formation continue - Avia-GIS

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formation continue 31
rurale
Fièvre catarrhale ovine
Le vent est l’un des paramètres majeurs
de la propagation des virus de la blue tongue
Une modélisation de la propagation du sérotype 8 en Europe permettra d’établir des prévisions.
Représentation schématique de la force et de la direction du vent
entre les semaines 28 et 47 de 2006 (du 10 juillet au 26 novembre)
doute l’installation de la fièvre catarrhale dans
les élevages du nord et de l’est du pays au cours
des semaines suivantes. Sur la même période,
le vent a aussi dirigé des foyers infectieux vers le
sud de l’Allemagne. L’épidémie s’est néanmoins
ralentie, stoppée par une barrière naturelle de
plus de 300 m : le relief montagneux. C’est en
effet un autre critère important dans la dynamique de la progression de la maladie. « A petite
échelle, la moindre colline ralentit sa propagation : elle doit être contournée », constate
Guy Hendrickx. Mais pour que l’affection se
propage, il faut aussi que les moucherons
rencontrent leurs cibles. Ainsi, la densité géographique des élevages influence la prévalence de
la maladie, favorisant sa progression.
© La Semaine Vétérinaire d’après Avia-GIS
La prochaine étape sera de prévoir
l’évolution à venir
A partir du foyer primaire, le vent a poussé l’épidémie due au sérotype 8 en direction de la France (semaines 43 et 44).
E
n 2006, l’épidémie de fièvre catarrhale ovine
liée au sérotype 8, venue de Belgique, était
contemporaine de conditions météorologiques exceptionnelles. Elle a rapidement touché
l’ensemble des pays du Benelux, la France et
l’Allemagne. Mais l’an passé, la progression
explosive de la maladie, jusqu’au Royaume-Uni
et au Danemark, est intervenue en dépit de conditions climatiques normales. Le virus est désormais présent et se transmet efficacement par des
vecteurs autochtones.
La société Avia-GIS, basée près d’Anvers en Belgique flamande, étudie l’épidémiologie de la
fièvre catarrhale ovine depuis plusieurs années.
Elle travaille particulièrement à comprendre et
à modéliser sa propagation géographique, qui
suit de manière évidente celle des vecteurs porteurs du virus : les moucherons Culicoïdes.
Le vent se charge de transporter
les moucherons vecteurs
Les données scientifiques concordent avec les
constatations du terrain pour reconnaître le vent
comme l’un des paramètres majeurs de cette
propagation. En effet, contrairement à d’autres
insectes comme les phlébotomes, les Culicoïdes
ne restent pas au sol lorsque le vent se lève. Ils
peuvent ainsi être transportés sur des kilomètres,
emportant avec eux le virus infectieux. La plus
grande distance de propagation connue est de
700 km et explique la diffusion du sérotype 16
d’Israël à Rhodes. « Les distances parcourues sont
plus importantes en mer que sur terre, précise
Guy Hendrickx, d’Avia-GIS, car le vent est plus
fort et les turbulences moins fréquentes : le
transport est plus efficace. »
L’arrivée du sérotype 8 en Europe en 2006 ne
peut pas s’expliquer par ce type de phénomène
et reste non élucidée. Mais une fois sur place,
le virus s’est bien laissé porter par le vent.
« L’extension en France a suivi des journées à fort
vent du Nord-Est », conclut l’analyse d’AviaGIS, qui a étudié de manière dynamique la
météorologie de l’année 2006, en incluant plus
de soixante paramètres, dont la vitesse et la direction du vent, mais aussi la température et l’humidité relative (voir cartes). Fin octobre et début
novembre (semaines 43 et 44), un vent intense
en direction du Sud-Ouest a poussé des foyers
infectieux belges vers la France. Il explique sans
L’étude de 2006 montre qu’en moyenne, en une
semaine, le front viral parcourt un peu plus
de 15 km à partir des foyers infectieux. Il se
propage dans un rayon de 5 km dans la moitié
des cas. Il évolue à 95 % dans un rayon de
31 km. Dans 5 % des cas, il dépasse ces 31 km,
avec un record observé de près de 100 km. Plus
la distance augmente et moins la zone de propagation conserve une forme circulaire.
Après l’étude des épidémies de 2006 et 2007,
Avia-GIS souhaite concevoir une modélisation
de la propagation de la fièvre catarrhale essentiellement fondée sur le vent, le relief et la densité
des cheptels. Le paramètre le plus variable est
sans conteste le vent, qui devient prévisible grâce
aux connaissances météorologiques des principaux courants. L’objectif ultime est en effet de
prévoir la progression de la maladie et d’optimiser les stratégies de prévention. La vaccination
des cheptels ne remet pas en cause le modèle,
mais s’y intègre : « Il nous suffit de baisser artificiellement le paramètre de la densité des élevages », explique Guy Hendrickx. ■ Agnès Faessel
CONFÉRENCIER
Guy Hendrickx,
société Avia-GIS (Belgique).
Article rédigé d’après la conférence « Epidemiology of blue-tongue in Europe »,
présentée le 9 avril dernier dans le cadre
du symposium de parasitologie et de
maladies vectorielles, organisé par Merial à Tunis.
La Semaine Vétérinaire - N°1323 - 11 juillet 2008
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