), le
« woudhou » ou le « ghousl ».
Par ailleurs, les parents ont pour devoir de surveiller et de contrôler l’alimentation des
enfants (qui doit être saine, pure, et surtout, licite), mais aussi de leur faire effectuer un suivi
médical régulier.
Sur le plan spirituel:
L’éducation spirituelle, et par extension l’éducation religieuse de l’enfant est, de loin, la plus
importante. Sur ce point, les parents bénéficient d’une aide considérable de la part de la
Madressah (école coranique). Je dis bien que les parents sont « aidés » par la Madressah.
L’erreur que l’on a tendance à commettre de nos jours, et qui est à l’origine d’un certain
nombre de problèmes et de malentendus, c’est de se croire déchargé de ses responsabilités
à ce niveau à partir du moment où l’on envoie justement ses enfants à la Madressah. Le
problème, c’est qu’à elle seule, elle ne suffit pas, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’enfant n’y est admis qu’à l’âge de 4 ou 5 ans. Et si vous étudiez les références
islamiques, le Qour’aane et les Hadiths, vous verrez qu’en Islam, l’établissement du lien
entre l’enfant et sa religion commence dès la naissance, pour ne pas dire avant… Je ne vais
vous donner que deux exemples:
●
lorsqu’un enfant vient au monde, la première chose à faire, telle que nous l’enseigne notre
religion, c’est de prononcer l’appel à la prière (« Adhân ») dans son oreille. Le but
recherché est d’imprégner son esprit de l’Unicité et de la grandeur d’Allah et de le mettre à
l’abri de Chaytân. Les Hadiths nous montrent, en effet, qu’en entendant l’Adhân, Chaytân
s’enfuit. Dès cet instant, le lien est donc établi entre l’enfant et Son créateur.
●
ensuite, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a indiqué que la première
parole que nous devons essayer de faire prononcer à notre enfant est la profession de foi.
Et cela se passe bien avant l’âge de 4 ans.
La seconde raison qui fait que la Madressah seule ne peut suffire c’est que le temps que
l’enfant y passe ne représente pratiquement rien dans sa vie quotidienne. Il passe beaucoup
plus de temps à la maison et à l’école. Il serait vraiment irréaliste de penser que ces
quelques instants passés à la Madressah suffiraient à lui apprendre comment devenir un bon
musulman, c’est à dire à lui apprendre à réguler sa vie entière.
Qui de plus est, l’enseignement que l’enfant y acquiert est très souvent contredit ou remis en
question dans sa vie de tous les jours, en dehors de la Madressah. A titre d’exemple, on
pourrait citer la définition du « réel succès »: à la Madressah, l’enfant apprend que la
véritable réussite consiste à quitter ce monde avec la foi, après avoir mené une existence
suivant la volonté d’Allah. Dans sa vie de tous les jours, à la télévision, avec ses amis etc…, il
reçoit un message tout à fait différent: réussir, c’est avoir beaucoup d’argent, posséder de
belles choses, être le meilleur, le plus beau, le plus fort, être couvert de gloire… Face à ce
genre de contradiction, l’enfant donnera naturellement priorité à ce qui convient le mieux à
ses intérêts immédiats, et il aura tendance à mettre de côté ce qu’il aura appris à la
Madressah…
C’est la raison pour laquelle le rôle des parents est si important en ce qui concerne
l’éducation spirituelle. Il consiste donc à mettre en place les fondations religieuses, à
compléter l’enseignement dispensé à la Madressah par un suivi régulier et en veillant à ce
que l’enfant pratique ce qu’il y a appris, à rétablir l’équilibre dans son esprit et à éloigner de
lui toute forme de confusion.
Pour revenir donc à ce que l’on évoquait, l’éducation spirituelle de l’enfant consiste à:
Lui apprendre à connaître Son Créateur, Allah, et à connaître Ses attributs. Encore une fois, la
forme de cet apprentissage va varier avec l’âge de l’enfant. Lorsqu’il est encore en bas âge,
il ne sert à rien de se lancer avec lui dans de grands démonstrations théologiques; on se
contentera, par exemple de lui rappeler le plus souvent possible que sa subsistance vient de
la part d’Allah, qu’Il est le Seul capable de l’aider, de le protéger. Il doit donc apprendre à
toujours Lui exposer ses besoins. Par la suite, quand il avancera dans l’âge, on lui expliquera
de façon plus détaillée les différents articles de la foi islamique.
Lui enseigner certaines obligations et interdictions fondamentales de l’Islam, et ce, dès le
plus jeune âge. A partir du moment où il acquiert un minimum de compréhension, on lui
apprendra, par exemple, à se couvrir correctement le corps; on essaiera aussi de lui faire
comprendre l’importance de la Salât bien avant l’âge de 7 ans. Ainsi, lorsqu’il atteindra cet
âge, il sera beaucoup plus facile aux parents d’appliquer l’injonction du Prophète
Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) qui dit: « Ordonnez à vos enfants de
faire la Salât lorsqu’ils sont âgés de 7 ans… »
Par ailleurs, on s’efforcera de créer chez lui une répulsion pour les péchés tels que le
mensonge, l’orgueil, l’égoïsme, l’envie, la jalousie, le vol, la musique etc…
Lui enseigner quelques versets du Qour’aane, ainsi que certaines invocations, et ce, je le
rappelle encore, avant même qu’il ne commence à fréquenter la Madressah. Quand on voit
aujourd’hui des enfants de trois ans qui arrivent à retenir sans efforts le nom de dizaines de
héros de bande dessinées ou de dessins animés (des noms qui ne sont pas forcément en
français…), qui arrivent à mémoriser des comptines et des chansons, je ne vois vraiment pas
où est la difficulté à ce qu’il apprenne quelques mots arabes du Qour’aane ou des Hadiths.
