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Situation économique et financière du
Guatemala
Description de la structure de l’économie
Taille de l’économie : avec un PIB de 65,3 Mds USD en 2015 selon la Banque centrale, l’économie guatémaltèque est la
plus importante d’Amérique centrale (Panama exclus). Il s’agit du pays centroaméricain le plus peuplé (16 millions
d’habitants, soit 33% de la population de la zone).
Degré d’ouverture : le Guatemala est une économie ouverte de marché qui poursuit une politique d’intégration économique
et commerciale. Le pays prend part au Marché commun centraméricain (MCCA) et à l’Accord de libre-échange signé en
2004 entre les Etats-Unis, l’Amérique centrale et la République dominicaine (CAFTA-DR). Le pays cherche cependant à
diversifier ses partenariats commerciaux comme en témoignent l’entrée en vigueur en février 2013 de l’accord commercial
à portée partielle avec l’Equateur et sa volonté d’intégrer l’Alliance du Pacifique dont il est actuellement observateur.
Niveau de développement : les indicateurs sociaux médiocres soulignent les progrès qui restent à parcourir en termes
d’éducation, d’accès et de qualité des soins, de nutrition infantile (51% des enfants de moins de 5 ans souffrent de
malnutrition chronique), et plus largement de pauvreté : le PIB par habitant est de seulement 3 673 USD en 2014 (Banque
mondiale), 54,0% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (CIA Factbook, 2014) et le Guatemala a l’un des
plus mauvais classements de la région Amérique latine / Caraïbes pour l’Indice de Développement Humain (128ème sur 187
pays en 2014, PNUD, 2015). C’est également l’un des pays les plus inégalitaires au monde (indice de Gini de 52,4 en 2011,
Banque mondiale).
Avantages comparatifs et structure de l’économie : le secteur primaire (agriculture, élevage et pêche) représente 14% du
PIB en 2015 (Banque centrale), le secteur secondaire 24% du PIB, dont 18% pour les industries manufacturières, et les
services 61% du PIB. Les activités les plus dynamiques sont les services financiers (+12,1% en termes réels en 2015) et le
commerce (+5,1%). Les transferts des guatémaltèques établis à l’étranger (essentiellement aux Etats-Unis) représentent une
source fondamentale de devises (+13,4% à 6,3 Mds USD en 2015, 9,4% du PIB en 2014 et 5 fois les IDE sur la période
2004-2015), de même que le tourisme même si à un moindre degré (+3,8% au S1 2015 à 773 MUSD). La forte progression
des transferts mais surtout la baisse des prix des matières premières pour ce pays importateur net expliquent que le compte
courant soit passé d’un déficit de 2,3% en 2014 à un excédent au S1 2015 selon la Banque centrale, pour la première fois
depuis 2004 au moins.
Performances sur le long terme : la croissance est solide : elle a été en moyenne de 3,8% entre 2006 et 2015 inclus.
Place du secteur privé : l’économie est totalement libéralisée, et c’est le secteur privé qui tire l’économie. En effet, la
faiblesse des entrées fiscales (cf. ci-dessous) ne permet pas à l’Etat de jouer un rôle important dans l’économie ; à titre
d’exemple, l’investissement privé représente 11.9% du PIB en 2013, contre 2.4% pour l’investissement public
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. Ainsi, c’est
l’investissement privé qui explique la progression de 6,5% en termes réels de la formation brute de capital fixe sur les 9
premiers mois de 2015 (Banque centrale).
Eléments d’analyse conjoncturelle
Performance récente de la croissance : la croissance était de 3,7% en 2013, 4,2% en 2014 et est estimée à 4,1% en 2015
par la Banque centrale en février 2016. Elle devrait se situer entre 3,1% et 4,0% en 2016 et en 2017.
Moteurs de la croissance (consommation, investissement, commerce extérieur) : l’indice de confiance de l’activité
économique est en forte progression à 67,0 pts en janvier 2016 après le minimum de 21,7 pts atteint en août 2015. La
demande intérieure demeure le principal moteur de l’économie, soutenue par le dynamisme du crédit bancaire au secteur
privé (+12,8% g.a en 2015).
