Le Royaume-Uni estime la valeur cachée de son

publicité
Le Royaume-Uni estime la valeur
cachée de son patrimoine naturel
Un rapport de 2.000 pages s'efforce de mettre en lumière la valeur cachée de la « nature » en GrandeBretagne, qu'il n'hésite pas à chiffrer comme « une manne de plusieurs milliards de livres sterling ».
des biens — par exemple du bois
ou des récoltes — et que la protection de l'environnement était
considérée uniquement en termes de coût. Avec pour corollaire
la dégradation des ressources.
PARRÉMYJANIN
Q
uel est le prix
d'un lac, d'une
forêt, d'une vue
sur un espace
vert ? Une étude
présentée la semaine dernière au RoyaumeUni, la première de cette ampleur, s'est efforcée d'estimer la
valeur des richesses offertes par
la nature. En d'autres termes,
évaluer leur bénéfice pour l'économie et la société.
Ce rapport de 2.000 pages
s'efforce de mettre en lumière
la valeur cachée de la nature
en Grande-Bretagne, qu'il n'hésite pas à chiffrer comme « une
manne de plusieurs milliards ».
Les abeilles et autres insectes
qui permettent la pollinisation
représenteraient ainsi 430 millions de livres (484 millions
d'euros) par an pour l'agriculture britannique. Les zones
humides à l'intérieur des terres
représenteraient un apport de
• CHIFFRES IMPRESSIONNANTS
1,5 milliard de livres (1,68 milliard d'euros), en raison de leur
impact sur la qualité de l'eau.
Disposer d'une habitation avec
vue sur un espace vert peut être
évalué à 300 livres par an et par
personne (337 euros), en termes
de bénéfice pour la santé. Quant
au fait de vivre dans un environnement riche en rivières, lacs et
côtes, il constitue pour les Britanniques un bénéfice évalué
à 1,3 milliard de livres par an
(1,4 milliard d'euros).
« Nous avons jusqu'à présent
pris comme acquis ce que nous
donnait la nature, sans comprendre que les services qu'elle nous
rend ont un prix et que, si nous
la détruisons, cela nous coûtera
très cher », a expliqué la ministre de l'Environnement Caroline
Spelman, en commentant le rapport. Celui-ci, commandé par le
gouvernement, indique que ces
thématiques apparaissent désormais comme de moins en moins
contournables dans la gestion
de l'État. Plusieurs pays ont déjà
tenté de mesurer la valeur économique de certains biens naturels
comme les forêts ou de la biodiversité. Mais c'est la première fois
qu'une étude d'une telle ampleur
est conduite, a fait valoir Caroline
Spelman, assurant que le gouvernement en tiendrait compte dans
ses choix futurs. Les auteurs de
cette « évaluation de l'écosystème
national britannique » sont partis
du constat que seul comptait actuellement la valeur marchande
« Environ 30 % des ressources
que nous offre l'écosystème sont
déjà dégradées ou en déclin », a
souligné le professeur Bob Watson, codirecteur du projet. Déjà
fin octobre 2010, lors du sommet
de Nagoya (Japon) le rapport
de l'économiste indien Pavan
Sukhdev pointait le fait que 40 %
de l'économie mondiale est dépendante de services rendus par
la nature et annonçait des chiffres
impressionnants : l'évaluation des
pertes liées à la dégradation de la
biodiversité serait de 23.500 milliards de dollars par an. Sur le
modèle du rapport Stern de 2006,
Pavan Sukhdev évaluait le coût lié
à l'inaction et à la continuité de la
dégradation « constatée » de la
biodiversité, à 7 % de la richesse
mondiale en 2050.
Téléchargement