Lui faire connaître ses véritables modèles et références, en la personne de Rassouloullah
(sallallâhou alayhi wa sallam) et de ses Compagnons (radhia allâhou anhoum). Le Prophète
Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) disait:
« Faites grandir vos enfants avec trois qualités: l’amour pour votre Prophète (sallallâhou
alayhi wa sallam), pour les gens de sa famille et la récitation du Qour’aane. »
Cet aspect de l’éducation spirituelle est d’autant plus important que les spécialistes
affirment, de façon unanime, que l’enfant ressent un fort besoin de se trouver des repères, et
par extension des modèles auxquels il peut s’identifier.
Voici donc, en quelque sorte, en quoi consiste l’éducation spirituelle et religieuse de l’enfant.
Il est à noter qu’une pratique continue et régulière du « Ta’lîm », par la lecture quotidienne
de quelques passages d’un ouvrage islamique reconnu à la maison peut apporter une aide
considérable aux parents à ce niveau.
Sur le plan du caractère et du comportement:
La véritable beauté d’un individu réside dans sa personnalité et son caractère. C’est
pourquoi, il est essentiel aux parents d’œuvrer à ce niveau aussi. A ce sujet, le plus important
consiste à apprendre à l’enfant:
Le respect de ses parents, des aînés et de tous les gens en général. Le respect de la
personne, bien sûr, mais aussi le respect de la propriété et de l’honneur d’autrui. Dans
l’environnement pluri-religieux et multiracial dans lequel nous vivons, l’enfant se doit
d’apprendre à respecter tous ceux qui sont autour de lui, avec leurs différences et leurs
particularités… Par ailleurs, il est aussi du devoir des parents de veiller à l’instruction civique
des enfants, afin qu’il puisse respecter les règles de comportement social en vigueur dans le
pays dans lequel il vit.
Les valeurs morales prêchées par l’islam comme la bonté, l’honnêteté, la générosité… Le
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) disait en ce sens:
« Un père ne peut donner de meilleur présent à son enfant que de bonnes
manières. »
Dans un autre Hadith, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit:
« L’enfant a deux droits sur son père: le premier consiste à ce qu’il lui donne un beau nom et
le second, qu’il lui inculque les bonnes manières. »
Les règles de bienséance islamique de la vie courante comme la façon de manger, de boire,
de parler, de se comporter etc… Voici quelques exemples de règles à inculquer à l’enfant:
Concernant la façon de manger et de boire…
de se laver les mains avant et après le repas
de réciter les invocations enseignées avant de manger
de manger avec les doigts de la main droite, ce qui se trouve devant soi, sauf s’il y
a dans le plat différentes sortes de nourriture
de ramasser la bouchée qui tombe et de la manger après l’avoir nettoyée
de bien nettoyer, avec les doigts, le plat après avoir mangé
de se lécher les doigts après avoir mangé et avant de les laver
ne pas consommer la nourriture quand elle est encore brûlante
de prendre la nourriture à partir du bord et non du milieu du plat
de ne pas manger debout
de ne pas retirer des défauts de la nourriture
d’essayer de s’asseoir par terre pour manger
de ne pas se lever avant que la table soit débarrassée
de ne pas faire preuve de gourmandise
de manifester du respect pour la nourriture, qui est un bienfait d’Allah
de boire assis en trois gorgées
de ne pas souffler dans le verre
de ne pas boire directement du goulot d’une bouteille
de dire « Bismillah » avant de boire quoique ce soit et « Alhamdoulillah » après
avoir bu
Concernant la façon de se vêtir
de ne pas laisser le vêtement dépasser la cheville (pour les garçon uniquement)
de porter un vêtement qui couvre correctement le corps
de s’habiller en commençant par le côté droit
de manifester de la reconnaissance envers Allah à chaque fois que l’on s’habille,
en récitant le doua enseigné par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa
sallam)
de ne pas porter un vêtement qui est considéré comme un signe distinctif pour les
non-musulmans
de se chausser en commençant par le pied droit et de se déchausser en
commençant par le pied gauche
Diverses règles…
de se saluer (par le « salâm ») mutuellement
de ne pas saluer uniquement les gens que l’on connaît
de saluer en premier, lorsqu’on rencontre des personnes plus âgées
de ne jamais entrer chez quelqu’un sans autorisation
de demander l’autorisation d’entrer en trois fois au maximum
de décliner clairement son identité, en mentionnant son nom et prénom, lorsqu’on
nous le demande de le faire
de ne pas marcher avec orgueil
de ne pas s’allonger sur le ventre pour dormir
de retirer les objets gênant de la voie publique
d’être au service des gens en général et plus particulièrement de ceux qui sont
dans le besoin
de parler avec respect quand on s’adresse à des aînés
de se couvrir le visage pour éternuer, et de le faire à voix basse
de dire « Alhamdoullillah » après avoir éternué
de se couvrir la bouche quand on baille
de présenter un visage joyeux et souriant à tous ceux que l’on rencontre
de dissimuler les défauts d’autrui
de ne jamais mépriser personne
de faire preuve de bonté, de compassion et de miséricorde
Pour conclure maintenant avec ce premier devoir des parents, qui est donc celui de
l’éducation, je voudrai juste rappeler trois choses:
Tout d’abord, il faut réfléchir quand à la façon d’adapter l’éducation par rapport à l’âge de
l’enfant et en fonction des circonstances. Au départ, on fera surtout appel aux facultés
d’imitation et de mémorisation qui sont très développées chez lui. Il suffit très souvent à
l’enfant de voir sa maman faire la Salât devant lui, pour qu’il essaie d’imiter ce qu’il voit.
