Une prise en charge multidisciplinaire (neuropédiatre,
pédopsychiatre, psychologue, travailleurs sociaux et asso-
ciations de malades) est recommandée [12].
En cas de tics discrets à modérés, l’abstention
thérapeutique est de première intention (rassurer et
informer) ; un soutien psychologique et les approches psy-
chothérapeutiques sont proposés en seconde intention.
Plusieurs études ont démontré l’efficacité des tech-
niques d’entraînement à l’inversion d’habitude (le patient
apprend des mouvements antagonistes ou entrant en
compétition avec la réalisation motrice des tics, ce qui
permet de les inhiber) ; et d’exposition et de prévention
des réponses (habituation graduelle de la suppression des
tics par exposition à une situation créant un stress).
En cas de tics modérés à sévères et/ou de comorbi-
dités psychiatriques, une approche pharmacologique est
nécessaire.
En raison d’une physiopathologie encore mal connue
et du grand nombre de structures cérébrales potentiel-
lement impliquées dans la genèse des tics, plusieurs
neurotransmetteurs (dopamine, GABA, sérotonine, acétyl-
choline) ont été ciblés dans le traitement des tics, jusqu’ici
de manière plutôt empirique. Ainsi, les études ouvertes
prédominent à ce jour et les pratiques pharmacologiques
varient beaucoup selon les centres [13].
Historiquement, le traitement des tics repose sur les
neuroleptiques (antagonistes des récepteurs dopaminer-
giques). Parmi les neuroleptiques dits «classiques »,
le pimozide (Orap®) semble être aussi efficace que
l’halopéridol (Haldol®) avec moins d’effets secondaires
(sédation, prise de poids, syndrome extrapyramidal). Les
neuroleptiques dits «atypiques »sont intéressants du fait
d’un moindre risque de syndrome parkinsonien et de
dyskinésies tardives. La rispéridone (Risperdal®) offre le
meilleur niveau de preuve et doit être considérée comme
le traitement de premier choix dans le traitement des
tics ; la prise de poids et le risque de dépression sont à
surveiller. Parmi les autres neuroleptiques «atypiques »,
l’aripiprazole (Abilify®) semble d’une efficacité remar-
quable avec un effet sédatif et orexigène moindre mais
il n’a l’AMM qu’à partir de 18 ans ; la tétrabénazine
(Xénazine®), offre l’avantage potentiel de ne pas induire
de dyskinésies tardives contrebalancé par un effet sédatif
important.
Les agonistes des récepteurs alpha2, dont la clonidine
(Catapressan®) ont prouvé leur efficacité dans le traitement
des tics mais de fac¸on moindre par rapport aux neuro-
leptiques, ils présenteraient plutôt un intérêt chez les
patients ayant des troubles de l’attention et de la concen-
tration associés.
Les benzodiazépines, en particulier le clonazépam
(Rivotril®) ont été utilisées mais leur efficacité semble res-
treinte et indirecte.
Plus récemment, l’utilisation d’antiépileptiques (léve-
tiracetam, topiramate) a été proposée, mais les résultats
sont variables, notamment en raison des effets secondaires
comportementaux de ces molécules.
Enfin, la toxine botulique peut être utile dans les tics
isolés.
Concernant le traitement des comorbidités associées,
les traitements de première ligne sont les inhibiteurs sélec-
tifs de recapture de la sérotonine (Prozac®, Zoloft®) dans
les TOC et les stimulants (Ritaline®, Concerta®) dans les
troubles d’hyperactivité-déficit attentionnel.
De manière anecdotique, l’utilisation de dérivés can-
nabinoïdes ou de dérivés nicotiniques a été rapportée.
Quel que soit le type de traitement choisi (médicamen-
teux ou non), il faut savoir que l’intensité des symptômes
dans le SGT est par nature fluctuante dans le temps et peut
être transitoirement influencée par un effet placebo. Il ne
faut donc pas tirer de conclusion hâtive quant à l’efficacité
ou non d’un traitement.
Plusieurs semaines de traitement à dose pleine sont
parfois nécessaires avant d’observer un effet positif, alors
que les effets secondaires peuvent être marqués en début
de traitement avant de s’atténuer. Il faut donc se donner du
temps avant de renoncer à un médicament, en augmen-
tant les doses progressivement. Il est important d’informer
clairement la famille de la planification du projet thé-
rapeutique, et des délais à attendre avant d’évaluer de
manière pertinente les effets d’une substance.
La plupart des patients GDT nécessitent un traitement
de plus de deux ans et environ 15 % des patients requièrent
un traitement sur le long terme pour contrôler les tics.
Quand les tics sont contrôlés et stables pendant quatre
à six mois, une diminution progressive des doses est effec-
tuée.
Pour les formes très sévères pharmacorésistantes du
SGT, des résultats préliminaires d’un traitement par sti-
mulation cérébrale profonde des territoires associatifs et
limbiques du thalamus ou du pallidum suscitent un réel
espoir thérapeutique [14], qui nécessite cependant d’être
confirmé.
Variabilité de sévérité et pronostic
du SGT
Variabilité de sévérité des tics et pronostic
à l’adolescence et à l’âge adulte
L’évolution des tics est marquée par des périodes
d’accalmie et d’aggravation.
Les tics transitoires disparaissent, par définition, avant
un an d’évolution. Les tics chroniques persistent plusieurs
années et semblent être plus constants en intensité, fré-
quence et localisation que dans les autres maladies de
tics.
Le profil évolutif des tics du SGT se fait vers une
aggravation de la symptomatologie pendant la deuxième
mt pédiatrie, vol. 14, n◦2, mars-avril 2011 119
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