Situation du commerce extérieur : après un creusement du déficit commercial en 2012 et 2013, celui-ci se réduit de nouveau
en 2014 et 2015 pour atteindre 10,9% du PIB en 2014 (FMI). Les exportations ont en effet progressé de -4,1%, 0,5%, 7,8%
et -0,5% entre 2012 et 2015, contre 2,3%, 3,1%, 4,4% et -3,5% pour les importations, cette évolution positive étant
principalement liée à l’évolution des prix des matières premières. L’économie demeure fortement soumise aux aléas de la
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FMI, article IV 2014
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conjoncture internationale, notamment nord-américaine (les Etats-Unis absorbent 35% des exportations du pays en 2014 et
représentent 32% des IDE au Guatemala sur les 9 premiers mois de 2015) et aux prix des matières agricoles (qui représentent
35% des exportations).
Flux d’IDE : les flux d’IDE rapportés au PIB ont tendance à stagner, témoignant d’une faible attractivité du pays : 2,3%
du PIB en 2012, 2,6% en 2013 et 2,4% projetés pour 2014 et 2015, soit un passage de 1,21 à 1,37 Mds USD entre 2012 et
2014.
Dépendance aux financements externes : le gouvernement aurait besoin de davantage d’appui des banques multilatérales
mais les forces politiques ne souhaitent pas solliciter massivement ce type d’appui. La dette externe du pays reste ainsi
stable depuis plusieurs années (entre 27,4% du PIB en 2010 et 29,5% en 2013), et le taux des besoins en financements
extérieurs bruts n’a que très légèrement augmenté ces dernières années (de 9,1% du PIB en 2009 à 10,9% en 2013, FMI).
Politique économique
Policy mix : Le pays a un paradigme très conservateur concernant la stabilité macroéconomique et fiscale. Ainsi, le déficit
fiscal est sous contrôle (1,9% en 2014, 1,5% en 2015) de même que le niveau d’endettement (24,3% en 2014). Toutefois,
la faiblesse du déficit public témoigne également de l’incapacité des autorités à engager des politiques publiques destinées
à accroître l’investissement productif.
Pro ou contra cyclicité de la politique budgétaire : la marge de manœuvre pour la mise en œuvre de politiques contra-
cycliques est très faible car la pression fiscale est l’une des plus faibles d’Amérique latine (10,6% du PIB attendu en 2015
pour le gouvernement central et 12,7% en incluant les contributions sociales). La réforme fiscale de février 2012 n’a pas
atteint les résultats espérés en raison des nombreuses actions en inconstitutionnalité présentées par les chambres
d’entrepreneurs et les partis d’opposition. La fiscalité guatémaltèque reste ainsi caractérisée par de nombreuses exonérations
et exemptions fiscales (zones franches) et un manque total de transparence et d’efficacité de l’administration qui laisse
chaque année passer entre ses filets environ 5% du PIB d’impôts évadés soit 50% de la charge fiscale. Il existerait d’ailleurs
selon l’Institut centraméricain des études fiscales (ICEFI) une règle tacite partagée entre les acteurs économiques que la
dette publique ne doit pas excéder 25% du PIB.
Inflation et politique monétaire/ de change : la Banque centrale a décidé le 30/9/2015 la réduction de son taux d’intérêt
directeur de 3,25% à 3%, poursuivant une tendance du taux à la baisse depuis mi-2014 (5,25%). Elle a considéré le bas
niveau d’inflation (1,88% g.a. en septembre 2015, lié à la baisse des cours des matières premières), l’absence de pression à
la hausse de l’inflation en 2015 et 2016 et l’absence de risque sur le système financier pour justifier sa décision. Toutefois,
l’inflation repart fortement à la hausse début 2016 (4,27% g.a. en février 2016). Comme l’ensemble des pays d’Amérique
centrale, le Guatemala a été affecté positivement par la baisse des prix des matières premières, dont il est importateur net.
Ceci explique en grande partie la stabilité du taux de change, même si le régime d’intervention non négligeable sur le
marché des changes n’y est pas non plus entièrement étranger.
Dette externe/publique : la dette publique représente 24.3% du PIB en 2014, à 52% détenue à l’étranger ; il s’agit de dette
de moyen ou long terme intégralement, et la tendance est à l’accroissement de la dette libellée en monnaie domestique. Une
part importante des dépenses budgétaires demeure consacrée au paiement des augmentations de salaires de certaines
catégories de fonctionnaires (+10% pour les professeurs des écoles). La persistance d’une « dette publique flottante »
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contractée illégalement qui représente 3% du PIB demeure par ailleurs problématique.