C’est là déjà un moyen très simple de créer un lien entre lui et cet important pilier de l’islam.
Par la suite, lorsqu’il sera un peu plus âgé, on fera d’avantage appel à sa compréhension et à
son bon sens.
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), lui aussi, adaptait son éducation aux
circonstances: Parfois, il enseignait par le geste, tout en expliquant ce qui devait être fait. Il
est ainsi rapporté dans un Hadith qu’une fois, il vit Amrou bnou Abi Salmah (radhia allâhou
anhou) en train de manger d’un peu partout dans le plat. Immédiatement, il prit sa main et
lui dit: « Mange en prenant le nom d’Allah et mange ce qu’il y a devant
toi. » (Boukhâri)
Vous aurez remarqué que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) arrêta Amr
(radhia allâhou anhou) par son geste et lui expliqua ce qu’il devait faire.
D’autres fois, l’éducation du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) était
surtout verbale: Ibné Abbâs (radhia allâhou anhou) raconte qu’une fois, on apporta à boire au
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Ibné Abbâs (radhia allâhou anhou), qui
était très jeune à cette époque, se trouvait à sa droite, alors qu’à la gauche du Prophète
Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) se trouvaient des Compagnons (radhia allâhou
anhoum) beaucoup plus âgés. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)
demanda alors à Ibné Abbas (radhia allâhou anhou) s’il était d’accord qu’il offre le reste de sa
boisson aux aînés. Ibné Abbas (radhia allâhou anhou) répondit: « Par Allah, je ne peux
accorder de préférence à personne en ce qui concerne ce que je dois
recevoir de vous. » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui donna
alors le verre. (Boukhâri)
Ici, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) enseigna à Ibné Abbâs (radhia
allâhou anhou), par le biais de la question qu’il lui posa, le respect qui était dû en islam aux
aînés.
D’autres fois encore, il se contentait d’éduquer par le geste, sans aucun autre commentaire.
Un exemple nous est donné dans un récit rapporté par Ibné Abbas (radhia allâhou anhou).
Une fois, au cours du Pèlerinage d’Adieu (« Hadjatoul Wida' »), une femme de la tribu des
Banou Khath’am vint questionner le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) au
sujet de quelque chose. Fadhl Ibné Abbas (radhia allâhou anhou), qui se trouvait à l’arrière du
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), se mit à regarder la femme (Il était
alors encore jeune). Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) tourna son
visage dans une autre direction. (Boukhâri)
Par son geste, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) montra à Fadhl (radhia
allâhou anhou) qu’il n’était pas permis de regarder une femme étrangère sans raison valable.
Ensuite, il ne faut sous aucun prétexte retarder l’éducation de l’enfant. C’est pendant les
premières années de sa vie que l’enfant est encore « malléable ». C’est donc à ce moment
qu’il est relativement facile d’agir sur lui et d’influencer positivement son comportement et
sa personnalité. Il ne faut pas oublier que l’enfant naît innocent et pur et que par la suite, il
ne fait que refléter les qualités ou défauts qui lui ont été inculqués.
Enfin, il faut faire preuve de beaucoup de modération dans l’éducation des enfants. Il ne faut
être, ni trop souple, ni trop sévère. Ibné Khaldoûn r.a., célèbre historien musulman insiste
dans son ouvrage, « Al Mouqadimah », sur le fait que les parents ne doivent pas faire preuve
de trop de sévérité avec leurs enfants. Il rappelle qu’un tel comportement peut avoir des
effets très néfastes à long terme sur la personnalité de l’enfant.
Accorder à l’enfant toute l’affection, la tendresse, l’amour et l’attention
dont il a besoin.
Le second devoir des parents envers leur enfant est de lui accorder tout l’amour, l’affection,
la tendresse et l’attention dont il a besoin.
