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Le glaucome aigu par fermeture de l’angle
La réalisation de la gonioscopie pendant la crise est essentielle.
L’œdème de cornée peut être réduit avec de la glycérine
appliquée localement. Le plus souvent, un contact irido-cornéen
périphérique ne permet pas d’observer les structures angulaires.
Dans ce cas, l’examen de la fente lumineuse au niveau de la cornée
est très utile. Normalement, les bords antérieurs et postérieurs de
la fine fente lumineuse convergent sur le limbe au niveau de l’an-
neau de Schwalbe. La périphérie de l’iris peut ainsi grossièrement
être estimée au contact de l’anneau de Schwalbe. La gonioscopie
avec indentation peut révéler la présence d’une fermeture par des
synéchies. La gonioscopie de l’œil adelphe doit être systémati-
quement réalisée. Si l’angle controlatéral est large, il faut alors
Figure 8 : Glaucome aigu avec semi-mydriase et chambre antérieure étroite
(vue de profil).
Figure 9 : Glaucome aigu avec blocage pupillaire et iris bombé.
rechercher un autre mécanisme de fermeture de l’angle, secon-
daire à certaines affections comme une luxation du cristallin, une
occlusion de la veine centrale de la rétine, une inflammation ou
un kyste du corps ciliaire, un glaucome malin ou une tumeur du
segment postérieur de l’œil.
En Europe, le blocage pupillaire est le mécanisme le plus fréquem-
ment en cause. Le flux d’humeur aqueuse est diminué en raison
d’une pression plus importante dans la chambre postérieure. Une
apposition trop importante de la face postérieure de l’iris à la face
antérieure du cristallin génère une résistance au passage de l’hu-
meur aqueuse, entraînant une augmentation du volume de la
chambre postérieure. Les adhérences angulaires de l’iris se déve-
loppent rapidement, favorisées par le contexte inflammatoire induit
par l’hypertonie oculaire aiguë. Elles se développent d’abord au
sommet de l’angle car l’iris est poussé en avant et se rapproche
do nc de l’anneau de Schwalbe, puis se dirigent vers le fond de
l’angle. Sans vouloir le remettre en cause, il faut reconnaître que
ce mécanisme dit “européen” n’est pas celui qui prévaut ailleurs,
dans les contrées asiatiques. Le “creeping angle-closure
glau coma”, littéralement le “glaucome à angle fermé rampant”
ou plus simplement le “glaucome par raccourcissement de l’angle”
est une forme évolutive très différente. La fermeture de l’angle
insidieuse, progressive, survient préférentiellement sur des yeux
présentant une chambre antérieure peu profonde, avec rotation
antérieure des procès ciliaires. L’épaisseur particulière de l’iris chez
les sujets asiatiques favorise le contact de la périphérie de l’iris à
l’angle. Le contact chronique de l’iris au mur latéral de l’angle
irido-cornéen aboutit, en l’absence de toute inflammation ou crise
aiguë, à une goniosynéchie extensive et circonférentielle. L’angle
apparaît de plus en plus en plus raccourci, antériorisé, car les syné-
chies débutent au fond de l’angle pour se diriger vers le sommet
de l’angle, selon un mécanisme diamétralement opposé à celui de
la forme européenne, où les adhérences débutent au sommet de
l’angle, sur l’anneau de Schwalbe. La base d’iris est accolée au
trabéculum, et donc l’angle est raccourci, formant des synéchies
antérieures périphériques irréversibles.
Dans la forme aiguë et primitive, le traitement initial
consiste à lever le blocage pupillaire, à abaisser la PIO et à réou-
vrir l’angle. L’indentation mécanique de la cornée peut être tentée
en premier pour faire cesser la crise, bien que son efficacité soit
inconstante et que la procédure soit douloureuse. Le collyres
myotiques doux (ou parfois, paradoxalement, les mydriatiques
cycloplégiques) peuvent interrompre la crise. Sinon, la réduction
de la PIO peut être obtenue grâce aux inhibiteurs de la sécrétion