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ENT & audiology news | NOVEMBER/DECEMBER 2014 | VOL 23 NO 5
Étude pilote du Lyric sur l’acouphène
La recherche suggère que les patients souffrant d’acouphènes chro-
niques peuvent ressentir un soulagement lorsque le signal délivré au
conduit auditif est augmenté par une aide auditive [6, 7]. Toutefois,
certaines caractéristiques inhérentes aux aides auditives tradition-
nelles peuvent en limiter les avantages potentiels. Tout d’abord, ces
appareils nécessitent souvent d’être portés plusieurs mois pour que
le patient s’adapte à l’amplification. Ensuite, les aides auditives trad-
itionnelles présentent une adhésion plus faible chez de nombreux
patients et doivent être retirées plusieurs fois par jour pour diverses
activités (douche, exercice physique, et sommeil surtout) [8]. Par
conséquent, l’augmentation du signal auditif fournie par l’appareil
n’est pas constante, et son absence se fait particulièrement sentir
pendant les heures silencieuses de la nuit.
Critères de choix des patients, indicateurs de l’étude et
conception de l’étude
L’étude a sélectionné des patients rapportant un acouphène
continu pendant au moins une année. Les critères d’exclusion
étaient : une perte auditive dépassant la plage d’application du
Lyric, une expérience précédente avec le Lyric, l’utilisation d’une
aide auditive au cours de l’année écoulée, tout traitement de
l’acouphène au cours du mois écoulé, l’utilisation de médicaments
induisant des acouphènes, la consommation abusive de drogues
ou d’alcool, la consommation de tabac, toute contre-indication
au port de Lyric, des problèmes de santé significatif, un score TFI
(indice fonctionnel de l’acouphène) inférieur à 25, et une dépres-
sion modérée à sévère ou un stress extrême tels que mesurés
respectivement par le PHQ-9 (Questionnaire de santé du patient
9) et le PSS (Échelle de stress perçu).
Le TFI fournit un outil validé qui détermine le degré de gravité
globale de l’acouphène et l’impact négatif de l’acouphène sur
huit sous-domaines de chaque patient, ainsi que la réactivité au
traitement. Spécifiquement le TFI évalue huit domaines d’impact
de l’acouphène sur une échelle de 0 à 10 : intrusion, sentiment de
contrôle, cognition, sommeil, audition, relaxation, qualité et vie et
émotion [9]. Ces scores sont additionnés pour obtenir un total
sur 100 ; un score supérieur à 18 indique un problème mineur,
supérieur à 31 un problème modéré, et supérieur à 51 un problème
important.
Les mesures secondaires incluaient le PSS et le PHQ-9. Le PSS
mesure le stress perçu non spécifique et indique dans quelle mesure
les patients perçoivent que leurs demandes dépassent leur capacité
à les gérer. Le PHQ-9 est un questionnaire d’auto-évaluation de la
dépression.
Après une première évaluation par le TFI, chaque patient a été
évalué afin de déterminer s’il était un candidat approprié pour le
Lyric selon les directives actuelles du fabricant. Les critères sont
notamment un conduit auditif et un tympan sains, une bonne
santé générale, un profil audiologique adapté de perte auditive
faible à moyenne et une géométrie de conduit adéquate. L’appareil
est ensuite placé et programmé par un audioprothésiste Lyric
formé et certifié, et le patient revient environ tous les deux à trois
mois pour un remplacement, qui prend une dizaine de minutes.
Suite à l’évaluation, les participants ont été équipés de Lyric dans
les deux oreilles afin qu’ils les portent pendant trois mois. Le TFI a
été mesuré au départ, puis au bout de deux semaines, un mois et
trois mois de port de Lyric. Les audioprothésistes de l’étude ont
reçu pour instruction de ne donner aucun autre conseil ni aucune
autre assistance concernant l’acouphène, ceci afin d’isoler le béné-
fice d’une augmentation continue du signal auditif par Lyric.
Résultats de l’étude
Les 15 participants à l’étude présentaient une moyenne d’âge de
62 ans (42 à 74) ; le groupe comptait neuf hommes et six femmes.
Selon la stratification des scores TFI initiaux, 33% des participants
présentaient un problème mineur d’acouphène, 50% un problème
modéré et 17% un problème sévère. Il n’existe pas de corrélation
entre la gravité de l’acouphène et la perte auditive du patient, mais
plutôt une relation linéaire avec ses scores PSS et PHQ-9, ce qui
démontre l’influence des indicateurs de stress et de santé mentale
sur l’expérience de l’acouphène.
La plupart des études portant sur l’acouphène mesurent l’impact
du traitement au bout de deux à quatre mois de traitement mais,
étant donnée la nature continue de la stimulation auditive due
au port prolongé de l’appareil auditif, il était intéressant d’évaluer
à quelle vitesse un quelconque effet pouvait être enregistré. Fait
encourageant, tous les patients de l’échantillon ont été subjective-
ment conscients d’une réduction immédiate de leur acouphène
lors du rendez-vous de pose du Lyric.
feature
Otologiques, infections Otite moyenne, labyrinthite, mastoïdite
Otologiques, néoplastiques Schwannomes, méningiomes
Otologiques, labyrinthine Perte auditive neuro-sensorielle, maladie de Ménière, vertige vestibulaire
Otologiques, autres Cerumen impacté, otosclérose, presbyacousie, exposition au bruit
Neurologiques Méningite, migraine, scléroses multiples, épilepsie
Traumatiques Blessure au cou ou à la tête, perte de conscience
Orofacial Trouble de l’articulation temporomandibulaire
Cardiovasculaires Hypertension
Rhumatologique Arthrite rhumatoïde
À médiation immunitaire Lupus érythémateux systémique, sclérose systémique
Endocriniens et métaboliques Diabète sucré, hyperinsulinémie, hypothyroïdie, changements hormonaux dus à la grossesse
Psychologiques Anxiété, dépression, trauma émotionnel
Médicaments ototoxiques Analgésiques, antibiotiques, traitements antinéoplasiques, corticostéroïdes, diurétiques,
immuno-suppresseurs, anti-inflammatoires non-stéroïdiens
Facteurs de risques connus pour le développement de l’acouphène et d’états associés aux symptômes de l’acouphène.
Tableau adapté de Baguley D, McFerran D, Hall D. Tinnitus. Lancet 2013;9:382(9904):1600-7.