Ce sont là des sentiments naturels qu’Allah a placé dans le cœur de l’être humain et plus
particulièrement dans le cœur des parents. Il est justement du devoir des parents de les
manifester et de les exprimer sincèrement. L’enfant en a besoin. Il a besoin de se sentir
aimé, de se sentir l’objet d’attention de la part de ses parents. Sinon, le risque est qu’il va se
refermer sur lui-même et va peu à peu développer un sentiment d’égoïsme; il ne pourra
manifester de la compassion pour les autres, tout simplement parce qu’on n’en n’a pas
manifesté pour lui.
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui-même insistait pour que l’on fasse
preuve de tendresse à l’égard des enfants.
Il est rapporté qu’une fois, alors qu’il était en train d’embrasser son petit-fils Hassan (radhia
allâhou anhou), Aqra’ Ibné Hâbis (radhia allâhou anhou) qui était aussi présent s’exclama:
« J’ai dix enfants, et je n’ai jamais embrassé l’un d’entre eux ! » Le
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) le regarda alors et dit:« Celui qui
n’éprouve pas de la miséricorde, Allah n’en éprouvera pas non plus à son
égard. »
L’expression de cet amour peut se faire de multiples façons: durant l’enfance, cela peut se
faire par des paroles douces, des baisers, des cadeaux, des instants de distraction partagés…
Lorsqu’il est un peu plus âgé, l’amour se manifeste surtout dans le dialogue et dans
l’attention que l’on montre pour tout ce qui le concerne. On se doit aussi d’être à l’écoute de
ses soucis et de ses problèmes, surtout durant l’adolescence. Au cas contraire, il risque
d’aller chercher un soutien et une oreille attentive ailleurs, en allant se confier par exemple à
ses amis. Le résultat est qu’on ne sera jamais au courant des difficultés qu’il connaît; et là on
se retrouvera avec le genre de situation où parents et enfant sont comme de parfaits
étrangers qui, pourtant, vivent sous un même toit. C’est la raison pour laquelle il est
indispensable de sacrifier de notre temps et de le consacrer à notre enfant, si on veut éviter
la rupture avec lui…
Il faut cependant bien comprendre quelque chose: aimer son enfant n’a jamais signifié de le
laisser faire ce qu’il veut, surtout quand ses désirs vont à l’encontre des principes de l’islam.
Il faut garder à l’esprit la finalité: notre but est d’accompagner et d’orienter notre enfant vers
ce qui est le mieux pour lui, vers ce qui le conduira vers la réussite éternelle. Il ne peut y
avoir de compromis par rapport aux principes de l’Islam. Le choix nous appartient: soit on le
laisse faire ce qu’il veut maintenant, au risque de le voir, par la suite, s’égarer et ainsi
remettre en question sa réussite devant Allah; soit on fait preuve de fermeté et on veille à ce
qu’il respecte les principes de l’islam dès maintenant, afin qu’il connaisse la quiétude et la
joie plus tard…
Une dernière chose en ce qui concerne ce devoir: aimer l’enfant ne signifie pas non plus de le
choyer constamment et de rester toujours aux « petits soins » avec lui, en se comportant
envers lui comme s’il était encore un bébé… alors qu’il ne l’est plus. Un tel agissement peut
nuire à son bon développement.
Développer chez l’enfant sa confiance en soi et son sens des
responsabilités.
Le troisième devoir consiste à développer chez l’enfant sa confiance en soi, et par ce moyen,
développer son sens de responsabilités. Les deux sont en effet liés. Lorsque l’enfant aura
confiance en sa personne et en ce qu’il fait, cela lui permettra de s’épanouir et,
progressivement, cela l’amènera à devenir un individu responsable. La question est
maintenant de savoir comment procéder sur ce point. A ce sujet, les savants citent un certain
nombre de moyens:
Tout d’abord, il faut laisser à l’enfant l’occasion d’exprimer son point de vue, dans les limites
de la « Chariah » bien sûr.
Il faut aussi lui laisser parfois prendre des initiatives. Si ce qu’il a fait est bien, il faut lui
féliciter. Et si jamais le résultat de ce qu’il a fait n’est pas positif, il faut lui faire comprendre
ce qui n’a « pas tourné rond ».
Il faut encore lui charger de certaines responsabilités, en fonction de son âge, et lui
demander des comptes, par la suite, en ce qui concerne la tâche qu’il avait à faire. Ce sera le
moyen de lui faire comprendre la conséquence de ses actes.
Sur ce point également, il faut faire preuve de modération. Il ne s’agit pas non plus de trop
donner confiance à l’enfant, de sorte à ce qu’il développe un sentiment d’orgueil. Il faut lui
apprendre à garder les pieds sur terre.
Voici donc les principaux moyens permettant de développer la confiance de l’enfant. Pour
conclure avec cet aspect, je voudrai juste citer un récit. C’est celui de Abdoullah Ibné
Zoubayr (radhia allâhou anhou).
Il est rapporté qu’une fois, durant le califat de Oumar (radhia allâhou anhou), Ibné Zoubayr
(radhia allâhou anhou), qui était encore un enfant, était en train de jouer dans la rue avec ses
amis. Tout à coup, Oumar (radhia allâhou anhou) apparut. A sa vue, tous les enfants
s’enfuirent, et Ibné Zoubayr (radhia allâhou anhou) fut le seul qui ne bougea pas. Lorsque
Oumar (radhia allâhou anhou) arriva à sa hauteur, il lui dit: « Que se passe-t-il mon enfant!
