Cette dernière piste étant, à coup sûr, la plus difficile, le calendrier va imposer une
étape clef, avec une décision de principe fatidique des USA dans la période juin 2011 à fin
2011.
L’IASB aura achevé sa première décennie de travaux. Les débats ne sont plus
seulement techniques. Ils concernent l’économie mondiale tout entière. Un cadre de
coopération institutionnelle entre les différents régulateurs et normalisateurs a été mis en
place : le Conseil de stabilité financière. Les liens avec le Comité de Bâle ont été renforces.
L’équipe des membres du Board va changer, un nouveau Président va entrer en fonction. De
nombreux pays vont adopter les IFRS à compter de 2011-2012. Face aux enjeux actuels, 2011
va constituer une année cruciale, qui verra l’aboutissement du projet d’harmonisation
mondiale ou, au contraire, une nouvelle tendance à la fragmentation.
1.2. L’IPSAS Board – Les normes IPSAS6
En indiquant d’entrée de jeu que l’IPSAS B est encore souvent considéré comme une
sorte de Club qui se réunit quatre fois par an, Marie-Pierre CORDIER7 rappelle qu’il
n’existe, sous sa forme actuelle, que depuis 2004. C’est un organisme de l’IFAC, il relève
donc de l’organisation internationale de droit privé rassemblant les professions comptables à
travers le monde. Ses membres sont les organisations mondiales de droit privé et non les
gouvernements. La structure ainsi établie pose donc, dans sa conception même, un point
crucial de gouvernance. Si les deux organisations françaises membres de l’IFAC, le Conseil
supérieur de l’Ordre des experts comptables et la Compagnie nationale des Commissaires aux
comptes ont proposé comme membre, au Comité du Secteur public de l’IFAC (formule en
cours jusqu’en 2004) puis à l’IPSAS B, un membre de la Cour des comptes, le cas de la
France est resté isolé.
Les 18 membres de l’IPSAS B, nommés par le Conseil d’administration de l’IFAC
sont quasiment tous des professionnels comptables. S’il est bien prévu qu’ils doivent être
principalement issus du secteur public, cette condition est aisément réunie dans les pays où les
experts comptables exercent indistinctement dans le secteur privé ou dans l’administration.
Pour les pays qui ne connaissent pas cette fluidité, la représentation est mal assurée ou
inexistante. Il en va ainsi de la plupart des pays d’Europe continentale. Il en résulte que le
débat international sur les travaux est cantonné à un nombre restreint de pays, ce qui affecte
bien entendu la portée du corps de normes qu’il émet.
Un défaut supplémentaire de l’organisation tient au fait que l’IPSAS B n’est pas tenue
par les règles de gouvernance appliquées par les trois autres organismes normalisateurs de
l’IFAC, qui édictent les normes internationales d’audit (ISA), les normes de déontologie de la
profession comptable, et les normes de formation. Ces derniers sont soumis à la supervision
externe du PIOB (Public interest oversiing board) composé de représentants de régulateurs
nationaux, et aux avis de groupes consultatifs (CAG).
L’organisation des travaux de l’IPSAS B appelle également des réserves. L’IPSAS B
a, jusqu’à présent, donné la primauté à la convergence entre normes IPSAS et normes IFRS,
en l’entendant trop souvent comme une simple transposition. Ainsi, la norme IPSAS 25 -
rémunérations et retraites des fonctionnaires et agents publics, reprend pour l’essentiel IAS 19
6 Voir la contribution détaillée de M.P. CORDIER, présentée à titre personnel, en annexe III
7 Marie-Pierre CORDIER, conseiller maître à la Cour des comptes, est membre de l’IPSAS B depuis le 1er
janvier 2007. Elle a succédé à Philippe ADHEMAR.