Pasteurella, A. Decoster, FLM, p. 2
POUVOIR PATHOGÈNE
Parmi les pasteurelloses humaines, il convient de distinguer, les pasteurelloses d'inoculation, secondaires à des agressions animales et
les pasteurelloses systémiques se manifestant sous forme de bactériémies ou d'atteintes viscérales.
les pasteurelloses d'inoculation
Elles surviennent après morsure, griffure ou léchage sur plaie préexistante. La pénétration est donc cutanée,
exceptionnellement oculaire. Les lésions siègent, par ordre de fréquence, au membre supérieur surtout - mains, poignets,
avant bras -, aux extrémités inférieures ensuite, au cou et sur la tête enfin (chez les enfants principalement). Les animaux
responsables sont le plus souvent le chat puis le chien.
Les formes loco-régionales aiguës des pasteurelloses d'inoculation donnent lieu, très rapidement, en moins de 24 heures
après la blessure, à des manifestations inflammatoires locales intenses avec de très vives douleurs suivies de lymphangite et
d'adénopathies épitrochléennes, axillaires, poplitées ou crurales selon le siège de la lésion. Généralement les signes locaux
s'amendent en quelques jours, les adénopathies persistent quelques semaines mais la guérison se fait sans séquelles. En cas
de morsures profondes, on peut observer des ostéites ou des arthrites suppurées.
Les formes loco-régionales subaiguës succèdent à des formes aiguës, souvent passées inaperçues. Elles se manifestent sous
un masque trompeur, rhumatologique, neurologique ou dermatologique. Quelques jours ou quelques semaines, parfois plus,
après la blessure qui paraît guérie, des douleurs réapparaissent accompagnées de signes inflammatoires sans suppuration,
prenant le masque de téno-synovite, d'arthrite inflammatoire ou de d'algodystrophie.
les pasteurelloses systémiques
On désigne sous cette appellation, les bactériémies et les atteintes viscérales dues à des pasteurelles. Elles sont plus
fréquemment sur un terrain fragilisé : cirrhose éthylique, insuffisance hépatique, leucémie, cancer, connectivites,
immunodépression.
Les bactériémies à Pasteurella sont presque toujours secondaires à une blessure occasionnée ou contaminée par un animal
et sont parfois associées à une atteinte viscérale. Exceptionnellement, elles paraissent primitives, sans notion de porte
d'entrée.
Les infections respiratoires - angines, rhino-pharyngites, otites, sinusites, bronchites, pleurésies, pneumopathies - sont
fréquentes chez les sujets vivant au contact des animaux.
Les localisations neuro-méningées - méningites ou des abcès cérébraux -, les atteintes cardio-vasculaires, digestives,
gynécologiques, obstétricales, urinaires ou ostéo-articulaires sont plus rares.
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
L'étape essentielle du diagnostic des pasteurelloses est la mise en évidence de la bactérie. On la cherche dans la sérosité de la plaie,
dans le pus ganglionnaire, articulaire ou osseux, dans le sang par hémoculture ou dans l'expectoration. On ensemence des milieux
riches, solides et liquides. Les colonies se développent sur gélose en 24 à 48 heures. L'identification se fonde sur la morphologie -
coccobacilles à coloration bipolaire - et les caractères biochimiques et enzymatiques qui permettent de reconnaître les autres espèces
du genre et les espèces voisines.
Un sérodiagnostic par agglutination, immunoenzymologie est utilisable chez l'animal mais pas chez l'homme.
Une intradermo-réaction à la "pasteurelline" (filtrat de culture en bouillon) est un très bon test diagnostique dans les formes focales
dès le 8ème jour et pendant plusieurs années parfois.
Les espèces les plus fréquemment isolées après morsure sont Pasteurella multocida, (50 à 60 % des cas), puis P. canis, dagmatis,,
stomatis ainsi que les bactéries apparentées (EF 4, Neisseria weaveri) suivies de P.bettyae et Actinobacillus ureae.
SENSIBILITÉ AUX ANTIBIOTIQUES
Les bactéries du genre Pasteurella sont sensibles in vitro à de nombreux antibiotiques : bêtalactamines, cyclines, imidazolés,
cotrimoxazole, fluoroquinolones. Les macrolides et les aminosides ont une moins bonne activité.
Dans les infections systémiques, les fluoroquinolones sont souvent préconisées.