Pourquoi ne t’es-tu pas enfui avec tes amis ? » Ibné Zoubayr (radhia allâhou anhou) répondit:
« O Chef des croyants ! Comme je n’ai commis aucune faute, je n’ai pas à avoir peur de
vous… et la rue n’est pas trop étroite non plus pour qu’il faille que je m’écarte pour vous
laisser passer … !! (pour quelle raison alors devrai-je m’enfuir devant vous ?) «
Voici le genre de réaction que manifeste un enfant qui a développé sa confiance en soi…
Rendre le foyer accueillant et la vie de famille agréable.
Le quatrième devoir des parents consiste à œuvrer pour rendre le foyer accueillant et la vie
de famille agréable. Beaucoup de parents musulmans partagent le désir (surtout à notre
époque où les fléaux comme la drogue sont partout) de pouvoir garder leur enfant le plus
possible à la maison et de faire en sorte qu’il reste attaché à sa famille. Mais pour que cela
soit possible, il faut absolument qu’il se sente bien lorsqu’il se trouve en compagnie de ses
parents.
Un enfant qui rentre chez lui pour trouver constamment son père et sa mère en train de se
disputer n’aura aucune envie de rester dans sa maison. C’est donc là une chose qu’il faut à
tout prix éviter: les disputes en présence de l’enfant sont doublement néfastes. En effet, ce
genre de situation, en sus de rendre l’enfant mal à l’aise, le fait aussi perdre le respect de
ses parents. Les problèmes entre parents, qui sont inévitables, doivent se régler entre
adultes et en privé.
Par ailleurs, il est vrai que les parents doivent exercer un contrôle sur leur enfant. Mais il y a
une façon de le faire. Il ne s’agit pas de faire subir à l’enfant un véritable interrogatoire à
chaque fois qu’il rentre à la maison, comme s’il se trouvait dans un tribunal… Cela risque de
l’amener à préférer la compagnie de ses amis à celle de son père et de sa mère.
Il incombe aussi aux parents d’assurer à l’enfant des moments de distractions et de détente.
Il faut qu’il y ait des instants où l’enfant soit totalement libre de se « défouler », comme on
dit. Cela est extrêmement important pour son bon développement. Si la maison ne doit pas
être un tribunal, elle ne doit pas se transformer non plus en une sorte de camp militaire. Vous
savez bien ce qui s’y passe: quand le soldat en a assez, il déserte… La même chose risque de
se produire avec l’enfant: dès qu’il se sentira indépendant, il va « déserter » et s’en aller…
Savoir se faire aimer de ses enfants, et obtenir leur respect et leur
estime.
Le cinquième devoir des parents consiste à obtenir l’estime et le respect de l’enfant et à se
faire aimer de lui. Cela est primordial dans la mesure où, un père ou une mère qui n’a pas
l’estime de son enfant ne pourra pas mener à bien son devoir d’éducation.
Pour avoir le respect des enfants, il faut d’abord faire preuve de justice à leur égard, et ce
dans tous les domaines de la vie. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)
nous a enseigné d’être équitable, même lorsque nous offrons quelque chose à nos enfants. Il
dit:
« Faites preuve de justice entre vos enfants. »
« Faites preuve d’équité entre vos enfants dans les présents (que vous leur offrez). »
D’autre part, il faut veiller à être le premier à pratiquer ce qu’on ordonne à l’enfant de faire. Il
ne peut y avoir rien de pire pour l’enfant que de voir, par exemple, son père l’envoyer à la
mosquée pour faire la Salât, alors que lui-même reste assis devant la télévision et ne le fait…
Ce genre de comportement ne fera que créer en lui un profond sentiment d’injustice, mais
aussi de confusion. En effet, il ne comprendra pas pourquoi son père lui ordonne de faire
quelque chose que lui-même n’est pas prêt d’accomplir.
Enfin, il faut manifester une certaine compréhension à leur égard, dans la mesure du possible
et dans ce qui est licite, en se rappelant qu’à une certaine époque, on a aussi été enfant et
on a aussi été jeune. Cela ne veut pas dire pour autant que si on commettait des fautes
quand on était jeune, il faut tolérer ce même genre de fautes de la part de nos enfants,
comme s’il s’agissait là d’un droit héréditaire… Il ne s’agit pas d’oublier que si on a commis
des fautes que l’on regrette, on doit tout faire justement pour que nos enfants n’en fassent
pas de même. « Un croyant ne se fait pas piquer en deux fois d’un même orifice », nous dit le
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam).
Garder un contrôle discret sur tout ce qui se rapporte à l’enfant.
Le sixième devoir des parents envers l’enfant consiste a toujours garder une surveillance
discrète sur lui. Il ne faut pas être naïf et avoir une totale confiance en lui, en le considérant
comme un « ange ». L’enfant peut se montrer très malin quand il s’agit de dissimuler son
« jeu »… C’est aux parents de rester vigilants.