Secteur bancaire
Taille du secteur et structure : les crédits au secteur privé ne s’établissent qu’à 28% du PIB en août 2015, soit un taux
inférieur aux autres pays d’Amérique centrale. Le système est constitué de 18 banques qui détenaient 33,7 Mds USD d'actifs
et 18,7 Mds de crédits au 30 juin 2015. Les principales banques sont dans l’ordre Banco Industrial, Banrural et G&T
Continental, toutes trois de capital guatémaltèque.
Dollarisation et évolution des crédits (volume et taux) : les crédits bancaires au secteur privé ont augmenté de 12,8% en
2015. Cette augmentation s’explique surtout par l’augmentation de 15,2% des financements en devises étrangères en 2013
(presque exclusivement en dollars), qui progressent plus vite que les financements en monnaie nationale depuis 2011 et
représentent 39,8% des crédits en août 2015. L’accès aux financements bancaires reste cependant largement l’apanage des
grandes entreprises. Le Guatemala est parvenu à consolider son système bancaire en divisant par deux le taux des créances
douteuses (1,4% en août 2015 contre 2,7% en 2009) et en augmentant le taux de couverture des réserves (144% en août
2015 contre 89% en 2009).
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Dette souscrite auprès du secteur privé sans avoir été approuvée dans le budget de l’Etat.
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Mesures de soutien et réformes en matière de supervision : le système bancaire est très liquide (les actifs liquides
représentent 18,5% des dépôts en août 2015), bien capitalisé (au 31/8/2015, l’indicateur d’adéquation de capital est de
14,0%) et les résultats du secteur bancaire progressent de 19,7% g.a. en août 2015. La dollarisation du système est
importante, mais des garde-fous règlementaires ont été mis en place.
Perspectives et réformes structurelles
Stratégie et modèle de croissance : la stratégie reste fortement tournée sur la force de la consommation intérieure en
l’absence de stratégie de développement inclusive et d’investissement public important.
Climat des affaires : il reste difficile. Afin de pallier cette lacune, le ministère des Finances s’oriente vers un recours accru
aux partenariats public-privé (transport, routes, ports, réseau électrique) et affiche l’intention d’améliorer le score du pays
au classement mondial du Doing Business afin d’attirer davantage d’investisseurs étrangers (73éme place sur 185 pays, en
progression de 24 places depuis 2012). Par ailleurs, le maillage du territoire en infrastructures de transport fait défaut.
Forces et faiblesses structurelles (R&D, marché du travail, concurrence, corruption, éducation…) : l’exposition aux
catastrophes naturelles constitue une forte vulnérabilité : ainsi, les dommages et pertes causés par le tremblement de terre
de novembre 2012 ont été estimés à 0,3% du PIB. De plus, le fonctionnement de l’économie demeure pénalisé par des
dysfonctionnements significatifs qui n’ont, pour la plupart, toujours pas trouvé de solutions au sein de politiques publiques
adaptées et efficientes. Le défaut grave d’investissement public en infrastructures de transport et énergétiques, l’absence de
politiques industrielle et sociale, les difficultés rencontrées pour rationaliser le système fiscal et en améliorer l’efficacité ou
encore le manque de moyens destinés à la lutte contre la délinquance juvénile et la violence liée au trafic de drogue
expliquent en grande partie le manque de ressort de l’économie du Guatemala : le coût de la violence, endémique, (le taux
d’homicides est de 40 pour 100 000 habitants en 2012) est estimé à 7,3% du PIB/an.
L’Etat est par ailleurs fragilisé par des scandales de corruption avec des révélations du Ministère public appuyé par la
Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) en 2015 ayant conduit à l’incarcération de nombreux
responsables dont le Président de la République (Otto Pérez Molina). Jimmy Morales (ancien acteur, homme relativement
nouveau sur la scène politique) a été élu Président de la République le 25 octobre 2015 et a pris ses fonctions le 16 janvier
2016. Le gouvernement a récemment présenté devant le Congrès une proposition de réforme fiscale visant à augmenter les
recettes fiscales, mais la mesure a été mal reçue par une partie de la population et certaines analystes qui estiment que la
priorité devrait être de réduire les exemptions et exonérations fiscales.
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