La première chose à surveiller, ce sont ses fréquentations. Le Prophète Mouhammad
(sallallâhou alayhi wa sallam) disait: « L’individu suit la religion (et par extension,
le mode de vie) de son ami. Alors, regardez bien avec qui vous vous liez
d’amitié. »
Dans ce Hadith, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) évoque clairement
l’influence de l’ami sur le caractère et le comportement d’une personne.
Notre enfant a besoin de se lier d’amitié avec ses semblables. Il ne s’agit pas non plus de l’en
empêcher. Ce qu’il faut faire, c’est garder un contrôle discret sur ceux qu’il fréquente, afin
d’éviter qu’il subisse une influence qui serait néfaste pour lui. Il est regrettable de voir notre
enfant détourné du droit chemin à cause de ses « amis », surtout quand on n’a pas lésiné sur
les moyens pour lui donner une bonne éducation.
Ensuite, il faut garder un œil sur les lectures des enfants. Il s’agit là d’un aspect que l’on a
tendance à négliger, mais qui peut se révéler extrêmement dangereux pour la morale de
l’enfant. Il existe aujourd’hui toutes sortes de magazines, accessibles aux plus jeunes, dont le
contenu va à l’encontre des enseignements fondamentaux de l’Islam.
Autre danger très important qu’il ne faut pas ignorer: un certain nombre d’émissions
radiophoniques sont aujourd’hui diffusées, durant lesquelles, au nom de la liberté
d’expression, on évoque toutes sortes d’obscénités. Notre responsabilité en tant que parent,
c’est aussi de protéger notre enfant face à tous ces périls.
Il faudrait, par la même occasion, attirer l’attention sur une erreur courante que l’on a
tendance à faire, et dont on ne mesure pas toujours les conséquences. Le problème est le
suivant: comme on n’a pas beaucoup de temps à consacrer à notre enfant, on n’a rien trouvé
de mieux que de le laisser assis devant la télévision, sans aucun contrôle sur ce qu’il est en
train de regarder… pourtant, personne ne peut prétendre ignorer le genre d’images et de
scènes qui sont montrées à la télévision, au travers des séquences les plus innocentes,
comme les « spots publicitaires » par exemple. On va peut être dire que je ne suis pas en
prise avec la réalité, que la télévision fait maintenant partie des outils d’information
nécessaires à tout individu « normal » de cette fin du 20ème siècle…
Mais cette réalité en question, malheureusement , elle peut se révéler monstrueuse. Vous
avez peut être entendu parler de ce fait divers horrible qui s’est déroulé il y à environ 6 ou 7
ans, en Grande-Bretagne, où deux jeunes garçons d’une dizaine d’années ont massacré à
coup de briques un enfant de trois ans, après l’avoir enlevé dans un Centre Commercial.
Lorsqu’on les questionna sur la raison qui avait motivé leur geste, ils répondirent qu’ils
avaient vu cela dans un film d’horreur que leur père avait ramené à la maison et qu’ils
avaient tout simplement envie de « faire pareil »… Ce genre de réalité, on n’en n’a vraiment
pas besoin !
A vrai dire, aujourd’hui, même les dessins animés pour enfants véhiculent des notions
contraires à la morale et à la pudeur islamique. Il est vrai que les enfants sont déjà
confrontés à ce genre de choses dans la rue et à l’école… Mais justement, le rôle des parents
à la maison n’est pas d' »enfoncer le clou »… Il s’agit au contraire de les aider à retrouver un
équilibre, en leur transmettant les principes de l’Islam. Dites-vous bien que si à l’école et
dans la rue il n’y a plus de pudeur, et que l’on ne fait rien à la maison non plus pour le lui
enseigner, alors ce ne sera certainement pas l’ange Djibrâil (alayhis salâm) qui viendra le
faire à notre place… (?!?)
Il est aussi du devoir des parents de surveiller la tenue vestimentaire des enfants. Dans le
Qour’aane, lorsqu’Allah fait allusion au bienfait du vêtement, Il dit:
« Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement
pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. «
Ce verset cite explicitement la fonction principale du vêtement: Il sert avant tout à cacher la
nudité. Ce qui sous entend que si un vêtement ne cache pas parfaitement la nudité du corps,
il ne remplit pas son rôle. En sus de cela, le vêtement est une caractéristique de l’être
humain. Celui qui expose les parties du corps qu’il est nécessaire de couvrir se rapproche
ainsi de la bestialité…
Enfin, il faut exercer un certain contrôle sur l’argent qu’on donne à l’enfant. Il est tout à fait
normal qu’on lui procure un peu d’argent de poche; mais ce à quoi il faut faire attention, c’est
de ne pas l’habituer, dès son plus jeune âge, à avoir trop d’argent en sa possession, sans
aucun effort, et ce, afin d’éviter qu’il ne connaisse de grandes difficultés le jour où on ne sera
plus là pour lui en donner. De même, il faut lui apprendre à bien gérer son argent, et à éviter
à tout prix le gaspillage.
La règle d’or à ne pas oublier en ce qui concerne ce devoir: il faut faire preuve de beaucoup
de sagesse dans le contrôle exercé sur l’enfant. Il ne faut pas qu’il ait l’impression d’être
« étouffé » par ses parents.
Invoquer Allah en sa faveur.
Enfin, le dernier devoir des parents envers l’enfant, c’est de faire des « douas » pour lui, et
d’invoquer Allah en sa faveur. On pourrait qualifier cette responsabilité de « clé de voûte » de
l’éducation parentale. Quelque soit les efforts qu’on va déployer pour guider l’enfant vers la
voie du succès, le véritable pouvoir de guidée reste entre les mains d’Allah. Il peut arriver
que l’on fasse de notre mieux, mais qu’Allah décide autrement. De même, il peut arriver
qu’Allah protège un enfant, même s’il grandit dans un environnement qui ne soit en aucune
façon propice à son bon développement. C’est pour cette raison qu’on ne doit jamais oublier
d’implorer sincèrement l’aide d’Allah. Allah ne disait-il pas au Prophète Mouhammad
(sallallâhou alayhi wa sallam):
« Tu ne guides pas celui que tu désires, mais c’est Allah qui guide qui Il
veut. »
Voici donc une liste, non exhaustive bien sûr, des principales responsabilités des parents. On
va maintenant s’étendre un peu sur une période très délicate de la vie de l’enfant: celle de
l’adolescence.
Quelques mots sur l’adolescence…
L’adolescence représente une période cruciale aussi bien pour l’enfant que pour les parents.
Les premières choses à analyser, ce sont les mutations qui s’opèrent durant cette période.
L’adolescence est en effet une époque durant laquelle des changements importants, aussi
bien d’ordre physique que psychiques, s’opèrent.
Physiquement, avec la puberté, l’enfant constate le développement de son corps et
l’affirmation de ses spécificités masculines ou féminines.
Au niveau psychique, il doit faire face à un certain nombre d’éléments nouveaux:
Il se retrouve, en quelque sorte, avec une identité nouvelle qu’il doit apprendre à affirmer.
C’est l’apparition chez lui d’un sentiment que les spécialistes nomment « le sentiment
d’étrangeté ». C’est justement pour cette raison que l’adolescent éprouve le besoin de
trouver une identité collective, d’appartenir à un groupe.
Autre fait nouveau: en parvenant à l’adolescence, l’enfant n’est plus le centre d’intérêt au
sein de la famille. Ses rapports avec les gens de son entourage changent, ce qui fait qu’il se
voit obligé de réévaluer sa position dans le foyer.
L’adolescence est aussi la période intermédiaire entre la dépendance, situation que l’enfant a
toujours connue depuis sa naissance, et l’autonomie, condition qui l’attend très bientôt. C’est
la raison pour laquelle l’adolescent se montre souvent rebelle: il essaie d’anticiper son
indépendance réelle et tente de se libérer des attaches familiales.
C’est la conjonction de ces différents phénomènes qui sont à l’origine de la fameuse « crise
d’adolescence ». Par ailleurs, l’adolescence s’accompagne aussi par l’apparition et le
développement d’un sentiment émotif et passionnel assez fort. Chez les filles, c’est ce
sentiment qui fait qu’elles ont tendance à beaucoup rêver, à développer une grande
sentimentalité. Nombre d’entre elles se mettent ainsi à lire des « romans à l’eau de rose »,
afin d’alimenter ces rêves…
Chez les garçons, ce sentiment va s’extérioriser pas un désir de s’affirmer, de se mettre en
valeur et de se faire remarquer de son entourage, d’où l’attirance pour le sport, la culture
physique etc… Le garçon cherche par ce moyen à compenser la perte de la place centrale
qu’il tenait au sein de la famille.
Voici donc en quelque sorte les mutations concernant l’adolescent. En tant que parents
musulmans, on doit se demander comment on peut réagir durant cette période et de quelle
façon on peut aider notre enfant.
A vrai dire, comme le rappelle les oulémas, la préparation à l’adolescence commence bien
avant qu’elle arrive…
Elle est initiée depuis les premières années de la vie de l’enfant, et ne représente à ce titre
qu’une continuité par rapport à ce qui a été fait avant. Celui qui ne s’est pas préoccupé de
l’éducation de son enfant jusqu’à ce moment risque de connaître de grandes difficultés.
Voici quelques conseils donnés par les oulémas à ce sujet:
Les parents doivent profiter du début de maturité intellectuelle de l’enfant pour orienter sa
réflexion vers la pensée islamique. C’est le moment, par exemple, de lui faire comprendre les
limites imposées par l’Islam dans les relations entre garçons et filles ainsi que l’importance
du devoir de pudeur.
Il faut aussi essayer d’orienter son émotivité et le sentiment passionnel qui se développe
chez lui vers la pratique religieuse. Comme l’adolescent est à la recherche de repères et de
modèles, il faut en profiter pour le diriger et le lier avec les véritables modèles islamiques.
Il est nécessaire de multiplier les contacts et les dialogues avec lui: tout en lui permettant de
se confier, cela le rapprochera de ses parents, en créant entre eux un lien de complicité.
On se doit aussi d’augmenter notre vigilance par rapport à ses études. Cette période est celle
où l’enfant à tendance à se laisser aller et à ne pas se soucier des conséquences de ses
actes, d’où la nécessité souvent de le remettre « sur les rails ».
Il faut encore l’initier à la vie active durant les périodes de vacances scolaires.
Enfin, il est indispensable de veiller à ce qu’il nous accompagne quand on participe à un
quelconque programme sur l’islam.
On va maintenant passer en revue quelques erreurs et fautes qui sont souvent commises par
les parents dans leur devoir d’éducation de l’enfant.
Erreurs courantes des parents concernant leurs relations avec l’enfant.
Il existe un certain nombre de fautes et d’erreurs que l’on retrouve dans l’éducation des
enfants, des erreurs qui sont souvent minimisées, et dont les conséquences
malheureusement peuvent être très graves. Je vous propose d’en voir quelques unes:
Manque de coordination et d’entente sur la façon d’éduquer l’enfant.
Une des erreurs courantes au sein de la famille, c’est le manque d’entente et de
coordination sur la démarche à suivre quant à l’éducation des enfants. On se trouve ainsi
souvent dans le genre de situation où la mère, par exemple, pour une raison quelconque
interdit à l’enfant de faire quelque chose, et le père qui, lui, arrive et autorise à l’enfant à
faire ce que sa mère lui avait interdit… Résultat ? Encore une fois , l’enfant, avec sa
compréhension limitée, ne sait plus du tout où il en est et ce qu’il peut réellement faire ou
non.
Les parents donnent eux mêmes à leurs enfants le mauvais exemple.
Autre erreur: il arrive que les parents eux-mêmes enseignent à leur enfant de mauvaises
choses, sans vraiment s’en rendre compte. Juste deux exemples:
Parfois, il arrive à un enfant de s’absenter de la Madressah ou de l’école sans raison, juste
parce qu’il avait envie de jouer avec son petit cousin qui était de passage. Le lendemain,
quand arrive l’heure de se présenter à nouveau à la Madressah ou à l’école, il va voir son
père ou sa mère pour leur demander une excuse à donner à son professeur. A ce moment,
les parents ne trouvent rien de mieux à faire que lui enseigner le mensonge: « Dis à ton
professeur que tu avais du travail à faire pour maman à la maison ! », alors que c’est
complètement faux… Le père ou la mère, dans ce cas, aura eu le mérite d’avoir appris à son
enfant à mentir, ce qu’il ou elle est supposée l’empêcher de faire… Le message que l’enfant
déduira à partir de là sera le suivant: « Quand tu as des problèmes dans la vie, il y a toujours
une façon de s’en sortir facilement: il te suffit de mentir… »
Autre exemple: les parents ne surveillent pas les propos qu’ils tiennent devant leur enfant; ils
traitent ainsi, dans un excès de colère, Mr X ou Mme Y de tous les noms, ils tiennent des
propos grossiers en présence de l’enfant… ensuite, ils sont les premiers à s’emporter et à
s’indigner quand ils entendent leur enfant répéter ce genre d’injures. Il ne faut oublier que
l’enfant à une très bonne mémoire. Il peut arriver qu’il répète en public des mots pas « très
jolis à entendre » que l’on aura prononcé à la maison en sa présence…
Les parents se font l’avocat du mal.
Beaucoup de parents, lorsqu’une personne vient leur apprendre que leur enfant a fait
quelque chose de mal, au lieu de lui remercier et d’essayer de remédier à ce que l’enfant a
fait, prennent sa défense, en prétextant qu’ « il est encore jeune », et qu’il faut donc le
laisser profiter de sa jeunesse. Le problème, c’est que ce genre de raisonnement, ils ne le
tiennent qu’au sujet des choses ayant trait à la pratique religieuse. Dans le domaine
matériel, leur conception est complètement différente… En effet, pourquoi ne disent-ils pas la
même chose lorsqu’ils constatent que leur fils a égratigné la voiture familiale toute neuve… ?
Pourquoi donc ne réagissent-ils pas de la même façon lorsque leur fille a, par accident, brisé
le beau vase qui trônait sur le meuble dans le salon… ?
Pourtant, le préjudice, dans ces deux exemples n’est en aucun cas comparable au risque
encouru par l’enfant s’il s’éloigne du Droit Chemin. A vrai dire, la jeunesse représente
justement le moment idéal pour agir. Comme le dit le dicton, « Mieux vaut prévenir que
guérir ». Le Qour’aane nous rappelle que c’était l’habitude des hypocrites (« Mounâfiqines »)
que de se faire l’avocat du mal:
« Les hypocrites, hommes et femmes, appartiennent les uns aux autres. Ils commandent le
blâmable, interdisent le convenable… »
Conclusion:
Ces lignes suffisent amplement à nous donner un aperçu de l’importance de la responsabilité
parentale. Pour conclure, je formulerai le vœu pieux que chaque parent se ressaisisse, et que
tous ensemble on commence à agir et à œuvrer pour faire en sorte que la société de demain
soit une société de musulmans bien meilleurs que nous mêmes ne l’avons été.
Âmine.
Saint-Pierre de la Réunion, le 31 Janvier 1999.
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Wa Allâhou A’lam !
Et Dieu est Plus Savant !
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